[BOUQUINS] Pascale et Gilles Legardinier – Comme Une Ombre

AU MENU DU JOUR

P. & G. Legardinier - Comme Une Ombre (2018)
Titre : Comme Une Ombre
Auteurs : Pascale & Gilles Legardinier
Éditeur : J’Ai Lu
Parution : Réédition 2018 / Première édition 2001
Origine : France
285 pages

De quoi ça cause ?

Alexandra Dickinson est la fille d’un riche homme d’affaires. Elle aime parcourir le monde en toute liberté tout en cherchant sa voie. Par prudence son père lui impose la présence d’un garde du corps, une protection qui insupporte la jeune femme tant et si bien qu’elle s’échine à les pousser à bout, l’un après l’autre…

Tom Drake, un soldat d’élite prometteur, mais impulsif, est le nouveau garde du corps affecté à la protection d’Alexandra. Il est bien décidé à accomplir son devoir envers et contre tout, et surtout déterminé à ne pas s’en laisser conter par sa cliente qu’il considère une gamine pourrie gâtée…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Par pure curiosité… rien à ajouter pour ma défense.

Ma chronique

À la base le bouquin est né d’un pari un peu fou de Gilles Legardinier à son éditeur : l’auteur s’est en effet engagé à écrire une romance à la sauce Barbara Cartland ; un défi pas aussi simple qu’il n’y paraît. Heureusement, Gilles pourra compter sur l’aide de sa femme qui apportera la touche féminine nécessaire à la réussite d’une telle entreprise.

Initialement paru en 2001 chez J’Ai Lu, dans la collection Amour et Destin, avec une couverture dégoulinante de mièvrerie (la preuve en image ci-dessous). Gilles et Pascale ont décidé de lui offrir une seconde jeunesse en l’actualisant pour l’occasion.

Comme Une Ombre (2001)

Bref, Gilles vous expliquera (bien mieux que moi) toute la genèse de ce bouquin dans son introduction. Le fait est que je suis clairement hors de ma zone de confort avec ce genre de bouquin ; pire même, c’est un genre que j’exècre au plus haut point.

Rien à redire le défi a été remporté haut la main. On retrouve tous les ingrédients qui font mouiller les midinettes adeptes de romance sauce guimauve ; les héros sont des archétypes du genre, bourrés de clichés faciles, l’intrigue est d’une platitude absolue et manque totalement de crédibilité, les dialogues sonnent faux. Encéphalogramme plat, bref, c’est creux et vide, deux qualités qui font le succès des collections Harlequin et consorts…

Il faut quasiment attendre la moitié du bouquin pour que la véritable intrigue démarre enfin, et encore, même dans le feu de l’action la sauce ne prend pas, on voit venir de loin les quelques revirements de situation censés surprendre la greluche en mal de sensations fortes.

Le roman n’est pas bien long, mais je dois avouer que j’ai eu du mal à le terminer, seule la qualité de l’écriture m’a permis d’aller jusqu’au bout du supplice (bon OK le mot est peut-être une peu fort), entre ronchonnements et soupirs de désespoir.

Pari gagné pour Pascale et Gilles Legardinier, quant à moi il est évident que je reste totalement hermétique au genre. J’aurai largement préféré que les auteurs forcent le trait et jouent la carte de la parodie, mais tel n’était pas l’enjeu de leur défi. Dommage…

J’aurai peut-être pu me montrer plus indulgent dans ma chronique si je n’avais pas lu Le Premier Miracle de Gilles Legardinier ; sachant ce qu’il est capable de produire en matière de récit d’aventures, je ne peux que trouver le présent bouquin bien fade en comparaison.

Mon verdict final prendra en compte le pari initial de l’auteur, Gilles et son épouse ne sont pas à blâmer, ils ont fait exactement ce qu’ils s’étaient engagés à faire…

MON VERDICT

[BOUQUINS] David S. Khara – Atomes Crochus

D. S. Khara - Atomes crochusAu menu du jour, Atomes Crochus, le dernier roman de David S. Khara qui est sorti directement en poche et numérique chez J’ai Lu.
Un banal accrochage sur le parking de l’aéroport de Dallas fait que Janet Livingstone-Pierce et Enzo Meazza ratent leur avion pour Paris. Et leur sauve ainsi la vie. En effet à peine l’avion a-t-il décollé qu’il explose en plein vol. Un peu plus tard, alors qu’ils quittent l’hôpital, on tente de les abattre, cette fois plus de doute possible, ce sont bien eux qui sont visés. Pas le temps de se poser de questions, ils doivent se mettre à l’abri…
Un thriller fort sympathique et extrêmement addictif, une fois que vous y aurez goûté vous ne pourrez plus le lâcher avant d’avoir le fin mot de l’histoire. L’intrigue est rondement menée sur un rythme soutenu, si les nombreux rebondissements ne sont pas tous surprenants ils sauront toutefois tenir le lecteur en haleine.
Un thriller qui doit beaucoup à ses personnages et leurs relations. D’une part grâce au duo improbable formé par Janet (agent de l’AIEA qui rentre de mission) et Enzo (un escroc tout juste sorti de prison), leur rencontre est avant tout due au hasard et le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas vraiment le grand amour entre eux… mais ils vont rapidement se retrouver contraints de faire équipe, et apprendre à se connaître, si leurs poursuivants leur en laisse le temps.
D’autre part les personnages secondaires ne sont pas là uniquement pour faire joli, ils sont traités avec le même soin. A commencer par Andrew Bryniarsky, l’agent du FBI à qui Enzo s’est livré et confessé, persuadé que celui qui fut autrefois son ami lui cache encore bien des choses. Sans oublier le truculent Jeb Cates, l’archétype du flic texan tel qu’on l’imagine. Et Stéphanie Shark, jeune agent du FBI qui va se retrouver, presque malgré elle, embringuée dans sa première enquête sur le terrain.
Même le duo de tueur en deviendrait presque sympathique s’il n’était pas aussi impitoyable. Quant au méchant de service, il fait partie de ceux que l’on adorera détester, il faut dire qu’à aucun moment l’auteur ne cherche à nous le rendre sympathique… bien au contraire, à chaque apparition on a envie de lui coller une bastos dans le bide et le regarder agoniser jusqu’à son dernier souffle.
Un roman qui a pour toile de fond le monde l’argent et du pouvoir, mais aussi de la corruption, qu’il s’agisse de placements financiers ou de sécurité nucléaire, tous les coups sont permis, même les plus bas, surtout les plus bas !
Un roman efficace, même s’il ne révolutionne en rien les règles du genre, il n’en reste pas moins une sympathique découverte. Un regret ? Oui, le fait de ne pouvoir en parler plus longuement au risque de gâcher le plaisir de la découverte.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Poppy Z. Brite – Le Corps Exquis

pzblceIl est des titres que j’ai envie de découvrir sans réelle conviction, juste histoire de vérifier s’ils sont à la hauteur de leur réputation sulfureuse. Le Corps Exquis de Poppy Z. Brite appartenait à cette catégorie, désormais je peux partager mes impressions de lecture.
Andrew Compton est britannique, tueur en série, homo et nécrophile. Jay Byrne est américain, tueur en série, homo et nécrophage. Leur rencontre, dans les bas fonds de la Nouvelle-Orléans, va être aussi passionnée que sanguinolante…
Qu’est ce qu’il y a dans ce pitch susceptible de me faire vibrer ? A part le fait qu’il s’agisse d’une histoire de tueurs en série, rien. Rien de rien ! J’assume totalement mon hétérosexualité donc une histoire d’amour entre deux mecs pervers (et Dieu sait qu’ils ne manquent pas de perversité), au mieux je passe mon tour, au pire ça me laisse de marbre. Baiser ou bouffer les morts ? Merci mais je crois que je vais passer mon tour. Courage mon gars, faut pas mourir idiot !
C’est donc pas franchement convaincu que je me suis lancé… et c’est toujours aussi peu convaincu que j’ai refermé ce bouquin (sans toutefois avoir renoncé en cours de route).
Malsain ce bouquin ? Même pas. Juste ultra gore et trash, souvent plus qu’il n’eut été nécessaire, à se demander si l’auteur(e) ne se complaît pas dans la surenchère. Il faut plus que ça pour me choquer mais le trop plein de descriptions finit par se faire au détriment du rythme et de l’intrigue.
Intrigue ? Hmouais faut le dire vite… Pour qu’il y ait intrigue il faudrait un minimum de suspense, en l’occurrence on flirte avec un taux zéro niveau adrénaline. A part peut être sur la fin, et encore ça manque tellement de crédibilité que ça en devient pathétique.
Bon alors quid des personnages ? Andrew et Jay sont de purs produits psychotiques qui accumulent les clichés du genre, résultat des courses on atteint là encore un taux zéro, mais niveau crédibilité cette fois. Et les autres ? D’un côté on a Luke, homo baroudeur séropositif qui vomit son hétérophobie sur une radio pirate. De l’autre Tran, un jeune viet homo, ex-amant de Luke, rejeté par sa famille qui vivote tant bien que mal… Tout un programme ! Ah oui, au cas où vous ne le sauriez pas, la Nouvelle-Orléans semble peuplée à 99% par des homos. Hé hé, que voilà une info qui ne figure pas dans le guide du routard !
Est-il nécessaire de vous dire que le côté romantique / érotique / pornographique (rayez les mentions inutiles) ne m’a aucunement convaincu ? Là encore encéphalogramme (et accessoirement bandogramme) plat… Je suis (sans surprise) définitivement hermétique au gay porn.
Ajoutez à tout ça un style très quelconque, vous aurez alors un bilan exhaustif de mon ressenti. Une lecture sans grand intérêt, parfois même chiante… S’il évite le zéro pointé c’est uniquement par sa noirceur et son amoralité, mais ce n’est pas suffisant pour lui accorder la moyenne.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] George R.R. Martin – Le Trône De Fer : Intégrale 5

GRR Martin - Le Trône De Fer 5J’avais misé sur un Challenge retrouvailles 100% numérique mais finalement il faudra compter avec un hôte papier : Le Trône De Fer : Intégrale 5 de George R.R. Martin. A vrai dire j’ai lu ce bouquin en alternance entre la version papier (80%) et la version numérique (20%) ; ce n’est donc qu’une entorse partielle à mon projet initial.
Sur le Mur Jon Snow doit composer avec les armées de Stannis et les prisonniers sauvageons. Devant la menace de l’arrivée des Autres et d’une possible nouvelle attaque sauvageonne, le commandant de la Garde de Nuit va tout faire pour grossir les rangs de ses troupes et fortifier leurs positions. Tyrion, en fuite, navigue vers les Cités Libres où il espère rencontrer Daenerys Targaryen. Mais à Meereen la situation est compliquée pour Daenerys, elle doit faire face à de nombreux ennemis, à l’intérieur de la ville, comme à l’extérieur…
Ce cinquième opus de l’intégrale regroupe les volumes 13 à 15 de la série, soit, Le Bûcher D’un Roi, Les Dragons De Meereen et Une Danse Avec Les Dragons. Il ne s’inscrit pas complètement comme une suite directe du volume précédent ; la majeure partie du récit se déroule en parallèle des événements décrits dans l’Intégrale 4, se concentrant sur Le Mur et les Cités Libres (les grands absents du précédent opus). Il faut attendre les derniers chapitres pour connaître la suite directe de l’intrigue.
Ce cinquième volume se caractérise aussi par un changement de traducteur, Patrick Marcel succède ainsi à Jean Sola. Le style de Patrick Marcel serait plus proche de l’original… p’t’êt’ bin qu’oui, p’t’êt’ bin qu’non, une chose est certaine je préfère la traduction de Jean Sola, mais je pense que c’est surtout une question d’habitude.
Même si la majeure partie de bouquin se concentre uniquement sur le Mur et Meereen cela n’empêche pas l’auteur de nous proposer une intrigue toujours aussi dense et riche en rebondissements (et complots divers et variés). Par contre nous ne croisons que peu de nouveaux visages, du moins pas parmi les personnages jouant un rôle décisif dans le déroulement de l’intrigue.
Par contre au niveau des disparitions attendez vous à un choc au moins aussi violent que le fut la mort de Ned Stark à la fin du premier opus. Un personnage majeur de la saga va connaître une fin brutale (Il ne sentit jamais le quatrième poignard. Rien que le froid…) dans les derniers chapitres du bouquin. Je n’en dirai pas plus mais ça a déjà fait un tel buzz sur le Net (même Barrack Obama s’en est indigné) que peu de monde doit encore ignorer l’identité du mort.
C’est toujours aussi jouissif (et parfois rageant) à lire même si le dénouement semble encore lointain. On avance (lentement) souvent mais parfois on recule… Bref on n’en finit pas de se poser des questions, mais ça n’a rien de frustrant, loin s’en faut.
La frustration viendrait plutôt de l’attente pour connaître la suite ; d’autant plus que globalement, à la fin de ce volume, de nombreux personnages se retrouvent soit en fâcheuse posture, soit à un tournant décisif de leur parcours. Le sixième opus devrait sortir courant 2016 aux Etats-Unis, on peut espérer les trois volumes en français entre 2017 et 2018, quant à l’intégrale J’ai Lu faudrait plutôt compter sur l’horizon 2020. Quant à l’ultime (je l’espère vivement) opus on peut se livrer au même type de calcul en misant sur une sortie américaine entre 2021 et 2022…
Mais je crois que le plus frustrant reste de savoir que la série TV prendra naturellement de l’avance sur les romans. Le tournage de la saison 6 devrait débuter prochainement, à raison d’une saison annuelle pour un total de 9 saisons, le clap de fin devrait être pour 2018 avec une diffusion en France en 2019. Il est vrai que la série prend quelques libertés avec les romans, mais étant donné que GRR Martin a déjà indiqué aux showrunners les grandes lignes du scénario, il ne devrait pas y avoir de différences majeures quant à l’évolution de l’intrigue.
Je m’étais engagé à lire ce cinquième opus avant de visionner la cinquième saison de la série (qui repose bien au chaud sur mon disque dur depuis déjà un moment), je vais donc pouvoir m’y mettre très prochainement. Par contre pour les saisons suivantes je doute fort de prendre le même engagement…

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Jeff Abbott – Downfall

J. Abbott - DownfallLa première escale de mon challenge retrouvailles se fera en compagnie de Jeff Abbott et son roman Downfall, troisième intrigue mettant en scène Sam Capra.
Quand une jeune femme débarque dans le bar de Sam Capra à San Francisco, poursuivie par deux hommes, il ne peut que s’interposer. Sam tue un des poursuivants et met le second en fuite, entre temps la supposée victime s’est éclipsée. Sam l’ignore encore mais il vient de mettre le doigt sur une menace de grande ampleur et de se faire des ennemis prêts à tout pour protéger leurs secrets…
[ALERTE SPOILER… A ne pas lire si vous n’avez pas lu Adrénaline et Last Minute] Depuis qu’il a retrouvé son fils, Sam Capra n’aspire qu’à mener une vie normale et tranquille à ses côtés. Même s’il a bien conscience de rester redevable à la Table Ronde sans qui ces retrouvailles n’auraient pas été possibles. En l’occurrence ce n’est pas son mystérieux employeur qui va le pousser à renouer avec le danger. [FIN D’ALERTE SPOILER]
Pourquoi changer une mécanique bien rodée ? L’auteur nous propose une intrigue bien ficelée (même si pas toujours totalement crédible), rythmée et riche en surprises et rebondissements. En proposant un nouvel ennemi à Sam il permet de renouveler le contexte (même si les Neuf Soleils ne sont jamais très loin) évitant ainsi toute impression de déjà-vu… D’autant que Bélias et son réseau vont constituer un challenge digne des compétences de notre ex-agent de la CIA.
Au niveau des personnages on retrouve bien entendu Mila, chargée par la Table Ronde de superviser Sam. Toujours adepte des entrées fracassantes même si elle est un peu plus en retrait dans ce roman. On rencontre brièvement Jimmy, son époux qui est aussi un cadre de la Table Ronde. Autre personnage phare de Table Ronde dans ce roman, Felix, le gérant du bar de San Francisco (mais je vous laisse découvrir tout ça par vous même).
Au niveau du style narratif on retrouve un récit à la première personne quand l’intrigue est vécue par Sam, et à la troisième personne le reste du temps.
On peut supposer (espérer) que l’auteur n’en a pas encore fini avec Sam Capra… pour notre plus grand plaisir. Supposition confirmée par l’existence d’un quatrième titre, Inside Man, publié en VO en juillet 2014. Y’a plus qu’à attendre sa sortie chez J’ai Lu (en espérant un travail de relecture après traduction plus abouti que sur Downfall, il restait quelques fautes grosses comme une maison).

[BOUQUINS] George RR Martin – Skin Trade

GRR Martin - Skin TradeComme je l’avais indiqué dans ma chronique du Volcryn, j’ai l’intention de poursuivre ma découverte de l’oeuvre de George RR Martin en dehors du Trône De Fer. Après la science-fiction, place au fantastique avec Skin Trade.
Randi Wade, détective privée, est contactée par un ami afin d’enquêter sur le meurtre sauvage d’une jeune femme qu’il connaissait. Au fil de son enquête Randi va découvrir que les circonstances de la mort ne sont pas sans rapport avec le meurtre de son propre père vingt ans plus tôt…
Publié en 1989 et gagnant du World Fantasy Award du meilleur roman court la même année, il faudra pourtant attendre 2012 pour que le roman soit enfin traduit en français par ActuSF et réédité par J’Ai Lu en 2014.
Avec ce court roman George RR Martin s’essaye au thriller fantastique, et le résultat est plus que convaincant même si j’aurai apprécié quelques pages de plus afin de nous éclairer sur certains points de l’intrigue.
L’auteur s’attaque à un thème considéré comme un classique du genre puisque la lycanthropie est à l’honneur (on le devine avant qu’il ne soit fait directement mention dans le roman… la couv’ aide un peu). GRR Martin réussit à revisiter le mythe du loup-garou tout en lui restant fidèle.
En l’espace de quelques pages (154 pour être précis) les personnages sont soignés, notamment Randi et son ami, Willie. De même l’intrigue est rondement menée, pas le temps d’une enquête poussée, on va à l’essentiel. Au final la sauce prend plutôt bien, mais on sent un potentiel inexploité malgré tout.
Quelques pages de plus sur l’historique du loup-garou et sa montée en puissance en ville auraient été bienvenues, mais ma plus grande frustration vient plutôt de l’absence totale d’explications concernant l’Ecorcheur. Cerise sur le gâteau, une fin plus aboutie n’aurait pas été un luxe.
Je ne sais pas encore quel sera le prochain titre de l’auteur qui passera au grill mais soyez assuré que je ne suis pas encore décidé à lâcher le morceau. Je n’en ai pas fini avec vous Monsieur Martin (sans parler du Trône de Fer).

[BOUQUINS] Jeff Abbott – Last Minute

J. Abbott - Last MinuteChose promise, chose due : Sam Capra is back ! Pas question en effet de différer la lecture de Last Minute de Jeff Abbott, je veux (et j’espère les avoir) les réponses aux nombreuses questions restées sans réponse à la fin d’Adrénaline.
[ALERTE SPOILERS N°1… Ne lisez pas les lignes qui suivent si vous n’avez pas lu et comptez lire Adrénaline] Sous couvert de la Table Ronde, Sam Capra est désormais gérant d’un bar à cocktail. Avec les moyens mis à sa disposition par son nouvel employeur, il continue de chercher son fils en échange de quelques opérations contre l’organisation criminelle des Neuf Soleils. Quand il apprend que la tête de Mila est mise à prix, il décide de lui venir en aide, mais difficile d’aider quelqu’un qui refuse votre aide… [FIN D’ALERTE SPOILERS N°1]
Dans Adrénaline nous avions le droit à une intrigue unique déjà bien ficelée, histoire de corser la chose Jeff Abbott nous propose de suivre trois intrigues. D’une part la quête de Sam (toujours écrite à la première personne), de l’autre le périple d’un jeune hacker qui cherche à sauver sa peau, et enfin le cas de Mila. Les deux premières ne tarderont pas à se télescoper comme on pouvait s’y attendre. Quant à la troisième, elle est aussi indépendante et discrète que son personnage central et vient s’incruster çà et là.
Ce qui m’amène tout naturellement à parler des personnages (oui je sais c’est plat comme transition). On retrouve bien entendu les deux principaux personnages principaux déjà croisés dans Adrénaline, à savoir Sam (toujours aussi indestructible) et Mila (il faudra se montrer patient mais on finit par en apprendre un peu plus sur elle et c’est du lourd) mais aussi quelques personnages secondaires (dont August, l’ami et ancien collègue de Sam et un autre plus inattendu dont je tairai le nom). Au rayon des nouveaux venus on trouve Léonie qui assistera, contrainte et forcée, Sam dans la mission que lui a confié Anna Tremaine. Tient donc mais qui est Anna Tremaine ? Disons qu’elle est du côté obscur de la Force.
On retrouve une intrigue rondement menée, découpés en chapitres courts mais percutants. Un rythme imposé sans temps morts ni fioritures. Ce second opus est tout aussi prenant que son ainé, la fin mettra votre palpitant et vos nerfs à rude épreuve. J’adooore (non désolé je ne kiffe pas, j’ai passé l’âge) !
Bon alors qu’en est-il du fils de Sam,des Neufs Soleils et de Mila ? Faudra-t-il lire le troisième opus (ou plus si affinité) pour avoir le fin mot de l’histoire ? Je serai muet comme une tombe de carpe sur ces questions, et sur tout le reste d’ailleurs… Une chose est certaine je lirai avec plaisir le troisième volet des aventures de Sam Capra et, si les jongleries avec mon Stock à Lire Numérique le permettent, il n’est pas impossible que je me plonge dans ses autres bouquins.
[ALERTE SPOILERS N°2… Bis repetita] A la lecture de la quatrième de couv’ des Editions J’Ai Lu on est en droit de se demander si le gars a vraiment lu le bouquin, trois erreurs en seulement quelques lignes c’est fort quand même. D’une part l’intrigue ne démarre pas quand le fils de Sam se fait enlever puisqu’il est toujours à sa recherche au moment du deal proposé par Tremaine. D’autre part le gamin n’est pas détenu par le cartel des Cinq Soleils mais par les Neufs Soleils, organisation criminelle certes mais jamais désignée comme un cartel. Enfin Sam doit éliminer une seule et unique cible un étudiant hacker et non un étudiant et un hacker. [FIN D’ALERTE SPOILERS N°2]

[BOUQUINS] Jeff Abbott – Adrénaline

J. Abbott - AdrénalinePar curiosité (ça fait déjà quelques temps que cet auteur me fait de l’oeil) je me suis offert le dernier Jeff Abbott, Last Minute et là, Ô rage, Ô désespoir, je découvre que c’est le second volet d’une série consacrée au personnage de Sam Capra. Coup de bol j’ai justement le premier opus qui traîne depuis un bail dans mon Stock à Lire Numérique, commençons par le début donc avec Adrénaline de Jeff Abbott.
Sam Capra travaille pour le bureau londonien de la CIA. Un matin sa femme, enceinte leur premier enfant, l’appelle et l’implore de quitter le bureau immédiatement. A peine est-il arrivé dans la rue qu’une explosion détruit les locaux de l’Agence et Lucy est enlevée sous ses yeux. Unique survivant de l’explosion, il fait office de coupable idéal pour la CIA. Sam Capra va devoir se battre pour rétablir la vérité, mais aussi et surtout pour sa femme et son enfant…
Et bin voilà, veni, vidi, vici comme dirait le grand Julot. Un auteur de plus à suivre de près. Jeff Abbott nous propose une intrigue qui oscille entre le romand d’espionnage et le thriller plus classique mais qui tient globalement la route. Un titre largement mérité tant le rythme est soutenu de la première à la dernière page avec des rebondissements à la pelle.
Les personnages sont bien travaillés même si parfois Sam Capra fait un peu penser à l’archétype du héros 100% américain WASP, un dur à cuire limite indestructible. Ce n’est pas le premier et certainement pas le dernier, ça doit rassurer le lecteur américain de savoir qu’ils sont toujours les plus forts… Pour ma part j’avoue avoir plutôt eu un faible pour le personnage de Mila, une nana déterminée, implacable et pleine de mystères ; nul doute qu’on devrait la retrouver dans le(s) prochain(s) volet(s) de la saga Sam Capra.
Et oui on peut bel et bien parler de saga puisqu’à ce jour l’auteur a déjà consacré trois romans et une nouvelle à son héros. En France les Editions J’ai Lu proposent les deux premiers roman, on devrait avoir le droit à la série complète il faut juste se montrer patient.
Et justement c’est là que le bât blesse, la fin de ce premier opus laisse planer un paquet de questions du coup on referme le bouquin un tantinet frustré. Pas le choix pour la suite de mon programme littéraire, j’attaque directement avec Last Minute

[BOUQUINS] Daniel Keyes – Algernon, Charlie Et Moi

C’est la première fois que je consacre deux posts à un même bouquin, ou presque, ayant reçu la version enrichie Des Fleurs Pour Algernon de Daniel Keyes, je n’ai pu résister à l’envie de me plonger dans la lecture des « bonus », à savoir l’essai Algernon, Charlie & Moi et la nouvelle originale. A livre exceptionnel, chronique exceptionnelle, logique non ? Et puis il peut presque faire office d’invité surprise dans mon challenge 100% SF.
Pour info la couverture qui illustre ce post est celle d’une précédente édition regroupant l’essai et la nouvelle proposée par J’Ai Lu.

D. Keyes - Algernon, Charlie Et MoiAlgernon, Charlie Et Moi
Dans cet essai autobiographique l’auteur revient sur son parcours personnel et professionnel (de la marine marchande à l’enseignement universitaire en passant par divers boulots) mais surtout sur tout le processus qui a conduit à la nouvelle, puis au roman, qui lui vaudront une reconnaissance internationale. S’il a écrit cet essai plus de quarante ans après la sortie du roman c’est dire si le personnage de Charlie Gordon l’a marqué.
Le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne s’est pas fait en un jour, il y a d’abord eu un nom qui a retenu son attention (Algernon), puis une idée (qu’est-ce que ça ferait de devenir plus intelligent ?) qu’il a fallu étoffer (notamment avec l’idée de la régression) et mettre en forme et enfin le nom de son personnage principal (Charlie Gordon) ; une fois que tout s’est mis en place (ça a quand même pris pas loin d’une quinzaine d’années), Daniel Keyes a dû lutter becs et ongles contre les éditeurs qui demandaient des coupes franches ou, pire encore, un happy end.
Une fois la nouvelle parue et saluée unanimement, l’auteur a rapidement eu envie d’en faire un roman, certains passages ont été retouchés, d’autres ajoutés, mais tout à été fait (même si ça peut paraître bizarre de à imaginer) dans « l’intérêt de Charlie Gordon » ; m’est d’avis que rarement un auteur s’est autant identifié à son personnage pour créer l’univers qui l’entoure. Après de nouvelles prises de bec avec les éditeurs, le roman voit le jour et est salué presque unanimement (une seule critique négative).
L’auteur mentionne diverses adaptation Des Fleurs Pour Algernon : un téléfilm (1967, avec Cliff Robertson dans le rôle de Charlie) suivi d’un film (Charly, 1968 avec de nouveau Cliff Robertson, oscarisé pour son interprétation) et même une comédie musicale. En 2000 l’auteur donnera son accord pour un nouveau téléfilm, le rôle de Charlie sera tenu par Matthew Modine. Depuis il y en eu d’autres (plus ou moins réussies il semblerait) : un téléfilm franco-suisse (2006, avec Julien Boisselier) et une pièce de théâtre (2012, avec Grégory Gadebois). En 2009/2010 il était même question d’une nouvelle adaptation menée par Will Smith (comme producteur et acteur) et Gabriele Muccino (à la réalisation) ; mais depuis je ne saurai vous dire si l’idée poursuit son chemin ou a été abandonnée.
Le fait que Daniel Keyes ait ressenti le besoin d’écrire cet essai 40 ans après la parution de la nouvelle en dit long sur la place qu’occupent Charlie Gordon et Algernon dans sa vie.

Des Fleurs Pour Algernon (nouvelle)
La lecture de la nouvelle après avoir lu le roman n’apporte strictement rien, sinon de se rendre compte des changements et évolutions apportées par le roman, par définition ce dernier est beaucoup plus riche. Toutefois j’ai apprécié de découvrir le texte original, en quelques pages il distille une charge émotionnelle impressionnante.

Cette lecture n’a fait que confirmer mon engouement pour ce roman exceptionnel, je pense prochainement me pencher sur deux autres titres de l’auteur consacrés à Billy Milligan, un criminel des années 70 qui présente la particularité d’abriter plusieurs personnalités (pas moins de 24) dans un même corps.

[BOUQUINS] Paolo Bacigalupi – La Fille Automate

P. Bacigalupi - La Fille AutomateC’est d’abord la couverture qui m’a attiré (en l’occurence la couv’ originale francisée par Les Hérétiques, ô combien plus réussie que la couv’ française officielle), la quatrième de couv’ étant plutôt sympa, il n’en fallait pas moins pour que La Fille Automate de Paolo Bacigalupi finisse dans mon Stock à Lire ;  quelques critiques enthousiastes (dont celle de Gruz) et un challenge 100% SF remettront le titre à l’ordre du jour.
Quatrième de couv’ : « Dans un futur proche où le tarissement des énergies fossiles a radicalement modifié la géopolitique mondiale, la maîtrise de la bio-ingénierie est devenue le nerf d’une guerre industrielle sans merci. Anderson Lake travaille à Bangkok pour le compte d’un géant américain de l’agroalimentaire. Il arpente les marchés à la recherche de souches locales au coeur de bien des enjeux. Son chemin croise celui d’Emiko, la fille automate, une créature étrange et belle, créée de toutes pièces pour satisfaire les caprices décadents des puissants qui la possèdent, mais désormais sans plus d’attaches. »
Si j’ai opté pour la solution de facilité en proposant un copier-coller ce n’est pas par fainéantise mais plutôt parce que ce bouquin est d’une incroyable richesse de part les multiples thèmes qu’il aborde (politique, écologie, génétique, religion, corruption, tolérance…). Par contre pour entrer dans l’univers de l’auteur il falloir vous accrocher, les premiers chapitres pourront rebuter les moins tenaces mais, même si je reconnais que la prise en main est laborieuse au début, je vous invite à persévérer, le récit devient rapidement addictif et vous ne devriez pas le regretter.
La première surprise vient justement de l’univers du roman, une vision plutôt sombre de notre devenir, une Terre ravagée par les catastrophes naturelles, les épidémies et les guerres, le terrain est dorénavant franchement hostile ; on se retrouve au coeur d’un décor à la fois futuriste et passéiste (certaines technologies appartiennent clairement au futur alors que d’autres, de notre présent, semblent avoir disparues). D’autre part c’est plutôt original de choisir pour cadre la Thaïlande, devenue un avant poste de la biogénétique, seule chance de survie de l’humanité, mais instable sur le plan politique ; exotique certes mais en contrepartie ça complique un peu la donne pour retenir les noms propres ainsi que certains termes locaux.
La densité du bouquin tient autant dans le nombre de ses personnages que dans les différentes intrigues qui semblent, de prime abord, sans rapport les unes avec les autres mais finissent par se lier en un tout particulièrement soigné (même si certains personnages subissent l’intrigue plus qu’ils n’y prennent part activement). Si l’intrigue peine un peu à se mettre en branle je peux vous garantir que par la suite on a l’impression d’être au coeur d’un thriller tant le rythme est soutenu et les rebondissements ne manquent pas (jusqu’au dernier chapitre vous serez surpris).
Contrairement à ce que pourrait laisser supposer son nom l’auteur est américain, La Fille Automate est son premier roman, publié en 2009 aux USA (2012 en France) il a été récompensé des prix les plus prestigieux Nebula (meilleur roman en 2009), Hugo (meilleur roman en 2010) et Locus (meilleur premier roman en 2010) pour ne citer qu’eux ; pas mal pour un coup d’essai. Depuis l’auteur a publié deux autres titres, encore inédits en français, mais je suis curieux de les découvrir tant celui-ci m’aura mis l’eau à la bouche…