[BOUQUINS] Stephen King – Le Bazar Des Mauvais Rêves

S. KIng - Le bazar des mauvais rêvesQuand j’ai appris qu’un nouveau Stephen King était annoncé j’ai tout de suite pensé au dernier opus de la trilogie Bill Hodges mais rapidement j’ai déchanté (en partie, faut pas déconner on parle du King quand même) en découvrant qu’il s’agissait d’un recueil de nouvelles, Le Bazar Des Mauvais Rêves.
Sur les vingt nouvelles proposées j’en connaissais quatre, deux via une VF officielle (Sale Gosse et A La Dure) et deux en fan-trad (Mile 81 et Billy Barrage). L’occasion d’ailleurs de constater que les fan-trad étaient d’excellente facture, mais sans non plus parvenir à réaliser l’impossible. D’un côté j’avais apprécié Mile 81, je l’ai redécouvert avec plaisir ; de l’autre j’avais trouvé Billy Barrage profondément chiant, je l’ai survolé à nouveau (et en diagonale) avec exactement le même ressenti.
Comme souvent, pour ne pas dire toujours, en présence d’un recueil de nouvelles on a du bon et du moins bon, ce Bazar ne déroge pas à la règle. Ceci dit je ne suis sans doute pas le meilleur public pour ce genre de bouquin, je reste en effet assez peu réceptif aux nouvelles… mais je reconnais volontiers que Stephen King excelle dans cet exercice. Avec ce recueil il confirme cette totale maîtrise, n’hésitant pas à mélanger les genres et mêmes les styles narratifs. On découvrira même deux poèmes de l’auteur… sur ce dernier point je confirme ce que lui même reconnais volontiers : la poésie n’est pas son point fort !
La véritable force de ce recueil tient davantage dans la forme que dans le fond. Stephen King se livre en effet à un « presque échange » avec les lecteurs. Outre une introduction en forme de déclaration d’amour à la nouvelle, chaque titre est précédé d’un texte de présentation plus ou moins long. Ca donne un côté intimiste à l’ensemble.
Un King nouvelliste égal à lui même qui devrait réussir à surprendre même ses fans les plus assidus. Je ne vous livrerai pas une chronique détaillée de chacune des nouvelles, globalement j’ai passé un agréable moment en compagnie de Stephen King (hormis avec Billy Barrage mais ça c’est surtout parce que je suis totalement hermétique au baseball), certaines nouvelles peuvent même se targuer de flirter avec l’excellence (je pense notamment à Ur, Morale, La Dune, Nécro et d’autres encore). J’espérais un recueil qui me ferait oublier le très moyen Nuit Noire, Etoiles Mortes, j’ai été servi au-delà de toute espérance (et je ne m’en plaindrais pas).
A noter que la version poche devrait compter un titre de plus si l’éditeur suit son homologue américain.

MON VERDICT
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[NO COMMENT] Vous prendrez bien un petit coup de Kekette ?

N’y voyez là aucune proposition indécente.

Ce matin, en faisant mes courses je suis tombé sur ça au rayon bières.

Kekette

Renseignement pris c’est une bière fabriquée en Normandie.
Niveau alcool, elle affiche un solide 6.5°.

Leur slogan publicitaire est justement le titre de mon post :
« Vous prendrez bien un coup de Kekette ? »

Ici la bouteille de 33 cl est vendue 420 XPF (approximativement 3.50 €).

En fait ce n’est pas vraiment le prix qui me fera hésiter…
Mais plutôt le fait que je n’ai aucune envie d’avoir une Kekette dans la bouche.
D’autant que la prétentieuse se proclame Extra Large !

[BOUQUINS] Bernard Werber – Demain Les Chats

B. Werber - Demain Les ChatsBernard Werber fait partie de mes incontournables, si en plus il met les chats à l’honneur dans son dernier roman, Demain Les Chats, tout est fait pour qu’il se retrouve au sommet de mon Stock à Lire Numérique, et ce malgré une rude concurrence dans la file d’attente (Stephen King, RJ Ellory, Donato Carrisi… entre autres).
Bastet mène sa paisible vie de chat avec son humaine dans un appartement de Montmartre, sa rencontre avec Pythagore, le chat de la voisine, va lui apporter un éclairage nouveau sur les liens qui unissent les chats et les humains. Plus que jamais Bastet est convaincue de la nécessité de communiquer avec les humains…
Si comme moi vous avez un chat et que vous aimez sa compagnie, vous avez certainement eu, plus d’une fois, la sensation qu’il vous considère comme son humain et non l’inverse (en aucun cas, il ne pourrait envisager d’être votre chat ou, pire encore, votre animal de compagnie… un statut bien trop dégradant pour sa noble personne). C’est en tout cas clairement la position de Bastet, la nouvelle héroïne de Bernard Werber.
Quand Pythagore va lui raconter l’évolution des relations entre les chats et les humains au fil des âges, elle sera tantôt confortée dans son idée, tantôt nettement plus dubitative. Il faut dire aussi que le chat ne fait pas les choses à moitié, il aura tour à tour été déifié puis diabolisé par les humains… Alors l’avenir de l’homme passe-t-il par le chat ?
Il faut bien reconnaître aussi que Bernard Werber ne place pas le genre humain dans la position la plus confortable qui soit. Son récit se situe en France dans un avenir incertain, le pays est déchiré par une déferlante d’attentats terroristes, on est aux portes de la guerre civile. L’ennemi n’est jamais nommé et ce n’est pas une nécessité : des barbus, fanatiques religieux, qui se regroupent sous un drapeau noir ; pas besoin de mettre un nom sur cette chose qui ne nous est que trop familière. La sagesse du chat est-elle la réponse à la connerie de l’humain ?
Si l’auteur prend (peut être) quelques libertés avec l’Histoire, nous ne lui en tiendrons pas rigueur, sa motivation est uniquement de mieux intégrer les faits à son intrigue. Un roman qui n’est certes pas destiné aux seuls ailurophiles (amoureux des chats, si, si ça s’appelle comme ça) mais clairement à un lectorat qui connaît et apprécie Bernard Werber. Ce n’est pas avec ce roman que l’auteur séduira un public plus large, on est clairement dans une histoire werberienne avec un style werberien.
Pour ma part je fais doublement partie du public visé, j’aime les chats et j’apprécie le travail de Bernard Werber. J’ai donc passé un agréable moment avec ce roman mais pour être totalement objectif je dirai que c’est un divertissement qui assure à peine plus que le minimum syndical, globalement ça aurait mérité un peu plus de densité pour emballer totalement le lecteur. Ca se lit vite et bien, aucun risque de surchauffe neuronale, le contrat est rempli mais il n’empêche qu’on a l’impression que l’auteur est resté dans sa zone de confort avec aucune prise de risque.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Gilles Legardinier – le Premier Miracle

G. Legardinier - Le Premier MiracleDepuis que j’ai « découvert » Gilles Legardinier avec Demain J’Arrête (en 2011), j’attends, tout les ans avec la même impatience, son nouveau roman… un rendez-vous feel good incontournable ! Enfin, la chose vient grossir les rangs de mon Stock à Lire Numérique, son titre : Le Premier Miracle. Avant même de l’ouvrir on a le droit à de nombreuses surprises ; d’une part point de chat sur la couv’ (à force c’est devenu la marque de fabrique du feel good façon Legardinier), normal en fait puisque point non plus de feel good au menu, le roman se présente comme « un miracle de suspense et d’humour » (je suis confiant, j’avais été conquis par Nous Etions Les Hommes, son dernier thriller en date), enfin l’auteur a quitté Fleuve pour rejoindre Flammarion (pour pouvoir bénéficier davantage plus de liberté nous explique-t-il à la fin du roman, dans son habituel mot aux lecteurs). Et puisque nous sommes (presque) en aparté Gilles, je vais commencer par répondre à votre question : « Accepterez-vous de me prendre la main les yeux fermés pour que je vous emmène ?« . OUI !!! Sans la moindre hésitation.
Ben Horwood, un historien au British Museum est brusquement tiré de ses vacances en France par Karen Holt, agent secret d’une agence encore plus secrète. C’est presque à l’insu de son plein gré qu’il se retrouve enrôlé dans une enquête sur une série de vols ayant pour objet soit des artefacts plus ou moins à vocation ésotérique, soit du matériel scientifique très haut de gamme. En essayant de découvrir le fil rouge qui relie ces différents vols, Ben et Karen sont loin de se douter qu’ils s’engagent dans une affaire qui dépassera de loin tout ce qu’ils pouvaient imaginer…
Après cette longue introduction et une présentation bavarde mais pas trop, il est temps pour moi d’entrer dans le vif du sujet. Avec ce roman Gilles Legardinier s’essaye au thriller ésotérique, le résultat est un mix entre la tétralogie Robert Langdon de Dan Brown et le diptyque Le Premier Jour / La Première Nuit de Marc Levy. Ca mérite quelques explications, n’est-il pas ?
Pour être crédible c’est un genre qui nécessite un énorme travail de documentation et de recherche, mais pas que… Il faut aussi savoir faire en sorte que les faits avérés, les théories non démontrées et les éléments purement fictionnels, s’imbriquent pour donner un tout cohérent. Ca c’est pour le côté Dan Brown (j’aurai sans doute pu citer un autre auteur spécialisé dans ce genre mais il s’avère que c’est le seul dont j’ai lu plus d’un roman). Sur ce coup Gilles Legardinier remporte haut la main son challenge, son intrigue est bien ficelée et ne manquera pas de vous surprendre. Avec en prime quelques moments de tension propres au genre.
Et Marc Levy alors ? Deux éléments essentiels que l’on retrouve aussi chez Gilles Legardinier. D’une part la place primordiale de l’humain dans son intrigue, pour se faire rien de tel qu’un duo improbable, dans le genre on peut difficilement trouver plus dissemblables que Ben et Karen. D’autre part, malgré une intrigue des plus périlleuses, l’humour reste omniprésent durant tout le récit (les joutes verbales opposant, gentiment, Ben et Karen sont excellentes).
Ces deux aspects sont parfaitement dosés, ajoutez-y un soupçon de romance et vous obtiendrez un roman captivant à plus d’un titre… et instructif. J’aime ces romans qui donnent envie d’aller fouiner sur Internet pour aller plus loin dans le contexte, quel qu’il soit : historique, géographique, artistique, symbolique…
Avec ce Premier Miracle Gilles Legardinier démontre qu’il peut encore surprendre ses lecteurs, ceux qui le connaissaient pour ses thrillers retrouveront avec plaisir une intrigue rythmée à souhait, quant aux amateurs de feel good, nul doute qu’ils suivront avec plaisir cette aventure pleine d’humanité et d’humour. Cerise sur le gâteau, ce récit vous fera voyager aux quatre coins du monde, avec à la clé des découvertes pour le moins étonnantes. Pour ma part ce fut une belle surprise, je partais confiant, je suis arrivé conquis ! Et donc un coup coeur aussi légitime que mérité.

MON VERDICT
jd5Coup de Coeur

PS : il y aurait beaucoup à dire sur ce roman mais je reste volontairement dans le vague afin de laisser intact le plaisir des nombreuses découvertes qui vous attendent au fil des pages.

[BOUQUINS] Hugh Howey – Phare 23

H. Howey - Phare 23Bien que n’ayant toujours pas lu le dernier opus de la trilogie Silo, il me tardait de découvrir le nouveau roman de Hugh Howey, Phare 23. Du coup c’est tout naturellement qu’il a grillé la priorité à ses petits camarades de mon Stock à Lire Numérique, y compris ceux issus, comme lui, de la promotion RL2016 (comprenez Rentrée Littéraire 2016).
Au XXIIIème siècle, alors qu’une guerre galactique n’en finit pas de s’étendre, un réseau de balises guide à travers l’espace des vaisseaux qui voyagent à plusieurs fois la vitesse de la lumière. Ces balises ne devraient jamais connaître d’avaries. En théorie du moins… Au cas où sait-on jamais, un opérateur humain veille au grain, isolé au milieu de nulle part, dans chaque balise.
Le roman, écrit à la première personne, nous place dans la peau d’un de ces opérateurs, un vétéran qui a choisi ce métier pour être coupé du monde et des gens, seul avec ses souvenirs… surtout les mauvais. Il nous fait partager son quotidien, ses pensées et ses états d’âmes, nous révélant au compte goutte ce passé qui le hante encore. Inutile de vous dire que la dimension psychologique joue un rôle essentiel dans ce roman, la bonne nouvelle (qui n’a rien de surprenant pour les lecteurs ayant aimé Silo) est qu’elle est très bien exploitée par l’auteur.
Rassurez-vous le roman n’est pas un long et fastidieux huis-clos entre le narrateur (qui n’est jamais nommé) et sa conscience ; sa balise attirera bien des visiteurs (toute proportion gardée) au fil des chapitres, des rencontres parfois agréables, d’autres moins… mais aucune ne surviendra sans raison. Heureusement d’ailleurs que des visiteurs s’intéresseront à lui ou à sa balise, la solitude et ses états d’âmes le poussaient inexorablement aux portes de la folie (sa rencontre avec l’Orvid est un grand moment de franche rigolade).
Avec Phare 23 Hugh Howey signe aussi un réquisitoire sans concessions contre la guerre ; facile me direz-vous. Certes dire la « guerre c’est pas bien » revient à enfoncer une porte ouverte, mais l’auteur n’emprunte pas ce raccourci, il le fait avec une grande humanité en mettant justement l’humain en avant, pas seulement les victimes décédés mais aussi et surtout ceux qui restent : les blessés, les traumatisés, les déglingués en tout genre…
Au départ cette guerre intergalactique qui n’en finit pas de durer, et donc de faire des victimes, semble n’être qu’une toile de fond au récit. Au fil des chapitres on devine qu’elle va prendre de plus en plus d’importance dans le déroulement de l’intrigue mais, et c’est là le seul bémol que j’adresserai à ce roman, j’aurai aimé avoir plus d’éléments contextuels, savoir comment tout a commencé, les grandes lignes du conflit…
Certes la fin aurait peut être elle aussi mérité un peu plus de profondeur dans son déroulé, mais dans sa note finale, l’auteur assume parfaitement le choix de cette simplicité, il est vrai que le message passe mieux s’il n’est pas perdu au milieu de maintes circonvolutions. Un message que certains trouveront peut être un brin moralisateur, pour ma part je l’ai jugé simplement humain et humaniste.
Décidément cette rentrée littéraire 2016, dans la catégorie science-fiction, n’en finit pas de me surprendre par ses intrigues et approches atypiques.

MON VERDICT
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Tête à tête (virtuel) avec Sara Greem

Publicité Pour Adultes
Tome 1
Tome 2
Tome 3

Bonjour Sara.
Merci d’avoir accepté ce tête à tête virtuel.

Merci à toi cher Lord de me donner l’opportunité de me confier.

Question rituelle pour commencer. Peux tu te présenter rapidement et nous expliquer comment t’es venue l’envie d’écrire ?

J’ai commencé par être une très grande lectrice et une traductrice assidue avant d’entamer le travail d’écriture. J’ai appris à lire à 5 ans les panneaux publicitaires avant de m’intéresser aux lettres classiques. J’ai traduit des textes en latin et grec ancien avant de m’atteler à la lecture d’un style particulier : la Fantasy. Puis à l’adolescence, « je suis tombée amoureuse » de Morten Harket, le chanteur du groupe A-HA (please ne riez pas…), et chaque lundi j’écrivais des histoires fantasques à son propos que je distribuais tous les vendredis aux copines. Voilà comment l’aventure commença…

Pourquoi avoir choisi de commencer par un genre méconnu ou mésestimé : l’érotisme ?

UN PARI !! J’ai écrit la trilogie « Publicité pour adultes » (qui au début se nommait la trilogie X//MARKS) car des amis m’ont lancé le fol pari d’écrire une romance érotique. Etant de nature très, mais très têtue, j’ai relevé le challenge ! Mais à certaines conditions…

Je le répète souvent au fil de mes chroniques : Publicité Pour Adultes est un roman érotique mais pas que et bien plus que ça ; comment le définirais-tu si tu devais nous le vendre ici et maintenant ?

Je te remercie Lord…
Je définis la saga d’«  hybride » car elle traite divers sujets. Les amateurs de romance et d’érotisme peuvent le lire, mais il n’y a pas que ça. On me dit souvent que mon roman se présente comme un « cours de management romancé », car je décris ce qui pourrait se dérouler dans le monde de l’entreprise. Les jeunes cadres dynamiques l’apprécient grandement car j’explique les coups bas et les jeux de pouvoir entre les différents interlocuteurs. La trilogie est donc accessible à tout lecteur, à condition d’être très ouvert d’esprit, car les stupéfiants en choquent plus d’un. On me traite souvent de menteuse car la drogue n’existe pas en milieu d’entreprise. Je réponds toujours…Mais qu’en savez-vous ? Et moi-même en sais-je quelque chose ? Sans l’avoir vécu, il se pourrait bien…
J’ai tout de même la forte impression que la trilogie plaît davantage aux hommes…

Convaincre un éditeur de te suivre : promenade de santé ou parcours du combattant ?

Plutôt parcours du combattant car le milieu de l’édition est impitoyable. De plus, mes écrits interdits en ont arrêté plus d’un, malgré la forme qui a été très soignée durant de longues années.

Le milieu de la pub, tel que nous le décrit dans ton roman, réserve bien des surprises ; dirais-tu que c’est exagéré ou, au contraire, édulcoré par rapport à la réalité ?

C’est une excellente question… qu’en pensent les publards ? Je crois qu’ils me donneraient raison en spécifiant que certaines situations arrivent moins fréquemment. Mais elles existent bel et bien. Et même dans d’autres secteurs que celui de la publicité.

Publicité Pour Adultes peut se vanter d’avoir une vraie intrigue avec son lot de rebondissements, où trouves-tu ton inspiration et tes idées ?

Pour dire la vérité, je n’ai préparé aucun plan avant d’écrire la trilogie. Au départ, le pari n’impliquait qu’un seul livre. Puis j’ai remarqué que tout s’imbriquait et j’ai saisi l’occasion d’en écrire davantage. J’ai créé le concept des oursons en peluche car certaines sociétés offrent un cadre de travail « bisounours ». Or, le mot est protégé. J’ai regardé les peluches chez moi et j’ai éclaté de rire car j’allais leur donner le premier rôle. Je savais qu’il me fallait écrire sur un type pas forcément intéressant (Ian), une jeune femme coincée qui allait se révéler par la suite (Terry), une femme fatale, vénale et ambitieuse (Shirley), un déjanté de service (Jérôme), un salopard de première (dans ce cas il y en a deux, Conrad Russell et Rober Conival) et les copains sur qui on peut toujours compter (Paul et Patrick). L’inspiration a surgi selon mes humeurs du moment…
Je désirais créer un premier tome « léger et superficiel » afin de poser le cadre, et les deux derniers davantage axés sur la psychologie des personnages. Et hop ! L’inspiration est arrivée de manière très spontanée.

Comment se déroule une journée type quand tu écris ?

Tout se passe généralement le week-end ou lorsque je suis en vacances. Et là je vais passer pour une folle furieuse…mais tant pis puisque je ne veux pas faire semblant. Je me lève très, très tôt le matin. Soit je me rends au dojo pour m’y entraîner avec quelques autres fous du matin, ou je vais courir. Vers 7heures30, je rentre et je commence à nettoyer mon appartement après une bonne douche (suivie d’une douche écossaise). Je m’habille généralement en noir pour pouvoir écrire et je me fais une coupe guerrière (car il n’y a pas pire que les mèches qui viennent chatouiller le visage). Je précise que je ne peux absolument pas travailler dans un milieu sale et encombré. De plus, il faut que la pièce soit sombre (impossible d’écrire sur les terrasses en plein soleil). Le travail d’écriture commence donc avec un bol de chicorée (je ne bois jamais de café) et une peluche sur les genoux (c’est généralement la même : Doonalyen Targaryen). J’écris jusqu’à environ 14 heures puis je prends mon lunch et je pars à la sieste (comme les enfants). Après avoir dormi durant 2 ou 3 heures, je me lève et je me remets à écrire (toujours avec la même peluche sur les genoux).
Le soir venu, mon compagnon rentre du travail ou de ses activités et voyant mes yeux explosés et mon expression ahurie (car en levant la tête du PC, je ne sais plus ce qui est réel de ce qui est fictif), il me prépare à manger. Durant le week-end, étant une couche tard, je recommence à écrire aux alentours de minuit jusqu’à tard le matin. Je sais que mon rythme est vraiment « bizarre » mais j’y ai trouvé mon compte.

Quels sont tes projets (littéraires ou autres) pour l’avenir ?

Je souhaiterais créer les spin off de la trilogie. Des nouvelles de 100-150 pages sur chaque personnage secondaire mais important de la saga (Jérôme, Shirley, Paul, Patrick et…le père de Ian Riley). Mais afin de me changer les idées, je suis en train d’écrire une romance-historico- sensuelle, où il est question de prêtresses d’Avalon et d’un cavalier noir…

Quelles sont les références (auteurs ou romans) pour Sara, la lectrice ?

Mes premiers amours furent « Jocelyn » de Lamartine, « Salammbô » de Flaubert, « le Rouge et le Noir » de Stendhal pour ne citer que les principaux. Je suis une très grande fan des contes mythologiques gréco-romains, celtiques et vikings. D’où ma passion pour la Fantasy. J’ai dû lire une dizaine de fois « le seigneur des anneaux » de Tolkien, « les Neuf Princes d’Ambre » de R. Zelazny, les sagas d’ « Elric de Melnibonée, Hawkmoon, Corum, Erekosë et Van Bek » de M. Moorcock, « l’appel de Ctulhu » de HP Lovecraft ainsi que toutes ses oeuvres. La saga « Abarat » et « le voleur d’éternité » de C. Barker. Mais je m’inspire aussi des auteurs SF (principalement Philip K. Dick. D’ailleurs le personnage de Jérôme Dicker vous dit quelque chose ?) et pour finir R.R. Martin avec ses 5 tomes de « Game of Thrones » que j’ai lus et relus déjà deux fois. Puis il y a le grand Bret (Bret Easton Ellis) et ses écrits déjantés (mon maître absolu).
Parmi mes amis auteurs, voici mes références : Yéléna Cillis, Marina Ferrey, Nana Jam, Kay Saint-Georges, Emilie Perin, Jess Swann, Claire Delille, Erika Sauw, Julien Delhorne, Ena Fitzbel, Azel Bury, Gina Dimitri, Selma Bodwinger, Claire Casti di Rocco, Virginie Vanos, Michel Tessier, A.J. Orchidéa, Tony Vellone, Jeff Bergey et tant d’autres à venir que je découvre chaque semaine.

Comme j’ai coutume de le faire, je te laisse le mot de la fin.

Je souhaite tout d’abord te remercier, Lord Arsenik, de m’avoir chroniquée et d’avoir compris le message que je souhaitais faire passer. Je décris tout de même le monde du travail et toutes ses déviances en premier lieu, malgré le fait que les situations soient fictives. Puis, je remercie tous les lecteurs qui me donnent « ma chance » et les auteurs et poètes qui partagent mon quotidien. Enfin, je remercie particulièrement mon éditeur qui m’a donné la chance énorme d’être publiée, malgré le côté « interdit » de mes ouvrages. Et merci à la VIE et à tous ses magnifiques cadeaux ! Pourvu que cette aventure dure très longtemps !

[BOUQUINS] Paul Clément – Creuse La Mort

P. Clément - Creuse la mortEncore un jeune auteur auto-édité qui m’aura poussé à chambouler mon programme de lecture. Le coupable n’est autre que Paul Clément qui vient de publier son second roman Creuse La Mort.
Fred est père et un mari comblé. Certes il ne s’épanouit pas vraiment au boulot mais ça fait bouillir la marmite. Un matin il découvre un trou dans son jardin, un trou qui ressemble étrangement à une tombe. Il a beau la reboucher, tous les matins la tombe le nargue à nouveau. Intrigué, puis effrayé, Fred est convaincu qu’une menace sérieuse plane sur sa famille, il va tout mettre en oeuvre pour protéger les siens…
Avec son premier roman, Les Décharnés, Paul Clément avait réussi le pari fou de proposer une histoire de zombie qui parvient à tirer son épingle du jeu dans un genre des plus fécond du moment. Pour son second roman il aurait pu rester dans sa zone de confort (les zombies, au cas où vous auriez perdu le fil), je suis même persuadé qu’il aurait pu nous surprendre de nouveau ; mais au lieu de céder à la facilité l’auteur a préféré tâter un terrain nouveau. Certes on reste dans le domaine du fantastique, mais je définirai son roman comme un thriller psycho-horrifique.
Psycho pour psychologique, car indéniablement la psychologie des personnages tient une place essentielle dans cette intrigue. Est-ce que Fred est le seul à percevoir cette menace ou, au contraire, est-ce qu’il sombre inexorablement dans la paranoïa et la folie ? Voilà une question que le lecteur se posera plus d’une fois au fil des chapitres.
Mais la psychologie intervient aussi dans les relations entre Fred et son entourage. A commencer par son épouse Renée, et leur petite fille, Emma ; toutes deux passeront par bien des états émotionnels face à un comportement pas toujours des plus rationnels de leur mari et père. Mais aussi avec Eric, le frère de René, policier de son état qui doute de plus en plus de l’équilibre mental de son beau frère. Enfin avec Pierrick, son patron, un gros blaireau macho et misogyne qui fera les frais de trop plein de rancoeur étouffée.
Horrifique parce que la réalité dépassera tout ce que l’on pouvait imaginer. Si les personnages étaient déjà malmenés avant que la vérité ne se révèle, les choses iront dès lors de mal en pis. Et croyez moi, paul Clément ne manque pas d’imagination quand il s’agit d’en faire baver ses personnages.
De part son ambiance Creuse La Mort m’a souvent fait penser à La Peau Sur Les Os de Richard Bachman (Stephen King pour ceux qui auraient passer les dernières décennies sur une autre planète). Certes les deux intrigues sont radicalement différentes mais on y retrouve la même tension psychologique. J’espère que Paul ne m’en voudra pas de le comparer au King.
Vous l’aurez compris ce second roman est une réussite à tous points de vue. J’espère vous avoir donné envie de découvrir ce qui se cache derrière les mystérieux fossoyeurs de Paul Clément. Pour ma part il va sans dire que je serai fidèle au poste pour le prochain roman.

MON VERDICT
jd5Coup de Coeur

Tête à tête (virtuel) avec Edith Couture Saint-André

Mes chroniques de ses romans :
Mon Eté Avec Lucifer
Le Dernier Noël De Lucifer

Bonjour Edith.
Merci à vous d’avoir bien voulu vous prêter au jeu de ce tête à tête virtuel.

Commençons par le commencement. Pouvez-vous vous présenter rapidement et nous expliquer comment vous en êtes venue à l’écriture ?

J’ai envie de dire que c’est l’écriture qui est venue à moi. J’écris des « histoires » depuis toute petite et mes parents étaient ravis de les lire, des parents en or vous en conviendrez. Ils me donnaient leur avis et ne rataient pas une occasion pour m’encourager à continuer.

Comment vous est venue l’idée de votre dyptique luciférien ?

« Mon été avec Lucifer » m’a été inspiré par une phrase prononcée par une copine américaine qui se regardait dans une glace. Elle s’est exclamée « I would kill to be twenty again » et, d’un coup d’un seul, toute l’histoire s’est écrit dans ma tête.
Je suis rentrée à Paris et, six mois plus tard, mis à part les réécritures, c’était bouclé. Je n’avais pas vraiment l’intention d’écrire une suite mais, comme les auteurs vous le diront souvent : mes personnages sont venus me solliciter. Et mes chers lecteurs aussi j’avoue.

Votre humour ne manque pas de cynisme, pensez-vous, comme Pierre Desproges, que « l’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui » ou vous imposez-vous des limites ?

J’aime beaucoup l’humour de Pierre Desproges, je l’ai découvert à mon arrivée en France il y a 25 ans. Il nous a quittés beaucoup trop tôt. Pour ma part, j’aime bien dire ‘on peut rire de tout, mais on n’est pas obligé’.
Il est rare que je prenne les choses et les gens au sérieux, à commencer par moi-même. Nous, les ‘Humains’, comme le dit souvent mon chat, avons créé un nombre terrifiant de symboles et de tabous en guise de repères. J’aime bien les bousculer ces tabous, sinon on s’encrasse dans la superstition et on n’avance pas.

Question indiscrète mais en rapport avec vos romans : le temps qui passe vous effraie-t-il ?

Le temps ne passe pas à la même vitesse pour tout le monde…

Je crois savoir que votre parcours éditorial ne fut pas de tout repos ; où en êtes-vous aujourd’hui ?

Grâce à l’excellent travail de Chris EBouquin, mes livres sont disponibles sur toutes les plateformes numériques et vont vers nos chers blogueurs littéraires pour encore plus de visibilité.
Ce que je trouve amusant : dans une rubrique que j’intitule « juste retour des choses », du temps de Flaubert par exemple, le seul rôle de l’éditeur était d’imprimer les manuscrits et les auteurs allaient, eux-mêmes, distribuer leurs livres chez les libraires. L’autoédition c’est, ni plus ni moins que le retour à cette pratique.
De nos jours, l’éditeur doit s’adapter à un monde littéraire en pleine transformation paradigmale et démontrer sa plus-value. Ainsi, les auteurs signeront un contrat en connaissance de cause, après avoir évalué l’intérêt pour eux-mêmes aussi bien que pour la maison d’édition. Un accord gagnant-gagnant.
Il n’y a pas de raison pour que l’autoédition s’oppose à l’édition traditionnelle. Ils sont complémentaires. Demandez aux lecteurs qui sont souvent en déplacement ou dans les transports en commun. Ils vous répondront : le bouquin papier pour lire lorsqu’on est tranquillement installé à la maison, le livre numérique lorsqu’on voyage beaucoup et qu’on veut éviter de surcharger sa valise. Le plaisir de lire est assouvi dans le format qui nous convient le mieux. Un vrai bonheur.

Comment se passe une journée type quand vous écrivez ? Vous vous isolez dans un silence monastique ou au contraire vous avez besoin d’animation autour de vous ?

J’aime écrire le matin car, souvent, je me réveille avec l’idée qui me manquait la veille pour avancer sur tel ou tel aspect du récit. Mais je peux écrire à n’importe quelle heure de la journée dans l’espace réservé à cet effet chez moi, je peux m’interrompre et reprendre à tout moment sans difficulté. Mais pendant que j’écris, inévitablement, je ne vois pas le temps passer.
Si j’ai un rendez-vous de prévu, je mets une alarme sur mon Smartphone sinon je le rate.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets (littéraires ou autres) ?

Je disais justement à mes amis que je suis, actuellement, dans une période où mes personnages me manquent. Terriblement. Après avoir vécu avec eux pendant des mois et des mois, je vis une sorte de deuil. J’ai très envie de les retrouver et eux aussi sans doute, mais il faudra que cela soit dans des circonstances différentes…

Comme à l’accoutumée, je vous laisse le mot de la fin.

Pour aimer écrire, il faut aimer lire. J’éprouve une infinie reconnaissance à l’égard des auteurs qui ont émerveillé ma jeunesse. Grâce à eux, j’ai vécu plusieurs enfances et j’aime penser que mes lecteurs vivent plusieurs vies en compagnie de leurs livres.

[BOUQUINS] Frédéric Clémentz – Le 13e Cantique

F. Clémentz - Le 13e CantiqueAvec Le Serment Du Passeur, son premier roman, Frédéric Clémentz m’avait déjà fait forte impression, autant vous dire que je guettais avec impatience son second roman. Au point d’ailleurs de chambouler mon programme de lecture dès que l’auteur (que je remercie chaleureusement) me l’ait parvenir, me précisant que pour Le 13e Cantique il s’était vraiment donné à fond.
Cela fait deux mois que Maria et Lone attendent et espèrent le soir de L’Evénement, plus qu’une journée à patienter, demain elles pourront peut être enfin quitter PN1. Mais pour aller où ? Souvent on sait ce qu’on perd, mais l’incertitude plane sur ce qu’on gagne…
Vous proposer un pitch rapide de ce roman n’est pas un exercice facile, soit on prend le risque d’en dire trop et casser l’effet de surprise, soit on s’égare sur différentes pistes au risque de se montrer plus qu’évasif. Dans ces cas là je laisse la place au feeling, ne pas trop réfléchir, écrire comme ça me passe par la tête.
Pour un jeune auteur, auto-édité qui plus est, le cap du deuxième roman est bien souvent décisif pour la suite de sa carrière littéraire. Les plus frileux joueront la carte de la prudence en conservant un style proche de celui du premier roman (surtout si celui-ci a plutôt fait forte impression auprès de ses lecteurs), les plus audacieux n’hésiteront pas à se remettre en question ; c’est incontestablement à cette seconde catégorie qu’appartient Frédéric Clémentz. Le 13e Cantique n’a strictement rien à voir avec Le Serment, il explore une autre facette du thriller, ose une autre approche, et pimente même son intrigue d’un soupçon de fantastique.
L’auteur vous propose un thriller totalement original, tant par son intrigue à proprement parler que son approche de ladite intrigue. C’est un véritable roman gigogne que vous aurez entre les mains, un puzzle dont les pièces semblent sorties de boites différentes, sans rapport les unes avec les autres. Cà et là pourtant, au fil des pages, certaines pièces finissent par s’assembler tout naturellement mais il reste des zones d’ombre que l’on a du mal à combler. Frédéric ne laisse rien au hasard, toutes les questions trouveront leur réponse, tout finira par s’imbriquer comme une évidence.
Au fil des chapitres vous découvrirez l’histoire de Lone et de Maria, chacune racontant son parcours avec ses mots… et ses silences. On n’en finira pas de se triturer les méninges pour essayer de combler les vides laissés par les non-dits. Si elles ont suivi chacune un parcours différent avant de se trouver au PN1, il n’en reste pas moins une certaine cohérence. Mais quel rapport ont-elles avec Ricardo Bocqueda ou encore Raymond Segrettin ? Quel est le lien entre Ricardo et Raymond ? Les neurones n’ont pas fini de chauffer pour essayer de répondre à toutes ces questions. Et quand on découvre les réponses on n’a envie de se frapper le front en braillant : « Bon sang, mais c’est bien sûr ! ».
Même si on ne sait pas toujours où on va mettre les pieds, on y va au triple galop. J’ai littéralement dévoré les chapitres, totalement embarqué par l’intrigue et les personnages, et surtout crevant d’impatience de découvrir les fins mots des histoires.
A la fin de son roman l’auteur remercie ses lecteurs en ces termes :
« J’espère que ce thriller vous a emmené loin, très loin le temps d’une histoire.
Cette histoire vous a sans doute bousculé, dérouté, dérangé peut-être.
Tant mieux.
Un livre, il faut aussi que ça cogne,que ça hurle, que ça se mette en danger.
Et bien sûr que ça caresse, que ça tutoie la beauté, que ça s’installe dans le cœur. »
Pour répondre à tes espoirs :
– Oh que oui, tu m’as emmené très très loin. Parfois si loin que je ne savais plus vraiment où j’étais, mais je t’ai suivi aveuglément. Et tu as répondu à toutes mes attentes, et bien au-delà.
– Oui tu as réussi à me bousculer et à me dérouter, plus d’une fois même ! Dérangé ? Jamais, je t’ai fait confiance, comme tu m’as fait confiance.
– Oui ton bouquin cogne, gueule et se met en danger. Tu écris avec les tripes, le coeur et l’âme et ça se ressent dans chacune des phrases que tu couches sur le papier. Et lecteur passionné ne peut qu’aimer lire un auteur passionné.
– Et oui ça nous chauffe le coeur… après coup, avec un peu de recul. Pendant on serait amené à penser que l’espoir n’a pas sa place dans ton intrigue, mais la fin laisse percer une lueur. Du moins c’est ce que j’ai envie de croire. Le second effet Kiss Cool !
Merci pour ce bouquin, tu as transformé l’essai haut la main. Je t’attends de pied ferme pour le prochain… En attendant c’est avec grand plaisir que je te décerne un nouveau coup double.

MON VERDICT
jd5Coup double

[BOUQUINS] Emily St. John Mandel – Station Eleven

ESJ Mandel - Station ElevenAu programme du jour un roman post-apocalyptique semblable à nul autre, j’ai nommé Station Eleven d’Emily St. John Mandel.
L’humanité a quasiment était détruite par un virus dévastateur, les rares survivants sont regroupés en communautés plus ou moins organisées, plus ou moins grandes, parfois accueillantes et parfois hostiles. C’est dans ce décor que La Symphonie Itinérante, un groupe hétéroclite d’acteurs et de musiciens, circule de communauté en communauté, le temps d’une représentation…
La rentrée littéraire 2016 a été (et sera encore le mois prochain) particulièrement dense, afin de de rien oublier je m’étais dressé une liste de cibles privilégiées ; ne connaissant pas l’auteure et n’ayant pas été particulièrement attiré par sa couv’ ce titre est passé entre les mailles du filet… Heureusement au fil des sorties je montre beaucoup plus vigilant (et surtout plus curieux), c’est ainsi que ce roman a non seulement rejoint mon Stock à Lire Numérique, mais s’est aussi directement placé sur les hauteurs.
Comme annoncé en intro, si ce roman s’inscrit bel et bien dans le registre Science-fiction, option post-apocalyptique, il ne ressemble à rien de ce que j’ai pu lire jusqu’à maintenant (je n’aurai toutefois pas la prétention de m’affirmer expert en la matière). Il se dégage de ces pages une grande humanité, à prendre dans le sens noble du terme, sans sentimentalisme inutile et encore moins mièvrerie. Même dans les pires situations les personnages ne se résignent pas, ils gardent espoir et même foi en l’Humanité (avec un grand H pour marquer le coup).
L’autre force de ce roman est de proposer un scénario d’un réalisme glaçant, qu’il s’agisse de la pandémie à proprement parler, du déclin progressif de la civilisation ou des conditions de survie, tout est travaillé dans les moindres détails afin de sembler réel (même pas probable, mais bel et bien comme un futur possible). On en arrive vraiment à penser que si cela devait arriver alors tout se déroulerait comme décrit dans le bouquin… Un choix redoutablement efficace en terme d’addiction à l’intrigue, mais qui fait froid dans le dos quand on s’attarde un peu sur le sujet.
Au fil des chapitres on voyage dans le temps, tantôt avant la pandémie, tantôt après, avec comme fil rouge Arthur Leander, un acteur qui meurt sur scène en pleine interprétation du Roi Lear, alors que l’épidémie fait ses premières victimes. Tour à tour l’on suit Miranda, sa première épouse, Kirsten, une jeune actrice qui jouait avec lui dans Le Roi Lear et qui intégrera plus tard la Symphonie Itinérante ou encore Clark, un ami proche d’Arthur.
Le style et l’écriture de l’auteure ont quelque chose d’hypnotique, presque envoûtant, on est sous le charme des mots, sous le charme de l’intrigue. Nul besoin de nous imposer un rythme soutenu et des retournements de situation à tout va (il y en a tout de même quelques uns) pour maintenir le lecteur en haleine, on l’est presque naturellement, sans vraiment pouvoir expliquer le pourquoi du comment. La magie fonctionne, tout simplement.
Un bouquin de SF hors norme qui devrait séduire un public bien plus large que le seuls adeptes de récits post-apocalyptiques, et même des lecteurs réfractaires à la SF. Une belle découverte pour un bon et beau moment de lecture, un coup de coeur amplement mérité.

MON VERDICT
jd5Coup de Coeur

Morceau choisi

Nous nous lamentions sur la nature impersonnelle du monde moderne, mais c’était un mensonge, lui semblait-il ; le monde n’avait jamais été impersonnel. Il avait toujours existé une infrastructure, à la fois massive et délicate, de gens qui travaillaient tout autour de nous, dans l’indifférence générale – et quand ces gens cessent d’aller travailler, le système tout entier se trouve paralysé. Plus personne ne livre l’essence dans les stations-service, dans les aéroports. Les voitures sont immobilisées. Les avions ne peuvent pas décoller. Les camions restent à leur point de départ. Les villes ne sont plus approvisionnées ; les magasins d’alimentation ferment. Les commerces sont cadenassés, puis pillés. Plus personne ne vient travailler dans les centrales électriques ni dans les sous-stations, personne ne dégage les arbres tombés sur les lignes à haute tension.