[BOUQUINS] Shelley Parker-Chan – Celle Qui Devint Le Soleil

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Titre : Celle Qui Devient Le Soleil
Auteur : Shelley Parker-Chan
Éditeur : Bragelonne
Parution : 2022
Origine : Australie (2021)
405 pages

De quoi ça cause ?

1345. La Chine est sous domination de la dynastie mongole Yuan. Dans les plaines la sécheresse et la famine écrasent les paysans.

Quand un devin prophétise une grande destinée au huitième fils de la famille, les Zhu reprennent confiance en l’avenir. Pour la seconde fille, sans surprise, sa destinée se résume à rien. Un jour le village est attaqué par des bandits qui tuent le père, le fils promis à un brillant avenir se laisse mourir sur la tombe paternelle. Pas question pour la fille de se résigner à n’être rien. Elle endosse l’identité de son frère et se rend au monastère afin d’y être formée… un premier pas vers la destinée promise à son frère.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

C’est avant tout la curiosité qui m’a poussé vers ce roman. Si la fantasy sur fond historique n’est pas une nouveauté en soi, le cadre (la Chine du XIIIe siècle) apportait une touche d’exotisme qui a fini de me convaincre de me laisser tenter.

Ma Chronique

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je souhaiterai prévenir les amateurs « puristes » de fantasy que ce roman risque de ne pas répondre à leurs attentes. Vous ne croiserez ni bestiole fantastique, ni magie entre ces pages. On est davantage dans le registre de l’uchronie (revisite de l’Histoire) avec un léger fond de mythologie chinoise.

Il n’en reste pas moins que le pari de Shelley Parker-Chan est aussi ambitieux qu’audacieux.

Ambitieux parce que l’auteure prend pour cadre une période charnière de l’Histoire de la Chine. Sous le joug de la dynastie Yuan depuis 1279, le pays est dirigé d’une main de fer par un empereur mongol. Mais en cette seconde partie du XIIIe siècle la révolte enfle, un sentiment de colère attisé par la sécheresse et la famine qui frappent le pays. De plus en plus de Chinois se prennent à espérer le retour au pouvoir d’un empereur autochtone (ce sera le cas en 1368 avec l’avènement de la dynastie Ming).

Audacieux parce que Shelley Parker-Chan, australienne d’origine asiatique et militante active pour la reconnaissance des droits LGBT – notamment en Asie du Sud-Est –, confie son intrigue à des personnages inattendus (quitte à revisiter l’Histoire). À commencer par Zhu, jeune paysanne promise au néant qui va refuser son destin et profiter d’une opportunité pour essayer d’imposer sa propre destinée. En se substituant à son frère décédé, elle va pouvoir bénéficier des enseignements d’un monastère, une première étape vers ses rêves de grandeur.

Du côté mongol le pari est encore plus osé puisque le rôle principal revient au général Ouyang, un combattant impitoyable et fin stratège. Mais aussi un eunuque, châtré sur ordre du père de son actuel seigneur après que sa famille a été assassinée. Un homme rongé par une inextinguible soif de vengeance malgré l’admiration (et plus si affinités ?) qu’il voue à son seigneur.

Même chez les personnages secondaires, c’est une femme, Ma Xiuying, la fiancée d’un commandant rebelle, qui va tirer son épingle du jeu. Résignée à son rôle de femme, elle rêve de mieux… mais ce mieux lui est inaccessible du fait de sa condition féminine ; jusqu’à ce qu’elle rencontre Zhu.

Sous la plume de Shelley Parker-Chan, les hommes ne sont pas vraiment en odeur de sainteté. Seul Xu Da, ancien moine et ami de Zhu, devenu bandit va redorer le blason de la gent masculine. Là encore, ce sont les retrouvailles avec Zhu qui changeront sa destinée.

Petit coup de cœur personnel pour le personnage de Chang Yuchun, un jeune voleur aussi opportuniste que cynique, qui n’échappera pas, presque à l’insu de son plein gré, à l’influence de Zhu.

Pour son intrigue, l’auteure opte pour deux arcs narratifs, le premier va suivre le parcours de Zhu, le second celui du général Ouyang. Deux destinées amenées à se croiser même si parfois la rencontre sera explosive.

J’ai bien aimé les personnages qui sont décryptés par le détail (dans leurs actes mais aussi dans leur quête d’identité) sans complaisance ni manichéisme ; même si on comprend le chemin qu’ils suivent, ils n’emprunteront pas toujours la voie la plus noble pour arriver à leurs fins (c’est surtout vrai pour Zhu).

Il en va de même pour l’intrigue, au-delà du conflit sino-mongol, chaque camp doit composer avec des alliances, des trahisons, des complots et autres coups bas divers et variés. Un échiquier politique et stratégique en perpétuel mouvement, à chacun de poser ses pions au mieux afin de tirer profit de la situation.

On est loin de la densité et de la complexité du Trône de Fer, mais ça reste globalement bien pensé et addictif. Un petit (tout petit) bémol au niveau de la facilité avec laquelle Zhu trouve des solutions aux obstacles qui se dressent devant elle. C’est réglé en deux coup de cuillères à pot et quelques pages.

Le style de Shelley Parker-Chan offre un contraste bienvenu à la noirceur de certaines situations sans jamais sombrer du côté fleur bleue. Décidément ce bouquin fut une agréable surprise à tous points de vue ; rapidement happé par l’intrigue, j’ai eu bien du mal à le lâcher tant il me tardait de découvrir la suite des évènements.

Celle Qui Devint Le Soleil est le premier opus d’un diptyque, à la fin du roman les cartes sont rebattues et le lecteur est en droit de se poser bien des questions quant à la suite des événements… mais pour avoir des réponses, il nous faudra patienter (pas trop longtemps j’espère).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Raymond E. Feist – La Reine Des Tempêtes

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Titre : La Reine Des Tempêtes
Série : La Légende Des Firemane – Livre 2
Auteur : Raymond E. Feist
Éditeur : Bragelonne
Parution : 2021
Origine : États-Unis (2020)
432 pages

De quoi ça cause ?

Loin des ambitions de conquête du souverain de Sandura, Lodavico, Hatu, Hava et Declan sont désormais établis à Mont-Beran.

Hatu et Hava, espions et assassins pour le compte de la Nation Invisible, ont repris l’auberge du bourg afin de se fondre dans la masse. Declan est quant à lui installé comme maître forgeron et travaille beaucoup pour le baron Dumarch, le souverain du Marquensas.

Las, le répit sera de courte durée. Une armée de mercenaires va s’abattre sur Mont-Beran au moment où la cité est la plus exposée. D’autres villes subiront les assauts de cette armée impitoyable qui sème la mort et la désolation sur son passage. Qui tire les ficelles ? Quels sont ses objectifs ?

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est le second tome de La Légende Des Firemane, le précédent opus, Le Roi Des Cendres, m’avait donné envie de découvrir la suite de ce cycle (une trilogie, il semblerait).

Ma Chronique

Raymond E. Feist ne s’est pas hissé au panthéon des auteurs de fantasy par hasard, il le prouve une fois de plus avec ce second tome de La Légende Des Firemane.

Le tome précédent, Le Roi Des Cendres, avait planté le décor et les personnages, il eut été aisé pour l’auteur de développer son intrigue sur cette base déjà prometteuse ; et c’est exactement ce qu’il fait au cours des premiers chapitres de ce second opus. Puis il rebat complètement les cartes en faisant intervenir un nouvel acteur dans son intrigue. Un acteur de l’ombre qui va radicalement changer la donne et pourrait s’approprier la sinistre réputation d’Attila, le roi des Huns (et des autres) : là il passe, l’herbe ne repousse pas.

L’une des conséquences de l’attaque contre Mont-Beran va être la séparation du trio formé par Hatu, Hava et Declan. Hatu va rencontrer (à l’insu de son plein gré), les Gardiens de la Flamme, qui souhaitent lui apprendre à maîtriser les pouvoirs inhérents à son rang. En se lançant à sa recherche Hava va être aux prises avec des esclavagistes et une armée d’assassins d’élite. Quant à Declan, il va s’engager dans une troupe de mercenaires qui va se retrouver au service du baron Daylon Dumarch afin de défendre le Marquensas.

Si on retrouve avec plaisir bon nombre de personnages déjà croisés dans Le Roi Des Cendres, force est de reconnaître qu’ils sont rapidement dépassés par l’ampleur de l’attaque qu’ils subissent. C’est surtout flagrant pour le baron Daylon Dumarch, fin stratège qui espérait avoir toujours un coup d’avance sur ses adversaires potentiels et qui va se retrouver désemparé face à une menace sortie de nulle part. D’autres personnages se révéleront sous un jour nouveau.

Outre ces nouveaux ennemis, nous ferons la connaissance avec d’autres nouveaux personnages, dont certains joueront un rôle majeur dans le déroulé de l’intrigue ; je pense notamment Bogartis, le chef de la troupe de mercenaires que rejoindra Declan.

Pour finir avec ce rapide survol des personnages, nous assisterons même au retour d’un personnage que l’on ne s’attendait vraiment pas à revoir, sauf qu’il ne sera plus vraiment le même que celui que nous connaissions.

Comme dans l’opus précédent on retrouve un jeu d’alliances qui se lient et se délient au fil des événements, selon les intérêts des uns et des autres. On retrouve aussi cette dimension mystico-religieuse avec un nouvel ordre secret qui fait irruption, un ordre assez proche dans son organisation de la Nation Invisible de Coatalchin.

La magie est bien présente, mais reste plutôt discrète, chose qui va certainement changer dans le tome suivant au vu de ce que nous apprenons dans le présent opus.

Un second tome bien plus intense que le premier, au vu des enjeux je me demande bien comment Raymond E. Feist va pouvoir boucler son intrigue avec un dernier tome… À moins qu’il ne décide de jouer les prolongations.

Le bouquin n’est toutefois pas exempt de défauts, outre le fait qu’il ne révolutionne pas les règles du genre (l’auteur est en terrain conquis et reste dans sa zone de confort), mon plus gros reproche serait une relative facilité dans l’issue de certains affrontements (je pense surtout aux combats entre l’équipage du Sillage Noir et les troupes azhantes).

Il n’en reste pas moins qu’il me tarde de découvrir la suite.

Pour la petite histoire, il vous faudra attendre les derniers chapitres du bouquin pour découvrir d’où vient son titre.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Christophe Misraki – La Prophétie De L’Arbre

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Titre : La Prophétie De L’Arbre
Série : Trilogie PanDaemon
Auteur : Christophe Misraki
Éditeur : Fleuve
Parution : 2021
Origine : France
608 pages

De quoi ça cause ?

L’assassinat de Sarah Portor, héritière légitime de la couronne d’Erceph, pourrait bien menacer le fragile équilibre et la paix qui règnent sur Porminide depuis la fin du Conflit Originel et la victoire des humains.

Dans les profondeurs de PanDaemon les forces du mal unissent en effet leurs forces et se préparent à une offensive massive et coordonnée contre les humains…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que les écrivains français qui s’essayent à la fantasy ne sont pas légion, j’étais donc curieux de découvrir l’univers de Christophe Misraki.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement Fleuve Éditions et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Force est de reconnaître que Christophe Misraki tire plutôt bien son épingle du jeu en s’aventurant, pour un premier roman (et accessoirement le premier tome d’une trilogie annoncée), sur le terrain de la fantasy.

Sans révolutionner le genre (et je doute que telle eut été l’intention de l’auteur), il décrit un univers de style heroic-fantasy bien pensé et suffisamment complexe pour nous réserver encore bien des surprises. Un monde où les relations entre les peuples occupent une place centrale, entre alliances, complots, trahisons et tutti quanti. Un monde dans lequel les enjeux politiques et religieux se côtoient… pas toujours en totale harmonie ! Mais plutôt selon les intérêts des uns ou des autres. Un monde dans lequel les forces magiques, à travers un système fort original et fort bien développé, peuvent faire pencher la balance en faveur de ceux qui sauront en maîtriser les arcanes. Un monde peuplé d’un large éventail de créatures, dont certaines encore à découvrir, qui devront choisir leur camp dans le conflit qui se prépare (les alliances ne sont pas aussi simplistes qu’une banale opposition entre humains et non-humains).

L’organisation (politique et religieuse) des provinces humaines de Porminide repose sur d’obscures prophéties rédigées dans un style plus que nébuleux et donc sujettes à interprétation… entre les autorités politiques (notamment Eden Portor, suzerain d’Erceph) et les autorités religieuses (représentées par les Obédiences),l’interprétation de ces textes peut varier du tout au tout.

Le pouvoir et le titre de suzerain du Comté se transmet de père en fils à l’occasion du vingt-troisième anniversaire de ce dernier. Il se matérialise par le transfert d’une « Entité » qui quitte le cœur de l’ancien suzerain pour prendre place dans celui de son successeur. Sauf que chez les Portor il n’y a pas de fils, juste deux filles, et c’est donc Sarah, l’ainée, qui aurait dû hériter du titre de suzerain et de la fameuse « Entité ».

Et c’est bien là que le bât blesse car ces fameuses (fumeuses) prophéties font état de la fin d’une ère en cas de transmission de l’Entité à une femme. Ce que les Obédiences ont interprété comme signe annonciateur d’une malédiction susceptible de rompre l’équilibre qui assure la paix en Porminide. D’où leur décision d’imposer à Sarah Portor une épreuve au cours de laquelle elle devra prouver sa valeur… sauf que les choses ne se passeront pas exactement comme prévues (à moins que ?), Sarah sera tuée lors de cette épreuve et ses assassins lui arracheront le cœur; réceptacle de l’Entité, avant de prendre la fuite.

Un tel univers, s’il veut tenir la route, ne se met pas en place en quelques pages. Christophe Misraki n’est pas avare en matière de renseignements sur le monde qu’il a imaginé. Ce qui explique (en partie) le temps qu’il m’a fallu pour venir à bout du présent bouquin. En fin de roman l’auteur intègre un lexique qui situe le contexte et les acteurs de son intrigue ; un bonus appréciable qui aurait été, selon moi, plus pertinent en début de roman (avant la carte du monde par exemple) afin de pouvoir s’y référer en cas de questionnement ou de doute quant au rôle ou à la position de tel ou tel intervenant.

Au fil du récit on alterne les points de vue des différents (et nombreux) acteurs de l’intrigue. Je ne vais vous faire une synthèse des forces en présence ni de leur rôle (présent ou à venir, clairement défini ou encore à préciser), d’une part parce que l’auteur s’acquitte fort bien de la tâche dans ce fameux lexique, mais aussi, et je l’avoue sans la moindre honte, par flemme.

Malgré une réelle complexité, l’immersion en Porminide est totale. On s’attache facilement aux personnages, même certains « méchants » trouvent parfois grâce à nos yeux. L’intrigue est très prenante malgré quelques longueurs parfois (le temps de préciser certains éléments du contexte). Il n’en reste pas moins qu’en refermant ce premier tome on a clairement l’impression qu’il fait office de mise en bouche… ce n’est que dans les tomes suivants que les choses trouveront leur rythme de croisière.

Alors que les choses semblaient suivre une voie toute tracée, la dernière partie du roman ouvre de nouvelles perspectives à l’intrigue et aux personnages. Il faut bien avouer qu’un tel revirement de situation est plutôt déconcertant… d’un autre côté c’est la fin de ce premier tome qui explique le titre et la couverture du bouquin.

Ça n’en reste pas moins une mise en bouche alléchante. En espérant que Christophe Misraki ne se la joue pas G.R.R. Martin en nous faisant languir plusieurs années entre chaque tome !

MON VERDICT

[BOUQUINS] Eoin Colfer – Le Dernier Dragon Sur Terre

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E. Colfer - Le dernier dragon sur terre

Titre : Le Dernier Dragon Sur Terre
Auteur : Eoin Colfer
Éditeur : Pygmalion
Parution : 2020
Origine : Grande-Bretagne
400 pages

De quoi ça cause ?

Quand Everett ‘Squib’ Moreau, un jeune débrouillard, un peu fainéant et roublard, qui connaît les marais comme sa poche, est le témoin d’une scène à laquelle il n’aurait jamais dû assister, il sait que sa survie ne tient qu’à un fil… et à sa fuite !

Sauf que ladite fuite le mène tout droit à la planque de Vern, un ancien seigneur dragon qui vit aujourd’hui planqué au fin fond des marais.

Pour Vern il ne fait aucun doute que ce visiteur imprévu doit être éliminé… à moins que le dragon et l’adolescent ne scellent un accord gagnant-gagnant.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Une envie de fantasy qui sorte de l’ordinaire.

Ma Chronique

Eoin Colfer est surtout connu en tant qu’auteur de littérature jeunesse, notamment avec sa saga Artemis Fowl, mais il est plutôt du genre touche-à-tout. Il a ainsi signé l’ultime volet de la série du Guide Du Voyageur Galactique (les cinq précédents volumes ayant été écrits par Douglas Adams), et deux romans policiers publiés dans la collection Série Noire de Gallimard. Le Dernier Dragon Sur Terre est sa première incursion en fantasy adulte.

De son propre aveu, l’auteur aime prendre un genre littéraire et le tordre en revisitant ses règles ; et c’est exactement ce qu’il fait avec le présent roman. S’il y a bien un dragon au cœur de l’intrigue, celui-ci ne ressemble en rien à ceux que l’on a l’habitude dans le monde de la fantasy. D’autre part son intrigue se déroule en Louisiane de nos jours.

Ce curieux mélange donne au final en roman qui tire plus vers le thriller que vers la fantasy pure et dure. Un thriller au second degré improbable totalement assumé.

Hormis la présence du dragon et d’une autre créature fantastique, l’intrigue demeure relativement classique. Le ton léger et les nombreuses touches d’humour viennent contrebalancer une ambiance qui aurait rapidement pu virer au noir tendance glauque.

Une lecture agréable, mais qui ne restera pas dans les annales du genre (ou plutôt devrai-je dire, des genres). C’est bien écrit, c’est léger, c’est décalé, ça ne manquera pas de vous faire sourire, mais ça reste très superficiel.

L’aspect atypique de Vern nous rend le dragon sympathique même s’il a parfois un foutu caractère et n’est pas un modèle de sociabilité (c’est marrant j’ai l’impression de parler de moi). Dans la même veine, mais pour d’autres raisons, on s’attache facilement au personnage de Squib.

C’est Regence Hooke, représentant de la loi corrompu, pourri jusqu’à la moelle, vicieux et magouilleur qui incarne le méchant de l’histoire. Et méchant il l’est incontestablement, surtout avec ceux qui auraient la mauvaise idée de venir piétiner ses plates-bandes ou contrecarrer ses ambitions. Sauf qu’en l’occurrence le trait est tellement poussé à l’extrême qu’il en deviendrait presque risible.

Étrangement ces bémols ne gâchent pas le plaisir, sans doute parce qu’on sent à la lecture qu’ils sont voulus et assumés par Eoin Colfer.

Une lecture sympathique pour commencer cette nouvelle année avec un peu de légèreté.

Le Dernier Dragon Sur Terre (Highfire en VO) va être prochainement adapté au format série animée pour la chaine Amazon Prime, c’est Nicolas ‘Moumoute’ Cage qui prêtera sa voix à Vern.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Claire Duvivier – Un Long Voyage

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C. Duvivier - Un Long Voyage
Titre : Un Long Voyage
Auteur : Claire Duvivier
Éditeur : Aux Forges de Vulcain
Parution : 2020
Origine : France
240 pages

De quoi ça cause ?

Après la mort de son père, le jeune Liesse, issu d’un modeste village de pêcheur, est confié (vendu ?) à des notables d’un comptoir commercial.

C’est là qu’il fera connaissance, quelques années plus tard, de Malvine Zélina de Félarasie, la brillante nouvelle ambassadrice impériale de l’Archipel. Liesse gagnera la confiance de Malvine jusqu’à devenir son secrétaire et l’accompagner à la Cité-Etat de Solméri où elle doit occuper le poste de gouverneur…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Aussi bizarre que cela puisse paraître, la réponse la plus honnête à cette question est simplement : « Je ne sais pas ».

C’est le hasard qui a mis ce bouquin sur mon chemin et j’ai tout de suite eut envie de le découvrir sans pouvoir expliquer, de façon rationnelle, le pourquoi du comment de cet intérêt. Je serai tenté de dire que, une fois n’est pas coutume, c’est le bouquin qui a trouvé son lecteur et non l’inverse.

Ma Chronique

Je pourrai vous dire qu’avant d’ouvrir ce bouquin je n’avais jamais entendu parler de Claire Duvivier, ce qui serait, ma foi somme toute, assez logique puisque Un Long Voyage est son premier roman.

Pour un coup d’essai le moins que l’on puisse c’est que l’auteure n’opte pas pour la facilité en proposant un roman de fantasy qui bouscule clairement les règles du genre. En effet vous ne croiserez dans ce récit aucune créature surnaturelle et il faudra attendre la dernière partie du bouquin pour que la magie fasse une rapide (mais déterminante) apparition. N’espérez pas non plus de grandes batailles épiques… ni même de véritables batailles tout court.

Dans sa forme aussi le bouquin ose une approche plutôt audacieuse, puisqu’il se présente sous la forme d’une longue lettre que le narrateur (Liesse) adresse à une interlocutrice dont on ne connaît que le prénom (ce n’est que dans le dernier chapitre que l’on découvre son identité). Une lettre dans laquelle il raconte sa propre histoire mais aussi et surtout celle de Malvine Zélina de Félarasie.

Force est de reconnaître que dans les premiers chapitres on a beaucoup de mal à savoir où Claire Duvivier veut nous amener. Même l’entrée en scène de Malvine Zélina de Félarasie ne lèvera pas totalement le voile sur la finalité de son récit. Et pourtant je ne me suis jamais ennuyé, ma curiosité ayant toujours été maintenue en éveil.

C’est à Solmeri que l’intrigue prendra tout son sens, mais je n’en dirai pas davantage sur la question. Sachez simplement que rien n’est laissé au hasard et que toutes vos questions trouveront une réponse en temps et en heure.

C’est aussi à Solmeri que les liens entre les personnages joueront un rôle déterminant dans le déroulé de l’intrigue. Qu’il s’agisse de liens personnels (amitié ou amour), des liens sociaux ou de liens politiques, l’humain est placé au centre du récit (pour le meilleur et pour le pire).

Un roman qui croise habilement l’histoire individuelle de ses personnages (Liesse et Malvine), celle d’une cité qui a déjà un lourd passé et va connaître un bouleversement majeur, et celle d’un Empire sur le déclin.

Même si j’ai pris un réel plaisir à lire ce bouquin complètement atypique, je tiens toutefois à préciser que ce ne fut pas non plus l’extase. Il n’en reste pas moins que ce fut une belle découverte et une surprise encore plus belle.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sara Greem – La Malédiction De L’Anneau Des Niflungar

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S. Greem - La Mal&diction de l'Anneau des Niflungar
Titre : La Malédiction De L’Anneau Des Niflungar
Auteur : Sara Greem
Éditeur : Éditions du 38
Parution : 2019
Origine : France
384 pages

De quoi ça cause ?

Sigurdr, le fils adoptif du roi du Danmark, rêve de rebâtir la cité de ses ancêtres, Xanten. Mais avant cela son beau-père lui confie une mission, se rendre en Island afin de convaincre la reine de s’allier au royaume du Danmark en épousant Hjörvarr, son fidèle second.

Sigurdr embarque donc pour l’Island en compagnie de Thórrmund, son demi-frère et Reginn, son précepteur, qu’il considère comme un second père. Le vaillant prince guerrier ignore encore que sa rencontre avec Brynhildr, la reine d’Island, va sceller son destin et celui de ses amis…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que Sara m’a proposé de découvrir en avant-première (sortie le 1er septembre) son nouveau roman ; impossible de refuser une telle marque de confiance.

Après une incursion plus que réussie dans le monde celte avec ses Épopées Avaloniennes, c’est en terre viking que se situe son nouveau roman ; à la (re)découverte d’une légende phare de la mythologie nordique / germanique.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement Sara pour sa confiance renouvelée et son amitié.

Je ne saurai dire exactement à quand remonte mon intérêt pour les Vikings, mais ça se compte en dizaines d’années. Enfant et adolescent c’est le côté guerrier qui m’attirait, force est de reconnaître que c’est bien LA civilisation guerrière par excellence. Non seulement c’est assumé dans leurs traditions et leur mythologie, mais c’est même revendiqué.

Si je devais trouver un élément déclencheur je rejetterais la faute sur Marvel et le personnage de Thor (bien avant le MCU et son interprétation par Chris Hemsworth). Au-delà des comics j’ai eu envie d’en apprendre davantage sur le personnage et son univers. Et c’est à l’ancienne (sans accès à Internet) que j’ai satisfait ma curiosité : en allant à la bibliothèque et en feuilletant des bouquins (si, si, j’ai connu ces temps anciens !).

Sans être un inconditionnel de l’opéra (loin s’en faut) c’est pourtant par ce biais que j’ai été amené à m’intéresser à la légende de Siegfried. C’est en effet après avoir écouté et apprécié La Chevauchée Des Walkyries de Richard Wagner que je me suis penché sur son opéra L’Anneau Du Nibelung. Ne parlant pas allemand je n’ai rien compris à l’histoire, mais la musique, elle, m’a parlé ; poussé par la curiosité j’ai donc de nouveau creusé la question (toujours à l’ancienne).

Sara Greem nous invite à (re)découvrir la légende de Siegfried en optant pour la transcription nordique (et non germanique) des noms et lieux dans un souci de cohérence. Ainsi Siegfried devient Sigurdr, le Nibelung (Nibelungen en allemand) devient le Niflungar… ceux qui, comme moi, connaissent la version germanique retrouveront rapidement leurs marques.

Pour donner corps à son roman, l’auteure intègre des éléments et des personnages issus de son imaginaire tout en respectant les grandes lignes de l’épopée de Sigurdr. Même en connaissant les tenants et les aboutissants de la légende, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette revisite romancée. Un récit captivant de bout en bout.

Comme elle l’avait fait avec ses Épopées Avalonniennes, Sara intègre à son récit de nombreuses références à la mythologie viking. Qu’il s’agisse d’étayer l’intrigue ou simplement d’y ajouter un bonus culturel et didactique à l’ensemble, les clins d’œil mythologiques trouvent naturellement leur place dans le récit sans jamais casser le rythme.

Et niveau rythme on va être généreusement servis, l’épopée de Sigurdr n’est pas vraiment une promenade de santé. Entre un dragon à terrasser et une horde de Huns à mettre en déroute, il n’aura pas vraiment le temps de souffler. Mais le roman ne se contente pas d’aligner les scènes de bataille, même dans les périodes d’accalmie, l’intérêt reste en éveil sans jamais faiblir.

Bien entendu j’ai aimé retrouver les personnages de la légende (avec un faible particulier pour Sigurdr et Brynhildr), j’ai trouvé que ceux imaginés par Sara apportaient un réel plus à l’intrigue. A commencer par le demi-frère de Sigurdr, mais aussi et surtout Knut le berseker au grand cœur.

Si d’aventure vous seriez appâté par l’or du Rhin, sachez que vous ne serez pas les premiers et sans doute pas les derniers à tenter votre chance. Si la sagesse populaire affirme qu’il y a une part de vérité dans toute légende, j’ajouterai simplement qu’il ne faut non plus tout prendre au pied de la lettre.

MON VERDICT
Coup double

[BOUQUINS] Michael Johnston – L’Empire Des Soleri

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M. Johnston - L'Empire des Soleri

Titre : L’Empire Des Soleri
Série : Soleri – Tome 1
Auteur : Michael Johnston
Éditeur : Bragelonne
Parution : 2018
Origine : USA (2017)
480 pages

De quoi ça cause ?

Depuis des millénaires l’Empire vit sous le joug des Soleri,considérés comme des Dieux vivants, nul n’ose contester leur toute-puissance.

Et pourtant dans les royaumes « inférieurs » des voix commencent à s’élever contre les Soleri. Toutefois entre les querelles internes et leur incapacité à faire front commun contre l’oppresseur, ces royaumes ne constituent pas une menace sérieuse contre l’Empire.

Alors que les festivités de l’Enténébrement battent leur plein dans l’attente de l’éclipse annuelle devant clore le festival, à la stupeur générale celle-ci n’a pas lieu. Et ce n’est que le début d’une succession d’événements qui pourraient bien remettre en cause le fragile équilibre de l’Empire…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

De prime abord c’est la couv’ qui m’a tapé dans l’oeil, elle m’a tout de suite fait penser à l’album Powerslave d’Iron Maiden ; comme dirait l’autre (R.I.P. Charles) : « je vous parle d’un temps, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître ».

Iron Maiden - Powerslave

La quatrième de couv’ n’a fait qu’attiser ma curiosité, curieux en effet de découvrir ce que pouvait donner un récit de fantasy sur fond d’improbable rencontre entre l’Égypte ancienne et la tragédie shakespirienne…

Bragelonne et NetGalley ayant répondu favorablement à ma demande, il ne me restait plus qu’à pousser les portes de L’Empire des Soleri.

Ma chronique

Je remercie les éditions Bragelonne et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Il n’a pas fallu longtemps au Trône De Fer pour s’imposer (à mes yeux en tout cas) comme une oeuvre majeure de la littérature fantasy ; du coup forcément quand je commence un nouveau roman (et plus encore une nouvelle saga) du genre, j’ai tendance à prendre l’univers de George R.R. Martin comme référence.

Au vu de ce premier tome, je serai tenté de dire que le cycle de Soleri s’annonce moins complexe, mais n’a pas à rougir de la comparaison avec son illustre aîné tout en affichant une identité qui lui est propre.

Au niveau des similitudes je citerai en premier lieu la structure du roman, chaque chapitre se consacrant au point de vue (POV pour Point of View en anglais) d’un personnage. Si George R.R. Martin n’a pas inventé cette architecture, il l’a en tout cas largement popularisée.

En l’occurrence les principaux intervenants sont tous de la même famille, les Hark-Wadi, qui règne sur le royaume d’Harkana, mais ils sont loin de parler d’une seule et même voix, loin s’en faut. Vous aurez ainsi le droit à cinq sons de cloches pour le moins discordants : Arko, le père, actuel roi d’Harkana, Sarra, la mère, devenue Grande Prêtresse du culte de Mithra après avoir quitté Harkana 10 ans plus tôt, Merit, la fille aînée qui rêve de prendre les rênes du Royaume, Kepina, la fille cadette, véritable garçon manqué éprise de liberté et Ren, le fils, otage du Prieuré depuis 10 ans, conformément aux lois imposées aux héritiers du trône par les Soleri.

Sans oublier toute une palanquée de personnages secondaires appelés à jouer des rôles plus ou moins importants dans le déroulé de l’intrigue ; dont certains connaîtront, le plus souvent à l’insu de leur plein gré, une fin brutale. Un casting qui tient toutes ses promesses…

Royaumes, prêtres et prêtresses… L’univers de Soleri se construit autour d’une forte dimension politique et religieuse. Un terrain propice aux alliances, complots, manigances et trahisons en tout genre. A ce titre les Hark-Wadi n’ont rien à envier aux Lannister !

Pour tout vous dire (ou presque), vous ouvrez le roman avec une donne de départ plutôt classique, au fil des chapitres les cartes sont redistribuées, encore et encore, afin de changer totalement le cours des choses selon la volonté de chacun ; tant et si bien, qu’au terme de moult rebondissements et retournements (de situation et accessoirement de veste), le livre se referme avec une donne radicalement différente. Et bien des promesses pour la suite…

Bien entendu ces multiples changements de donne ne se font pas la joie et la bonne humeur, le tribut à payer pour parvenir à ses fins est lourd mais qu’importe, seul le résultat compte… Si ça défouraille sec, les personnages ne s’accordent guère plus que le minimum syndical au niveau de la bagatelle ; sans doute trop occupés à se surveiller et à préparer leur prochain coup tordu.

L’auteur parvient à imposer un univers unique par la mixité de ses sources d’inspiration. Si certains royaumes revendiquent clairement leur origine (l’Égypte ancienne pour Sola, et le monde celte pour Feren), c’est moins évident pour Harkana (je serai tenté de miser sur le côté nordique) et impossible à dire pour Racchis et Wyrre, qui ne sont guère plus que mentionnés dans ce premier opus.

Je terminerai en soulignant un autre point commun avec Le Trône De Fer, mais au chapitre des petits bémols cette fois ; je referme ce premier tome en restant un peu sur ma faim sur l’aspect purement fantasy du récit, ça manque en effet de créatures extraordinaires et de magie.

Il n’en reste pas moins que je quitte L’Empire Des Soleri brûlant déjà d’impatience de m’y replonger au plus vite, en espérant que Michael Johnston ait la plume plus rapide que celle de George R.R. Martin ; A Dance With Dragons est sorti aux States en juillet 2011, et en France, L’Intégrale 5 en novembre 2014… depuis on a beau siffler sur la colline, on ne voit toujours rien venir (à part des annonces de reports à la chaîne).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Hérodias & Le Seigneur De Feu

AU MENU DU JOUR

S. Greem - Hérodias & le Seigneur de Feu

Titre : Hérodias & Le Seigneur De Feu
Série : Epopées Avaloniennes – Tome 3
Auteur : Sara Greem
Éditeur : Éditions du 38
Parution : 2018
Origine : France
468 pages

De quoi ça cause ?

Hérodias, la grande prêtresse d’Avalon, Aldarik, le Viking, Goulven, le Celte et Cadoc, l’ex-moine redevenu druide, pénètrent enfin dans le royaume des fées. Hermès, le corbeau magique, et Lutuz-Nog, le korrigan seront aussi du voyage.

Le temps presse pour nos héros, car les peuples élémentaires se meurent inexorablement sous l’emprise de la magie des sorciers d’Azgor. Mais pour y parvenir, Hérodias et ses compagnons vont devoir convaincre les différents royaumes, plus divisés que jamais, de s’unir contre leur redoutable ennemi commun.

Restaurer le royaume des fées est aussi pour Hérodias l’ultime chance de libérer Kai de l’emprise maléfique de Caïus ; pour se faire, elle devra réunir l’âme et le corps de son aimé avant qu’il ne soit trop tard…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que je me suis régalé avec les deux premiers opus de ces Épopées Avaloniennes ; Sara m’ayant proposé de découvrir le troisième et dernier tome, je ne pouvais décemment pas bouder ce plaisir !

Ma chronique

Je remercie chaleureusement Sara et les Editions du 38 pour leur confiance renouvelée à l’occasion de la publication de l’ultime volet des Épopées Avaloniennes d’Hérodias et ses amis.

Le tome précédent laissait présager un monde riche en surprises et je peux vous assurer que ce royaume des fées tient toutes ses promesses, et même bien au-delà ! Vous vouliez des créatures fantastiques ? Vous allez en avoir à foison. Au fil de leur périple, nos aventuriers rencontreront des ondins (royaume de l’Est, élément eau, dirigé par Dame Loreleï), des nains (royaume du Sud, élément terre, dirigé par le Seigneur Matol’ch), des elfes (royaume de l’Ouest, élément air, dirigé par le Seigneur Ménéthas) mais aussi des trolls, des farfadets… et même des dragons ! Et, en bonus, quelques héros de la mythologie celte…

Et encore je ne vous parle là que des alliés potentiels pour nos héros (à condition qu’ils parviennent à mettre tout le monde d’accord), de leur côté les nécromanciens d’Azgor n’hésiteront pas à déployer un impressionnant bestiaire afin contrecarrer les plans d’Hérodias.

Vous en voulez encore ? De la magie et encore de la magie, blanche ou noire selon les lanceurs de sorts, curative ou dévastatrice… il y en a pour tous les goûts. La clé de la victoire pourrait bien résider dans le plus puissant des artefacts magiques, le Graal (si, si vous avez bien lu). Évidemment il ne s’agit du Graal version chrétienne (la coupe qui a recueilli le sang du Christ), ni de sa version alternative « hérétique » (le sang royal, la descendance de Jésus)… c’est là un objet magique qui résulte de l’assemblage de quatre artefacts légendaires.

Bref, les amateurs de fantasy en auront pour leur argent. Mais aussi, et c’est aussi l’une des particularités de ces Épopées Avaloniennes, les amateurs de mythologie celte. Comme dans les tomes précédents, Sara profite de son intrigue pour nous faire découvrir divers aspects du celtisme, qu’il s’agisse de symbolique ou de l’épopée de ses figures mythiques ces apartés s’intègrent parfaitement au récit. Une entrée en la matière qui devrait combler les simples curieux et donner envie aux profanes d’aller plus avant dans la découverte de cet univers qui ne s’arrête pas à la légende arthurienne.

Vous l’aurez compris la quête d’Hérodias et de ses compagnons les mèneront à de nombreuses rencontres, à commencer par les seigneurs des différents royaumes qu’ils devront rallier à leur cause. Des personnages au caractère tranché, chacun ayant sa propre personnalité ; je reconnais avoir eu un faible pour le seigneur nain, Matol’ch, son côté bon vivant y est sans doute pour beaucoup.

Mais nos aventuriers feront aussi d’autres rencontres capitales au cours de leur périple, notamment les sœurs jumelles Ava et Karma, des espionnes elfes qui sillonnent le royaume des fées et détiennent donc des informations qui pourraient s’avérer précieuses pour la suite des événements.

Ai-je besoin de préciser que ce chapitre final fait la part belle à l’action ? Les batailles se succèdent et vont crescendo au fur et à mesure que notre fine équipe s’approche du but. Ça bastonne dur, le fer se croise, la magie fuse… jusqu’à une grande bataille finale franchement épique !

Après sa trilogie érotique (mais pas que…) Publicité Pour Adultes, Sara Greem réussit brillamment son entrée dans la fantasy. Un genre dans lequel elle semble avoir trouvé ses marques puisque mon petit doigt me murmure qu’elle pourrait bien y revenir avec une nouvelle source d’inspiration.

Je terminerai en tirant mon chapeau à Anne-Eléonor Olivier, la graphiste, qui a superbement illustré les couvertures de cette trilogie.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sara Greem – Hérodias & Le Porteur De Lumière

AU MENU DU JOUR

Hérodias & Le Porteur De Lumière

Titre : Hérodias & Le Porteur De Lumière
Série : Epopées Avaloniennes – Tome 2
Auteur : Sara Greem
Éditeur : Éditions du 38
Parution : 2018
Origine : France
404 pages

De quoi ça cause ?

Afin de sauver Avalon, Hérodias (accompagnée de son fidèle Hermès), Adalrik, Goulven et le moine Cadoc doivent rejoindre la cité d’Ys afin de convaincre la princesse Dahud de leur ouvrir la porte du royaume des fées.

Pour Hérodias, accéder au royaume des fées est aussi l’unique moyen de retrouver et de sauver son aimé, le seigneur Kai, prisonnier de la magie d’Azgor, mais, elle est en convaincue, vivant.

Un voyage périlleux compte tenu des hordes de chrétiens belliqueux qui envahissent le continent. Mais d’autres dangers, encore insoupçonnés, guettent nos quatre (et demi avec le corbeau) aventuriers…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’ai beaucoup aimé le premier opus de ces Epopées Avaloniennes proposées par Sara Greem. Il est donc tout à fait normal que je sois impatient de retrouver Hérodias et ses compagnons.

Ma chronique

Si le premier volume de ces Epopées Avaloniennes se déroulait exclusivement sur l’ile d’Avalon et ses environs, il en va autrement avec sa suite. En effet, dès le premier chapitre Hérodias et ses compagnons vont devoir quitter l’ile pour un périple qui les mènera plus loin dans le continent (sur les terres du Seigneur Mordred) afin de gagner une autre île mythique de la tradition celtique (surtout bretonne), Ys.

La première étape de leur va donc mener notre fine équipe sur les terres de Mordred, le jumeau maudit de Goulven, celui dont Avalon se défend de prononcer le nom depuis qu’il a tué le roi Arthur, son père. L’occasion pour Sara Greem de nous proposer une version alternative du mythe afin de coller à son propre récit. Après tout quel mal y’a-t-il à détourner une fiction au bénéfice d’une autre fiction ?

De là, embarquement immédiat (ou presque, leur bref séjour chez Mordred ne fut pas de tout repos) pour la cité d’Ys où se déroulera la majeure partie du récit. Une île sur laquelle règne le roi Gradlon, bien que converti à la religion du Dieu unique, il n’impose pas sa foi à son peuple. Ce qui permet à sa fille, la princesse Dahud, de perpétuer les croyances d’Avalon… en apparence du moins.

J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Hérodias, Adalrik, Goulven et même Cadoc… Pardon ? Côa ? Ah oui, bon sang, mais c’est bien sûr ! J’allais oublier ce brave Hermès. Sorry l’emplumé, l’injustice est réparée. Si ton ramage se rapporte à ton plumage… Côa encore ? Ah, Ok, on ne te la fait pas. Au temps pour moi.

Mais il n’y a pas que de belles retrouvailles au menu, Hérodias et ses compagnons auront la désagréable surprise de découvrir que non surement l’abject Gwénolé les a précédés sur Ys, mais qu’il a en plus su gagner la confiance du roi Gradlon.

Si dans le précédent opus tous les chrétiens semblaient se réunir sous la bannière de Gwenolé, on découvre ici qu’il y en a qui n’apprécient guère ses méthodes, mais le craignent trop pour oser s’opposer à lui. Certains moines pourraient même s’avérer fort sympathiques, si, si c’est possible !

J’ai déjà eu l’occasion de mentionner quelques nouveaux acteurs majeurs de ce second opus, difficile de passer sous silence le fameux « Porteur de Lumière » dont il est question dans le titre, le comte Luigi Siferio. Inutile d’être un latiniste distingué ou théologien avisé pour deviner la véritable identité de celui qui se cache sous ce titre et ce nom.

Au fil de son récit, l’auteure intègre des explications sur la mythologie celte, que ce soit à travers ses personnages ou ses traditions. Explications qui se fondent naturellement dans le récit sans jamais nuire au rythme de l’intrigue (il faut dire aussi que c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup… sans doute mes lointaines origines bretonnes qui se rappellent à moi). Pour ma part je trouve que le mélange des genres (fiction 100% imaginaire et mythologie) fonctionne impeccablement.

Il faut dire aussi que niveau rythme on est servi. Ca bastonne dur au fil des pages, quand les personnages ne croisent pas le fer, c’est la magie qui prend le relai et, soyons fous, parfois nous avons même le droit à des combats mêlant les armes et la magie. On en prend plein les mirettes, et on en redemande !

Est-il besoin de vous dire que j’attends avec impatience le troisième et dernier (?) tome de ces Epopées Avaloniennes ? L’occasion de découvrir enfin le mystérieux royaume des fées et de lever le voile sur toutes les questions demeurant encore sans réponse (nous n’en apprenons guère plus sur les mages d’Azgor dans ce second opus, il faut dire que nos héros ont d’autres chats à fouetter et que certains seront parmi les plus coriaces).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Naomi Novik – Déracinée

AU MENU DU JOUR

N. Novik - Déracinée
Titre : Déracinée
Auteur : Naomi Novik
Editeur : Pygmalion
Parution : 2017
Origine : USA (2015)
505 pages

De quoi ça cause ?

La vallée vit sous la protection du Dragon, un puissant sorcier qui habite dans une tour isolée. En contrepartie, tous les dix ans le Dragon choisit une jeune fille de 17 ans qui deviendra son apprentie.

Le jour du choix approche et pour tout le monde il ne fait aucun doute que l’élue sera la jeune et brillante Kasia. Agniezka, sa meilleure amie, maudit le sorcier qui va les séparer durant une décennie.

Mais quand le Dragon arrive, rien ne se passe comme prévu…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce qu’il a été l’heureux élu d’un Book Club que je fréquente assidûment.

Ma chronique

J’ai abordé ce roman avec un mélange de curiosité et d’appréhension, craignant une fantasy très orientée young adult, mais rassuré par son impressionnant palmarès (prix Nebula 2015, prix Locus 2016 et finaliste du prix Hugo pour ne citer qu’eux). Au final j’ai été plutôt agréablement surpris et je ne regrette pas de m’être laissé tenter.

Certes l’intrigue n’est pas aussi complexe que celle du Trône De Fer, mais elle tient la route et parvient à accrocher le lecteur (pas immédiatement pour ma part, mais dès la fin du premier chapitre, j’avais envie d’en savoir plus).

La fantasy médiévale pure et dure est parsemée d’éléments qui semblent issus du folklore d’Europe de l’Est. La magie y est omniprésente au point d’être la clé de voûte du récit, pour ma part ce choix de l’auteure ne m’a nullement dérangé.

Pour moi l’une des grandes forces du bouquin est son style narratif, l’auteure s’exprime à la première personne, nous faisant vivre l’intrigue par le vécu et le ressenti d’Agniezka. Et ladite Agniezka apparaît, de prime abord, comme l’antihéros par excellence.

Le second point fort du roman tient justement dans ses personnages et leurs relations. Au premier plan l’on retrouve bien entendu Agniezka et le Dragon, deux caractères diamétralement opposés qui vont pourtant devoir apprendre à se connaître et à cohabiter. Sans oublier Kasia, écartée pour un temps, mais qui reviendra sur le devant de la scène pour jouer un rôle essentiel dans le déroulement de l’intrigue.

Et bien entendu il y a le Bois, ce lieu maléfique qui corrompt tous les êtres vivants qui ont le malheur de l’approcher de trop près. Un Bois qui semble s’étendre inexorablement malgré les efforts du Dragon pour le contenir. Pour le combattre, nos héros vont devoir le comprendre, découvrir les sombres secrets qu’il cache encore.

Naomi Novik gère parfaitement le rythme de son intrigue, ça commence lentement puis ça gagne en intensité au fil des chapitres, pour terminer par des batailles épiques que tout amateur de fantasy attend avec impatience.

Je me suis lancé sans conviction, je quitte cette lecture agréablement surpris. Après tout c’est bien la finalité d’un Book Club de nous pousser à sortir de notre zone de confort et se laisser par des titres que nous n’aurions sans doute pas lus de notre propre chef. Mission accomplie donc, au point que je me demande si je ne vais m’intéresser à la saga Téméraire, de la même auteure.

MON VERDICT