[BOUQUINS] Chuck Palahniuk & Cameron Stewart – Fight Club 2

AU MENU DU JOUR


Titre : Fight Club 2
Scénario : Chuck Palahniuk
Dessin : Cameron Stewart
Couleur : Dave Stewart
Éditeur : Super 8
Parution : 2016
Origine : États-Unis (2015/2016)
304 pages

De quoi ça cause ?

Dix ans se sont écoulés depuis la fin du Fight Club et la disparition de Tyler Durden. Débarrassé de son double maléfique, Sebastian s’enlise dans la monotonie de son quotidien. Son couple bat de l’aile, son fils passe son temps libre à essayer de fabriquer du salpêtre artisanal.

Contre toute attente Tyler Durden va resurgir dans la vie de Sebastian, plus déterminé que jamais à faire aboutir ses projets chaotiques et destructeurs…

Ma Chronique

Ca fait déjà quelques années que ce roman graphique traîne dans mes lectures en attente, j’avoue que j’étais tiraillé entre l’envie de découvrir si cette suite serait à la hauteur de son illustre aîné, et par l’absurdité de donner une suite à une œuvre devenue culte dont la fin n’appelle aucune séquelle…

À la base Fight Club est un roman de Chuck Palahniuk publié en 1996 ; un premier roman pour le moins audacieux qui fera l’effet – sans vouloir tomber dans la facilité – d’un uppercut. En 1999, il sera porté à l’écran par David Fincher avec Brad Pitt et Edward Norton dans les rôles principaux (respectivement Tyler Durden et le narrateur), une adaptation (édulcorée) qui rend fidèlement hommage au roman.

Sans vouloir spoiler ceux et celles qui n’auraient pas lu et/ou vu Fight Club, le final était le véritable point d’orgue du récit et n’appelait aucune suite.

Et pourtant vingt plus tard Chuck Palahniuk ose non seulement proposer une suite à son chef d’œuvre, mais opte en plus pour un feuilleton graphique illustré par Cameron Stewart et colorisé par Dave Stewart. Initialement paru en 10 épisodes entre mai 2015 et mars 2016, les éditions Super 8 proposent au public français de découvrir la chose en un volume unique.

Si l’idée de départ (reprendre la vie du narrateur – désormais appelé Sebastian – dix ans après les événements de Fight Club), force est de reconnaître que rapidement on perd pied… à se demander si ce scénario n’a pas été imaginé sous acide ou autre substance hautement hallucinogène. Une chose est sûre pour moi on est plus près du very bad trip que de l’extase.

Il y a bien quelques bonnes idées, mais globalement j’avoue que je suis totalement passé à côté du truc… en admettant qu’il y ait un truc à capter. L’auteur pousse même le vice à se mettre en œuvre comme acteur de son intrigue. Ce qui donne lieu à un final qui vire dans le burlesque, voire le franchement grotesque.

Si le scénario part clairement en cacahuètes, le dessin est plutôt réussi, avec en prime quelques effets visuels surprenants. On va dire que ça évite le naufrage pur et dur sans toutefois sauver l’essentiel.

En « bonus » le roman graphique s’achève sur une fin alternative de Fight Club (le premier du nom) ; vous l’aurez peut-être compris avant que je ne partage mon opinion sur la question (les guillemets autour de bonus devraient vous mettre sur la voie), à l’image de cette suite, la revisite du final ne se justifiait en rien.

Ma curiosité n’espérait pas grand-chose de cette suite… c’est bien le seul point sur lequel ce Fight Club 2 a été à la hauteur de mes attentes. Qu’un auteur s’amuse à déstructurer son œuvre primaire aurait pu être une approche intéressante, mais de là à la dénaturer il n’y a qu’un pas… un pas trop souvent franchi dans cette suite.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Guillaume Musso – L’Inconnue De La Seine

AU MENU DU JOUR


Titre : L’Inconnue De La Seine
Auteur : Guillaume Musso
Éditeur : Calmann-Lévy
Parution : 2021
Origine : France
432 pages

De quoi ça cause ?

Roxane Montchrestien, capitaine de police se retrouve mise au placard à la Brigade des Affaires Non Conventionnelles ; une brigade fantôme dont elle sera le seul élément, hormis une stagiaire embauchée par son prédécesseur.

À peine installée, Roxane se retrouve confrontée à une affaire hors norme. À quelques jours de Noël, une inconnue est repêchée nue et amnésique dans la Seine avant de disparaitre au cours de son transfert vers un établissement hospitalier.

Les résultats des analyses ADN sont formels, l’inconnue est Milena Bergmann, une célèbre pianiste allemande… décédée dans un crash aérien survenu un an plus tôt.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Guillaume Musso, cela fait maintenant 10 ans que je le suis de façon inconditionnelle et je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin.

Ma Chronique

Guillaume Musso a déjà largement démontré qu’il n’avait plus rien à prouver quant à sa maîtrise des règles du polar, des règles qu’il prend même plaisir à tordre et distordre au fil de ses romans afin qu’aucun ne ressemble aux précédents. Et c’est précisément à ce petit jeu qu’il se livre à l’occasion de ce nouvel opus.

Pour la petite histoire c’est le quatrième roman consécutif de l’auteur dont l’intrigue tourne autour ou implique un écrivain. Sans forcément décortiquer le processus créatif de l’écrivain, force est de constater que bien souvent les auteurs mis en scène par Guillaume Musso ont des personnalités complexes avec un côté obscur plus ou moins affirmé.

Cette fois l’auteur en question, Raphaël Batailley, va se retrouver bien malgré lui impliqué dans une intrigue qui dépasse l’entendement.

Il faut bien reconnaître que si l’affaire commence comme un fait divers assez banal (une nana sauvée de la noyade par la brigade fluviale), les choses vont rapidement se corser et prendre un tour totalement inattendu. À tel point que l’on en viendra même à se demander si Guillaume Musso n’aurait pas été aspiré dans la quatrième dimension pour nous livrer sa nouvelle intrigue. Que nenni ! Restons terre à terre et cartésiens… la réalité (littéraire) dépasse parfois les frontières de l’imaginaire, pour se révéler bien plus complexe et machiavélique que ce à quoi on pouvait s’attendre.

Point de fantastique donc mais un polar pur et dur mené par Roxane Montchrestien, une policière mise au placard mais déterminée à rebondir bien que largement désabusée et désillusionnée par le métier de flic (il faut bien avouer que quand une foule de connards décérébrés gueule aux flics « SUICIDEZ VOUS ! », ça donne envie de sortir l’artillerie lourde et de tirer dans ce tas de merde). Une enquête qui va rapidement s’avérer addictive tant elle est riche en surprises et rebondissements.

Une intrigue chorale qui donnera aussi voix à Raphaël Batailley, un écrivain brillant torturé par un passé douloureux, qui va se retrouver bien malgré lui (même si, à l’insu de son plein gré, c’est lui qui a mis en branle cette mécanique infernale) entraîné dans une mise en scène perverse et implacable. Aura aussi voix au chapitre, son père, Marc Batailley, un flic qui a connu son heure de gloire au sein de la Crim’ marseillaise avant de se retrouver placardisé à la tête de cette fameuse Brigade des Affaires Non Conventionnelle, aujourd’hui dans le coma à la suite d’une mauvaise chute (?).

Même si le bouquin est prenant de bout en bout, il m’a laissé un amer sentiment d’inachevé quand je l’ai refermé.

Concernant le personnage de Roxanne, j’aurai aimé comprendre les raisons de cette soudaine mise au placard. De même elle semble faire état d’un événement survenu pendant son année d’hypokhâgne (1ère année de prépa à Normale sup section littéraire) qui aurait justifié ce brusque changement d’orientation professionnelle, mais le lecteur est condamné à rester dans l’ignorance.

Quid de la chute de Marc Batailley ? Son enquête personnelle était pas loin d’aboutir, de là à penser que sa chute ne serait pas si accidentelle que l’on veut bien nous le faire croire il n’y a qu’un pas. Rien de vient confirmer ou infirmer cette impression.

Dommage que le personnage de Valentine, qui apporte une touche de fraîcheur et de dynamisme au récit, n’ait pas été davantage mis en valeur.

Dernier bémol, et non des moindre, la fin, un peu trop ouverte à mon goût, me laisse sur ma faim. D’où le sentiment d’inachevé en refermant le bouquin.

Une intrigue maîtrisée avec des personnages forts mais qui manque de profondeur sur certains aspects… Dommage ça aurait pu être un gros WAOW ! Ce sera finalement un simple Hmouais, pas mal mais peut mieux faire.

Le point de départ de son intrigue – tout comme le titre de son roman – s’inspire d’une noyade qui serait survenue à la fin du XIXe siècle, l’employé de la morgue, subjugué par la beauté de la victime, aurait alors réalisé un moulage en plâtre de son visage. Ainsi naquit la légende de l’Inconnue de la Seine… où s’arrête la réalité, où commence la légende ? Nul ne le saura jamais.

MON VERDICT

 Palmarès du classico Marc Levy vs Guillaume Musso depuis 2012

2021 : Marc Levy (Le Crépuscule Des Fauves)
2020 : Marc Levy (C’Est Arrivé La Nuit)
2019 : Guillaume Musso (La Vie Secrète Des Écrivains)
2018 : Guillaume Musso (La Jeune Fille Et La Nuit)
2017 : Marc Levy (La Dernière Des Stanfield)
2016 : Marc Levy (L’Horizon A L’Envers)
2015 : Guillaume Musso (L’Instant Présent)
2014 : Guillaume Musso (Central Park)
2013 : Guillaume Musso (Demain)
2012 : Marc Levy (Si C’Était À Refaire)

Marc Levy : 5 – Guillaume Musso : 5
Égalité

[BRD] Free Guy

À L’AFFICHE DU JOUR


Titre : Free Guy
Réalisation : Shawn Levy
Production : 20th Century Fox
Distribution : The Walt Disney Company
Origine : États-Unis
Durée : 1h55

Casting

Ryan Reynolds : Guy
Jodie Comer : Millie / Molotov Girl
Joe Keery : Keys
Lil Rel Howery : Buddy
Utkarsh Ambudkar : Mouser
Taika Waititi : Antwan

Le pitch

Un employé de banque, découvrant un jour qu’il n’est en fait qu’un personnage non joueur dans un jeu vidéo en ligne, décide de devenir le héros de sa propre histoire quand il croise la route de Molotov Girl. Ensemble, ils vont tout mettre en œuvre pour sauver le monde de Free City, avant qu’il ne soit trop tard…

Ma chronique

Dès que j’ai entendu parler de ce film ça a fait tilt dans mon neurone défaillant, la bande annonce n’a fait qu’attiser davantage ma curiosité. Il m’aura fallu un peu de temps mais j’ai fini par pouvoir le visionner et franchement je ne le regrette pas, il a été à la hauteur de mes espérances, et même au-delà !

De prime abord on pouvait s’attendre à un pur divertissement, une comédie bourrée d’action et un peu barrée… et ça me convenait parfaitement. Mais il y a un peu plus que ça, une profondeur inattendue qui apporte un réel plus au film (et donc au spectateur).

Ryan Reynolds, qui interprète Guy, est brillant dans le rôle du personnage un peu candide (voire franchement cucul) qui décide du jour au lendemain de prendre sa vie en main et de changer un destin tout tracé (un tant que PNJ il répète inlassablement les mêmes actions jour après jour). Son personnage évolue au fil des événements, sans toutefois totalement perdre son innocence et sa capacité à s’émerveiller de tout ce qui révèle à lui.

Il est secondé par Jodie Comer (la Vilanelle de la série Killing Eve) qui impose sa présence et son charisme sans avoir besoin de surjouer. Un rôle qu’elle doit interpréter dans deux contextes distincts, d’une part dans le monde virtuel de Free City où elle est Molotov Girl ; d’autre part dans la vrai e vie où elle est Millie. Dans les deux cas son objectif est le même, prouver que Antwan (le grand patron des studios Soonami) lui a volé son projet pour créer Free City.

Les personnages secondaires ne sont pas pour autant laissés sur le carreau. À commencer par Keys, ancien « associé » de Millie qui travaille désormais comme développeur pour Antwan mais qui va assez vite s’avérer beaucoup moins effacé qu’il n’y parait. De son côté Antwan s’illustre surtout par un égo surdéveloppé et des crises de colère irraisonnées. Et dans le monde de Free City, Buddy, le collège PNJ de Guy, est partagé entre son amitié pour Guy et la crainte de le suivre hors des clous.

Car c’est bien là l’une des grandes forces de ce film, une même intrigue qui se joue à la fois dans le monde virtuel de Free City (une espèce GTA en version hardcore, la violence sans limite est le maître mot du jeu), et le monde réel. Une intrigue qui fait la part belle à l’action mais aussi aux relations entre les personnages.

Au premier degré on peut voir en Guy un PNJ qui va développer sa propre intelligence artificielle pour se sortir d’une routine codée (ce qui est aussi l’origine du projet crée par Millie et Keys). Si on pousse la réflexion un peu plus loin, le même raisonnement peut s’appliquer à n’importe qui dans le monde réel, doit-on se contenter de suivre son prétendu destin ou doit-on, au contraire, prendre en main sa destinée ? Ce n’est certes pas la réflexion qui va révolutionner le monde de la philosophie contemporaine, mais l’approche n’en demeure pas moins intéressante.

Une double lecture qui assume pleinement son côté divertissement et fait du bien aux zygomatiques sans toutefois plonger les neurones en profonde léthargie.

Visuellement le film est irréprochable, l’image est nickel et les effets spéciaux parfaitement maîtrisés et intégrés à l’intrigue (il faut dire que le côté virtuel repousse les limites). Les amateurs repéreront sans mal de nombreuses références à la pop culture, et notamment au monde des jeux vidéo.

Une opération payante pour la 20th Century Fox et les studios Disney qui, avec une mise de départ relativement modeste (modestie hollywoodienne cela s’entend) de 91 millions de dollars, ils affichent à ce jour un box-office mondial dépassant les 331 millions de dollars.

♥♥♥♥½

[BOUQUINS] Anonyme (Bourbon Kid) – Santa Mondega

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Titre : Santa Mondega
Série : Bourbon Kid – Livre 9
Auteur : Anonyme
Éditeur : Sonatine
Parution : 2021
Origine : États-Unis (2020)
648 pages

De quoi ça cause ?

Finalement peut-être que le Bourbon Kid n’aurait pas dû promettre au Diable qu’il était le prochain sur sa liste… C’est qu’il est susceptible le Scratch, jugeant qu’il vaut mieux prévenir que guérir il convoque au Purgatoire les pires tueurs à gages et toute une armada de créatures d’outre-tombe.

Leurs cibles ? Les Dead Hunters et bien entendu le Bourbon Kid… plutôt morts que vifs ! La chasse est ouverte…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Sonatine et parce que c’est le Bourbon Kid, deux raisons qui suffisent à faire de ce bouquin un incontournable de cette rentrée littéraire.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Ce neuvième opus de la saga du Bourbon Kid démarre exactement là où s’arrêtait le précédent, Que Le Diable L’Emporte. Pour rappel le Kid renvoyait à Scratch (le Diable) les restes de son envoyé spécial avec la promesse qu’il serait le prochain sur sa liste. Autant dire que Scratch n’a que très moyennement apprécié le message…

Branle-bas de combat au Purgatoire ! Scratch rassemble et renforce ses troupes dans le but d’en finir, une bonne fois pour toutes, avec les Dead Hunters et le Bourbon Kid.

Un postulat de départ qui ouvre les portes à tous les excès… trop peut-être ! Si on retrouve avec plaisir une intrigue plus déjantée et plus trash que jamais, force est de constater que la sensation de déjà-vu gâche un peu le plaisir, idem pour l’effet de répétition de certaines séquences.

Au niveau des personnages le sentiment est tout aussi mitigé. Évidemment que l’on prend plaisir à renouer avec les Dead Hunters, le Bourbon Kid, Sanchez et même Scratch… d’autant que tous sont au sommet de leur forme ! Le bât blesse davantage au niveau de la horde de tueurs à gages que convoque Scratch, je pense qu’il eut été préférable qu’il y ait moins de tueurs mais qu’ils soient mieux exploités (certains font un passage express avant d’être éliminés).

Au chapitre des nouveauté on peut toutefois signaler que les tueurs de Scratch et les Dead Hunters vont faire la connaissance d’Arizona, qui n’est autre que la fille du président des Etats-Unis… Bin oui, rien que ça ! Et le pire c’est que ça ne nous surprend pas plus que ça. Avec le Bourbon Kid, le champ des possibles est infini.

Hormis ces deux petits bémols, la lecture de roman est toujours aussi jouissive. Du grand portnawak où tout est permis, même le plus invraisemblable… j’oserai même dire que plus c’est gros et mieux ça passe (sans aucune allusion grivoise ou déplacée). Une ultime aventure qui tombe à point avant que le soufflé, jusque-là parfaitement maîtrisé, ne s’effondre faut de matière.

Ultime aventure ? Tout porte en effet à croire que le Kid et ses potes nous offrent leur dernier coup d’éclat. D’une part le final met un terme à l’histoire (à moins de repartir sur un nouvel arc narratif… ce qui ne serait pas forcément le choix le plus judicieux). D’autre part (et là c’est encore plus flagrant), parce que l’habituelle mention « FIN (peut-être…) » cède sa place à un « FIN » sans appel. Une conclusion qui ne sera pas en forme d’apothéose mais qui reste toutefois fidèle à l’esprit de la série.

 Je suis vachement surpris qu’après neuf romans et plus de dix ans de sévices littéraires, notre Anonyme préféré (bien souvent associé à son héros, Bourbon Kid) ait su préserver son anonymat, même sa nationalité (britannique ou américaine ?) est auréolée d’incertitude. De nombreux noms ont circulé çà et là, tous ont été démentis… et le mystère reste entier à ce jour !

MON VERDICT

[BOUQUINS] Dorison, Bajram, Cossu, Sentenac & Guillo – Goldorak

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Titre : Goldorak
Scénario : Xavier Dorison & Denis Bajram
Dessin : Denis Bajram, Brice Cossu & Alexis Sentenac
Couleur : Yoann Guillo
Éditeur : Kana
Parution : 2021
Origine : France
168 pages

De quoi ça cause ?

Dix ans se sont écoulés depuis que la Patrouille des Aigles a défait les forces de Véga et qu’Actarus, aux commandes de Goldorak, est retourné sur Euphor pour essayer de redonner vie à son monde d’origine.

Alors que l’humanité se croyait définitivement hors de portée de la menace de Véga, une soucoupe amirale extra-terrestre apparaît dans le ciel japonais et déploie le plus puissant golgoth de leur armada, l’Hydragon, sur Tokyo…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Goldorak tout simplement ! Le grand retour d’un héros devenu culte que l’on doit à cinq Français, fans de la première heure, avec la bénédiction du mangaka Go Nagai.

Ma Chronique

Si à l’origine Goldorak (Grendizer en VO) est un manga créé par Go Nagai en 1975, le public français le découvrira en 1978 dans l’émission Récré A2 animée par Dorothée (c’est d’ailleurs grâce à elle que la France s’ouvrira aux animes made in Japan et aux mangas).

Force est de reconnaître que l’arrivée de Goldorak sur nos petits écrans était une véritable révolution en soi, ce programme et d’autres proposés par Récré A2 puis par le Club Dorothée proposait du jamais vu en France. Je n’ai pas adhéré à tous leurs dessins animés, mais j’ai tout de suite accroché à Goldorak, et ultérieurement à Albator (1980) et à Ken le Survivant (1989).

Il fallait être sacrément couillu pour reprendre le flambeau plus de 40 ans après la fin de la série… et aussi sacrément fan et motivé pour qu’un tel projet (un peu dingue) obtienne l’adoubement du « père » de Goldorak, le mangaka Go Nagai. Un challenge relevé et remporté par cinq Français.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais répondre à la question que vous vous posez peut-être : cette BD s’adresse-t-elle aux seuls fans de Goldorak ? Au risque de passer pour réducteur, je serai tenté de répondre par un oui franc ; c’est clairement la cible première qui va se jeter sur cette BD.

Sur la forme la BD est au format classique (lecture de gauche à droite, puis de haut en bas) plutôt que d’adopter une lecture façon manga (de droite à gauche, puis de haut en bas).

Les auteurs ont eu la bonne idée de proposer un résumé de la série avant de lancer leur propre intrigue. Intrigue sur laquelle je ne vais pas m’appesantir afin de garder intact le plaisir de la découverte. Je dirai simplement qu’elle reste fidèle à l’esprit imaginé par Go Nagai, sans pour autant faire dans le copier-coller basique. Un hommage réussi et brillant.

Une intrigue qui se situe donc dix années après la fin de la série. On retrouve avec plaisir nos personnages préférés ; à commencer par la fameuse Patrouille des Aigles (Actarus, Alcor, Venusia et Phenicia), le Professeur Procyon et les résidents du ranch du bouleau blanc (Rigel, Mizar et Banta).

Des personnages qui ont gagné en maturité, ainsi Alcor est un homme d’affaires à la tête d’une entreprise leader dans son secteur et Venusia est une brillante et prometteuse interne en chirurgie. Actarus n’est plus le héros fougueux qu’il était, marqué par des années de combat et l’échec de renaissance pour Euphor, il navigue entre questionnements, doutes et désillusions. La grande surprise vient de Rigel, dans l’anime il apportait une touche comique plus qu’autre chose, ici il est d’une grande sagesse et son l’expérience qu’il partagera avec Actarus offrira au prince d’Euphor une issue au conflit sans combats.

Du côté des forces de Véga, forcément on découvre une nouvelle unité, la Division Ruine. Si l’ultimatum de base reste 100% dans l’esprit Véga, la suite des événements réservera quelques surprises… sur lesquelles je ne m’attarderai pas. Une approche inédite de la problématique végalienne qui permet aux lecteurs de mieux comprendre (à défaut d’approuver) leur démarche.

Si le général Arkhen est plutôt modéré (pour un végalien), son lieutenant, Kehos, est lui animé par une haine farouche et une soif de vengeance à l’encontre d’Actarus.

Si cette BD (que l’on peut qualifier de roman graphique au vu de sa richesse) laisse une place de choix à l’action, elle brille surtout par la profondeur psychologique accordée aux personnages. Ce qui ne fait que confirmer mon impression, au risque de me répéter, que les auteurs s’adressent aux fans de la première heure de Goldorak, des enfants / adolescents, devenus des adultes qui ont (a priori) gagné en maturité.

Le dessin (trait et couleur) reste fidèle à l’original tout en étant résolument moderne, le résultat est tout simplement époustouflant !

Vous l’aurez compris, cette suite est une totale réussite. À la fois un hommage brillant et un second souffle audacieux totalement maîtrisé.

La BD est complétée par un making of d’une trentaine de pages, outre la genèse de ce projet un peu fou (et de longue haleine), les auteurs nous présentent les différentes étapes du processus créatif, du story-board à la page colorisée.

Une BD achetée en numérique (et commandée en version papier) qui m’aura donné bien du fil à retordre pour la lecture. Le fichier reçu est protégé par un chiffrage LCP et n’est lisible que via le logiciel Thorium. Logiciel gratuit certes, mais qui ne fonctionne qu’en version 64 bits alors que mon système est en 32 bits… Je vous passe les détails quant aux ruses de Sioux que j’ai dû employer afin de contourner le problème.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jean-Christophe Grangé – Les Promises

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Titre : Les Promises
Auteur : Jean-Christophe Grangé
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2021
Origine : France
656 pages

De quoi ça cause ?

Berlin 1939. L’Allemagne nazie est aux portes de la guerre, c’est dans ce contexte qu’un mystérieux tueur en série choisit ses victimes parmi les épouses de dignitaires du régime.

Avant que l’affaire ne s’ébruite, la Gestapo charge l’officier SS Franz Beewen de résoudre cette affaire aussi discrètement que rapidement. L’enquête piétinant Beewen va solliciter – à contrecœur – l’aide de Simon Kraus, un psychiatre qui suivait les victimes et de Minna von Hassel, directrice de l’asile d’aliénés dans lequel son père est suivi.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Jean-Christophe Grangé, un auteur (peut-être même le seul) que je suis depuis ses débuts et dont je n’ai raté aucun titre. Non seulement il s’écarte de la série TV Les Rivières Pourpres (les deux précédents romans étant l’adaptation littéraire des deux premières saisons de la série), mais en plus il s’aventure, pour la première fois, dans le thriller sur fond historique.

Ma Chronique

En découvrant le pitch de son dernier roman, Les Promises, j’ai été agréablement surpris de constater que Jean-Christophe Grangé s’écartait de la série TV Les Rivières Pourpres (série dont il est le scénariste). Même si j’ai bien aimé ses deux précédents romans, inspirés respectivement de la première et de la seconde saison de la série TV, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’il jouait la carte de la facilité en développant de façon plus littéraire un scénario déjà écrit.

La seconde surprise vient du fait que malgré une carrière littéraire bien garnie (15 romans publiés entre 1994 et 2020), l’auteur est encore capable de surprendre ses lecteurs en s’aventurant sur des sentiers qu’il n’avait jamais explorés par le passé. En effet ce seizième roman s’inscrit clairement comme un thriller historique en se plaçant dans l’Allemagne nazie aux portes de la Seconde Guerre mondiale.

Certains de ses romans antérieurs étaient fortement empreints d’événements historiques survenus antérieurement à l’intrigue, mais ladite intrigue restait contemporaine. Dans Les Promises l’auteur place ses personnages au cœur d’un passé aussi trouble qu’obscur.

Le choix peut surprendre, mais Jean-Christophe Grangé l’explique en l’inscrivant comme une évidence dans son parcours littéraire. En effet l’auteur explique avoir exploré les différentes facettes du mal tout au long de son œuvre, il lui semblait donc impossible de faire l’impasse sur le nazisme qui est quand même le pire du pire dans le genre.

Jusqu’au-boutiste et perfectionniste, on devine que l’auteur a dû se livrer à un énorme travail de documentation afin de restituer le Berlin de 1939 et la vie des berlinois(es) totalement réaliste. Sans être un spécialiste (loin s’en faut) j’ai été en totale immersion dans ce contexte très particulier où le contraste entre les petits protégés du Reich et ses ennemis (avérés ou supposés) est aussi saisissant que glaçant.

Rien de nouveau sous le soleil noir du Reich me direz-vous, en effet l’auteur n’invente rien en prenant la Seconde Guerre mondiale comme cadre de son intrigue, même le point de vue allemand a été lu et relu, mais Jean-Christophe Grangé nous propose de suivre l’affaire d’un point de vue militaire, mais aussi civil.

Le point de vue militaire est assuré par Franz Beewen, un officier SS travaillant à la Gestapo qui attend la guerre avec impatience afin de pouvoir monter au front et se frotter aux Français. Pas franchement le profil type du gendre idéal !

Dépassé par les événements il va devoir, à contrecœur, s’associer avec deux psychiatres (une profession qui n’est pas vraiment en odeur de sainteté sous la bannière du Reich).

Simon Kraus connaissait les victimes qu’il suivait en thérapie ; un type égocentrique et opportuniste, complexé par sa petite taille qui couche avec ses patientes et accessoirement les fait chanter.

La moins pire du trio est Minna von Hassel, elle dirige un asile d’aliénés dans lequel le père de Franz est interné ; son pêché mignon est un net penchant pour les substances illicites. Issue d’une famille de la haute société, elle vomit le régime nazi sans toutefois chercher à le combattre.

Un trio qui n’est pas vraiment à même d’attirer l’empathie du lecteur, l’auteur saura malgré tout y faire pour nous les rendre attachants (à défaut d’être sympathiques). Trois enquêteurs qui n’en sont pas vraiment et qui vont devoir faire abstraction de leurs antagonismes et apprendre à travailler ensemble.

Niveau intrigue, Jean-Christophe Grangé nous livre un sans-faute maîtrisé de la première à la dernière page. Comme dans tout thriller réussi on a le droit aux fausses pistes et à des rebondissements plus ou moins imprévisibles.

Comme à son habitude l’auteur ne ménage pas ses efforts quand il s’agit de faire mourir ses personnages, et vous vous doutez bien qu’ils ne meurent pas paisiblement pendant leur sommeil. Toutefois il n’y a aucune surenchère gore ou trash, les victimes et les sévices qu’elles ont subis sont là pour servir l’intrigue.

Pour une première incursion dans le thriller historique, Grangé nous offre un grand cru et ajoute une corde à son arc (déjà bien – voire très bien – chargé).

Une petite précision pour clore cette chronique. S’il m’a fallu pas loin de trois semaines pour boucler la lecture du bouquin ce n’est pas sa qualité qui est à remettre en cause mais bel et bien mes disponibilités. Entre un emploi du temps professionnel particulièrement chargé et une période de confinement, les facteurs extérieurs se sont accumulés contre mon temps de lecture.

MON VERDICT