[BOUQUINS] James S. Murray & Darren Wearmouth – Le Passager De Trop

AU MENU DU JOUR


Titre : Le Passager De Trop
Auteur : James S. Murray & Darren Wearmouth
Éditeur : Calmann-Lévy
Parution : 2023
Origine : États-Unis (2021)
300 pages

De quoi ça cause ?

Maria Fontana espérait passer un moment tranquille en famille en embarquant sur l’Atlantia, un paquebot tout confort qui assure la liaison entre New York et Southampton.

Il faut dire qu’elle était jurée dans le procès particulièrement éprouvant et ultra médiatisé d’un tueur en série, procès à l’issue duquel l’accusé est ressorti libre, faute de décision unanime du jury. Un verdict qui a suscité la vindicte des familles et des médias.

Quelques jours après l’embarquement, des trucs pas nets semblent se passer à bord. Et si un tueur comptait parmi les passagers ou l’équipage…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que l’idée d’un huis clos au milieu de l’océan Atlantique me semblait idéalement oppressante ; la toile de fond idéale pour un thriller.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et la plate-forme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Oubliez La Croisière S’Amuse, ici le paquebot va s’avérer être le théâtre d’un jeu mortel orchestré par un tueur insaisissable. Un tueur au modus operandi qui ressemble un peu trop à celui de Wyatt Butler, le présumé tueur en série remis en liberté à l’issue de son procès.

Si Maria Fontana relève rapidement ces similitudes, elle n’est prise au sérieux ni par son compagnon qui la traite gentiment de parano, ni par l’équipe de sécurité du paquebot qui serait même limite à la trouver suspecte.

Le huis clos annoncé tient toutes ses promesses, le paquebot, bien que vaste, n’offre aucune échappatoire aux victimes tout en permettant au tueur de se fondre dans la foule. Si vous êtes thalassophobique, nul doute que ce roman ne contribuera pas à votre guérison.

Le mutisme des équipes chargées de la sécurité du paquebot n’aura pas vraiment l’effet apaisant escompté, il sera prétexte à des rumeurs, certaines proches de la réalité, d’autres complétement farfelues. Il n’en faudra pas davantage pour créer un sentiment de malaise parmi les passagers. Il suffirait d’une étincelle pour que le malaise se transforme en peur panique, et notre tueur sadique adore attiser les braises.

Maria est psychologue de métier, son expertise de la psyché humaine – et tout particulièrement celle de Wyatt Butler – pourrait bien être son principal atout pour arrêter le massacre.

Un roman qui s’adresse bien entendu aux fans de thrillers, mais que je réserverai à un public averti ; notre tueur cible principalement les enfants et fait preuve d’une brutalité extrême dans ses mises en scènes morbides. L’écriture est très visuelle et force est de reconnaître que les auteurs ne laissent que peu de place à l’imagination des lecteurs quant à leurs scènes de crimes.

Les différents personnages sont bien travaillés avec un profil psychologique particulièrement soigné, l’intrigue est rondement menée avec son lot de rebondissements et de fausses pistes, mais l’ensemble reste relativement conventionnel dans son approche. Ça n’en reste pas moins un très bon thriller, mais avec une touche plus personnelle il aurait pu être un excellent thriller.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Aidan Truhen – Sept Démons

AU MENU DU JOUR


Titre : Sept Démons
Série : Jack Price – Livre 2
Auteur : Aidan Truhen
Éditeur : Sonatine
Parution : 2023
Origine : Angleterre (2021)
352 pages

De quoi ça cause ?

Jack Price est désormais à la tête des Sept Démons, une redoutable organisation criminelle internationale. Les temps sont durs et les Démons s’ennuient, Jack va alors accepter un contrat totalement inédit pour eux : braquer une banque suisse réputée inviolable.

Dès leur arrivée en Suisse les choses ne vont pas se dérouler exactement comme prévu, mais il faut plus que ça pour déstabiliser Jack et ses Démons…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’avais été totalement emballé par le précédent roman de l’auteur, Allez Tous Vous Faire Foutre, un titre et une couverture qui ne pouvaient qu’attiser ma curiosité. Je n’allais donc pas passer à côté du grand retour de Jack Price.

Ma Chronique

Depuis la sortie du roman Allez Tous Vous Faire Foutre, le voile s’est levé sur la véritable identité de son auteur, Aidan Truhen. Il s’agit en fait de Nicholas Cornwell, fils de John Le Carré, un des grands maîtres de la littérature d’espionnage. Le petit Nicholas est surtout connu sous le nom de plume de Nick Harkaway, auteur de science-fiction et de fantasy.

On ne change pas une recette gagnante, de fait d’entrée de jeu vous retrouvez le ton du précèdent roman. Un récit à la première personne et au présent avec un style et une ponctuation plutôt minimaliste. Pas gênant outre mesure sauf quand Jack Price se lance dans de longues tirades, on perd souvent le fil d’autant que sa logorrhée verbale n’a bien souvent ni queue ni tête.

Je serai tenté de dire que la surenchère semble être le crédo de ce second opus. L’intrigue est plus invraisemblable que jamais, à tel point que parfois on bascule carrément dans le burlesque… déjanté et barré sont des concepts qui font mouche chez moi, mais trop c’est trop.

Avoir lu Allez Tous Vous Faire Foutre avant de se lancer dans cette « suite » n’est pas franchement impératif, mais ça aide toutefois à mieux cerner les personnages et certaines situations.

Dans l’ensemble les lecteurs du précédent roman ne seront pas totalement dépaysés, ça reste délicieusement politiquement incorrect, complétement barré, totalement amoral avec un soupçon de cynisme, le tout largement dopé à l’humour noir. C’est triste à dire mais j’en serai presque réduit à affirmer que la forme sauve le fond.

Dire que je me suis fait chier à lire ce bouquin serait un mensonge, j’ai passé un moment de lecture sympathique mais j’en attendais tellement plus que je ne peux m’empêcher de rester sur un sentiment mitigé (malgré quelques trouvailles des plus originales).

Ne souhaitant pas dézinguer le bouquin, parce qu’il ne le mérite pas, mais ne pouvant m’épancher dessus pour la même raison, j’opte donc pour la concision.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Henri Lœvenbruck – Les Disparus De Blackmore

AU MENU DU JOUR


Titre : Les Disparus De Blackmore
Auteur : Henri Lœvenbruck
Éditeur : XO
Parution : 2023
Origine : France
519 pages

De quoi ça cause ?

1925. Blackmore est une paisible île anglo-normande au large de Guenersey, mais depuis quelques mois des disparitions inexpliquées sèment la terreur au sein de la population.

Face à l’inertie de la police, Lorraine Chapelle, la première femme ayant obtenu un diplôme de criminologie en France, et Edward Pierce, détective privé britannique et expert en sciences occultes, vont devoir s’allier pour lever le voile sur ces inquiétantes disparitions…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Henri Lœvenbruck, un auteur pour le moins éclectique qui excelle dans tous les genres auquel il se frotte.

Pour le côté Lovecraft de l’intrigue… même si celui-ci reste à prouver.

Ma Chronique

Je remercie les éditions XO et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

C’est un pur hasard si, après la lecture du dernier roman de Stephen King, je reste dans un contexte très inspiré par H.P. Lovecraft. Mais ne vous fiez pas aux apparences, le roman de Henri Lœvenbruck est radicalement différent de celui du King, tant par son contexte que par son intrigue.

Henri Lœvenbruck situe son intrigue en 1925 sur l’île de Blackmore, une île anglo-normande née de l’imagination de l’auteur. Un cadre fictif auquel il parvient à donner corps et vie à grand renfort de détails, que ce soit sur la géographie de l’île, son histoire, sa culture et ses traditions. Mais aussi la ville de Blackmore, ses bâtiments et ses habitants. Tout est d’un réalisme saisissant.

Le duo d’enquêteurs atypique est un choix plutôt classique, pour ne pas dire banal, dans les romans policiers et les thrillers. L’auteur ne déroge pas à la règle en associant les personnages de Lorraine Chapelle, une criminologue française qui ne jure que par la science, et d’Edward Pierce, un détective britannique expert en sciences occultes. Elle est aussi extravertie – à la limite de la provocation – que lui est introverti. Sans surprise le duo va s’avérer aussi efficace que complémentaire.

Initialement nos deux enquêteurs vont être mandatés pour lever le voile sur trois disparitions inexpliquées survenues sur l’île ces derniers mois. Une quatrième disparition, puis un meurtre viendront rapidement compliquer une affaire déjà pleine de zones d’ombre.

Ajoutez à cela une généreuse dose de mythologie celtique combinée à un soupçon de culte des Grands Anciens et vous aurez alors une vision d’ensemble (quoique très superficielle) de ce qui attend notre duo de choc. Autant dire que la rationalité et l’esprit cartésien de Lorraine risque d’être mis à rude épreuve face à ce qu’elle considère comme du grand n’importe quoi.

Le roman se veut un hommage à la littérature populaire – pour ne pas dire pulp –, en souvenir de l’œuvre du grand-père de l’auteur. Sur ce point c’est une totale réussite, l’intrigue est plutôt bien construite et le bouquin se lit quasiment tout seul (si j’ai mis près de deux semaines à le lire, c’est parce que j’étais en congés).

Paradoxalement, c’est aussi cet aspect du roman qui me laisse un arrière-goût d’inachevé. J’aurais aimé que certains aspects de l’intrigue soient plus développés, et, plus globalement, que l’ensemble gagne en complexité et en densité.

Un petit bémol qui pourrait rapidement être oublié si Lorraine et Edward devaient revenir à Blackmore dans un prochain roman de l’auteur.

Il n’en reste pas moins que j’ai passé un très agréable moment en compagnie de ce roman. Une fois de plus Henri Lœvenbruck prouve qu’il est comme à la maison, quel que soit le registre auquel il se frotte.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sonja Delzongle – Thanatea

AU MENU DU JOUR


Titre : Thanatea
Auteur : Sonja Delzongle
Éditeur : Fleuve Éditions
Parution : 2023
Origine : France
416 pages

De quoi ça cause ?

Esther quitte la PJ de Lyon et ses deux amies de toujours, Layla et Hélène, pour prendre un nouveau départ en Suisse. Elle va intégrer Thanatea, une entreprise spécialisée dans le funéraire et le suicide assisté.

Rapidement Esther va constater quelques phénomènes étranges ; est-elle en train de complètement perdre pieds ou est-ce que de sombres secrets se cachent derrière Thanatea.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Sonja Delzongle et que je n’ai pas encore pris le temps de m’intéresser à ses titres autres que ceux de la série Hannah Baxter.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Fleuve et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Le dernier roman de Sonja Delzongle est avant tout l’histoire de trois femmes, amies d’enfance qui ne sont jamais quitté malgré les épreuves qu’elles ont pu traverser elles sont aujourd’hui toutes les trois officiers à la PJ de Lyon. Le départ d’Esther jette un froid sur le trio mais pour elle quitter la police et s’offrir un nouveau départ, loin de tout, était nécessaire.

Le ton est donné dès les premières pages puisque le roman s’ouvre sur un enterrement. Une de ces trois femmes est morte, ses amies assistent aux funérailles. Qui est la victime ? Comment en est-on arrivé là ?

C’est ce que l’auteure vous invite à découvrir en ramenant le lecteur quelques semaines plus tôt. Le jour où Esther quitte la police pour rejoindre Thanatea en tant que « préposée au café ».

La mort est un commerce comme un autre, nul n’oserait remettre en question l’utilité des entreprises funéraires qui sont un renfort indispensable pour les familles endeuillées. Il est vrai qu’en Suisse, où le suicide assisté est légal en cas de maladie incurable ou fortement invalidante, la chose prend une tout autre dimension.

Thanatea est une de ses entreprises spécialisées à la fois dans le service funéraire et le suicide assisté. C’est aussi le nom de l’île, au large du lac Léman (côté suisse) qui abrite cette infrastructure.

Inutile de vous ruer sur un Atlas ou sur Google Maps, point d’île sur le lac Léman, c’est une invention de l’auteure pour les besoins de son intrigue.

Croyez-moi vous aurez tôt fait d’oublier ce détail et même de vous en accommoder, Sonja Delzongle sait y faire pour brouiller les pistes et rapidement vous vous demanderez si Esther est en train de perdre pied ou s’il se passe vraiment des trucs pas très clairs sur Thanatea…

Parallèlement nous suivrons aussi les parcours de Layla et Hélène, confrontées à la fois à des affaires criminelles à résoudre mais aussi aux difficultés et aux aléas du quotidien.

Si on ne sait pas exactement où tout cela va nous mener, on se laisse toutefois porter par le talent narratif de l’auteure. Au fil des pages et des revirements de situation on va réaliser – à l’instar de Layla et Hélène – que l’on ne connaît vraiment des autres que ce qu’ils veulent bien nous révéler. Chez certaines personnes le fameux « jardin secret » peut s’avérer plus vaste et plus inextricable qu’une forêt tropicale.

Sonja Delzongle sait y faire pour mettre les neurones de ses lecteurs à rude épreuve, vous n’avez pas fini de vos poser des questions et d’être surpris par les révélations en cascade. Une lecture totalement addictive et captivante de bout en bout.

Mon plus grand regret : que l’une de ces trois drôles de dames doive mourir. Et ladite mort surviendra elle aussi de la façon la plus inattendue qui soit.

La mort est un commerce comme un autre… ou pas. Entre de mauvaises mains et pour de mauvaises raisons, les dérives de la thanatopraxie repoussent les limites morales et n’ont plus rien d’honorables.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Christophe Royer – Néréides

AU MENU DU JOUR


Titre : Néréides
Série : Nathalie Lesage – livre 3
Auteur : Christophe Royer
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
278 pages

De quoi ça cause ?

Quand Samir, un ami (et accessoirement ex-amant), appelle Nathalie Lesage à la rescousse, elle n’hésite pas à poser quelques jours de congés afin de le rejoindre à Albi.

Samir apprend à Nathalie que sa jeune sœur, étudiante à Albi, a disparu depuis quelques jours. Devant le manque de réactivité de la police locale, Nathalie décide de mener sa propre enquête en sous-marin…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada et Christophe Royer. L’occasion de suivre la troisième enquête de Nathalie Lesage dans un nouveau décor et autour d’une nouvelle thématique.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Après Paris et Lyon, c’est à Albi que Nathalie Lesage va poser ses bagages le temps d’une nouvelle enquête… mais cette fois ladite enquête n’a aucun caractère officiel, Nathalie répond à l’appel à l’aide d’un ami.

Ledit ami n’est pas un total inconnu pour ceux et celles qui suivent Nathalie Lesage depuis ses débuts. On le croise en effet dans Lésions Intimes, le premier roman de la série. Nathalie et lui seront amants avant qu’elle ne plaque tout pour se ressourcer en Irlande.

Il est vrai qu’en arrivant à Albi Nathalie Lesage comptait s’en remettre à ses collègues locaux… mais devant leur immobilisme et une mauvaise volonté évidente, elle va prendre les choses en main avec Samir.

Une fois de plus Christophe Royer confronte ses personnages aux perversions les plus sombres de l’âme humaine. J’avoue sans la moindre gêne que toute la thématique autour de la Magia Sexualis m’est complètement passé au-dessus de la tête (je pense pourtant être un esprit plutôt ouvert, mais il y a tout de même des limites à ne pas franchir). Heureusement cela ne m’a nullement empêché de profiter pleinement de l’intrigue.

Au chapitre des retrouvailles j’ai aussi apprécié de voir que Cyrille, le jeune collègue de Nathalie à Lyon allait lui aussi être de la partie. Une enquête au cours de laquelle il paiera de sa personne entre les griffes du sadique Monsieur Etienne.

Autre belle rencontre avec Lucie Dubrac, une sympathique grand-mère qui n’a jamais vraiment perdu espoir de retrouver sa petite-fille disparue après avoir été contactée par cette mystérieuse école de magie albigeoise.

L’intrigue est bien menée et bien documentée, même si elle ne nous réserve pas vraiment de grosses surprises (hormis la motivation de ceux qui se cachent derrière les enlèvements). On prend plaisir à suivre Nathalie et Samir, leurs réactions parfois impulsives et irraisonnées peuvent se justifier par l’absence de cadre légal à leur action et leur implication personnelle.

Les chapitres sont courts, le style ne s’embarrasse de fioritures, tout est fait – et bien fait – pour que le lecteur soit en totale immersion au cœur de l’action.

Un roman dévoré d’une traite (comme souvent quand j’ai un titre des éditions Taurnada entre les mains). Sans surprise je serai au rendez-vous pour la prochaine enquête (annoncée dans les remerciements) de Nathalie Lesage.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Gérard Saryan – Sur Un Arbre Perché

AU MENU DU JOUR


Titre : Sur Un Arbre Perché
Auteur : Gérard Saryan
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
378 pages

De quoi ça cause ?

Une seule seconde d’inattention et la vie d’Alice bascule : Dimitri, 4 ans, le fils de son compagnon, échappe à sa vigilance.

En panique, la jeune femme part à sa recherche, mais elle est victime d’un grave accident. À son réveil, elle doit se rendre à l’évidence : l’enfant a été kidnappé.

Alice n’a désormais qu’une obsession : retrouver Dimitri, coûte que coûte…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est le nouveau bébé des éditions Taurnada et qu’il me donne l’occasion de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Seuls ceux et celles ayant plus d’un certain âge – avancé mais pas trop –, comprendront le clin d’œil qui va suivre. Le présent roman n’a strictement rien à voir avec le film de Serge Krober (Sur Un Arbre Perché, 1971) avec Louis de Funés et Geraldine Chaplin. Une homonymie purement fortuite donc.

Tout commence avec un jeune couple qui ressemble à tant d’autres. Alice est styliste installée à son compte, occasionnellement elle est aussi membre d’une petite troupe de théâtre. Au début du roman elle est enceinte. L’heureux papa est le compagnon de la jeune femme, Guillaume, brillant avocat issu d’une grande famille française. Il est divorcé et père de deux enfants (Dimitri, 4 ans et Barbara, 13 ans).

Un matin Alice récupère les enfants chez l’ex-femme de Guillaume pour un voyage en train Lyon-paris, où ils doivent rejoindre Guillaume. Gare de Lyon (à Paris, donc… cherchez pas une quelconque logique là-dedans), le week-end de rêve vire au cauchemar. Dimitri disparaît. Alors qu’elle se lance à sa recherche, Alice est victime d’un accident.

Après un court coma deux terribles nouvelles lui éclatent à la gueule : Dimitri, toujours porté disparu, a vraisemblablement été victime d’un enlèvement ; le bébé n’a pas survécu à l’accident.

Rassurez-vous je n’ai pas l’intention de poursuivre cette chronique en vous proposant un résumé intégral du bouquin. Il fallait poser à minima le décor pour comprendre à quel point retrouver Dimitri va devenir une obsession pour Alice.

La jeune femme est loin d’imaginer jusqu’où son enquête va la mener. De nombreuses surprises et autres retournements de situation l’attendent (et nous aussi par la même occasion). On serait parfois tenté de dire que c’est too much mais finalement on se laisse guider par Gérard Saryan qui mène sa barque avec beaucoup de conviction.

Je vous passe les détails mais au fil de ses pérégrinations, Alice va découvrir un ignoble trafic d’enfants, une vengeance personnelle mûrement réfléchie pour faire le plus de mal possible et bien plus encore. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle va payer de sa personne pour mettre à jour la vérité (ou plutôt les vérités).

Une intrigue complexe, machiavélique et tordue à souhait… tout ce qu’on aime !

Des flashbacks dont on ne saisit pas vraiment le sens viennent s’insérer çà et là dans le déroulé de l’intrigue. Il faut attendre les ultimes révélations pour comprendre comment les événements se sont enchaînés pour arriver à la situation présente du récit.

Heureusement Alice ne sera pas toujours seule face à l’adversité, certaines mains tendues seront des plus inattendues, d’autres cacheront peut-être des intentions moins louables… Au fil des chapitres vous en viendrez, comme Alice, à douter de tout et de tout le monde, son incroyable obstination lui fera repousser toutes les limites.

L’auteur fait sien le slogan publicitaire adopté par Paic Citron à la fin des années 80 (bin oui, c’est une chronique pour les « anciens ») : quand y’en a plus, y’en a encore ! En effet, alors que l’on pouvait supposer que tout allait enfin rentrer dans l’ordre, Alice balance un ultime pavé dans la mare, une révélation, et non des moindres, qui va remettre beaucoup de choses en question.

Même si parfois Gérard Saryan se laisse emporter par son enthousiasme, il réussit à nous scotcher de la première à la dernière page avec une intrigue qui fait voler en éclats nos certitudes.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Maxime Chattam – La Constance Du Prédateur

AU MENU DU JOUR


Titre : La Constance Du Prédateur
Série : Ludivine Vancker – Tome 4
Auteur : Maxime Chattam
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2022
Origine : France
448 pages

De quoi ça cause ?

Une page se tourne pour Ludivine Vancker qui va intégrer le Département des Sciences du Comportement (DSC) de la gendarmerie et ses équipes de profilers.

À peine arrivée, elle est plongée dans le feu de l’action. Un charnier a été découvert dans le puit désaffecté d’une mine en Alsace. De prime abord toutes les victimes ont été tuées suivant un même mode opératoire entre les années 70 et 90.

L’affaire, déjà complexe, se corse lorsque l’ADN du tueur présumé est retrouvé sur deux nouvelles victimes… tuées au cours de ces dernières semaines.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Maxime Chattam et parce qu’il nous offre l’occasion de retrouver Ludivine Vancker dans une nouvelle enquête.

Ma Chronique

Avec ce roman, Maxime Chattam fête ses 20 ans d’écriture (aventure débutée en 2002 avec L’Ame Du Mal, le premier opus de La Trilogie Du Mal). C’est le vingt-huitième roman de l’auteur (sans parler des nombreuses nouvelles qu’il a publié en parallèle à sa carrière romanesque).

C’est avec un réel enthousiasme que je retrouve Ludivine Vancker et ses collègues de la SR (Section de Recherches) de Paris. Mais au bout de quelques pages je découvre que Ludivine va être mutée au Département des Sciences du Comportement (DSC). Adieu les collègues de la SR, et let’s go pour de nouvelles aventures !

Oui… et non. Si Ludivine intègre bel bien le DSC (à sa demande), l’affaire à laquelle ils vont se frotter s’annonce tellement énorme que la SR de Paris va être appelée en renforts. Une sorte de transition en douceur, plutôt qu’une rupture nette. Bien joué Maxou !

Le DSC de la Gendarmerie Nationale a été créé en 2001 (mais n’est opérationnel qu’à partir de 2002), son rôle est de dresser le « profil » d’un criminel au vu de la scène de crime. Pour cela des experts en psychocriminologie travaillent de pair avec des enquêteurs de terrain. Pour faire simple, nos gendarmes du DSC sont plus ou moins l’équivalent des fameux profilers américains. Dans les faits les méthodes du DSC s’apparentent davantage aux techniques d’analyses comportementales développées par la Gendarmerie royale canadienne et la police sud-africaine.

Si Ludivine va retrouver ses anciens collègues (Segnon, Guilhem, Magali et Franck), elle va aussi et surtout devoir travailler de concert avec sa supérieure hiérarchique, la chef d’escadron Lucie Torrens et s’adapter aux méthodes d’investigations du DSC.

J’ai apprécié de retrouver le personnage de Ludivine Vancker débarrassée (plus ou moins) de ses anciens démons, le couple qu’elle forme avec Marc semble avoir un effet positif et apaisant sur sa personnalité.

J’avoue avoir eu un énorme coup de cœur pour le personnage de Lucie Torrens. Elle mériterait presque que Maxime Chattam lui consacre au moins au roman… mais bon, il fait ce qu’il veut, c’est un grand garçon (et vu les idées sombres qui lui passent par la tête, vaut mieux pas lui chercher des noises).

Superbe (la modestie ne m’étouffe pas) transition qui m’amène à dire quelques mots de l’intrigue. Sans mentir c’est peut-être l’une des plus machiavéliques parmi les nombreux thrillers que j’ai lu ces dernières années. Vous n’avez pas fini de vous triturer les méninges pour démêler pareil écheveau.

La violence est omniprésente mais au service de l’intrigue, et encore je trouve que l’auteur a été plutôt soft vu la perversité de Charon, le tueur en série qui va donner bien du fil à retordre au DSC et à la SR parisienne. Si violence il y a, c’est plutôt le contexte imaginé par l’auteur qui fait froid dans le dos ; dans le genre plongée au cœur de ce que l’humain a de plus pourri et pervers, on peut difficilement faire pire dans l’innommable…

En refermant ce roman vous réaliserez à quel point le titre colle parfaitement à l’intrigue.

Ce roman confirme ce que l’on avait déjà pressenti ces dernières années, Maxime Chattam excelle quand il fait du Chattam pur jus… pas quand il cherche à imiter les autres (je fais ici référence aux romans Le Signal et Illusion qui ne m’ont vraiment pas convaincu).

MON VERDICT

Coup de poing

Extrait – Prologue

Voici les premières phrases du roman :

Claire n’aimait pas sucer.
Elle détestait ça même. L’acharnement un peu vain, illusoire, de vouloir faire durer les choses. La perte de temps, d’efficacité. Et puis les sons que cela produisait ! Claire avait un vrai problème avec les clapotements de joues, les claquements humides de langue, les décollements successifs des lèvres moites ou les déglutitions à répétition.

Osez affirmer sans ciller que vous n’avez pas immédiatement pensé à la même chose que moi !

Alors, esprit mal tourné ou pas ? Vous le saurez en lisant la suite.

Une sacrée mise en bouche, si j’ose dire (ah oui, j’ai osé).

[BOUQUINS] Laurent Obertone – Guerilla – Le Dernier Combat

AU MENU DU JOUR


Titre : Guerilla – Le Dernier Combat
Auteur : Laurent Obertone
Éditeur : Magnus
Parution : 2022
Origine : France
332 pages

De quoi ça cause ?

Après vingt-sept jour d’une crise sans précédent, l’ordre semble enfin rétabli. C’est en tout cas ce que voudrait faire croire Victor Escard, le nouveau président qui se pose en sauveur et en garant du très-bien-vivre-ensemble. Quitte à mentir ouvertement et manipuler les foules…

Mais Escard ne devrait pas réjouir trop vite de son succès, Vincent Gite, désormais ennemi public n°1 à la suite de l’attentat de Vincennes, est toujours à ses trousses. D’autre part, le capitaine Danjou et ses légionnaires ne sont pas décidés à déposer les armes.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Comme son nom le suggère fortement, c’est le dernier volet de la trilogie Guerilla. Impossible de faire l’impasse après deux tomes qui m’ont tenu en haleine…

Ma Chronique

Vous le savez sans doute je suis réfractaire aux maisons d’éditions ne proposant pas d’offre numérique, pas question pour moi de verser un centime à ces gens-là. Les éditions Magnus (co-fondée par Laurent Obertone) étant dans la même logique marketing que feues les éditions Ring, je n’achèterai aucun de leurs titres.

Ne pas acheter ne signifie pas pour autant ne pas lire… L’option cadeau permet de contourner la limite (merci au père Noël pour ce roman). Sans parler de l’offre alternative, par laquelle je suis passé pour me procurer une version numérique du bouquin.

D’emblée je dois vous avouer que ce dernier tome est celui qui m’a le moins convaincu. L’effondrement décrit dans les deux premiers tomes est la conséquence directe du laxisme et du renoncement porté par la politique du très-bien-vivre-ensemble ; le sauveur providentiel, Victor Escard, propose un retour à la normale dans la droite ligne de son prédécesseur… à la puissance 10 ! J’ai du mal à croire que le français moyen puisse accepter cette idée et se laisser berner à nouveau. J’espère ne pas me tromper…

Suite directe de ma remarque précédente, j’ai été franchement dérangé par les passages relatifs aux prétendus dédommagements dûs aux prétendues victimes d’exclusion (ethnique, religieuse ou sexuelle). À force de pousser le bouchon, ça devient franchement too much et pas du tout crédible.

Je tiens toutefois à souligner qu’il y a quelques bonnes idées qui évitent le naufrage, ainsi je n’ai eu aucun mal à croire en la manipulation des foules par les médias – d’autant que seuls les médias officiels ont le droit d’émettre – ; il en va de même pour les dérives des milices mises en place par Escard et ses sbires pour restaurer l’ordre et la confiance.

J’ai tout particulièrement apprécié de retrouver des personnages déjà croisés dans les précédents opus et de découvrir la suite de leur parcours (souvent chaotique).

Parmi les nouveaux venus j’ai bien aimé le personnage de Laurent Buvard, un enquêteur mandaté par Escard pour trouver et neutraliser Vincent Gite. Marcel et ses élans éthyliques apporteront quelques touches d’humour bienvenues pour détendre l’atmosphère.

Heureusement la bataille de Paris vient redistribuer les cartes et donne au roman un second souffle bienvenu. Dommage qu’il faille attendre le chapitre 38 pour voir jaillir l’étincelle qui va sortir la France moyenne de sa torpeur.

Pour la suite des évènements, Laurent Obertone ne se laisse pas emporter par l’euphorie et l’optimisme ambiant. Il porte un regard plutôt juste sur la nature humaine face au pouvoir. On aimerait y voir un certain cynisme mais ne nous berçons pas d’illusions, le Pays des Bisounours n’existe pas !

Si ce troisième opus m’a moins convaincu que les précédents, il n’en reste pas moins nécessaire pour clore une intrigue qui s’étalera qui nous fera découvrir sur sept jours (du vingt-huitième au trente-quatrième jours). Une trilogie qui mérite d’être découverte même si son propos heurtera la bien-pensance de certains lecteurs.

Avant de clore cette chronique, je vous invite à découvrir l’interview de Laurent Obertone sur Breizh Info (je ne cautionne pas ce média mais l’auteur tend à être blacklisté par les médias plus traditionnels)

MON VERDICT

[BOUQUINS] Bernard Werber – La Diagonale Des Reines

AU MENU DU JOUR


Titre : La Diagonale Des Reines
Auteur : Bernard Werber
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2022
Origine : France
480 pages

De quoi ça cause ?

Nicole O’Connor vit en Australie avec son père, un riche homme d’affaire. Fidèle à la devise familiale, elle ne jure que par la force du groupe.

Monica Mac Intyre vit aux Etats-Unis avec sa mère au cœur d’un foyer modeste. Son crédo est la réussite individuelle.

C’est en 1972 que les deux adolescentes se rencontrent et s’affrontent à l’occasion d’un tournoi d’échecs. Une confrontation qui va s’étaler sur plusieurs années, bien au-delà du jeu d’échecs. Leur plateau de jeu sera le monde, les règles sont simples : tous les coups sont permis.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Bernard Werber, je l’ai découvert avec la trilogie des Fourmis et j’ai tout de suite été happé par son univers littéraire. Même si j’ai raté quelques rendez-vous, ces dernières années j’essaye d’être fidèle au poste. Un auteur qui ne m’a jamais déçu malgré une œuvre inégale.

Ma Chronique

Pour son nouveau roman Bernard Werber s’inspire de la notion de Némésis, en opposition de l’âme sœur, elle est l’âme damnée – l’ennemie ultime – de son alter ego. Pour construire son intrigue il va s’appuyer sur deux femmes que tout oppose mais qui – paradoxalement – se ressemblent. Une partie d’échecs qui va se jouer à grandeur nature sur fond d’opposition entre les deux blocs Ouest (avec les Etats-Unis aux commandes) et Est (dirigé par l’URSS, puis la Russie).

Le bloc de l’Ouest sera incarné par Monica Mac Intyre, anthropophobe (personne qui fuit les relations interpersonnelles) revendiquée qui ne jure donc que par la réussite individuelle.

Le bloc de l’Est sera représenté par Nicole O’Connor, autophobe (individu qui redoute la solitude) pleinement assumée pour qui le succès ne peut venir que de la force du groupe.

Dans les premiers chapitres nous sommes encore loin de cette confrontation aux enjeux planétaires. En 1972, de sont deux adolescentes d’une douzaine d’année qui se rencontrent pour la première fois à l’occasion de la finale d’un tournoi d’échecs. Une défaite qui se soldera par une première agression physique. Six ans plus tard, nouvelle confrontation sur un plateau d’échecs. L’heure de la revanche a sonné… mais ce sera aussi le déclencheur du premier sang versé.

Deux héroïnes brillantes qui vont cultiver une haine grandissante l’une pour l’autre, et se livrer, au fil des années, à un affrontement sans merci dans lequel tous les coups – surtout les coups bas – sont permis.

Avec ce roman Bernard Werber s’offre une rétrospective des grands événements survenu aux XXe et XXIe siècles. Rétrospective doublée d’une relecture afin de les faire coller à son intrigue. Un exercice qui pourrait facilement s’avérer casse-gueule mais dans lequel l’auteur tire parfaitement son épingle du jeu. On en viendrait presque à se demander si tous ces grands bouleversements (souvent dramatiques) ne pourraient pas être les conséquences – et accessoirement les dommages collatéraux – d’une lutte qui se joue dans l’ombre entre les éminences grises des puissants de ce monde.

Fidèle son habitude Bernard Werber émaille ses chapitres de nombreux extraits de son Encyclopédie Du Savoir Relatif Et Absolu, qu’il s’agisse de rappels historiques, d’anecdotes ou de simples faits constatés, ils sont toujours forts appréciables et souvent instructifs.

Est-il besoin de préciser que pour porter une telle intrigue il faut que l’auteur apporte un soin tout particulier à ses personnages, surtout à ses deux « reines » rivales ? Bernard Werber ne laisse rien au hasard en nous faisant découvrir le parcours personnel et professionnel de ces deux héroïnes au caractère bien trempé. Deux personnalités radicalement différentes mais mues par la même volonté de s’imposer.

Le lecteur pourra choisir son camp selon ses propres idéaux et / ou le personnage dont il se sentira le plus proche.  Pour ma part je serai tenté d’enfoncer une porte ouverte en disant que la solution idéale ne se trouve certainement pas dans les extrêmes. Si toutefois je devais choisir je pencherai plutôt pour Monica, d’une part parce que Staline, Mao et consorts ne sont pas vraiment ma tasse de thé, d’autre part parce que Nicole, pour arriver à ses fins, va nouer des alliances avec des engeances de la pire espèce.

En toute franchise avec ce roman je retrouve Bernard Werber au summum de son talent, incontestablement un très grand cru. Sur ces dix dernières années et les onze romans publiés entre 2012 et 2022 (je sais ça fait 11 ans mais je ne voulais pas amputer le cycle Troisième Humanité), c’est la première fois que j’attribue la note maximale, doublée d’un coup de cœur à un roman de l’auteur.

J’ai adoré tout simplement, même en creusant je ne lui trouve aucun défaut, tout au plus une étrangeté dont je ne peux parler au risque de spoiler gravement l’intrigue. Pour ceux et celles qui se poseraient la question de savoir s’il faut connaître et aimer le jeu d’échecs pour apprécier pleinement ce bouquin, je suis la preuve vivante que non. Je connais les règles de base du jeu (déplacements des pièces) mais je n’ai jamais éprouvé le moindre plaisir à y jouer.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jakub Szamalek – Tu Sais Qui

AU MENU DU JOUR


Titre : Tu Sais Qui
Auteur : Jakub Szamalek
Éditeur : Métailié
Parution : 2022
Origine : Pologne (2019)
464 pages

De quoi ça cause ?

Varsovie, octobre 2018. Julita Wójcicka est « journaliste » pour un tabloïd du Net, sa rédactrice en chef lui demande de rédiger un article express sur la mort d’un ancien présentateur TV, qui a connu son heure de gloire dans les années 80-90, et qui vient d’être victime d’un accident de la route. Une tâche facile dont Julita s’acquitte en un temps record.

Plus tard, en observant les photos de l’accident, la jeune femme en vient à douter qu’il s’agisse d’un simple accident dû à la perte de contrôle du véhicule. Elle décide alors de creuser la question…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Pour le côté thriller technologique 2.0 dans lequel les nouvelles technologies se retournent contre leur utilisateur… une réalité qui, bien souvent, dépasse la fiction.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Métailié et la plateforme Net Galley pour leur confiance et la mise à disposition de ce roman.

Qui n’a jamais cliqué sur un lien de ragot people ? Qui n’a jamais participé à un quizz bidon sur internet ? Que celui qui n’a jamais pêché me jette la première pierre. Même si on sait parfaitement que la lecture de l’article en question va être sans le moindre intérêt et que les résultats du quizz seront d’une banalité affligeante, on a tous – au moins une fois – mordu à l’appât (ce n’est pas pour rien que ces liens sont appelés clickbaits).

Hormis nous avoir fait perdre du temps, ces moments d’égarement virtuels demeurent – fort heureusement – sans conséquence. Il en va tout autrement quand le fameux lien active un malware (trojan, virus, ransomware…). C’est en cliquant sur un de ces liens que la web-pigiste Julita Wójcicka va voir sa vie complètement chamboulée.

Tout commence avec ce qui semble être un banal accident de la route dans lequel un ancien présentateur TV et acteur va trouver la mort. En fouinant un peu plus loin que les apparences, Julita vient à douter de la thèse officielle de l’accident. Et bien entendu elle ne va pas se priver d’en faire un bref « article » sur le site du tabloïd pour lequel elle bosse. L’usine à clics est lancée. Mais pas que…

Elle aurait sans doute dû prendre au sérieux les menaces proférées par un hacker qui lui a ordonné de cesser ses recherches. Le gars va lui pourrir la vie au-delà de tout ce qui est imaginable et faire tout son possible pour saper sa crédibilité.

Complétement désemparée face à ces assauts virtuels, la jeune journaliste va pouvoir compter sur l’aide providentielle d’un hacker de génie… mais leur adversaire est loin d’avoir dit son dernier mot.

Je vous garantis qu’après la lecture de ce roman vous ne regarderez plus votre PC de la même façon. Cette stupide bécane pourrait très bien se retourner contre vous (pas de son propre chef, comme dans le film Electric Dreams, mais en tombant sous le contrôle d’une tierce personne mal intentionnée). Jakub Szamalek en profite d’ailleurs pour glisser au lecteur quelques conseils sur la sécurité informatique.

Il y a pas mal de jargon technique mais il est exposé de façon très didactique et surtout parfaitement intégré au déroulé de l’intrigue. Si ces termes techniques ne m’ont pas dérangé outre mesure j’avoue avoir eu un peu plus de mal avec les noms des personnages, pas facile de s’y retrouver (j’vous parle même pas de les prononcer) avec les patronymes polonais… mais on finit par s’y faire.

L’auteur apporte beaucoup de soins à ses personnages, mais surtout il entretient un flou artistique autour de certains, tant et si bien qu’on a du mal à percevoir leurs intentions (je pense notamment au procureur) avant que le voile ne soit levé.

Il faut dire que le gars est doué pour maintenir le lecteur en haleine tout au long de son roman, l’intrigue connaîtra son lot de rebondissements dont un revirement total de situation qui, pour ma part, m’a laissé sur le cul.

Une intrigue qui va mener Julita vers la face obscure du web, le dark net et son lot de marchandises toutes plus illégales les unes que les autres, mais qui offre aussi une voie royale – sous couvert d’un anonymat quasiment inviolable – aux perversions les plus abjectes.

Le plus glaçant dans tout ça, est sans doute le fait que tout est plausible (quand ce n’est pas purement et simplement un fait avéré). Avec les bonnes clés, un utilisateur mal intentionné peut visiter les profondeurs du dark net.

Tu Sais Qui est le premier opus d’une trilogie consacrée au dark net, le moins que l’on puisse dire est que Jakub Szamalek nous offre une mise en bouche pour le moins appétissante. Un thriller technologique maîtrisé de bout en bout, addictif au possible.

Mon seul regret, devoir attendre 2023, puis 2024 pour découvrir les suites. Siouplé Madame Métailié, pas moyen de raccourcir les délais d’attente ? Je vous rassure, ce premier opus boucle tout un pan de l’histoire tout en ouvrant une porte vers une extension de l’intrigue.

MON VERDICT

Coup de poing