[BOUQUINS] Grégoire Lacroix – Il Suffit D’Une Balle

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G. Lacroix - Il suffit d'une balle

Titre : Il Suffit D’Une Balle
Auteur : Grégoire Lacroix
Éditeur : Flamant Noir
Parution : 2019
Origine : France
144 pages

De quoi ça cause ?

Grégoire, le narrateur, se découvre un Q.I. exceptionnel après un test fait sur internet. Dès lors il va s’octroyer le droit de donner son avis, forcément éclairé, sur tout et n’importe quoi. Avis qu’il partage avec le lecteur, mais aussi avec son voisin, Édouard Flandrin de Padirac…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Flamant Noir, une maison d’édition à laquelle je suis d’une fidélité sans faille.

Pour retrouver l’incroyable talent de jongleur de mots de Grégoire Lacroix. Jeux de mots, calembours, contrepèteries, contresens… il excelle dans tous les domaines dès qu’il s’agit de jouer avec les mots.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Flamant Noir, tout particulièrement Nathalie, et Net Galley qui me permettent de découvrir ce roman en avant première (parution le 29 juillet).

Le hasard des parutions (et de mes envies) a fait que mes dernières lectures ont été des romans courts, heureusement que la qualité ne se compte pas au nombre de pages ! C’est le troisième roman de moins de 200 pages que j’enchaîne, trois univers radicalement différents et trois belles surprises.

De Grégoire Lacroix j’avais déjà lu Jazz Band – Eros Héros Sept, qui m’avait déjà régalé avec ses bons mots tout en me laissant sur ma faim par le manque de profondeur de son intrigue. Ce nouveau roman est surtout prétexte pour l’auteur de faire ce qu’il fait de mieux, jouer avec les mots, les détourner, les associer ou les dissocier au gré de ses envies. Un pur régal à lire pour tout amoureux de la langue française.

L’intrigue tient davantage lieu de fil rouge que de réelle enquête policière (même s’il y a bien un mort, tué par la fameuse balle du titre) ; permettant au narrateur de partager son point de vue sur divers sujets selon l’inspiration du moment. Je vous rassure de suite, si le terme polar philosophique vous rebute, on est bien plus proche de la philosophie de comptoir que de Socrate et consorts.

Grégoire (le narrateur, pas l’auteur) se découvre du jour au lendemain un Q.I. exceptionnel qui le propulse dans le cercle restreint des surdoués. Une révélation qu’il obtient à l’issue d’un test fait sur internet ; et tout le monde sait pertinemment que si c’est sur internet alors ce ne peut qu’être la vérité vraie ! Et l’ami Grégoire ne cultive pas vraiment la modestie quand il s’agit de partager son incommensurable savoir, ainsi il conclut systématiquement ses grandes démonstrations par l’incontournable : Nous les Surdoués… Prétentieux, vous avez dit prétentieux ?

Un court roman qui se déguste d’une traite, ce qui ne nous empêche pas d’en savourer la substantifique moelle. Un roman qui vous booste le moral par sa bonne humeur et vous offre une séance intense de gymnastique zygomatique.

Morceaux choisis

Par paresse mentale, le consensus populaire a divisé le temps en trois tranches faciles à retenir : le passé, le présent et l’avenir. Campé sur son présent l’Homme passe alors sa vie à regretter le passé et à craindre l’avenir.

Dans notre langue, le sire est toujours triste et le drille joyeux alors que le luron, toujours gai, n’est pas forcément homosexuel. Quand même, quelle belle langue que la nôtre !

Indiscutablement, il sait, comme certains politiciens et avec un réel talent faire passer son incompétence pour une approche originale d’un problème auquel il n’a rien compris.

Le meilleur moyen de parvenir quelque part c’est encore d’y aller…

MON VERDICT

[BOUQUINS] Grégoire Lacroix – Jazz Band : Eros Héros Sept

G. Lacroix - Jazz BandImpossible (ou presque) pour moi de résister au catalogue de Flamant Noir, j’y ai découvert tellement de perles que chaque nouveau titre titille ma curiosité. C’est donc sans hésitation que je me suis jeté sur leur dernier bébé, Jazz Band, de Grégoire Lacroix.
Jazz Band est un agent du SORG (Service Opérationnel des Renseignements Généraux). Son arme : une guitare Gibson qui lui permet d’infiltrer incognito les clubs de jazz. Son atout : une intelligence et un esprit d’analyse hors du commun. Ses faiblesses : aucune, bien entendu ! C’est à lui que l’on fait appel dans les situations les plus désespérées…
Vu comme ça l’intrigue pourrait ressembler à n’importe quel (ou presque) scénario d’espionnage pour romans de gare (je hais ce terme puant d’élitisme mais je l’emploi fort à propos… et fort modestement) ; mais il ne faut pas se fier aux apparences. Jazz Band est à James Bond ce que le Canada Dry est à la bière ! On est davantage dans la parodie que dans l’imitation.
Le personnage de Jazz Band vaut à lui seul le détour. Autoproclamé surdoué et convaincu d’avoir un charme irrésistible, il pourrait être la parfaite tête à claque mais les clichés sont poussés si loin qu’il en devient pathétiquement risible. Rassurez-vous c’est l’effet recherché.
Notre cher JB prend aussi un malin plaisir à rabaisser ses interlocuteurs. Il faut dire que son adjoint, Duglantier, qu’il surnomme Dugu alors que Dugland lui conviendrait mieux, ne brille ni par sa perspicacité, ni par son enthousiasme face au boulot. Même le ras des pâquerettes ça lui passe largement au-dessus !
JB, puisqu’il s’agit d’un récit à la première personne, nous raconte deux affaires sur lesquelles il a dû intervenir. Exit James Bond, welcome Austin Powers ! On quitte le monde des possibles pour la quatrième dimension tellement l’improbable est de rigueur.
Je vous laisse juger par vous même. Affaire n°1 : retrouver le Professeur Dhozone, inventeur de la couche du même nom, qui a été enlevé. Affaire n°2 : neutraliser Intersecte, un groupe criminel qui compte unifier toutes les sectes du monde sous une seule enseigne. Avouez que c’est du lourd…
Si je me limitais à ces seuls aspects, très second degré, du roman je passerai (et vous aussi, que j’espère pourtant bien convaincre) de l’essentiel. Le fond n’est qu’un prétexte pour mettre en avant la forme : le style narratif du bouquin. Ami(e)s de la langue française vous allez vous régaler, l’auteur multiplie les jeux de mots en tout genre (calembours, contrepèteries, déconstructions/reconstructions…). Au final on obtient un phrasé qui semble issu d’un croisement linguistique entre Sacha Guitry, Frédéric Dard et Raymond Devos.
J’avoue que pour ma part j’aurai apprécié que la forme soit mise au service d’un fond un peu plus conséquent. Un bémol modéré par l’épaisseur du bouquin, un peu moins de 300 pages ; un bon format pour apprécier les bons mots sans que le jeu ne devienne lassant. J’espère que ma note ne paraîtra pas trop sévère, mais à force de nous habituer à du très haut de gamme on devient exigeant quand on pioche dans le catalogue de Flamant Noir.

MON VERDICT
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