[BOUQUINS] Chuck Palahniuk & Cameron Stewart – Fight Club 2

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Titre : Fight Club 2
Scénario : Chuck Palahniuk
Dessin : Cameron Stewart
Couleur : Dave Stewart
Éditeur : Super 8
Parution : 2016
Origine : États-Unis (2015/2016)
304 pages

De quoi ça cause ?

Dix ans se sont écoulés depuis la fin du Fight Club et la disparition de Tyler Durden. Débarrassé de son double maléfique, Sebastian s’enlise dans la monotonie de son quotidien. Son couple bat de l’aile, son fils passe son temps libre à essayer de fabriquer du salpêtre artisanal.

Contre toute attente Tyler Durden va resurgir dans la vie de Sebastian, plus déterminé que jamais à faire aboutir ses projets chaotiques et destructeurs…

Ma Chronique

Ca fait déjà quelques années que ce roman graphique traîne dans mes lectures en attente, j’avoue que j’étais tiraillé entre l’envie de découvrir si cette suite serait à la hauteur de son illustre aîné, et par l’absurdité de donner une suite à une œuvre devenue culte dont la fin n’appelle aucune séquelle…

À la base Fight Club est un roman de Chuck Palahniuk publié en 1996 ; un premier roman pour le moins audacieux qui fera l’effet – sans vouloir tomber dans la facilité – d’un uppercut. En 1999, il sera porté à l’écran par David Fincher avec Brad Pitt et Edward Norton dans les rôles principaux (respectivement Tyler Durden et le narrateur), une adaptation (édulcorée) qui rend fidèlement hommage au roman.

Sans vouloir spoiler ceux et celles qui n’auraient pas lu et/ou vu Fight Club, le final était le véritable point d’orgue du récit et n’appelait aucune suite.

Et pourtant vingt plus tard Chuck Palahniuk ose non seulement proposer une suite à son chef d’œuvre, mais opte en plus pour un feuilleton graphique illustré par Cameron Stewart et colorisé par Dave Stewart. Initialement paru en 10 épisodes entre mai 2015 et mars 2016, les éditions Super 8 proposent au public français de découvrir la chose en un volume unique.

Si l’idée de départ (reprendre la vie du narrateur – désormais appelé Sebastian – dix ans après les événements de Fight Club), force est de reconnaître que rapidement on perd pied… à se demander si ce scénario n’a pas été imaginé sous acide ou autre substance hautement hallucinogène. Une chose est sûre pour moi on est plus près du very bad trip que de l’extase.

Il y a bien quelques bonnes idées, mais globalement j’avoue que je suis totalement passé à côté du truc… en admettant qu’il y ait un truc à capter. L’auteur pousse même le vice à se mettre en œuvre comme acteur de son intrigue. Ce qui donne lieu à un final qui vire dans le burlesque, voire le franchement grotesque.

Si le scénario part clairement en cacahuètes, le dessin est plutôt réussi, avec en prime quelques effets visuels surprenants. On va dire que ça évite le naufrage pur et dur sans toutefois sauver l’essentiel.

En « bonus » le roman graphique s’achève sur une fin alternative de Fight Club (le premier du nom) ; vous l’aurez peut-être compris avant que je ne partage mon opinion sur la question (les guillemets autour de bonus devraient vous mettre sur la voie), à l’image de cette suite, la revisite du final ne se justifiait en rien.

Ma curiosité n’espérait pas grand-chose de cette suite… c’est bien le seul point sur lequel ce Fight Club 2 a été à la hauteur de mes attentes. Qu’un auteur s’amuse à déstructurer son œuvre primaire aurait pu être une approche intéressante, mais de là à la dénaturer il n’y a qu’un pas… un pas trop souvent franchi dans cette suite.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Chuck Palahniuk – Orgasme

X-rated

C. Palahniuk - OrgasmeEt hop nouvelle escapade dans le sulfureux monde de la littérature érotique, et plutôt bien accompagné sur ce coup puisque l’auteur n’est autre que Chuck Palahniuk et son dernier roman, Orgasme. Tout un programme !
Penny Harrigan est stagiaire dans un cabinet d’avocats quand elle rencontre, dans des circonstances peu flatteuses pour elle, Linus Maxwell, un milliardaire qui vient de rompre avec sa dernière conquête. Contre toute attente il l’invite à dîner, de fil en aiguille leur relation se transforme en liaison. Avec lui elle va découvrir l’extase sexuelle, l’orgasme, sous ses multiples facettes…
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce bouquin est pour le moins déconcertant, certes ça ne manque pas d’orgasmes mais ils sont traités comme des expériences scientifiques avec une rigueur totalement déshumanisée. Pas de place pour les sentiments, Penny devient la femme objet par excellence, un terrain d’expérimentation de sex-toys divers et variés. Pas franchement excitant tout ça. Et encore moins romantique.
A titre d’exemple voilà le genre de discours que peut tenir Maxwell : « Ne le prends pas mal, reprit-il à voix basse. Mais regarde-moi un peu ça. Tu as un vagin de compétition. Tes grandes lèvres sont parfaitement symétriques. Ton raphé est sublime. Le frein de ton clitoris et celui des petites lèvres… » Il semblait à court de mots. Il avait la main sur le cœur et poussait de longs soupirs. « D’un point de vue biologique, les hommes raffolent d’une telle homogénéité. Les proportions de tes parties génitales sont idéales. » Pour le commun des mortels ça se résumerait à un laconique : « J’adore ta chatte« …
De part son découpage aussi le bouquin est surprenant, mise en page minimaliste, aucun chapitrage, juste des sauts de lignes çà et là pour séparer les paragraphes. A force de passer de coq à l’âne on a parfois l’impression d’avoir sauté des pages, mais non. Les premières lignes vous mettront tout de suite dans le bain, Penny se fait violer en pleine audience au tribunal, dans l’indifférence générale. Ensuite flashback, on va peut être comprendre ce qui peut expliquer ce type de situation… ou pas.
A noter qu’en VO le titre est moins racoleur qu’en français, Beautiful You, tout simplement, en référence à la gamme de jouets sexuels que va diffuser Maxwell. De même la couverture est moins criarde… mais bon, le résultat est le même.
Il faut aborder le bouquin avec une bonne dose de second degré et le considérer comme une parodie poussée à l’extrême de la déferlante soft-porn spécial ménagère de moins de 50 ans qui fait la joie de ces dames, des libraires et des éditeurs. Franchement le sex-toy comme arme de domination massive ça le fait pas trop niveau crédibilité…
Grosso modo le bouquin se divise en trois parties. On commence par l’initiation de Penny, phase qui implique des expérimentations de plus en plus poussées en vue d’obtenir des orgasmes de plus en plus intenses. Puis il y a la commercialisation des produits Beautiful You et ses conséquences (un peu beaucoup too much). Enfin on assiste à la riposte de Penny qui va affronter son mentor sur son terrain de prédilection (déçu par cette dernière partie et la fin).
A travers son récit abracabrant Chuck Palahniuk nous livre aussi une satire au vitriol de la société de consommation dans laquelle la course au plaisir semble être l’unique raison d’être de certains. Une société qui rend les produits obsolètes prématurément à grand renfort de nouvelles versions, toujours plus performantes… et toujours plus chères que les précédentes.
Exciter la libido masculine a toujours été une stratégie marketing, et ce quel que soit le produit à promouvoir : « Pour vendre telle marque de bière, les médias n’avaient besoin que de montrer des corps féminins idéalisés, et les acheteurs masculins mordaient à l’hameçon. Si cette tactique vieille comme le monde donnait l’impression d’exploiter les femmes et de flatter bassement les appétits masculins, des observateurs avisés avaient vu combien l’esprit des hommes intelligents – leurs idées, leur capacité de concentration, de compréhension – était constamment anéanti par la simple vue d’une poitrine attirante ou de cuisses fermes et lisses. »
J’attendais beaucoup de cette incursion de Chuck Palahniuk dans la littérature érotique (ça reste un bouquin réservé à un public averti), si le style et bel et bien là, l’intrigue vire trop vite à la farce burlesque. Je n’ai que moyennement adhéré, l’orgasme littéraire ne fut pas au rendez-vous.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Chuck Palahniuk – Fight Club

C. Palahniuk - Fight ClubJ’avoue avoir été plutôt surpris de découvrir Fight Club de Chuck Palahniuk classé dans une collection SF, j’ai vu le film de David Fincher (excellent film soit dit en passant) et j’en retiens d’avantage un thriller qu’un film de science-fiction. Ma curiosité me donne une raison de plus d’inscrire ce bouquin comme invité surprise de mon challenge 100% SF.
Le narrateur, jeune cadre dans l’industrie automobile, passe des journées ordinaires et des nuits d’insomnie. Jusqu’au jour où il rencontre Tyler Durden et décident ensemble, après avoir fait plus ample connaissance, de créer le Fight Club, un club de combats clandestins. Le succès est immédiat comme exutoire à la monotonie du quotidien. Mais qui est vraiment Tyler Durden ? Quels sont ses véritables intentions ?
On peut en effet imaginer, dès les premières pages, que nous sommes bien dans un futur indéterminé (certains passages le laisse supposer), et donc que l’étiquette SF, tendance uchronie, n’est pas complètement usurpée, mais le roman pourrait tout aussi bien se dérouler de nos jours.
Le style de l’auteur est très décousu, il faut quelques chapitres pour s’y accoutumer et apprécier ; surtout au niveau des dialogues qui ne sont pas forcément signalés ni par un tiret, ni par des guillemets, du coup on se demande si le narrateur s’exprime effectivement ou non.
Concernant l’intrigue à proprement parler, les choses prennent leur temps pour se mettre en place, mais ça vaut tout de même le coup de s’accrocher. Malheureusement ayant vu le film (de David Fincher avec Brad Pitt et Edward Norton) avant de lire le roman l’on connait la réponse à la véritable question : qui est Tyler Durden (même sans ça je pense que je l’aurai fortement soupçonné) ? Explosera ou pas ? Tirera ou pas ? Ce sont des questions annexes (aucun spoiler là-dedans, le roman commence par la presque fin avant de partir en flashback).
Concernant les personnages on suit bien entendu l’évolution du narrateur (il n’est jamais nommé), personnalité effacée et peu charismatique qui s’affirme au contact de Tyler Durden qu’il considère comme son mentor (presque gourou). Le plus énigmatique étant bien entendu Tyler Durden, charismatique, provocateur, anarchiste et surtout manipulateur ; révolutionnaire du dimanche ou terroriste potentiel ?
Je sais que beaucoup considèrent ce roman comme étant culte mais pour ma part je serai nettement plus modéré dans mon jugement : agréable mais non exempt de défauts et qui plus est pas forcément facile à aborder. D’aucuns y voient une vive critique contre la société de consommation, si cet aspect est indéniable je dirai que ce n’est pas ce qui en ressort de prime abord ; l’on vit les choses à travers les yeux du narrateur, un personnage fasciné par Tyler Durden au point d’être incapable de penser par lui même… Pas vraiment ce que je qualifierai de critique objective.
Une fois encore ces quelques lignes n’engagent que moi, peut être que si je n’avais pas vu le film j’aurai eu un jugement moins sévère… Qui plus est, une fois n’est pas coutume, j’ai préféré le film au roman. Certes il se dégage du bouquin quelque chose de plus dérangeant, il plus violent aussi mais globalement j’ai trouvé le film plus rythmé et plus fluide.
Je ne vais pas dire que je me suis emmerdé étant donné que j’ai dévoré le bouquin (moins de 300 pages, OK c’est pas un exploit) en deux jours ; j’ai même beaucoup apprécié la fin, à partir du moment où le narrateur découvre la vérité sur Tyler Durden.