Malgré un Stock à Lire Numérique qui déborde, je ne refuse jamais une lecture à la demande d’un(e) auteur(e), surtout quand il s’agit de promouvoir l’auto-édition. Et plus encore quand je connais l’auteur(e) et apprécie son travail, dans ce cas-là je n’hésite pas à bousculer mon programme (qui il est vrai, est souvent bancal et fluctuant au gré de mes humeurs). C’est exactement ce que j’ai fait quand Céline Barré m’a proposé de lire et chroniquer son troisième roman, Le Vieux Qui Voulait Tuer Le Président.
Pour Théodore De La Morne, septuagénaire et de surcroît aristo sans le sou, la réélection de Francis Ollanzi à l’Élysée est aussi incompréhensible qu’inacceptable. Pour lui la solution s’impose d’elle-même : pour l’empêcher de nuire, il faut tuer le nuisible ! Théodore a bien conscience qu’il ne peut mener seul un pareil projet, il lui faut trouver et surtout convaincre des complices de confiance…
Si vous connaissez les précédents romans de Céline Barré (Quel Pétrin ! et Péril Au Fournil !) vous ne serez pas surpris de retrouver des personnages connus (l’intrigue démarre à Tresville, petit village dont les lecteurs de la première heure connaissent quasiment tous les habitants) et un projet un peu (beaucoup) insensé. Si vous ne connaissez pas les Trevillois(es), je vous encourage vivement à vous procurer ces romans : chaque lecture vous assurera une cure de bonne humeur bienvenue !
Le lecteur averti retrouvera avec plaisir un humour qui flirte parfois avec l’absurde tant les situations dans lesquelles se retrouvent parfois les personnages sont improbables. Bons mots garantis aussi dans les échanges entre des individus parfois antagonistes et très souvent en total décrochage d’avec la réalité. Sourires, rires et fous rires sont assurés au fil des pages.
Céline Barré joue habilement avec les différents registres de l’humour, pour notre plus grand plaisir. Ce qui ne l’empêche pas d’aborder, avec une apparente légèreté, des sujets plus sérieux (l’amitié, la vieillesse, la maladie…). Le lecteur pourra s’y attarder et y réfléchir, ou pas…
Une plume certes efficace pour titiller les zygomatiques des lecteurs mais aussi très agréable à lire par la richesse de son vocabulaire et son style. On a le fond et la forme pour le même prix, ce serait dommage de ne pas en profiter !
Cerise sur le gâteau, au fil des pages vous relèverez certainement quelques clins d’oeil vers des personnages qui vous feront immanquablement penser à quelqu’un… mais comme vous les savez déjà certainement : « toute ressemblance etc… » (j’avoue fortuitement avoir eu un faible pour Gilles le jardinier, ancien écrivain reconverti dans le jardinage à l’Élysée).
Si le choix de la couv’ vous surprend, je peux vous assurer qu’il n’y là rien de fortuit, l’explication viendra en temps et en heure.
Étiquette : Humour
[BOUQUINS] Céline Barré – Péril Au Fournil !
Nouvelle chronique dédiée à un(e) auteur(e) indépendant(e) mais cette fois je suis en terrain connu puisqu’il s’agit du second roman de Céline Barré (après Quel Pétrin !) mais surtout que l’on retrouve, Jocelyne, notre boulangère apprentie révolutionnaire de Tresvilles et son entourage pour le moins animé. Direction le Cotentin (mais pas que) pour ce second opus intitulé Péril Au Fournil !.
Jocelyne ne digère pas la décision du président Ollanzi visant à fusionner les communes de Tresvilles et Grogneul. La boulangère espère mobiliser un maximum de monde afin d’organiser une grande manifestation à Paris, et pourquoi pas renverser Ollanzi ? Son arme ultime pour y parvenir : les réseaux sociaux…
Le hasard de ma PàL a voulu que j’entame ce roman le 14 juillet, soit 24 heures avant que la barbarie et la connerie ne s’abattent sur Nice (84 morts et plus de 200 blessés) et 36 heures avant la tentative de putsch militaire en Turquie et sa répression toute aussi violente (265 morts et pas loin de 1500 blessés). Autant dire que le moment était bien choisi pour une touche de légèreté et une bonne dose de feel good ! Ayant lu et apprécié Quel Pétrin ! je savais que le roman de Céline Barré me ferait oublier pour un temps l’actualité du moment.
Bien que ce second opus puisse être lu indépendamment de son aîné, je vous recommande vivement de commencer par Quel Pétrin ! afin de découvrir de façon plus approfondie les personnages et les événements survenus précédemment. Si toutefois vous passez outre, vous ne serez aucunement largué en prenant le train en route, l’auteure rappelle régulièrement les éléments permettant d’intégrer le récit dans son contexte.
Péril Au Fournil ! gagne en densité (on passe de 184 à 304 pages) ça permet à Céline de pouvoir se concentrer davantage sur les personnages secondaires et de développer autour de chacun une histoire plutôt que de se concentrer exclusivement sur Jocelyne. Et sur ce point le moins que l’on puisse dire c’est que nous serons servis. Bien entendu vous pourrez aussi compter sur de nouvelles rencontres, dont certaines joueront un rôle essentiel pour la suite des événements.
Vous connaissez certainement l’avertissement « Toute ressemblance avec des personnes réelles…« , il est bien entendu de rigueur ici, surtout concernant Ollanzi et sa clique ; il serait en effet tentant de faire le rapprochement avec certains de nos dirigeants. Je pense bien entendu à Ollanzi, même s’il est quand même un cran au dessus de notre Flan national niveau incompétence crasse ; mais celle qui m’aura le plus fait sourire reste la ministre de l’Education Nationale, issue des minorités, choisie pour ses formes plus que pour ses compétences et jamais en manque d’inspiration pour proposer des réformes absurdes… NVB si tu me lis, je ne m’excuse pas !
De nouveau l’auteure joue avec plusieurs leviers de l’humour avec brio, je savais que la sauce prendrait, je n’ai pas été déçu, sourires et rires ont bien été au rendez-vous tout au long de ma lecture. Mission accomplie pour l’apport de bonne humeur. Mais ne vous laissez pas berner par cette apparente légèreté, l’humour peut aussi être un bon moyen d’amener le lecteur un tantinet curieux à approfondir certains thèmes abordés.
Ne comptez pas sur moi pour vous livrer l’issue du duel opposant la boulangère au président. Ce que je peux vous dire en tout cas c’est que la situation de nombreux personnages prendra un virage à 180°. Pour le meilleur… ou pour le pire.
MON VERDICT

[BOUQUINS] Sophie Hénaff – Rester Groupés
Une nouvelle rubrique placée sous le signe des retrouvailles puisqu’il s’agit de Rester Groupés, second roman de Sophie Hénaff. Et seconde enquête de sa très atypique Brigade Capestan.
Capestan et son équipe sont appelés sur une scène crime par le divisionnaire Buron. La victime : Serge Rufus, un cador de l’antigang et accessoirement père de l’ex-mari de Capestan. Sur place la BRI et la Crim’ prennent déjà leurs marques, la collaboration entre les trois équipes s’annonce compliqué ; mais il faut plus que ça pour décourager la Brigade Capestan…
On retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de Poulets Grillés, le premier roman de Sophie Hénaff. A commencer bien entendu par la fameuse brigade qui est sensée regrouper des flics tout juste bons pour une mise au placard. Leurs méthodes sont certes atypiques, voire excentriques, mais ensemble ils progressent sans qu’aucun obstacle ne leur paraisse infranchissable. Sauf que cette fois Anne Capestan va se retrouver impliquée personnellement, l’enquête exige en effet qu’elle reprenne contact avec son ex-mari. L’occasion de découvrir une nouvelle facette du personnage, une dimension plus sentimentale qui ne la rend que plus attachante.
Dans sa grande magnanimité, le divisionnaire Buron leur a même affecté un nouveau collègue, Henri Saint-Lô, tout juste sorti d’HP et toujours persuadé d’être un mousquetaire au service du roi. En plus de Pilote, le petit roquet d’Eva Rosière, la brigade animale se voit aussi renforcée d’un nouveau membre, Ratafia, un rat-policier dressé par Merlot.
Vous l’aurez compris Sophie Hénaff joue toujours à fond la carte de l’humour et de la dérision pour faire évoluer la brigade de flic la plus atypique de France… et plus si affinités ! Mais ce second degré parfaitement assumé ne se fait pas au détriment de l’intrigue, l’auteure nous prouve, une fois de plus, qu’elle maîtrise toutes les ficelles du genre.
Certes pas aussi éprouvant qu’un roman d’Olivier Norek ou de Maxime Chattam, Rester Groupés est un polar qui brille surtout par son ton décalé et pétillant ; l’enquête à proprement parler nous réserve bien quelques surprises mais ne vous attendez pas à avoir les nerfs en pelote… ici ce sont les zygomatiques qui sont sollicités.
J’aurai tendance à dire que Sophie Hénaff a inventé le polar feel good, une bouffée d’air frais bienvenue et appréciable entre deux thrillers purs et durs, sans couper totalement le cordon avec le milieu policier… Au vu de l’épilogue il ne fait aucun doute que la Brigade Capestan est appelée à revenir, je serai moi aussi fidèle au poste.
MON VERDICT

Explication sur ma note de 4/5.
Si je lui ai accordé un 4 et non un 5, comme pour Poulets Grillés, c’est uniquement parce que l’effet de surprise lié à la découverte de la Brigade Capestan n’est plus au rendez-vous.
Il n’en reste pas moins que j’ai beaucoup aimé ce second roman, je pense que ma chronique est là pour vous le prouver.
[BOUQUINS] Grégoire Lacroix – Jazz Band : Eros Héros Sept
Impossible (ou presque) pour moi de résister au catalogue de Flamant Noir, j’y ai découvert tellement de perles que chaque nouveau titre titille ma curiosité. C’est donc sans hésitation que je me suis jeté sur leur dernier bébé, Jazz Band, de Grégoire Lacroix.
Jazz Band est un agent du SORG (Service Opérationnel des Renseignements Généraux). Son arme : une guitare Gibson qui lui permet d’infiltrer incognito les clubs de jazz. Son atout : une intelligence et un esprit d’analyse hors du commun. Ses faiblesses : aucune, bien entendu ! C’est à lui que l’on fait appel dans les situations les plus désespérées…
Vu comme ça l’intrigue pourrait ressembler à n’importe quel (ou presque) scénario d’espionnage pour romans de gare (je hais ce terme puant d’élitisme mais je l’emploi fort à propos… et fort modestement) ; mais il ne faut pas se fier aux apparences. Jazz Band est à James Bond ce que le Canada Dry est à la bière ! On est davantage dans la parodie que dans l’imitation.
Le personnage de Jazz Band vaut à lui seul le détour. Autoproclamé surdoué et convaincu d’avoir un charme irrésistible, il pourrait être la parfaite tête à claque mais les clichés sont poussés si loin qu’il en devient pathétiquement risible. Rassurez-vous c’est l’effet recherché.
Notre cher JB prend aussi un malin plaisir à rabaisser ses interlocuteurs. Il faut dire que son adjoint, Duglantier, qu’il surnomme Dugu alors que Dugland lui conviendrait mieux, ne brille ni par sa perspicacité, ni par son enthousiasme face au boulot. Même le ras des pâquerettes ça lui passe largement au-dessus !
JB, puisqu’il s’agit d’un récit à la première personne, nous raconte deux affaires sur lesquelles il a dû intervenir. Exit James Bond, welcome Austin Powers ! On quitte le monde des possibles pour la quatrième dimension tellement l’improbable est de rigueur.
Je vous laisse juger par vous même. Affaire n°1 : retrouver le Professeur Dhozone, inventeur de la couche du même nom, qui a été enlevé. Affaire n°2 : neutraliser Intersecte, un groupe criminel qui compte unifier toutes les sectes du monde sous une seule enseigne. Avouez que c’est du lourd…
Si je me limitais à ces seuls aspects, très second degré, du roman je passerai (et vous aussi, que j’espère pourtant bien convaincre) de l’essentiel. Le fond n’est qu’un prétexte pour mettre en avant la forme : le style narratif du bouquin. Ami(e)s de la langue française vous allez vous régaler, l’auteur multiplie les jeux de mots en tout genre (calembours, contrepèteries, déconstructions/reconstructions…). Au final on obtient un phrasé qui semble issu d’un croisement linguistique entre Sacha Guitry, Frédéric Dard et Raymond Devos.
J’avoue que pour ma part j’aurai apprécié que la forme soit mise au service d’un fond un peu plus conséquent. Un bémol modéré par l’épaisseur du bouquin, un peu moins de 300 pages ; un bon format pour apprécier les bons mots sans que le jeu ne devienne lassant. J’espère que ma note ne paraîtra pas trop sévère, mais à force de nous habituer à du très haut de gamme on devient exigeant quand on pioche dans le catalogue de Flamant Noir.
MON VERDICT

[BOUQUINS] Jonas Jonasson – L’Assassin Qui Rêvait D’Une Place Au Paradis
Une lecture façon Feel Good pour changer un peu de mes mondes de brutes sanguinaires. Une escapade en compagnie de Jonas Jonasson, un habitué de genre, et son dernier opus L’Assassin Qui Rêvait D’Une Place Au Paradis.
Dédè le Meurtrier, un assassin qui vient de purger 30 ans de prison, s’associe avec Per Persson, un standardiste fauché et plein de rancoeur, et Johanna Kjellander, une pasteure athée et défroquée, dans un entreprise de punitions corporelles. Tout se passe pour le mieux jusqu’à ce que le Dédé découvre la Bible et les vertus de la non violence…
Après un vieux râleur fugueur et une analphabète pour qui les chiffres n’ont aucun secret, Jonas Jonasson nous offre un assassin repenti pas vraiment futé et très porté sur le sang du Christ. Si vous avez lu les deux précédents roman de l’auteur vous savez d’ores et déjà que vous embarquez pour un voyage en absurdie où tout est possible… même (surtout serait un terme plus approprié) le plus improbable et le plus invraisemblable.
Le trio composé de Dédé, Per et Johanna fonctionne plutôt bien. D’une part du fait de l’incommensurable bêtise de l’assassin (mais ne le lui répétez pas, il pourrait mal le prendre), mais aussi et surtout grâce à l’absence totale de morale et de scrupules du réceptionniste et de la pasteure ! Ils ne connaissent aucune limite quand il s’agit de trouver des idées tordues pour se faire un max de fric en un minimum de temps et avec le moins d’efforts possibles… quitte à abuser de la niaiserie de leur complice.
Une lecture agréable mais sans plus d’enthousiasme que ça, je n’ai pas retrouvé le même plaisir que j’avais eu en lisant les deux précédents romans. Les sourires sont bien au rendez-vous mais ils sont discrets, ne vous attendez pas à rire aux larmes vous seriez déçus. Le récit est burlesque mais moins déjanté que les précédents, à force de vouloir en faire trop dans la redondance ça finit par lasser.
Un roman de 480 pages qui gagnerait à n’en faire que 400, par moments on a l’impression que l’auteur tire sur ses ficelles jusqu’à l’extrême limite du point de rupture. Point de rupture pour ma part mais quelques soupirs désabusés. Peut être que j’attendais trop de ce bouquin…
MON VERDICT

[BOUQUINS] Emmanuel Neuman – Dura Lex Sed Rollex
Je reste dans le format court avec une lecture faite à la demande de son auteur, Dura Lex Sed Rollex d’Emmanuel Neuman.
Je laisse donc à l’auteur le soin de nous présenter son bébé : « Dura Lex Sed Rollex est un roman à la croisée de la satire politique, du récit d’anticipation et du drame amoureux. Dans un monde du futur en guerre, où le pouvoir est entre les mains d’IA névrosées, d’aliens excentriques et de dirigeants politiques dotés d’une conception assez élastique de l’intérêt général, il met en scène avec humour deux personnages principaux. Le premier est le président Olas Karzincsky. Dirigeant démocratiquement élu de la Confédération démocratique interplanétaire, digne continuateur d’une longue tradition de chefs d’Etat portés sans demi-mesure sur les plaisirs du sexe, il fait montre de plus d’ambition que de convictions, sans que cela semble déranger outre mesure les électeurs… Le second est le fantassin, Arb Umad, élément peu enthousiaste de la 1ère Division d’assaut orbital. Comme il le reconnaît lui-même, narcissisme et opportunisme sont les deux mamelles nourricières d’une existence dont son nombril est le centre exact. Du moins jusqu’à ce qu’il croise la belle Juliette sur sa route… Toute ressemblance avec des faits ou des personnages réels est bien entendu fortuite… »
Un peu long comme présentation, surtout pour un roman court ? Bin non justement, quitte à paraître un tantinet paradoxal, c’est difficile de faire court tant le bouquin revêt de multiples facettes. Mais avant tout c’est un concentré de bonne humeur à l’humour un peu barré… Tout ce que j’aime donc !
Dans le coin droit, le président Karcincsky (chapitres rédigés à la troisième personne), un chef d’état qui cultive l’incompétence avec une incroyable ferveur… pour vous dire même Sarkozy et Flamby passeraient pour des modèles de compétence et d’efficacité comparés à notre gugusse.
Dans le coin gauche, le fantassin Arb Umad (chapitres écrits à la première personne), troufion de son état qui n’a rien d’un héros, son credo serait plutôt la lose mais il se retrouve bien malgré lui embarqué aux premières lignes d’un conflit auquel il ne pige pas grand chose.
Au centre des éléments de contexte, qui, comme leur nom l’indique, nous informe de la situation et de son évolution.
Ajoutez à cela des extra-terrestres insectoïdes belliqueux (quoique ?) dont l’intelligence et la technologie dépassent largement celle de l’humanité… qui, fidèle à son habitude, est trop occupée à se foutre sur la gueule plutôt que d’aller de l’avant ! Des IA qui parfois auraient bien besoin de psychologues virtuels pour se remettre les idées en place.
Sous couvert d’humour l’auteur prend aussi un malin plaisir à jouer la carte de la satire politco-sociale, des piques qui peuvent s’adresser à toute la classe politique sans distinction d’étiquettes ou de partis. Bref un cocktail qui n’explosera que vos zygomatiques et qui s’ingurgite d’une traite. C’est à regret que l’on voit s’afficher le mot FIN.
Pour en savoir plus je vous invite à consulter le blog du livre.
MON VERDICT

[BOUQUINS] Anonyme – Sanchez : Un Conte De Noël
La période s’y prêtant j’ai décidé de me lancer dans la lecture d’un conte de Noël… j’en vois déjà qui se demandent si je n’ai pas pris un coup sur la tête ou si je ne viens pas d’apprendre qu’il ne me reste que quelques jours à vivre. Non, non, rassurez-vous (ou pas) je suis en pleine possession de mes moyens. Dans le titre du post deux mots devraient retenir votre attention, l’auteur, Anonyme (le créateur du Bourbon Kid) et le nom du personnage central, Sanchez (le barman du Tapioca, le bar pourri de Santa Mondega). Vous prenez tout ça, vous mélangez copieusement et vous obtenez Sanchez : Un Conte De Noël… à ne pas mettre entre toutes les mains !
Quelques jours avant Noël, Sanchez reçoit la visite de la Dame Mystique. Celle-ci lui annonce qu’il rencontrera les 3 Anges de Noël, s’il ne suit pas leurs conseils et ne change se décide pas à changer alors il perdra tout. Première mission : se rendre à la soirée de Noël organisée par la société où travaille Flake, sa petite amie. Sauf que la soirée prendra un tour pour le moins inattendu…
En guise de dédicace l’auteur, toujours aussi Anonyme, annonce d’emblée la couleur : « Ce coup-ci, c’est vraiment pour se marrer. » ! Déjà en temps normal (en admettant que les aventures du Bourbon Kid et consorts aient quoi que ce soit qui puisse s’apparenter à un semblant de normalité) on est copieusement servi niveau humour, j’ai hâte de voir ce que ça peut donner !
Si je vous dis des otages dans une tour appartenant à un puissant homme d’affaire nippon, face aux méchants terroristes un homme seul ; ça vous parle ? Piège de Cristal, le film de John McTiernan avec Bruce Willis dans le rôle du gentil. Bon OK ça date de 1988 mais ça reste un putain de bon film d’action ! Remplacez John McLane (Bruce Willis) par Sanchez et vous aurez une meilleure idée du pitch.
Bon OK entre McLane et Sanchez il y a un gouffre… Notre barman préféré n’a pas vraiment l’étoffe d’un héros, il brille plutôt par sa lâcheté et sa crétinerie. Heureusement il ne sera pas si seul que ça et pourra même compter sur l’appui musclé d’alliés qui ne lui sont pas inconnus (de nous non plus d’ailleurs).
Un format court (à peine plus de 100 pages) qui se lit d’une traite. On y retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de la saga du Bourbon Kid. Une intrigue aussi rythmée que déjantée, une belle brochette de personnages qui ne manquent pas de pep’s et bien entendu une bonne dose d’humour… pas toujours très raffiné mais qu’est que c’est bon !
Chronologiquement ce conte de Noël se situe juste avant Le Pape, Le Kid Et L’Iroquois, non seulement il est fait état de la prochaine mission du Bourbon Kid et de ses acolytes mais, qui plus est, l’intro est offerte en bonus à la fin du bouquin. En VO il est sorti en décembre 2014, quelques jours avant Le Pape…
MON VERDICT

[BOUQUINS] Céline Barré – Quel Pétrin !
Au programme de cette chronique, une lecture faite à la demande de l’auteure, en l’occurrence Céline Barrè et son premier roman Quel Pétrin !.
A Tresville sur mer on attend beaucoup de la voie de contournement. Cette petite ville remplie d’énergumènes aux tempéraments bien marqués semble endormie sur ses lauriers. Menés tambour battant par Jocelyne, une boulangère entêtée, ils vont tenter de se souder afin de faire face à la pire organisation criminelle qui soit : l’Etat français ! (Présentation de l’auteure, sur le site du roman).
Avant d’aller plus loin je vous invite vivement à consulter le site sus-mentionné, vous découvrirez notamment à quel point l’accouchement de ce premier roman fut long et douloureux… Mais je tiens à rassurer Céline, ce parcours du combattant valait la peine, le bébé est adorable !
D’entrée de jeu le lecteur ne peut qu’être séduit par la plume de l’auteure, un style soigné sans être alambiqué, servi par une écriture pleine de ressources. Un régal pour les yeux et l’esprit !
Mais comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, un style parfait au service d’une intrigue pourrie n’empêchera pas le naufrage (alors que le contraire peut parfois être vrai). Sauf que présentement l’intrigue est loin d’être pourrie, on vibre avec Tresville-sur-mer (cherchez pas c’est un lieu fictif… mais ça pourrait aussi bien être du côté de chez vous, ou même de chez moi), un bled paumé du Cotentin où l’on ne risque pas de s’ennuyer tant il s’en passe des choses (et pas des moindres).
Il faut bien avouer que les Tresvillois(es) sont plutôt hauts en couleurs et ont un caractère bien trempé. Les personnages sont soignés, ni tout blanc, ni tout noir, parfois attachants, parfois horripilants (même Jocelyne, notre vaillante boulangère). Avec eux l’ambiance est garantie, qu’elle soit joyeuse ou morose, au fil des événements qui rythment leur quotidien.
Ma chère Céline je vous demande par avance de m’excuser cette comparaison mais je serai tenté de vous placer au même niveau qu’un certain Gilles Legardinier. Vous nous offrez un condensé de bonne humeur qui fait chaud au coeur et à l’âme. Vous parvenez même, en l’espace de ces quelques pages à jouer sur divers registre de l’humour, passant allègrement du second degré à la satire sociale, du burlesque au vaudeville, abordant parfois même des sujets graves avec une bonne dose de légèreté afin de dédramatiser les choses. Quant au lecteur il alterne entre sourires et fous rires.
Je tiens préciser que j’ai rédigé cette chronique en totale impartialité. Si je me montre plus tolérant avec les auteurs auto-édités c’est uniquement sur les aspects techniques du roman (et surtout du fichier epub), en l’occurrence même là je ne trouve rien à redire…
Je terminerai cette chronique sur quatre mots : vivement la saison deux !
MON VERDICT

[BOUQUINS] Gilles Legardinier – Quelqu’Un Pour Qui Trembler
Depuis Demain J’Arrête ! j’attends fébrilement ma dose d’humour mitonné à la façon Gilles Legardinier, le cru 2015 s’appelle Quelqu’un Pour Qui Trembler, et j’ai hâte de prendre mon shoot quotidien de bonne humeur.
Quand Thomas apprend qu’il a une fille de 20 ans en France, il quitte le village indien dans lequel il officiait comme médecin volontaire. Mais comment approcher cette jeune femme qu’il ne connait pas et qui ignore sans doute tout de lui ? Pour apprendre à la connaître, il va accepter le poste de directeur d’une modeste maison de retraite située dans la même ville…
Gilles Legardinier à inventé le concept de l’OLIG (Objet Littéraire d’Intérêt Général), ses romans humoristiques devraient être remboursés par la Sécurité Sociale tant ils mettent du baume au coeur. Au terme d’une rude bataille contre moi-même, j’ai opté pour la lecture de quelques chapitres le matin au saut du lit (et éventuellement dans le bain)… Rien de tel pour démarrer la journée avec une pêche d’enfer (et accessoirement faire durer le plaisir) !
D’ores et déjà je peux confirmer que la cuvée 2015 ne déroge pas à la règle, c’est bel et bien un condensé d’émotions et de bonne humeur. Les sourires et fous rires sont au rendez-vous. Gilles Legardinier place la barre très haut quand il s’agit de mettre ses personnages dans les situations les plus tordues (voire même foireuses). Et on redemande !
Comme à l’accoutumée l’auteur apporte beaucoup de soins à ses personnages. Thomas, après 20 ans passés sur le terrain humanitaire est totalement déconnecté des réalités du quoitidien de la France d’aujourd’hui. Ses échanges avec Pauline, l’infirmière de la maison de retraite, une femme pleine de bonne humeur et doté d’un sens de la répartie implaccable, sont parfois à mourir de rire.
Sans oublier les pensionnaires de ladite maisons de retraite, six petits vieux et petites vieilles au caractère bien trempé et aux personnalités très différentes. Six papys et mamies qui se chamaillent parfois mais sont soudés par une solide amitié. Et bien entendu il y a Emma, la fille de Thomas, Romain, son mec et d’autres encore…
Là encore les relations et interactions entre les personnages donnent souvent lieu à de grands moments de poilade. A ce titre la visite de la maison de retraite par une inspectrice des services sociaux est un morceau d’anthologie.
Grâce à un style épuré et direct Gilles Legardinier nous offre un récit plein d’humanité qui se lit tout seul. En l’occurrence pour moi le plus dur fut de résister à la tentation de lire quelques pages de plus avant de me préparer pour aller bosser.
MON VERDICT


[BOUQUINS] Catharina Ingelman-Sundberg – Le Gang Des Dentiers Fait Sauter La Banque
Je poursuis mon Challenge retrouvailles avec un nouvel invité surprise, c’est en effet avec plaisir que je retrouve les cinq braqueurs en déambulateur du Gang des Dentiers dans leur seconde aventure, Le Gang Des Dentiers Fait Sauter La Banque, avec bien entendu toujours Catharina Ingelman-Sundberg aux commandes.
Martha et ses acolytes s’offrent un séjour à Vegas, pas question de faire du tourisme pourtant, le Gang des Dentiers entend bien profiter de leur escapade américaine pour braquer un casino ! Mais de retour en Suède rien ne se passe comme prévu, les déboires s’accumulent. Cerise sur le gâteau nos Robin des Bois du troisième âge emménagent à côté d’un gang de bikers. Heureusement le Gang des Dentiers ne manque ni de ressources, ni de motivation…
Si vous avez aimé Comment Braquer Une Banque Sans Perdre Son Dentier alors vous ne pourrez qu’apprécier ce second volet des aventures de héros pas comme les autres ; dans le cas contraire passez votre chemin car cette suite est encore plus loufoque (le Gang des Dentiers réussit des coups totalement improbables avec une facilité déconcertante).
On retrouve avec plaisir nos cinq petits vieux dynamiques, dans la mesure du raisonnable compte tenu de leur âge avancé mais surtout toujours aussi complices et soudés ; mais aussi d’autres personnages déjà croisés dans le précédent roman (Blomberg, un flic pas très futé, ou encore Anders et Emma les enfants de Stina complices des frasques de leurs aînés presque malgré eux).
Il faudra aussi compter avec de nouveaux venus tout aussi haut en couleurs, dont Lillemor, une voyante qui va semer la zizanie et mettre en péril l’unité de nos héros, ou encore Jorgen et Tompa, des bikers tout en muscles au QI de moule avariée.
Des personnages mis au service d’une intrigue totalement déjantée, riche en rebondissements (mais en stress) et en situations qui vont du cocasse à l’absurde.
L’auteure profite de son intrigue et de diverses situations pour dénoncer les dysfonctionnements d’une société de plus en plus égoïste qui privilégie les riches et les puissants sans se soucier des plus démunis. Facile ? Peut être, mais ça ne coûte rien de le rappeler.
Sans être transcendant voilà un bouquin qui détend les zygomatiques avec des héros forts sympathiques, si jamais le Gang des Dentiers devait reprendre du service alors je serai fidèle au poste.