[BOUQUINS] Olivier Norek – Les Guerriers De L’Hiver

Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.

Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende.

La légende de Simo, la Mort Blanche.

Parce que c’est Olivier Norek, même s’il se lance dans un registre totalement inattendu et audacieux.

Mais quelle mouche a bien pu piquer Olivier Norek pour qu’il se lance dans un roman historique — et surtout qu’il choisisse comme cadre un épisode aussi méconnu de la Seconde Guerre mondiale ? À moins d’être un passionné d’Histoire, peu de lecteurs francophones ont entendu parler de cette Guerre d’Hiver qui opposa la Finlande à l’URSS entre novembre 1939 et mars 1940.

Si l’auteur livre quelques éléments d’explication dans ses remerciements, on comprend très vite pourquoi ce conflit oublié pouvait susciter son intérêt : un décor d’une intensité dramatique rare, une lutte désespérée, et des figures de courage exceptionnelles.

Dès les premières pages, le roman séduit par son contexte historique fascinant : celui d’un combat inégal opposant le David finlandais au Goliath soviétique. Tout semblait jouer en faveur de l’Armée rouge – Staline avait même promis une victoire en quelques jours, sans pertes russes. En face, une Finlande isolée, sous-équipée, mais portée par un patriotisme farouche. Contre toute attente, elle résistera héroïquement à l’envahisseur, infligeant de lourdes pertes aux troupes soviétiques.

C’est dans ce cadre que Norek nous fait découvrir deux personnages réels dont le destin incarne la bravoure finlandaise.

D’abord Simo Häyhä, modeste fermier et chasseur émérite, réserviste de la garde civile, qui se retrouve propulsé en première ligne. Avec son fusil à visée mécanique, sans lunette, il deviendra un tireur d’élite redoutable : entre 500 et 700 soldats russes tomberont sous ses balles. Sa précision et sa discrétion lui vaudront le surnom terrifiant de Mort Blanche et feront de lui une légende de la guerre moderne.

À ses côtés, le lieutenant Juutilainen, commandant de la 6ᵉ compagnie du régiment d’infanterie 34, ancien de la Légion étrangère où il s’était déjà distingué – ou plutôt fait craindre – sous les surnoms évocateurs de Terreur et d’Horreur. Peu charismatique mais téméraire, très porté sur la bouteille, il incarne la folie et la fureur du champ de bataille.

À travers ce récit, on devine l’immense travail de documentation auquel Olivier Norek s’est livré. Comme il le rappelle dans ses remerciements, la réalité dépasse souvent la fiction : les épisodes qu’il relate, aussi spectaculaires soient-ils, sont largement inspirés de faits réels.

La construction du roman repose sur des chapitres courts qui restituent bien l’urgence et la tension du conflit. Le style, direct et sans fioriture, privilégie l’efficacité à la démonstration. On pourrait reprocher un début un peu lent, le temps de que les personnages s’acclimatent à ce conflit totalement inattendu et en mesurent tous les enjeux.

Je l’avoue, c’est sans grande conviction que j’ai ouvert ce livre. Pourtant, les talents de conteur d’Olivier Norek et la force de son récit m’ont captivé de la première à la dernière page. Ce n’était pas un pari gagné d’avance, malgré toute l’admiration que je porte à l’auteur. Et pourtant, cette lecture n’a fait que renforcer cette admiration. Il fallait oser ce grand écart entre le polar contemporain, son terrain de jeu habituel, et la fresque historique. Pari risqué, mais pari magistralement remporté.

[BOUQUINS] Gilles Legardinier – J’Ai Commencé Par Mourir

En débarquant dans un village perdu de la côte écossaise, Christopher Runyard est convaincu que sa présence n’est due qu’à un malentendu. Immédiatement subjugué par cette baie hors du temps, il ignore que, voilà des siècles, une tragédie s’y est déroulée au nom d’un secret qui n’a rien d’une légende.

Depuis, l’onde de choc du drame n’en finit pas de provoquer rivalités et intrigues, chacun cherchant à s’approprier la clé du mystère. Ces derniers temps, les habitants meurent de façon suspecte, et Runyard est le prochain sur la liste.

Pour survivre à cette énigme qui vire à la malédiction, il va devoir découvrir qui est digne de confiance, et répondre aux deux seules questions que nous devons tous nous poser un jour : qui sommes-nous au fond, et que valons-nous réellement quand la tempête se déchaîne ?

La seule mention de Gilles Legardinier suffit à motiver mon choix.

En plus j’ai pris du retard, son nouveau roman est sorti il y a peu…

Avec ce roman Gilles Legardinier renoue avec le polar, mais un polar avec sa griffe inimitable, pas de brusques montées d’adrénaline à prévoir, plutôt une intrigue qui met l’accent sur l’aspect humain et parsemée de touches d’humour bienvenue (souvent due à l’apparente désinvolture de son héros).

Le prologue nous renvoie en 1668 dans le village écossais de Kilthorpe. Une partie des habitants fuient afin de se mettre à l’abri, tandis que les plus vaillants s’apprêtent à affronter une horde d’ennemis en approche.

Retour de nos jours, toujours à Kilthorpe. En apparence un paisible bourg paumé au fin fond de l’Écosse, mais Christopher Runyard, après une arrivée pour le moins mouvementée, va rapidement découvrir que les apparences sont trompeuses. Le village et ses habitants cachent de nombreux secrets, et certains sont prêts à tout pour les protéger.

Nombreux sont ceux qui voient d’un mauvais œil l’arrivée de ce « touriste » qui n’en est pas vraiment un. Christopher est en effet venu prendre possession d’un terrain qui lui a été légué sans qu’il en comprenne le pourquoi du comment…

Dès son arrivée Christopher va faire la connaissance de Kate Fairlie, une ranger en mission à Kilthorpe. Plus exactement c’est elle qui va le tirer d’une situation plutôt inconfortable. Rapidement l’opposition des personnalités va s’avérer complémentaire, le binôme va faire face ensemble, bien décidé à lever le voile sur ce qui se trame à Kilthorpe. Une collaboration parfois houleuse mais d’une remarquable efficacité.

Avec la petite quarantaine d’habitants qui peuplent Kilthorpe, Gilles Legardinier nous offre une belle galerie de portrait parfaitement travaillée. Chacun cherche à protéger la part du secret qu’il connaît tout en essayant de découvrir ce que les autres savent. Les motivations des uns et des autres sont parfois troubles. Ça magouille, ça trahit… et accessoirement ça zigouille !

J’avoue avoir eu un coup de cœur pour Thorton, l’aïeul de village, sa mémoire vivante en quelque sorte. Il s’avérera être un allié précieux pour Christopher. Le fait qu’il soit un amateur de whisky joue forcément sa faveur. J’aurai bien aimé en apprendre davantage sur les secrets de son breuvage (il faut dire que l’Ecosse est l’un des berceaux historiques du whisky).

Le village et la baie font partie intégrante de l’intrigue, ils réservent eux aussi leur lot de secrets (grottes et autres souterrains). Le décor en apparence paradisiaque peut, en un temps record, se transformer en pièges mortels au gré des caprices de la météo.

Une fois encore Gilles Legardinier parvient à faire de ces divers éléments une parfaite alchimie sublimée par ses talents de narrateur.

Petit bémol, qui ne viendra en rien ternir mon appréciation globale du roman, le mystère reste entier concernant l’origine de l’héritage de Christopher. A priori ce n’est pas un parent ou un proche qui lui a fait ce legs, mais alors qui et pourquoi ? Nous ne le saurons jamais.

Ce roman est bien plus qu’un simple roman policier : c’est une plongée dans l’âme humaine, où chaque personnage incarne une facette de nos propres contradictions. Avec une écriture fluide, une construction narrative impeccable et une galerie de personnages mémorables, Gilles Legardinier signe une œuvre qui captive autant qu’elle interroge. Une lecture addictive que je recommande sans modération !

[BOUQUINS] Didier Fossey – Érèbe

Paris 2017. Depuis plusieurs semaines, des jeunes femmes travaillant dans des cabarets et bars de nuit de la capitale disparaissent mystérieusement.

Eneko Etxeparre, commandant de police à la BRP, s’intéresse à ces disparitions dans le cadre d’une enquête conjointe avec la brigade criminelle de Versailles.

Leurs investigations vont les mener très loin dans les ténèbres de la nuit parisienne, là où tout devient permis.

Didier Fossey oblige. Un auteur qui ne m’a jamais déçu, surtout quand il met en scène Boris Le Guenn et son groupe.

Quand un ancien se plonge dans le côté obscur des nuits parisiennes, ça promet de décoiffer !

On va commencer par un petit bémol de pure forme, la quatrième de couv’ est beaucoup trop « bavarde », c’est pourquoi j’ai pris le parti d’opérer des coupes franches dans sa retranscription.

Dans un premier temps on suit une équipe de la BRP Paris menée par le commandant Eneko Etxeparre. Un flic qui se consacre pleinement à son métier depuis la mort brutale de sa femme et de sa fille lors des attentats de novembre 2015.

Etxeparre et son groupe son spécialisés dans le monde de la nuit, ils s’assurent que les cabarets, discothèques et bars de la capitale ne se laissent pas aller à des dérives illégales.

C’est au cours d’une de ses « visites » que le gérant d’un cabaret l’informe de la disparition d’une de ses barmaids. Etxeparre va mettre son groupe sur le coup en off, afin de voir si ça débouche sur du concret.

Et du concret notre ami Etxeparre va en recevoir bien au-delà de ses attentes. Pour arrêter un tueur d’une perversité hors norme, la BRP va devoir s’associer à la BAC Paris et à la Crim’ Versailles.

Cerise sur le gâteau pour les fidèles lecteurs de Didier Fossey. V’là t’y pas que le commandant Boris Le Guenn et son groupe vont faire figure de guest stars. Je vous rassure tout de suite, pas question pour eux de faire de la figuration, ils vont s’impliquer pleinement dans cette enquête conjointe.

Pour info le titre du roman, Érèbe, est le pseudo utilisé par le grand méchant de l’histoire pour partager son « art » sur le Dark Net. Dans la mythologie grecque Érèbe désigne à la fois une divinité infernale née du chaos et la zone la plus obscure des Enfers.

Autant vous prévenir, les sévices qu’Érèbe inflige à ses victimes sont d’une violence inouïe, âmes sensibles s’abstenir !

Fidèle à son habitude Didier Fossey accorde un soin tout particulier à ses personnages. Pour chacun il développe un vécu et une personnalité unique. Forcément ce côté humain force l’empathie – ou l’antipathie selon l’effet recherché – du lecteur. J’ai tout particulièrement apprécié le binôme formé par Eneko Etxeparre et sa seconde de groupe Isabelle Danglard ; leurs personnalités opposées insufflent une réelle dynamique au récit.

On retrouve la même maîtrise dans le déroulé de son intrigue, imposant un rythme qui va crescendo – la dernière partie du récit mettra vos nerfs et votre palpitant à rude épreuve.  Une intrigue richement documentée du fait de l’expérience policière de l’auteur et des renforts pour le familiariser avec le monde de la nuit en région parisienne.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas dévoré un bouquin quasiment d’une traite (certes il n’est pas très épais, mais quand même). En refermant le bouquin je ne vous cacherai pas que j’espère bien retrouver Etxeparre et son équipe, nul doute que le monde de la nuit est un terrain de jeu prospère.

[BOUQUINS] Mo Malo – La Mariée D’Équinoxe

Plage du Sillon, Saint-Malo, 23 septembre. Une marée d’une force exceptionnelle déferle sur le littoral malouin. Si puissante qu’elle dépose, au sommet d’un des brise-lames qui protègent la chaussée, le corps sans vie d’une jeune femme au physique étrange… vêtue de sa robe de mariée.

Au même moment, au Manoir des Corrigan, Maggie s’apprête justement à convoler avec Jacques Gaillard, son amant régulier depuis plusieurs années, pile le jour anniversaire de la disparition de Constant, son premier mari. Tout semble enfin en ordre pour que la matriarche de la Breizh Brigade refasse sa vie.

Mais l’enquête sur la Mariée d’Équinoxe, comme la surnomment les médias, va en décider autrement…

Pour le plaisir de retrouver le trio déjanté de la Breizh Brigade, une raison suffisante s’il en est.

Cette quatrième enquête mettant en scène la Breizh Brigade s’ouvre sur la découverte d’un corps que la forte houle a rejeté sur les brise-lames de Saint-Malo. La victime est vêtue d’une robe de mariée.

Loin du tumulte de cette scène de crime, au Manoir des Corrigan, un heureux événement se prépare : la doyenne, Maggie, va enfin épouser Jacques Gaillard. Mais Maggie a une façon très personnelle de préparer son mariage, un coup de vent un peu plus fort que les autres va rebattre les cartes de la noce… et pas uniquement pour Maggie.

Pour résoudre le mystère de la mariée d’équinoxe, notre trio de choc ne va pas hésiter à piétiner franchement les plates-bandes des « vrais » enquêteurs. En l’occurrence il s’agit d’un autre duo indissociable – pour le meilleur et surtout pour le pire – de la Breizh Brigade, le commissaire Christophe Guilloux et son adjointe Emma Lobo.

Comme dans le tome précédent, Mo Malo combine la double enquête et l’évolution des histoires individuelles des personnages. Outre le mariage annulé de Maggie, la fougueuse Enora sera dans tous ses états à la suite de la disparition aussi soudaine que brutale de sa bien-aimée Fanny.

D’un point de vue personnel les choses sont plutôt figés entre Emma et son chef. Si les sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre sont visiblement réciproques, il reste sourd et aveugle à tous les signaux qu’elle s’évertue à lui envoyer.

Vous l’aurez compris l’auteur reste dans la même veine que les précédents opus, une double enquête laissons la part belle à l’humour malgré des situations parfois bien glauques (la mort de Margaux, notre Mariée d’Équinoxe, mais aussi toute son histoire récente). Vous pouvez heureusement compter sur la verve inimitable de la Breizh Brigade pour détendre l’atmosphère et faire travailler vos zygomatiques.

On retrouve aussi l’hommage à Saint Malo, la ville qui a vu grandir Mo Malo. N’hésitez pas solliciter Google pour parcourir quelques photos des sites que l’auteur nous invite à découvrir. Je vous garantis que les rochers sculptés de Rothéneuf méritent que l’on s’y attarde.

Le fil rouge autour de la disparition en mer de Constant demeure même s’il en est un peu moins question. Juste ce qu’il faut pour mieux nous attirer vers les prochains tomes de la série. Le sixième opus devrait marquer la fin de l’aventure littéraire de la Breizh Brigade.

Feckin’ hell ! Vivement la suite !!!

[BOUQUINS] Stephen King – Plus Noir Que Noir

Un secret, longtemps caché, est à l’origine du talent de deux artistes ; un flash psychique sans précédent bouleverse de manière catastrophique des dizaines d’existences, dont celle de Danny ; un veuf éploré se rend en Floride pour se reposer et reçoit à la place un héritage inattendu, accompagné d’importantes obligations ; un vétéran du Vietnam répond à une offre d’emploi et découvre qu’il existe dans l’univers des coins qu’il ne vaut mieux pas explorer…

Voici quelques-unes des histoires qui vous attendent dans ce formidable recueil de douze nouvelles qui vous plongeront dans les tréfonds les plus sombres de la vie, au sens métaphorique comme au sens propre.

THE King… What else ?

Même si je ne suis pas un grand fan de nouvelles, force est de reconnaître que c’est un exercice dans lequel Stephen King excelle.

Plus Noir Que Noir est un recueil de douze nouvelles, dont onze inédites. Laurie avait en effet été proposée en téléchargement gratuit peu après la parution de L’Outsider.

Dans ces recueils la première nouvelle est souvent déterminante, elle fait office de mise en bouche. Si elle est foireuse alors tout le reste du recueil pourrait pâtir de ce mauvais ressenti initial. Un peu comme un apéro qui vous laisserait un goût amer en bouche pendant tout le repas.

C’est à Deux crapules pleines de talent que revient cet honneur, une histoire d’amitié entre deux hommes qui ont connu le talent, chacun dans son domaine de prédilection, sur le tard. Quel est donc le secret de ce talent tardif ? Aucune noirceur dans ce récit qui n’en demeure pas moins agréable à lire, il faut attendre la seconde partie pour avoir la réponse à la question posée et voir survenir un élément surnaturel.

Comme d’hab je ne vais pas m’épancher sur chacune des nouvelles composant ce recueil, je me contenterai donc de donner une note sur 5 à chacune, la moyenne de ces notes sera le reflet de mon ressenti global.

  • Deux crapules pleines de talent : 4
  • La cinquième étape : 4
  • Willie le tordu : 3
  • Le mauvais rêve de Danny Coughlin : 5
  • Finn : 4
  • Slide Inn Road : 5
  • Écran rouge : 3
  • Le spécialiste des turbulences : 4
  • Laurie : 4
  • Serpents à sonnette : 5
  • Les rêveurs : 4
  • L’homme aux réponses : 4

Ce qui nous donne une honorable moyenne de 4 / 5.

Incontestablement c’est Le mauvais rêve de Danny Coughlin qui porte le recueil, du fait de son indiscutable qualité narrative mais aussi par sa longueur.

À ce titre je n’entrerai pas dans le débat stérile visant à catégoriser un récit entre nouvelle, novella, roman court et dieu sait quoi d’autre. C’est une catégorisation qui n’obéit à aucune règle strictement définie, le nombre de pages est un critère complètement subjectif car totalement dépendant de la typographie (police utilisée, taille de ladite police, espacement, marges, interlignes…). Le nombre de signes serait un critère mathématiquement plus fiable (ou accessoirement le nombre de mots, considérant qu’un mot est en moyenne composé de six signes), mais là encore, aucune règle n’est gravée dans le marbre…

Malgré ce que suggère le titre du recueil, l’ensemble manque cruellement de noirceur, Stephen King mise plutôt sur un nuancier de gris. Ça n’en reste pas moins agréable à lire mais ce n’est pas exactement ce à quoi on s’attend quand on s’attaque à un recueil du King. Surtout quand on sait de quoi il est (était ?) capable !

Il faut attendre la fin du recueil pour enfin déguster du noir bien corsé. D’abord avec la nouvelle Serpents à sonnette et ses jumeaux flippants à souhait, puis avec Les Rêveurs qui mise davantage sur la touche horrifique.

Stephen King aime semer, çà et là, quelques références à ses romans précédents, ici c’est la nouvelle Serpents à sonnette qui lui permet de faire un clin d’œil (au beurre noir) à Cujo (1982) et accessoirement à Duma Key (2009). C’est aussi la seconde en longueur (en numérique, il est difficile de se faire une idée du nombre de pages.

Dans cette nouvelle j’ai relevé une erreur de traduction dans le nom des deux corbeaux imaginés par Paul Terry, ce n’est pas Heckle et Jekyll mais bien Heckle et Jeckle. Bizarre comme maladresse vu que les noms sont les mêmes en anglais et en français.

La dernière nouvelle d’un recueil peut elle aussi être déterminante sur le ressenti général. Après tout c’est la dernière impression qu’il nous reste. L’homme aux réponses rempli pleinement son rôle et nous permet de refermer le bouquin sur un ressenti positif.

[BOUQUINS] Isabelle Villain – Game Over

Une vieille dame meurt écrasée sous les roues d’un bus. Un nouveau fait divers dans les rues de Paris. Cependant, d’autres « accidents » sont rapidement à déplorer, laissant présager que ces tragiques événements ne sont que les prémices d’un sombre dessein.

Le groupe de Lost se retrouve à la tête d’une affaire qui va bousculer toutes ses certitudes.

Comment résister à un duo de choc qui a déjà fait ses preuves ? Le binôme constitué des éditions Taurnada et d’Isabelle Villain est une mécanique bien rôdée.

Bonus non négligeable : ce roman est aussi l’occasion de retrouver le groupe De Lost dans une sixième enquête.

Je remercie les éditions Taurnada et la plateforme Net Galley Pour leur confiance renouvelée.

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé Rebecca De Lost et son groupe de la Crim’. Le roman s’ouvre sur un fait-divers presque banal, une vieille dame poussée sous les roues d’un bus. Il va rapidement s’avérer que cet acte n’est pas isolé et semble faire partie d’un plan machiavélique que déroule deux tueurs.

Difficile de s’épancher sur les thématiques abordées par l’intrigue sans prendre le risque d’en dire trop. Le Groupe De Lost va se retrouver confronté à deux tueurs qui frappent à l’aveugle et ne laissent aucune trace derrière eux. Mais les enquêteurs – et nous aussi du coup – sont loin d’imaginer les nombreuses ramifications de cette affaire.

Comme si cela ne suffisait pas, Rebecca va aussi devoir composer avec une succession qui va révéler de sombres secrets qu’elle aurait préféré ignorer. Elle va devoir apprendre à vivre avec cette nouvelle réalité surgie du passé.

Vous l’aurez compris ce nouvel opus est davantage centralisé sur le personnage de Rebecca De Lost. Les autres membres de son groupe ne sont pas pour autant sur la touche, eux aussi ont leur histoire personnelle qui évolue mais ça tend à rester en second plan.

Isabelle Villain maîtrise totalement son intrigue, nul doute que vous serez surpris – voire choqué – par certains retournements de situation.

La fin peut laisser un arrière-goût d’inachevé un tantinet amer, mais c’est justement cet aspect de l’intrigue qui contribuera à un tournant décisif pour Rebecca.

C’est la quatrième enquête du Groupe De Lost que je lis (j’ai raté les deux premières), j’ai apprécié de voir évoluer un groupe soudé malgré les coups durs – personnels et professionnels –, les nouveaux venus sont immédiatement intégrés à cette dynamique collective. Isabelle Villain parvient à nous livrer des enquêtes policières particulièrement complexes sans jamais négliger le côté humain de ses personnages.

Game Over. Et maintenant ? L’avenir nous le dira. Une seule certitude, je serai fidèle au poste pour le prochain roman de l’auteure.

[BOUQUINS] George Orwell, Fido Nesti – 1984

Au Ministère de la Vérité, Winston Smith réécrit l’Histoire. Adapter le passé afin de ne pas contredire le Parti, tout faire pour préserver le règne et les ambitions de Big Brother, voici les missions de cet homme dont la soif de révolte grandit pourtant jour après jour.

Mais sa liberté de penser pourrait lui coûter la vie, car la menace est permanente au cœur de cette tyrannie de la surveillance qui ressemble étrangement à notre société contemporaine…

J’ai lu 1984 il y a de longues années et très franchement je n’en garde pas un souvenir impérissable, flippant certes mais parfois chiant. Peut-être est-ce le fait d’un manque de maturité (j’étais ado, pour vous dire que ça ne date pas d’hier), et / ou d’une traduction un peu datée.

Il faut dire que le roman de George Orwell, sorti en 1950, a longtemps connu une seule traduction française, celle d’Amélie Audiberti. Il faut attendre 2018 pour qu’une nouvelle édition, traduite par Josée Kamoun, donne un nouvel élan au roman. Par la suite, six autres traductions seront proposées au public entre 2019 et 2021.

À la suite de la bascule du roman dans le domaine public (2020 ou 2021 selon les réglementations en vigueur), 1984 connaîtra cinq adaptions en roman graphique :

  • Ed. Grasset, 2020 – Adapté et dessiné par Fido Nesti
  • Ed. Sarbacane, 2021 – Adapté et dessiné par Xavier Coste
  • Ed. Soleil, 2021 – Adapté par Jean-Christophe Derrien et dessiné par Rémi Torregrossa
  • Ed. Michel Lafon, 2021 – Adapté et dessiné par Frédéric Pontarolo
  • Ed. du Rocher, 2021 – Adapté par Sybille Titeux de la Croix et dessiné par Amazing Améziane

J’ai quatre de ces adaptations en numérique alors pourquoi avoir choisi précisément celle de Fido Nesti ? Sans doute le fait que ce soit la première à avoir été publiée a joué dans mon choix, mais c’est surtout le fait que je possède aussi la version papier qui aura été décisive ; du coup je vais profiter de mes congés pour me replonger dans l’œuvre de George Orwell (pour l’anecdote la version française repose sur la traduction de Josée Kamoun).

En refermant ce bouquin je suis sur le cul, cette lecture a été une véritable redécouverte du roman de George Orwell. J’ai pris en pleine gueule toute la noirceur du récit et surtout j’en suis presque arrivé à ressentir physiquement cette sensation oppressante qui se diffuse de la première à la dernière page.

Il faut dire que le dessin de Fido Nesti, bien qu’usant d’une palette de couleurs relativement réduite, est criant de vérité et colle parfaitement à l’intrigue.

Je reconnais volontiers que cette redécouverte n’est sans doute pas le seul fait du roman graphique, j’ai bon espoir d’avoir gagné en maturité avec les années (je n’irai pas jusqu’à dire que, comme le bon vin, je me bonifie au fil des ans). Enfin la touche de modernité apportée par la traduction de Josée Kamoun a très certainement contribué à l’efficacité de l’ensemble.

Bien que paru en 1950, le roman reste malheureusement d’actualité. Fido Nesti étant brésilien et ayant travaillé sur cette adaptation alors que son pays était sous le joug de Bolsanaro, est bien placé pour le savoir.

Je ne suis pas maso, mais je reconnais volontiers que je suis friand de ce genre d’uppercut littéraire.

Ne négligez pas l’appendice consacré aux Principes du Néoparler, selon certains (dont Margaret Atwood, excusez du peu) il peut être considéré comme la véritable conclusion du roman. Ce qui, par son style narratif, apporterait une lueur d’espoir dans cette dystopie plus obscure que le trou du cul de Dark Vador !

Peut-être vous demanderez-vous pourquoi avoir attendu aussi longtemps (j’ai acheté le bouquin à sa sortie) avant de le lire. Contre toute attente c’est la lecture de La Librairie Des Livres Interdits de Marc Levy qui aura été le déclic. 1984 figurant justement parmi ces livres interdits.

[BOUQUINS] Marc Levy – La Librairie Des Livres Interdits

Mitch, libraire passionné, est arrêté un matin pour un crime impensable : il a transgressé la loi en vendant des livres interdits.

Après cinq années de prison, il n’a qu’un désir, retrouver sa liberté et sa librairie. Mais le destin en décide autrement. Le même jour, Mitch croise le procureur qui l’a fait condamner et rencontre Anna, une jeune chef qui pourrait bien être la femme de sa vie.

Que faire quand on est pris entre une irrépressible envie de vengeance et une irrésistible envie d’aimer ? Peut-on rêver d’un avenir sans s’être acquitté du passé ?

Parce que c’est Marc Levy, une raison suffisante pour moi.

Cerise sur le gâteau, son nouveau roman s’annonce comme une ode à la littérature et à la liberté d’expression.

Marc Levy ne donne aucune indication géographique ou temporelle permettant de situer l’intrigue de son nouveau roman. On sait simplement qu’il s’agit d’un état dirigé par un gouverneur qui ne se soucie guère des libertés individuelles et des droits de l’homme. Son crédo serait plutôt la pensée unique, et pour l’imposer rien de tel que d’instiller la peur – des autres, de la différence – dans l’esprit de ses concitoyens.

Il vient justement de faire promulguer une nouvelle loi – HB 1467 – visant à interdire purement et simplement la commercialisation des livres jugés contraires à la « bienséance ». Une censure totalement assumée, appliquée d’une main de fer par les autorités.

L’auteur invite ses lecteurs à découvrir comment Mitch, jeune libraire passionné, aidé par des amis aussi passionnés et motivés que lui, va tout mettre en œuvre pour contourner cette loi sans toutefois se mettre en danger.

L’occasion de découvrir les différents acteurs de cette résistance littéraire. Mitch, bien entendu, Mathilde, une étudiante exaltée, M. Verner, un professeur de musique coincé dans une vie qui ne lui apporte rien et Mme Ateltow, l’ancienne professeur de lettres de Mitch.

Les choses ne se passeront pas exactement prévu, Mitch va, au terme d’un simulacre de procès, se retrouver condamné à cinq années d’emprisonnement.

Sa libération et la réouverture de sa librairie, seront l’occasion de faire plus ample avec un personnage brièvement croisé auparavant, Anna, une jeune femme au passé trouble qui souhaite ouvrir son restaurant.

Comme à son habitude, Marc Levy, apporte un soin tout particulier à sa galerie de portraits. Même les personnages secondaires, tel que l’ignoble procureur Salinas, bénéficient de la même attention.

L’intrigue en elle-même, ainsi que les échanges entre les personnages, font office d’une véritable ode à la littérature dans toute sa diversité. En défendant les livres, l’auteur dénonce la censure et prône la liberté de penser et de s’exprimer. Le message peut paraître simpliste mais il est porté de façon convaincante.

A la fin du roman Marc Levy nous apprend (en tout cas me concernant) que cette loi HB 1467 n’est pas une invention de sa part. Elle a bel et bien été votée par l’État de Floride afin de bannir les ouvrages «  subversifs » des bibliothèques scolaires. D’autres états (à majorité républicaine, sans surprise) ont suivi le mouvement.

Parmi les auteurs visés par cette censure, on retrouve aussi bien des classiques (George Orwell, Ray Bradbury ou encore John Steinbeck) que des auteurs plus contemporains (Margaret Atwood, Jay Asher, Toni Morrison).

Bref, la réalité risque bien de dépasser la fiction… et ça fait franchement froid dans le dos !

[BOUQUINS] Caryl Férey – Magali

Février 2021, Magali Blandin disparaît. Un mois plus tard, son cadavre est découvert dans le bois de Boisgervilly (Ille-et-Vilaine), à proximité de son domicile.

Mère de quatre enfants, Magali a été assassinée par son mari. Le couple était en instance de divorce.

Magali Blandin avait quitté son mari en septembre 2020.

Très honnêtement je ne saurai vous dire pourquoi j’ai tilté sur ce bouquin en particulier.

Sans doute parce que Caryl Férey est un gage de qualité, même s’il est bien loin de son registre habituel en se penchant sur un féminicide survenu là où il a grandi. Sans doute aussi parce que le féminicide me débecte au plus haut point.

J’ai toujours été friand de ces émissions de télévision consacrées à des affaires criminelles, depuis déjà quelques temps, quand je suis à l’appart l’après-midi je zappe entre Chérie25 et son programme Snapped ou la chaîne Crime District. Selon les reportages abordés et les rediffusions du moment…

J’ai aussi pas mal de bouquins en stock sur cette thématique, mais comme toujours le manque de temps – et accessoirement de motivation – me transforme en lecteur procrastineur.

Parmi les affaires criminelles qui m’enragent, les féminicides tiennent le haut du pavé. Comment un déchet (à ce stade ça ne mérite pas de s’appeler un homme) peut en arriver à tuer sa femme ? Qui plus est souvent dans des conditions particulièrement sordides.

J’avoue que je n’ai gardé aucun souvenir de cette affaire, ce n’était malheureusement qu’un féminicide de plus – de trop – parmi tant – trop – d’autres. Même si, au fil des découvertes faites par les enquêteurs, l’affaire va se révéler encore plus macabre qu’elle ne s’annonçait.

Je m’attendais à une véritable démarche d’enquête et d’analyse des faits par Caryl Férey, au lieu de ça il se contente de reproduire des extraits d’articles de journaux, qu’il complète par des réflexions personnelles ou des souvenirs de ses jeunes années à Monfort-sur-Meu qui n’ont rien à voir avec l’affaire. Dans le dernier chapitre nous avons même le droit à ses réflexions de bobo-gauchisant sur l’actualité du moment. Un cadeau dont nous nous serions volontiers passés.

Autre petit bémol de pure forme, j’ai du mal à comprendre l’intérêt de l’auteur à affubler ses interlocuteurs de sobriquets ridicules. Qu’il ne nomme pas sa sœur peut encore se comprendre, mais des journalistes et des avocats franchement ça fout un coup à la crédibilité.

Hormis les faits concernant l’affaire à proprement parler, le reste fait surtout penser à du remplissage pour meubler et arriver au nombre de pages escompté. Ce n’est pas inintéressant comme lecture mais j’espérais mieux et surtout beaucoup plus approfondi.

Du coup je comprends mieux la colère de la famille de Magali Blandin à la suite de la sortie du bouquin. Ils reprochent à l’auteur, d’une part de ne pas avoir été consultés, mais aussi et surtout, ne voient pas en quoi il rend hommage à Magali.

Leur avocat, Maître Pineau, ne mâche pas ses mots :

Quant au meurtrier, que je ne nommerai pas afin de le priver d’une humanité dont il n’est pas digne, il n’a pas eu le courage d’affronter la justice pour répondre de ces actes. Sa lâcheté l’a poussé à se suicider en prison. Ses géniteurs, eux aussi impliqués, ont suivi le même chemin.

Un foutu gâchis et les vies de quatre gamins brisées à jamais.

[BOUQUINS] Jo Nesbo – Le Téléphone Carnivore

Richard Elauved, quatorze ans et mal dans sa peau, est recueilli, après la mort de ses parents, par son oncle et sa tante dans une petite ville où il s’ennuie ferme, ne fréquentant que Tom, bègue et moqué de tous.

Le jour où ce dernier se volatilise, on accuse Richard de l’avoir poussé dans la rivière. Personne ne le croit quand il raconte que le téléphone de la cabine publique où il avait entraîné son camarade pour faire des blagues a dévoré l’oreille, puis la main, le bras et… le reste du corps de Tom. Personne sauf l’énigmatique Karen, qui l’encourage à mener une investigation jugée superflue par la police.

Envoyé en centre de redressement, Richard réussit à s’enfuir avec la complicité de jumeaux maléfiques et aboutit à un manoir abandonné dans la forêt, où se succèdent des phénomènes paranormaux qui semblent tous dirigés contre lui.

Je suis fan de Jo Nesbo et, bien entendu, de son personnage fétiche de Harry Hole. Point de Harry dans le présent roman – laissons le savourer un repos bien mérité avec son précieux Jim Beam –, l’auteur vient surprendre ses lecteurs en s’essayant à la littérature horrifique.

Si on m’avait dit qu’un jour Jo Nesbo allait se frotter à la littérature horrifique, qui plus est à de l’horreur façon série B (voire Z) qui connut ses heures de gloires dans les années 80, j’aurai sans doute ricané en secouant la tête devant une telle aberration (oui, je sais, j’aurai eu l’air très con). Et pourtant, c’est chose faite avec Le Téléphone Carnivore.

Commençons par le visuel avec une couv’ délicieusement kitsch et tape à l’œil qui n’est pas sans rappeler la cultissime collection Gore des éditions Fleuve. La quatrième de couv’ est tout autant racoleuse (quoiqu’un peu trop disserte)… Ça promet !

Reste à savoir si le ramage se rapporte au plumage.

Dès les premières pages on peut d’ores et déjà affirmer que oui. Tous les ingrédients du genre sont là, un ado mal dans sa peau au passé tourmenté et sa bonne copine compréhensive qui veut l’aider, des scènes horrifiques bien détaillées riches en hémoglobine, un scénario qui part un peu dans tous les sens, faisant fi de la cohérence et de la vraisemblance… On plonge de plein pied dans un récit délicieusement régressif (pour les anciens qui ont connu cette littérature des années 80).

Que les choses soient claires, n’espérez pas le grand frisson et les sueurs froides, à moins d’être un ado prépubère en mal de sensations fortes. Comme souvent avec ce genre de romans, nous sommes davantage dans le divertissement horrifique qu’autre chose, il manque une réelle dimension psychologique pour que la peur vous prenne aux tripes.

Les personnages, adolescents comme adultes, font souvent un peu clichés mais ça colle parfaitement au contenu. Des ados un peu paumés (outre Richard, on peut aussi citer Tom et Jack), d’autres imbus d’eux-mêmes, sûrs de leur prétendue supériorité (la palme revient ici à Oscar), sans oublier l’énigmatique Karen, la seule qui semble disposée à croire Richard. Des adultes plutôt incrédules (à l’image de Frank et Jenny, les parents adoptifs de Richard), d’autres franchement soupçonneux (tels le sheriff McClelland ou l’agent Dale).

Si Jo Nesbo semble véritablement prendre plaisir dans ce nouveau registre inattendu, il reste toutefois le maître du jeu et va finalement rebattre les cartes de son récit dans la dernière partie du roman. À l’image du Canada Dry, il ne faut pas se fier aux apparences. Certains regretteront sans doute cet ultime revirement, les plus rationnels seront plutôt soulagés… Pour ma part je suis mi-figue mi-raisin, certes j’aurai aimé que le final soit à l’image du reste du bouquin, mais le choix de l’auteur s’inscrit dans une certaine logique.

Un titre qui n’aurait pas dépareillé dans la défunte collection Gore, une collection et un genre que les éditions Faute de Frappe se font un plaisir de remettre en avant. Il n’en reste pas moins que Jo Nesbo rafle la mise avec son pari un peu fou, force est de reconnaître que j’en suis le premier surpris.