Changement total de registre le temps que mes constantes (rythme cardiaque et tension nerveuses) redescendent à des niveaux normaux après avoir fortement rudoyées par la lecture de Je Suis Pilgrim. Rien de tel pour se faire que de s’offrir une séance de musculation zygomatique (en clair se payer une bonne tranche de rire), il me semble avoir sorti de mon Stock à Lire Numérique le titre parfait ce genre d’exercice. La chose s’appelle Le Théorème Du Homard et est signée Graeme Simsion.
A 39 ans, Don Tillman, brillant professeur de génétique, est toujours à la recherche de la femme idéale. Il faut dire qu’il est tellement psycho-rigide qu’il en devient inapte à toute relation sociale normale. Il en va de même pour la future heureuse élue, elle devra répondre à des critères bien spécifiques. Et c’est tout le contraire de Rosie Jarman, la trentaine, étudiante en psycho le jour et barmaid la nuit, à la vie dissolue, qui croisera son chemin presque par hasard…
Encore un australien et encore un premier roman (mais cette fois l’essentiel de l’histoire se déroule en Australie)… Et encore une réussite (les droits ont déjà été achetés en vue d’une adaptation au cinéma) ! La comédie romantique (et la romance d’une façon générale) ne figure pas franchement dans mes genres littéraires de prédilection, mais, curieux de tout, j’aime parfois m’aventurer hors des sentiers battus. Parfois (souvent) c’est l’occasion de quelques belles découvertes, ce qui est confirmé avec ce bouquin.
Ecrit à la première personne, il nous présente les choses telles que Don les vit et les interprètes. C’est justement dans leur interprétation que l’on se rend compte que plus socialement inadapté et en total décalage avec la réalité, tu meurs ! Même moi à côté de lui je fais figure d’amateur ; et pourtant, en gros ours grognon, je fais le minimum syndical en matière d’efforts d’intégration sociale, ma politique serait plutôt : « Je suis comme je suis, j’assume. A prendre ou à laisser. » (la version longue est un peu plus longue est pas toujours très polie dans sa formulation).
Est-ce que sa rencontre avec Rosie va lui permettre de profiter pleinement et simplement de la vie, et d’éjecter le tronc de sequoia qu’il a dans le cul ? Heu… C’est une comédie romantique pas un psycho-drame, la réponse est évidente avant même de commencer à lire le bouquin. Est-ce que ça se confirme au fil des pages ? Si tu veux savoir, tu vas chercher le bouquin et tu le lis.
Le bouquin repose essentiellement sur le paradoxe entre Don et Rosie, leur façon de voir la vie étant radicalement différente on le droit à quelques échanges qui, parfois, flirtent avec l’absurde. D’autres personnages interviennent dans l’histoire dont le couple, Gene (un peu gros beauf et beaucoup queutard… mais pas méchant) et Claudia (ses conseils sont bien plus pertinents), les seuls amis de Don.
Pas de grande surprise au rendez-vous, on retrouve tout les classiques de l’amour impossible revus et corrigés par la comédie dramatique. Même si on ne s’esclaffe pas à tout bout de champ, un sourire quasi permanent nous accompagne au fil de cette lecture pleine de fraîcheur et de bonne humeur.
Cerise sur le gâteau c’est vraiment bien écrit, une lecture agréable et fluide (ça se lit tout seul) ; parfois ça fait du bien ces petites bouffées d’oxygène dans ce monde de brutes (surtout dans mes choix de lecture les brutes). J’ai passé un très bon moment avec ce bouquin et je ne peux que vous le recommander si vous cherchez une escapade littéraire sans prise de tête. A défaut de m’avoir tuer ce homard m’a fait beaucoup de bien.
Un petit exemple de l’ampleur du handicap social de Don : « Il est presque impossible d’établir des comparaisons pertinentes entre les niveaux de bonheur, surtout sur de longues périodes. Pourtant, si on m’avait demandé quel avait été le jour le plus heureux de ma vie, j’aurais cité sans hésitation la première journée que j’avais passée au Musée d’histoire naturelle de New York. Je m’étais rendu dans cette ville à l’occasion d’un colloque, à l’époque où je préparais mon doctorat. Le deuxième plus beau jour de ma vie avait été le deuxième jour que j’y avais passé, et le troisième le troisième jour. » Et encore ce n’est pas le pire (au premier regard le gars jauge son interlocuteur, homme ou femme, sur une estimation de son âge et de son indice de masse corporelle)…
Vous vous demandez peut être d’où vient le titre, simplement d’une des exigences de Don quant à la sélection de la femme idéale, le mardi au dîner c’est salade de homard, une des règles de son Système de Repas Normalisés (je vous laisse le plaisir de découvrir les détails de la chose).
D’habitude, je n’aime pas trop les histoires romantiques qui ressemblent à un plat inox Guy Degrenne style pompadour (j’imagine que ça se termine bien ?). Pa contre, le critère de la salade de homard me plaît bien, c’est mieux que les perversions plus trash, du type rechercher des photos de chats à poils sur le net ou lécher la colle des enveloppes. Je note ce titre dans un coin pour le jour où je souffrirai de colonel Brandonite aiguë (en général en période hivernale, devant un thé fumant).
Chouette article !
De temps en temps je ne crache pas dessus, en fait je suis curieux de tout.
Comme je le dit dans mon post ça réserve parfois de bonnes surprises.
A cet hiver pour ton avis 🙂
Personnellement, j’aime bien lire ce genre de bouquins pour faire une pause apportée par la noirceur des thrillers et polars que je peux lire avec avidité ! Sinon je note le titre, car vu que c’est un australien car j’ai un défi qui concerne les nationalités des auteurs (à voir bientôt sur mon blog, teasing 😉 )
Si je ne lisais que des thrillers je crois que je finirai par péter une durite… A moins de m’accorder de longues pauses non livresques entre chaque bouquin. Tant qu’à faire autant se plonger dans un autre genre histoire de faire baisser la tension 🙂
Si tu veux faire un tour du monde littéraire certains pays risquent de poser quelques problèmes… Bonjour madame la libraire, vous pouvez me conseiller un auteur d’Ouzbékistan ?