[BOUQUINS] Cyril Massarotto – Le Petit Mensonge De Dieu

C. Massarotto - Le Petit Mensonge De DieuAprès avoir longtemps (et vainement) espéré une sortie numérique j’ai fini par craquer pour le format papier du dernier roman de Cyril Massarotto, Le Petit Mensonge De Dieu, qui fait office de suite à Dieu Est Un Pote A Moi. Une suite qui ne s’imposait peut être pas, mais qui, six ans après le premier opus, avait intérêt à être à  la hauteur de son brillant aïeul.
Au moment de sa mort le narrateur est surpris de découvrir que son meilleur ami, Dieu, lui a menti. Il y a bel et bien quelque chose après la mort et surtout il y a encore Dieu. Ce pieux mensonge n’entachera pas longtemps leur solide amitié, du coup Dieu va donc servir de guide à son pote dans le royaume de la mort…
Ceux et celles qui ont lu Dieu Est Un Pote A Moi ne seront pas surpris, on retrouve le même cocktail d’humour (beaucoup) et d’émotions (juste ce qu’il faut) aussi bien dans les dialogues entre nos deux comparses que dans les situations. Pour ma part la recette fonctionne toujours aussi bien même si l’effet de surprise est moindre dans cette suite.
Le personnage de Dieu est toujours aussi jouissif et farceur, franchement avec un Dieu comme ça je me convertis de suite, montre moi où on signe et je te confie mon âme mec. Quant au narrateur (toujours anonyme) on le retrouve avec son caractère de jeune homme, parfois un brin trop impulsif et colérique. Il fallait ce contraste pour que les retrouvailles fassent des étincelles et là encore l’auteur réussit son pari.
L’écriture et le style sont toujours aussi agréable, la lecture est d’une remarquable fluidité. On en revient même à regretter le moment (pourtant inévitable) où l’on doit se séparer du bouquin et abandonner nos deux potes (bin oui à force on se sent liés aux personnages) à leur destin.
Faut-il avoir lu Dieu Est Un Pote A Moi avant d’attaquer ce roman ? Ca ne s’impose pas mais c’est toujours dommage de passer à côté d’un tel concentré d’émotions et puis ça permet de mieux appréhender le lien qui unit le narrateur et Dieu.
Pour ma part j’ai pris ce bouquin sans l’ombre d’une hésitation, je savais que je serai sous le charme et je n’ai pas été déçu par le résultat. Toutefois force est de reconnaitre que si je n’avais pas lu Dieu Est Un Pote A Moi je serai passé à côté de cette suite, la couverture m’incitant plus à prendre mes jambes à mon cou qu’à me pencher sur la question…
Mon principal bémol, qui n’en est pas vraiment un, est de n’avoir pu trouver ce bouquin au format numérique, je ne pense pas que ce soit un choix de l’éditeur (je viens d’acheter le dernier Musso chez XO Editions) mais plutôt une volonté de l’auteur. Sans pour crainte du grand méchant pirate… Ceci ne m’empêchera pas de continuer à explorer l’univers littéraire de Cyril Massarotto.

[BOUQUINS] Catharina Ingelman-Sundberg – Comment Braquer une Banque Sans Perdre Son Dentier

C. Ingelman-Sundberg - Comment Braquer Une Banque...Un invité surprise qui, à peine arrivé dans mon Stock à Lire Numérique, s’est retrouvé au sommet, me regardant avec ses yeux de cocker. Franchement comment vouliez vous que je puisse résister à un titre pareil ? Jugez-en par vous même, Comment Braquer Une Banque Sans Perdre Son Dentier ? de Catharina Ingelman-Sundberg (un nom à rallonge qui va bien avec le titre).
Martha, Le Génie, Stina, Le Râteau et Anna-Greta sont cinq septuagénaires pensionnés à la maison de retraite Le Diamant. Afin de lutter contre les conditions drastiques de leur pension ils décident de devenir « les vieillards les plus emmerdants du monde« . De fil en aiguille ils envisagent même de faire un casse, non seulement dans le but de s’enrichir mais aussi pour se retrouver en prison, qui, selon eux, propose de meilleures conditions d’hébergement…
Rien que le titre m’aurait donné envie de craquer, ajoutez à cela une couv’ que je trouve très « parlante » et un pitch plutôt alléchant et voilà comment la chose est arrivée entre mes mains. Maintenant restait à savoir si le contenu serait à la hauteur…
Direction la Suède donc pour suivre notre équipée sauvage en déambulateur. Si un doute subsiste dans certains esprits autant lever le voile de suite : non ce bouquin n’est pas un thriller bourré d’adrénaline. L’auteure joue bel et bien la carte de l’humour (avec tout de même un soupçon de suspense) en nous invitant à suivre le périple improbable de nos papys et mamies qui vont découvrir que devenir un criminel est plus difficile qu’il n’y paraît. Et l’humour est bel et bien au rendez-vous, le bouquin ne vous tirera peut être pas de grands éclats de rire mais vous laisserez certainement échapper quelques sourires au fil des pages.
L’auteure soigne ses personnages, nos petits vieux ont chacun une personnalité bien affirmée, avec des forces mais aussi quelques faiblesses (ils n’ont plus 20 ans) ; ils sont la parfaite illustration de l’adage « l’union fait la force« . Ensemble rien ne peut leur résister, seuls ils redeviennent de frêles vieillards (ou presque).
Je m’attendais à une lecture divertissante et je n’ai pas été déçu, sans être transcendant le bouquin tient ses promesses. Une découverte que je ne regrette pas et qui apporte son lot de bonne humeur.
L’auteure réussi à aborder un sujet épineux (voire douloureux) avec humour et intelligence. J’ignore tout des conditions d’hébergement dans les maisons de retraite en Suède mais je suppose que là-bas, comme un peu partout soit dit en passant, ça ne doit pas être bien folichon. On ne peut pas vraiment dire que bosser 35 ans (et plus si affinités) de sa vie pour finir seul(e) dans un de ces mouroirs soit une perspective des plus engageante. On peut toujours espérer y échapper mais malheureusement le choix ne nous appartient pas toujours…

[BOUQUINS] Nadine Monfils – Les Vacances D’Un Serial Killer

N. Monfils - Les Vacances D'Un Serial KillerInutile de vous préciser que la situation de mon Stock à Lire Numérique ne s’arrange pas, la lutte est rude pour se hisser sur la première marche du podium, d’autant qu’il y a du beau monde en lice (dont Mallock et Glenn Cooper pour ne citer que les petits nouveaux). Finalement, et contre toute attente, c’est un challenger (ou plutôt une challenger) venu(e) du plat pays qui sera l’heureux(se) élu(e). And the winner is… Nadine Monfils, avec Les Vacances D’Un Serial Killer, premier titre de l’auteure qui nous permet de découvrir les exploits de Mémé Cornemuse (comme j’ai aussi les trois suivants en stock ça aide, forcément). Qui plus est c’est aussi l’occasion d’apporter une touche d’exotisme à mon univers littéraire…
Pour Alfonse et Josette, le couple Destrooper, pas question de rater les incontournables vacances à la Mer du Nord ; leurs ados, Steven et Lourdes ne partagent pas le même enthousiasme vis-à-vis de ces vacances en famille. Puis il y a Mémé Cornemuse, la mère de Josette, qui les accompagne dans sa caravane, une grand-mère tout feu tout flamme qui n’a pas froid aux yeux. Les vacances commencent mal, Josette se fait piquer son sac par un motard ; plus tard, dans les toilettes d’une aire de repos, les gamins vont tomber sur le cadavre du voleur. Et les vacances ne font que commencer…
Bien que le bouquin soit estampillé polar ne vous attendez pas à des poussées d’adrénaline ou à une surchauffe neuronale face à une intrigue tarabiscotée, Nadine Monfils annonce la couleur dès les premières pages, c’est à vos zygomatiques qu’elle en veut ! Et la bougresse sait s’y prendre pour les muscler à tout bout de champs, qu’il s’agisse de ses personnages hauts en couleur ou des situations toutes plus improbables les unes que les autres, vous n’avez pas fini de vous marrer en lisant les tribulations de Mémé Cornemuse.
Il faut bien reconnaître que tout l’intérêt du bouquin réside dans les nombreuses péripéties de la mamie, le reste de la famille Destrooper ne mérite guère que l’on s’attarde sur leur cas ; le couple est un modèle de beauf-attiitude et les deux ados, des glandeurs-nés. La vieille est un personnage hors du commun, pas vraiment portée sur la morale et le politiquement correct. J’aurai plaisir à la retrouver afin d’en apprendre d’avantage sur ce curieux spécimen (pour le moment on sait essentiellement d’elle qu’elle est fan d’Annie Cordy).
Comme souvent quand un(e) auteur(e) veut jouer la carte de l’humour il ne doit pas s’encombrer de fioritures stylistiques, Nadine Monfils ne déroge pas à la règle, la lecture est d’une remarquable fluidité (lu dans la journée) et l’on quitte ce bouquin le coeur léger et un sourire presque béat aux lèvres. A défaut d’être un chef d’oeuvre ça n’en reste pas moins un agréable divertissement, ne serait-ce que pour ça j’en redemande !
Je pourrai même avancer comme argument de vente que le bouquin a aussi un rôle hautement instructif, il nous permet de nous familiariser avec le parler belge (il ne manque que l’accent). L’auteure en profite aussi pour lancer quelques piques vers les flamands, difficile d’affirmer si c’est uniquement le ressenti de certains de ses personnages ou si elle partage ces opinions ; de toute manière c’est bien là le cadet de mes soucis, comme tout à chacun, Nadine Monfils a le droit d’avoir ses opinions et de les exprimer.

[BOUQUINS] Romain Puértolas – L’Extraordinaire Voyage Du Fakir Qui Etait Resté Coincé Dans Une Armoire Ikea

R. Puèrtolas - L'Extraordinaire Voyage Du Fakir...J’ai mis à profit mes derniers jours de congés (la reprise demain va être dure, après trois semaines de glande totale) pour me plonger dans un titre qui a fait quelques va-et-vient dans mon Stock à Lire Numérique, le temps de trouver une version correcte lisible sur tous supports. Ce fut périlleux mais l’attente en valait la peine, place donc à ma chronique de L’Extraordinaire Voyage Du Fakir Qui Etait Resté Coincé Dans Une Armoire Ikea, titre à rallonge que l’on doit à Romain Puértolas.
Ajatashatru Lavash Patel, un fakir du Rajasthan, un tantinet escroc et imposteur, se rend à Paris, aux frais de sa communauté, dans le but de s’acheter un nouveau lit à clous chez Ikea. Le type étant fauché comme les blés, hormis un faux billet grotesque destiné à payer son achat, il décide de passer la nuit dans le magasin. Une décision qui va complètement chambouler ses plans…
Commençons par le mauvais point, d’autant qu’il n’incombe pas à l’auteur mais à l’éditeur, Le Dillettante. Proposer une quatrième de couverture qui résume le bouquin de A à Z est un choix qui me dépasse ; jamais je n’aurai imaginé qu’un tel niveau de crétinerie marketing puisse être atteint !
De prime abord j’ai tout de suite pensé à un périple improbable un peu à la façon de Jonas Jonasson, et sur ce point je n’ai pas été déçu, on retrouve des éléments communs entre les deux auteurs (intrigue rocambolesque, personnages hauts en couleurs…), mais il y a chez Romain Puértolas et son fakir une dimension plus sociale (même si je n’adhère pas totalement à son propos, cela n’engage que moi et ne m’a pas empêché d’apprécier le récit).
Au fil de son périple, qui le conduira de Paris à Tripoli, en passant par Londres (ou presque) et Rome, et avant son retour en France, le personnage d’Ajatashatru évolue tout au long de l’intrigue, le roublard s’humanise au contact des autres et découvre les vertus de l’altruisme. Ne vous fiez pas aux apparences, à aucun moment on ne tombe dans la mièvrerie à deux balles.
Un récit plein d’humour, de malice mais aussi d’humanité (avec une pointe d’émotions, juste ce qu’il faut) et d’intelligence. La plume et le style sont légers, une fois que vous aurez plongé le nez dans le roman vous ne pourrez plus le lâcher avant la dernière page (d’autant qu’il est relativement court, 252 pages). Que demander de plus pour finir ces congés sur une note de bonne humeur ? Sinon un rab de congés !

[BOUQUINS] Douglas Adams – H2G2 : L’Intégrale…

D. Adams - H2G2Ca faisait un moment que ce fameux Guide du Voyageur Galactique me faisait de l’oeil, grâce á France Loisirs qui propose L’Intégrale H2G2 de Douglas Adams en un seul volume j’ai enfin pu l’inscrire á mon tableau de chasse comme invité surprise de mon challenge SF.
Arthur Dent, un anglais flegmatique, est sauvé in extremis de la destruction de la Terre par son ami Ford Prefect qui est en fait un habitant de Bételgueuse. Au cours de leur périple ils vont croiser Zaphod Beeblebrox, le président de la galaxie, en fuite après le vol d’un vaisseau expérimental qu’il devait inaugurer. Il voyage avec Trillian, une terrienne qui a accepté de le suivre et Marvin, un robot aussi performant que dépressif…
Après lecture de cette loufoque trilogie en cinq volumes, je n’ai pas été surpris d’apprendre que Douglas Adams avait été scénariste (et acteur) pour les Monty Python ; on retrouve dans le bouquin le même type d’humour déjanté, les situations les plus improbables et une galerie de personnages hauts en couleurs (et c’est peu de le dire). Un style qui peut plaire ou déplaire, pour ma part je me positionne sans hésitation dans la première catégorie.
Contrairement aux apparences les péripéties de notre petite troupe ont un sens, il ne s’agit pas de trouver le pourqoui du comment du « sens de la vie, de l’univers et du reste », ils connaissent la réponse (42), leur mission est de trouver la question qui appelle cette fameuse réponse.
Pour moi la grande question serait plutôt de savoir s’il vaut mieux lire l’intégrale d’une traite ou prendre les cinq volumes un à un. D’instinct je dirai que l’on peut lire les trois premiers opus les uns à la suite des autres et éventuellement laisser un certain laps de temps avant d’attaquer les deux derniers (et la nouvelle offerte en bonus). J’apprécie cet univers complétement azimuté mais je dois reconnaître qu’au bout d’un moment on sature, un petit break, le temps d’un autre bouquin, est le bienvenu pour savourer pleinement la saga (un pavé de 1112 pages tout de même).
Pour la petite histoire la saga H2G2 a démarré sous la forme d’un feuilleton radio diffusé entre 1978 et 1980. La version écrite devait se limiter á une trilogie (publiée entre 1979 et 1982), c’est sur insistance de son éditeur que l’auteur a ecrit deux tomes de plus (en 1984 et 1994). Le dernier se terminant de façon plutôt abrupte, au grand dam de ses fans. Ce qui explique sans doute la décision de confier, après la mort de Douglas Adams (en 2001), l’écriture d’un sixième et dernier opus à Eoin Colfer (Encore Une Chose, publié en 2009… que je ne pense pas lire).
Par ailleurs la saga a connu de nombreuses adaptations sur des supports divers et variés (BD, série TV, théâtre, comédie musicale, film et jeu video). J’ai vu le film il y a quelques années, on ne peut pas vraiment dire qu’il m’ait laissé un souvenir impérissable, marrant mais pas indispensable…
Pour les curieux qui voudraient en savoir plus sur la saga H2G2 et son auteur, je vous invite à visiter l’excellent fan-site Le Voyageur Galactique, mais attention, il contient de nombreux spoilers, donc à utiliser avec modération si vous comptez lire le(s) bouquin(s)…

[BOUQUINS] Homicides Multiples Dans Un Hôtel Miteux Des Bords De Loire

L.C. Tyler - Homicides Multiples...Fidèle à ma décision de respecter l’ordre d’entrée dans mon Stock à Lire Numérique, et ce malgré l’entrée en lice des derniers Tom Clancy et Stephen King, je me suis donc lancé avec un réel plaisir dans Homicides Multiples Dans Un Hôtel Miteux Des Bords De Loire de L.C. Tyler, qui marque la seconde collaboration entre Ethelred Tressider et Elsie Thirkettle.
Un an après la subite disparition d’Ethelred, Elsie décide que la plaisanterie a assez duré et fait annuler toutes les cartes de crédit de son auteur fugueur. Au bout de quelques jours Ethelred la contacte enfin et lui demande de le rejoindre dans un hôtel miteux situé face au Château de Chaubord. Quelques heures après leurs retrouvailles un client est poignardé à mort, la police boucle l’hôtel et consigne les rares clients à l’intérieur. Il n’en faut pas plus pour convaincre Elsie de mener une enquête parrallèle dans laquelle elle entraînera Ethelred…
On retrouve avec plaisir les ingrédients qui ont fait le succès du précédent roman de l’auteur (Etrange Suicide…), à savoir un mix entre le roman policier classique et la comédie. L’intrigue est de nouveau écrite à quatre mains, selon les points de vue d’Elsie ou d’Ethelred. Histoire de rester dans la continuité, Sonatine joue sur une couverture du même style que le précédent (une ancienne fourgonnette de la gendarmerie ayant pris la place de la fameuse Fiat rouge) et un titre à rallonge.
A propos du titre (à rallonge mais parfaitement approprié à la présente intrigue) comme pour le précédent opus la version française n’a pas grand chose à voir avec l’original baptisé Ten Little Herrings, hommage « aquatique » à Agatha Christie que l’on pourrait traduire par Dix Petits Harengs. Pour la petite histoire les quatre titres de la série Elsie & Ethelred Mysteries font référence au hareng (allez savoir pourquoi… Notre François Troudic national n’est pas le seul obsédé par ce poisson), les trois derniers sont des déclinaisons de titres d’Agatha Christie (je n’ai rien trouvé rapport au premier, The Herring Seller’s Apprentice).
Comme dans le précédent roman le personnage d’Ethelred, lui même écrivain, donne quelques conseils quant à l’écriture d’un roman policier, cette fois ce sont les armes du crime qu’il privilégie. Au fil des pages on croisera de nombreux clins d’oeil à la littérature policière.
Vous l’aurez sans doute compris j’ai de nouveau été sous le charme de l’auteur. Son style, son intrigue et ses personnages truculents permettent une lecture d’une grande fluidité. Lu en deux jours mais si j’avais été en congés (pas de bol j’ai repris hier après une semaine de repos bien mérité) nul doute que je l’aurai torché en une petite journée.
Juste pour l’anecdote, Sonatine se permet une petite référence largement méritée : « Il se trouve que le brigadier est un grand passionné de romans policiers et qu’il a lu un ou deux de mes livres traduits chez Sonatine Éditions.« .

[BOUQUINS] Jonas Jonasson – L’Analphabète Qui Savait Compter

J. Jonasson - L'Analphabète Qui savait CompterLa course contre mon Stock à Lire Numérique poursuit son petit bonhomme de chemin avec un retour à la comédie, mais façon grand nord cette fois puisque je me suis attaqué à L’Analphabète Qui Savait Compter de Jonas Jonasson.
Quatrième de couv’ : Née à Soweto pendant l’apartheid, Nombeko Mayeki commence à travailler à cinq ans, devient orpheline à dix et est renversée par une voiture à quinze. Tout semble la vouer à mener une existence de dur labeur et à mourir dans l’indifférence générale. Mais c’est sous-estimer le destin… et le fait qu’elle est une analphabète qui sait compter. Durant son périple, elle rencontre des personnages hauts en couleur, réussit à se mettre à dos les services secrets les plus redoutés au monde et se retrouve enfermée dans un camion de pommes de terre. C’est à ce moment-là que l’humanité est menacée.
Pour son second roman, après l’excellent Vieux Qui Ne Voulait Pas Fêter Son Anniversaire, le suédois Jonas Jonasson nous propose un nouveau périple totalement improbable, riche en surprises et rencontres tout aussi improbables, et toujours aussi déjanté. On serait tenté de dire que l’auteur ne se foule pas en reprenant une recette éprouvée (jusque dans le style narratif qui est identique) et force est de constater que ce n’est pas complètement faux.
Alors est ce que le résultat sent le réchauffé ou est-ce qu’il mérite le détour ? Ma réponse est sans appel : à lire ! Ne serait-ce que pour le plaisir de vivre une intrigue qui vous déridera les zygomatiques. Mais aussi parce que finalement, même si la trame de fond des deux romans reste assez proche, ils sont radicalement différents. Je vous assure que vous serez surpris par le personnage de Nombeko, qui sait faire bien plus que seulement compter. L’auteur réussira aussi à vous étonner avec une galerie de personnages pour le moins originale. Et, cerise sur la gâteau, son intrigue vous tiendra en haleine, aussi dingue soit-elle on a envie de savoir comment tout ça finira.
Si au départ on est tenté de faire des comparaison avec le personnage d’Allan et son périple, on en arrive vite à se laisser charmer et embarquer par les aventures rocambolesques de Nombeko et l’identité propre que l’auteur insuffle à son roman. Derrière l’humour vous pourrez même trouver quelques réflexions plus profondes, notamment sur la tolérance et le racisme (le cadre sud-africain se prête bien à ça). Même si ça peut laisser une impression de déjà vu je vous invite à foncer tête baissée dans ce bouquin, vous ne le regretterez pas et je suis prêt à parier que vos zygomatiques ne résisteront pas longtemps…

[BOUQUINS] Gilles Legardinier – Et Soudain Tout Change

G. Legardinier - Et Soudain Tout ChangeEn voilà un qui a bien failli voler la vedette à Franck Thilliez lors de la dernière ligne droite vers le sommet de mon Stock à Lire Numérique avant se faire griller in extremis par Psycho Killer. Changement total de registre puisque j’ai opté pour Et Soudain Tout Change de Gilles Legardinier, je fais aveuglément confiance à l’auteur pour une séance de musculation zygomatique !
Camille, 17 ans, mène sa vie d’adolescente entre sa famille et sa bande d’amis avec toute l’insouciance propre à cette période de notre vie. Où l’on ignore encore toute l’inconsistance de nos grands questionnements du moment. Un âge où l’on n’est plus un(e) enfant mais pas encore un(e) adulte. Une période de transition, loin de se douter que ce fragile équilibre peut voler en éclats pour X raisons…
Honnêtement si cette histoire n’avait pas été signée Gilles Legardinier je serai passé à côté du bouquin sans même y jeter un oeil. Mais l’auteur a su me rendre accro tant il parvient à se mettre dans la peau de ses personnages et à nous faire vivre des situations du quotidien (ou presque) vues sous un angle unique en son genre. Et une fois encore son don fait des miracles, on s’y croit vraiment et on partage intensément les émotions de Camille.
L’écriture et le style de l’auteur réussissent toujours à nous arracher des fous rires qui nous font passer pour de doux dingues vis à vis des spectateurs involontaires de nos bidonnages ; le résultat est encore pire si on essaye de se retenir, on en vient à ressembler à un constipé qui ferait une crise d’apoplexie sur le trône, les joues gonflées par le rire prisonnier, le corps agité de soubresauts douteux et les yeux baignés de larmes.
Mais l’auteur sait utiliser les séquences les plus loufoques pour nous faire partager des pensées plus profondes, à travers Camille bien entendu mais aussi toute sa bande de potes confrontés à des situations exceptionnelles qui les feront gagner en maturité et en profondeur. De ses trois romans estampillés humour celui-ci est sûrement le plus intense au niveau émotionnel, l’auteur aborde un sujet grave qui ne devrait pas préoccuper des adolescents, les larmes qui viendront baigner vos joues ne seront pas que des larmes de joie.
Autre signature humoristique de l’auteur on retrouve les couvertures colorées mettant en scène un chat, un chaton en l’occurence, le premier dans une situation « normale » pour un félin (pas de bonnet péruvien sur la tête, pas de confiturier en cuivre dans lequel il est assis… juste un chaton surpris par une coccinelle).
L’auteur nous promet un nouveau titre comique pour 2014, je brûle d’impatience de le découvrir, les trois précédents ont été de totales réussites (j’ai lu celui-ci d’une traite, en une journée), je lui fais aveuglément confiance pour nous embarquer dans son prochain délire. En 2015, il devrait signer son retour au thriller, là encore je l’attends de pieds fermes.
Ne zappez pas le mot de la fin de l’auteur, déjà par respect pour sa personne et son travail, mais aussi parce que présentement il se livre à coeur ouvert sur une partie de sa vie.

[BOUQUINS] L.C. Tyler – Etrange Suicide Dans Une Fiat Rouge A Faible Kilométrage

L.C. Tyler - Etrange Suicide...J’ai eu beaucoup de raisons de me sentir attiré, presque aimanté, par ce bouquin. Déjà un titre à rallonge plus que bizarroïde, puis une couv’ sobre (faut dire que vu la longueur du titre la sobriété est obligatoire, ensuite l’éditeur (Sonatine) et enfin la quatrième de couv’ qui m’a paru être la cerise sur la cadeau. Et voilà mes chers lecteurs et amis comment je me retrouve à chroniquer Etrange Suicide Dans Une Fiat Rouge A Faible Kilométrage de L. C. Tyler.
Ethelred Tressider écrit sous trois pseudonymes différents trois types de romans différents, notamment des romans policiers. Un jour la police lui annonce que son ex-épouse a disparu en laissant une supposée lettre de suicide. Le lendemain le corps est retrouvé, il semblerait qu’elle ait été assassinée. Elsie Thirkettle, son agent littéraire, pousse son poulain à mener sa propre enquête mais notre écrivain n’est guère motivé à l’idée de jouer les détectives privé, pour lui une enquête de police est l’affaire des policiers…
Point de corps dans la Fiat rouge, point non plus de suicide à l’horizon. On se demande bien où le traducteur a été cherché un titre aussi tordu, seule la Fiat rouge est présente dans le récit. Il faut bien avouer que le titre original, The Herring Seller’s Apprentice, n’est guère plus évocateur du contenu puisque qu’il pourrait se traduire littéralement par L’Apprenti du Vendeur de Harengs (à moins que la subtilité d’un jeu de mot ne m’ait échappé).
La construction même du bouquin est plutôt originale, le plus souvent on suit la progression de l’intrigue à travers le personnage d’Ethelred, mais parfois Elsie vient y mettre son grain de sel (ces deux points de vue sont écrits à la première personne, différenciés par le choix de la police de caractère) ; plus tard on retrouve des premiers jets du prochain roman d’un Ethelred en mal d’inspiration. Ca peut paraitre chaotique mais tout s’emboite parfaitement (hormis les digressions littéraires d’Ethelred qui semblent être là juste pour le fun) au fur et à mesure que l’on suit l’enquête pas vraiment conventionnelle d’Ethelred et Elsie (des prénoms à coucher dehors vous en conviendrez avec moi).
N’espérez pas un thriller qui vous hérissera le poil des pieds à la tête (si vous frissonnez en lisant ce bouquin alors c’est qu’il doit y avoir un courant d’air quelque part chez vous), le ton est franchement léger, l’auteur joue plus la carte de l’humour que du suspense, toutefois l’enquête n’est pas totalement laissée en plan, elle est même plutôt bien ficelée et nous réservera quelques surprises (le final est grandiose). Un polar burlesque qui procure un réel plaisir de lecture.
Ethelred et Elsie sont des personnages récurrents de L. C. Tyler (ce qui est loin d’être une évidence à la fin de ce premier volet), à ce jour la série comporte quatre titres (celui-ci est le premier) ; le second roman de la série devrait sortir dans les prochains jours chez Sonatine, nul doute que les autres suivront. J’ai hâte de découvrir les prochaines péripéties d’Ethelred et Elsie…

[BOUQUINS] Tom Sharpe – Wilt 2

T. Sharpe - Wilt 2Encore une chronique littéraire pleine de légèreté au programme puisque j’ai opté pour Wilt 2 de Tom Sharpe, le titre complet et très prometteur de la chose étant : Wilt 2 Ou Comment Se Débarrasser D’Un Crocodile, De Terroristes Et D’Une Jeune Fille Au Pair… Tout un programme !
Depuis ses précédentes mésaventures la vie de Wilt a connu quelques bouleversements : une promotion en tant que Chef du Département Culture Générale au Tech, un déménagement dans une banlieue chic et surtout des quadruplées débordantes d’énergie. Et pour couronner le tout Eva, son épouse, lui annonce qu’ils vont avoir une colocataire allemande ! Connaissant le bonhomme vous vous doutez bien qu’il n’est pas franchement aux anges, mais le pire reste à venir…
Vous l’aurez compris le quotidien de Wilt n’est pas un long fleuve tranquille et la paternité n’arrange rien à son humeur massacrante. Il y a de l’ambiance chez les Wilt, les « mots doux » fusent entre Henry et Eva ! Et bien entendu notre brave Wilt a toujours le don extraordinaire de se mettre dans les situations les plus improbables, ce qui ne manque de donner lieu à quelques scènes hilarantes (le passage à l’hôpital aura été l’occasion d’une franche rigolade, idem pour toute la partie concernant la prise d’otages).
Au niveau des personnages on est en terrain connu, disons simplement que les enfants Wilt n’ont pas leur langue dans leur poche (pour notre plus grand plaisir), mais bon les chiens ne font des chats… On retrouve les collègues de Wilt, les voisins et même l’inspecteur Flint (pour son plus grand malheur). Et bien entendu quelques nouveaux venus dont les fameux terroristes (pas du genre futés) et la jeune fille au pair ; un cocktail détonnant !
L’auteur mixe toujours aussi habilement le comique de situation et celui-des dialogues, parfois on en arrive même à se demander si les dialogues ne sont pas encore plus irréalistes que les situations. Les zygomatiques sont mis à rude épreuve, surtout si vous le lisez en public et essayez de garder votre sérieux. Mais l’humour est aussi pour l’auteur un bon moyen de dénoncer les petits (et plus gros) travers de la société britannique, ici les tenants de l’écologie bien pensante et du tout humanitaire en prennent pour leur grade ; et encore en 1979 (date de sortie du roman) on devait moins nous bassiner qu’aujourd’hui avec le tout bio-écolo : « Tu penses pas écolo, tu bouffes pas bio ? Mais t’es malâââde ! ‘tain tu tues la planète à petit feu… » Quel ramassis de conneries !
Pour ma part ce deuxième opus ne fait que confirmer mon enthousiasme (je l’ai même trouvé encore plus jubilatoire)pour le style et l’imaginaire de Tom Sharpe, nul doute que je continuerai à suivre les mésaventures de Wilt (ça tombe bien j’ai les cinq tomes en stock). Après je peux concevoir que l’on puisse être hermétique à ce genre d’humour, comme toujours je ne prétends pas détenir une quelconque vérité universelle, j’aime l’humour façon absurde (d’autant que celui de Tom Sharpe ne fait pas dans le politiquement correct) et je le revendique sans complexe.