[BOUQUINS] Xavier Massé – La Route Du Lac

Blaches est un charmant village réputé pour sa tranquillité… Jusqu’au jour où, au lendemain d’une soirée, trois étudiants sont portés disparus.
Que s’est-il passé cette nuit-là ?
Que s’est-il passé sur l’unique route qui mène au lac ?
Amis, voisins, connaissances… pour les enquêteurs, tous sont suspects.
Bienvenue à Blaches.

D’abord parce que c’est Taurnada, une maison d’édition qui ne m’a jamais déçu, ensuite parce que les trois précédents romans de Xavier Massé m’avaient fait forte impression.

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Xavier Massé fait partie de ces auteurs qui osent se remettre en question à chaque nouveau roman, aucun ne ressemble aux précédents, et ce aussi bien sur la forme que sur le fond.

Tout commence par une soirée d’anniversaire qui finit mal. Trois jeunes ne rentreront pas chez eux. L’une sera retrouvée morte. Le second est récupéré alors qu’il errait dans la forêt voisine, hagard et totalement amnésique quant à cette fin de soirée. Et le troisième qui demeure introuvable.

Pour les gendarmes de Lyon, en charge de l’enquête, il ne fait aucun doute que la clé de l’énigme se trouve au sein de ce groupe d’amis qui se connaissent depuis toujours et/ou de leur entourage.

À partir de là, Xavier Massé entraîne les gendarmes et le lecteur dans un dédale qui réservera bien des surprises, au fur et à mesure que les secrets des uns et des autres referont surface. Une affaire qui va prendre une envergure totalement inattendue impliquant des individus peu recommandables.

Pour tisser sa toile et nous piéger, l’auteur joue aussi sur la temporalité de son intrigue, les flashbacks permettent en effet aux différentes pièces du puzzle de s’imbriquer sans pour autant totalement lever voile sur le mystère autour de cette soirée dramatique.

Xavier Massé apporte un soin particulier à ses personnages, à commencer par ces trois jeunes – Mylène, Thomas et Benjamin – qui sont au cœur de l’intrigue. Mais les autres personnages ne sont pas en reste, notamment avec Rémy, un jeune un peu « différent » que tout le monde adore, à tel point qu’il est un peu la mascotte de Blaches.

Alors que s’est-il passé en cette nuit du 21 avril 2018 ? Bien malin(e) celui ou celle qui pourra le dire avant que l’auteur ne vous livre la clé de l’énigme… ou plus exactement le trousseau de clés, chacune permettant de déverrouiller un pan de l’intrigue.

Je reste volontairement dans le flou afin que vous puissiez profiter pleinement de cette lecture… pourquoi pas un bol de pop-corn à portée de main ? Il paraît que le maïs de Blaches est exceptionnel cette année.

Force et alors de constater s’impose comme un redoutable maître de cérémonie, il tire les ficelles de son écheveau avec brio. Des chapitres courts alliés à une approche directe des événements permettent de maintenir le rythme de la première à la dernière page.

[BOUQUINS] Scott Snyder & Francesco Francavilla – La Nuit De La Goule

Un passionné enquête sur un ancien studio de cinéma qui aurait brûlé et finit par tomber sur ce projet. Il remonte la piste du réalisateur, qui vit reclus dans une maison de retraite. Selon lui, une goule hanterait son hospice, et la découverte d’une vieille bobine de La Nuit de la Goule risque bien de réveiller la bête, que le film soi-disant disparu avait détruit.

Je remercie les éditions Delcourt et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

La Nuit De La Goule est avant tout un hommage au cinéma d’horreur des années 50/60 (l’âge d’or de la Hammer et ses deux acteurs fétiches, Peter Cushing et Christopher Lee), et sur ce point c’est une totale réussite.

Pour la petite histoire la BD a d’abord été diffusée, en version originale, sous forme de feuilleton numérique en six épisodes, avant d’être publiée en un volume unique par Dark Horse.

Pour son intrigue Scott Snyder s’inspire très librement d’une créature mythique de la littérature arabe, la goule, un monstre nécrophage. Si Francesco Francavilla me demandait : « Quoi ma goule ? Qu’est-ce qu’elle a ma goule ? », je lui répondrais qu’il s’est contenté du minimum syndical avec sa bestiole. Une vague forme noire aux yeux rouges… ça va mec, pas trop fatigué ?

Heureusement pour le reste le dessinateur est irréprochable en alternant les styles au gré de l’intrigue. Le trait est toujours fin et précis, mais le fond s’adapte parfaitement au récit, le dessinateur optant même pour une palette de couleurs à part pour les scènes d’horreur.

L’intrigue est décrite selon deux arcs narratifs distincts (avec chacun son ambiance graphique donc), d’une part les faits qui se déroulent dans le présent, d’autre part les extraits du film. Film nous permet de suivre une troupe de soldats américains de la Première Guerre mondiale, la troupe part en éclaireur dans un village italien qui serait occupé par les Allemands. Mais c’est tout autre chose qu’ils vont croiser lors de cette excursion.

Globalement j’ai trouvé ce second arc narratif plus abouti que le premier. Il faut dire que la surprise n’est pas vraiment au rendez-vous, les quelques rebondissements ainsi que le twist final sont relativement prévisibles.

Heureusement sous la trame plutôt classique on retrouve de vrais sujets de réflexion tels que les traumatismes vécus en temps de guerre par les militaires et leur impact lors d’un retour à la vie civile, ou encore les relations familiales (entre un père et son fils en premier lieu).

À l’instar des films de la Hammer, et malgré quelques bémols, le divertissement est bel et bien au rendez-vous. À l’inverse du grand frisson, mais je doute que les auteurs aient eu la prétention de vous donner des sueurs froides et des nuits pleines de cauchemars. Oserai-je donc terminer ce billet par un ironique : « Que de la goule ! » ? Ah bin oui, j’ai osé.

[BOUQUINS] Robert McCammon – Swan Song – La Glace Et Le Feu

Sept années ont passé, l’holocauste nucléaire a obscurci le ciel d’un voile de poussière et recouvert la terre d’un linceul de neige grise, cédant la place à un hiver sans fin dont les mâchoires gelées se referment lentement, mais inexorablement sur la planète entière.

Et dans ce monde d’après, les hommes continuent à s’entredéchirer, pour les ressources, pour le pouvoir, par pure folie.

Néanmoins l’espoir subsiste, infime, précieux, dans des amitiés improbables nées d’une lutte commune pour la survie, dans l’éclat fascinant d’un anneau de verre aux couleurs étincelantes et qui semble révéler à ceux qui le touchent un monde idyllique. Dans les mains d’une jeune fille capable de faire renaître ce qui semblait définitivement mort.

Dans ce monde à l’agonie, le moment est venu de savoir si un nouveau printemps est possible.

Parce que c’est la suite de Swan Song, une suite qui nous fait faire un bon dans le temps de sept années après les événements décrits dans le premier opus du diptyque.

Sept années se sont écoulées depuis que le monde a été dévasté par le feu atomique, sept années d’un hiver nucléaire qui a rendu la nature hostile et où survivre est un combat au quotidien pour les quelques rescapés de la folie des hommes.

On retrouve Josh et Swan, tous deux lourdement marqués par les radiations, qui sillonnent le pays, de colonie en colonie, en compagnie de Rusty, du chien Killer et du cheval Mulet.

Sister et Paul suivent tant bien que mal les images que l’anneau de cristal transmet à Sister. Elle est désormais convaincue qu’elle doit retrouver Swan, mais pas facile de suivre une piste aussi diffuse.

Le colonel Macklin et Roland n’ont de cesse de grossir les rangs et les stocks de leur Armée de l’Excellence ; tant pis si pour y parvenir ils doivent piller les colonies qu’ils croisent et tuer tout individu susceptible de représenter une menace.

De son côté l’homme à l’œil écarlate, ainsi que le surnomme Swan, continue de traquer inlassablement Sister et son anneau, plus déterminé que jamais à détruire cette chose qu’il ne connaît pas et qui lui fait redouter le pire.

Le pire, pour celui qui pourrait bien être le Diable en personne, est que l’espoir refasse surface des profondeurs. Cet anneau et Swan pourraient bien être les vecteurs de cet espoir…

Ce second opus est encore plus glauque que le précédent, il faut dire qu’à la survie à proprement parler va s’ajouter un combat entre le Bien et le Mal qui va, plus que jamais, prendre des dimensions mystiques, voire bibliques.

À l’instar du Fléau de Stephen King (publié une première fois en 1977 et réédité en 1990 dans une édition intégrale et révisée), Robert McCammon opte pour un manichéisme assumé, pour ne pas dire revendiqué.

Un second opus qui vous réservera encore bien des surprises (bonnes ou mauvaises) avec son lot de morts violentes. Mais qui vous permettra aussi de faire de belles rencontres avec de nouveaux personnages, notamment Robin et Glory.

Mais le maître-mot de ce second opus reste l’espoir malgré la noirceur et la violence quasi omniprésentes. Un espoir qui se conjugue au féminin et qui pourrait bien donner une seconde chance à l’Humanité… Reste à savoir si elle saura la saisir.

Les chapitres courts et l’écriture directe de Robert McCammon permettent de maintenir le rythme et l’intensité, surtout au cœur des phases d’action (et elles sont nombreuses).

D’ores et déjà je peux affirmer que Swan Song restera l’une des plus belles découvertes littéraires de cette année 2023, une œuvre majeure dans le registre post-apocalyptique.

Je serai tenté d’interpréter le titre de deux manières, la plus évidente étant l’odyssée de Swan (la chanson de Swan), la seconde étant le chant du cygne de l’humanité avant son extinction… ou sa renaissance. Mais ça n’engage que moi.

[BOUQUINS] Tarn Richardson – Les Maudits

Arras, 1914. Sur la ligne de front, le lieutenant Henry Frost donne l’assaut. À sa grande surprise, sa troupe ne rencontre aucune résistance. Dans la tranchée adverse, les soldats allemands ont été tués, leurs corps atrocement déchiquetés.

Au même moment, le père Andreas est retrouvé sauvagement assassiné dans la cathédrale. Le Vatican décide d’envoyer l’inquisiteur Poldek Tacit. Sa mission : protéger l’Église de ceux qui cherchent à lui nuire. À n’importe quel prix.

Parce que c’est Sonatine et que ce titre est le second avec lequel la maison d’édition ouvre ses portes à une collection horreur d’une apparence kitsch délicieusement trompeuse.

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Et si je vous disais que, alors que la Grande Guerre embrasait l’Europe, les soldats des fronts britanniques et allemands étaient décimés par des hordes de loups-garous ? Je suppose que vous me regarderiez légèrement de travers… mais ce n’est pas tout, pour éradiquer ces méchantes bestioles, le Vatican envoie sur place un inquisiteur impitoyable. Cette fois pas de doutes, j’ai une araignée au plafond ! Il faut appeler les hommes en blanc !!!

Et si je vous disais que derrière un scénario aux allures de grand portnawak digne d’un film de série Z des années 70, se cachait une intrigue bien plus profonde que ne le laissent présager les apparences. Et si en plus les personnages avaient une réelle profondeur. Ça semble fortement improbable, et pourtant, Tarn Richardson l’a fait !

L’auteur situe le cœur de son intrigue sur le front nord de la France, à Arras et ses environs pour être précis. Les troupes britanniques et allemandes se font face, embourbées dans leurs tranchées, subissant tour à tour bombardements et assauts. Un face à face qui va prendre une toute autre toute tournure quand une troisième force va s’inviter dans ce jeu de massacre… Et en la matière le les loups-garous sont experts, teutons ou britishs c’est du pareil au même, juste de la barbaque sur pattes.

D’emblée le personnage de Poldek Tacit, l’inquisiteur, vous apparaîtra comme détestable à tout point de vue. Au fil des chapitres des flashbacks permettent de revivre son parcours personnel et professionnel, un parcours pour le moins éprouvant. Je n’irai pas jusqu’à dire que l’on en arrive à l’apprécier et à le comprendre, mais ça temporise tout de même notre première impression.

Je reste intimement convaincu que Tacit s’est fait enfumer (pour être poli) par l’Église concernant le drame ultime qui a forgé son personnage froid, violent et implacable – à confirmer par la suite. C’est dans l’alcool qu’il trouvera son refuge, boire pour oublier et ne jamais oublier de boire.

Il faut dire que l’Église catholique et le Vatican n’ont pas vraiment le beau rôle dans le roman de Tarn Richardson. Un vrai nid de frelons asiatiques ! J’avoue sans complexe que j’ai pris un réel plaisir à découvrir leurs magouilles, conspirations, manipulations et autres coups bas. Une approche qui permet à Tarn Richardson de revisiter l’origine des loups-garous, et force est de reconnaître que cela colle parfaitement à son intrigue.

Dans son combat contre les loups-garous de Fampoux, Tacit pourra compter sur une alliée de poids en la personne de sœur Isabella, une religieuse pour le moins atypique initialement mandatée pour enquêter – à charge – sur l’inquisiteur.

Parmi les autres personnages phares de l’intrigue, on peut citer le lieutenant Henry Frost, un officier britannique engagé sur le front d’Arras, ainsi que la mystérieuse et irrésistible Sandrine Prideux.

Les amateurs d’hémoglobine y trouveront aussi leur compte, les loups-garous ne faisant pas vraiment dans la dentelle quand ils décident de se faire un gueuleton entre potes. Toutefois le gore est bien dosé, inutile d’en faire des tonnes pour appuyer son propos.

Les Maudits est le premier opus d’une trilogie (The Darkest Hand en VO), le second opus est d’ores et déjà annoncé par Sonatine pour le mois d’octobre ; c’est avec grand plaisir que je répondrai présent à l’appel des loups.

Je note que les démons semblent faire une fixette sur les MILF adeptes de fellations infernales. Si vous avez vu ou lu L’Exorciste, vous n’avez certainement pas oublié la scène dans laquelle l’entité démoniaque lance au père Karras, venu exorciser Regan, que sa « mère suce des bites en enfer ». Notre cher inquisiteur Tacit, au cours d’un exorcisme particulièrement éprouvant, apprendra que sa défunte mère est elle aussi une fervente pratiquante de cette activité peu commune.  Le monde des enfers est petit…

[BOUQUINS] Robert McCammon – Swan Song – le Feu Et La Glace

Missiles et fusées se croisent dans le ciel et font s’abattre sur la terre des tornades de feu. Un vent terrible se lève, les poussières radioactives voilent le soleil, la vie telle qu’on la connaît va s’achever.

Dans une plaine déserte du Kansas brûlée par le feu nucléaire, Josh, une force de la nature, se voit confier une mission par un vieillard mourant : ­protéger une enfant.

Dans les décombres d’un New York annihilé par les bombes, une sans-abri à moitié folle découvre un étrange anneau de verre.

Dans les ruines souterraines d’un camp survivaliste des montagnes de l’Idaho, un adolescent apprend à tuer…

Je connaissais Swan Song de nom et de réputation, il faut dire que pour beaucoup il se classe parmi le must-have du roman post-apocalyptique. Top dans lequel on retrouve quelques titres incontournables tels que Le Fléau de Stephen King, La Route de Cormac McCarthy, Je Suis Une Légende de Richard Matheson, World War Z de Max Brooks ou encore La Planète Des Singes de Pierre Boulle.

Un grand merci à Monsieur Toussaint Louverture qui nous permet enfin, 36 ans après sa publication, de découvrir ce titre dans sa version française.

Publié outre Atlantique en 1987, Swan Song est considéré comme l’une des œuvres majeures de Robert McCammon et même comme un des meilleurs romans post-apocalyptiques. Le public francophone aura dû s’armer de patience pour pouvoir, 36 ans plus tard, découvrir l’œuvre dans sa version française.

Un grand merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture qui nous propose une version française déclinée en deux tomes, chacun bénéficiant d’une couverture magnifique (félicitations à l’illustrateur, Bernard Khattou).

Un petit mot sur l’époque de publication du roman, en 1987. Sur le plan des relations internationales la Guerre Froide oppose encore les blocs Ouest (avec les États-Unis en tête de file) et Est (mené par l’URSS), bien que lointaine la menace nucléaire reste une réalité.

D’un point de vue technologique, nous étions bien loin du monde 2.0 que nous connaissons quasiment tous aujourd’hui… mais cela n’est pas un problème puisque le feu nucléaire sonnera le glas de toute technologie.

Après une première partie qui pose le décor et les personnages principaux, une guerre nucléaire totale ravage la planète (Qui a tiré le premier ? On ne le saura jamais… pour ce que ça change). Après avoir assisté à la destruction des États-Unis, Robert McCammon nous plonge au cœur de l’hiver nucléaire qui suivra.

Au niveau des personnages, on découvre – par ordre d’entrée en scène –, Sister Creep une SDF un peu fêlée qui prêche (dans le vide) dans les rues de Manhattan ; Josh Hutchins, un catcheur d’une taille impressionnante qui fait route vers le Kansas pour un prochain combat ; Darleen Prescott et sa fille Swan qui font aussi route vers le Kansas en espérant des lendemains meilleurs et enfin les époux Croninger et leur fils Roland qui s’offrent un séjour survivaliste dans un bunker sous les montagnes de l’Idaho.

Au final nous serons amenés à suivre Josh et Swan qui après une rencontre fortuite ont miraculeusement survécu à l’holocauste, Sister Creep qui s’est liée d’amitié avec un autre survivant de Manhattan, Artie, et Roland Croninger qui échappera à l’enfer du bunker dévasté en compagnie du colonel Macklin, un vétéran du Vietnam (1987, rappelez-vous…) considéré comme un héros de guerre.

Nous suivrons ces personnages au fil de leurs errances dans un monde dévasté qui leur est désormais inconnu, leur caractère et leur personnalité se forgeront au fil des épreuves et des rencontres – parfois bonnes, souvent mauvaises. Chez certains cette nouvelle donne fera ressortir ce qu’ils ont de meilleur, chez d’autres ce sera au contraire l’occasion de laisser s’exprimer leurs instincts les plus primaires.

C’est justement par cette opposition quasi manichéenne entre le bien et le mal que le roman m’a parfois fait penser au Fléau de Stephen King (que je considère comme une œuvre culte du genre), mais attention malgré cette similitude dans le traitement des personnages, les deux romans sont radicalement différents.

Robert McCammon a un incroyable talent de conteur pour nous plonger au cœur de ce monde ravagé, et pour nous faire vivre les événements en nous mettant dans la peau de ses personnages. Un récit façon point of view avant l’heure…

J’ai été tellement emballé par cette lecture que je comptais enchaîner directement avec le tome 2, finalement, comme cette suite se déroule 7 ans après les événements que l’on vient de découvrir, je vais m’autoriser un court break avant de revenir à la charge.

On fustige souvent les éditeurs français qui découpent en plusieurs tomes un récit publié initialement en un seul volume – et je suis souvent de ceux que cette manœuvre bassement commerciale fait rager –, mais en l’occurrence le découpage du récit permet une édition en deux tomes sans que cela ne pénalise pas outre mesure le lecteur (qui devra tout de même payer deux bouquins pour connaître la fin de l’histoire).

Swan Song a remporté la première édition (1987) du prix Bram-Stoker du meilleur roman (à égalité avec Misery de Stephen King) . Prix décerné par les auteurs de la Horror Writers Association qui récompense les œuvres de dark fantasy ou d’horreur dans différentes catégories (meilleur roman, meilleur premier roman, meilleur recueil de nouvelles…).

Pour l’anecdote les lecteurs francophones de Robert McCammon ne sont pas les mieux lotis. Les éditions Bragelonne ont publié en 2008 les deux premiers titres de la série Le Chant De l’Oiseau De Nuit avec Matthew Corbett comme héros récurrent et depuis silence radio… À ce jour la série compte neuf tomes en VO.

De nombreux autres titres restent inédits en langue française.

[BRD] Dr Strange In The Multiverse Of Madness

Benedict Cumberbatch – Stephen Strange / Dr Strange
Elizabeth Olsen – Wanda Maximoff / La Sorcière Rouge
Rachel McAdams – Christine Palmer
Xochitl Gomez – America Chavez
Benedict Wong – Wong
Chiwetel Ejiofor – Karl Mordo

Stephen Strange sauve la jeune America Chavez des griffes d’un démon. La jeune femme lui apprend qu’elle a le pouvoir de voyager dans le multivers, mais ne maîtrise pas ce don ; un don qui attise visiblement les convoitises d’un puissant ennemi.

Strange va alors solliciter l’aide de Wanda Maximoff, loin de se douter qu’elle est désormais la Sorcière Rouge et que c’est elle qui traque America Chavez dans le but avoué de lui voler son pouvoir…

Ce deuxième film consacré au Dr Strange est le vingt-huitième du MCU et le cinquième de la phase IV… Un film qui explore, encore davantage que ne le fit Spiderman – No Way Home, les possibilités du multivers.

Plutôt surprenant de retrouver un réalisateur comme Sam Raimi aux commandes, même s’il est familier de l’univers Marvel (on lui doit la première trilogie Spider-Man avec Tobey Maguire dans le rôle-titre). Avec un pareil réalisateur aux manettes on s’attend à un film plus glauque que ses pairs du MCU.

Le multivers offre des possibilités quasiment illimitées pour construire les intrigues les plus folles. Sam Raimi exploite à la perfection ces possibilités, au cours de sa quête le Dr Strange va se retrouver face à différentes versions de lui-même, dans des mondes ayant évolué différemment du sien (nous aurons même le droit à une version alternative des Avengers, les Illuminati).

L’autre personnage phare du film est Wanda Maximoff qui est désormais la Sorcière Rouge grâce aux pouvoirs que le procure le Dakrhold (un puissant grimoire de magie noire). Pour comprendre les raisons d’un tel changement de personnalité, il faut se référer à la série WandaVision diffusée sur Disney+. Mais même sans avoir vu la série (ce qui est mon cas) on saisit les grandes lignes…

Après une épique bataille au cœur du sanctuaire de Kamar-Taj, les deux héros vont se livrer à une course poursuite à travers le multivers. Chacun poursuivant des objectifs radicalement différemment. Strange doit mettre la main sur le Livre des Vishanti (l’antithèse du Darkhold) s’il veut espérer lutter contre la Sorcière Rouge et sauver America Chavez. De son côté, Wanda doit anéantir America Chavez pour absorber ses pouvoirs et prendre la place de son alter ego sur Terre-838.

Un film certes plus mature et plus sombre que les dernières productions du MCU, mais une intrigue qui laisse tout de même la part belle au divertissement.

Comme à l’accoutumée le film se termine par deux scènes post-générique. La première ouvrant encore de sombres perspectives pour le Dr Strange. La seconde clôturant un cameo dans lequel Sam Raimi invite son acteur fétiche, Bruce Campbell.

En termes de rentabilité le film se classe dans le haut du panier, avec un budget estimé à 170 millions de dollars, il a engrangé plus de 955 millions de dollars au box-office international. Un joli score qui en fait le onzième plus gros box-office du MCU. Le top 3 étant occupé par Spider Man – No Way Home (1,977 milliards), Avengers – Infinity War (2,052 milliards) et Avengers -Endgame (2,799 milliards).

La suite de mon exploration du MCU va me mener dans la phase V, en espérant cette fois retrouver un fil rouge entre les différents films. Mon petit doigt me dit que je ne devrai pas être déçu…

[BOUQUINS] Armelle Carbonel – Enigma

Domaine de la Haute-Barde. Un énigmatique orphelinat, théâtre de terribles événements. Par une nuit d’orage, soixante-neuf ans plus tôt, des enfants ont mystérieusement disparu.

Spécialiste des édifices à l’abandon, la journaliste et cinéaste Barbara Blair va tenter de comprendre ce qui leur est arrivé. Mais les habitants du petit village n’apprécient guère cette étrangère qui vient remuer ce passé trouble, d’autant qu’un nouveau drame ne tarde pas à les frapper.

Entre légende et réalité, Barbara est confrontée à une énigme qui menace de réveiller les démons d’autrefois mais aussi ses plus douloureux souvenirs.

Certains secrets doivent être tus à tout jamais, au risque de vous hanter jusqu’à votre dernier souffle.

Parce que c’est Armelle Carbonel, une auteure qui a su marquer les esprits dès son premier roman (Criminal Loft) pour finir, au fil des romans par imposer sa griffe dans le monde du thriller (fortement saupoudré de noir) francophone.

Je remercie les éditions Fayard et la plate-forme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

J’ai découvert Armelle Carbonel via les regrettées éditions Fleur Sauvage et son premier roman – hors auto-édition – Criminal Loft. D’emblée l’auteure a démontré qu’elle maîtrisait les règles aussi bien du thriller psychologique que du roman noir. Un talent qui a été crescendo au fil des romans, l’auteure poussant toujours plus loin dans la noirceur de l’âme humaine.

Avec ce cinquième roman Armelle Carbonel confirme cette tendance, elle va prendre un malin plaisir à jouer avec vos nerfs et votre adrénaline, n’hésitant pas à rebattre totalement les cartes pour achever le lecteur.

Une fois de plus l’auteure opte pour situer son intrigue dans un lieu hors du commun et surtout de sinistre réputation, en l’occurrence un ancien orphelinat qui a été le théâtre d’une disparition en masse (et sans doute d’un massacre) qui demeure inexpliqué à ce jour. L’endroit parfait pour générer une ambiance anxiogène au possible.

En parallèle, il sera souvent fait référence à un autre lieu et à une autre époque, clins d’œil qui nous renvoie à un précédent roman de l’auteure, Sinestra. Roman qui s’avère être le seul que je n’aie pas encore eu l’occasion de lire (publié initialement chez Ring qui ne proposait aucune offre numérique). Une lacune qui ne s’avérera jamais gênante pour la compréhension de l’intrigue.

Une intrigue qui va se tisser et s’étoffer entre le passé et le présent, entre les faits et les légendes, entre secrets, non-dits et mensonges.

Si Armelle Carbonel aime malmener ses personnages, cela ne l’empêche nullement de leur accorder un soins tout particulier. Des personnalités souvent complexes, à commencer par Barbara Blair qui s’investit à fond dans le travail pour essayer d’oublier un drame survenu quatre ans plus tôt, sur un autre tournage. Un drame qui a aussi profondément marqué son équipe, David et Warren.

Là encore rien n’est définitivement acquit, l’auteure est capable de faire basculer ses personnages en un claquement de doigts (un plaisir qu’elle ne boudera pas au fil des chapitres).

À tel point d’ailleurs que je ne sais trop comment interpréter l’épilogue du roman. Est-ce une ultime révélation qui remet totalement en cause tout ce que l’on croyait savoir ? Ou est-ce simplement une autre branche de l’arbre des possibles ? À chacun de l’interpréter comme bon lui semblera.

Plus que jamais Armelle Carbonel fait honneur à son surnom de « nécromancière », incontestablement une plume devenue incontournable pour les amateurs de thrillers bien glauques.

[BOUQUINS] Anonyme – Kill The Rich !

Alors que les chefs d’état et les puissants de ce monde se font décimer, les Dead Hunters sont sur tous les fronts. Séparés sur plusieurs missions, ils vont se retrouver pris pour cible par des adversaires divers et variés.

Parce que c’est Sonatine et parce que c’est une nouvelle aventure du Bourbon Kid et des Dead Hunters… même si j’avais refermé le précédent opus, Santa Mondega, avec un ressenti mitigé.

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée… et l’occasion de découvrir ce roman en avant-première.

Après la lecture de Santa Mondega je me suis dit qu’il était peut-être temps pour le Bourbon Kid et les Dead Hunters de raccrocher les armes et de profiter d’une retraite amplement méritée. Une façon polie de dire que l’idée, originale et audacieuse au départ, commençait à s’user même si l’intrigue conservait son côté déjanté.

Ce cher Anonyme – toujours aussi anonyme qu’au premier jour – a su, dès les premiers chapitres balayés mes doutes. Il faut dire que ça commence très fort et que rapidement il nous inflige un premier choc totalement inattendu. Genre de truc qui te laisse la gueule ouverte à te dire : « Oh non ! Il n’a pas pu faire un truc pareil… pas lui /elle, il/ elle ne peut pas mourir comme ça ! » Hé bin si ! Et ce n’est que le début…

L’auteur opte pour un arc narratif totalement inédit. C’est en effet au Purgatoire que vont se retrouver les Dead Hunter et se raconter alternativement leurs missions respectives. Le fil rouge se mettra alors progressivement en place.

Il faut dire qu’entre des agents du gouvernement déterminés à en finir avec eux, des bikers susceptibles, des vampires invisibles et des atlantes pédophiles, nos chasseurs de primes préférés n’auront pas vraiment le temps de chômer et devront affronter bien des épreuves qui ne les laisseront pas indemnes.

Si vous pensiez tout connaître des Dead Hunters, je peux vous assurer que l’auteur saura vous surprendre en révélant des facettes inédites de ses personnages, à commencer par le Bourbon Kid. Même le lecteur le plus avisé se laissera surprendre.

Si l’intrigue reste globalement toujours aussi déjantée, elle gagne aussi en profondeur par rapport aux autres romans de la saga. Certains revirements de situation ne manqueront de vous surprendre. Anonyme semble prendre un malin plaisir à jouer avec les nerfs des lecteurs tandis qu’il malmène les Dead Hunters.

Cerise sur le gâteau, on retrouve, le temps d’un chapitre, un des personnages emblématiques de la saga. Un personnage qui avait tiré sa révérence depuis déjà quelques temps.

Pour l’anecdote le roman se termine par le désormais traditionnel FIN (peut-être…). Un indice d’un futur retour du Bourbon Kid ou une fausse piste ? Tout est possible, pour rappel Santa Mondega s’achevait sur un simple FIN, laissant songer que la saga était bel et bien terminée.

Qui vivra verra, en attendant je vous confirme qu’avec Kill The Rich ! les Dead Hunters signent un retour gagnant.

[BOUQUINS] Jean-Laurent Del Socorro – Morgane Pendragon

An 601. Île de Bretagne. Depuis la mort d’Uther Pendragon, souverain du royaume de Logres, aucun héritier n’est monté sur le trône. Pour cela, il faudrait réussir à extraire l’épée du défunt monarque, enchâssée dans la pierre. À l’aube de ce nouveau siècle, les prophètes en sont pourtant persuadés : un nouveau roi va naître. Le puissant Merlin a la certitude qu’il s’agit de son protégé, le jeune Arthur, mais c’est Morgane, la fille cachée d’Uther, qui s’empare de l’épée. Réussira-t-elle à faire face aux guerres, aux intrigues et aux trahisons, et à s’imposer comme une souveraine légitime ?

Parce que j’ai trouvé l’idée de réécrire la geste arthurienne au féminin était un pari plutôt audacieux. Du coup j’étais curieux de découvrir la légende morganienne.

J’avoue ne connaître de la geste arthurienne que les grandes lignes, mes classiques sur le sujet se résument à la série et au film Kaamelott. Pas sûr que la vision d’Alexandre Astier soit des plus rigoureuses.

Cette lacune n’est pas un problème pour aborder le roman de Jean-Laurent Del Socorro, au contraire ! Oubliez tout ce que vous savez – ou croyez savoir – l’auteur nous offre une réécriture de la légende, une revisite au féminin pouvait sembler un pari audacieux, voire même un peu fou. Un pari qu’il remporte haut la main !

Déjà l’auteur fait la part belle aux personnages féminins. Pas seulement via le personnage de Morgane qui va se retrouver reine de Logres et par extension reine de Bretagne (même si ce titre n’est jamais évoqué). Là où la légende dresse une table ronde exclusivement masculine, Jean-Laurent Del Socorro opte lui pour la mixité. Une place qui s’affirmera au fil des chapitres, les personnages féminins jouant souvent un rôle essentiel dans le déroulé de l’intrigue.

En revanche force est de reconnaître que le terme « messoeur » adopté par l’auteur comme pendant féminin de « messire », pique les yeux et fait saigner les oreilles.

De fait cela impose de réinventer le destin de certains personnages masculins, à commencer par Arthur mais c’est surtout le personnage de Merlin qui verra son rôle complétement réécrit. Un choix qui pourra surprendre mais s’avérera finalement en totale adéquation avec l’intrigue imaginée par l’auteur.

Une intrigue qui devra jongler entre les impératifs militaires, politiques, religieux et même sentimentaux (hé oui, même au cœur du tumulte et des intrigues, l’amour aura son mot à dire). Toutes ces dimensions sont parfaitement dosées et mises en scène par Jean-Laurent Del Socorro.

Sans oublier le fer de lance d’un récit de fantasy, la magie. C’est le royaume de Galles et son Roi Pêcheur qui feront souffler un vent mystique et magique sur le récit. En plus des personnages maîtrisant les arcanes magiques, nous croiserons quelques créatures magiques, parfois bienveillantes, parfois nettement plus hostiles.

De la première à la dernière page du roman l’auteur semble jouer avec les codes de la légende arthurienne. Il pioche des éléments incontournables de la geste mais leur attribue un nouveau rôle (ainsi Excalibur fera une son apparition que bien plus tard dans le déroulé de l’intrigue… à un moment où les cartes seront totalement rebattues).

Jean-Laurent Del Socorro donne un second souffle à une légende certes bien ancrée dans les esprits mais un tantinet poussiéreuse et presque machiste tant la place de la femme est reléguée au second plan. On se laisse bien volontiers entraîner dans cette revisite menée tambour battant qui vous réservera bien des surprises et des revirements de situation.

Pour sa narration l’auteur alterne entre les points de vue de Morgane et d’Arthur, des visions qui souvent se complètent mais parfois s’opposent. Morgane qui du jour au lendemain se retrouve propulsée sur le devant de la scène, devenant à la fois chef politique et chef de guerre. Arthur qui rêvait de grandeur mais verra son destin lui échapper en échouant à retirer l’épée d’Uther Pendragon.

Les personnages secondaires ne servent pas uniquement de faire valoir, à commencer par les Épées de Morgane, des chevaliers et chevalières qui formeront son conseil aussi bien politique que militaire. Mention spéciale à Guenièvre (qui trouve ici une place bien plus honorable que celle qui lui est donnée dans la série Kaamelott), Lancelot et son incroyable vanité mais aussi et surtout à Arcade, la barde chevalière.

Le Royaume de Bretagne réinventé par Jean-Laurent Del Socorro est certes rude – voire rugueux –, mais c’est aussi un modèle de tolérance où la parité hommes / femmes va au-delà des mots, où chacun est libre de vivre sa sexualité comme il/elle le souhaite, où les religions devraient pouvoir cohabiter en paix (du moins jusqu’à ce que les chrétiens viennent foutre la merde).

J’ai été totalement emballé par ce bouquin et le l’excellence de Jean-Laurent Del Socorro à nous immerger dans son récit. La geste morganienne n’a définitivement pas à rougir face à son illustre aîné.

[BOUQUINS] Adam Cesare – Un Clown Dans Un Champ De Maïs

Quand ils viennent s’installer à Kettle Springs, un patelin paumé du Missouri, le Dr Maybrook et sa fille, Quinn, découvrent une bourgade en plein crise générationnelle. D’un côté les adultes défendent les traditions, de l’autre, les jeunes ne pensent qu’à faire la fête et à dénigrer leurs aînés.

Alors que les jeunes organisent une soirée « clandestine » à proximité d’une ferme perdue au cœur des immenses champs de maïs qui entourent la ville, un clown s’invite à la fête, bien décidé à y mettre de l’ambiance à sa façon…

Parce que c’est Sonatine mais pas que… avec ce titre l’éditeur inaugure une nouvelle collection dédiée à l’horreur.

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Les clowns n’ont pas toujours été des personnages de cirque faisant rire les petits (et parfois les grands). C’est aux États-Unis qu’a sévit le plus tristement célèbre clown criminel, John Wayne Gacy, surnommé « le clown tueur », a en effet été condamné (1980) et exécuté (1994) pour 33 meurtres commis entre 1972 et 1978.

Dans la fiction on pense bien sûr assurément au célébré Grippe-Sou créé par Stephen King dans son roman Ça (1986). Mais le clown n’a pas attendu le King pour commencer à répandre la terreur (sur papier), le Joker apparait pour la première fois en 1940 dans l’univers de DC Comics sous les crayons de Bill Finger et Bob Kane ; il reste à ce jour l’un des méchants les plus emblématiques de la culture populaire. Plus récemment les jeux vidéo PayDay (2011 et 2013) vous permettent d’incarner une équipe de braqueurs de banque portant des masques de clown.

Un tueur un peu zinzin qui poursuit des jeunes un peu concons et les zigouille un à un n’est pas vraiment un concept nouveau. Qu’importe que ledit tueur soit un clown, seul l’emballage change. Pour le reste on demeure dans l’univers du slasher, popularisé au cinéma par des sagas telles que Vendredi 13, Halloween, Scream, Les Griffes De la Nuit et bien d’autres.

Connaissant les exigences de qualité des éditions Sonatine, je me suis laissé dire que s’ils avaient invité Adam Cesare et son mystérieux clown dans leur catalogue, c’est qu’il y avait certainement plus de matière à découvrir que l’on pouvait le supposer de prime abord.

Commençons par l’aspect strictement visuel de la chose avec sa couverture. Perso je ne peux que craquer devant ce clown armé d’une hache et au costume maculé de sang. Et en arrière-plan la nana qui s’enfuit en courant, façon ombre chinoise. Je valide !!!

La première surprise vient du fait que l’auteur prend son temps pour poser le cadre et ses personnages. On découvre ainsi, en même que Quinn, une petite bourgade de campagne qui vivote dans l’espoir d’un nouvel élan économique. Mais sous cette apparente léthargie se terrent des tensions larvées entre les générations.

Dès lors il suffira d’une mauvaise blague qui tourne mal (même si le bilan aurait pu être bien plus sévère) pour mettre le feu aux poudres (sans mauvais jeu de mot).

Si les jeunes de Kettle Springs sont prompts à faire des conneries 2.0 (ces fameux pranks – des canulars d’un goût parfois douteux, filmés et mis en ligne – qui font le bonheur des réseaux sociaux), ils ne sont toutefois pas aussi superflus et stupides que bien des jeunes victimes de slasher du grand écran (ou de la petite lucarne pour les amateurs de DVD / Blu Ray / Streaming).

Au fil des chapitres l’intrigue s’étoffe, on s’éloigne du slasher brut de décoffrage pour entrer dans un véritable scénario. Scénario dont je ne vous dirai rien, cela va de soi.

Les amateurs d’hémoglobine et de chair fraîche se demanderont sans doute si l’horreur est au rendez-vous, eh bien oui. Vous aurez le droit à votre lot de morts brutales, et en la matière il y en aura pour tous les goûts. Mais le tout est exposé sans vulgarité, sans voyeurisme inutile et sans trop de second degré. Brut et efficace !

Par contre pour le grand frisson vous repasserez, je n’ai pour ma part jamais été effrayé par les slashers. Tout au plus Maniac (William Lustig, 1980) dégageait quelque chose de vraiment malsain, les premiers épisodes de Scream et Des Griffes De la Nuit étaient vraiment réussis mais demeuraient dans le registre du divertissement horrifique. Le roman se classe honorablement dans cette seconde catégorie.

Un bouquin qui se dévore quasiment d’une traite, qui parvient à la fois à faire honneur aux règles du genre et à ancrer son récit dans notre univers bercé par les nouvelles technologies (pour le meilleur et pour le pire). De quoi satisfaire les amateurs – et les nostalgiques – du genre.

Et que les plus gourmands se rassurent, quand y en a plus il y en a encore (et je ne parle pas de liquide vaisselle)… Frendo will be back ! Et je répondrai présent à l’appel du clown.