[BOUQUINS] Ludovic Mélon – La Brigade Des Buses

Tout frais élu à la mairie, Oliver Larnac nomme à la tête de la 10e division de police son vieil ami et complice Jack Lescrot, qui n’a pourtant vraiment rien d’un flic.

Sur place, Jack découvre une situation calamiteuse : l’équipe ne compte plus que trois enquêteurs un peu bras cassés et assez tire-au-flanc, heureusement secondés par Prosper, un formidable cochon renifleur de faux billets. On surnomme désormais cette division la brigade des buses.

La mission de Jack est double : rétablir la réputation de la brigade et accessoirement rester en vie. Car, il le découvre bien vite, ses prédécesseurs ont subi un sort peu réjouissant…

Entre un titre qui annonce la couleur et une couv’ qui donne la vedette à un irrésistible cochon policier, impossible de résister à l’envie de plonger dans ce bouquin.

Connaissez-vous la ville de Maird ? Et sa célèbre rue de la Trique ? Mais si voyons, c’est la rue où le commissariat de la dixième division est situé à l’étage, juste au-dessus de la maison close du Croque-Madame.

Vous l’aurez compris Ludovic Mélon situe son intrigue dans une ville imaginaire. L’auteur étant lui-même Belge on peut supposer que cette ville de Maird se trouve en Belgique… Simple supposition, aucune indication géographique permettant de situer cette bourgade.

Nous ferons connaissance avec monsieur le maire, Oliver Larnac, qui vient de nommer à la tête du commissariat de la dixième division son complice Jack Lescrot. Des patronymes prédestinés quand on sait que si en journée les deux hommes mènent leurs affaires plus ou moins normalement (difficile de définir une quelconque normalité sous la plume de Ludoivic Mélon), à la nuit tombée le binôme devient Le Rossignol, un voleur qui prend un malin plaisir à ridiculiser les autorités, multipliant les forfaits au nez des enquêteurs.

J’avoue très honnêtement qu’il m’a fallu quelques pages pour m’adapter à l’univers complètement barré imaginé par l’auteur. Finalement j’ai accepté de mettre mon bon sens de côté et de me laisser embarquer sans poser de question. Un choix des plus judicieux, car peu à peu une véritable enquête de police va se mettre en place pour découvrir la vérité sur le meurtre non élucidé du commissaire Beagle, l’ancien chef de la dixième division.

La dixième division ce sont trois flics sur le retour et un cochon policier (si, si ça existe… il y a bien des cochons truffiers). Motiver ses troupes s’annonce être un défi de taille pour Jack, mais, contre toute attente, ils vont s’avérer bien plus perspicaces que l’on pouvait le supposer.

Il serait injuste de ne pas mentionner Mary parmi les personnages clés du roman, elle est la secrétaire très polyvalente de monsieur le maire et accessoirement complice du Rossignol.

L’intrigue alterne entre le rocambolesque et le burlesque, mais on se prend vite au jeu, on se régale des noms des lieux et des personnages qui donnent à l’ensemble un agréable parfum de vaste farce qui ne cherche pas à se prendre au sérieux. Ça fait du bien au moral et aux zygomatiques de lâcher prise sans se poser de questions.

Et pourtant, au-delà de l’humour, l’auteur, lui-même policier à Liège, pointe du doigt la situation de la police, tout particulièrement le mal-être des agents face à une administration sourde à leurs problèmes et de plus en plus pesante, mais aussi face à une population qui les méprise et à un système judiciaire bien souvent bancal.

La fin du roman ouvre la voie à une possible suite, si tel est le cas je serai fidèle au poste pour rejoindre les buses et le cochon !

[BOUQUINS] Christophe Guillaumot & Maïté Bernard – Petits Désordres

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Titre : Petits Désordres
Auteur : Christophe Guillaumot & Maïté Bernard
Éditeur : Liana Lévi
Parution : 2023
Origine : France
208 pages

De quoi ça cause ?

Pour le commandant Grégoire Leroy, flic à la BRP, il aura suffi d’une phrase aussi malheureuse que maladroite pour qu’il devienne la cible d’un syndicat de police LGBTQIA+ qui réclame sa tête via la convocation d’un conseil de discipline.

Ajoutez à cela une enquête qui stagne au point mort, un chien qui traverse une crise identitaire, une fille pur produit de l’époque woke et toujours prêtes à épouser les « grandes » causes, et un mouton, cadeau potache de ses collègues de travail.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Christophe Guillaumot, même si je ne désespère pas de retrouver Renato Donatelli pour des nouvelles enquêtes, j’étais curieux de le voir s’essayer à la comédie policière… et à l’écriture à quatre mains.

Ma Chronique

Après le polar pur et dur, avec la trilogie du Kanak, et le polar version young adult, avec son Bureau des Affaires Non Résolues, Christophe Guillaumot s’essaye à la comédie policière. Pour cette nouvelle aventure littéraire il opte pour une co-écriture avec Maïté Bernard.

Je me suis souvent demandé comment se déroulait une écriture à quatre mains, un sacré challenge que le lecteur ne doit pas ressentir / subir en lisant le roman (rupture de rythme, gros écarts de style). En l’occurrence le pari est gagné haut la main, de leurs propres aveux les personnalité et univers des deux auteurs se sont parfaitement complétés pour donner vie à cette intrigue un peu barrée.

Exit la ville rose (Toulouse) et direction la capitale et son prestigieux Bastion de la police nationale. Une rupture partielle avec Toulouse, le commandant Leroy étant toulousain d’origine.

Grégoire Leroy rêve de se la couler douce en Nouvelle-Zélande mais ce ne sera pas pour tout de suite. Il va d’abord devoir se dépêtrer d’une enquête au cœur des réseaux de prostitution parisiens, une enquête qui va s’avérer bien plus complexe qu’il n’y paraît. Sans grande conviction il lui faudra aussi peaufiner sa défense face au conseil de discipline qui se profile inexorablement.

D’un point de vue personnel Grégoire va devoir marcher sur des œufs pour ne pas fâcher sa fille, pur produit du wokisme et contestataire de tous les combats. Et même les bestioles viennent compliquer son quotidien, entre un chien en pleine crise identitaire et un mouton qui mâchonne et bêle à longueur de journée.

Tout n’est pas noir – ou gris foncé – pour autant, il peut compter sur le soutien de son équipe. Une équipe hétéroclite plutôt soudée (ce qui n’empêche pas les tensions occasionnelles).

Un livre qui fait du bien aux zygomatiques mais pas que… il nous interroge aussi sur les changements de notre société (je n’emploierai sciemment pas le mot « évolution » pour les définir). Cerise sur le gâteau, même l’enquête de police tient la route.

Traitez-moi de vieux con rétro et réac si ça vous chante, je m’en bats les roubignoles. Qu’est-ce que c’est cette société aseptisée, insipide et hypocrite qu’on veut nous imposer ? Du wokisme à toutes les sauces où l’on ne peut plus rien dire sans risquer de passer pour un gros con de raciste, d’antisémite, d’homophobe, de grossophobe ou de nanophobe… Moi j’aime la France d’Audiard, de Desproges et de Coluche, la France de la gaudriole et des chansons paillardes, la France de Hara Kiri et de Charlie Hebdo.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sophie Hénaff – Voix D’Extinction

AU MENU DU JOUR

S. Hénaff - Voix d'extinction
Titre : Voix D’Extinction
Auteur : Sophie Hénaff
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2021
Origine : France
368 pages

De quoi ça cause ?

2031. La plupart des grandes espèces animales sont en voie d’extinction. Face au péril, Martin, un généticien vétérinaire et prix Nobel, alerte les chefs d’État de la planète réunis en conclave : il faut voter d’urgence un « Traité de protection de la Nature ». Mais les résistances sont fortes et Martin ne fait pas le poids.

C’est alors que Dieu a une idée géniale : envoyer sur Terre des animaux déguisés en humains pour plaider eux-mêmes leur cause et imposer le traité. Le gorille, la truie, le chien et la chatte sauront-ils faire illusion et se montrer aussi bêtes que les hommes ?

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’ai adoré la trilogie Poulets Grillés de Sophie Hénaff, j’espère d’ailleurs avoir très vite l’occasion de croiser à nouveau la route d’Anne Capestan et son improbable brigade. En attendant j’étais curieux de découvrir l’auteure dans un autre registre.

Parce que j’ai trouvé le thème et l’approche audacieux.

Ma Chronique

Peut-on rire de tout ? Une question qui revient régulièrement sur le tapis à laquelle chacun est libre de répondre en son âme et conscience. Pour ma part je fais mienne la réponse de Pierre Desproges : « On peut rire de tout. Mais pas avec n’importe qui. »

Sophie Hénaff choisit la carte de l’humour pour aborder un thème qui prêterait pourtant davantage à pleurer qu’à rire, puisqu’il sera question de la sixième extinction (la disparition annoncée de très nombreuses espèces animales du fait de l’homme).

Rien que le titre donne le ton de l’intrigue à venir, un mix improbable entre l’extinction de voix et les espèces en voie d’extinction. Belle trouvaille.

Une intrigue qui va se jouer entre ciel et terre. Non qu’il soit question de voltige aérienne ou autre engins volants plus ou moins identifiés. En plus de personnages terrestres, l’auteure va aussi en piocher quelques-uns dans les hautes sphères bibliques. À commencer par le big boss himself, Dieu… sauf que c’est Déesse (bin oui, Dieu est une femme… ça vous en bouche en coin) et qu’elle est capable de colères à la hauteur de sa divinité (en plus de jurer comme un charretier). Avec une pareille Déesse aux commandes, j’en viendrai presque à avoir envie de me convertir !

Après avoir passé un savon monstre à Noé (le gars du Déluge et de l’Arche), son incapable ministre des espèces animales qui n’a rien vu venir de la menace qui pèse sur ses protégés, elle le somme de réparer ses conneries, s’il échoue elle le fout à la porte du Ciel et l’envoie rôtir en Enfer.

Déesse donnera la parole et une apparence humaine à quatre animaux qui devront plaider leur cause lors du sommet qui se prépare. A Noé de choisir les « élus » et de les former en vue de leur prochaine mission.

Aidé par son pote de pétanque Gabriel (l’Archange à l’origine de l’Immaculée Conception), ils choisiront Kombo – un gorille qui se morfond dans un zoo en rêvant de grands espaces –, TR438 – une truie parquée dans immense ferme reproductrice –, Cléo – une chatte siamoise dont la maîtresse vient de décéder et que les héritiers ne se disputent pas franchement la garde – et Bill – un dalmatien qui son maître vient d’abandonner en l’attachant à un banc dans une station-service –. Reste à préparer les heureux « élus » pour leur mission… et ça c’est pas gagné !

Ces quatre émissaires, pas franchement au courant des us et coutumes de la vie en société chez les humains, ne manqueront pas de solliciter les zygomatiques du lecteur. On passe du sourire au rire, voire parfois au franc éclat de rire tant certaines scènes sont désopilantes.

Du côté des « vrais » humains, les défenseurs de la cause animale ne font pas le poids face aux lobbyistes qui défendent les grands groupes industriels et les profits qu’ils dégagent. Une réalité que Sophie Hénaff pointe du doigt avec un certain cynisme mais aussi beaucoup de justesse.

C’est d’ailleurs l’un des paris réussis de ce roman, l’auteur use de l’humour pour nous faire réfléchir, nous remettre en question… et ça fonctionne bien mieux qu’un long discours pompeux et soporifique.

Point de longueurs ici, les chapitres sont courts (parfois à peine quelques lignes) et contribuent à assurer une lecture fluide. On sourit, on rigole… et le message fait son chemin dans notre esprit.

Rien de pompeux et de soporifique non plus, le bouquin est plein de peps et d’énergie, encore mieux qu’une double dose de Red Bull ou autre boisson énergisante pour se donner la pêche… et certainement moins nocif pour la santé (j’en consomme occasionnellement et je l’assume pleinement).

En refermant le bouquin on a envie de croire que les choses peuvent encore changer… trop tard pour les espèces que l’activité humaine a déjà détruites. Mais peut-être pas encore pour celles qui sont aujourd’hui ou à court et moyen terme menacées d’extinction. Faut pas rêver, on sera les prochains sur la liste si on ne sort pas les doigts du cul.

MON VERDICT

(BOUQUINS] Gérard Jugnot – C’Est L’Heure Des Contes

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G. Jugnot - C'est l'heure des contes
Titre : C’Est L’Heure Des Contes
Auteur : Gérard Jugnot
Éditeur : Flammarion
Parution : 2020
Origine : France
155 pages

De quoi ça cause ?

Gérard Jugnot revisite avec une pointe d’humour caustique une quinzaine de contes et fables connus de tous les petits et les grands.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

C’est en regardant un Sept À Huit qui se terminait par une interview de Gérard Jugnot que j’ai entendu parler de ce bouquin ; ça a tout de suite fait tilt ! Je le veux… et je l’ai eu.

Ma Chronique

En ces temps troublés et moroses il est des livres qui font du bien à l’âme et au cœur, incontestablement cette réécriture de contes et fables connus de tous par Gérard Jugnot est de ceux-là. Une redécouverte qui donne la banane et booste les zygomatiques.

Comme tout le monde je connais (et apprécie énormément) Gérard Jugnot l’acteur, mais pour ma part j’ignorais qu’il maniait aussi la plume. Une belle surprise, d’autant que sa plume a plus d’un atout pour séduire les lecteurs.

Un grand méchant loup végan, une Cindy qui surfe sur la vague #BalanceTonPorc, une grenouille anorexique, une Cendrillon qui oublie un petit détail avant d’aller au bal princier, un Petit Poucet et ses frangins qui font une mauvaise rencontre, trois petits cochons exilés en Thaïlande… tout ceci n’est qu’un avant-goût de ce que vous trouverez dans ces pages.

Chaque conte s’ouvre sur un titre illustré, suivi d’une phrase d’introduction au format image, puis le texte agrémenté d’une ou plusieurs illustrations. Une mise en page plutôt agréable mais malheureusement pas vraiment optimisée pour un affichage sur liseuse. Un petit souci technique d’autant moins compréhensible qu’il se règle très facilement via Sigil, dommage que Flammarion n’ait pas fait l’effort de mieux finaliser la version numérique du bouquin.

Rien à redire concernant la revisite des contes et fables, l’humour et l’irrévérence de Gérard Jugnot font mouche et se rient du politiquement correct (en la matière mention spéciale au Petit Poucet).

Il n’en reste pas moins que j’ai refermé ce bouquin avec un léger sentiment de frustration, c’est court, trop court. Beaucoup trop court même. Je suis convaincu que Gérard Jugnot aurait pu revisiter davantage de contes. Mais aurait-il pu le faire avant les fêtes de fin d’année ?

Quinze contes répartis sur 155 pages dont 150 consacré aux contes à proprement parler (je ne compte pas la couverture, la page titre, la page de copyright, la page de présentation et la postface). À cela vous retirez les 15 pages de titre et les 15 pages rouges qui concluent le conte, il vous reste 130 pages. Si on vire les illustrations et qu’on opte pour une mise en page un peu moins aérée je pense qu’on devrait arriver à plus ou moins 120 pages de texte. A 15€ la version papier et 11€ la version numérique, je trouve la note un peu salée.

Cela dit, il n’en reste pas moins que ce bouquin fait du bien, surtout en ce moment. Si le rapport quantité / prix n’est pas optimal, la qualité est toutefois au rendez-vous. Et pour rester dans l’air du temps, c’est une belle idée cadeau.

Pour rester dans la revisite des contes mais dans un tout autre genre (nettement plus hardcore et trash), il faudrait que je songe à me lancer dans les Contes Interdits des éditions AdA (Québec).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Cyril Massarotto – Les Dédicaces

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C. Massarotto - Les Dédicaces
Titre : Les Dédicaces
Auteur : Cyril Massarotto
Éditeur : Flammarion
Parution : 2020
Origine : France
263 pages

De quoi ça cause ?

Claire collectionne les livres dédicacés, que le signataire soit l’auteur ou un anonyme, elle recherche avant tout les dédicaces qui racontent une histoire (réelle ou imaginée).

Quand elle tombe sur un roman de Frédéric Hermelage, elle est surprise par l’audace (voire l’outrecuidance) de la dédicace que l’auteur adresse à une certaine Salomé. En lisant le roman elle découvre une écriture à l’opposé de la dédicace, tout en finesse et subtilité.

Claire va lors tout mettre en œuvre afin de rencontrer « incognito » Frédéric Hermelage afin d’essayer de mieux cerner le personnage.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’ai beaucoup aimé Dieu Est Un Pote A Moi et sa « suite », Le Petit Mensonge De Dieu, de Cyril Massarotto. D’autres romans de l’auteur sont depuis venus grossir les rangs de mon Stock A Lire Numérique sans toutefois s’extraire du lot. Il était donc temps pour moi de le découvrir dans un autre registre…

Ma Chronique

Si, comme moi, l’intégrisme culturel vous fout la gerbe, si les auteurs, critiques et lecteurs qui tirent à boulets rouges sur la littérature populaire (et ses auteurs) vous donnent des envies de meurtres, pris au premier degré ce roman ne manquera pas de vous piquer les yeux et de vous brûler les mains !

À travers les jugements sans appels émis par Claire (lectrice), Frédéric (auteur) et Marc (éditeur), les auteurs populaires tels Guillaume Musso, Marc Lévy, Amélie Nothomb ou encore Anna Gavalda (pour ne citer qu’eux) se font dézinguer sans qu’ils aient l’ombre d’une chance de se défendre. Et je ne vous parle même pas de tout le mal qu’ils pensent de la littérature feel-good (à leurs yeux littérature et feel-good sont deux notions impossibles à associer, c’est tout juste si ces bouquins méritent un méprisant feel-good books pour les qualifier).

Et pourtant je me suis régalé en parcourant ces quelques pages ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il m’apparaît impossible de ne pas prendre de tels propos au second degré, deux raisons à cela :

1 – il faudrait vraiment être un connard prétentieux pour défendre noir sur blanc cette position, et je ne pense pas que Cyril Massoratto entre dans cette catégorie (les mêmes mots écrits par une tête à tarte comme BHL ne m’auraient certainement pas fait sourire) ;

2 – sans vouloir le vexer, Cyril Massoratto ne peut décemment pas affirmer être le fils spirituel de Céline, Sartre, Camus, Balzac ou Zola. Pour autant que je sache son œuvre s’inscrit davantage dans la littérature populaire que dans la « grande littérature » (les guillemets viennent juste souligner le dégoût que m’inspire ce terme).

Vous l’aurez compris, Les Dédicaces est un roman qui place la littérature au premier plan. Qu’il s’agisse du livre en tant qu’objet (le numérique n’a pas sa place dans le cœur de Claire), du rapport entre le lecteur et le livre, du lecteur et de l’auteur et inversement, de l’auteur et de ses lecteurs…

Au fil des pages il sera aussi question de la relation homme-femme dans le couple, là encore Claire n’est pas vraiment le parfait exemple de la nana épanouie… même si, au vu de son ex, le contraire eut été étonnant ! Une relation qui doit se construire autour d’un juste équilibre entre l’idéal fantasmé et le réel.

N’en déplaise à Cyril Massarotto, son roman est un bouquin qui fait du bien à lire, qui vous donne le sourire et la pêche pour la journée (vous noterez que je ne l’ai pas qualifié de feel-good). Le style épuré et direct de l’auteur (ainsi que l’épaisseur du bouquin) permet de le lire quasiment d’une traite.

MON VERDICT

[BOUQUIN] Samuel Sutra – Un Truand Peut En Cacher Un Autre

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S. Sutra - Un truand peut en cacher un autre

Titre : Un Truand Peut En Cacher Un Autre
Auteur : Samuel Sutra
Éditeur : Flamant Noir
Parution : 2020
Origine : France
240 pages

De quoi ça cause ?

Chez les Duçon on est truands de père en fils et on ne plaisante pas avec la truande, il faut voir les choses en grand et les faire sans commettre d’impairs.

Cette fois Aimé, le fiston, surnommé Tonton, est sûr de son fait, il tient le gros coup et son plan est infaillible… ne lui reste qu’à trouver des complices sûrs pour arriver à ses fins.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Fidèle de la première heure aux éditions Flamant Noir, il est pourtant une série de romans que je n’avais pas encore pris le temps de découvrir : les fameux Tonton de Samuel Sutra.

Et pourtant ça fait un moment qu’ils me tentent ! Comme à l’occasion de son dernier opus, l’auteur nous invite à découvrir la première grosse combine montée par Tonton et ses sbires, je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté de l’occasion d’assouvir enfin ma curiosité.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Flamant Noir – et tout particulièrement Nathalie – ainsi que Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Incontestablement la plus grande force de ce roman réside dans son ton, un cocktail aussi subtil qu’agréable entre Frédéric Dard et Michel Audiard ; le genre de mélodie qui ne peut qu’enchanter les oreilles des amoureux de la langue française. et plus encore quand ceux-ci ne sont pas insensibles à la gouaille et au charme de l’argot parisien.

Mais Samuel Sutra ne se contente pas de jouer avec les mots (même s’il le fait admirablement), il joue aussi avec ses personnages, les confrontant à des situations qui flirtent souvent avec le burlesque et ponctuant leurs échanges de dialogues truculents. C’est que du bonheur pour le lecteur qui se laisse entraîner sans vraiment se poser de questions !

Il faut dire qu’au niveau de ses personnages l’auteur n’y va pas de main morte pour nous offrir une sympathique galerie de portraits que l’on n’est pas près d’oublier. À commencer bien entendu par notre fameux Tonton, qui, selon les exigences du contexte, saura si montrer aussi habile à manier les bons mots que de jouer des poings.

À ce titre sa visite chez Maxim’s (et surtout sa sortie) a été purement et simplement jubilatoire ; à éviter en public si vous ne voulez pas que les autres vous regardent bizarrement… sans parler du petit désagrément que représente le risque de se pisser dessus à force de se marrer.

Je ne vous parlerai pas de la fine équipe qui aidera (même si parfois ça reste à prouver) Tonton à monter son coup. Il faut le lire pour le croire !

N’allez pas croire que l’intrigue à proprement parler est surtout prétexte pour Samuel Sutra à s’amuser et à nous amuser, tout en restant plutôt légère elle est toutefois bien construite et menée d’une main de maître.

Concernant le choix du titre, force est de reconnaître qu’il est parfaitement adapté à la situation du présent roman. Plus d’une fois je me demandé qui pouvait bien être cet « autre » et pourquoi il voulait tant chier dans les bottes de Tonton.

S’agissant de ma première incursion dans l’univers de Tonton, je n’ai pas d’éléments de comparaison, mais ce bouquin m’a clairement donné envie de poursuivre mon exploration. J’irai même plus loin en affirmant qu’il me ferait presque regretter de ne pas m’être laissé tenter plus tôt.

Et parce qu’il le vaut bien j’inaugure même un tag « banana » que je décernerai désormais aux bouquins qui donnent la banane !

MON VERDICT

 

[BOUQUINS] Grégoire Lacroix – Il Suffit D’Une Balle

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G. Lacroix - Il suffit d'une balle

Titre : Il Suffit D’Une Balle
Auteur : Grégoire Lacroix
Éditeur : Flamant Noir
Parution : 2019
Origine : France
144 pages

De quoi ça cause ?

Grégoire, le narrateur, se découvre un Q.I. exceptionnel après un test fait sur internet. Dès lors il va s’octroyer le droit de donner son avis, forcément éclairé, sur tout et n’importe quoi. Avis qu’il partage avec le lecteur, mais aussi avec son voisin, Édouard Flandrin de Padirac…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Flamant Noir, une maison d’édition à laquelle je suis d’une fidélité sans faille.

Pour retrouver l’incroyable talent de jongleur de mots de Grégoire Lacroix. Jeux de mots, calembours, contrepèteries, contresens… il excelle dans tous les domaines dès qu’il s’agit de jouer avec les mots.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Flamant Noir, tout particulièrement Nathalie, et Net Galley qui me permettent de découvrir ce roman en avant première (parution le 29 juillet).

Le hasard des parutions (et de mes envies) a fait que mes dernières lectures ont été des romans courts, heureusement que la qualité ne se compte pas au nombre de pages ! C’est le troisième roman de moins de 200 pages que j’enchaîne, trois univers radicalement différents et trois belles surprises.

De Grégoire Lacroix j’avais déjà lu Jazz Band – Eros Héros Sept, qui m’avait déjà régalé avec ses bons mots tout en me laissant sur ma faim par le manque de profondeur de son intrigue. Ce nouveau roman est surtout prétexte pour l’auteur de faire ce qu’il fait de mieux, jouer avec les mots, les détourner, les associer ou les dissocier au gré de ses envies. Un pur régal à lire pour tout amoureux de la langue française.

L’intrigue tient davantage lieu de fil rouge que de réelle enquête policière (même s’il y a bien un mort, tué par la fameuse balle du titre) ; permettant au narrateur de partager son point de vue sur divers sujets selon l’inspiration du moment. Je vous rassure de suite, si le terme polar philosophique vous rebute, on est bien plus proche de la philosophie de comptoir que de Socrate et consorts.

Grégoire (le narrateur, pas l’auteur) se découvre du jour au lendemain un Q.I. exceptionnel qui le propulse dans le cercle restreint des surdoués. Une révélation qu’il obtient à l’issue d’un test fait sur internet ; et tout le monde sait pertinemment que si c’est sur internet alors ce ne peut qu’être la vérité vraie ! Et l’ami Grégoire ne cultive pas vraiment la modestie quand il s’agit de partager son incommensurable savoir, ainsi il conclut systématiquement ses grandes démonstrations par l’incontournable : Nous les Surdoués… Prétentieux, vous avez dit prétentieux ?

Un court roman qui se déguste d’une traite, ce qui ne nous empêche pas d’en savourer la substantifique moelle. Un roman qui vous booste le moral par sa bonne humeur et vous offre une séance intense de gymnastique zygomatique.

Morceaux choisis

Par paresse mentale, le consensus populaire a divisé le temps en trois tranches faciles à retenir : le passé, le présent et l’avenir. Campé sur son présent l’Homme passe alors sa vie à regretter le passé et à craindre l’avenir.

Dans notre langue, le sire est toujours triste et le drille joyeux alors que le luron, toujours gai, n’est pas forcément homosexuel. Quand même, quelle belle langue que la nôtre !

Indiscutablement, il sait, comme certains politiciens et avec un réel talent faire passer son incompétence pour une approche originale d’un problème auquel il n’a rien compris.

Le meilleur moyen de parvenir quelque part c’est encore d’y aller…

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sophie Hénaff – Art Et Décès

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S. Hénaff - art et Décès
Titre : Art Et Décès
Série : La Brigade Capestan – Tome 3
Auteur : Sophie Hénaff
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2019
Origine : France
320 pages

De quoi ça cause ?

Anne Capestan s’est mise en disponibilité afin de goûter pleinement aux joies de la maternité. Toutefois quand son amie et collègue, Eva Rosière, en disponibilité le temps d’un tournage, se retrouve accusée de meurtre, elle n’hésite pas à interrompre, de façon plus ou moins officielle, son congé parental…

Sa gamine sous le bras, Anne Capestan réintègre sa brigade et prend les choses en mains. Pas facile toutefois de combiner efficacement son rôle de mère et celui d’enquêtrice. Les Poulets Grillés investissent le plateau de tournage qui est aussi la scène de crime…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est le troisième roman mettant en scène la Brigade Capestan et que j’avais vraiment apprécié les deux précédents, Poulets Grillés et Rester Groupés.

Ma Chronique

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé l’équipe la plus barrée de la Crim’ parisienne (et plus si affinités) ; j’espérais bien retrouver tous les ingrédients qui m’avaient séduit dans les deux précédents opus, à commencer par un ton franchement décalé parfaitement assumé.

Le bouquin s’ouvre sur l’accouchement d’Anne Capestan et d’entrée de jeu Sophie Hénaff me rassure : sérieux s’abstenir !

Capestan sentit monter une nouvelle vague, elle ferma les yeux, verrouilla les mâchoires. La contraction planta ses griffes et actionna les vérins, propulsant le feu dans tous les membres. Paul, le nez penché sur ses pieds, marmonna :
– Qu’est-ce qu’elles me font mal ces pompes.
Au prix d’un effort immense, Capestan desserra les dents :
– Paul, je t’aime tu sais, mais je te jure que si tu me parles encore UNE fois de tes chaussures…

Ceux et celles ayant déjà eu affaire à la fine équipe des Poulets Grillés ne seront pas dépaysés ; pour les autres je ne saurai que trop vous recommander de lire d’abord Poulets Grillés, puis Rester Groupés avant de vous lancer dans ce roman. Ceci dit ça ne s’impose pas, ce bouquin peut tout à fait être lu indépendamment des précédents… j’dis ça, j’dis rien.

Je disais donc que les habitués s’aventureront en terrain connu. C’est plutôt positif dans le sens où la bonne humeur reste de rigueur tout au long du bouquin, avec une équipe d’enquêteurs aux personnalités et aux méthodes pour le moins originales. Le revers de la médaille étant l’absence relative de surprise ; la seule nouveauté par rapport aux précédents romans étant de voir Anne Capestan s’investir dans son rôle de mère. Ce qui donne lieu à quelques scènes fort réjouissantes, mais cela ne nous empêche pas de rester quelque peu sur notre faim.

Nos Poulets Grillés vont donc se retrouver à mener l’enquête dans un monde qui a de quoi faire rêver (sur le papier en tout cas) puisqu’ils vont se retrouver en plein tournage d’un film. L’occasion de découvrir la face cachée (réelle ou supposée) du cinéma, derrière le strass et les paillettes, mais sauront-ils résister à l’appel des feux de la rampe ?

Il n’en reste pas moins que même si l’intrigue strictement policière est plutôt bien menée, elle reste relativement linéaire et manque de piquant. Là encore on a l’impression que tout est mis en oeuvre pour que la maternité de Capestan éclipse tout le reste.

Malgré ces quelques bémols j’ai passé un agréable moment avec ce bouquin, prétendre le contraire serait un mensonge éhonté. Sophie Hénaff a su, une fois de plus, me faire rire et sourire, mais globalement il m’a manqué un p’tit truc en plus pour que je sois totalement sous le charme.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Romain Puértolas – Les Nouvelles Aventures Du Fakir Au Pays D’IKEA

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R. Puértolas - Les Nouvelles Aventures Du Fakir...

Titre : Les Nouvelles Aventures Du Fakir au Pays D’Ikea
Auteur : Romain Puértolas
Éditeur : Le Dilettante
Parution : 2018
Origine : France
283 pages

De quoi ça cause ?

Aja, le modeste fakir devenu riche grâce au récit de son périple hors norme, jouit pleinement des joies que lui offre sa fortune et de sa vie en couple. Jusqu’au jour où il réalise qu’il a perdu son âme d’aventurier, vendue au nom de sa petite vie pépère.

Pour y remédier, il décide de se rendre en Suède afin de rencontrer Monsieur IKEA et lui demander de lui fabriquer un lit à clou, modèle KISIFROTSIPIK, dont la fabrication a été arrêtée, le produit ayant été dangereux pour le consommateur (la bonne blague !).

En route vers un nouveau périple riche en rebondissements…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Après la lecture (aussi éprouvante que réjouissante) de Maudite !, j’avais besoin d’une bouffée d’oxygène avant d’enchaîner sur un nouveau thriller. Le roman de Romain Puértolas, et ses retrouvailles inattendues avec un fakir que j’avais beaucoup aimé m’a semblé parfaitement indiqué pour décompresser.

La couv’ façon « pull moche de Noël » a fini de me convaincre que c’était exactement ce qu’il me fallait…

Ma chronique

Je ne pensais pas que j’aurais l’occasion de croiser à nouveau le chemin de ce brave Ajatashatru Lavash Patel (Aja pour les intimes… et pour faire simple), fakir de son état qui nous a régalé d’un extraordinaire voyage dans une armoire IKEA. Quelle bonne surprise de le retrouver pour un nouveau périple que l’on peut supposer aussi extraordinaire et divertissant que le précédent.

Si vous n’avez pas aimé le précédent voyage du fakir, je doute fort que celui-ci trouve grâce à vos yeux. A contrario, si, comme moi, vous avez apprécié cette première escapade loufoque (voire burlesque), vous devriez vous régaler en lisant ce second opus. On y retrouve en effet tous les ingrédients qui ont fait le succès du premier.

Le récit multiplie les situations hautement improbables, mais ô combien divertissantes, les jeux de mots parfois foireux, mais toujours poilants et les références pour le moins décalées (qui eut cru que Céline Dion ou Alain Souchon seraient un jour qualifiés de « grands philosophes » ?)… un vrai plaisir pour les zygomatiques ! De même vous y retrouverez certains personnages déjà croisés dans le précédent roman, mais aussi une belle brochette de nouveaux venus qui ne dénotent pas dans le paysage du fakir.

Certes l’effet de surprise est moindre, mais je peux vous assurer toutefois que ce nouveau voyage ne manquera pas de vous étonner. C’est notamment l’occasion de découvrir le dur apprentissage du fakirat (cherchez pas, ça n’existe pas) que le jeune Aja a dû subir sous la tutelle d’un maître dont les méthodes et les agissements sont pour le moins douteux (pour rester poli… et surtout ne pas trop en révéler sur l’histoire).

Sous couvert d’humour Romain Puértolas en profite aussi pour égratigner, sans méchanceté, mais sans condescendance non plus, certains travers de notre société (sans parler des dérives de certains individus). Il le fait subtilement, sans chercher à créer la polémique ; parfois pointer du doigt un détail qui dérange vaut tous les longs discours de politique politicienne. Plutôt que de perdre du temps à maugréer après le bavard qui s’écoute parler, on réfléchit plus sereinement à certaines questions.

Comme à l’accoutumée l’auteur se prête à un humour tout en finesse, pas forcément toujours raffiné, mais jamais vulgaire, et surtout sans langue de bois.

J’ai apprécié ce second voyage en compagnie de ce fakir qui ne manquera jamais de nous surprendre, tout comme j’ai aimé cette plume qui sait nous divertir avec brio et intelligence, mais aussi avec beaucoup d’humanité.

Je terminerai cette chronique en vous laissant méditer sur l’incompréhension d’Aja quand il découvre que IKEA ne fabrique plus son fameux lit de fakir, le produit ayant été jugé dangereux pour le consommateur :

« Le KISIFRØTSIPIK en petit pin suédois, avec des clous en acier inoxydable, hauteur réglable, en trois coloris avait disparu du catalogue de la célèbre marque de meubles en kit scandinave pour la simple et bonne raison qu’il blessait les gens ! C’était aussi stupide que si Smith & Wesson adressait aujourd’hui un communiqué à tous ses clients pour qu’ils rendent leurs armes au prétexte qu’elles pouvaient tuer. »

Ah oui j’oubliais (mode Columbo), ne comptez pas trop sur ce bouquin pour parfaire votre connaissance ou découvrir les cultures hindoues et/ou suédoises ; vous seriez à même de commettre de gros impairs lors d’un prochain voyage dans ces lointaines contrées…

MON VERDICT

La minute du râleur maniaco-obsessionnel…

J’ai trouvé bizarre (pour ne pas dire plus) le découpage du livre numérique, les différentes parties d’un même chapitre faisant l’objet de pages distinctes (chaque partie correspondant à un fichier html constituant l’epub) plutôt que de se suivre, séparées soit par un saut de ligne, soit par un séparateur quelconque.

Je ne sais pas s’il en est de même avec la version papier (j’en doute fort), le fait est que j’ai fini par retravailler la structure du bouquin en séparant les parties d’un même chapitre par une étoile (*) afin de limiter ces sauts de page intempestifs.

Maniaquerie quand tu nous tiens…

[BOUQUINS] Gilles Legardinier – Une Fois Dans Ma Vie

AU MENU DU JOUR

G. Legardinier - Une fois dans ma vie
Titre : Une Fois Dans Ma Vie
Auteur : Gilles Legardinier
Editeur : Flammarion
Parution : 2017
Origine : France
430 pages

De quoi ça cause ?

Eugénie, Céline et Juliette sont trois amies inséparables. Trois âges différents, chacune leur parcours et chacune leur façon d’appréhender l’avenir. Ensemble, elles vont affronter les épreuves, les doutes et les questionnements du quotidien, mais aussi partager les petits et grands bonheurs qu’offre ce même quotidien…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Gilles Legardinier et que cet auteur, quel que soit le genre qu’il aborde, ne m’a jamais déçu.
Parce que, pour son nouveau roman, il a décidé de renouer avec la comédie façon feel good ; par les temps qui courent un peu de bonne humeur fait du bien.

Ma chronique

Comme vous pouvez le constater point de chat en couverture. Je suppose que c’est pour Gilles Legardinier une façon d’affirmer le changement d’éditeur. Comme dirait l’autre : « Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse« …

Dès les premières phrases, on retrouve le style profondément humain de l’auteur, on sent qu’il aime ses personnages et veut nous faire partager cette empathie. Et ça fonctionne toujours aussi bien !

Commençons justement par faire les présentations avec ce trio de choc 100% féminin. Eugénie est, avec son mari, Victor, en charge du gardiennage du théâtre. Elle est à un tournant de sa vie, se demandant si quelles traces son passage aura laissé et surtout si ça vaut la peine de continuer en l’absence de but existentiel.

Céline élève seule son fils, Ulysse, depuis son divorce. Son ex n’honorant ni ses responsabilités, ni ses obligations, elle passe son temps à compter et recompter son argent, espérant boucler le mois en limitant les dégâts. Au théâtre, elle est costumière.

Juliette a l’insouciance de la jeunesse, elle butine la vie et papillonne entre les aventures sans lendemain. Mais quand elle croise enfin le bon, l’homme de sa vie (elle en est intimement convaincue), elle perd tous ses moyens. C’est la chorégraphe de la troupe.

Au fil des pages, vous croiserez de nombreux personnages secondaires, à commencer par ceux qui font vivre et vibrer ce modeste théâtre (une belle brochette de personnages, tous plus attachants les uns que les autres, avec leurs qualités et leurs défauts), puis il y a ceux qui gravitent autour de nos trois héroïnes (parfois pour embellir le quotidien, d’autres, au contraire, pour leur pourrir la vie). Je n’en dirai pas davantage afin de laisser entier le plaisir de la découverte.

Si, dans les premiers chapitres, j’ai été un peu décontenancé par l’aspect saynètes du récit, Gilles Legardinier a rapidement su balayer mes a priori et c’est avec beaucoup de plaisir que je me suis laissé embarquer dans son récit.

Il faut dire que l’auteur a le don de confronter ses personnages à des situations pour le moins déroutantes, on est parfois en plein de vaudeville, mais la magie opère encore et toujours. Les sourires, les rires et les fous rires sont au rendez-vous… pour notre plus grand plaisir !

Fidèle à son habitude l’auteur ne se contente pas de jouer avec un seul registre de l’humour, le comique de situation cède la place ou se combine avec un comique de dialogues et / ou un comique de caractère. C’est un véritable concentré de bonne humeur que l’on a entre les mains.

De fait c’est avec un sourire béat, mais aussi un léger pincement au coeur, que nous quittons ce roman et ses personnages… Mais on se rassure en se disant que le prochain sera tout aussi bon, voire encore meilleur.

Je laisse le mot de la fin à Gilles Legardinier, après tout c’est encore lui le mieux placé pour nous parler de son roman :

« Je souhaite dédier ce livre à ceux – musiciens, auteurs, réalisateurs, peintres, sculpteurs… – qui vivent pour partager des émotions, et à ceux qui ont envie de les recevoir. Je vous vois déjà sourire. Vous vous dites qu’en cumulant ces deux catégories, je touche la totalité de la population du monde. Détrompez-vous. Certains n’ont que faire de partager, et d’autres n’ont pas envie de ressentir. Observez autour de vous. Bien qu’étant théoriquement l’apanage de notre espèce, l’empathie et l’élan ne sont pas universels. C’est donc aux rêveurs que je rends un hommage affectueux, ainsi qu’à ceux qui les croient. »

MON VERDICT