[BOUQUINS] Adam Cesare – Un Clown Dans Un Champ De Maïs

Quand ils viennent s’installer à Kettle Springs, un patelin paumé du Missouri, le Dr Maybrook et sa fille, Quinn, découvrent une bourgade en plein crise générationnelle. D’un côté les adultes défendent les traditions, de l’autre, les jeunes ne pensent qu’à faire la fête et à dénigrer leurs aînés.

Alors que les jeunes organisent une soirée « clandestine » à proximité d’une ferme perdue au cœur des immenses champs de maïs qui entourent la ville, un clown s’invite à la fête, bien décidé à y mettre de l’ambiance à sa façon…

Parce que c’est Sonatine mais pas que… avec ce titre l’éditeur inaugure une nouvelle collection dédiée à l’horreur.

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Les clowns n’ont pas toujours été des personnages de cirque faisant rire les petits (et parfois les grands). C’est aux États-Unis qu’a sévit le plus tristement célèbre clown criminel, John Wayne Gacy, surnommé « le clown tueur », a en effet été condamné (1980) et exécuté (1994) pour 33 meurtres commis entre 1972 et 1978.

Dans la fiction on pense bien sûr assurément au célébré Grippe-Sou créé par Stephen King dans son roman Ça (1986). Mais le clown n’a pas attendu le King pour commencer à répandre la terreur (sur papier), le Joker apparait pour la première fois en 1940 dans l’univers de DC Comics sous les crayons de Bill Finger et Bob Kane ; il reste à ce jour l’un des méchants les plus emblématiques de la culture populaire. Plus récemment les jeux vidéo PayDay (2011 et 2013) vous permettent d’incarner une équipe de braqueurs de banque portant des masques de clown.

Un tueur un peu zinzin qui poursuit des jeunes un peu concons et les zigouille un à un n’est pas vraiment un concept nouveau. Qu’importe que ledit tueur soit un clown, seul l’emballage change. Pour le reste on demeure dans l’univers du slasher, popularisé au cinéma par des sagas telles que Vendredi 13, Halloween, Scream, Les Griffes De la Nuit et bien d’autres.

Connaissant les exigences de qualité des éditions Sonatine, je me suis laissé dire que s’ils avaient invité Adam Cesare et son mystérieux clown dans leur catalogue, c’est qu’il y avait certainement plus de matière à découvrir que l’on pouvait le supposer de prime abord.

Commençons par l’aspect strictement visuel de la chose avec sa couverture. Perso je ne peux que craquer devant ce clown armé d’une hache et au costume maculé de sang. Et en arrière-plan la nana qui s’enfuit en courant, façon ombre chinoise. Je valide !!!

La première surprise vient du fait que l’auteur prend son temps pour poser le cadre et ses personnages. On découvre ainsi, en même que Quinn, une petite bourgade de campagne qui vivote dans l’espoir d’un nouvel élan économique. Mais sous cette apparente léthargie se terrent des tensions larvées entre les générations.

Dès lors il suffira d’une mauvaise blague qui tourne mal (même si le bilan aurait pu être bien plus sévère) pour mettre le feu aux poudres (sans mauvais jeu de mot).

Si les jeunes de Kettle Springs sont prompts à faire des conneries 2.0 (ces fameux pranks – des canulars d’un goût parfois douteux, filmés et mis en ligne – qui font le bonheur des réseaux sociaux), ils ne sont toutefois pas aussi superflus et stupides que bien des jeunes victimes de slasher du grand écran (ou de la petite lucarne pour les amateurs de DVD / Blu Ray / Streaming).

Au fil des chapitres l’intrigue s’étoffe, on s’éloigne du slasher brut de décoffrage pour entrer dans un véritable scénario. Scénario dont je ne vous dirai rien, cela va de soi.

Les amateurs d’hémoglobine et de chair fraîche se demanderont sans doute si l’horreur est au rendez-vous, eh bien oui. Vous aurez le droit à votre lot de morts brutales, et en la matière il y en aura pour tous les goûts. Mais le tout est exposé sans vulgarité, sans voyeurisme inutile et sans trop de second degré. Brut et efficace !

Par contre pour le grand frisson vous repasserez, je n’ai pour ma part jamais été effrayé par les slashers. Tout au plus Maniac (William Lustig, 1980) dégageait quelque chose de vraiment malsain, les premiers épisodes de Scream et Des Griffes De la Nuit étaient vraiment réussis mais demeuraient dans le registre du divertissement horrifique. Le roman se classe honorablement dans cette seconde catégorie.

Un bouquin qui se dévore quasiment d’une traite, qui parvient à la fois à faire honneur aux règles du genre et à ancrer son récit dans notre univers bercé par les nouvelles technologies (pour le meilleur et pour le pire). De quoi satisfaire les amateurs – et les nostalgiques – du genre.

Et que les plus gourmands se rassurent, quand y en a plus il y en a encore (et je ne parle pas de liquide vaisselle)… Frendo will be back ! Et je répondrai présent à l’appel du clown.

[BOUQUINS] Christophe Agnus – La Liste De L’Écrivain

AU MENU DU JOUR


Titre : La Liste De L’Écrivain
Auteur : Christophe Agnus
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 2023
Origine : France
414 pages

De quoi ça cause ?

Otto Callac est un meurtrier très spécial : il avoue spontanément ses crimes – nombreux et sanglants –, mais nul ne connaît sa véritable identité. Et il n’est pas un cas isolé. D’autres criminels, tout aussi mystérieux, se mettent à sévir aux États-Unis.

Peu à peu, une piste se dégage : leurs noms sont empruntés à de macabres héros d’un auteur à succès… Or, ce dernier est au milieu de l’Atlantique sur son voilier, en pleine tempête.

Pour Frank French, agent spécial du FBI, une course contre la montre s’engage.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que Christophe Agnus avait forte impression l’année dernière avec son premier roman, L’Armée D’Edward, un techno-thriller aussi audacieux que maîtrisé.

Ma Chronique

Pour de nombreux lecteurs, dont je suis, L’Armée D’Edward a été l’une des plus grandes révélations littéraires de l’année dernière. Avec ce premier roman, Christophe Agnus, faisait une entrée remarquée et remarquable sur la scène du polar / thriller francophone.

L’auteur ayant placé la barre haute, le lecteur attendait avec impatience de découvrir son second roman. On veut surtout y retrouver la même audace et être emballé par l’intrigue du roman.

Christophe Agnus relève le défi haut la main. Une fois de plus il nous a concocté une intrigue à nulle autre pareille. Plus exactement il nous offre deux intrigues pour le prix d’une, avec d’un côté les tueurs en série nés de l’imagination d’un auteur à succès, et de l’autre les actions coups de poing d’un groupe d’activistes écologistes. Deux arcs narratifs que tout semble opposer mais peut-être pas tant que ça en creusant un peu.

Un thriller dont la clé pourrait bien résider dans les nombreuses théories quantiques… à moins d’être plus pragmatique et d’accepter que des éléments fantastiques ne viennent se greffer à l’intrigue du thriller. De quoi tenir en haleine le lecteur de la première à la dernière page.

En matière de théories quantiques je suis complétement profane (déjà la physique classique dépasse parfois ma capacité / volonté de compréhension). Hormis la fameuse expérience du Chat de Schrödinger que j’ai eu l’occasion de croiser çà et là, le reste est d’une totale opacité. Christophe Agnus réussit l’exploit de s’appuyer sur des démonstrations théoriques sans jamais assommer le lecteur. Du coup on adhère assez facilement au concept et l’on accepte que l’impossible devienne probable.

Pour ancrer encore davantage son roman dans la réalité, l’auteur peut s’appuyer sur une grande connaissance de la société américaine, et notamment rapport aux arcanes judiciaires et pénales du pays.

Si on m’avait dit que je pourrai être amener à ne pas éclater de rire à l’idée que des tueurs issus de l’imagination d’un auteur à succès puissent débarquer dans notre monde pour y perpétrer leurs forfaits, j’aurai certainement souri d’un air désabusé. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis convaincu par les explications de Christophe Agnus, mais je les accepte pour me laisser embarquer dans son intrigue.

Si j’ai été complétement baladé par l’auteur sur les parties tueurs en série et écologistes – très bonne idée la mise en parallèle des deux opérations ; on s’attend à un carnage et finalement… –, j’ai eu très rapidement de sérieux soupçons au niveau du tueur de surfeurs. La suite m’aura donné raison.

Le roman repose sur deux personnages forts qui vont essayer de mettre un terme à une situation de crise aussi inédite que meurtrière. D’un côté l’agent spécial Frank French qui ne vit que pour son boulot au FBI et sa passion pour le surf. Un enquêteur qui va se retrouver confronté à une (des) situation(s) qui dépasse(nt) l’entendement. De l’autre Edwin Lee, auteur à succès qui a imaginé ces tueurs devenus bien réels. Afin de compliquer les échanges entre les deux hommes, Edwin et sa famille sont en pleine traversée de l’Atlantique. Et, cerise sur le gâteau, ils doivent se préparer à affronter un ouragan qui s’annonce particulièrement violent.

Avec ce second roman Christophe Agnus fait, une fois de plus, le pari de l’audace en jouant avec les codes traditionnels du thriller. Force est de reconnaître que, une fois de plus, le pari est gagnant. Un roman très différent de L’Armée D’Edward même si on retrouve certaines préoccupations (notamment au niveau environnemental) qui confirme qu’il faut désormais compter avec ce petit niveau sur la scène du thriller francophone… voire même mondiale, tant il ose remanier les règles du jeu.

MON VERDICT

Coup de poing

[BOUQUINS] Guillaume Clicquot – Prenez-Moi Pour Une Conne

AU MENU DU JOUR


Titre : Prenez-Moi Pour Une Conne
Auteur : Guillaume Clicquot
Éditeur : Fayard
Parution : 2023
Origine : France
324 pages

De quoi ça cause ?

« Je m’appelle Orane de Lavallière, j’ai 58 ans. J’ai sacrifié tous mes diplômes pour me dévouer à ma famille et à la réussite de mon mari, Xavier. Ma mission de mère au foyer accomplie, ce salopard m’a quittée pour une jeunette. Une histoire banale. Il m’a prise pour une conne, et il n’avait pas tort. Endormie par mon confort de vie et aveuglée par mes certitudes de petite bourgeoise naïve et coincée, je n’ai rien vu venir. Xavier m’a détruite. Je me suis relevée. Pourtant son souvenir m’obsède, son existence me ronge. Je me sens impuissante. À moins que… »

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Avant toute chose c’est le titre du roman qui a attisé ma curiosité, le pitch a fait le reste.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Fayard et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

J’avoue sans aucune honte qu’avant de croiser ce roman via Net Galley je ne connaissais pas du tout Guillaume Clicquot mais, paradoxalement j’ai déjà eu l’occasion de me frotter à son travail, ses précédents romans Garde Tout, Surtout Les Gosses (2015) et Poivre Et Sel (2018) ayant tous les deux fait l’objet d’adaptations cinématographiques (respectivement Papa Ou Maman et Joyeuse Retraite, films sur lesquels il a endossé la casquette de scénariste).

Tout au long du roman l’auteur laisse la parole à Orane de Lavallière, femme trahie et bafouée par son mari, qui va passer du chagrin, à la colère… et plus si affinités. En attendant le résultat de sa mise en scène, elle nous raconte son histoire, sa vie de famille et de couple.

Comme dans un épisode de Columbo on sait d’entrée de jeu qui est la victime et qui est la coupable. Autant dire que le côté strictement policier du roman est secondaire.

Nous avons donc un macchabée et une coupable mais en l’occurrence nous d’emblée envie de prendre parti pour Orane qui nous apparaît comme la véritable victime dans cette histoire. Victime d’un sale type, égoïste, infidèle et lâche (il plaque sa femme par mail… après 3 enfants et 33 ans de vie commune).

Donc cette « brave » Orane décide que finalement la meilleure option est de supprimer son ordure d’ex-mari. Mais voilà, il ne faut pas faire n’importe quoi et encore moins n’importe comment, pas question de se faire épingler par les flics. Ce salopard ne mérite pas que justice lui soit rendue.

C’est donc à grand renfort de romans policiers, de séries TV et de programmes judiciaires comme « Faites entre l’accusé » ou « Enquêtes criminelles », qu’elle va peaufiner son plan et surtout répertorier les erreurs à ne pas faire.

Toute cette partie du récit a quelque chose de réellement jubilatoire, bien que l’on sache pertinemment que si le plan fonctionne un homme mourra. J’avoue sans complexe que l’on éprouve un plaisir sadique à suivre Orane dans ses préparatifs.

Le reste du roman est dans la même veine, cela peut paraitre cruel et amoral de se réjouir de la mort de quelqu’un mais je suis incapable de porter le moindre jugement contre Orane. Tout comme je suis incapable de juger une femme qui bute le mec qui lui fait vivre un enfer… c’est presque dommage qu’il n’y en ait pas plus qui franchissent le pas, ça éviterait bien des féminicides.

Alors happy end ou triomphe de la justice ? Ne comptez pas sur moi pour vous révéler le fin mot de l’histoire.

Un grand merci à Guillaume Clicquot pour ce roman que j’ai dévoré d’une traite. Typiquement le genre de bouquin qui met du baume au cœur. En le refermant vous réaliserez que sous couvert d’humour et de second degré, l’auteur nous questionne sur la place de la femme dans notre société qui s’affirme moderne et égalitaire.

Attention ça piquer…

Je me permets une petite remarque à l’attention de l’auteur et accessoirement des relecteurs et correcteurs. À de nombreuses reprises dans le roman on trouve un problème de guillemet fermé à la place du guillemet ouvert ainsi « Fête des Mères » devient »Fête des Mères ». Ce n’est pas que ce soit rédhibitoire mais à force de se répéter ça fini par piquer les yeux.

Dans le même ordre d’idée, on retrouve quelques erreurs résiduelles (fautes d’accent surtout) qui n’auraient pas dû échapper à un correcteur vu que même Word tique face à ce genre de coquilles.

D’ailleurs tant que je suis dans la suite Microsoft Office, le tableur s’appelle Excel et non Exel.

Je le répète ce n’est nullement rédhibitoire mais je pense sincèrement que ce sont des maladresses qui auraient pu facilement être évitées / corrigées.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jean-Christophe Grangé – Rouge Karma

AU MENU DU JOUR


Titre : Rouge Karma
Auteur : Jean-Christophe Grangé
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2023
Origine : France
592 pages

De quoi ça cause ?

Mai 68. Alors que Paris est à feu et à sang, que la Vème République vacille sur ses fondations, le corps d’une jeune fille est retrouvé, nu, mutilé, dans une position de yoga. Jean-Louis Mersch attaque l’enquête – il est flic. Hervé et Nicole le secondent, ils sont les amis de la victime.

Le trio interroge, tâtonne, et bientôt trouve : le mobile des meurtres – car il y en a eu d’autres – est au bout du monde, en Inde…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Jean-Christophe Grangé et que je suis un inconditionnel de l’auteur. Je reconnais volontiers que je n’ai pas toujours été emballé par ses romans, cependant aucun ne m’a véritablement déçu.

Ma Chronique

Aaaah, mai 68… Coupez ! Je ne vais certainement pas vous la jouer soixante-huitard nostalgique, chemise à fleurs, love and peace et pétard au coin des lèvres. J’étais certes sur les barricades, mais embarqué à l’insu de mon plein gré par mes parents – j’avais un an. Trop facile de juger à postériori et tel n’est pas l’objet de cette chronique.

Le fait est que le roman de Jean-Christophe Grangé prend sa source à Paris, dans la tourmente de mai 68. L’auteur restitue parfaitement le contexte de l’époque que ce soit du point de vue étudiant ou ouvrier, mais aussi politique avec l’inflexibilité de De Gaulle face à la crise.

Il faut dire que son trio colle parfaitement à la période. Jean-Louis Mersch, vétéran de l’Algérie et flic borderline, censé représenter l’autorité mais qui rêve secrètement du « Grand Soir » qui viendrait renverser l’ordre établi. Hervé Jouhandeau, son demi-frère, étudiant en Histoire dégingandé qui se cherche et se laisse porter par les événements. Et Nicole Bernard, étudiante en Lettres issue de la haute bourgeoisie, rousse incendiaire, pleine d’idéaux dont elle ne saisit pas forcément le véritable sens.

Un trio certes atypique mais pour lequel j’ai eu du mal à éprouver une quelconque empathie, à part peut-être pour Jean-Louis et son côté électron libre… mais c’est resté en surface.

Exit les révolutionnaires en culotte courte ! Une étudiante, proche amie de Nicole et vague connaissance d’Hervé, est retrouvée morte par ce dernier qui appelle le frangin à la rescousse. La position du corps et les mutilations qu’il a subi font rapidement comprendre à Jean-Louis que cette affaire va être hors du commun.

L’enquête va mener notre improbable trio de Paris à Calcutta, puis à Bénarès et enfin à Rome. Pas franchement des vacances de rêves, leur périple sera en effet parsemé de cadavres et au fur et, à mesure que le voile se lèvera, les deux frères en apprendront beaucoup sur leur propre histoire.

J’ai beaucoup aimé la partie parisienne de l’intrigue mais elle est relativement courte. Le travail documentaire de l’auteur se ressent quand il parle de l’Inde, de ses traditions et de sa culture, mais cela n’empêche pas l’intrigue de traîner parfois en longueur et d’être quelque peu tirée par les cheveux.

La conclusion indienne est des plus abrupte, on en serait presque réduit à se dire « Tout ça pour ça ! ». Et ce n’est pas à Rome que les choses vont s’améliorer, on passe à un niveau supérieur au niveau de l’improbable et de l’expéditif.

D’ailleurs je ne suis pas le seul à le penser à en croire un échange entre Jean-Louis et Nicole :

— Ça me semble tiré par les cheveux.
(…)
— Mais tout, absolument tout est tiré par les cheveux dans notre histoire ! Depuis la première seconde où on s’est lancés dans cette enquête !

Bref, je referme ce bouquin plutôt mitigé, pas franchement déçu mais il est incontestable que j’ai connu Jean-Christophe Grangé beaucoup plus inspiré.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jodorowsky & Giménez – La Caste Des Méta-Barons – Tomes 1 à 4

AU MENU DU JOUR


Titre : La Caste Des Méta-Barons – Tomes 1 à 4
Scénario : Alejandro Jodorowsky
Dessin : Juan Giménez
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Parution : 2022
Origine : France
272 pages

De quoi ça cause ?

Depuis des siècles, les Castaka exploitent seuls la planète Marmola, grâce au secret de l’épiphyte, une huile antigravitationnelle qui leur permet de manipuler le marbre comme s’il ne pesait rien. Lorsque l’existence de l’épiphyte est dévoilée à la galaxie, c’en est fini de la tranquillité de la famille.

L’histoire des Méta-Barons va commencer, dans le sang, la mort et la trahison.

Ma Chronique

Comme indiqué dans un post précédent, je vais essayer de privilégier la lecture de BD et romans graphiques le week-end. Il faut dire que le stock, aussi bien papier que numérique, ne cesse de grossir.

Au menu du jour, le premier volume de l’intégrale de La Caste Des Méta-Barons qui regroupe les quatre premiers tomes de la série scénarisée par Jodorowsky et illustrée par Giménez.

Ces quatre tomes ont été publiés par Les Humanoïdes Associés entre 1992 et 1997.

Les deux premiers volumes se penchent sur le parcours de Othon Von Salza, un ancien pirate, va devenir le premier Méta-Baron et instaurer les rituels violents (mutilation puis implants robotiques et combat à mort entre le père et le fils pour la succession) qui vont régir la Caste.

Dans les deux suivants nous découvrirons l’apprentissage et le parcours d’Aghnar, le fils d’Othon et d’Honorata. Un parcours fortement marqué par la mort, la violence et la vengeance. Un lourd tribut à payer au nom de la Caste qui poussera l’héritier à vouloir s’en éloigner.

Vous l’aurez compris cette saga vous plonge dans un univers de science-fiction fort éloigné de notre galaxie. Si au départ le scénario peut sembler un peu simpliste et parfois manquer de précision, il se complexifie et se densifie –  dans le même temps, le profil des personnages s’étoffe – au fil des tomes ; la montée en puissance est progressive et savamment maîtrisée par Jodorowsky, par conséquence le lecteur ne perd jamais fil, au contraire, on se laisse volontiers happé par l’intrigue.

Le fond de l’intrigue est résolument sombre, pour ne pas dire franchement glauque. Les quelques touches d’humour sont apportées par les querelles des deux narrateurs, Tonto et Lothar, deux robots appartenant au Méta-Baron. Même si parfois ces interventions sont quelque peu redondantes et viennent casser le rythme.

Une intrigue servie par les dessins et la mise en couleurs de Giménez, un visuel qui colle parfaitement au récit avec un trait précis et détaillé. Une qualité graphique qui contribue à nous immerger encore plus facilement dans le récit.

L’implant robotique faisant partie intégrale du rituel de la Caste, le dessinateur s’est avéré particulièrement brillant dans ce domaine, le niveau de détail dans son rendu graphique m’a parfois fait penser à un artiste que je considère comme un maître absolu du genre, H.R. Giger.

Je connaissais cette série et plus généralement l’univers de L’Incal de nom (et de réputation) ; à la fin du présent recueil, on a le droit à un bonus justifiant la nécessité de rompre le lien entre les intrigues de L’Incal et des Méta-Barons.

Un grand merci à Karine et Olivier qui m’ont offert ce premier opus du diptyque constituant l’intégrale de La Caste Des Méta-Barons. D’ores et déjà j’ai commandé le second volume, la fin du quatrième tome annonçant une confrontation au sommet.

En revanche je ne pense pas aller au-delà de la série originale, la seconde série, Méta-Baron, qui se présente comme une suite à La Caste Des Méta-Barons, ne m’inspire pas outre mesure (et puis ce n’est plus Giménez qui assure le dessin).

Pour l’anecdote c’est une lecture qui s’avère parfois sportive, avec un poids de plus d’1,7 kg, le bouquin pèse rapidement sur les bras. Et comme je ne suis pas du genre à ouvrir le truc à plat (afin de préserver la reliure et la tranche)… Ma maniaquerie livresque me tuera un jour !

MON VERDICT

Les couvertures originales des tomes 1 et 2

Les couvertures originales des tomes 3 et 4

[BOUQUINS] Jean-Marc Dhainaut – Psylence

AU MENU DU JOUR


Titre : Psylence
Série : Meghan Grayford – Livre 2
Auteur : Jean-Marc Dhainaut
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
256 pages

De quoi ça cause ?

Quelle est donc cette entité maléfique qui semble s’acharner sur la famille de Clara Perec ? Tandis que les morts violentes se succèdent, c’est ce que va essayer de découvrir Meghan Grayford.

La jeune journaliste aura bien besoin du soutien et du savoir de ses amis pour s’opposer à une force que rien ne semble pouvoir arrêter…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada, parce que l’auteur est Jean-Marc Dhainaut et parce que c’est l’occasion de retrouver Meghan Grayford, personnage principal du précédent roman de l’auteur, Brocélia.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

À la veille de ses 77 ans, Clara Perec est réveillée en pleine nuit, elle aperçoit une alors forme à genoux sur la poitrine de son mari en train de l’étouffer. En allumant la lumière elle interrompt la chose qui disparait.

Quand elle raconte cette histoire le lendemain, au cours de son repas d’anniversaire, sa famille a bien du mal à la prendre au sérieux. Pire, ils en viendraient à douter de sa santé mentale…

Et pourtant le lendemain matin, Clara va se réveiller à côté du cadavre de son mari, la mâchoire disloquée, étouffé avec ses propres oreilles sectionnées.

Le ton est donné dès les premières pages. Ames sensibles s’abstenir ! Jean-Marc Dhainaut ne va pas ménager ses lecteurs, et encore moins ses personnages. Vous avez entre les mains un thriller fantastique qui va mettre vos tripes et vos nerfs à rude épreuve.

C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Meghan, mais aussi son collègue et ami de toujours, Janis, ainsi que le couple Alan et Mina (autres personnages récurrents de l’auteur). Il faut dire que pour affronter le danger auquel elle va se frotter, Meghan aura bien besoin de l’expérience d’Alan et de Mina.

Oubliez les tables qui tournent et les portes qui se ferment toutes seules, le « cardinal » qu’ils vont devoir combattre, joue clairement dans la catégorie supérieure. N’hésitant pas à s’en prendre physiquement à ses victimes et mû par une haine qui semble inextinguible.

Bien entendu s’ils veulent avoir une chance de renvoyer cette entité d’où elle vient, ils vont devoir qui elle était de son vivant ainsi que son parcours qui le conduit à cette traque impitoyable d’outre-tombe. Un mal qui trouvera dans le passé, en une bien sombre période de l’Histoire.

L’intrigue s’avère rapidement totalement addictive et captivante, les éléments fantastiques sont parfaitement dosés et se combinent naturellement avec la partie plus cartésienne du récit. Jean-Marc Dhainaut ne laisse rien au hasard, chaque élément de l’intrigue (même celui qui pouvait paraître anodin de prime abord) va trouver son explication.

Évidemment pour apprécier pleinement ce genre de roman, il faut savoir faire montre d’un minimum d’ouverture d’esprit ; je ne vous demande pas de croire aveuglément en l’ensemble des événements décrits, mais au moins de ne pas vous fermer comme une huitre face à l’inconnu.

On retrouve une narration très visuelle qui nous plonge immédiatement en totale immersion dans le récit, les nombreux dialogues contribuent quant à eux à fluidifier la lecture.

Encore un coup de maître réussi pour Jean-Marc Dhainaut et les éditions Taurnada, j’ai dévoré le bouquin entre vendredi et lundi (peu de temps pour lire le week-end, et même quand je parviens à libérer un créneau je le consacre plutôt aux BD et romans graphiques).

MON VERDICT