AU MENU DU JOUR
Titre : Kiaï
Auteur : Alexandra Coin & Erik Kwapinski
Éditeur : Lucien Souny
Parution : 2018
Origine : France
224 pages
De quoi ça cause ?
En riposte aux attentats islamistes, des groupes intégristes chrétiens multiplient les actions terroristes de plus en plus violentes sur le sol français.
Quand l’un de ces groupuscules menace Peter Wolff, son ami depuis qu’il s’est exilé dans les profondeurs de l’Aude, Fabrice, ancien légionnaire au passé trouble, décide de lui venir en aide. Il pourra compter sur l’aide de ses fidèles compagnons d’armes, Taisho et Zoé pour l’épauler face à cette nouvelle menace.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce qu’Alexandra m’avait bluffé avec son premier roman, Entraves.
Parce qu’Alexandra et Erik ont remis le couvert avec La Voie Du Talion et, pour leur première incursion dans le thriller, ont été une fois de plus bluffants par leur maîtrise des ficelles du genre.
Dans ces conditions, comment résister à la tentation de découvrir Kiaï, leur nouveau bébé ?
Ma chronique
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à remercier Alexandra et Eric, ainsi que les éditions Lucien Souny, pour leur confiance (renouvelée pour les auteurs, nouvelle pour l’éditeur) en me faisant parvenir leur roman.
Pour la petite histoire, Kiaï fait suite (sans vraiment être une suite) à La Voie Du Talion ; même si cela ne s’impose pas pour comprendre le présent roman, je ne peux que vous recommander chaudement la lecture du précédent avant de vous lancer dans celui-ci.
Après ses mésaventures dans les Alpes, Fabrice s’est réfugié dans l’Aude afin de profiter pleinement d’un nouveau départ bien mérité. C’est là qu’il fera la connaissance de Peter Wolff, un ancien prêtre qui s’est reconverti dans l’écriture de thrillers ; au fil du temps les deux hommes seront liés par une amitié sincère et solide. Aussi, quand son ami, qui a des idées bien arrêtées et n’a pas la langue dans sa poche, s’attire les foudres d’un groupuscule d’intégristes chrétiens, Fabrice se fait un devoir de lui venir en aide.
Si vous me lisez depuis déjà quelque temps, vous savez sans doute que les grenouilles de bénitier et moi ne sommes pas forcément faits pour nous entendre. En effet face à ces spécimens je me sens plus inspiré par l’envie de m’en faire une fricassée à la persillade plutôt que de leur offrir un bassin où elles pourront s’ébattre à leur guise.
Je vous rassure (ou pas) mon mépris ne s’arrête pas à la seule religion catholique, je serai plutôt du genre à foutre toutes les religions dans le même sac et le balancer à la flotte, après l’avoir lesté, le plus loin possible du rivage !
Je vous laisse imaginer tout le bien que je peux penser de ces mêmes grenouilles de bénitier (ou de couscoussier) quand elles se déclinent en versions intégristes. L’intégrisme chrétien en réponse à l’intégrisme islamiste… très peu pour moi, si la connerie se combattait par la connerie ça se saurait (quoiqu’à écouter certains de nos politiques on pourrait avoir des doutes sur la question).
Ce n’est pas un hasard si les auteurs ont situé leur intrigue dans l’Aude, au coeur du pays cathare. Les cathares ayant eu à subir les affres de l’Inquisition avec son lot de tortures et autres persécutions diverses et variées, sous l’égide du fort mal nommé pape Innocent III (Salopard III eut été plus adapté au personnage, mais j’admets volontiers que c’est moins vendeur).
Les instruments de torture décrits et utilisés dans le roman par les adeptes du CLOU ont bel et bien existés et faisaient partie de l’arsenal de conversion à la foi chrétienne cher à ces agents de l’Inquisition. Si vous n’avez pas la possibilité de visiter le Musée de l’Inquisition de Carcassonne, vous trouverez sans mal maintes références à ces engins sur le Net.
Outre Fabrice, déjà croisé dans La Voie Du Talion, cette suite qui n’en est pas une est aussi l’occasion de retrouver Taisho et Zoé qui ne se feront pas prier pour venir prêter main-forte à leur ami ; pour notre plus grand plaisir.
Je ne vous surprendrai guère en vous disant que je me suis régalé avec le personnage de Peter Wolff. Sans forcément adhérer à l’intégralité de son discours, c’est un caractère entier qui ne pouvait que me plaire. Et puis il a un côté ours mal léché (un peu comme Fabrice) qui facilite grandement l’identification au bonhomme.
Je ne dirai rien des autres personnages qui croiseront votre chemin au fil des pages, non par manque d’inspiration, mais plutôt pour laisser entier et intact le plaisir de la découverte.
De nouveau je ne peux que m’incliner devant la maîtrise d’Alexandra et Erik, non seulement leur intrigue tient parfaitement la route et n’a pas à rougir face à des auteurs confirmés du genre, mais elle est hautement addictive ! Une fois embarqué dans l’histoire, il vous sera difficile de lâcher le bouquin.
Une intrigue qui fait la part belle à l’action et jouera avec vos nerfs. L’absence de dimension psychologique (par rapport à La Voie Du Talion, je m’entends) ne nuit en rien à l’ambiance qui se dégage du roman. Les auteurs ont osé passer à autre chose, se penchant davantage sur les faits de société, et force est de reconnaître que le résultat est des plus efficaces.
Mention spéciale pour le twist final qui remet radicalement les choses en perspective et offre une genèse du diptyque aussi inattendue que surprenante. Chapeau bas pour ce tour de passe-passe qui m’a laissé sur le cul.
Je ne voudrais pas mettre la pression à Alexandra et Erik, mais après deux romans de cet acabit on est en droit d’attendre beaucoup de votre prochain opus. Dans tous les cas, vous pouvez compter sur moi pour être fidèle au poste.