[BOUQUINS] Christophe Agnus – La Liste De L’Écrivain

AU MENU DU JOUR


Titre : La Liste De L’Écrivain
Auteur : Christophe Agnus
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 2023
Origine : France
414 pages

De quoi ça cause ?

Otto Callac est un meurtrier très spécial : il avoue spontanément ses crimes – nombreux et sanglants –, mais nul ne connaît sa véritable identité. Et il n’est pas un cas isolé. D’autres criminels, tout aussi mystérieux, se mettent à sévir aux États-Unis.

Peu à peu, une piste se dégage : leurs noms sont empruntés à de macabres héros d’un auteur à succès… Or, ce dernier est au milieu de l’Atlantique sur son voilier, en pleine tempête.

Pour Frank French, agent spécial du FBI, une course contre la montre s’engage.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que Christophe Agnus avait forte impression l’année dernière avec son premier roman, L’Armée D’Edward, un techno-thriller aussi audacieux que maîtrisé.

Ma Chronique

Pour de nombreux lecteurs, dont je suis, L’Armée D’Edward a été l’une des plus grandes révélations littéraires de l’année dernière. Avec ce premier roman, Christophe Agnus, faisait une entrée remarquée et remarquable sur la scène du polar / thriller francophone.

L’auteur ayant placé la barre haute, le lecteur attendait avec impatience de découvrir son second roman. On veut surtout y retrouver la même audace et être emballé par l’intrigue du roman.

Christophe Agnus relève le défi haut la main. Une fois de plus il nous a concocté une intrigue à nulle autre pareille. Plus exactement il nous offre deux intrigues pour le prix d’une, avec d’un côté les tueurs en série nés de l’imagination d’un auteur à succès, et de l’autre les actions coups de poing d’un groupe d’activistes écologistes. Deux arcs narratifs que tout semble opposer mais peut-être pas tant que ça en creusant un peu.

Un thriller dont la clé pourrait bien résider dans les nombreuses théories quantiques… à moins d’être plus pragmatique et d’accepter que des éléments fantastiques ne viennent se greffer à l’intrigue du thriller. De quoi tenir en haleine le lecteur de la première à la dernière page.

En matière de théories quantiques je suis complétement profane (déjà la physique classique dépasse parfois ma capacité / volonté de compréhension). Hormis la fameuse expérience du Chat de Schrödinger que j’ai eu l’occasion de croiser çà et là, le reste est d’une totale opacité. Christophe Agnus réussit l’exploit de s’appuyer sur des démonstrations théoriques sans jamais assommer le lecteur. Du coup on adhère assez facilement au concept et l’on accepte que l’impossible devienne probable.

Pour ancrer encore davantage son roman dans la réalité, l’auteur peut s’appuyer sur une grande connaissance de la société américaine, et notamment rapport aux arcanes judiciaires et pénales du pays.

Si on m’avait dit que je pourrai être amener à ne pas éclater de rire à l’idée que des tueurs issus de l’imagination d’un auteur à succès puissent débarquer dans notre monde pour y perpétrer leurs forfaits, j’aurai certainement souri d’un air désabusé. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis convaincu par les explications de Christophe Agnus, mais je les accepte pour me laisser embarquer dans son intrigue.

Si j’ai été complétement baladé par l’auteur sur les parties tueurs en série et écologistes – très bonne idée la mise en parallèle des deux opérations ; on s’attend à un carnage et finalement… –, j’ai eu très rapidement de sérieux soupçons au niveau du tueur de surfeurs. La suite m’aura donné raison.

Le roman repose sur deux personnages forts qui vont essayer de mettre un terme à une situation de crise aussi inédite que meurtrière. D’un côté l’agent spécial Frank French qui ne vit que pour son boulot au FBI et sa passion pour le surf. Un enquêteur qui va se retrouver confronté à une (des) situation(s) qui dépasse(nt) l’entendement. De l’autre Edwin Lee, auteur à succès qui a imaginé ces tueurs devenus bien réels. Afin de compliquer les échanges entre les deux hommes, Edwin et sa famille sont en pleine traversée de l’Atlantique. Et, cerise sur le gâteau, ils doivent se préparer à affronter un ouragan qui s’annonce particulièrement violent.

Avec ce second roman Christophe Agnus fait, une fois de plus, le pari de l’audace en jouant avec les codes traditionnels du thriller. Force est de reconnaître que, une fois de plus, le pari est gagnant. Un roman très différent de L’Armée D’Edward même si on retrouve certaines préoccupations (notamment au niveau environnemental) qui confirme qu’il faut désormais compter avec ce petit niveau sur la scène du thriller francophone… voire même mondiale, tant il ose remanier les règles du jeu.

MON VERDICT

Coup de poing

[BOUQUINS] Guillaume Clicquot – Prenez-Moi Pour Une Conne

AU MENU DU JOUR


Titre : Prenez-Moi Pour Une Conne
Auteur : Guillaume Clicquot
Éditeur : Fayard
Parution : 2023
Origine : France
324 pages

De quoi ça cause ?

« Je m’appelle Orane de Lavallière, j’ai 58 ans. J’ai sacrifié tous mes diplômes pour me dévouer à ma famille et à la réussite de mon mari, Xavier. Ma mission de mère au foyer accomplie, ce salopard m’a quittée pour une jeunette. Une histoire banale. Il m’a prise pour une conne, et il n’avait pas tort. Endormie par mon confort de vie et aveuglée par mes certitudes de petite bourgeoise naïve et coincée, je n’ai rien vu venir. Xavier m’a détruite. Je me suis relevée. Pourtant son souvenir m’obsède, son existence me ronge. Je me sens impuissante. À moins que… »

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Avant toute chose c’est le titre du roman qui a attisé ma curiosité, le pitch a fait le reste.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Fayard et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

J’avoue sans aucune honte qu’avant de croiser ce roman via Net Galley je ne connaissais pas du tout Guillaume Clicquot mais, paradoxalement j’ai déjà eu l’occasion de me frotter à son travail, ses précédents romans Garde Tout, Surtout Les Gosses (2015) et Poivre Et Sel (2018) ayant tous les deux fait l’objet d’adaptations cinématographiques (respectivement Papa Ou Maman et Joyeuse Retraite, films sur lesquels il a endossé la casquette de scénariste).

Tout au long du roman l’auteur laisse la parole à Orane de Lavallière, femme trahie et bafouée par son mari, qui va passer du chagrin, à la colère… et plus si affinités. En attendant le résultat de sa mise en scène, elle nous raconte son histoire, sa vie de famille et de couple.

Comme dans un épisode de Columbo on sait d’entrée de jeu qui est la victime et qui est la coupable. Autant dire que le côté strictement policier du roman est secondaire.

Nous avons donc un macchabée et une coupable mais en l’occurrence nous d’emblée envie de prendre parti pour Orane qui nous apparaît comme la véritable victime dans cette histoire. Victime d’un sale type, égoïste, infidèle et lâche (il plaque sa femme par mail… après 3 enfants et 33 ans de vie commune).

Donc cette « brave » Orane décide que finalement la meilleure option est de supprimer son ordure d’ex-mari. Mais voilà, il ne faut pas faire n’importe quoi et encore moins n’importe comment, pas question de se faire épingler par les flics. Ce salopard ne mérite pas que justice lui soit rendue.

C’est donc à grand renfort de romans policiers, de séries TV et de programmes judiciaires comme « Faites entre l’accusé » ou « Enquêtes criminelles », qu’elle va peaufiner son plan et surtout répertorier les erreurs à ne pas faire.

Toute cette partie du récit a quelque chose de réellement jubilatoire, bien que l’on sache pertinemment que si le plan fonctionne un homme mourra. J’avoue sans complexe que l’on éprouve un plaisir sadique à suivre Orane dans ses préparatifs.

Le reste du roman est dans la même veine, cela peut paraitre cruel et amoral de se réjouir de la mort de quelqu’un mais je suis incapable de porter le moindre jugement contre Orane. Tout comme je suis incapable de juger une femme qui bute le mec qui lui fait vivre un enfer… c’est presque dommage qu’il n’y en ait pas plus qui franchissent le pas, ça éviterait bien des féminicides.

Alors happy end ou triomphe de la justice ? Ne comptez pas sur moi pour vous révéler le fin mot de l’histoire.

Un grand merci à Guillaume Clicquot pour ce roman que j’ai dévoré d’une traite. Typiquement le genre de bouquin qui met du baume au cœur. En le refermant vous réaliserez que sous couvert d’humour et de second degré, l’auteur nous questionne sur la place de la femme dans notre société qui s’affirme moderne et égalitaire.

Attention ça piquer…

Je me permets une petite remarque à l’attention de l’auteur et accessoirement des relecteurs et correcteurs. À de nombreuses reprises dans le roman on trouve un problème de guillemet fermé à la place du guillemet ouvert ainsi « Fête des Mères » devient »Fête des Mères ». Ce n’est pas que ce soit rédhibitoire mais à force de se répéter ça fini par piquer les yeux.

Dans le même ordre d’idée, on retrouve quelques erreurs résiduelles (fautes d’accent surtout) qui n’auraient pas dû échapper à un correcteur vu que même Word tique face à ce genre de coquilles.

D’ailleurs tant que je suis dans la suite Microsoft Office, le tableur s’appelle Excel et non Exel.

Je le répète ce n’est nullement rédhibitoire mais je pense sincèrement que ce sont des maladresses qui auraient pu facilement être évitées / corrigées.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jean-Christophe Grangé – Rouge Karma

AU MENU DU JOUR


Titre : Rouge Karma
Auteur : Jean-Christophe Grangé
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2023
Origine : France
592 pages

De quoi ça cause ?

Mai 68. Alors que Paris est à feu et à sang, que la Vème République vacille sur ses fondations, le corps d’une jeune fille est retrouvé, nu, mutilé, dans une position de yoga. Jean-Louis Mersch attaque l’enquête – il est flic. Hervé et Nicole le secondent, ils sont les amis de la victime.

Le trio interroge, tâtonne, et bientôt trouve : le mobile des meurtres – car il y en a eu d’autres – est au bout du monde, en Inde…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Jean-Christophe Grangé et que je suis un inconditionnel de l’auteur. Je reconnais volontiers que je n’ai pas toujours été emballé par ses romans, cependant aucun ne m’a véritablement déçu.

Ma Chronique

Aaaah, mai 68… Coupez ! Je ne vais certainement pas vous la jouer soixante-huitard nostalgique, chemise à fleurs, love and peace et pétard au coin des lèvres. J’étais certes sur les barricades, mais embarqué à l’insu de mon plein gré par mes parents – j’avais un an. Trop facile de juger à postériori et tel n’est pas l’objet de cette chronique.

Le fait est que le roman de Jean-Christophe Grangé prend sa source à Paris, dans la tourmente de mai 68. L’auteur restitue parfaitement le contexte de l’époque que ce soit du point de vue étudiant ou ouvrier, mais aussi politique avec l’inflexibilité de De Gaulle face à la crise.

Il faut dire que son trio colle parfaitement à la période. Jean-Louis Mersch, vétéran de l’Algérie et flic borderline, censé représenter l’autorité mais qui rêve secrètement du « Grand Soir » qui viendrait renverser l’ordre établi. Hervé Jouhandeau, son demi-frère, étudiant en Histoire dégingandé qui se cherche et se laisse porter par les événements. Et Nicole Bernard, étudiante en Lettres issue de la haute bourgeoisie, rousse incendiaire, pleine d’idéaux dont elle ne saisit pas forcément le véritable sens.

Un trio certes atypique mais pour lequel j’ai eu du mal à éprouver une quelconque empathie, à part peut-être pour Jean-Louis et son côté électron libre… mais c’est resté en surface.

Exit les révolutionnaires en culotte courte ! Une étudiante, proche amie de Nicole et vague connaissance d’Hervé, est retrouvée morte par ce dernier qui appelle le frangin à la rescousse. La position du corps et les mutilations qu’il a subi font rapidement comprendre à Jean-Louis que cette affaire va être hors du commun.

L’enquête va mener notre improbable trio de Paris à Calcutta, puis à Bénarès et enfin à Rome. Pas franchement des vacances de rêves, leur périple sera en effet parsemé de cadavres et au fur et, à mesure que le voile se lèvera, les deux frères en apprendront beaucoup sur leur propre histoire.

J’ai beaucoup aimé la partie parisienne de l’intrigue mais elle est relativement courte. Le travail documentaire de l’auteur se ressent quand il parle de l’Inde, de ses traditions et de sa culture, mais cela n’empêche pas l’intrigue de traîner parfois en longueur et d’être quelque peu tirée par les cheveux.

La conclusion indienne est des plus abrupte, on en serait presque réduit à se dire « Tout ça pour ça ! ». Et ce n’est pas à Rome que les choses vont s’améliorer, on passe à un niveau supérieur au niveau de l’improbable et de l’expéditif.

D’ailleurs je ne suis pas le seul à le penser à en croire un échange entre Jean-Louis et Nicole :

— Ça me semble tiré par les cheveux.
(…)
— Mais tout, absolument tout est tiré par les cheveux dans notre histoire ! Depuis la première seconde où on s’est lancés dans cette enquête !

Bref, je referme ce bouquin plutôt mitigé, pas franchement déçu mais il est incontestable que j’ai connu Jean-Christophe Grangé beaucoup plus inspiré.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jodorowsky & Giménez – La Caste Des Méta-Barons – Tomes 1 à 4

AU MENU DU JOUR


Titre : La Caste Des Méta-Barons – Tomes 1 à 4
Scénario : Alejandro Jodorowsky
Dessin : Juan Giménez
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Parution : 2022
Origine : France
272 pages

De quoi ça cause ?

Depuis des siècles, les Castaka exploitent seuls la planète Marmola, grâce au secret de l’épiphyte, une huile antigravitationnelle qui leur permet de manipuler le marbre comme s’il ne pesait rien. Lorsque l’existence de l’épiphyte est dévoilée à la galaxie, c’en est fini de la tranquillité de la famille.

L’histoire des Méta-Barons va commencer, dans le sang, la mort et la trahison.

Ma Chronique

Comme indiqué dans un post précédent, je vais essayer de privilégier la lecture de BD et romans graphiques le week-end. Il faut dire que le stock, aussi bien papier que numérique, ne cesse de grossir.

Au menu du jour, le premier volume de l’intégrale de La Caste Des Méta-Barons qui regroupe les quatre premiers tomes de la série scénarisée par Jodorowsky et illustrée par Giménez.

Ces quatre tomes ont été publiés par Les Humanoïdes Associés entre 1992 et 1997.

Les deux premiers volumes se penchent sur le parcours de Othon Von Salza, un ancien pirate, va devenir le premier Méta-Baron et instaurer les rituels violents (mutilation puis implants robotiques et combat à mort entre le père et le fils pour la succession) qui vont régir la Caste.

Dans les deux suivants nous découvrirons l’apprentissage et le parcours d’Aghnar, le fils d’Othon et d’Honorata. Un parcours fortement marqué par la mort, la violence et la vengeance. Un lourd tribut à payer au nom de la Caste qui poussera l’héritier à vouloir s’en éloigner.

Vous l’aurez compris cette saga vous plonge dans un univers de science-fiction fort éloigné de notre galaxie. Si au départ le scénario peut sembler un peu simpliste et parfois manquer de précision, il se complexifie et se densifie –  dans le même temps, le profil des personnages s’étoffe – au fil des tomes ; la montée en puissance est progressive et savamment maîtrisée par Jodorowsky, par conséquence le lecteur ne perd jamais fil, au contraire, on se laisse volontiers happé par l’intrigue.

Le fond de l’intrigue est résolument sombre, pour ne pas dire franchement glauque. Les quelques touches d’humour sont apportées par les querelles des deux narrateurs, Tonto et Lothar, deux robots appartenant au Méta-Baron. Même si parfois ces interventions sont quelque peu redondantes et viennent casser le rythme.

Une intrigue servie par les dessins et la mise en couleurs de Giménez, un visuel qui colle parfaitement au récit avec un trait précis et détaillé. Une qualité graphique qui contribue à nous immerger encore plus facilement dans le récit.

L’implant robotique faisant partie intégrale du rituel de la Caste, le dessinateur s’est avéré particulièrement brillant dans ce domaine, le niveau de détail dans son rendu graphique m’a parfois fait penser à un artiste que je considère comme un maître absolu du genre, H.R. Giger.

Je connaissais cette série et plus généralement l’univers de L’Incal de nom (et de réputation) ; à la fin du présent recueil, on a le droit à un bonus justifiant la nécessité de rompre le lien entre les intrigues de L’Incal et des Méta-Barons.

Un grand merci à Karine et Olivier qui m’ont offert ce premier opus du diptyque constituant l’intégrale de La Caste Des Méta-Barons. D’ores et déjà j’ai commandé le second volume, la fin du quatrième tome annonçant une confrontation au sommet.

En revanche je ne pense pas aller au-delà de la série originale, la seconde série, Méta-Baron, qui se présente comme une suite à La Caste Des Méta-Barons, ne m’inspire pas outre mesure (et puis ce n’est plus Giménez qui assure le dessin).

Pour l’anecdote c’est une lecture qui s’avère parfois sportive, avec un poids de plus d’1,7 kg, le bouquin pèse rapidement sur les bras. Et comme je ne suis pas du genre à ouvrir le truc à plat (afin de préserver la reliure et la tranche)… Ma maniaquerie livresque me tuera un jour !

MON VERDICT

Les couvertures originales des tomes 1 et 2

Les couvertures originales des tomes 3 et 4

[BOUQUINS] Jean-Marc Dhainaut – Psylence

AU MENU DU JOUR


Titre : Psylence
Série : Meghan Grayford – Livre 2
Auteur : Jean-Marc Dhainaut
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
256 pages

De quoi ça cause ?

Quelle est donc cette entité maléfique qui semble s’acharner sur la famille de Clara Perec ? Tandis que les morts violentes se succèdent, c’est ce que va essayer de découvrir Meghan Grayford.

La jeune journaliste aura bien besoin du soutien et du savoir de ses amis pour s’opposer à une force que rien ne semble pouvoir arrêter…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada, parce que l’auteur est Jean-Marc Dhainaut et parce que c’est l’occasion de retrouver Meghan Grayford, personnage principal du précédent roman de l’auteur, Brocélia.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

À la veille de ses 77 ans, Clara Perec est réveillée en pleine nuit, elle aperçoit une alors forme à genoux sur la poitrine de son mari en train de l’étouffer. En allumant la lumière elle interrompt la chose qui disparait.

Quand elle raconte cette histoire le lendemain, au cours de son repas d’anniversaire, sa famille a bien du mal à la prendre au sérieux. Pire, ils en viendraient à douter de sa santé mentale…

Et pourtant le lendemain matin, Clara va se réveiller à côté du cadavre de son mari, la mâchoire disloquée, étouffé avec ses propres oreilles sectionnées.

Le ton est donné dès les premières pages. Ames sensibles s’abstenir ! Jean-Marc Dhainaut ne va pas ménager ses lecteurs, et encore moins ses personnages. Vous avez entre les mains un thriller fantastique qui va mettre vos tripes et vos nerfs à rude épreuve.

C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Meghan, mais aussi son collègue et ami de toujours, Janis, ainsi que le couple Alan et Mina (autres personnages récurrents de l’auteur). Il faut dire que pour affronter le danger auquel elle va se frotter, Meghan aura bien besoin de l’expérience d’Alan et de Mina.

Oubliez les tables qui tournent et les portes qui se ferment toutes seules, le « cardinal » qu’ils vont devoir combattre, joue clairement dans la catégorie supérieure. N’hésitant pas à s’en prendre physiquement à ses victimes et mû par une haine qui semble inextinguible.

Bien entendu s’ils veulent avoir une chance de renvoyer cette entité d’où elle vient, ils vont devoir qui elle était de son vivant ainsi que son parcours qui le conduit à cette traque impitoyable d’outre-tombe. Un mal qui trouvera dans le passé, en une bien sombre période de l’Histoire.

L’intrigue s’avère rapidement totalement addictive et captivante, les éléments fantastiques sont parfaitement dosés et se combinent naturellement avec la partie plus cartésienne du récit. Jean-Marc Dhainaut ne laisse rien au hasard, chaque élément de l’intrigue (même celui qui pouvait paraître anodin de prime abord) va trouver son explication.

Évidemment pour apprécier pleinement ce genre de roman, il faut savoir faire montre d’un minimum d’ouverture d’esprit ; je ne vous demande pas de croire aveuglément en l’ensemble des événements décrits, mais au moins de ne pas vous fermer comme une huitre face à l’inconnu.

On retrouve une narration très visuelle qui nous plonge immédiatement en totale immersion dans le récit, les nombreux dialogues contribuent quant à eux à fluidifier la lecture.

Encore un coup de maître réussi pour Jean-Marc Dhainaut et les éditions Taurnada, j’ai dévoré le bouquin entre vendredi et lundi (peu de temps pour lire le week-end, et même quand je parviens à libérer un créneau je le consacre plutôt aux BD et romans graphiques).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Olivier Bal – Roches De Sang

AU MENU DU JOUR


Titre : Roches De Sang
Auteur : Olivier Bal
Éditeur : XO
Parution : 2023
Origine : France
474 pages

De quoi ça cause ?

Londres, 2019. Mirosvlav Horvat, un homme d’affaires serbe, est retrouvé mort chez lui, égorgé après avoir reçu plusieurs coups de couteau. Sur la baie vitrée une inscription en corse, en lettres de sang : Chè la mia ferita sia murtale. Que ma blessure soit mortelle.

Marie Jansen, inspectrice à Europol, qui cherchait à démasquer Horvat, suspecté d’être à la tête d’un puissant réseau criminel, va devoir comprendre ce qui pouvait lier la « victime » à l’île de beauté…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce qu’Olivier Bal fait partie de ces (trop nombreux) auteurs qui intègrent mon Stock à Lire Numérique et qui finissent dans les limbes. Mieux vaut tard que jamais, j’ai intercepté celui-ci avant qu’il ne sombre.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions XO et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

C’est ma première incursion dans l’univers littéraire d’Olivier Bal, un auteur que j’avais envie de découvrir depuis déjà quelques temps. Son nouveau roman va vous faire voyager aussi bien dans le temps que dans l’espace.

Le prologue nous transporte sur l’île de beauté, le 1er août 1993 (par la suite vous verrez que ça coince au niveau de la date), où l’on rencontre le jeune Ange Biasani en fort mauvaise posture. Pour en savoir plus il faudra attendre les derniers chapitres du roman (et cette incohérence chronologique qui me laisse perplexe).

Ensuite on fait un bond dans le temps et dans l’espace pour se retrouver à Londres en décembre 2019. Un magnat serbe a été assassiné chez lui, poignardé à plusieurs reprises avant d’être égorgé. Unique indice, une phrase inscrite en lettres de sang sur la baie vitrée : Chè la mia ferita sia murtale.

Un crime qui ne fait pas vraiment les affaires d’Europol, et tout particulièrement de l’équipe de Marie Jansen qui traquait la victime – soupçonnée d’être à la tête d’un vaste réseau criminel – depuis de longues années. Pourquoi le tueur a-t-il laissé cette énigmatique signature écrite en langue corse ? Quel est le lien entre le magnat / mafieux et la Corse ?

À partir de cet instant les chapitres alternerons entre l’enquête de Marie Jansen et le périple de quatre jeunes corses – Ange, Théo, Dumé et Fred – qui, au cours de l’été 1993, vont se lancer dans une succession de braquages sensés leur apporter la fortune… Si ce n’est que, bien entendu, les choses ne vont pas vraiment se passer comme prévu.

Le personnage de Marie Jansen est plutôt complexe à aborder – et plus encore à trouver sympathique –, totalement investie dans son boulot, elle néglige sa famille (un mari et une fille de 3 ans). Elle reconnaît d’ailleurs sans complexe n’avoir aucun instinct maternel. Il faut dire qu’elle aura besoin de toute sa pugnacité professionnelle pour démêler l’écheveau de cette enquête. Une enquête qui va la conduire aux quatre coins de l’Europe (Angleterre, Suisse, Grèce, Croatie… et Corse), plongeant toujours plus loin dans la noirceur de l’âme humaine.

Au niveau des personnages de « l’intrigue corse », j’ai tout suite éprouvé une forte empathie pour Ange Biasani. Par la suite, je n’ai pu que succomber au côté gros nounours de Dumé. Même Fred, bien que beaucoup plus réservé, m’est apparu sympathique. En revanche dès le départ j’ai tiqué sur Théo Biasani, le frère cadet d’Ange, avec lui les emmerdes sont assurées.

Plus loin dans le roman on fera la connaissance de trois gamines qui, malgré leur jeune âge, ont déjà connu l’enfer et sont promises à pire encore. Jusqu’à ce qu’elles croisent, par le plus grand des hasards, la route des frères Biasani et de de leurs potes.

Dans le camp des méchants, Francis Venturi est l’archétype du parrain corse qui se prend pour Don Corleone alors qu’il n’est qu’un modeste chef de clan parmi d’autres. Avec Horvat et son homme de main, Dragan, on joue clairement dans la classe supérieure au niveau des pourritures.

L’intrigue est rondement menée, une fois que l’on a mis la main dans l’engrenage, on aura bien du mal à lâcher prise. Certes il y a quelques éléments que l’on repère facilement (pas besoin d’avoir fait des études supérieures de criminologie pour deviner qui se cache derrière le Balafré), on se laisse toutefois volontiers porter par l’auteur.

J’ai trouvé ce roman aussi captivant que palpitant, avec Ange, ses amis et les gamines, j’ai vibré au rythme de leurs aventures. J’ai partagé leurs joies mais aussi leurs douleurs… mais contrairement à Ange j’ai la rancune tenace, le pardon n’est pas ma tasse de thé.

Olivier Bal parvient rapidement à nous faire aimer « son » assassin, plutôt que de le juger on a envie de le féliciter et de cracher – et plus si affinités – sur le corps de ses victimes. Concernant son identité, je dois reconnaître que je l’avais fortement soupçonné dès que l’on apprend qui se cache derrière Baba Yaga. Un indice donné par le flic croate permet d’ailleurs de « démasquer » Baba Yaga avant que Marie ne fasse sa connaissance.

Un roman qui met aussi en avant les décors magnifiques (tels que décrits dans le bouquin, n’ayant jamais eu l’occasion de constater de visu) de la Corse, mais aussi son côté obscur avec cette petite mafia qui la gangrène en quasi impunité… merci à la sacro-sainte omerta qui permet à des ordures de continuer à imposer leurs lois.

Je terminerai cette chronique en revenant sur la question chronologique qui me turlupine. J’ai simplement contacté Olivier Bal sur FB, ce dernier m’a répondu – rapidement et fort sympathiquement – qu’il s’agissait tout simplement d’une coquille oubliée. Si vous êtes lecteur numérique et savez modifier le code d’un roman, vous pouvez remplacer le 1er août 1993 par le 29 juillet 1993 dans le prologue.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Christophe Guillaumot & Maïté Bernard – Petits Désordres

AU MENU DU JOUR


Titre : Petits Désordres
Auteur : Christophe Guillaumot & Maïté Bernard
Éditeur : Liana Lévi
Parution : 2023
Origine : France
208 pages

De quoi ça cause ?

Pour le commandant Grégoire Leroy, flic à la BRP, il aura suffi d’une phrase aussi malheureuse que maladroite pour qu’il devienne la cible d’un syndicat de police LGBTQIA+ qui réclame sa tête via la convocation d’un conseil de discipline.

Ajoutez à cela une enquête qui stagne au point mort, un chien qui traverse une crise identitaire, une fille pur produit de l’époque woke et toujours prêtes à épouser les « grandes » causes, et un mouton, cadeau potache de ses collègues de travail.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Christophe Guillaumot, même si je ne désespère pas de retrouver Renato Donatelli pour des nouvelles enquêtes, j’étais curieux de le voir s’essayer à la comédie policière… et à l’écriture à quatre mains.

Ma Chronique

Après le polar pur et dur, avec la trilogie du Kanak, et le polar version young adult, avec son Bureau des Affaires Non Résolues, Christophe Guillaumot s’essaye à la comédie policière. Pour cette nouvelle aventure littéraire il opte pour une co-écriture avec Maïté Bernard.

Je me suis souvent demandé comment se déroulait une écriture à quatre mains, un sacré challenge que le lecteur ne doit pas ressentir / subir en lisant le roman (rupture de rythme, gros écarts de style). En l’occurrence le pari est gagné haut la main, de leurs propres aveux les personnalité et univers des deux auteurs se sont parfaitement complétés pour donner vie à cette intrigue un peu barrée.

Exit la ville rose (Toulouse) et direction la capitale et son prestigieux Bastion de la police nationale. Une rupture partielle avec Toulouse, le commandant Leroy étant toulousain d’origine.

Grégoire Leroy rêve de se la couler douce en Nouvelle-Zélande mais ce ne sera pas pour tout de suite. Il va d’abord devoir se dépêtrer d’une enquête au cœur des réseaux de prostitution parisiens, une enquête qui va s’avérer bien plus complexe qu’il n’y paraît. Sans grande conviction il lui faudra aussi peaufiner sa défense face au conseil de discipline qui se profile inexorablement.

D’un point de vue personnel Grégoire va devoir marcher sur des œufs pour ne pas fâcher sa fille, pur produit du wokisme et contestataire de tous les combats. Et même les bestioles viennent compliquer son quotidien, entre un chien en pleine crise identitaire et un mouton qui mâchonne et bêle à longueur de journée.

Tout n’est pas noir – ou gris foncé – pour autant, il peut compter sur le soutien de son équipe. Une équipe hétéroclite plutôt soudée (ce qui n’empêche pas les tensions occasionnelles).

Un livre qui fait du bien aux zygomatiques mais pas que… il nous interroge aussi sur les changements de notre société (je n’emploierai sciemment pas le mot « évolution » pour les définir). Cerise sur le gâteau, même l’enquête de police tient la route.

Traitez-moi de vieux con rétro et réac si ça vous chante, je m’en bats les roubignoles. Qu’est-ce que c’est cette société aseptisée, insipide et hypocrite qu’on veut nous imposer ? Du wokisme à toutes les sauces où l’on ne peut plus rien dire sans risquer de passer pour un gros con de raciste, d’antisémite, d’homophobe, de grossophobe ou de nanophobe… Moi j’aime la France d’Audiard, de Desproges et de Coluche, la France de la gaudriole et des chansons paillardes, la France de Hara Kiri et de Charlie Hebdo.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Solène Bakowski – Ce Que Je N’Ai Pas Su

AU MENU DU JOUR


Titre : Ce Que Je N’Ai Pas Su
Auteur : Solène Bakowski
Éditeur : Plon
Parution : 2023
Origine : France
352 pages

De quoi ça cause ?

Après dix ans de vie commune, Hélène se fait larguer par son compagnon, Paul. Un simple mot laissé sur la table basse du salon pour clore une décennie de vie à deux.

Un an, jour pour jour, après le départ de son compagnon, un coup de téléphone lui annonce qu’il s’est tué en voiture. En se rendant aux obsèques, Hélène va peu à peu réaliser qu’elle ne connaissait pas le vrai visage de celui qui a partagé sa vie dix années durant…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que ça faisait déjà quelques années que j’avais envie de découvrir l’univers littéraire de Solène Bakowski. Il était temps de combler cette lacune.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Plon et la plateforme Net Galley pour leur confiance.

Après quelques lectures en mode « noir c’est noir », je serai tenté de dire que le roman de Solène Bakowski est un rayon de soleil qui vient dissiper les ténèbres ambiantes. Et pourtant le cadre n’est pas des plus gai puisque l’essentiel de récit se déroule le jour des obsèques de Paul Chevalier.

Mais qui est – était – donc Paul Chevalier ? Un auteur parisien qui a su percer dès son premier roman, un succès qui ne s’est jamais démenti au fil des ans. Pour Hélène, sa compagne, c’est l’homme avec qui elle a vécu dix ans d’amour sans nuage. Jusqu’au jour où, en rentrant d’une journée de boulot, elle trouve un petit mot sur la table basse : « Je pars, pardon. Ne t’inquiète pas pour moi. Prends soin de toi. »

La colère succède au chagrin, les questions persistent et l’espoir d’un retour s’amenuise au fil du temps sans totalement s’éteindre. Jusqu’à ce qu’un coup de téléphone, un an jour pour jour après le départ de Paul, sonne le glas de l ‘espoir en lui annonçant le décès de Paul, qui s’est tué dans un accident de voiture dans un bled paumé.

Hélène apprend dans la foulée que les obsèques sont prévues pour le lendemain, dans ce même bled paumé. En s’y rendant accompagnée de l’éditrice de son ex compagnon, Hélène va découvrir qu’elle ne connaissait pas vraiment l’homme qui a partagé sa vie le temps d’une décennie.

Sur place l’accueil est glacial, il faut dire que sa famille et ses amis ne connaissaient pas Paul Chevalier mais Julien Mahaut, jusqu’à ce qu’il plaque tout, s’invente un nom de plume et un passé.

Cerise sur le gâteau, Hélène va découvrir qu’il y avait une autre femme dans la vie de Paul, une femme qu’il a connu avant elle et chez qui il est retourné vivre. Une femme qui a trente ans de plus que lui…

Voilà, je n’en dirai pas plus sur le pitch. Avec Hélène, via ses discussions avec Rachel, – l’autre femme –, nous allons découvrir un autre pan de la vie de Paul / Julien.

Pour combler les trous Paul viendra s’immiscer entre le chapitres pour nous livrer sa propre version de sa vie d’avant Paul Chevalier, puis celle d’après. Avec lui on va découvrir toutes les failles qui se cachent derrière l’auteur à succès.

C’est un récit profondément humain et chargé d’émotions – mais sans mièvrerie ni guimauve – que nous livre Solène Bakowski. En l’espace de quelques heures va naître une intense complicité entre deux femmes que tout oppose, deux femmes qui ont aimé le même homme.

Il sera bien entendu question d’amours au fil des pages, mais aussi d’amitié, de relations familiales, de quête d’identité… bref, de tout ce qui définit un individu en tant qu’entité unique. Des choix et chemins de vie qui forgent la personnalité… et parfois des masques que l’on porte ou des secrets que l’on ne partage pas, juste pour préserver son jardin secret.

Des sujets sérieux qui n’empêche pas l’humour d’être de la partie et de faire mouche.

On pourrait être tenté de jeter la pierre à Paul / Julien, mais, malgré quelques maladresses évidentes, on en arrive à comprendre ses choix à travers son récit et les explications de Rachel. À vrai dire ce sont plutôt ses parents, et tout particulièrement son paternel, que l’on aurait envie de lyncher.

Une lecture que je qualifierai de rayonnante tant elle fait du bien au cœur et à l’âme.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Kami Garcia – Joker / Harley – Criminal Sanity

AU MENU DU JOUR


Titre : Joker / Harley – Criminal Sanity
Scénario : Kami Garcia
Dessins : Mico Suayan, Jason Badower, Mike Mayhew, David Mack et Cat Staggs
Consultant : Dr Edward Kurtz
Éditeur : DC Comics / Urban Comics
Parution : 2021
Origine : États-Unis (2019)
312 pages

De quoi ça cause ?

Profiler de renom, Harleen Quinzel est embauchée par le GCPD pour enquêter sur une vague de crimes particulièrement sordides. Mais elle est elle-même hantée par une affaire passée lorsque sa colocataire a été sauvagement assassinée par le tueur en série surnommé le Joker.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Dans l’univers des super-héros je suis nettement plus attiré par ceux de l’écurie Marvel que par ceux de DC. Batman, et plus globalement le batverse dans son ensemble, est l’exception qui confirme la règle.

Le Joker est un incontournable de cet univers, j’étais donc curieux de découvrir une réécriture totalement nouvelle de sa relation avec Harley Quinn.

Ma Chronique

Initialement ce roman graphique a été diffusé sous forme d’un feuilleton de 8 épisodes plus un hors-série (Secret Files), Urban Comics permet aux lecteurs francophones de découvrir l’intégrale de cette histoire en un volume unique.

Kami Garcia, à qui l’on doit le scénario du présent roman graphique, est plutôt habituée à la littérature young adult (elle est notamment l’auteure de la série Sublimes Créatures), c’est d’ailleurs dans ce registre qu’elle s’est fait connaître chez DC Comics avec ses collaborations aux séries Teen Titans et Raven.

Pour cette réécriture de la relation entre Joker & Harley Quinn, Kami Garcia change complétement de registre, de son propre aveu elle a imaginé cette intrigue comme un thriller psychologique sur fond très très noir. Histoire de ne rien laisser au hasard, elle s’est adjoint les services d’un véritable psycho-criminologue, le Dr Edward Kurtz.

Pour les dessins ce sont pas moins de cinq dessinateurs qui ont rejoint le projet. Mico Suayan a assuré toute la partie en noir et blanc qui se concentre sur l’intrigue actuelle. Les planches en couleurs, que l’on doit à Mike Mayhew et à Jason Badower, permettent d’identifier les flashbacks. Les deux autres dessinateurs, David Mack et Cat Staggs n’interviendront que sur la chapitre Secret Files.

Dès les premières pages on est bluffé par la qualité photo-réaliste du dessin. Certaines planches sont mêmes de véritables merveilles qui nous en mettent plein les mirettes. Par contre ce même aspect photo réaliste rend la scène de crime visuellement très explicite.

Les puristes de l’univers DC seront sans doute un peu surpris de découvrir un Joker sans une once de folie et une Harley Quinn totalement mature et au moins aussi futée que son rival. Outre le jeu du chat et de la souris que se livreront les deux protagonistes, c’est aussi un véritable duel psychologique qui va les opposer.

Point de romance à l’horizon non plus, ici Harley voue une haine viscérale au Joker et ne souhaite rien plus ardemment que la mort de son ennemi.

Batman est à peine mentionné, on sait juste qu’il semble avoir déserté Gotham City depuis quelques temps sans en connaître les raisons. Il apparait sur une vignette lors de l’accident qui coûtera la vie à la mère de John Kelly.

Les flashbacks permettent de réaliser que Joker et Harley, s’ils ont des parcours de vie radicalement différents, partagent une enfance difficile. Lui subit la violence d’un père abusif et alcoolique depuis le décès de sa femme. Elle doit affronter une mère tyrannique et non aimante. Chacun coupera les ponts avec le passé à sa façon.

Si Harley occupe le devant de la scène au niveau de l’enquête, elle n’en reste pas moins placée sous la responsabilité du commissaire Gordon en tant que consultante externe du GCPD (Gotham City Police Department). Un autre personnage indissociable du batverse, même si présentement il est plutôt placé au second plan.

Peut-être que les puristes convulseront face à cette revisite audacieuse de deux personnages phares du batverse, pour ma part j’ai totalement adhéré au côté thriller psychologique parfaitement maîtrisé. Que ce soit par son intrigue ou par ses dessins, ce volume est à déconseiller aux âmes les plus sensibles.

Quid d’une éventuelle suite ? La fin reste ouverte sur deux options, un retour vers la trame classique ou une poursuite dans la direction soulevée par Harley dans la dernière vignette. Ni l’une ni l’autre ne semble malheureusement dans les tuyaux de DC.

MON VERDICT

Coup double

[BOUQUINS] Mattias Köping & Marsault – Macadam

AU MENU DU JOUR


Titre : Macadam
Auteur : Mattias Köping
Illustrations : Marsault
Éditeur : Magnus
Parution : 2022
Origine : France
342 pages

De quoi ça cause ?

Mattias Köping nous propose 13 nouvelles au fond aussi sombre que le macadam. Les dessins de Marsault viennent souligner et sublimer cette noirceur.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Dès que j’ai eu vent de la sortie de ce bouquin j’ai eu envie de me le procurer. Mais l’éditeur Magnus fait partie des réfractaires au numérique et je refuse catégoriquement que le moindre denier de ma poche ne vienne gonfler le pécule de ces maisons d’édition.

Il a donc fallu que j’attende qu’un courageux artisan prenne les choses en main, après quelques retouches personnelles (redimensionnement des images), j’ai pu profiter pleinement de l’objet de mon désir livresque.

Ma Chronique

Mattias Köping et Marsault ont longtemps fait partie des piliers des éditions Ring (avec Laurent Obertone et Papacito notamment). Aujourd’hui ils ont rejoint les éditions Magnus, créées par Laura Magné et Laurent Obertone.

Je connais Mattias Köping de nom – et de réputation –, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de me plonger dans son univers littéraire, malgré d’excellents retours… et malgré la présence de ses deux précédents romans dans mon Stock à Lire Numérique.

J’ai fait la « connaissance » de Marsault via Facebook, ses dessins qui foutent un énorme coup de pied au cul à la bien-pensance et au politiquement correct m’ont immédiatement séduit. Un esprit un tantinet provoc’ que j’ai retrouvé avec plaisir dans les albums Breum.

C’est le hasard de ma PàL qui a fait que je reste dans le monde de la nouvelle et dans le domaine du noir. Un noir aussi opaque que la couverture dessinée par Marsault.

Je vous propose un bref tour d’horizon des nouvelles composant le présent recueil. Si toutes restent résolument noires, les approches différent, parfois teintées d’humour (noir forcément), parfois inspirées fait réels, parfois même avec une pointe de tendresse, souvent brut de décoffrage. Une chose est sure, sous la plume de Mattias Köping, aussi acérée et sèche que ses intrigues, la vie est un colis piégé qui peut vous péter à la gueule à tout instant.

Avec Traviole les auteurs commencent très fort. Bébert, un géant un peu benêt apprécié de tous, va être jugé pour le meurtre sauvage de trois adolescents. Et vous savez quoi ? Je n’ai aucune honte à dire haut et fort que ces sales connards n’ont eu que ce qu’ils méritaient !

En Revenant De Suisse ne vous invite à une errance bucolique dans les montagnes helvètes. Au lieu de ça vous assisterez aux dernières vacheries d’un couple qui se déteste alors que la Faucheuse approche à grand pas.

Le Dernier Voyage De la Belle Marianne vous convie à une traversée pour le moins houleuse… à moins que.

Les Derniers Pétales De Béatrice De Choisy vous fera assister à la cruelle désillusion amoureuse de ladite Béatrice. Le grand amour ne s’achète pas sur internet, Béatrice l’apprendra à ses dépens.

Dans Talibland c’est la carte de l’absurde qui est mise en avant. Imaginez un parc d’attractions dans la banlieue de Kaboul exclusivement réservé aux talibans, cadeau des Chinois aux nouveaux maîtres de l’Afghanistan.

Avec Moins 70% ! c’est la grande consommation – voire la surconsommation – qui est copieusement égratignée, sur fond de déforestation et d’huile de palme. Nutella en prend pour son grade mais ça ne m’empêchera pas de continuer d’en manger. Il n’en reste pas moins que la méga promo qui vire à l’émeute est inspirée de faits réels qui se sont produits en janvier 2018 dans plusieurs magasins de la chaîne Intermarché.

Bilan Hebdomadaire nous plonge dans le monde de l’entreprise et ses cadences infernales. Courte mais bonne.

Direction le Salvador avec Le Baiser, mais oubliez les vacances au soleil. Les gangs font la loi et se livrent une guerre sans merci. Une réécriture musclée de Roméo & Juliette version latina.

La Broffette c’est ainsi que certains petits malins surnomment Alexandre, un agent d’entretien un peu simplet ayant un sérieux problème d’élocution. Cible de toutes les brimades sans vraiment comprendre ce qui lui arrive.

Jacot Le Royaliste est un perroquet qui répète à tout va des slogans en faveur du roi, de la noblesse ou du clergé, ce qui n’est pas vraiment bien vu par les tribunaux révolutionnaires de la Terreur. Ça pourrait prêter à rire si ce n’était une histoire vraie… dommage que le ridicule ne tue pas.

La Cavalière met le tango en avant avec un couple de danseurs qui va transcender cette danse.

Bas Les Masques ! nous renvoie à la crise sanitaire et au port du masque obligatoire.

À Corps Perdus vient clore le présent recueil. Si je vous dis apotemnophilie ou encore acrotomophilie, vous écarterez peut-être le suffixe -philie qui renvoie vers une attirance (voire amour ou passion) vers quelque chose ; bien, mais encore ? Il s’agit en fait de troubles identitaires de l’intégrité corporelle (TIIC pour les intimes). Kezako ? Lisez cette nouvelle et vous le saurez.

Un recueil noir de chez noir à ne pas mettre entre toutes les mains, le texte de Mattias Köping est souvent cru, brut de décoffrage, et l’auteur n’est pas avare en détails en tout genre. À déconseiller aux chastes oreilles… et aux adeptes de la bien-pensance.

MON VERDICT