[BOUQUINS] Gretchen Felker-Martin – Chasse À L’Homme

Une épidémie a transformé les êtres humains à haut niveau de testostérone en des créatures uniquement mues par leurs besoins les plus primaires : se nourrir, violer, tuer. Tous les individus masculins sont ainsi devenus de dangereux zombies.

Beth et Fran, deux femmes trans, sont chasseuses d’hommes : elles ont en effet besoin d’absorber les œstrogènes contenus dans leurs testicules pour éviter la contagion.

Bientôt, elles vont devoir affronter des ennemis plus impitoyables encore : une armée de féministes radicales, qui haïssent les femmes trans encore davantage que les hommes.

Parce que c’est Sonatine, ce qui pourrait une raison suffisante. Mais pas que…

Impossible de rester de marbre face à cette couille couv’. Mais encore…

Il faut bien répondre à la question en accroche de la quatrième de couv’ : « Le roman le plus dérangeant de l’année ? »

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Commençons par le commencement avant de reprendre depuis le début. Dérangeant ? Oui et non. Oui pour la thématique de la transsexualité et la question du genre, une question qui bien souvent pousse l’individu lambda à faire la politique de l’autruche : « Ça ne me concerne pas, alors je m’en fous ! ». Mais ceux-là ne sont pas les plus dangereux, les pires sont les tenants de la « bien-pensance » qui prônent une tolérance absolue jusqu’à ce qu’ils soient directement confrontés à la question et retournent leur veste de façon radicale.

Pour ma part je revendique mon statut d’individu genré et racisé : je suis un homme blanc hétérosexuel et j’en suis fier. Ce n’est pas pour autant que je ferme ma porte (et mon esprit) aux autres, du moment qu’ils respectent mon identité autant que je respecte la leur.

Pour être tout à fait franc, ce qui m’a le plus dérangé dans ce bouquin est le recours à l’écriture inclusive. Certes ça sert le propos de l’auteure et ça peut même se comprendre, mais il n’en reste pas moins que ça pique méchamment les yeux… avec le temps qu’il faut pour avoir un rencart chez un ophtalmo, c’est sadique comme démarche.

Dérangeant sur la forme ? Non, il faut plus que ça pour m’empêcher de dormir ou me choquer. Il n’en reste pas moins que c’est un bouquin à réserver à un « public averti ». C’est trash, cru et explicite ; qu’il s’agisse de décrire la violence où la sexualité, l’auteur n’y va pas par quatre chemins.

Revenons au début donc. Tout commence par une épidémie baptisée T. Rex – juste avec le nom, tu devines que ça ne va pas une être simple grippe. Kezaco exactement ? Je laisse la parole à Gretchen Felker-Martin pour un point épidémiologique :

Sympathique, non ?

Pour les quelques hommes épargnés par le virus, la protection passe par la consommation massive d’œstrogènes. Et la meilleure source d’œstrogènes se trouve être les coucougnettes de ces mâles mutants… sauf qu’ils ne se laisseront pas castrer sans opposer une vive résistance.

C’est ainsi que l’on fait connaissance avec Beth et Fran, des transsexuelles, chasseuses d’hommes et préleveuses de couilles. Deux amies réunies par la nécessité de survivre au caractère diamétralement opposé, alors que Fran laisse libre cours à son côté féminin, Beth apparaît plus rugueuse, brute de décoffrage.

Dans ce monde de demain pas très accueillant, un danger pire que les nouveaux mâles guette les survivant(e)s transgenres. Les TERF, des milices de femmes qui vouent une haine farouche aux trans. Pour elles il n’y a pas à tortiller du cul, un bon trans est un trans mort.

Voilà pour ce qui est de poser le décor de ce roman post-apocalyptique qui ne ressemble à nul autre. Un pari audacieux de la part de Gretchen Felker-Martin (qui est américaine comme vous l’aurez certainement deviné) pour un premier roman… ça passe ou ça casse, selon les lecteurs.

J’ai la chance d’appartenir à la première catégorie, même si je suis bien loin de considérer ce bouquin comme une œuvre majeure du genre. J’ai aimé le côté très glauque – presque poisseux – qui se dégage du roman et un style à l’image du décor…

Le fait de ne n’avoir éprouvé de réelle empathie pour aucun des personnages ne m’a pas dérangé outre mesure ; je me suis davantage positionné en tant que lecteur / spectateur de l’intrigue plutôt que de lecteur / acteur.

Outre nos deux chasseuses de couilles sur pattes, vous ferez aussi la connaissance du Dr Indi Varma qui, en plus de réparer les petits et gros bobos de sa communauté, synthétise les œstrogènes. Chez les TERF c’est le personnage de Ramona Pierce qui est de loin le plus intéressant du fait de ses contradictions entre son devoir et ses sentiments.

À aucun moment je n’ai eu envie d’abandonner ma lecture, au contraire, chapitre après chapitre, rebondissement après rebondissement, il me tardait de savoir comment allait se terminer cette foire d’empoigne version XXL.

Je ne chercherai pas à convaincre ceux et celles qui seraient réticents à l’idée de se lancer dans ce bouquin, c’est vrai que cela reste une lecture très spéciale. Peut-être que moi-même, dans un autre état d’esprit, j’aurai pu avoir un ressenti totalement différent… Allez savoir, avec les OLNI (Objets Littéraires Non Identifiés) tout est possible.

[BOUQUINS] Robert McCammon – Swan Song – La Glace Et Le Feu

Sept années ont passé, l’holocauste nucléaire a obscurci le ciel d’un voile de poussière et recouvert la terre d’un linceul de neige grise, cédant la place à un hiver sans fin dont les mâchoires gelées se referment lentement, mais inexorablement sur la planète entière.

Et dans ce monde d’après, les hommes continuent à s’entredéchirer, pour les ressources, pour le pouvoir, par pure folie.

Néanmoins l’espoir subsiste, infime, précieux, dans des amitiés improbables nées d’une lutte commune pour la survie, dans l’éclat fascinant d’un anneau de verre aux couleurs étincelantes et qui semble révéler à ceux qui le touchent un monde idyllique. Dans les mains d’une jeune fille capable de faire renaître ce qui semblait définitivement mort.

Dans ce monde à l’agonie, le moment est venu de savoir si un nouveau printemps est possible.

Parce que c’est la suite de Swan Song, une suite qui nous fait faire un bon dans le temps de sept années après les événements décrits dans le premier opus du diptyque.

Sept années se sont écoulées depuis que le monde a été dévasté par le feu atomique, sept années d’un hiver nucléaire qui a rendu la nature hostile et où survivre est un combat au quotidien pour les quelques rescapés de la folie des hommes.

On retrouve Josh et Swan, tous deux lourdement marqués par les radiations, qui sillonnent le pays, de colonie en colonie, en compagnie de Rusty, du chien Killer et du cheval Mulet.

Sister et Paul suivent tant bien que mal les images que l’anneau de cristal transmet à Sister. Elle est désormais convaincue qu’elle doit retrouver Swan, mais pas facile de suivre une piste aussi diffuse.

Le colonel Macklin et Roland n’ont de cesse de grossir les rangs et les stocks de leur Armée de l’Excellence ; tant pis si pour y parvenir ils doivent piller les colonies qu’ils croisent et tuer tout individu susceptible de représenter une menace.

De son côté l’homme à l’œil écarlate, ainsi que le surnomme Swan, continue de traquer inlassablement Sister et son anneau, plus déterminé que jamais à détruire cette chose qu’il ne connaît pas et qui lui fait redouter le pire.

Le pire, pour celui qui pourrait bien être le Diable en personne, est que l’espoir refasse surface des profondeurs. Cet anneau et Swan pourraient bien être les vecteurs de cet espoir…

Ce second opus est encore plus glauque que le précédent, il faut dire qu’à la survie à proprement parler va s’ajouter un combat entre le Bien et le Mal qui va, plus que jamais, prendre des dimensions mystiques, voire bibliques.

À l’instar du Fléau de Stephen King (publié une première fois en 1977 et réédité en 1990 dans une édition intégrale et révisée), Robert McCammon opte pour un manichéisme assumé, pour ne pas dire revendiqué.

Un second opus qui vous réservera encore bien des surprises (bonnes ou mauvaises) avec son lot de morts violentes. Mais qui vous permettra aussi de faire de belles rencontres avec de nouveaux personnages, notamment Robin et Glory.

Mais le maître-mot de ce second opus reste l’espoir malgré la noirceur et la violence quasi omniprésentes. Un espoir qui se conjugue au féminin et qui pourrait bien donner une seconde chance à l’Humanité… Reste à savoir si elle saura la saisir.

Les chapitres courts et l’écriture directe de Robert McCammon permettent de maintenir le rythme et l’intensité, surtout au cœur des phases d’action (et elles sont nombreuses).

D’ores et déjà je peux affirmer que Swan Song restera l’une des plus belles découvertes littéraires de cette année 2023, une œuvre majeure dans le registre post-apocalyptique.

Je serai tenté d’interpréter le titre de deux manières, la plus évidente étant l’odyssée de Swan (la chanson de Swan), la seconde étant le chant du cygne de l’humanité avant son extinction… ou sa renaissance. Mais ça n’engage que moi.

[BOUQUINS] Robert McCammon – Swan Song – le Feu Et La Glace

Missiles et fusées se croisent dans le ciel et font s’abattre sur la terre des tornades de feu. Un vent terrible se lève, les poussières radioactives voilent le soleil, la vie telle qu’on la connaît va s’achever.

Dans une plaine déserte du Kansas brûlée par le feu nucléaire, Josh, une force de la nature, se voit confier une mission par un vieillard mourant : ­protéger une enfant.

Dans les décombres d’un New York annihilé par les bombes, une sans-abri à moitié folle découvre un étrange anneau de verre.

Dans les ruines souterraines d’un camp survivaliste des montagnes de l’Idaho, un adolescent apprend à tuer…

Je connaissais Swan Song de nom et de réputation, il faut dire que pour beaucoup il se classe parmi le must-have du roman post-apocalyptique. Top dans lequel on retrouve quelques titres incontournables tels que Le Fléau de Stephen King, La Route de Cormac McCarthy, Je Suis Une Légende de Richard Matheson, World War Z de Max Brooks ou encore La Planète Des Singes de Pierre Boulle.

Un grand merci à Monsieur Toussaint Louverture qui nous permet enfin, 36 ans après sa publication, de découvrir ce titre dans sa version française.

Publié outre Atlantique en 1987, Swan Song est considéré comme l’une des œuvres majeures de Robert McCammon et même comme un des meilleurs romans post-apocalyptiques. Le public francophone aura dû s’armer de patience pour pouvoir, 36 ans plus tard, découvrir l’œuvre dans sa version française.

Un grand merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture qui nous propose une version française déclinée en deux tomes, chacun bénéficiant d’une couverture magnifique (félicitations à l’illustrateur, Bernard Khattou).

Un petit mot sur l’époque de publication du roman, en 1987. Sur le plan des relations internationales la Guerre Froide oppose encore les blocs Ouest (avec les États-Unis en tête de file) et Est (mené par l’URSS), bien que lointaine la menace nucléaire reste une réalité.

D’un point de vue technologique, nous étions bien loin du monde 2.0 que nous connaissons quasiment tous aujourd’hui… mais cela n’est pas un problème puisque le feu nucléaire sonnera le glas de toute technologie.

Après une première partie qui pose le décor et les personnages principaux, une guerre nucléaire totale ravage la planète (Qui a tiré le premier ? On ne le saura jamais… pour ce que ça change). Après avoir assisté à la destruction des États-Unis, Robert McCammon nous plonge au cœur de l’hiver nucléaire qui suivra.

Au niveau des personnages, on découvre – par ordre d’entrée en scène –, Sister Creep une SDF un peu fêlée qui prêche (dans le vide) dans les rues de Manhattan ; Josh Hutchins, un catcheur d’une taille impressionnante qui fait route vers le Kansas pour un prochain combat ; Darleen Prescott et sa fille Swan qui font aussi route vers le Kansas en espérant des lendemains meilleurs et enfin les époux Croninger et leur fils Roland qui s’offrent un séjour survivaliste dans un bunker sous les montagnes de l’Idaho.

Au final nous serons amenés à suivre Josh et Swan qui après une rencontre fortuite ont miraculeusement survécu à l’holocauste, Sister Creep qui s’est liée d’amitié avec un autre survivant de Manhattan, Artie, et Roland Croninger qui échappera à l’enfer du bunker dévasté en compagnie du colonel Macklin, un vétéran du Vietnam (1987, rappelez-vous…) considéré comme un héros de guerre.

Nous suivrons ces personnages au fil de leurs errances dans un monde dévasté qui leur est désormais inconnu, leur caractère et leur personnalité se forgeront au fil des épreuves et des rencontres – parfois bonnes, souvent mauvaises. Chez certains cette nouvelle donne fera ressortir ce qu’ils ont de meilleur, chez d’autres ce sera au contraire l’occasion de laisser s’exprimer leurs instincts les plus primaires.

C’est justement par cette opposition quasi manichéenne entre le bien et le mal que le roman m’a parfois fait penser au Fléau de Stephen King (que je considère comme une œuvre culte du genre), mais attention malgré cette similitude dans le traitement des personnages, les deux romans sont radicalement différents.

Robert McCammon a un incroyable talent de conteur pour nous plonger au cœur de ce monde ravagé, et pour nous faire vivre les événements en nous mettant dans la peau de ses personnages. Un récit façon point of view avant l’heure…

J’ai été tellement emballé par cette lecture que je comptais enchaîner directement avec le tome 2, finalement, comme cette suite se déroule 7 ans après les événements que l’on vient de découvrir, je vais m’autoriser un court break avant de revenir à la charge.

On fustige souvent les éditeurs français qui découpent en plusieurs tomes un récit publié initialement en un seul volume – et je suis souvent de ceux que cette manœuvre bassement commerciale fait rager –, mais en l’occurrence le découpage du récit permet une édition en deux tomes sans que cela ne pénalise pas outre mesure le lecteur (qui devra tout de même payer deux bouquins pour connaître la fin de l’histoire).

Swan Song a remporté la première édition (1987) du prix Bram-Stoker du meilleur roman (à égalité avec Misery de Stephen King) . Prix décerné par les auteurs de la Horror Writers Association qui récompense les œuvres de dark fantasy ou d’horreur dans différentes catégories (meilleur roman, meilleur premier roman, meilleur recueil de nouvelles…).

Pour l’anecdote les lecteurs francophones de Robert McCammon ne sont pas les mieux lotis. Les éditions Bragelonne ont publié en 2008 les deux premiers titres de la série Le Chant De l’Oiseau De Nuit avec Matthew Corbett comme héros récurrent et depuis silence radio… À ce jour la série compte neuf tomes en VO.

De nombreux autres titres restent inédits en langue française.

[BOUQUINS] Justin Cronin – La Cité Des Miroirs

AU MENU DU JOUR

J. Cronin - La Cité des Miroirs
Titre : La Cité Des Miroirs
Auteur : Justin Cronin
Editeur : Robert Laffont
Parution : 2017
Origine : USA (2016)
816 pages

De quoi ça cause ?

Les Douze et leurs multitudes ont été vaincus, l’humanité peut commencer à se reconstruire. Mais le prix à payer a été fort, le sacrifice d’Amy ne fait aucun doute pour les survivants. Mais la menace virule n’est pas complètement éradiquée, dans l’ombre de sa tanière, le Zéro attend son heure. L’heure de se venger du genre humain…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est la suite et fin de la trilogie Le Passage. Trilogie que de nombreux adeptes de la littérature post apocalyptique mettent sur le même piédestal que Le Fléau de Stephen King ! Excusez du peu…
Pour ceux qui, comme moi, ont lu les précédents tomes au moment de leur parution (respectivement en 2011 et 2013), il aura fallu patienter 4 ans avant de découvrir la conclusion de la saga.

Ma chronique

Quatre ans c’est long. C’est aussi beaucoup de bouquins lus et chroniqués, largement de quoi oublier des pans entiers de l’histoire. Justin Cronin a le bon goût de commencer son roman par un prologue qui nous rappelle les grandes lignes de l’intrigue développée dans les deux précédents romans.

Difficile toutefois de reprocher cette longue attente à Justin Cronin quand on sait que, quelques semaines avant son cinquantième anniversaire, il a appris qu’il avait un cancer. Forcément l’écriture est passée en second plan, l’auteur préférant mobiliser ses forces pour lutter contre la maladie… et vaincre ce foutu cancer !

L’histoire commence trois ans après l’anéantissement des Douze, trois années sans attaque de viruls. On retrouve des personnages connus dans des situations nouvelles. Justin Cronin prend son temps pour poser les éléments de son intrigue. C’est calme, très calme… mais jamais ennuyeux. Le calme avant la tempête ?

Tempête plus ou moins annoncée à la fin de la première partie. Mais il faudra patienter, car la seconde partie nous fait faire un bond en arrière, dans le monde d’avant V. Timothy Flanning, plus connu comme étant le Zéro, nous raconte son histoire. On pourrait alors craindre quelques longueurs, mais il n’en est rien, l’apport d’une dimension humaine à l’ennemi de l’humanité est un vrai plus.

Puis la troisième partie nous transporte 20 ans après les événements décrits dans la première partie. Les personnages ont vieilli, mais sont toujours alertes, d’autant que la relève est assurée par leurs enfants devenus adultes. C’est là que les choses sérieuses vont pouvoir commencer…

L’auteur prend son temps pour planter le décor, tout comme le Zéro a pris le sien pour placer ses pièces sur l’échiquier afin d’optimiser ses chances de remporter cette ultime partie. Quand la tempête annoncée se déchaîne, c’est avec une brutalité implacable et mortelle qu’elle s’abat sur la nouvelle république du Texas. A partir de cet instant, Justin Cronin ne vous lâchera plus, et vous aurez bien du mal à lâcher son roman. Attendez vous à de brusques poussées d’adrénaline…

C’est volontairement que je n’en dirai pas davantage sur les personnages et l’intrigue, il serait vraiment dommage de vous priver du plaisir de la découverte.
On espérait du lourd pour clore cette trilogie, un final en apothéose. Et c’est exactement ce que Justin Cronin nous offre, un bouquet final magistral, brillant, efficace, percutant… les superlatifs me manquent pour exprimer mon enthousiasme.

Avec Le Passage et Les Douze on savait d’ores et déjà que cette trilogie pourrait rivaliser avec les plus grands de la littérature post apocalyptique, La Cité Des Miroirs le confirme et la place même sur les plus hautes marches du podium. Outre Le Fléau du King, je citerai aussi la trilogie La Lignée de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan, juste pour vous situer le niveau. Un must read pour tous les amateurs du genre… et les autres aussi !

Et dire que tout est parti d’une demande de la fille de l’auteur, il y a dix ans de ça, elle voulait simplement que son père écrive l’histoire « d’une fille qui sauve le monde« . Et bin voilà qui est chose faite, avec pas loin de 3000 pages au compteur la gamine a quelques nuits blanches à prévoir…

MON VERDICT

[BOUQUINS] Emily St. John Mandel – Station Eleven

ESJ Mandel - Station ElevenAu programme du jour un roman post-apocalyptique semblable à nul autre, j’ai nommé Station Eleven d’Emily St. John Mandel.
L’humanité a quasiment était détruite par un virus dévastateur, les rares survivants sont regroupés en communautés plus ou moins organisées, plus ou moins grandes, parfois accueillantes et parfois hostiles. C’est dans ce décor que La Symphonie Itinérante, un groupe hétéroclite d’acteurs et de musiciens, circule de communauté en communauté, le temps d’une représentation…
La rentrée littéraire 2016 a été (et sera encore le mois prochain) particulièrement dense, afin de de rien oublier je m’étais dressé une liste de cibles privilégiées ; ne connaissant pas l’auteure et n’ayant pas été particulièrement attiré par sa couv’ ce titre est passé entre les mailles du filet… Heureusement au fil des sorties je montre beaucoup plus vigilant (et surtout plus curieux), c’est ainsi que ce roman a non seulement rejoint mon Stock à Lire Numérique, mais s’est aussi directement placé sur les hauteurs.
Comme annoncé en intro, si ce roman s’inscrit bel et bien dans le registre Science-fiction, option post-apocalyptique, il ne ressemble à rien de ce que j’ai pu lire jusqu’à maintenant (je n’aurai toutefois pas la prétention de m’affirmer expert en la matière). Il se dégage de ces pages une grande humanité, à prendre dans le sens noble du terme, sans sentimentalisme inutile et encore moins mièvrerie. Même dans les pires situations les personnages ne se résignent pas, ils gardent espoir et même foi en l’Humanité (avec un grand H pour marquer le coup).
L’autre force de ce roman est de proposer un scénario d’un réalisme glaçant, qu’il s’agisse de la pandémie à proprement parler, du déclin progressif de la civilisation ou des conditions de survie, tout est travaillé dans les moindres détails afin de sembler réel (même pas probable, mais bel et bien comme un futur possible). On en arrive vraiment à penser que si cela devait arriver alors tout se déroulerait comme décrit dans le bouquin… Un choix redoutablement efficace en terme d’addiction à l’intrigue, mais qui fait froid dans le dos quand on s’attarde un peu sur le sujet.
Au fil des chapitres on voyage dans le temps, tantôt avant la pandémie, tantôt après, avec comme fil rouge Arthur Leander, un acteur qui meurt sur scène en pleine interprétation du Roi Lear, alors que l’épidémie fait ses premières victimes. Tour à tour l’on suit Miranda, sa première épouse, Kirsten, une jeune actrice qui jouait avec lui dans Le Roi Lear et qui intégrera plus tard la Symphonie Itinérante ou encore Clark, un ami proche d’Arthur.
Le style et l’écriture de l’auteure ont quelque chose d’hypnotique, presque envoûtant, on est sous le charme des mots, sous le charme de l’intrigue. Nul besoin de nous imposer un rythme soutenu et des retournements de situation à tout va (il y en a tout de même quelques uns) pour maintenir le lecteur en haleine, on l’est presque naturellement, sans vraiment pouvoir expliquer le pourquoi du comment. La magie fonctionne, tout simplement.
Un bouquin de SF hors norme qui devrait séduire un public bien plus large que le seuls adeptes de récits post-apocalyptiques, et même des lecteurs réfractaires à la SF. Une belle découverte pour un bon et beau moment de lecture, un coup de coeur amplement mérité.

MON VERDICT
jd5Coup de Coeur

Morceau choisi

Nous nous lamentions sur la nature impersonnelle du monde moderne, mais c’était un mensonge, lui semblait-il ; le monde n’avait jamais été impersonnel. Il avait toujours existé une infrastructure, à la fois massive et délicate, de gens qui travaillaient tout autour de nous, dans l’indifférence générale – et quand ces gens cessent d’aller travailler, le système tout entier se trouve paralysé. Plus personne ne livre l’essence dans les stations-service, dans les aéroports. Les voitures sont immobilisées. Les avions ne peuvent pas décoller. Les camions restent à leur point de départ. Les villes ne sont plus approvisionnées ; les magasins d’alimentation ferment. Les commerces sont cadenassés, puis pillés. Plus personne ne vient travailler dans les centrales électriques ni dans les sous-stations, personne ne dégage les arbres tombés sur les lignes à haute tension.

[BOUQUINS] Gary Gibson – Extinction Game

G. Gibson - Extinction GameAu menu du jour un bouquin croisé un peu par hasard, malgré un pitch d’apparence classique, Extinction Game, le roman de Gary Gibson, a su titiller ma curiosité, suffisamment en tout cas pour qu’il vienne grossir les rangs de mon Stock à Lire Numérique et se retrouve même sur les premières marches de la file d’attente…
Jerry Beche était convaincu d’être le dernier survivant de son monde. Jusqu’à ce qu’il soit récupéré par une patrouille de l’Autorité et intègre les rangs des Eclaireurs. Il va alors apprendre que si l’humanité est bien éteinte sur son monde, il existe de nombreux autres univers parallèles dans la même situation. La mission des Eclaireurs, pour le compte de l’Autorité, est de parcourir ce multivers afin de récolter des informations ou des technologies nouvelles. Si les Eclaireurs acceptent leur mission sans poser de question, il n’en va pas de même pour Jerry, lui voudrait trouver les réponses aux nombreuses questions qu’il se pose…
Si sur le fond le roman ne révolutionnera pas le genre, sur la forme il vous réservera tout de mêmes quelques belles surprises et s’avérera même addictif une fois que vous serez vraiment dans l’intrigue. Si le cocktail post-apocalyptique et multivers fonctionne vite et bien, je dois toutefois reconnaître que je n’ai pas été immédiatement emballé, la faute sans doute à une écriture totalement dépourvue d’émotions. Un peu déconcertant de prime abord mais la qualité de l’intrigue et ses nombreux rebondissements sauront faire oublier cette faiblesse.
En plus de son intrigue de qualité, le roman peut compter sur une belle galerie de personnages, tous rigoureusement travaillés par l’auteur. A commencer par le groupe des Eclaireurs, chacun bénéficie d’un passé et d’une personnalité qui lui est propre. Un groupe dans lequel, généralement, les individualités se complètent lors des sorties en mission (sorties qui n’ont rien d’une promenade de santé, soit dit en passant).
En toile de fond, le contexte politique a aussi toute son importance, avec notamment les nombreuses questions que l’on peut se poser sur cette mystérieuse Autorité. Elle même semblant en proie à une crise interne opposant l’armée régulière (dont dépendent les Eclaireurs) et les Patriotes (une espèce de police politique à la solde du pouvoir).
Ce roman est le premier opus d’un diptyque post-apocalyptique proposé par l’auteur, j’espère que l’éditeur ne tardera pas trop avant de nous proposer le second opus ; soit dit en passant les deux intrigues sont totalement indépendantes, aussi bien au niveau de leur contexte que des personnages.

MON VERDICT
jd3d