[BOUQUINS] Cyril Massarotto – Les Dédicaces

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C. Massarotto - Les Dédicaces
Titre : Les Dédicaces
Auteur : Cyril Massarotto
Éditeur : Flammarion
Parution : 2020
Origine : France
263 pages

De quoi ça cause ?

Claire collectionne les livres dédicacés, que le signataire soit l’auteur ou un anonyme, elle recherche avant tout les dédicaces qui racontent une histoire (réelle ou imaginée).

Quand elle tombe sur un roman de Frédéric Hermelage, elle est surprise par l’audace (voire l’outrecuidance) de la dédicace que l’auteur adresse à une certaine Salomé. En lisant le roman elle découvre une écriture à l’opposé de la dédicace, tout en finesse et subtilité.

Claire va lors tout mettre en œuvre afin de rencontrer « incognito » Frédéric Hermelage afin d’essayer de mieux cerner le personnage.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’ai beaucoup aimé Dieu Est Un Pote A Moi et sa « suite », Le Petit Mensonge De Dieu, de Cyril Massarotto. D’autres romans de l’auteur sont depuis venus grossir les rangs de mon Stock A Lire Numérique sans toutefois s’extraire du lot. Il était donc temps pour moi de le découvrir dans un autre registre…

Ma Chronique

Si, comme moi, l’intégrisme culturel vous fout la gerbe, si les auteurs, critiques et lecteurs qui tirent à boulets rouges sur la littérature populaire (et ses auteurs) vous donnent des envies de meurtres, pris au premier degré ce roman ne manquera pas de vous piquer les yeux et de vous brûler les mains !

À travers les jugements sans appels émis par Claire (lectrice), Frédéric (auteur) et Marc (éditeur), les auteurs populaires tels Guillaume Musso, Marc Lévy, Amélie Nothomb ou encore Anna Gavalda (pour ne citer qu’eux) se font dézinguer sans qu’ils aient l’ombre d’une chance de se défendre. Et je ne vous parle même pas de tout le mal qu’ils pensent de la littérature feel-good (à leurs yeux littérature et feel-good sont deux notions impossibles à associer, c’est tout juste si ces bouquins méritent un méprisant feel-good books pour les qualifier).

Et pourtant je me suis régalé en parcourant ces quelques pages ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il m’apparaît impossible de ne pas prendre de tels propos au second degré, deux raisons à cela :

1 – il faudrait vraiment être un connard prétentieux pour défendre noir sur blanc cette position, et je ne pense pas que Cyril Massoratto entre dans cette catégorie (les mêmes mots écrits par une tête à tarte comme BHL ne m’auraient certainement pas fait sourire) ;

2 – sans vouloir le vexer, Cyril Massoratto ne peut décemment pas affirmer être le fils spirituel de Céline, Sartre, Camus, Balzac ou Zola. Pour autant que je sache son œuvre s’inscrit davantage dans la littérature populaire que dans la « grande littérature » (les guillemets viennent juste souligner le dégoût que m’inspire ce terme).

Vous l’aurez compris, Les Dédicaces est un roman qui place la littérature au premier plan. Qu’il s’agisse du livre en tant qu’objet (le numérique n’a pas sa place dans le cœur de Claire), du rapport entre le lecteur et le livre, du lecteur et de l’auteur et inversement, de l’auteur et de ses lecteurs…

Au fil des pages il sera aussi question de la relation homme-femme dans le couple, là encore Claire n’est pas vraiment le parfait exemple de la nana épanouie… même si, au vu de son ex, le contraire eut été étonnant ! Une relation qui doit se construire autour d’un juste équilibre entre l’idéal fantasmé et le réel.

N’en déplaise à Cyril Massarotto, son roman est un bouquin qui fait du bien à lire, qui vous donne le sourire et la pêche pour la journée (vous noterez que je ne l’ai pas qualifié de feel-good). Le style épuré et direct de l’auteur (ainsi que l’épaisseur du bouquin) permet de le lire quasiment d’une traite.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Cyril Massarotto – Le Petit Mensonge De Dieu

C. Massarotto - Le Petit Mensonge De DieuAprès avoir longtemps (et vainement) espéré une sortie numérique j’ai fini par craquer pour le format papier du dernier roman de Cyril Massarotto, Le Petit Mensonge De Dieu, qui fait office de suite à Dieu Est Un Pote A Moi. Une suite qui ne s’imposait peut être pas, mais qui, six ans après le premier opus, avait intérêt à être à  la hauteur de son brillant aïeul.
Au moment de sa mort le narrateur est surpris de découvrir que son meilleur ami, Dieu, lui a menti. Il y a bel et bien quelque chose après la mort et surtout il y a encore Dieu. Ce pieux mensonge n’entachera pas longtemps leur solide amitié, du coup Dieu va donc servir de guide à son pote dans le royaume de la mort…
Ceux et celles qui ont lu Dieu Est Un Pote A Moi ne seront pas surpris, on retrouve le même cocktail d’humour (beaucoup) et d’émotions (juste ce qu’il faut) aussi bien dans les dialogues entre nos deux comparses que dans les situations. Pour ma part la recette fonctionne toujours aussi bien même si l’effet de surprise est moindre dans cette suite.
Le personnage de Dieu est toujours aussi jouissif et farceur, franchement avec un Dieu comme ça je me convertis de suite, montre moi où on signe et je te confie mon âme mec. Quant au narrateur (toujours anonyme) on le retrouve avec son caractère de jeune homme, parfois un brin trop impulsif et colérique. Il fallait ce contraste pour que les retrouvailles fassent des étincelles et là encore l’auteur réussit son pari.
L’écriture et le style sont toujours aussi agréable, la lecture est d’une remarquable fluidité. On en revient même à regretter le moment (pourtant inévitable) où l’on doit se séparer du bouquin et abandonner nos deux potes (bin oui à force on se sent liés aux personnages) à leur destin.
Faut-il avoir lu Dieu Est Un Pote A Moi avant d’attaquer ce roman ? Ca ne s’impose pas mais c’est toujours dommage de passer à côté d’un tel concentré d’émotions et puis ça permet de mieux appréhender le lien qui unit le narrateur et Dieu.
Pour ma part j’ai pris ce bouquin sans l’ombre d’une hésitation, je savais que je serai sous le charme et je n’ai pas été déçu par le résultat. Toutefois force est de reconnaitre que si je n’avais pas lu Dieu Est Un Pote A Moi je serai passé à côté de cette suite, la couverture m’incitant plus à prendre mes jambes à mon cou qu’à me pencher sur la question…
Mon principal bémol, qui n’en est pas vraiment un, est de n’avoir pu trouver ce bouquin au format numérique, je ne pense pas que ce soit un choix de l’éditeur (je viens d’acheter le dernier Musso chez XO Editions) mais plutôt une volonté de l’auteur. Sans pour crainte du grand méchant pirate… Ceci ne m’empêchera pas de continuer à explorer l’univers littéraire de Cyril Massarotto.

[BOUQUINS] Cyril Massarotto – Dieu est Un Pote A Moi

C. Massarotto - Dieu Est Un Pote A MoiMalgré mon aversion pour la religion j’ai été irrésistiblement attiré par le titre de ce bouquin, Dieu Est Un Pote A Moi, ça m’inspirait sans que je puisse vraiment me l’expliquer (non non ne mettez pas ça sur le compte d’une soudaine crise de foi, je suis toujours aussi athée) ; du coup je me suis laissé tenter quand il est apparu au catalogue de France Loisirs, j’ai acheté les yeux fermés sans rien savoir ni de son contenu, ni de son auteur, Cyril Massarotto.
Le narrateur, un trentenaire des plus ordinaire, vendeur de nuit dans un sex-shop, est, du jour au lendemain, choisit par Dieu pour tailler un brin de bavette avec lui. Ensemble ils parleront de tout et de rien, Dieu n’hésitera pas à lui filer un coup de main pour l’aider à conclure avec Alice, une étudiante en psychologie croisée au magasin. Deux rencontres qui bouleverseront sa vie…
Un pitch plutôt plaisant à condition que les causeries divines ne tournent pas autour de la religion et sur ce point je n’ai pas été déçu, au contraire le Dieu en question ne semble pas très porté sur les églises et leurs dogmes. Son message est universel et peut séduire tout croyant, quelle que soit sa religion, et même les athées les plus irréductibles. Amour, amitié, famille, deuil, souffrance… les thèmes abordés sont divers et variés, bien traités sans jamais sombrer dans un didactisme ou un moralisme soûlant.
On suit le quotidien du narrateur sur plusieurs années, on partage avec lui une large palette d’émotions, du rire (souvent) aux larmes (quelques moments forts en réserve). On partage ses moments de bonheur mais aussi ses peines et ses colères. Le véritable coup de force de l’auteur, outre une écriture très agréable à parcourir, est de nous proposer un héros auquel n’importe quel quidam peut s’identifier (il n’est d’ailleurs jamais nommé), hormis sa rencontre avec Dieu on peut vivre sa vie, avec ses hauts et ses bas. Du coup forcément on vit aussi plus intensément ses émotions.
Tout au long du roman il est question d’une question divine que Dieu pose aux hommes et aux femmes juste après leur mort ; je peux juste vous dire que votre curiosité à ce sujet sera satisfaite. Par contre ne comptez pas sur moi pour vous dire dans quelles circonstances et encore moins vous révéler ladite question (un indice d’importance toutefois : la réponse n’est pas 42).
Le roman est court (trop court, c’est à regret que l’on le referme), on plonge de suite au coeur de son histoire et une fois ferré, on ne le lâche plus avant la fin (lu en une journée). Une petite perle littéraire comme on n’en croise trop rarement. Un véritable coup de force de la part de l’auteur qui signe là son premier roman (paru en 2008 chez XO Editions) dont le succès sera international. Pas mal pour un coup d’essai ! Incontestablement ça donne envie de se plonger dans les romans suivants de l’auteur, à commencer par la « suite », Le Petit Mensonge De Dieu, publiée en début d’année.