[BOUQUINS] Chuck Palahniuk – Orgasme

X-rated

C. Palahniuk - OrgasmeEt hop nouvelle escapade dans le sulfureux monde de la littérature érotique, et plutôt bien accompagné sur ce coup puisque l’auteur n’est autre que Chuck Palahniuk et son dernier roman, Orgasme. Tout un programme !
Penny Harrigan est stagiaire dans un cabinet d’avocats quand elle rencontre, dans des circonstances peu flatteuses pour elle, Linus Maxwell, un milliardaire qui vient de rompre avec sa dernière conquête. Contre toute attente il l’invite à dîner, de fil en aiguille leur relation se transforme en liaison. Avec lui elle va découvrir l’extase sexuelle, l’orgasme, sous ses multiples facettes…
Le moins que l’on puisse dire c’est que ce bouquin est pour le moins déconcertant, certes ça ne manque pas d’orgasmes mais ils sont traités comme des expériences scientifiques avec une rigueur totalement déshumanisée. Pas de place pour les sentiments, Penny devient la femme objet par excellence, un terrain d’expérimentation de sex-toys divers et variés. Pas franchement excitant tout ça. Et encore moins romantique.
A titre d’exemple voilà le genre de discours que peut tenir Maxwell : « Ne le prends pas mal, reprit-il à voix basse. Mais regarde-moi un peu ça. Tu as un vagin de compétition. Tes grandes lèvres sont parfaitement symétriques. Ton raphé est sublime. Le frein de ton clitoris et celui des petites lèvres… » Il semblait à court de mots. Il avait la main sur le cœur et poussait de longs soupirs. « D’un point de vue biologique, les hommes raffolent d’une telle homogénéité. Les proportions de tes parties génitales sont idéales. » Pour le commun des mortels ça se résumerait à un laconique : « J’adore ta chatte« …
De part son découpage aussi le bouquin est surprenant, mise en page minimaliste, aucun chapitrage, juste des sauts de lignes çà et là pour séparer les paragraphes. A force de passer de coq à l’âne on a parfois l’impression d’avoir sauté des pages, mais non. Les premières lignes vous mettront tout de suite dans le bain, Penny se fait violer en pleine audience au tribunal, dans l’indifférence générale. Ensuite flashback, on va peut être comprendre ce qui peut expliquer ce type de situation… ou pas.
A noter qu’en VO le titre est moins racoleur qu’en français, Beautiful You, tout simplement, en référence à la gamme de jouets sexuels que va diffuser Maxwell. De même la couverture est moins criarde… mais bon, le résultat est le même.
Il faut aborder le bouquin avec une bonne dose de second degré et le considérer comme une parodie poussée à l’extrême de la déferlante soft-porn spécial ménagère de moins de 50 ans qui fait la joie de ces dames, des libraires et des éditeurs. Franchement le sex-toy comme arme de domination massive ça le fait pas trop niveau crédibilité…
Grosso modo le bouquin se divise en trois parties. On commence par l’initiation de Penny, phase qui implique des expérimentations de plus en plus poussées en vue d’obtenir des orgasmes de plus en plus intenses. Puis il y a la commercialisation des produits Beautiful You et ses conséquences (un peu beaucoup too much). Enfin on assiste à la riposte de Penny qui va affronter son mentor sur son terrain de prédilection (déçu par cette dernière partie et la fin).
A travers son récit abracabrant Chuck Palahniuk nous livre aussi une satire au vitriol de la société de consommation dans laquelle la course au plaisir semble être l’unique raison d’être de certains. Une société qui rend les produits obsolètes prématurément à grand renfort de nouvelles versions, toujours plus performantes… et toujours plus chères que les précédentes.
Exciter la libido masculine a toujours été une stratégie marketing, et ce quel que soit le produit à promouvoir : « Pour vendre telle marque de bière, les médias n’avaient besoin que de montrer des corps féminins idéalisés, et les acheteurs masculins mordaient à l’hameçon. Si cette tactique vieille comme le monde donnait l’impression d’exploiter les femmes et de flatter bassement les appétits masculins, des observateurs avisés avaient vu combien l’esprit des hommes intelligents – leurs idées, leur capacité de concentration, de compréhension – était constamment anéanti par la simple vue d’une poitrine attirante ou de cuisses fermes et lisses. »
J’attendais beaucoup de cette incursion de Chuck Palahniuk dans la littérature érotique (ça reste un bouquin réservé à un public averti), si le style et bel et bien là, l’intrigue vire trop vite à la farce burlesque. Je n’ai que moyennement adhéré, l’orgasme littéraire ne fut pas au rendez-vous.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] RJ Ellory – Les Assassins

RJ Ellory - Les assassinsJ’ai pris un certain retard dans mes lectures de RJ Ellory (ses trois derniers titres parus chez Sonatine prennent la poussière dans mon Stock à Lire Numérique), il était donc grand temps d’y remédier. Pour y remédier j’ai décidé de commencer par la fin avec Les Assassins, son dernier opus en date (en français, en VO il est sorti en 2009, avant Les Anges De New York).
Alors que l’inspecteur Ray Irving, enquête sur le meurtre sordide d’une adolescente, il apprend par John Costello, enquêteur pour le New York City Herald, que « son » crime, ainsi que deux autres, sont d’exactes reconstitutions de crimes perpétrés par d’illustres tueurs par le passé. Les deux hommes vont devoir unir leurs efforts et leurs connaissances pour stopper le(s) coupable(s) de ces mortelles mises en scène…
RJ Ellory a le don d’explorer les différentes facettes du thriller tout en renouvelant les règles du genre. Aucun de ses romans ne ressemblent aux précédents, et chacun se distingue des autres références du genre. Et c’est exactement ce qu’il fait de nouveau avec Les Assassins, le mythe (et la triste réalité) des serial killers est revisité façon copycat… mais un copycat à inspirations multiples !
Avant d’aller plus loin commençons par un constat qui fait froid dans le dos : « La vérité, c’est qu’il y a quelque chose comme dix-huit mille meurtres commis chaque année aux États-Unis. Ce qui nous fait mille cinq cents par mois, soit environ quatre cents par semaine, cinquante-sept par jour, un toutes les vingt-cinq minutes et demie. Et seuls deux cents par an sont l’œuvre de tueurs en série…« .
Pour mener à bien son intrigue, sur fond de faits réels, l’auteur a dû se livrer à un gros travail de documentation afin de faire cadrer les dates et les modes opératoires des différents tueurs en série qu’il mentionne. Prendre de véritables tueurs en série comme toile de fond donne une autre dimension à l’intrigue ; comme pour nous rappeler que souvent, la réalité dépasse la fiction dans l’horreur.
L’auteur met en scène trois personnages principaux pour nous guider dans son récit. D’abord on trouve l’inspecteur Ray Irving, flic solitaire, bourru et un tantinet asocial qui se voue corps et âme à son boulot. La touche féminine est apportée par Karen Langley, une journaliste au caractère bien trempé qui n’a pas la langue dans sa poche. Enfin on trouve John Costello, victime d’un tueur en série dans son adolescence, il est incollable sur le sujet. De loin l’un des personnages les plus complexes que j’aie croisé dans les romans de RJ Ellory, mais travaillé tout en finesse !
Les personnages secondaires ne sont pas pour autant laissés en plan, tous bénéficient du même traitement visant à leur donner une véritable personnalité. J’aurai toutefois aimé en apprendre davantage sur le Commémorateur mais l’auteur semble avoir pris le parti du constat glaçant que ces gens-là existent et qu’il n’y a rien à expliquer…
L’intrigue est (sans surprise) rondement menée, outre la question de savoir qui est le tueur (ou qui sont les tueurs, allez savoir) on se demande quel sera son prochain crime et de qui il s’inspirera. Autant vous dire que les nerfs seront mis à rude épreuve… mais qu’est-ce que c’est bon !
Un style direct parfaitement adapté au thriller, des chapitres courts et parfois percutants ; tout est fait pour nous garantir une totale immersion dans l’intrigue et nous rendre accro ! Pari réussi Monsieur Ellory, malgré une fin en partie prévisible (tout petit bémol).

MON VERDICT
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Autre bémol mineur, adressé cette fois aux numérisateurs des éditions Sonatine (même si je suppose que ça ne leur fera ni chaud, ni froid… en admettant même que ça leur arrive aux oreilles), la présence d’une table des matières complète apporte une réelle valeur ajoutée à la qualité d’un epub. Surtout pour ceux (dont je suis) qui lisent un même livre sur plusieurs supports (PC et liseuse en l’occurrence).

J’ai aussi dans mon Stock à Lire Numérique, de nombreux titres de Stéphane Bourgoin, ce roman m’a donné envie de les découvrir enfin, et tant qu’à faire autant commencer par son ouvrage de référence, Serial Killers, un joli pavé de plus de 1100 pages dans son édition définitive (2014).