Tête à tête (virtuel) avec Céline Barré

J’ouvre le bal de mes tête à tête (virtuels) en compagnie de Céline Barré qui vient de publier son troisième roman, qui est aussi le troisième opus d’une série qui mérite bien son nom, Les Farfelus. Des personnages hauts en couleurs et des situations des plus rocambolesques vous attendent… pour le plus grand plaisir de vos zygomatiques !
Pour l’anecdote il faut savoir que Céline fait partie des premiers auteurs auto-édités que j’aie lu, comme beaucoup d’autres j’ai longuement hésité avant de franchir le cap de l’auto-édition qui traîne tel un boulet une mauvaise réputation. C’est Sébastien Tessier et son roman X qui m’a amené à revoir mon jugement, depuis j’ai fait énormément de belles découvertes (que je me fais un plaisir de partager ici), Céline et ses farfelus font incontestablement partie de ces belles surprises.
Honte à moi d’avoir attendu un troisième roman avant de lui donner la parole !

Céline Barré – Les Farfelus
Quel Pétrin !
Péril Au Fournil !
Le Vieux Qui Voulait Tuer Le Président

Bonjour Céline.
Merci d’avoir accepté ce tête à tête virtuel.

Bonjour Fred, merci à toi pour ce tête à tête.

Pour une fois je ne te demanderai pas de te présenter, ni de nous expliquer comment t’es venue l’envie d’écrire. Tu en parles très bien sur ton wixsite, j’invite de fait les lecteurs à aller y jeter un oeil.

Tu abordes aussi la question de l’auto-édition sur ton site, aujourd’hui pour toi, être auto-éditée c’est un choix délibéré ou plutôt une fatalité faute de mieux ?

Aux prémisses, c’était une fatalité, je souhaitais vivement être « repérée » par un éditeur. Et puis, avec le succès de mon premier roman, j’ai été en contact avec trois éditeurs. J’ai compris le poids du comité de lecture dans le choix final, ce qui est lié à l’uniformisation de la littérature aujourd’hui. Les éditeurs ont un business model, il faut que ton roman entre dans le moule, dans le cas de Quel Pétrin, on lui a reproché d’être trop ironique et là, j’ai compris que si d’aventure un éditeur me publiait, je perdrais ma liberté d’expression. J’ajoute que les effets de mode ont vocation à disparaître et qu’il est stupide de la part d’éditeurs de vouloir les suivre tels des moutons.

Aujourd’hui, presque deux ans après la sortie de mon premier roman, j’ai la conviction que l’auto édition est meilleure pour moi car je décide de tout, j’endosse les succès comme les échecs et même si parfois je me dis que mes romans seraient du meilleur effet en librairie, je n’ai pas de regrets. Mon but premier était de faire rire les gens et de ce côté-là, je sais que je l’ai atteint ; j’ai une belle collection de mails de lecteurs qui me le prouvent.

L’auto-édition implique une certaine polyvalence, tu assures tout de A à Z seule ou tu es bien entourée pour t’aider au fil des différentes étapes de la vie d’un livre ?

Je déteste déléguer alors plus je serai à même de porter des casquettes différentes, plus je serai satisfaite. J’écris seule, bien sûr, je ne suis pas le Paul Loup Sulitzer de l’auto-édition. Ensuite, j’ai maintenant des amis auteurs sur lesquels je peux compter pour faire la bêta lecture de mes romans, j’ai même un lecteur qui s’est proposé et qui a relu Le vieux qui voulait tuer le président. Il m’a fait des remarques judicieuses, que j’ai suivies. Pour ce qui est de la couverture, étant très peu douée en informatique, c’est mon compagnon qui s’en occupe mais je lui explique ce que je souhaite, on travaille ensemble, et on dit banco quand on est d’accord tous les deux. Pour ce qui est de ce point en particulier, je suis lasse d’être si mauvaise face à une image qu’il faut retoucher et j’ai commencé à bidouiller des visuels publicitaires avec Gimp, je mets trois heures pour faire un truc qu’il fait en deux minutes mais c’est un aspect du travail d’auto-éditeur qui m’intéresse.

Pour finir, il est important pour nous de tenter de fidéliser notre lectorat, ce qui commence par animer notre page auteur sur Facebook et faire croître notre liste de diffusion. Les lecteurs ne se rendent pas tous compte de l’importance qu’ils ont pour nous : s’ils sont au rendez-vous pour la sortie d’un livre, ils peuvent vraiment lui donner un coup de pouce salvateur, s’ils sont aux abonnés absents, c’est plus dur.

Amazon ne prévient pas nos lecteurs de nos sorties, c’est là la différence la plus importante avec un auteur édité qui sait très bien que sa ME va orchestrer une campagne de communication pour la sortie de son nouveau roman.

Une dernière question concernant l’auto-édition, comment ça se passe entre auteurs indépendants ? Solidarité ou compétition ?

J’ai rencontré les deux cas de figure, notamment parce que j’avais inscrit mon premier roman au concours kindle 2015 et la compétition était vraiment pesante, l’état d’esprit de certains autres auteurs inscrits parfaitement abject. Par la suite, les choses se sont tassées, j’ai appris à compter mes soutiens, j’estime être chanceuse, il y a des auteurs qui me soutiennent, qui apprécient mon travail et la réciproque est vraie. Certains indés sont très solidaires, d’autres la jouent plus perso, on voit vite à qui on a affaire finalement et puis j’ai appris à fermer ma grande bouche, c’est mieux pour tout le monde.

Comment définirais-tu ta série, Les Farfelus ?

Question ardue. Au départ j’avais la vision d’une série, d’ailleurs le projet de départ était voué à devenir une série TV, ça ne s’est pas fait et je me suis dit que j’avais tellement travaillé que je ne pouvais pas laisser tout cela en plan, j’ai donc pris mon synopsis et écrit Quel Pétrin !

Après le deuxième (Péril au Fournil !), j’ai compris que je ne parvenais pas à me défaire de mes persos, pour te donner un exemple, j’ai pleuré quand j’ai eu terminé ce deuxième roman. Je ne voulais pas continuer à évoluer dans le même univers mais j’avais l’impression que mes personnages avaient encore des aventures à vivre, donc j’ai commencé Le vieux qui voulait tuer le président. Comme je ne fais aucun plan, ils me surprennent moi-même donc je ne me lasse pas d’eux.

Où puises tu ton inspiration pour nous offrir des personnages et des intrigues aussi farfelus ?

Le plus souvent j’écris et je ne suis pas satisfaite d’un rebondissement par ex et je fais autre chose : je vais nager, je me promène avec ma chienne enfin bref, je lâche l’ordi et là, je suis comme frappée par la foudre, une idée s’impose. Ou bien le matin au réveil.

Quand tu écris comment se déroule une journée type ? Tu es dans ta bulle ou tu parviens à faire plusieurs choses à la fois ?

Je n’ai aucune discipline, je déteste les contraintes donc j’écris si j’en ai envie. Pour écrire, c’est simple, je suis une vraie mémère : assise sur le canapé, le portable sur les genoux et ma chienne qui dort à côté de moi. Quand il fait froid : un plaid pour bien peaufiner le look mémère et le tour est joué ! Je n’écris jamais le matin car je ne suis pas du matin, j’écris l’après-midi quand je suis chez moi.

Est-ce que tu as d’autres projets littéraires en cours ?

Oui, j’ai environ 25 débuts de romans, 48 idées par jour mais rien de super arrêté. Je sais que mes lecteurs aimeraient bien un 4ème volet aux Farfelus, je ne dis pas non, d’autant que j’ai eu une super idée de titre la semaine dernière (tu vois, l’inconscient n’en fait qu’à sa tête !). En gros, si je tente un 4ème épisode, je vais le placer dans la continuité du vieux, la boulangère commençait à me casser les pieds mais j’ai l’impression que je pourrai ne jamais en avoir fini avec cette série. Or je sais très bien que souvent dans les séries, il y la saison de trop, je ne voudrais pas tomber là-dedans.

Quelles sont les références (auteurs et romans) de Céline la lectrice ?

Beaucoup de classiques pour commencer, les Russes et Stendhal, De Beauvoir et dans les contemporains, David Lodge, Bill Bryson, tous les bouquins de Jean-Paul Dubois. J’en oublie plein, j’ai découvert Franck Bouysse il y a peu et j’ai été très emballée. Mes goûts sont très éclectiques ; enfin sauf pour la romance de type Harlequin, plutôt crever que de lire ça !

Comme j’ai coutume de le faire, je te laisse le mot de la fin.

Je ne sais pas trop conclure, si nous n’étions pas dans le virtuel mais dans la vraie vie, je te dirais sûrement « ressers-moi un verre, à ta santé, Fred. »

Puisque nous ne pouvons pas trinquer, je vais très banalement te remercier de faire tout ce que tu fais pour les auteurs indés et pour moi, c’est-à-dire lire mes romans dès que je te les envoie. Et sache que j’apprécie tes chroniques car elles sont toujours très argumentées et bien fichues. Tu es un des meilleurs blogueurs que je connaisse.

[BOUQUINS] Céline Barré – Le Vieux Qui Voulait Tuer Le Président

C. Barré - Le Vieux qui voulait tuer le PrésidentMalgré un Stock à Lire Numérique qui déborde, je ne refuse jamais une lecture à la demande d’un(e) auteur(e), surtout quand il s’agit de promouvoir l’auto-édition. Et plus encore quand je connais l’auteur(e) et apprécie son travail, dans ce cas-là je n’hésite pas à bousculer mon programme (qui il est vrai, est souvent bancal et fluctuant au gré de mes humeurs). C’est exactement ce que j’ai fait quand Céline Barré m’a proposé de lire et chroniquer son troisième roman, Le Vieux Qui Voulait Tuer Le Président.
Pour Théodore De La Morne, septuagénaire et de surcroît aristo sans le sou, la réélection de Francis Ollanzi à l’Élysée est aussi incompréhensible qu’inacceptable. Pour lui la solution s’impose d’elle-même : pour l’empêcher de nuire, il faut tuer le nuisible ! Théodore a bien conscience qu’il ne peut mener seul un pareil projet, il lui faut trouver et surtout convaincre des complices de confiance…
Si vous connaissez les précédents romans de Céline Barré (Quel Pétrin ! et Péril Au Fournil !) vous ne serez pas surpris de retrouver des personnages connus (l’intrigue démarre à Tresville, petit village dont les lecteurs de la première heure connaissent quasiment tous les habitants) et un projet un peu (beaucoup) insensé. Si vous ne connaissez pas les Trevillois(es), je vous encourage vivement à vous procurer ces romans : chaque lecture vous assurera une cure de bonne humeur bienvenue !
Le lecteur averti retrouvera avec plaisir un humour qui flirte parfois avec l’absurde tant les situations dans lesquelles se retrouvent parfois les personnages sont improbables. Bons mots garantis aussi dans les échanges entre des individus parfois antagonistes et très souvent en total décrochage d’avec la réalité. Sourires, rires et fous rires sont assurés au fil des pages.
Céline Barré joue habilement avec les différents registres de l’humour, pour notre plus grand plaisir. Ce qui ne l’empêche pas d’aborder, avec une apparente légèreté, des sujets plus sérieux (l’amitié, la vieillesse, la maladie…). Le lecteur pourra s’y attarder et y réfléchir, ou pas…
Une plume certes efficace pour titiller les zygomatiques des lecteurs mais aussi très agréable à lire par la richesse de son vocabulaire et son style. On a le fond et la forme pour le même prix, ce serait dommage de ne pas en profiter !
Cerise sur le gâteau, au fil des pages vous relèverez certainement quelques clins d’oeil vers des personnages qui vous feront immanquablement penser à quelqu’un… mais comme vous les savez déjà certainement : « toute ressemblance etc… » (j’avoue fortuitement avoir eu un faible pour Gilles le jardinier, ancien écrivain reconverti dans le jardinage à l’Élysée).
Si le choix de la couv’ vous surprend, je peux vous assurer qu’il n’y là rien de fortuit, l’explication viendra en temps et en heure.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Céline Barré – Péril Au Fournil !

C. Barré - Péril au FournilNouvelle chronique dédiée à un(e) auteur(e) indépendant(e) mais cette fois je suis en terrain connu puisqu’il s’agit du second roman de Céline Barré (après Quel Pétrin !) mais surtout que l’on retrouve, Jocelyne, notre boulangère apprentie révolutionnaire de Tresvilles et son entourage pour le moins animé. Direction le Cotentin (mais pas que) pour ce second opus intitulé Péril Au Fournil !.
Jocelyne ne digère pas la décision du président Ollanzi visant à fusionner les communes de Tresvilles et Grogneul. La boulangère espère mobiliser un maximum de monde afin d’organiser une grande manifestation à Paris, et pourquoi pas renverser Ollanzi ? Son arme ultime pour y parvenir : les réseaux sociaux…
Le hasard de ma PàL a voulu que j’entame ce roman le 14 juillet, soit 24 heures avant que la barbarie et la connerie ne s’abattent sur Nice (84 morts et plus de 200 blessés) et 36 heures avant la tentative de putsch militaire en Turquie et sa répression toute aussi violente (265 morts et pas loin de 1500 blessés). Autant dire que le moment était bien choisi pour une touche de légèreté et une bonne dose de feel good ! Ayant lu et apprécié Quel Pétrin ! je savais que le roman de Céline Barré me ferait oublier pour un temps l’actualité du moment.
Bien que ce second opus puisse être lu indépendamment de son aîné, je vous recommande vivement de commencer par Quel Pétrin ! afin de découvrir de façon plus approfondie les personnages et les événements survenus précédemment. Si toutefois vous passez outre, vous ne serez aucunement largué en prenant le train en route, l’auteure rappelle régulièrement les éléments permettant d’intégrer le récit dans son contexte.
Péril Au Fournil ! gagne en densité (on passe de 184 à 304 pages) ça permet à Céline de pouvoir se concentrer davantage sur les personnages secondaires et de développer autour de chacun une histoire plutôt que de se concentrer exclusivement sur Jocelyne. Et sur ce point le moins que l’on puisse dire c’est que nous serons servis. Bien entendu vous pourrez aussi compter sur de nouvelles rencontres, dont certaines joueront un rôle essentiel pour la suite des événements.
Vous connaissez certainement l’avertissement « Toute ressemblance avec des personnes réelles…« , il est bien entendu de rigueur ici, surtout concernant Ollanzi et sa clique ; il serait en effet tentant de faire le rapprochement avec certains de nos dirigeants. Je pense bien entendu à Ollanzi, même s’il est quand même un cran au dessus de notre Flan national niveau incompétence crasse ; mais celle qui m’aura le plus fait sourire reste la ministre de l’Education Nationale, issue des minorités, choisie pour ses formes plus que pour ses compétences et jamais en manque d’inspiration pour proposer des réformes absurdes… NVB si tu me lis, je ne m’excuse pas !
De nouveau l’auteure joue avec plusieurs leviers de l’humour avec brio, je savais que la sauce prendrait, je n’ai pas été déçu, sourires et rires ont bien été au rendez-vous tout au long de ma lecture. Mission accomplie pour l’apport de bonne humeur. Mais ne vous laissez pas berner par cette apparente légèreté, l’humour peut aussi être un bon moyen d’amener le lecteur un tantinet curieux à approfondir certains thèmes abordés.
Ne comptez pas sur moi pour vous livrer l’issue du duel opposant la boulangère au président. Ce que je peux vous dire en tout cas c’est que la situation de nombreux personnages prendra un virage à 180°. Pour le meilleur… ou pour le pire.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Céline Barré – Quel Pétrin !

C. Barré - Quel Pétrin !Au programme de cette chronique, une lecture faite à la demande de l’auteure, en l’occurrence Céline Barrè et son premier roman Quel Pétrin !.
A Tresville sur mer on attend beaucoup de la voie de contournement. Cette petite ville remplie d’énergumènes aux tempéraments bien marqués semble endormie sur ses lauriers. Menés tambour battant par Jocelyne, une boulangère entêtée, ils vont tenter de se souder afin de faire face à la pire organisation criminelle qui soit : l’Etat français ! (Présentation de l’auteure, sur le site du roman).
Avant d’aller plus loin je vous invite vivement à consulter le site sus-mentionné, vous découvrirez notamment à quel point l’accouchement de ce premier roman fut long et douloureux… Mais je tiens à rassurer Céline, ce parcours du combattant valait la peine, le bébé est adorable !
D’entrée de jeu le lecteur ne peut qu’être séduit par la plume de l’auteure, un style soigné sans être alambiqué, servi par une écriture pleine de ressources. Un régal pour les yeux et l’esprit !
Mais comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, un style parfait au service d’une intrigue pourrie n’empêchera pas le naufrage (alors que le contraire peut parfois être vrai). Sauf que présentement l’intrigue est loin d’être pourrie, on vibre avec Tresville-sur-mer (cherchez pas c’est un lieu fictif… mais ça pourrait aussi bien être du côté de chez vous, ou même de chez moi), un bled paumé du Cotentin où l’on ne risque pas de s’ennuyer tant il s’en passe des choses (et pas des moindres).
Il faut bien avouer que les Tresvillois(es) sont plutôt hauts en couleurs et ont un caractère bien trempé. Les personnages sont soignés, ni tout blanc, ni tout noir, parfois attachants, parfois horripilants (même Jocelyne, notre vaillante boulangère). Avec eux l’ambiance est garantie, qu’elle soit joyeuse ou morose, au fil des événements qui rythment leur quotidien.
Ma chère Céline je vous demande par avance de m’excuser cette comparaison mais je serai tenté de vous placer au même niveau qu’un certain Gilles Legardinier. Vous nous offrez un condensé de bonne humeur qui fait chaud au coeur et à l’âme. Vous parvenez même, en l’espace de ces quelques pages à jouer sur divers registre de l’humour, passant allègrement du second degré à la satire sociale, du burlesque au vaudeville, abordant parfois même des sujets graves avec une bonne dose de légèreté afin de dédramatiser les choses. Quant au lecteur il alterne entre sourires et fous rires.
Je tiens préciser que j’ai rédigé cette chronique en totale impartialité. Si je me montre plus tolérant avec les auteurs auto-édités c’est uniquement sur les aspects techniques du roman (et surtout du fichier epub), en l’occurrence même là je ne trouve rien à redire…
Je terminerai cette chronique sur quatre mots : vivement la saison deux !

MON VERDICT
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