RIP Carrie Fisher

Si dans la saga Star Wars Han Solo (Harrison Ford) meurt avant son épouse, Leia Organa-Solo (Carrie Fisher), dans la vraie vie c’est l’inverse qui s’est produit.

Carrie Fisher nous a quitté à l’âge de 60 ans suite à un arrêt cardiaque.

Carrie Fisher

Certes la carrière de Carrie Fisher ne s’est pas arrêtée au rôle de la plus célèbre des princesses inter-galactiques, mais ce rôle restera incontestablement dans les annales du cinéma.

La planète Star Wars pleure sa princesse préférée.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en cette année 2016 la Faucheuse aura eu la main lourde au sein de la planète people.

[BOUQUINS] Roger Smith – Un Homme A Terre

R. Smith - Un homme à terreIl est des auteurs dont on sait, avant même d’ouvrir leur bouquin, que l’on va en prendre plein la gueule. Roger Smith est incontestablement de ceux-là. Quand on m’a offert son dernier roman en date Un Homme A Terre en numérique je ne lui ai guère laissé le temps de prendre la poussière dans mon Stock à Lire Numérique.
Alors que John et Tanya Turner s’engueulent pour une énième fois, trois individus, cagoulés et armés, font irruption dans leur villa. La résidence des Turner va rapidement se transformer en antichambre de l’Enfer…
Après avoir lu Blondie Et La Mort j’ai pensé avoir atteint des sommets dans le glauque, la violence et le noir de chez noir ; et pourtant, face à Un Homme A Terre ça ferait presque office de conte pour enfants (j’exagère à peine).
Si l’action présente se déroule aux Etats-Unis, elle puise sa source en Afrique du Sud, dix ans plus tôt. De fait les chapitres alternent entre présent et flashbacks, les choses se mettent en place et se relient progressivement.
Fidèle à son habitude Roger Smith adopte une écriture sans concession, profondément ancrée dans le réel, brutale, crue… presque désespérante par sa noirceur. Elle nous prend aux tripes, les vrille impitoyablement sans relâche pour nous laisser KO debout, lessivé.
L’auteur prend un malin plaisir à nous malmener mais le charme opère quand même, on en viendrait presque à trouver une part de poésie au coeur des ténèbres de l’âme humaine. Impossible de lâcher ce bouquin une fois que vous serez happé par l’histoire, et ça démarre sur les chapeaux de roue ! Les chapitres sont courts histoire d’assurer un rythme soutenu tout au long du récit.
Permettez moi un rapide survol des personnages en commençant par la famille Turner. De prime abord on pourrait avoir une certaine empathie pour le John d’aujourd’hui, sauf que ce serait faire l’impasse sur son passé et ça c’est quasiment impossible. Concernant son épouse, Tanya, la question est encore plus vite expédiée, d’un bout à l’autre elle m’a donné envie de vomir. Par contre il faut bien reconnaître que, contrairement à son mec, elle ne manque pas de cran et de caractère. Seule l’innocente Lucy, leur fille de neuf ans, fera office de la blanche colombe ; mais sera-t-elle épargnée pour autant ?
Je ne m’épancherai pas sur les autres personnages, non pas parce qu’il n’y a rien à dire (loin s’en faut), c’est plutôt pour laisser entier le plaisir de la découverte (les deux acolytes du meneur valent vraiment le détour). Quand je dis que Roger Smith malmène ses lecteurs, sachez que ce n’est que la partie visible de l’iceberg rapport à ce qu’il réserve à ses personnages, d’autant que la situation dégénère rapidement à grand renfort de rebondissements.
J’en ai pris plein la gueule et j’ai adoré ça. Maintenant que quasiment tous les titres disponibles en français existent en numérique (exception faite de son premier roman, Mélange De Sangs, allez savoir pourquoi), il va falloir que je trouve le temps de les caser dans mon programme de lecture. Mais pas tout de suite… après une telle expérience, il faut du léger histoire de digérer.

MON VERDICT
jd5Coup double

[BOUQUINS] Lincoln Child – La Bête D’Alaska

L. Child - La Bête d'AlaskaPetit changement de dernière minute dans mon périple en compagnie de l’éditeur Ombres Noires, plutôt que de revenir à Michaël Mention pout cette ultime (mais temporaire) étape, j’ai privilégié la découverte en optant pour La Bête D’Alaska de Lincoln Child.
Au cours d’une expédition en Alaska, une équipe scientifique découvre une créature difficilement identifiable prise dans une gangue de glace. Les sponsors de l’expédition, une chaîne de télévision, décident d’exploiter le filon que représente une telle expédition en tournant un documentaire. L’arrivée des équipes de tournage dans l’ancienne base militaire va quelque peu bouleverser le quotidien des scientifiques…
C’est le premier roman de Lincoln Child que je lis, je ne savais donc pas vraiment à quoi m’attendre. L’intrigue faisant intervenir un personnage récurrent de l’auteur (Jeremy Logan, énigmologue de son état) j’ai supposé un thriller plus ou moins ésotérique façon Da Vinci Code. Et bien que nenni, point vraiment d’énigme ou de symbole à déchiffrer, en lieu et place l’auteur nous propose un thriller fantastique qui n’est pas sans rappeler le film The Thing de John Carpenter (1982).
Pour rester au chapitre des énigmes la série Jeremy Logan compte actuellement quatre titres, tous dispo en français. Bien que La Bête D’Alaska soit le dernier en terme du publication en français, il est le second de la série en version originale. Les tomes 1 et 3 ont été publié par Michel Lafon (respectivement en 2007 et 2013), c’est Ombres Noires qui prendra le relais en 2015 pour le quatrième opus, avant de nous proposer ce « chaînon manquant » en 2016.
Petite piqûre de rappel pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas The Thing, le film confronte une équipe scientifique isolée dans une station de recherche en Antarctique à un monstre surgelé qui a décidé de sortir de son long sommeil cryogénique.
Remplacez l’Antarctique par l’Alaska et vous obtenez le même cadre aussi isolé que inhospitalier. Saupoudrez le tout de quelques humains qui font autant de cibles potentielles. Lâchez une méchante bestiole au milieu de tout ce petit monde. The show must go on !
Force est de reconnaître que dans ce second volet de ses aventures notre énigmologue se fait voler la vedette par les chercheurs (Evan Marshall fait davantage office de personnage central de l’intrigue) mais aussi par les militaires et l’équipe de tournage. Sans doute le climat qui ne lui convient pas…
A défaut d’être totalement novatrice l’intrigue reste maîtrisée et suffisamment addictive pour que l’on ait envie d’en savoir plus et de connaître le fin mot de l’histoire. La galerie de personnages offre des personnalités diverses et variées, certains vous seront sympathiques, d’autres un peu moins et d’autres carrément exécrables. Là encore on a ce qu’il faut pour nous donner envie d’aller toujours plus en avant dans le récit.
Enfin l’auteur profite de son intrigue, et de son cadre, pour nous sensibiliser au réchauffement climatique. Confortablement vautrés dans nos canapés le concept peut nous sembler très théoriques, d’autres subissent rudement cette triste réalité. D’autres thèmes scientifiques et humains sont abordés avec plus ou moins de profondeur.
Un bon moment de lecture sans pour autant être indispensable. Suffisant toutefois pour me donner envie d’aller plus avant dans l’univers littéraire de Lincoln Child (en solo ou en duo avec Douglas Preston) et de m’intéresser de plus près au cas Jeremy Logan.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Marin Ledun – En Douce

M. Ledun - En douceAvant dernière étape de mon escapade entre les pages du catalogue des éditions Ombres Noires, mon choix s’est porté sur Marin Ledun et son dernier roman, En Douce.
14 juillet 2015. Simon est convaincu qu’il va passer une soirée d’enfer, il a en effet emballé une nana canon qui est très très entreprenante. Elle le persuade (sans mal) de la suivre dans son mobil-home, elle se déshabille et… lui tire une balle dans la jambe avant de le séquestrer. Pour Emilie l’heure de la vengeance a sonné, et elle compte bien en savourer chaque instant…
C’est le premier roman de Marin Ledun que je lis, et je peux d’ores et déjà affirmer que ça ne sera pas le dernier.
Un récit relativement court (250 pages) mais d’une intensité qui ne se relâche jamais. Emilie avait tout pour être heureuse jusqu’à une journée d’avril 2011 où un violent accident de la route lui vaudra d’être amputée de la jambe gauche. Pour la jeune femme il ne fait nul doute que l’unique responsable de son état et de toutes les merdes qui ont suivies est le conducteur du pick-up qui a percuté sa voiture : Simon. Marin Ledun nous plonge dans les méandres de l’esprit (tourmenté) d’Emilie en adoptant un récit à la troisième personne. Un regard extérieur sur une vue de l’intérieur, vous me suivez ? Ca tombe bien, moi non plus.
Un quasi huis-clos entre Mélanie et Simon, ponctué par les souvenirs de la jeune femme mais surtout une lutte intérieure entre ses certitudes qui deviennent des doutes avant de redevenir avec encore plus de force des certitudes. Surtout se persuader que si Emilie a tout raté c’est de la faute de Simon, pas seulement lui mais aussi la faute de tous les autres, et de la société aussi tant qu’on y est. Et elle ? N’aurait-elle pas aussi sa part de responsabilité ? Non ! Si ? Peut être.
Le flot des pensées d’Emilie n’est pas un long fleuve tranquille mais plutôt un torrent déchaîné tout en courants et contre-courants, en proie à bien des tourbillons. Et maintenant que Simon est à sa portée, que faire de lui ? Là encore elle est torturée par les contradictions, d’abord elle lui tire une balle dans la guibolle, ensuite elle se démène pour que la blessure se soigne au mieux (avec les moyens du bord). Et nous, pauvres lecteurs, sommes bringuebalés au gré de ses humeurs. Jusqu’au bout on se demandera comment tout ça va finir, de plus en plus convaincu qu’il la fin risque d’être des plus brutales. Et ? Et puis quoi encore ?
Que penser d’Emilie ? Au fil de ses humeurs on a parfois envie de la prendre dans ses bras pour la réconforter, et d’autre fois c’est l’envie de lui mettre des claques qui l’emportera. Personnellement j’ai surtout eu envie de lui dire d’avoir plus de considération pour elle, de se sortir les doigts du cul et de prendre sa vie et son destin en mains (après se les être lavées). Si tu ne veux pas de la pitié des autres, commence par cesser de t’auto-apitoyer ; jouer les Caliméro ne dure qu’un temps.
Un roman noir intensément psychologique ponctué par une critique sociale bien sentie (même si Emilie rejette la responsabilité de sa situation sur les autres et sur la société, tout ce qu’elle en pense n’est pas forcément dénué de bon sens).

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Maxime Gillio – Rouge Armé

M. Gillio - Rouge ArméJe continue mon périple littéraire dans les méandres des éditions Ombres Noires en compagnie de Maxime Gillio et son dernier titre en date, Rouge Armé.
Patricia Sammer est journaliste, elle a pour projet d’écrire un livre sur les personnes qui ont fui Berlin Est pour passer clandestinement à l’Ouest. C’est ainsi qu’elle demande à Inge Oelze de lui raconter son histoire…
De Maxime Gillio je n’ai lu que Manhattan Carnage (signé Orcus Morrigan et prétendument traduit par Maxime Gillio), une histoire de zombie aussi atypique que déjanté. Avec Rouge Armé on change diamétralement de registre pour plonger dans une intrigue où la fiction et l’Histoire se mêlent allègrement. Un roman noir qui fait souvent référence aux heures sombres (et pour ma part méconnues) de l’Histoire.
Les chapitres alternent entre le présent (2006 en l’occurrence) et les flashbacks. Flashbacks qui retraceront le parcours mouvementé d’Inge, de l’édification du Mur de Berlin à son passage à l’Ouest, son activisme politique et son retour à l’Est. Flashbacks qui suivront aussi Anna, la mère d’Inge, et sa condition de Sudète en Tchécoslovaquie (où elle est l’incarnation de l’oppresseur nazi) et en Allemagne (où elle n’est pas considérée comme une vraie allemande) entre 1943 et 1946.
C’est cette seconde partie de l’Histoire qui m’était totalement inconnue, je n’avais jamais entendu parler des Sudètes et jamais je n’aurai imaginé qu’après-guerre ils aient eu à subir un pareil calvaire. Pas de quoi nous donner foi en l’humanité.
Si le Mur de Berlin, cette aberration historique qui a défiguré et divisé un pays, n’est pas au centre du récit il est bien la cause de tout. La couverture rappellera sûrement aux « anciens » les heures sombres du terrorisme européen (les sanglantes années de plomb), l’ennemi d’alors ne se cachait pas derrière la religion mais se revendiquait politique. La Fraction Armée Rouge (RAF en allemand pour Rote Armee Fraktion) est en effet responsable de nombreux attentats en Allemagne entre 1968 et 1993 (leurs pendants italiens et français étant respectivement les Brigades Rouge et Action Directe).
Mais Rouge Armé c’est avant tout le portrait de trois femmes au caractère bien trempé : Anna, Inge et Patricia. Trois époques et trois contextes que tout oppose. On ne peut qu’avoir énormément d’empathie pour Anna, rien ne justifie ce qu’elle a dû endurer. J’ai personnellement beaucoup aimé le personnage d’Inge, je me garderai bien d’un quelconque jugement la concernant. Par contre j’ai eu plus de mal avec Patricia qui combat par l’auto-destruction ses propres démons (dont on suppose, puis devine assez rapidement la nature… tout comme ses intentions).
A défaut d’énormes surprises (hormis le dernier acte de Patricia) j’ai passé un très bon moment avec ce roman, je peux dire que ce soir je m’endormirai moins con qu’au réveil (bon OK, on va se contenter de dire que j’ai appris des trucs que j’ignorais avant). La plume de Maxime Gillio, sans concession, ni jugement, est d’une remarquable efficacité.
Une belle découverte et une nouvelle occasion de souligner l’éclectisme de cet éditeur qui n’en finit pas de me surprendre.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Michaël Mention – Bienvenue A Cotton’s Warwick

M. Mention - Bienvenue à Cotton's WarwickComme annoncé précédemment je poursuis mon petit bonhomme de chemin dans le catalogue des éditions Ombres Noires, Au menu du jour Bienvenue A Cotton’s Warwick de Michaël Mention. Et autant vous prévenir de suite : c’est du lourd, du très, très lourd !
Cotton’s Warwick, un bled paumé au fin fond de l’Outback australien. Par 50° à l’ombre il ne faut pas grand chose pour que les esprits s’échauffent, surtout que là-bas les esprits et les âmes ne brillent guère par leur grandeur, loin s’en faut ! Le Ranger Quinn règne en maître (presque) incontesté sur cette petite communauté de dégénérés…
Aaah l’Outback… Hmouais, oubliez les sentiers balisés et les cartes postales pour touristes, Cotton’s Warwick c’est plutôt une antichambre de l’Enfer. Incontestablement l’endroit de la planète qui regroupe la plus forte concentration de timbrés en tout genre au mètre carré. Mais rassurez-vous ils ne sont pas nombreux. Et comme il n’y a plus qu’une femme (intouchable) parmi eux, leur extinction prochaine est à espérer. Surtout si un ou plusieurs éléments extérieurs viennent accélérer le processus d’extermination.
Difficile de vous parlez de ce bouquin sans prendre le risque d’en dire trop. Une chose est certaine, je ne m’attendais pas du tout à ce que l’intrigue prenne une telle tournure. A moi maintenant de vous convaincre en restant dans une approche très générale.
Vous l’aurez compris difficile d’éprouver la moindre empathie pour les habitants de Cotton’s Warwick ! Mais ne généralisons pas, deux exceptions viennent confirmer la règle. Karen, la seule femme encore présente dans ce bouge infâme, gérante du pub, qui bénéficie de la protection de l’autre salopard de Quinn. Et puis il y a l’autre (c’est comme ça que les locaux l’appellent), un personnage marginalisé par les autres qui ne fait rien pour se faire accepter… c’est d’ailleurs ça qui le rend plus ou moins sympathique.
Âmes sensibles s’abstenir. J’aurai peut être dû commencer par là. Avec sa galerie de dégénérés alcoolisés et déshumanisés Michaël Mention extirpe ce qu’il y a de plus noir chez l’homme ; la violence est omniprésente et monte crescendo jusqu’à atteindre des sommets dans l’ignoble. On en viendrait presque à se sentir coupable de prendre plaisir à lire de telles ignominies. Un conseil, mangez léger avant de vous lancer !
Histoire de rendre la lecture encore plus éprouvante l’auteur opte pour un écriture taillée à la kalach’, on ne peaufine pas, on ne contourne pas, on va à l’essentiel. Brut de décoffrage. Même la mise en page est en raccord pour prendre le lecteur aux tripes et les tordre jusqu’au point de rupture. Mais (et là encore une vague culpabilité vient jouer les troubles fête) il n’en reste pas moins que c’est superbement écrit. Et les hommes là-dedans ? Ont-ils toujours été des brutes épaisses décérébrées ?
Restent toutefois quelques questions sans réponse ce qui peut être un tantinet frustrant. J’aurai ainsi aimé en apprendre davantage sur ce mystérieux « suicide des femmes ». Idem sur le triste sort de Dora.
Un roman tout en noirceur où l’espoir est un luxe que l’on ne peut s’offrir. Un roman très visuel qui m’a souvent renvoyé à des références (personnelles) cinématographiques, je citerai en vrac : La Colline A Des Yeux, Délivrance et bien entendu Razorback. Difficile aussi de ne pas penser à la série TV (je n’ai pas lu le roman) Zoo dont je dois d’ailleurs regarder la seconde saison…
Un roman qui ne devrait laisser personne indifférent… un des rares romans pour lesquels j’ai pris un peu de recul avant de me ruer sur mon clavier (pas trop, il faut que ça reste une réaction à chaud) pour vous offrir ces quelques mots.

MON VERDICT
jd3dCoup de poing

[BOUQUINS] Elizabeth George – L’Etrange Talent De Janet Shore

E. George - L'étrange talent de Janet ShoreD’Elizabeth George je ne connais que les enquêtes de Lynley (et encore, je n’en ai lu que 3), avant de m’attaquer au dernier opus j’ai décidé de sortir des sentiers battus et de m’offrir L’Etrange Talent De Janet Shore en guise de mise en bouche.
Enfant chétive et régulièrement malade, Janet Shore trouve le réconfort dans les livres. C’est ainsi qu’elle se découvre le don de se projeter dans les romans qu’elle lit et même de pouvoir interagir avec les personnages de l’histoire. Elle commettra toutefois une erreur : en parler à Monie, sa meilleure amie…
Ce qui surprend de prime abord est le nombre de pages (le poids d’une fichier numérique n’est pas forcément proportionnel au nombre de pages), tout juste 53. On est donc clairement dans le format nouvelle ; le prix (moins de 7 €) aurait dû me mettre sur la voie.
Deuxième surprise de taille, la forme. Le récit se présente en effet comme un conte (exit les enquêtes policières) mais aussi et surtout une ode à la littérature et aux livres. A vrai dire je me demande même comment il s’est retrouvé au catalogue d’Ombres Noires (comme le laisse supposer leur nom ils sont plutôt spécialisés dans le roman noir)…
Quel lecteur passionné n’envierait pas le don de Janet ? Imaginez le topo : « Janet était en vérité capable de se transporter dans la scène à proprement parler. Et pas en qualité d’observatrice passive, notez bien, mais en participant pleinement à l’histoire. » Une totale interaction avec vos héros préférés et la possibilité de changer le cours du récit !
Bien entendu il y a de nombreuses références littéraires au fil des pages, j’ai reconnu certains titres pour les avoir lus ou en avoir entendu parler, d’autres me sont passés largement au-dessus de la tête sans toutefois nuire à ma lecture du bouquin.
De temps à autres Janet se permet des commentaires pas toujours sympathiques (voire franchement grinçants) sur certains personnages de romans et sur certains titres qu’elle juge indignes de son don (50 Nuances De Grey par exemple mais aussi le Da Vinci Code).
Une courte escapade littéraire dans le monde des livres, fort sympathique et divertissante. Certes je m’attendais à quelque chose de plus sombre (éditeur oblige) mais, passé l’effet de surprise, j’ai apprécié ce moment de détente.

MON VERDICT
jd3d

Avec ce titre j’ouvre une série de lectures dédiées aux éditions Ombres Noires, suivront dans l’ordre :
Bienvenue A Cotton’s Warwick de Michaël Mention
Rouge Armé de Maxime Gillio
En Douce de Marin Ledun
Le Carnaval Des Hyènes de Michaël Mention (oui, encore lui)
J’aviserai ensuite selon les aléas de mon Stock à Lire Numérique… de nouveaux titres pourraient venir jouer les invités surprise.

[BOUQUINS] Mélanie Muller – Hôtesse

X-rated

M. Muller - HôtesseAu lit les enfants, laissez les grands discuter entre adultes. Petite escapade coquine dans le catalogue des Editions Blanche et c’est le titre Hôtesse de Mélanie Muller qui sortira de mon Stock à Lire Numérique.
Quand Laure décide de devenir hôtesse dans un bar, elle ne voit que l’argent facile, le champagne qui coule à flot gratos et une occasion de pimenter ses nuits. Elle va rapidement découvrir que la réalité est loin d’être aussi idyllique qu’elle ne le pensait…
Je ne sais pas si Mélanie Muller connaît l’envers du décor des bars à hôtesses ou si elle s’est contentée de l’imaginer ; je ne serai pas surpris d’apprendre que le portrait qu’elle en dresse colle à la réalité, voire même que la réalité puisse être encore pire.
On suit donc le parcours de Laure dans une confession écrite à la première personne. Elle se lance dans le métier d’hôtesse pleine d’illusions… qui s’envoleront en l’espace de quelques nuits. Suivront le dégoût, la honte et, peut être pire que tout, la résignation et l’acceptation.
Pour ne pas s’effondrer et tenter de garder un semblant de maîtrise (à défaut de fierté), elle va se montrer encore plus impitoyable que ses clients, jouer leur jeu et plus encore. Tant pis si elle doit perdre pieds avec la réalité quand elle n’est plus dans « son » bar. Tant pis si son armure la bouffe progressivement au point de lui faire perdre toute envie de vie sociale. Tant pis si elle devient incapable de vivre une relation normale avec un homme…
Pour arriver à un tel niveau de détachement Laure n’a qu’un remède : l’alcool. Toujours plus d’alcool. De l’alcool du lever au coucher. Elle arrive au bar bourrée, elle en ressort complètement déchirée. Mais elle s’en fout, elle se fout de tout.
Bref en compagnie de Laure vous suivrez des tranches de vie de sa descente aux enfers consentante. Le fil conducteur restant le bar à hôtesses et ses déviances en tout genre.
Je n’ai jamais été attiré par la fréquentation de bars à hôtesses (je me suis limité, dans mes années de soirées débauchées, à des boîtes de strip tease où l’on ne faisait que regarder, une main baladeuse se voyait sanctionnée d’une éviction sans ménagement), ce n’est certainement pas la lecture de ce bouquin qui me fera changer d’avis. Bien au contraire !
Comme vous pouvez vous en douter c’est une lecture réservée à un public averti, pour reprendre la formule d’usage. Toutefois ce que j’apprécie chez cet éditeur, même quand les situations sont clairement pornographiques (et elles le sont assurément), les auteurs n’alourdissent pas leur texte de descriptions détaillées façon gros plans anatomiques si chers au cinéma porno.

MON VERDICT
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Morceaux choisis :

Je crois que l’on devient prostituée comme on devient alcoolique. D’abord, on s’imagine être libre, diriger la manœuvre, pouvoir arrêter quand on veut. Très vite, on se laisse submerger par les événements, on se soumet à des diktats incompréhensibles, on perd le contrôle et on sombre. Très vite, le jeu devient une maladie. On doit alors s’injecter chaque jour un venin qui nous ravage et nous détruit, mais on en a besoin pour survivre, parce que sans lui on ne comprend plus le sens de la vie, la rotation du monde, le jour et la nuit. Le venin, tel un homme fait de chair, d’os et de sang, a pris le pouvoir et nous gouverne farouchement.

Est-il possible que l’argent nous éloigne si facilement de la réalité ? Est-il possible que ce métier, ce jeu, nous brise et casse ce que nous avons de plus précieux ? Le respect de l’autre, et de nous-même…

J’ai vingt-cinq ans et je suis complètement alcoolique. Je ne peux plus passer une seule journée sans boire. Je commence au réveil, m’arrête lorsque mon corps s’écroule. L’ivresse me protège, m’enveloppe d’une infinie douceur, elle me permet d’avancer comme dans un scaphandre dans une mer violente et toxique.

Je voudrais lui dire que je suce des bites à la chaîne, des laides, des belles, des dures des molles, « le gros touffu, le p’tit joufflu, le grand ridé le mont pelé », comme dans la chanson de Perret, qu’on chantait ensemble sur les bancs de l’école, si je me souviens bien. Sauf que quand tu les as dans la bouche, c’est beaucoup moins rigolo qu’en chanson.

Moi aussi je me sens seule et je vends du toc, des mensonges, de l’esbroufe… Mais c’est beaucoup plus cher !