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Titre : Avis De Décès
Auteur : Zhou Haohui
Éditeur : Sonatine
Parution : 2019
Origine : Chine (2014)
352 pages
De quoi ça cause ?
Octobre 2002. Zheng Haoming, sergent renommé et respecté de la police criminelle de Chengdu est assassiné. Arrivés sur les lieux du crime, le capitaine Han Hao et son équipe font la connaissance du capitaine Pei Tao de la police de Longzhou, qui a découvert le corps.
Pei apprend à ses homologues de Chengdu que ce meurtre est très certainement lié à une autre affaire survenue vingt-deux ans plus tôt, un tueur en série nommé Eunémide avait alors commis plusieurs crimes avant de disparaitre sans jamais avoir été identifié.
Quand le retour du tueur aux avis de décès se confirme, le capitaine Han obtient la création d’une cellule interservices composée d’agents triés sur le volet.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est Sonatine, une raison qui se pourrait se suffire à elle-même, mais aussi pour découvrir un nouvel auteur et élargir mon horizon en matière de littérature policière chinoise.
Ma Chronique
Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et Net Galley pour leur confiance renouvelée.
Il n’y a pas encore pas si longtemps que ça, si vous m’aviez interrogé sur la littérature policière chinoise je vous aurais sans doute regardé avec des yeux ronds à faire pâlir de honte le plus crétin des poissons rouges. Puis j’ai découvert (merci à Net Galley) Chi Wei-Jan et aujourd’hui c’est au tour de Zhou Haohui de rejoindre mon cercle d’auteurs sinophiles. Deux approches différentes du polar, mais deux univers très marqués par leur identité asiatique ; et surtout deux belles découvertes littéraires !
Pour le lecteur occidental, le dépaysement est assuré en parcourant les rues de Chengdu, ville chinoise en plein essor économique où le modernisme cohabite avec la tradition et où l’on passe au détour d’une rue des quartiers résidentiels aux taudis. Chengdu est aussi une ville surpeuplée et fortement industrialisée, il en ressort un sentiment quasi permanent d’étouffement, voire d’oppression.
Imaginez un tueur en série tellement sûr de lui qu’il se permet de narguer la police en leur faisant parvenir l’avis de décès de ses futures victimes. Une simple feuille à la calligraphie anonyme indiquant le nom de la victime, la nature de son crime, la date de son exécution et l’identité de son juge et bourreau (toujours le même, Eunémide himself). C’est ce que nous propose Zhou Haohui, rejoignons donc la cellule 18/04 dans sa traque de l’impitoyable et insaisissable Eunémide.
Pour déjouer les plans du tueur, une cellule interservices réunissant la fine fleur de la police sera créée et placée sous le commandement du capitaine Han Hao, connu pour ses états de services irréprochables au sein de la police criminelle de Chengdu. Il sera appuyé par son fidèle bras droit, l’agent Yin Jian, par le capitaine Xiong Lyuan et l’agent Liu Song de l’UPS (Unité de Police Spécialisée) de Chengdu, par l’agent Zeng Rihua, expert informatique de la police criminelle de Chengdu, par Mu Jianyun, psychologue et maître de conférence à l’académie de police du Sichuan et enfin par le capitaine Pei Tao de la police criminelle de Longzhou.
Zhou Haohui apporte beaucoup de soins à ses personnages, chacun une personnalité qui lui est propre et des relations plus ou moins cordiales avec les autres, que ce soit en raison de leur vécu ou simplement par affinités. J’avoue que pour ma part j’ai eu un faible pour le trio Pei, Mu et Zeng.
Du tueur, le mystérieux Euménide, nous ne saurons finalement que peu de choses, le plus souvent invisible, mais omniprésent du début à la fin du récit. Ses cibles de prédilection sont des criminels ayant échappé à la justice, il devient alors juge et bourreau.
L’auteur nous mitonne une intrigue aux petits oignons où rien n’est laissé au hasard, les indices sont disséminés avec parcimonie dans un écheveau de fausses pistes. Les événements survenus en 1984 s’intègrent parfaitement à l’intrigue de 2002.
Avis De Décès est le premier opus d’une trilogie opposant la cellule 18/04 à Eunémide. Les deux suivants sont d’ores et déjà disponibles en VO, mais ne semblent pas encore avoir fait l’objet d’une traduction en anglais. La présente VF étant produite à partir de la version anglaise du roman, j’espère que l’attente ne sera pas trop pour découvrir la suite des événements.
Il faut dire que le final du présent roman est du grand art, on ne peut que trépigner d’impatience dans l’attente du second round (je ne vous donnerai pas le verdict de ce premier round).
Le polar made in China n’est pas un polar au rabais, la qualité est bel et bien au rendez-vous, il n’a pas à rougir face à ses pairs occidentaux. Il va falloir que je me penche sur la question, il me réserve sans doute encore quelques belles découvertes.