[BOUQUINS] Tarn Richardson – Les Maudits

Arras, 1914. Sur la ligne de front, le lieutenant Henry Frost donne l’assaut. À sa grande surprise, sa troupe ne rencontre aucune résistance. Dans la tranchée adverse, les soldats allemands ont été tués, leurs corps atrocement déchiquetés.

Au même moment, le père Andreas est retrouvé sauvagement assassiné dans la cathédrale. Le Vatican décide d’envoyer l’inquisiteur Poldek Tacit. Sa mission : protéger l’Église de ceux qui cherchent à lui nuire. À n’importe quel prix.

Parce que c’est Sonatine et que ce titre est le second avec lequel la maison d’édition ouvre ses portes à une collection horreur d’une apparence kitsch délicieusement trompeuse.

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Et si je vous disais que, alors que la Grande Guerre embrasait l’Europe, les soldats des fronts britanniques et allemands étaient décimés par des hordes de loups-garous ? Je suppose que vous me regarderiez légèrement de travers… mais ce n’est pas tout, pour éradiquer ces méchantes bestioles, le Vatican envoie sur place un inquisiteur impitoyable. Cette fois pas de doutes, j’ai une araignée au plafond ! Il faut appeler les hommes en blanc !!!

Et si je vous disais que derrière un scénario aux allures de grand portnawak digne d’un film de série Z des années 70, se cachait une intrigue bien plus profonde que ne le laissent présager les apparences. Et si en plus les personnages avaient une réelle profondeur. Ça semble fortement improbable, et pourtant, Tarn Richardson l’a fait !

L’auteur situe le cœur de son intrigue sur le front nord de la France, à Arras et ses environs pour être précis. Les troupes britanniques et allemandes se font face, embourbées dans leurs tranchées, subissant tour à tour bombardements et assauts. Un face à face qui va prendre une toute autre toute tournure quand une troisième force va s’inviter dans ce jeu de massacre… Et en la matière le les loups-garous sont experts, teutons ou britishs c’est du pareil au même, juste de la barbaque sur pattes.

D’emblée le personnage de Poldek Tacit, l’inquisiteur, vous apparaîtra comme détestable à tout point de vue. Au fil des chapitres des flashbacks permettent de revivre son parcours personnel et professionnel, un parcours pour le moins éprouvant. Je n’irai pas jusqu’à dire que l’on en arrive à l’apprécier et à le comprendre, mais ça temporise tout de même notre première impression.

Je reste intimement convaincu que Tacit s’est fait enfumer (pour être poli) par l’Église concernant le drame ultime qui a forgé son personnage froid, violent et implacable – à confirmer par la suite. C’est dans l’alcool qu’il trouvera son refuge, boire pour oublier et ne jamais oublier de boire.

Il faut dire que l’Église catholique et le Vatican n’ont pas vraiment le beau rôle dans le roman de Tarn Richardson. Un vrai nid de frelons asiatiques ! J’avoue sans complexe que j’ai pris un réel plaisir à découvrir leurs magouilles, conspirations, manipulations et autres coups bas. Une approche qui permet à Tarn Richardson de revisiter l’origine des loups-garous, et force est de reconnaître que cela colle parfaitement à son intrigue.

Dans son combat contre les loups-garous de Fampoux, Tacit pourra compter sur une alliée de poids en la personne de sœur Isabella, une religieuse pour le moins atypique initialement mandatée pour enquêter – à charge – sur l’inquisiteur.

Parmi les autres personnages phares de l’intrigue, on peut citer le lieutenant Henry Frost, un officier britannique engagé sur le front d’Arras, ainsi que la mystérieuse et irrésistible Sandrine Prideux.

Les amateurs d’hémoglobine y trouveront aussi leur compte, les loups-garous ne faisant pas vraiment dans la dentelle quand ils décident de se faire un gueuleton entre potes. Toutefois le gore est bien dosé, inutile d’en faire des tonnes pour appuyer son propos.

Les Maudits est le premier opus d’une trilogie (The Darkest Hand en VO), le second opus est d’ores et déjà annoncé par Sonatine pour le mois d’octobre ; c’est avec grand plaisir que je répondrai présent à l’appel des loups.

Je note que les démons semblent faire une fixette sur les MILF adeptes de fellations infernales. Si vous avez vu ou lu L’Exorciste, vous n’avez certainement pas oublié la scène dans laquelle l’entité démoniaque lance au père Karras, venu exorciser Regan, que sa « mère suce des bites en enfer ». Notre cher inquisiteur Tacit, au cours d’un exorcisme particulièrement éprouvant, apprendra que sa défunte mère est elle aussi une fervente pratiquante de cette activité peu commune.  Le monde des enfers est petit…

[BOUQUINS] Robert McCammon – Swan Song – le Feu Et La Glace

Missiles et fusées se croisent dans le ciel et font s’abattre sur la terre des tornades de feu. Un vent terrible se lève, les poussières radioactives voilent le soleil, la vie telle qu’on la connaît va s’achever.

Dans une plaine déserte du Kansas brûlée par le feu nucléaire, Josh, une force de la nature, se voit confier une mission par un vieillard mourant : ­protéger une enfant.

Dans les décombres d’un New York annihilé par les bombes, une sans-abri à moitié folle découvre un étrange anneau de verre.

Dans les ruines souterraines d’un camp survivaliste des montagnes de l’Idaho, un adolescent apprend à tuer…

Je connaissais Swan Song de nom et de réputation, il faut dire que pour beaucoup il se classe parmi le must-have du roman post-apocalyptique. Top dans lequel on retrouve quelques titres incontournables tels que Le Fléau de Stephen King, La Route de Cormac McCarthy, Je Suis Une Légende de Richard Matheson, World War Z de Max Brooks ou encore La Planète Des Singes de Pierre Boulle.

Un grand merci à Monsieur Toussaint Louverture qui nous permet enfin, 36 ans après sa publication, de découvrir ce titre dans sa version française.

Publié outre Atlantique en 1987, Swan Song est considéré comme l’une des œuvres majeures de Robert McCammon et même comme un des meilleurs romans post-apocalyptiques. Le public francophone aura dû s’armer de patience pour pouvoir, 36 ans plus tard, découvrir l’œuvre dans sa version française.

Un grand merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture qui nous propose une version française déclinée en deux tomes, chacun bénéficiant d’une couverture magnifique (félicitations à l’illustrateur, Bernard Khattou).

Un petit mot sur l’époque de publication du roman, en 1987. Sur le plan des relations internationales la Guerre Froide oppose encore les blocs Ouest (avec les États-Unis en tête de file) et Est (mené par l’URSS), bien que lointaine la menace nucléaire reste une réalité.

D’un point de vue technologique, nous étions bien loin du monde 2.0 que nous connaissons quasiment tous aujourd’hui… mais cela n’est pas un problème puisque le feu nucléaire sonnera le glas de toute technologie.

Après une première partie qui pose le décor et les personnages principaux, une guerre nucléaire totale ravage la planète (Qui a tiré le premier ? On ne le saura jamais… pour ce que ça change). Après avoir assisté à la destruction des États-Unis, Robert McCammon nous plonge au cœur de l’hiver nucléaire qui suivra.

Au niveau des personnages, on découvre – par ordre d’entrée en scène –, Sister Creep une SDF un peu fêlée qui prêche (dans le vide) dans les rues de Manhattan ; Josh Hutchins, un catcheur d’une taille impressionnante qui fait route vers le Kansas pour un prochain combat ; Darleen Prescott et sa fille Swan qui font aussi route vers le Kansas en espérant des lendemains meilleurs et enfin les époux Croninger et leur fils Roland qui s’offrent un séjour survivaliste dans un bunker sous les montagnes de l’Idaho.

Au final nous serons amenés à suivre Josh et Swan qui après une rencontre fortuite ont miraculeusement survécu à l’holocauste, Sister Creep qui s’est liée d’amitié avec un autre survivant de Manhattan, Artie, et Roland Croninger qui échappera à l’enfer du bunker dévasté en compagnie du colonel Macklin, un vétéran du Vietnam (1987, rappelez-vous…) considéré comme un héros de guerre.

Nous suivrons ces personnages au fil de leurs errances dans un monde dévasté qui leur est désormais inconnu, leur caractère et leur personnalité se forgeront au fil des épreuves et des rencontres – parfois bonnes, souvent mauvaises. Chez certains cette nouvelle donne fera ressortir ce qu’ils ont de meilleur, chez d’autres ce sera au contraire l’occasion de laisser s’exprimer leurs instincts les plus primaires.

C’est justement par cette opposition quasi manichéenne entre le bien et le mal que le roman m’a parfois fait penser au Fléau de Stephen King (que je considère comme une œuvre culte du genre), mais attention malgré cette similitude dans le traitement des personnages, les deux romans sont radicalement différents.

Robert McCammon a un incroyable talent de conteur pour nous plonger au cœur de ce monde ravagé, et pour nous faire vivre les événements en nous mettant dans la peau de ses personnages. Un récit façon point of view avant l’heure…

J’ai été tellement emballé par cette lecture que je comptais enchaîner directement avec le tome 2, finalement, comme cette suite se déroule 7 ans après les événements que l’on vient de découvrir, je vais m’autoriser un court break avant de revenir à la charge.

On fustige souvent les éditeurs français qui découpent en plusieurs tomes un récit publié initialement en un seul volume – et je suis souvent de ceux que cette manœuvre bassement commerciale fait rager –, mais en l’occurrence le découpage du récit permet une édition en deux tomes sans que cela ne pénalise pas outre mesure le lecteur (qui devra tout de même payer deux bouquins pour connaître la fin de l’histoire).

Swan Song a remporté la première édition (1987) du prix Bram-Stoker du meilleur roman (à égalité avec Misery de Stephen King) . Prix décerné par les auteurs de la Horror Writers Association qui récompense les œuvres de dark fantasy ou d’horreur dans différentes catégories (meilleur roman, meilleur premier roman, meilleur recueil de nouvelles…).

Pour l’anecdote les lecteurs francophones de Robert McCammon ne sont pas les mieux lotis. Les éditions Bragelonne ont publié en 2008 les deux premiers titres de la série Le Chant De l’Oiseau De Nuit avec Matthew Corbett comme héros récurrent et depuis silence radio… À ce jour la série compte neuf tomes en VO.

De nombreux autres titres restent inédits en langue française.

[BRD] Dr Strange In The Multiverse Of Madness

Benedict Cumberbatch – Stephen Strange / Dr Strange
Elizabeth Olsen – Wanda Maximoff / La Sorcière Rouge
Rachel McAdams – Christine Palmer
Xochitl Gomez – America Chavez
Benedict Wong – Wong
Chiwetel Ejiofor – Karl Mordo

Stephen Strange sauve la jeune America Chavez des griffes d’un démon. La jeune femme lui apprend qu’elle a le pouvoir de voyager dans le multivers, mais ne maîtrise pas ce don ; un don qui attise visiblement les convoitises d’un puissant ennemi.

Strange va alors solliciter l’aide de Wanda Maximoff, loin de se douter qu’elle est désormais la Sorcière Rouge et que c’est elle qui traque America Chavez dans le but avoué de lui voler son pouvoir…

Ce deuxième film consacré au Dr Strange est le vingt-huitième du MCU et le cinquième de la phase IV… Un film qui explore, encore davantage que ne le fit Spiderman – No Way Home, les possibilités du multivers.

Plutôt surprenant de retrouver un réalisateur comme Sam Raimi aux commandes, même s’il est familier de l’univers Marvel (on lui doit la première trilogie Spider-Man avec Tobey Maguire dans le rôle-titre). Avec un pareil réalisateur aux manettes on s’attend à un film plus glauque que ses pairs du MCU.

Le multivers offre des possibilités quasiment illimitées pour construire les intrigues les plus folles. Sam Raimi exploite à la perfection ces possibilités, au cours de sa quête le Dr Strange va se retrouver face à différentes versions de lui-même, dans des mondes ayant évolué différemment du sien (nous aurons même le droit à une version alternative des Avengers, les Illuminati).

L’autre personnage phare du film est Wanda Maximoff qui est désormais la Sorcière Rouge grâce aux pouvoirs que le procure le Dakrhold (un puissant grimoire de magie noire). Pour comprendre les raisons d’un tel changement de personnalité, il faut se référer à la série WandaVision diffusée sur Disney+. Mais même sans avoir vu la série (ce qui est mon cas) on saisit les grandes lignes…

Après une épique bataille au cœur du sanctuaire de Kamar-Taj, les deux héros vont se livrer à une course poursuite à travers le multivers. Chacun poursuivant des objectifs radicalement différemment. Strange doit mettre la main sur le Livre des Vishanti (l’antithèse du Darkhold) s’il veut espérer lutter contre la Sorcière Rouge et sauver America Chavez. De son côté, Wanda doit anéantir America Chavez pour absorber ses pouvoirs et prendre la place de son alter ego sur Terre-838.

Un film certes plus mature et plus sombre que les dernières productions du MCU, mais une intrigue qui laisse tout de même la part belle au divertissement.

Comme à l’accoutumée le film se termine par deux scènes post-générique. La première ouvrant encore de sombres perspectives pour le Dr Strange. La seconde clôturant un cameo dans lequel Sam Raimi invite son acteur fétiche, Bruce Campbell.

En termes de rentabilité le film se classe dans le haut du panier, avec un budget estimé à 170 millions de dollars, il a engrangé plus de 955 millions de dollars au box-office international. Un joli score qui en fait le onzième plus gros box-office du MCU. Le top 3 étant occupé par Spider Man – No Way Home (1,977 milliards), Avengers – Infinity War (2,052 milliards) et Avengers -Endgame (2,799 milliards).

La suite de mon exploration du MCU va me mener dans la phase V, en espérant cette fois retrouver un fil rouge entre les différents films. Mon petit doigt me dit que je ne devrai pas être déçu…

[BOUQUINS] Armelle Carbonel – Enigma

Domaine de la Haute-Barde. Un énigmatique orphelinat, théâtre de terribles événements. Par une nuit d’orage, soixante-neuf ans plus tôt, des enfants ont mystérieusement disparu.

Spécialiste des édifices à l’abandon, la journaliste et cinéaste Barbara Blair va tenter de comprendre ce qui leur est arrivé. Mais les habitants du petit village n’apprécient guère cette étrangère qui vient remuer ce passé trouble, d’autant qu’un nouveau drame ne tarde pas à les frapper.

Entre légende et réalité, Barbara est confrontée à une énigme qui menace de réveiller les démons d’autrefois mais aussi ses plus douloureux souvenirs.

Certains secrets doivent être tus à tout jamais, au risque de vous hanter jusqu’à votre dernier souffle.

Parce que c’est Armelle Carbonel, une auteure qui a su marquer les esprits dès son premier roman (Criminal Loft) pour finir, au fil des romans par imposer sa griffe dans le monde du thriller (fortement saupoudré de noir) francophone.

Je remercie les éditions Fayard et la plate-forme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

J’ai découvert Armelle Carbonel via les regrettées éditions Fleur Sauvage et son premier roman – hors auto-édition – Criminal Loft. D’emblée l’auteure a démontré qu’elle maîtrisait les règles aussi bien du thriller psychologique que du roman noir. Un talent qui a été crescendo au fil des romans, l’auteure poussant toujours plus loin dans la noirceur de l’âme humaine.

Avec ce cinquième roman Armelle Carbonel confirme cette tendance, elle va prendre un malin plaisir à jouer avec vos nerfs et votre adrénaline, n’hésitant pas à rebattre totalement les cartes pour achever le lecteur.

Une fois de plus l’auteure opte pour situer son intrigue dans un lieu hors du commun et surtout de sinistre réputation, en l’occurrence un ancien orphelinat qui a été le théâtre d’une disparition en masse (et sans doute d’un massacre) qui demeure inexpliqué à ce jour. L’endroit parfait pour générer une ambiance anxiogène au possible.

En parallèle, il sera souvent fait référence à un autre lieu et à une autre époque, clins d’œil qui nous renvoie à un précédent roman de l’auteure, Sinestra. Roman qui s’avère être le seul que je n’aie pas encore eu l’occasion de lire (publié initialement chez Ring qui ne proposait aucune offre numérique). Une lacune qui ne s’avérera jamais gênante pour la compréhension de l’intrigue.

Une intrigue qui va se tisser et s’étoffer entre le passé et le présent, entre les faits et les légendes, entre secrets, non-dits et mensonges.

Si Armelle Carbonel aime malmener ses personnages, cela ne l’empêche nullement de leur accorder un soins tout particulier. Des personnalités souvent complexes, à commencer par Barbara Blair qui s’investit à fond dans le travail pour essayer d’oublier un drame survenu quatre ans plus tôt, sur un autre tournage. Un drame qui a aussi profondément marqué son équipe, David et Warren.

Là encore rien n’est définitivement acquit, l’auteure est capable de faire basculer ses personnages en un claquement de doigts (un plaisir qu’elle ne boudera pas au fil des chapitres).

À tel point d’ailleurs que je ne sais trop comment interpréter l’épilogue du roman. Est-ce une ultime révélation qui remet totalement en cause tout ce que l’on croyait savoir ? Ou est-ce simplement une autre branche de l’arbre des possibles ? À chacun de l’interpréter comme bon lui semblera.

Plus que jamais Armelle Carbonel fait honneur à son surnom de « nécromancière », incontestablement une plume devenue incontournable pour les amateurs de thrillers bien glauques.

[BOUQUINS] Anonyme – Kill The Rich !

Alors que les chefs d’état et les puissants de ce monde se font décimer, les Dead Hunters sont sur tous les fronts. Séparés sur plusieurs missions, ils vont se retrouver pris pour cible par des adversaires divers et variés.

Parce que c’est Sonatine et parce que c’est une nouvelle aventure du Bourbon Kid et des Dead Hunters… même si j’avais refermé le précédent opus, Santa Mondega, avec un ressenti mitigé.

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée… et l’occasion de découvrir ce roman en avant-première.

Après la lecture de Santa Mondega je me suis dit qu’il était peut-être temps pour le Bourbon Kid et les Dead Hunters de raccrocher les armes et de profiter d’une retraite amplement méritée. Une façon polie de dire que l’idée, originale et audacieuse au départ, commençait à s’user même si l’intrigue conservait son côté déjanté.

Ce cher Anonyme – toujours aussi anonyme qu’au premier jour – a su, dès les premiers chapitres balayés mes doutes. Il faut dire que ça commence très fort et que rapidement il nous inflige un premier choc totalement inattendu. Genre de truc qui te laisse la gueule ouverte à te dire : « Oh non ! Il n’a pas pu faire un truc pareil… pas lui /elle, il/ elle ne peut pas mourir comme ça ! » Hé bin si ! Et ce n’est que le début…

L’auteur opte pour un arc narratif totalement inédit. C’est en effet au Purgatoire que vont se retrouver les Dead Hunter et se raconter alternativement leurs missions respectives. Le fil rouge se mettra alors progressivement en place.

Il faut dire qu’entre des agents du gouvernement déterminés à en finir avec eux, des bikers susceptibles, des vampires invisibles et des atlantes pédophiles, nos chasseurs de primes préférés n’auront pas vraiment le temps de chômer et devront affronter bien des épreuves qui ne les laisseront pas indemnes.

Si vous pensiez tout connaître des Dead Hunters, je peux vous assurer que l’auteur saura vous surprendre en révélant des facettes inédites de ses personnages, à commencer par le Bourbon Kid. Même le lecteur le plus avisé se laissera surprendre.

Si l’intrigue reste globalement toujours aussi déjantée, elle gagne aussi en profondeur par rapport aux autres romans de la saga. Certains revirements de situation ne manqueront de vous surprendre. Anonyme semble prendre un malin plaisir à jouer avec les nerfs des lecteurs tandis qu’il malmène les Dead Hunters.

Cerise sur le gâteau, on retrouve, le temps d’un chapitre, un des personnages emblématiques de la saga. Un personnage qui avait tiré sa révérence depuis déjà quelques temps.

Pour l’anecdote le roman se termine par le désormais traditionnel FIN (peut-être…). Un indice d’un futur retour du Bourbon Kid ou une fausse piste ? Tout est possible, pour rappel Santa Mondega s’achevait sur un simple FIN, laissant songer que la saga était bel et bien terminée.

Qui vivra verra, en attendant je vous confirme qu’avec Kill The Rich ! les Dead Hunters signent un retour gagnant.

[BOUQUINS] Jean-Laurent Del Socorro – Morgane Pendragon

An 601. Île de Bretagne. Depuis la mort d’Uther Pendragon, souverain du royaume de Logres, aucun héritier n’est monté sur le trône. Pour cela, il faudrait réussir à extraire l’épée du défunt monarque, enchâssée dans la pierre. À l’aube de ce nouveau siècle, les prophètes en sont pourtant persuadés : un nouveau roi va naître. Le puissant Merlin a la certitude qu’il s’agit de son protégé, le jeune Arthur, mais c’est Morgane, la fille cachée d’Uther, qui s’empare de l’épée. Réussira-t-elle à faire face aux guerres, aux intrigues et aux trahisons, et à s’imposer comme une souveraine légitime ?

Parce que j’ai trouvé l’idée de réécrire la geste arthurienne au féminin était un pari plutôt audacieux. Du coup j’étais curieux de découvrir la légende morganienne.

J’avoue ne connaître de la geste arthurienne que les grandes lignes, mes classiques sur le sujet se résument à la série et au film Kaamelott. Pas sûr que la vision d’Alexandre Astier soit des plus rigoureuses.

Cette lacune n’est pas un problème pour aborder le roman de Jean-Laurent Del Socorro, au contraire ! Oubliez tout ce que vous savez – ou croyez savoir – l’auteur nous offre une réécriture de la légende, une revisite au féminin pouvait sembler un pari audacieux, voire même un peu fou. Un pari qu’il remporte haut la main !

Déjà l’auteur fait la part belle aux personnages féminins. Pas seulement via le personnage de Morgane qui va se retrouver reine de Logres et par extension reine de Bretagne (même si ce titre n’est jamais évoqué). Là où la légende dresse une table ronde exclusivement masculine, Jean-Laurent Del Socorro opte lui pour la mixité. Une place qui s’affirmera au fil des chapitres, les personnages féminins jouant souvent un rôle essentiel dans le déroulé de l’intrigue.

En revanche force est de reconnaître que le terme « messoeur » adopté par l’auteur comme pendant féminin de « messire », pique les yeux et fait saigner les oreilles.

De fait cela impose de réinventer le destin de certains personnages masculins, à commencer par Arthur mais c’est surtout le personnage de Merlin qui verra son rôle complétement réécrit. Un choix qui pourra surprendre mais s’avérera finalement en totale adéquation avec l’intrigue imaginée par l’auteur.

Une intrigue qui devra jongler entre les impératifs militaires, politiques, religieux et même sentimentaux (hé oui, même au cœur du tumulte et des intrigues, l’amour aura son mot à dire). Toutes ces dimensions sont parfaitement dosées et mises en scène par Jean-Laurent Del Socorro.

Sans oublier le fer de lance d’un récit de fantasy, la magie. C’est le royaume de Galles et son Roi Pêcheur qui feront souffler un vent mystique et magique sur le récit. En plus des personnages maîtrisant les arcanes magiques, nous croiserons quelques créatures magiques, parfois bienveillantes, parfois nettement plus hostiles.

De la première à la dernière page du roman l’auteur semble jouer avec les codes de la légende arthurienne. Il pioche des éléments incontournables de la geste mais leur attribue un nouveau rôle (ainsi Excalibur fera une son apparition que bien plus tard dans le déroulé de l’intrigue… à un moment où les cartes seront totalement rebattues).

Jean-Laurent Del Socorro donne un second souffle à une légende certes bien ancrée dans les esprits mais un tantinet poussiéreuse et presque machiste tant la place de la femme est reléguée au second plan. On se laisse bien volontiers entraîner dans cette revisite menée tambour battant qui vous réservera bien des surprises et des revirements de situation.

Pour sa narration l’auteur alterne entre les points de vue de Morgane et d’Arthur, des visions qui souvent se complètent mais parfois s’opposent. Morgane qui du jour au lendemain se retrouve propulsée sur le devant de la scène, devenant à la fois chef politique et chef de guerre. Arthur qui rêvait de grandeur mais verra son destin lui échapper en échouant à retirer l’épée d’Uther Pendragon.

Les personnages secondaires ne servent pas uniquement de faire valoir, à commencer par les Épées de Morgane, des chevaliers et chevalières qui formeront son conseil aussi bien politique que militaire. Mention spéciale à Guenièvre (qui trouve ici une place bien plus honorable que celle qui lui est donnée dans la série Kaamelott), Lancelot et son incroyable vanité mais aussi et surtout à Arcade, la barde chevalière.

Le Royaume de Bretagne réinventé par Jean-Laurent Del Socorro est certes rude – voire rugueux –, mais c’est aussi un modèle de tolérance où la parité hommes / femmes va au-delà des mots, où chacun est libre de vivre sa sexualité comme il/elle le souhaite, où les religions devraient pouvoir cohabiter en paix (du moins jusqu’à ce que les chrétiens viennent foutre la merde).

J’ai été totalement emballé par ce bouquin et le l’excellence de Jean-Laurent Del Socorro à nous immerger dans son récit. La geste morganienne n’a définitivement pas à rougir face à son illustre aîné.