AU MENU DU JOUR

Titre : Le Bûcher De Moorea
Auteur : Patrice Guirao
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 2019
Origine : France
400 pages
De quoi ça cause ?
À Moorea, Lilith, photographe de presse, et Maema, journaliste, sont amies et travaillent toutes deux pour le quotidien La Dépêche de Tahiti. Elles sont envoyées sur une scène de crime particulièrement sordide, plusieurs corps ont été incinérés après avoir été démembrés dans un macabre simulacre de bûcher funéraire.
Pourquoi une telle mise en scène ? Mise en scène ou authentique crime rituel ? L’enquête s’annonce particulièrement complexe, les deux amies ne comptent pas être tenues à l’écart par la gendarmerie en charge de l’affaire.
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est un titre appartenant à la collection La Bête Noire des éditions Robert Laffont.
Pour le cadre, un thriller se déroulant en Polynésie Française, voilà qui n’est pas ordinaire.
Ma Chronique
Je remercie chaleureusement les éditions Robert Laffont et Net Galley qui ont donné une suite favorable à ma sollicitation pour ce titre.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à préciser que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie Française ne peuvent aucunement être considérées comme des territoires voisins. D’une part c’est une assertion géographiquement erronée, même si ces deux territoires sont baignés par le Pacifique Sud, il y a plus de 4600 kms entre Nouméa et Papeete (à titre de comparaison, la distance séparant Paris à Moscou, à vol d’oiseau, est de 2500 kms). D’autre part c’est culturellement parlant tout aussi faux, comme son nom l’indique la Polynésie est de tradition polynésienne alors que la Nouvelle-Calédonie est de tradition mélanésienne. Administrativement la Polynésie Française a le statut de collectivité d’outre-mer (COM)depuis 2003 (anciennement territoire d’outre-mer, TOM) ; la Nouvelle-Calédonie, anciennement TOM, est devenue collectivité sui generis (ou COM à statut particulier) en 1999.
Avec ce roman je découvre une forme littéraire que je ne connaissais pas, le roman noir azur, un roman noir fortement imprégné de vie tropicale ; Patrice Guirao en parle mieux que moi :
Le roman « noir azur » est une alternative. Il ne suffit donc pas que le roman noir s’inscrive dans un cadre insulaire tropical pour qu’il devienne « noir azur ». Il faut qu’il s’imprègne de l’essence de la vie et des pulsations des forces naturelles en présence dans cette partie du monde. On doit y entendre les bruits de l’océan et les silences des lagons, y voir les couleurs qui chatoient et l’immensité des petites choses, la fragilité et la tendresse, comme la puissance et la violence contenues.
Extrait du Petit manifeste élargi du polar « noir azur » joint au présent roman.
Calédonien d’adoption depuis bientôt 40 ans et grand amateur de polars / thrillers / romans noirs, il m’est impossible de ne point succomber à la tentation face à une telle promesse.
L’auteur vivant en Polynésie Française depuis de nombreuses années doit avoir une bonne connaissance des us et coutumes du peuple polynésien, et plus particulièrement des traditions tahitiennes. D’ailleurs la présence d’un glossaire expliquant les nombreux termes tahitiens est une bonne initiative même si on en saisit globalement le sens dans le contexte.
Direction Moorea donc pour y suivre Lilith et Maema qui vont prêter main-forte à la gendarmerie afin de résoudre un crime particulièrement sordide. Une enquête qui leur réservera bien des surprises, et pas toujours des plus agréables.
Parallèlement l’auteur nous invite à suivre Nael, un tueur en série qui sévit en Métropole, choisissant ses victimes au hasard et variant les modes opératoires, la police n’a pas encore fait le lien entre ces nombreuses scènes de crimes. Habitué à ne rien laisser au hasard (à part le choix de ses victimes), il va pourtant être sérieusement ébranlé par une découverte faite sur les lieux de son dernier forfait. Il va rapidement comprendre que pour trouver les réponses à ses questions, il va devoir se rendre en Polynésie Française.
Et puis il y a Gaspard. Un personnage que rencontrera Nael un peu par hasard, et le moins que l’on puisse dire c’est que cette rencontre sera pour le moins déconcertante (pour lui, et pour nous). Je serai tenté de dire qu’il y a deux approches possibles face à ce brave Gaspard. La première étant « simplement » d’accepter qu’il soit ce qu’il affirme être et de fait la touche de fantastique qu’il apporte au roman. La seconde option étant de considérer Gaspard comme la créature qu’il est et rien de plus, les « dialogues » de Nael devenant des monologues avec sa propre conscience. Personnellement j’ai opté pour le premier choix, d’autant que j’ai trouvé Gaspard fort sympathique et plein d’à-propos.
Vous l’aurez compris, l’intrigue est fortement teintée de noir ; ce qui n’empêche pas la touche azur d’être omniprésente et particulièrement bien traitée. Certains lecteurs pourraient trouver que certains détails de ces scènes de vie tahitienne sont à la limite du cliché facile ; pour ma part j’estime qu’elles sont le reflet d’une réelle douceur de vivre tropicale. Douceur qui ne fait malheureusement pas obstacle à la misère, à la délinquance et au crime. Comme le chantait fort justement le grand Charles (mais non, pas de Gaulle ! Aznavour) : « Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil« .
Malgré la noirceur de son intrigue, l’auteur conserve un ton résolument frais et optimiste, les quelques touches d’humour sont bienvenues et sonnent juste. Ce roman este une belle découverte malgré un élément du final que j’ai trouvé un peu tiré par les cheveux. La collection La Bête Noire ajoute une nouvelle corde à son arc avec ce titre.
Il semblerait que Patrice Guirao ait décidé de faire de Lilith un personnage récurrent de ses prochains romans, un second opus est annoncé pour janvier 2020 ; le court extrait offert à la fin du roman a de quoi nous faire baver d’impatience. Il me tarde de retourner à Moorea pour y retrouver Lilith et ses amis… et pourquoi pas Gaspard ?
Purée, je me suis perdue dans les COM, les TOM (Sawyer ?) car j’en étais toujours aux DOM-TOM, moi.
M’en fou, j’irai prendre le soleil dans ce noir azur, ça me changera des brumes londoniennes que je respire durant tout le mois de juin 😆
Je remercie mon bouquiniste épicier de me l’avoir glissé sur le comptoir pour que je le lise ! Il est futé, mon dealer et il a bon goût. 😀
Depuis 2003 on est tous des cons… oups, des COM.
Les épiciers sont de mieux en mieux achalandés de nos jours 🙂
A quand un mois azur ? Ah oui y’a que 12 mois dans l’année !
Tu sais, lorsque j’entends un de nos politiciens dire « mes chers concitoyens », je ne peux m’empêcher de diviser le mot « con citoyens »…
Un mois azur, pourquoi pas ?? On touche bien un 13ème mois, donc, il doit y avoir un mois caché dans l’année ! 😆
Certains en touchent même un quatorzième… suivez mon regard vers les banques !
Je suis pour les années à 14 mois, à condition que les deux derniers soient fériés, chômés et payés à 200% !
Les enculés de banquiers !! Pardon, fallait que ça sorte, ça va un peu mieux…
Moi, je suis pour les 24h de Francorchamps payées 25 et prestées 18 ! 😆
Les patrons vont pas aimer…. Je me mets à la place des petits patrons, ça va cogner dans les caisses ! Je n’en demande pas tant.
Tu es toute pardonnée 🙂
Merci de ta mansuétude 🙂