[BOUQUINS] L.C. Tyler – Mort Mystérieuse D’Un Respectable Banquier Anglais Dans La Bibliothèque D’Un Manoir Tudor Du Sussex

LC Tyler - Mort mystérieuse...Comme tout challenge que se respecte (en tout cas chez votre humble serviteur), quelques imprévus viennent pimenter le programme. J’en ai déjà quelques uns en vue (des imprévus prévus en quelque sorte… cherchez pas). Je vais commencer par le petit dernier à avoir intégré mon Stock à Lire Numérique, Mort Mystérieuse D’Un Respectable Banquier Anglais Dans La Bibliothèque D’Un Manoir Tudor Du Sussex (c’est bon vous pouvez reprendre votre respiration) de LC Tyler. Troisième enquête du trés atypique duo Ethelred Tressider & Elsie Thirkettle.
Alors qu’Ethelred et Elsie sont invités à une réception, le mâitre des lieux, Robert Muntham, est retrouvé mort dans la bibliothèque, fermée de l’intérieur. La police conclut au suicide mais Ethelred et Elsie décide de creuser la piste du meurtre, auquel cas le coupable ne pourrait être que l’un des huit autres invités présents à la réception…
Intrigue classique type mystère en chambre close, en l’occurrence agrémentée d’une pointe de Cluedo, mais sous la plume de LC Tyler même le scénario le plus classique peut prendre des tournures pour le moins inattendues. Si l’auteur joue à fond la carte de l’humour, il ne néglige pas pour autant l’aspect policier de son intrigue, elle est juste un brin décalée (mais en rien déjantée). Mon allusion au Cluedo n’était pas totalement gratuite, L’agencement de Muntham Court est assez proche du plateau de jeu ; qui plus est l’auteur prend un malin plaisir à brouiller les pistes au fil des pages.
Les habitués retrouveront avec plaisir Ethelred, écrivain de romans policiers un peu maladroit (et limite benêt en présence d’une jolie femme) et Elsie, son agent littéraire, aussi délicate qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine et un sens de la répartie aiguisé. Quant à ceux qui ne les connaissent pas encore, je suis convaincu qu’ils tomberont rapidement sous le charme de ce duo de choc.
On retrouve un récit qui alterne entre les points de vue d’Ethelred et d’Elsie ; outre le changement de police de caractère, le ton employé permet aisément de distinguer les deux personnages. L’auteur adapte véritablement son écriture à ses narrateurs (les différences de point de vue et d’appréciation sont jubilatoires). Cà et là viennent se glisser des chapitres du roman sur lequel Ethelred travaille.
Je ne sais pas si le traducteur ou l’éditeur compte, à chaque nouveau roman de la série, le titre mais si tel est le cas il va falloir prévoir des couvertures plus grandes ! Un bouquin qui se lit tout seul et vous laisse le coeur léger et la tête vide… comme ça fait du bien parfois !

Petits bémols d’ordre purement techniques concernant la version numérique.

Bien que je sois un inconditionnel des éditions Sonatine force est de constater que si leurs ebooks sont de bonne qualité ils restent perfectibles ; ne serait-ce que par l’ajout d’une table des matières complète digne de ce nom. Je sais bien que c’est un détail mais il n’empêche que ça dérange les maniaques dans mon genre (la première chose que je fais après l’achat d’un titre Sonatine ou Super 8 est de mettre la TdM en conformité avec mes attentes via Sigil).
Je vous laisse juge de ce que ça donne en comparant les deux TdM (avant et après) :
TdM Sonatine

J’ai par contre été vachement surpris par la lourdeur de certains codes, notamment dans les pages consacrées au prochain roman d’Ehtelred ; là encore ça ne change strictement en terme de lisibilité du bouquin, mais quand je vois un code pareil ça me colle des frissons… donc je corrige (toujours via Sigil).
A titre d’exemple je vous joint la même portion de texte, avant et après sa réécriture :
Code avant
Code après

Ceci ne m’empêchera pas de rester fidèle à Sonatine, d’autant que leurs catalogue promets encore quelques belles surprises (avec une probable rencontre entre l’Iroquois et le Bourbon Kid… c’est de la balle ! Et du gros calibre !). Et puis j’espère bien y retrouver le prochain LC Tyler (à ce jour il reste encore deux enquêtes d’Ethelred et Elsie inédites en français).

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Romain Puértolas – La Petite Fille Qui Avait Avalé Une nuage Gros Comme La Tour Eiffel

R. Puertolas : La petite fille qui avait avalé un nuage...Je poursuis mon programme (si on peut appeler ça comme ça étant donné que je n’ai pas vraiment de liste définie à l’avance, ni d’ordre établi) de lecture en alternant entre mon Challenge retrouvailles et le reste de mon Stock à Lire Numérique ; mon objectif premier étant de varier les plaisirs (et donc les genres) autant que faire se peut. Au menu du jour La Petite Fille Qui Avait Avalé Un Nuage Gros Comme La Tour Eiffel de Romain Puértolas.
Providence Dupois a enfin reçu les papiers d’adoption pour Zahera, une petite marocaine hospitalisée depuis toujours pour une mucoviscidose. La nouvelle mère n’a qu’une hâte, s’envoler pour le Maroc afin de rapatrier sa fille. Seulement voilà un volcan islandais a décidé au même moment de cracher un nuage de cendres qui interdit de vol tous les appareils. Rien n’empêchera Providence de rejoindre Zahera, quitte à se rendre là-bas en volant de ses propres « ailes »…
L’écriture de Romain Puértolas produit un effet magique sur les lecteurs (en tout cas sur moi) ; aussi improbables que soient ses récits, on se laisse bercer par la magie des mots, les talents de conteurs, l’authenticité et la sensibilité (à ne pas confondre avec la mièvrerie) de l’auteur. Ce sont des lectures qui font du bien au moral et vous donne le pep’s pour la journée.
Si vous avez été hermétique au voyage du fakir alors passez votre chemin, c’est un modèle de sérieux et de rigueur à côté du périple aérien de Providence ! Pour ma part j’ai lu ce livre comme un conte, ou plutôt une fable. Vous savez ce qu’on dit, il y a une part de vérité derrière chaque légende… la question est de savoir si la vérité est plus belle ou plus sombre que la légende.
Je n’ai donc pas été totalement surpris par le retournement final, même si je ne m’attendais pas forcément à ça. D’un autre côté l’auteur prévient ses lecteurs dès l’exergue en citant Boris Vian : « Cette histoire est entièrement vraie puisque je l’ai inventée d’un bout à l’autre. » (L’Ecume des Jours).
Providence croisera des personnages hauts en couleurs (et parfois même des grands de ce monde) lors de son périple. Un périple plein de charme et d’émotions. L’auteur aborde des thèmes graves (dont la maladie, et plus particulièrement la maladie chez l’enfant) avec légèreté sans jamais tourner le sujet en dérision. A ce titre j’ai aussi craqué pour Zahera, une gamine de sept ans pleine de vie, d’espoirs et d’ambitions malgré la maladie qui lui ronge inexorablement les poumons.
L’absurdité des situations n’empêche nullement l’auteur de jouer la carte d’un humour tout en finesse et celle d’une sincérité qu redonnerait presque fois en l’être humain…
Un regret ? Oui, celui d’avoir refermé trop tôt ce bouquin qui fait chaud au coeur et à l’âme. Lu en une journée. Je terminerai cette chronique en trois mots Monsieur Puértolas : Vivement le prochain !

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Gilles Legardinier – Ca Peut Pas Rater !

G. Legardinier - Ca Peut Pas Rater !Après mon looong périple au coeur des Collines Noires avec Dan Simmons j’avais besoin d’un peu de légèreté, d’un maximum de pep’s et d’un bouquin qui se lisait tout seul, sans prise de tête et avec un sourire béat aux lèvres. Mon sauveur ? Gilles Legardinier et son dernier opus, Ca Peut Pas Rater !. Une valeur sure au rayon de la bonne humeur.
Marie se fait plaquer par son mec, après un passage à vide elle décide que désormais plus personne ne viendra lui chercher des poux sans en payer les conséquences. Plus question de s’encombrer d’un homme dans sa vie. Sauf que les choses ne se passeront pas exactement comme prévu…
Ce quatrième opus dans le registre humour ne fait que confirmer ce que je savais déjà, Gilles Legardinier a un don incroyable pour nous offrir un condensé de bonheur et de bonne humeur. Je persiste et signe en affirmant que ses bouquins devraient être remboursés par la Sécu (plus encore en ces temps de morosité ambiante). On en arriverait presque à retrouver foi en l’humanité…
De nouveau Gilles Legardinier réussit à nous surprendre en jouant dans un nouveau registre comique. En s’adressant à son lecteur à la première personne et à travers un personnage féminin, on pourrait être tenté de faire un rapprochement avec Demain j’Arrête ! mais le personnage de Marie est tout de même nettement moins déjanté que celui de Julie et fait preuve de plus de maturité dans son analyse des relations humaines (quoique parfois on retrouve le même grain de folie douce).
Car oui, comme dans les autres romans de l’auteur ce sont bien les relations humaines qui tiennent le haut du pavé. Ici, la relation homme-femme au sein du couple est à l’honneur, mais aussi l’amitié et même les relations sociales au sein d’un même espace de travail. Sous couvert d’humour l’auteur nous offre une analyse qui ne manque ni de profondeur ni de justesse, nul doute que tout à chacun devrait s’y reconnaître à un moment ou un autre de son existence.
Et les personnages sont suffisamment nombreux et variés pour permettre à l’auteur de nous inviter à partager quelques tranches de vie avec eux. Marie pourra ainsi toujours compter sur le soutien indéfectible de son amie, Emilie, mais ce sera aussi pour elle l’occasion de découvrir ses autres collègues. A bien y regarder on bosse au milieu de gens que l’on côtoie entre 8 et 10 heures par jour, mais est-ce qu’on les connait vraiment ? Pour ma part sans hésitation la réponse est non, sans doute mon côté ours grognon et asocial qui ressort…
Je referme ce bouquin avec l’esprit léger, le coeur plein d’émotions (et oui l’auteur sait aussi jouer sur tout le registre émotionnel) et un sourire béat aux lèvres. Une lecture ponctuée de sourires et de rires. Je pensais trouver une Marie plus vacharde mais c’est sans le moindre regret que je me suis laissé embarquer dans le périple imaginé par l’auteur ; et une fois de plus je m’incline devant son talent indéniable pour dérider nos zygomatiques en toutes circonstances.
C’est toujours avec un pincement au coeur que je referme un roman de Gilles Legardinier, d’un autre côté ça ne me rend que plus impatient de découvrir le suivant. Qu’il décide de nous offrir une nouvelle tranche de bonne humeur ou un thriller, je serai au rendez-vous.

[TV News] The Neighbors

The NeighborsUne fois n’est pas coutume ces dernières semaines nos dimanches soirs étaient rythmés par Comédie+ et la série The Neighbors de Dan Fogelman.
Marty et Debbie Weaver (Lenny Venito et Jami Gertz) s’installent avec leurs 3 enfants dans un confortable pavillon au coeur d’une copropriété cossue. Ils sympathisent rapidement avec leurs nouveaux et étranges voisins, Larry Bird (Simon Templeman), Jackie Joyner-Kersee (Toks Olagundoye) et leurs deux enfants. Ils ne tarderont pas à découvrir que leurs voisins et toute la communauté sont en fait des extra-terrestres…
Cette première saison est composée de 22 épisodes relativement courts (22 minutes) nous offre un show où le comique repose surtout sur le décalage entre les deux familles, que ce soit dans la conception de leur quotidien ou dans leur approche de la vie. Les Weaver auront du pain sur la planche pour faire en sorte que leurs chers voisins passent inaperçus parmi les humains, ne serait-ce que pour leur faire comprendre nos us et coutumes (visite au supermarché, Halloween, Noël…). De fait l’humour est aussi décalé (toujours) que déjanté (souvent), ça fait du bien de finir le week-end sur une touche de bonne humeur.
J’étais passé à côté de la série lors de sa première diffusion, il n’était pas question que je rate cette séance de rattrapage. Et franchement je n’ai aucun regret, je me suis bien éclaté sur des épisodes tous plus originaux les uns que les autres (aucune redondance dans les gags). La série n’est pas qu’une succession de sketches sans queue ni tête, elle nous fait vivre l’évolution des personnages, dans leurs relations et dans leur état d’esprit en général.
Cerise sur le gâteau, dès dimanche prochain la Comédie+ enchaîne avec la seconde saison (22 épisodes). Par contre je viens d’apprendre que la série avait été annulée par ABC, cette saison 2 enterre la série sur une fin plutôt abrupte d’après ce que j’ai pu lire çà et là…

[BOUQUINS] Daniel O’Malley – The Rook

D. O'Malley - The RookAprès le tsunami interne provoqué par Reflex j’avais besoin d’un peu de légéreté histoire de faire baisser la pression ; le hasard faisant bien les choses (à ce qu’il parait) les éditions Super 8 proposent un titre qui semble parfait pour ce genre de chose. La chose en question nous vient d’Australie, l’auteur, Dan O’Malley, signe avec The Rook, son premier roman.
Myfanwy Thomas se réveille dans un parc, totalement amnésique et entourée de cadavres. Prévoyante, son ancien moi lui a laissé des instructions écrites pour lui parler d’elle et de son rôle phare au sein de la Checquy, une organisation secrète qui regroupe des agents dotés de pouvoirs surnaturels chargés de protéger les iles Britanniques des forces occultes. Mifanwy va devoir réapprendre sa vie et vite, car le temps presse, un haut responsable de la Checquy est un traître…
Imaginez ce que pourrait donner un mix habile entre les Avengers, Fringe et… Johnny English, impossible me direz-vous. Et pourtant Daniel O’Malley l’a fait, et l’a bien fait qui plus est ! Comme vous pouvez vous en douter le résultat de ce cocktail explosif est totalement déjanté, mais traité avec intelligence, un OLNI qui se lit avec délice.
Si vous aimez ranger vos bouquins dans des cases bien définies, oubliez The Rook ! Il est la parfaite illustration de la littérature SFFF (Science Fiction, Fantasy et Fantastique) puisqu’il mélange ces trois genres avec un soupçon d’espionnage et un max d’humour. D’ailleurs je pourrais l’inscrire comme invité surprise à mon challenge SF (ah bin voilà c’est fait).
Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les super-héros, ceux de la Checquy ont des pouvoirs que Marvel n’aurait jamais pu imaginer. Certains sont plus orientés vers l’attaque, alors que d’autres privilégient la défense ; enfin il y en a quelques uns qui sont d’une inutilité absolue.
Avec Myfanwy (comme Tiffany mais avec un M à la place du T) vous aurez le droit à deux personnages pour le prix d’un. D’une part via les notes laissées par l’ancienne Myfanwy, d’autre part en suivant l’actuelle Myfanwy. Et vous pouvez me croire ce sont bel deux personnalités radicalement différentes qui ont habitées ce même corps.
Myfanwy peut, d’un simple contact, prendre le contrôle de sa cible, un contrôle absolu (le corps, les organes, le système nerveux…). Soyez assurés que ce n’est pas le personnage le plus surprenant de la Checquy, vous aurez le droit à une galerie de portraits et de personnalités aussi originaux que barrés.
L’auteur pourrait se contenter de jouer à fond la carte de l’absurde au détriment de son intrigue mais, comme je l’ai indiqué plus haut, il a placé la barre un cran plus haut en misant sur des situations et dialogues complètement loufoques, tout en entretenant une intrigue aussi solide que prenante. Un exercice d’équilibriste parfaitement maîtrisé qui détend les zygomatiques tout en jouant avec nos nerfs.
Daniel O’Malley est d’origine australienne, il a grandi et fait ses études aux Etats-Unis avant de retourner vivre en Australie. Pour son premier roman, il a choisi de situer son intrigue en Angleterre mais la Belgique y tient aussi une place de premier choix, place que je vous laisse découvrir.
Publié en 2012 en Australie, le bouquin a été bien accueilli par la critique et le public, il se verra d’ailleurs récompensé du Aurealis Award (un prix littéraire australien dédié à la SFFF) du meilleur roman de SF la même année.
Pour info le titre original, The Rook, conservé dans la version française, désigne la tour dans un jeu d’échec, ce qui correspond aussi au grade de Mifanwy au sein de la Checquy. L’auteur travaille déjà sur une suite, de son propre aveu le bébé est sur la bonne voie, même s’il se refuse à annoncer une date de publication. Quoi qu’il en soit je l’attends avec impatience, c’est avec un immense plaisir que je replongerai au coeur de la Checquy et de ses intrigues hors normes.

Peut être trouverez-vous étrange mon enthousiasme manifeste pour ce bouquin comparé au temps que j’ai mis pour le lire (10 jours) ; la faute n’est pas inhérente au roman (que j’ai adoré, je confirme, encore et encore) mais à un emploi du temps professionnel particulièrement chargé. Après une journée de 10 heures (et plus si affinités), je suis plus attiré par la bouteille de Jack Daniel’s que par ma liseuse.

[BOUQUINS] Peter Stenson – Déchirés

P. Stenson - DéchirésC’est en parcourant le catalogue des éditions Super 8 que j’ai découvert ce roman et presque instantanément craqué pour ce titre. Qui plus est il fait un parfait invité surprise pour mon challenge zombies. Plein de bonnes raisons qui font que Déchirés de Peter Stenson s’est retrouvé propulsé au sommet de mon Stock à Lire Numérique.
Chase et son pote, Sténo, sont tous les deux des junkies accros à la méth. Après une semaine à planer dans les brumes de cristal, ils réalisent que quelque chose ne tourne pas rond… Et pour cause, ils se retrouvent au coeur d’un chaos apocalyptique où les zombies jouent les invités surprises. Des invités affamés de chair fraîche…
La quatrième de couv’ présente le bouquin comme un mix entre les séries Breaking Bad (entendu parler mais jamais vu) et Walking Dead (complètement fan). Une chose est certaine ce roman propose une approche totalement originale (et délirante) de l’Apocalypse Z.
L’auteur nous plonge dans le grand bassin dès les premières page avec une gosse zombifiée qui attaque et bouffe un rottweiler (à ne pas confondre avec le Trierweiler). Amis des bêtes rassurez vous, quelques pages plus tard ce sont des chats qui bectent joyeusement leur maîtresse morte. Un partout, balle au centre.
N’allez pas pour autant vous imaginer que ce bouquin est une grossière parodie de la littérature zombie (un genre qui a le vent en poupe depuis quelques années). Certes l’humour (souvent noir) est bel et bien présent (voire omniprésent) mais les fondamentaux du genre sont respectés. Un mix osé entre humour et horreur sans jamais virer à la farce, le rire et le gore font bon ménage au fil des pages. Un choix original parfaitement maîtrisé par l’auteur, pour notre plus grand plaisir.
La première originalité du bouquin tient de ses deux héros, une paire de bras cassés camés jusqu’aux yeux. Qui plus est les survivants qu’ils croisent ont eux aussi un gros faible pour la méth : la conclusion s’impose d’elle même pour Chase : « Tous ceux qui sont encore en vie sont accros à la méthamphétamine« . Rassurés par cette conclusion (à moins que ce ne soit l’essence même de la pensée junkie), en plus de leur survie nos deux comparses vont devoir assurer leur ravitaillement en méth.
Les zombies version Peter Stenson ne sont guère différents de ceux que l’on peut croiser ailleurs (ciné, tv ou bouquins), si ce n’est qu’au lieu des grognements habituels ils ont opté pour le ricannement. Leur petit nom ? Les Morbacs, pour Morts-back.
Ecrit à la première personne l’auteur nous fait partager les événements vus par Chase, un style très imagé (par exemple « Des morceaux de chair se détachent de son visage comme de fines tranches de kebab« , ou encore « Ça sent comme un cunni pendant les règles« …) et des pensées pas toujours des plus lucides.
Toujours au niveau du style et de l’écriture les dialogues ne sont pas marqués par des guillemets ou des tirets ; ça surprend un peu au début mais finalement ça contribue à rendre le récit plus vivant, comme si Chase te le racontais de vive voix.
L’auteur nous offre une véritable cocotte-minute, ça commence doucement puis la pression monte progressivement jusqu’à un final qui nous explose littéralement à la gueule (oui je sais que ce n’est pas censé être le cas des cocottes-minute, on va dire qu’elle avait un défaut de fabrication).
Un bouquin qui se hisse tout de suite sur les plus hautes marches de la littérature zombie, non seulement il devrait séduire les adeptes du genre mais aussi attirer un public plus large (et pourquoi pas convertir de nouveaux adeptes). Un genre encore réservé à un public limité, méconnu et souvent méprisé (surtout par ceux qui ne le connaissent pas) ; je suis loin de prétendre être un expert en la matière mais depuis le début de mon challenge zombies j’ai découvert des bouquins bien plus profonds qu’il n’y paraissent et offrant tous une approche différente.
Deuxième titre que je lis des éditions Super 8 et deuxième coup de coeur, il m’en reste deux en stock (sur cinq sortis à ce jour, c’est un score honorable). Sans parler des prochains titres annoncés qui promettent d’être tout aussi savoureux… Bon, sur ce, j’y retourne !

[BOUQUINS] Fredrik Backman – Vieux, Râleur Et Suicidaire – La Vie Selon Ove

F. Backman - Vieux, Râleur et SuicidaireIl est des titres qui s’imposent comme une évidence, allez savoir pourquoi ; en ouvrant mon catalogue France Loisirs je tombe sur Vieux, Râleur Et Suicidaire – La Vie Selon Ove écrit par Fredrik Backman, comment voulez-vous que je puisse résister ? Tout m’interpelle danse ce bouquin, le titre, la couv’, le pitch…
Depuis la mort de sa femme et sa mise à la retraite, Ove ne trouve plus vraiment de sens à la vie. Quoi de plus normal dans ces cas-là que de vouloir se suicider ? Les plans morbides d’Ove seront toutefois contrariés par l’arrivée surprise dans sa vie d’un chat et de nouveaux voisins…
Vieux ? Je ne suis plus franchement de première main du haut de mes 46 piges. Râleur ? Ca me semble un état normal pour un vieil ours grincheux et asocial tel que moi. Suicidaire ? Heu non pas encore… à moins de considérer le Jack Daniel’s comme l’arme d’un crime pas encore commis (je ne saurai vous dire l’état d’avancement de la chose). Ajoutez à cela un auteur nordique qui s’écarte du polar (oui je sais que c ‘est un énooorme cliché). Je ne pouvais que craquer !
On pourrait ajouter au titre maniaque et routinier mais ça ferait peut être un peu long. J’ai tout de suite adoré le personnage d’Ove ainsi que son entourage dont il se passerait bien parfois (souvent). A l’instar d’un Gilles Legardinier, Fredrik Backman nous offre un bouquin qui met du baume au coeur et vous laisse avec un sourire béat une fois la dernière page tournée (à regret).
L’auteur ne nous invite pas seulement à découvrir le quotidien de Ove, au fil des pages c’est sa vie que l’on partage. Une vie vide de sens dès le moment où il perd son père et jusqu’à ce qu’il rencontre Sonja (qui deviendra sa femme), une vie encore plus vide lorsque celle-ci s’éteint trop tôt et jusqu’à sa rencontre avec le chat et ses voisins.
« Il était un homme en noir et blanc. Elle était les couleurs. Toutes les couleurs. »
« Si quelqu’un lui avait posé la question, il aurait répondu qu’il ne vivait pas avant elle. et après non plus. »
Indéniablement un livre plein de bonne humeur, mais aussi plein d’émotions. Je n’ai aucune honte à avouer qu’il m’a même tiré une larmiche de temps en temps. Mais il m’a surtout fait sourire et même rire.
Fredrik Backman nous vient de Suède et signe là son premier roman qui a fait un carton dans son pays d’origine, je lui souhaite le même succès, amplement mérité, dans la francophonie. Il a deux autres titres à son actif, non encore traduits à ce jour, s’ils sont du même acabit que celui-ci il me tarde de les découvrir !

[BOUQUINS] Karin Slaughter – Pas De Pitié Pour Martin

K. Slaughter - Pas De Pitié Pour MartinJe n’ai pu résister à la tentation de voir ce que Karin Slaughter pouvait faire quand elle s’éloigne de son genre de prédilection (le thriller) et de ses personnages habituels (Sarah Linton et Will Trent) ; c’est donc un mélange d’avidité et de curiosité que je me suis plongé dans Pas De Pitié Pour Martin.
Martin Reed, 36 ans, est un individu lambda, invisible, quand il n’est pas la cible des railleries de ses collègues ou de sa mère acariâtre chez qui il vit encore. Tout change le jour où il se retrouve suspecté du meurtre d’une de ses collègues. Tout le monde semble convaincu de sa culpabilité sauf la détective An Albada en charge du dossier…
Vu comme ça on pourrait penser que Karin Slaughter reste dans le polar/thriller mais que nenni, Pas de Pitié Pour Martin est au thriller ce que le Canada Dry est à l’alcool. Ca y ressemble fort mais ça n’en est pas ! L’auteure joue à fond la carte de l’humour, un humour qui se consomme noir et fait un bien fou aux zygomatiques (la scène de l’interrogatoire est à pleurer de rire au vu des prouesses de l’avocat commis d’office).
Tandis que Karin Slaughter prend un malin plaisir à jouer avec les règles d’un genre qu’elle maîtrise sur le bout des doigts, elle en profite aussi pour rendre hommage à d’autres grands nom de la littérature policière. Même avec un humour omniprésent l’auteure nous propose une intrigue qui tient plutôt bien la route, notamment grâce à une galerie de personnages hors normes, pour ne pas dire pathétiques (Martin en tête, un loser puissance 10 mais aussi un personnage terriblement attachant).
N’espérez pas un suspense à couper au couteau, vos nerfs ne devraient pas être mis à trop rude épreuve, comme je l’ai déjà indiqué (ça doit être l’âge, je radote) ce sont vos zygomatiques qui intéressent Karin Slaughter. N’attendez pas non plus LE livre de l’année (il date de 2009), prenez le simplement pour ce qu’il est : une pause détente sans prise de tête avec quelques sourires (les éclats de rire en public j’évite… surtout à la bibliothèque) à la clé.
Le roman est court et se lit d’une traite, sans se presser afin de prendre le temps d’en savourer toutes les subtilités (on se surprend à espérer quelques pages de plus au moment de le refermer). En lisant les répliques cinglantes de la mère de Martin je visionnais parfaitement dans le rôle le personnage de Berta (Conchata Ferrell) dans la série Mon Oncle Charlie, Alan (Jon Cryer) ferait un bon Martin avec quelques kilos en plus.

[BOUQUINS] Timur Vermes – Il Est De Retour

T. Vermes - Il Est De RetrourEn errant dans les rayonnages de votre librairie préférée il est difficile de rester indifférent à la couv’ et au titre de ce bouquin, Il Est De Retour, signé Timur Vermes. La frange, la moustache dessinée par le titre, aucun doute possible sur l’identité de ce fameux « Il »… Et oui c’est bien lui.
Berlin, été 2011. Adolf Hitler reprend connaissance dans un terrain vague au coeur d’une Allemagne qu’il ne connait plus. Si le pays a changé ce n’est pas le cas du führer, bien déterminé à reprendre les choses en main. Pour se faire il va user et abuser de l’arme d’abrutissement massif ultime qu’est la télévision…
Avant d’aller plus loin je vous invite à méditer cette phrase de Pierre Desproges : « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui« . Si vous n’adhérez pas, si le second (voire plus) degré est un concept étranger pour vous, non seulement je vous plains mais en plus je vous invite à passer votre tour sur ce coup.
Deuxième mise au point concernant l’auteur, Timur Vermes est certes allemand et certes trop jeune (né en 1967) pour avoir connu la seconde guerre mondiale, mais il est aussi juif, je doute fort que la Shoa lui soit totalement inconnue et plus encore qu’il ait besoin de leçons de morale prétendument bien pensante. Si vous voulez connaitre le pourquoi du comment de son choix il suffit de taper son nom dans Google, les articles le concernant ne manquent pas et sont globalement bien ficelés.
Dernier point à ne pas perdre de vue, historique cette fois. En 1933 Hitler n’a pas pris le pouvoir par la force ou les armes, il a été démocratiquement élu. Son programme était clairement affiché dans Mein Kampf, y compris la solution finale. Ca ne change rien au fait qu’il soit dans le top ten des plus grands salopards de l’Histoire (avec Staline, Mao et Pol-Pot).
Bon si malgré ces mises en garde vous avez pris le bouquins avec une certaine appréhension et y avez vu une ode au nazisme alors dans ce cas vous êtes tout bonnement incurable, désolé de vous l’annoncer sans prendre de gants. Nicht mein Gott ! L’humour ne passera pas par vous…
Je ne dis pas qu’il faut être un âne pour ne pas lire ce bouquin (il y a un tas de raisons qui peuvent vous poussez à l’éviter) ou ne pas l’avoir aimé (chacun ses goûts, je respecte les vôtres) ; simplement ayez de vrais arguments pour motiver votre décision plutôt que des clichés faciles.
Aucun message politique sous-jacent, le propre de la satire est justement de taper là où ça fait mal. Car c’est bel et bien ce que vous lirez en parcourant ce bouquin, une  satire de la société contemporaine et du pouvoir des médias sur les foules. Qu’ils vous encensent ou vous diabolisent, vous aurez à coup sûr un fan club grandissant. Le but du jeu n’est pas seulement de faire rire mais aussi de faire réfléchir et éventuellement d’alerter.
Ma motivation première en prenant ce bouquin tenait d’avantage à une simple curiosité qu’à un réel intérêt ; l’intérêt n’est venu qu’au fil des pages et des sourires. Un intérêt qui s’est parfois émoustillé du fait de quelques longueurs et de digressions germano-germaniques (heureusement un glossaire est proposé à la fin du bouquin afin d’y voir un peu plus clair) qui risquent de décourager le lecteur non germanophile.
L’auteur ne fait pas les choses à moitié en prenant le parti d’écrire son bouquin à la première personne, comme si c’était Hitler qui nous livrait ses pensées et projets. Le but avoué étant de donner plus authenticité à son récit. Pari réussi au point d’en être parfois troublant. Une provocation de plus assumée par l’auteur.
Au final une lecture pas désagréable mais ni transcendant, ni indispensable ; aucun regret toutefois, ma curiosité a été satisfaite. Dommage que l’auteur n’ait pas opté pour une fin plus aboutie, sur le coup on reste sur notre faim ce qui est toujours un peu frustrant au moment de refermer un livre.
Le bouquin peut d’ores et déjà se targuer d’être une belle machine commerciale, plus d’un millions d’exemplaires vendus en Allemagne, traduit en 35 langues et les droits pour une adaptation au cinéma déjà acheté par Constantin Film.

[BOUQUINS] Graeme Simsion – Le Théorème Du Homard

G. Simsion - Le Théorème Du HomardChangement total de registre le temps que mes constantes (rythme cardiaque et tension nerveuses) redescendent à des niveaux normaux après avoir fortement rudoyées par la lecture de Je Suis Pilgrim. Rien de tel pour se faire que de s’offrir une séance de musculation zygomatique (en clair se payer une bonne tranche de rire), il me semble avoir sorti de mon Stock à Lire Numérique le titre parfait ce genre d’exercice. La chose s’appelle Le Théorème Du Homard et est signée Graeme Simsion.
A 39 ans, Don Tillman, brillant professeur de génétique, est toujours à la recherche de la femme idéale. Il faut dire qu’il est tellement psycho-rigide qu’il en devient inapte à toute relation sociale normale. Il en va de même pour la future heureuse élue, elle devra répondre à des critères bien spécifiques. Et c’est tout le contraire de Rosie Jarman, la trentaine, étudiante en psycho le jour et barmaid la nuit, à la vie dissolue, qui croisera son chemin presque par hasard…
Encore un australien et encore un premier roman (mais cette fois l’essentiel de l’histoire se déroule en Australie)… Et encore une réussite (les droits ont déjà été achetés en vue d’une adaptation au cinéma) ! La comédie romantique (et la romance d’une façon générale) ne figure pas franchement dans mes genres littéraires de prédilection, mais, curieux de tout, j’aime parfois m’aventurer hors des sentiers battus. Parfois (souvent) c’est l’occasion de quelques belles découvertes, ce qui est confirmé avec ce bouquin.
Ecrit à la première personne, il nous présente les choses telles que Don les vit et les interprètes. C’est justement dans leur interprétation que l’on se rend compte que plus socialement inadapté et en total décalage avec la réalité, tu meurs ! Même moi à côté de lui je fais figure d’amateur ; et pourtant, en gros ours grognon, je fais le minimum syndical en matière d’efforts d’intégration sociale, ma politique serait plutôt : « Je suis comme je suis, j’assume. A prendre ou à laisser. » (la version longue est un peu plus longue est pas toujours très polie dans sa formulation).
Est-ce que sa rencontre avec Rosie va lui permettre de profiter pleinement et simplement de la vie, et d’éjecter le tronc de sequoia qu’il a dans le cul ? Heu… C’est une comédie romantique pas un psycho-drame, la réponse est évidente avant même de commencer à lire le bouquin. Est-ce que ça se confirme au fil des pages ? Si tu veux savoir, tu vas chercher le bouquin et tu le lis.
Le bouquin repose essentiellement sur le paradoxe entre Don et Rosie, leur façon de voir la vie étant radicalement différente on le droit à quelques échanges qui, parfois, flirtent avec l’absurde. D’autres personnages interviennent dans l’histoire dont le couple, Gene (un peu gros beauf et beaucoup queutard… mais pas méchant) et Claudia (ses conseils sont bien plus pertinents), les seuls amis de Don.
Pas de grande surprise au rendez-vous, on retrouve tout les classiques de l’amour impossible revus et corrigés par la comédie dramatique. Même si on ne s’esclaffe pas à tout bout de champ, un sourire quasi permanent nous accompagne au fil de cette lecture pleine de fraîcheur et de bonne humeur.
Cerise sur le gâteau c’est vraiment bien écrit, une lecture agréable et fluide (ça se lit tout seul) ; parfois ça fait du bien ces petites bouffées d’oxygène dans ce monde de brutes (surtout dans mes choix de lecture les brutes). J’ai passé un très bon moment avec ce bouquin et je ne peux que vous le recommander si vous cherchez une escapade littéraire sans prise de tête. A défaut de m’avoir tuer ce homard m’a fait beaucoup de bien.
Un petit exemple de l’ampleur du handicap social de Don : « Il est presque impossible d’établir des comparaisons pertinentes entre les niveaux de bonheur, surtout sur de longues périodes. Pourtant, si on m’avait demandé quel avait été le jour le plus heureux de ma vie, j’aurais cité sans hésitation la première journée que j’avais passée au Musée d’histoire naturelle de New York. Je m’étais rendu dans cette ville à l’occasion d’un colloque, à l’époque où je préparais mon doctorat. Le deuxième plus beau jour de ma vie avait été le deuxième jour que j’y avais passé, et le troisième le troisième jour. » Et encore ce n’est pas le pire (au premier regard le gars jauge son interlocuteur, homme ou femme, sur une estimation de son âge et de son indice de masse corporelle)…
Vous vous demandez peut être d’où vient le titre, simplement d’une des exigences de Don quant à la sélection de la femme idéale, le mardi au dîner c’est salade de homard, une des règles de son Système de Repas Normalisés (je vous laisse le plaisir de découvrir les détails de la chose).