[BOUQUINS] Hugh Howey – Phare 23

H. Howey - Phare 23Bien que n’ayant toujours pas lu le dernier opus de la trilogie Silo, il me tardait de découvrir le nouveau roman de Hugh Howey, Phare 23. Du coup c’est tout naturellement qu’il a grillé la priorité à ses petits camarades de mon Stock à Lire Numérique, y compris ceux issus, comme lui, de la promotion RL2016 (comprenez Rentrée Littéraire 2016).
Au XXIIIème siècle, alors qu’une guerre galactique n’en finit pas de s’étendre, un réseau de balises guide à travers l’espace des vaisseaux qui voyagent à plusieurs fois la vitesse de la lumière. Ces balises ne devraient jamais connaître d’avaries. En théorie du moins… Au cas où sait-on jamais, un opérateur humain veille au grain, isolé au milieu de nulle part, dans chaque balise.
Le roman, écrit à la première personne, nous place dans la peau d’un de ces opérateurs, un vétéran qui a choisi ce métier pour être coupé du monde et des gens, seul avec ses souvenirs… surtout les mauvais. Il nous fait partager son quotidien, ses pensées et ses états d’âmes, nous révélant au compte goutte ce passé qui le hante encore. Inutile de vous dire que la dimension psychologique joue un rôle essentiel dans ce roman, la bonne nouvelle (qui n’a rien de surprenant pour les lecteurs ayant aimé Silo) est qu’elle est très bien exploitée par l’auteur.
Rassurez-vous le roman n’est pas un long et fastidieux huis-clos entre le narrateur (qui n’est jamais nommé) et sa conscience ; sa balise attirera bien des visiteurs (toute proportion gardée) au fil des chapitres, des rencontres parfois agréables, d’autres moins… mais aucune ne surviendra sans raison. Heureusement d’ailleurs que des visiteurs s’intéresseront à lui ou à sa balise, la solitude et ses états d’âmes le poussaient inexorablement aux portes de la folie (sa rencontre avec l’Orvid est un grand moment de franche rigolade).
Avec Phare 23 Hugh Howey signe aussi un réquisitoire sans concessions contre la guerre ; facile me direz-vous. Certes dire la « guerre c’est pas bien » revient à enfoncer une porte ouverte, mais l’auteur n’emprunte pas ce raccourci, il le fait avec une grande humanité en mettant justement l’humain en avant, pas seulement les victimes décédés mais aussi et surtout ceux qui restent : les blessés, les traumatisés, les déglingués en tout genre…
Au départ cette guerre intergalactique qui n’en finit pas de durer, et donc de faire des victimes, semble n’être qu’une toile de fond au récit. Au fil des chapitres on devine qu’elle va prendre de plus en plus d’importance dans le déroulement de l’intrigue mais, et c’est là le seul bémol que j’adresserai à ce roman, j’aurai aimé avoir plus d’éléments contextuels, savoir comment tout a commencé, les grandes lignes du conflit…
Certes la fin aurait peut être elle aussi mérité un peu plus de profondeur dans son déroulé, mais dans sa note finale, l’auteur assume parfaitement le choix de cette simplicité, il est vrai que le message passe mieux s’il n’est pas perdu au milieu de maintes circonvolutions. Un message que certains trouveront peut être un brin moralisateur, pour ma part je l’ai jugé simplement humain et humaniste.
Décidément cette rentrée littéraire 2016, dans la catégorie science-fiction, n’en finit pas de me surprendre par ses intrigues et approches atypiques.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Hugh Howey – Silo : Origines

H. Howey - Silo : OriginesJe poursuis mon Challenge retrouvailles en naviguant entre les genres, place donc à de la SF post-apocalyptique avec Silo : Origines, second volet de la trilogie de Hugh Howey même si, chronologiquement parlant, il se situe avant les événements décrits dans Silo.
2049. Dans quelques années le monde que nous connaissons n’existera plus, anéanti par la folie des hommes, par la soif de pouvoir de certains et par le fanatisme d’autres. Les survivants sont condamnés à une vie souterraine, à oublier et à ne jamais transmettre l’Histoire telle qu’elle s’est réellement passée…
Hugh Howey décompose son roman en trois parties qui vont du projet Silo aux événements décrits dans le bouquin précédent.
Dans L’Héritage, en 2049 le député Donald Keene rejoint le sénateur Thurman et son équipe sur un projet industriel novateur. Parallèlement on suit le réveil de Troy en 2110, il doit assurer la relève pour le commandement du Silo 1.
Dans L’Ordre, Donald Keene est réveillé en 2212 afin de rejoindre un petit groupe mené par Thurman afin de faire face, depuis le Silo 1, à une rébellion grandissante au sein du Silo 18. On alterne entre le Silo 1 via Donald et le Silo 18 via Mission, un jeune porteur qui a rejoint la rébellion.
Dans Le Pacte, Donald Keene est réveillé en 2345, on lui apprend alors qu’une habitante du Silo 18 vient de s’évanouir en pleine nature. Tout le monde, dans le Silo 1, est convaincu qu’il est Thurman. Parallèlement, on assiste, par le biais de Jimmy, un adolescent mis à l’abri par son père, à la chute du Silo 17, survenue en 2312.
Avec cette troisième histoire la boucle est bouclée, le lien est fait avec Silo, qui plus est ça nous permet aussi de mettre une date sur l’intrigue qui jusqu’alors se situait dans « un futur indéterminé ».
Si le précédent opus connaissait quelques baisses de régime, je peux affirmer qu’il n’en ai rien ici, aucun temps mort, le rythme va crescendo au fur et à mesure que l’intrigue s’étoffe. Pour tout vous dire ce bouquin se lit comme un thriller.
Dans ce second opus Hugh Howey ne se contente pas de nous révéler les origines du projet Silo, on découvre aussi le fonctionnement hiérarchique à deux vitesses (avec d’un côté les élites autoproclamées du Silo 1 et de l’autre les habitants des autres silos), mais aussi le futur prévu pour les silos et leurs résidents… Captivant mais glaçant !
Du coup je pense que je ne tarderai pas trop avant de me lancer dans l’ultime opus de la trilogie, Générations, il promet d’être encore plus intense à en croire la fin de ce tome.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Hugh Howey – Silo

H. Howey - SiloRetour à mon challenge SF avec un invité surprise, du pur jus SF cette fois, promis juré. Un titre à côté duquel je serai certainement passé sans un regard si je n’avais pas été intrigué par la quantité de critiques élogieuses qui foisonnent sur le Net. Place donc à ma chronique de Silo de Hugh Howey, premier volume d’une trilogie annoncée.
Dans un futur apocalyptique indéterminé les rescapés vivent dans d’immenses bunkers souterrains. Les seules images qu’ils reçoivent de l’extérieur sont celles, inhospitalières et floues, transmises par d’anciennes caméras de surveillance. Cependant certains doutent de la réalité de ces images, pour eux, comme pour les dissidents, une seule alternative : la sortie. Un aller simple vers la mort ou vers l’inconnu ?
La genése du bouquin mérite que l’on s’y attarde un moment avant d’entrer dans le vif du sujet. En 2011, Hugh Howey met en ligne une nouvelle qui pose les bases de ce qui deviendra Silo, le roman. L’accueil est enthousiaste, les internautes réclament une suite à l’auteur. Bon prince celui-ci s’exécute et se lance dans l’écriture de quatre nouveaux épisodes. Les cinq épisodes sont compilés dans un roman, divisé en cinq parties, qui deviendra rapidement un best seller international. Best-seller qui aujourd’hui se décline aussi sous la forme d’un Comics et dont les droits d’adaptation pour le cinéma seraient en cours de discussion.
Vous l’aurez compris on est clairement dans la dystopie post-apocalyptique, un semblant de société formatée régie par une autorité toute puissante (un maire et un shérif… à moins que le vrai pouvoir ne soit ailleurs) qui impose sa vision des choses. Toute remise en cause du système vaudra au coupable l’exclusion du silo, synonyme de mort. Un schéma classique du genre me direz-vous. Certes (même les survivants « souterrains » ne sont pas vraiment un scoop) mais l’auteur réussit à faire du neuf avec du vieux, on trouve une réelle originalité dans ce récit (tant dans sa construction que dans son intrigue).
En fait on est à mi-chemin entre le roman et le recueil de nouvelles, chaque partie suit un ordre chronologique ayant pour fil rouge le fameux silo et certains personnages sont récurrents d’un texte à l’autre (atttention à ne pas trop vous attacher, l’auteur souffre du syndrome de GRR Martin), les deux premiers épisodes peuvent sembler indépendants mais restent solidement ancrés à l’ensemble. Au final on est bel et bien en présence d’un roman, un peu à l’image d’un roman-feuilleton.
Le premier épisode place la barre très haut en répondant du même coup à la question concernant la survie à l’extérieur. Le second est certes moins rythmé du point de vue action mais il pose les bases de l’organisation et du fonctionnement du silo. Les trois suivants repassent à la vitesse supérieure et proposent une histoire continue, ça file même crescendo au fil des pages. La tension est palpable et les rebondissements sont légion.
Le silo ? Un énorme cylindre de 144 étages reliés par un escalier métallique en colimaçon. Trois parties (bas, milieu et haut) qui représentent trois niveaux de hiérarchie, du plus anodin au plus puissant. Bien que l’on soit résolument dans un monde futuriste ne vous attendez à découvrir un foisonnement de haute technologie révolutionnaire, pour tout dire c’est presque le contraire, hormis la conception même du silo la technologie semble avoir fait un bond en arrière de plusieurs années.
Les personnages s’étoffent au fil des épisodes, j’ai eu coup de coeur pour Juliette mais j’ai pris tout autant de plaisir à détester Bernard, tout comme j’ai souvent maudit la passivité de Lukas. La preuve que l’auteur parvient à vous prendre dans les mailles de son filet. Il réussit à nous offrir un bouquin de SF qui a la même intensité qu’un thriller et la même noirceur qu’un roman noir ; un régal !
La question du pourquoi et du comment du silo est à peine abordée, comme souvent dans la dystopie, les informations sont délivrées au compte goutte et ne suffisent pas à répondre à toutes les questions que l’on serait amené à se poser. Mais rassurez-vous, le second opus de la trilogie, Origines, déjà disponible (et dans mon Stock à Lire Numérique), est une préquelle qui devrait combler les vides.
En commençant ce premier opus (après avoir longuement hésité entre l’ordre chronologique et l’ordre de parution), je me suis demandé si j’aurai envie d’enchaîner directement sur le suivant (ou le précédent selon l’option choisie plus haut). Peut être pas tout de suite histoire de continuer à varier les plaisirs mais très rapidement, je peux vous le garantir au vu du plaisir que j’ai eu à parcourir ce premier volume.
Je connaissais l’éditeur Actes Sud essentiellement par le biais de sa collection Actes Noirs, dédiée au polar et au thriller et comprenant de nombreux auteurs nordiques dans son catalogue ; avec la collection Exofictions, dont Silo est le titre inaugural, l’éditeur ouvre brillamment et intelligemment ses portes à la SF.
Je ne sais pas si une curiosité typographique que j’ai relevé est propre à la version numérique ou si elle existe aussi dans le livre papier, parfois le tiret semi-cadratin (–) est utilisé en lieu et place des points de suspension (…) ; ça surprend un peu mais rien de rédhibitoire.