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Titre : Vengeresse
Auteur : Alastair Reynolds
Éditeur : Bragelonne
Parution : 2018
Origine : Angleterre (2016)
408 pages
De quoi ça cause ?
Adrana et Arafura Ness, deux soeurs, intègrent, contre l’avis de leur père, l’équipage du Monetta, un voilier solaire commandé par le capitaine Rackamore. Leur tâche : apprendre à parler aux os et permettre ainsi au capitaine de diriger son vaisseau sur les écrins les plus rentables et assurer la sécurité de l’expédition.
Mais les écrins et leurs richesses attisent aussi la convoitise des pirates qui préfèrent attaquer un équipage sur le retour et les dépouiller sans avoir à s’exposer aux dangers des écrins. Pour les bâtiments de la Congrégation, il n’y de pires perspectives que de croiser la route du Voilier-Noir et de son impitoyable capitaine, la redoutable et redoutée Bosa Sennen…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que ça fait un bail que je n’ai pas plongé le nez dans un roman de science-fiction. Il s’avère que j’ai flashé sur la couv’ de celui-ci.
D’autre part le mélange de science-fiction et de flibusterie sur fond d’un space opera avait de quoi titiller ma curiosité.
Ma chronique
Alastair Reynolds est réputé pour appartenir à l’école hard SF (à partir des connaissances scientifiques actuelles on extrapole leur possible évolution future permettant ainsi de définir un éventuel futur plausible), avec Vengeresse il change de registre pour un space opera nettement plus abordable pour le grand public. Un pari gagnant puisque le roman a été récompensé en 2017 du Locus Award du meilleur roman young adult (même si ni l’auteur ni l’éditeur n’ont classé le roman dans cette catégorie).
De fait l’auteur nous plonge dans un futur lointain (très, très lointain), au cœur d’un univers qui a ses propres règles de fonctionnement, sans vraiment s’appesantir sur la question ; le lecteur est mis devant le fait accompli (c’est comme ça, point barre), du coup il faut un petit moment pour vraiment entrer au cœur du récit. Soyez assurés qu’une fois vos repères trouvés (et ça vient assez vite finalement), la magie opère et l’on se laisse guider par l’imagination d’Alastair Reynolds.
Plutôt que de prendre le risque de vous gâcher l’effet de surprise et le plaisir de la découverte (bon OK, aussi un peu parce que je suis en mode grosse feignasse aujourd’hui), je ne m’épancherai pas sur les fondamentaux de cet univers. Disons simplement que la Congrégation est le résultat de treize Occupations successives (ou vagues extra-terrestres, plus ou moins hostiles) et que chacune a laissé des traces technologiques de son passage.
C’est le premier roman que je lis de cet auteur et ne revendiquant aucune affection particulière pour la hard SF je me suis lancé sans le moindre a priori. Le mélange des genres entre SF et flibusterie avait titillé ma curiosité, force est de constater que le charme a opéré chez moi ; cette chasse au trésor version futuriste et interplanétaire m’a emballé (même si j’aurai apprécié que certains éléments de l’intrigue soient un peu plus développés).
Le récit est écrit à la première personne, c’est Arafura ‘Ara’ Ness qui nous fait vivre l’intrigue de son point de vue. Un choix qui contribue à dynamiser le récit même si cela se fait au détriment des personnages qui manquent parfois de profondeur. On assiste certes à l’évolution d’Ara au fil de son aventure, mais les autres sont un peu laissés pour compte. Peut-être un choix délibéré de l’auteur compte tenu du jeune âge de sa narratrice (au début du roman elle n’est pas encore majeure).
J’espérais beaucoup du personnage de Bosa Sennen et sur ce point la sauce a eu du mal à prendre. Certes elle ne manque de cruauté, mais c’est limite surjoué et cliché (la truffe qui parle d’elle à la troisième personne, elle se prend pour Jules César l’autre). Qui plus est on devine rapidement qui elle est (ou a été) avant de devenir Bosa Sennen.
Un roman de SF clairement orienté grand public qui aurait gagné à être un peu plus étoffé. À ce titre je peux comprendre qu’il ait pu surprendre, voire décevoir, les puristes, notamment les fans d’Alastair Reynolds. D’un autre côté c’est peut-être aussi l’occasion d’attirer un public moins élitiste (n’y voyez là aucune consonance péjorative) vers la SF.
D’ores et déjà une suite est annoncée pour début 2019 (en VO), espérons que Bragelonne nous proposera une traduction française rapidement (Vengeresse est paru en 2016, il a fallu attendre 2018 pour le découvrir en VF). Pas de cliffhanger haletant à la fin de ce roman, la première phase de l’histoire est bouclée, la suite devrait donc donner à l’intrigue une tout autre dimension tout en restant dans la continuité de l’intrigue.
Ce premier tome est une sympathique introduction à un univers potentiellement prometteur, au vu des questions restées sans réponse en refermant le bouquin, gageons que la suite ne pourra qu’être plus consistante. Est-ce qu’un second tome suffira à boucler la boucle ou va-t-on s’orienter vers une trilogie (et plus si affinités) ? À l’heure qu’il est je pense que seul Alastair Reynolds est en mesure de répondre à cette question…