[BOUQUINS] Frank Bill – Donnybrook

F. Bill - DonnybrookeMême sans ce challenge Coupe du Monde des Livres je comptais bien lire, dans des délais relativement brefs, ce Donnybrook de Frank Bill ; disons que le délai s’est raccourci de quelques jours, voire quelques semaines…
Le Donnybrook c’est le must du combat clandestin, deux fournées 20 combattants, trois jours de castagne. Le dernier debout empoche le pactole de 100 000 dollars. Pour Earl Marine c’est une occasion unique à saisir s’il veut refaire surface et s’offrir un nouveau départ avec sa femme et ses gosses…
Si vous avez lu Chiennes De Vies vous ne serez pas totalement dépaysé, en quelque sorte le roman fait suite à la nouvelle L’Amour Brut, certains des personnages que vous croiserez sur ce Donnybrook ne vous seront pas inconnus. Mais bon cela est plus anecdotique qu’autre chose, le roman peut parfaitement être lu indépendamment de la nouvelle.
Vous l’aurez compris, une fois de plus Frank Bill ne vous invite pas au Pays des Bisounours, retour dans son Indiana du Sud et ses rednecks, retour au pays où la meth est reine ! Et sans surprise vous croiserez, au fil des pages, bon nombre de paumés à la dérive…
Dans mon pitch je ne vous parle que d’Earl, peut être parce que c’est le personnage le plus « noble » de ce Donnybrook ; OK ce n’est pas non plus un saint, pour trouver le fric nécessaire à son inscription au tournoi il n’hésitera à employer des moyens plutôt musclés. Pour couronner quelques mauvaises rencontres viendront compromettre sa participation au tournoi…
Deux autres personnages se partagent la vedette. Angus, une légende du Donnybrook qui s’est reconverti dans le trafic de meth suite à un accident ; et sa frangine, Liz, une junkie un tantinet nympho qui a eu la mauvaise idée de vouloir le doubler.
Tandis que Earl essaye tant bien que mal de se la jouer discret, le frère et la soeur foutent un joyeux bordel tout le long de leur course poursuite. Forcément on se doute que tout ce beau monde va finir par se croiser et que le résultat sera plutôt explosif.
L’auteur nous dresse un portrait au vitriol de ses personnages, sa plume n’a rien perdu de son efficacité en passant de la nouvelle au roman. Et une fois de plus j’ai été sous le charme de cette noirceur qu’il dépeint si bien.
Il en va de même avec son intrigue aux rebondissements multiples, l’auteur ne vous laisse pas une minute pour reprendre votre souffle. N’espérez pas une promenade de santé : ça arnaque, ça cogne, ça flingue, sans foi, ni morale ; seule la survie importe ! Et oui c’est glauque, mais qu’est-ce que c’est bon !!! Le bouquin est relativement court (240 pages) mais ô combien percutant, intense et jouissif.
Honnêtement je pense que même si je n’avais jamais entendu parler de Chiennes De Vies, ce bouquin m’aurait fait de l’oeil (au beurre noir) et un joli sourire (aux lèvres explosées), la couv’ aurait immanquablement éveillé ma curiosité et le pitch aurait fait le reste. Avec Chiennes De Vies l’auteur marquait un essai qui ne demandait qu’à être transformé, avec Donnybrook non seulement il transforme l’essai mais en marque un second transformé d’emblée… Même les All Black au mieux de leur forme ne sauraient faire mieux !
Un individu qui sait apprécier un Turkey 101 (comprendre Wild Turkey 101 proof, un bourbon du Kentucky qui affiche fièrement 50.5% d’alcool) avec une bière (de la Bud en l’occurrence) en écoutant Lynyrd Skynyrd (Call Me The Breeze) ne peut qu’avoir un bon fond… Bin non pas chez Frank Bill ! Irrécupérable la chose en question…
L’éloignement a du bon, au niveau des drogues on est relativement à l’abri, à part l’herbe qui pousse et circule sans vraiment prendre la peine de se cacher. Un peu d’ecstasy occasionnellement et de la coke dans les hautes sphères ; mais ça reste très confiné. Franchement quand j’ai lu le procédé de fabrication de la meth je me suis dis qu’il fallait vraiment être tombé très bas pour se réfugier dans une pareille merde.

[BOUQUINS] Frank Bill – Chiennes De Vies

F. Bill - Chiennes De ViesJe ne connaissais ni l’auteur, ni le bouquin, et pourtant le voilà propulsé dans les sommets de mon Stock à Lire Numérique ; à qui la faute ? Une certaine Belette Cannibale qui sévit en Belgique (elle devrait renommer son blog, l’île de la tentatrice) ! Pfff comme si je n’avais pas assez de bouquins en attente… De quoi que je cause ? Bin c’est écrit dans le titre et en plus y’a l’image juste là (←) ; t’es con ou quoi ? Ca s’appelle Chiennes De Vies et c’est le premier bouquin de Frank Bill.
Sous-titré Chroniques Du Sud De L’Indiana, ce recueil propose 17 nouvelles, des textes courts mais intenses et percutants, écrits au noir de chez noir avec une bonne dose de vitriol. On est bien loin du Guide du Routard, n’espérez pas apprendre à pêcher le poisson-chat ou à chasser le raton-laveur, nope vraiment pas de quoi nous donner envie de faire un détour par l’Indiana… Bienvenue au pays des rednecks !
La mise en bouche, avec trois nouvelles qui tournent autour du Clan des Hill (que l’on retrouvera çà et là au fil des récits), vous mettront de suite dans l’ambiance. Drogue, sexe et hémoglobine à gogo. Le ton est donné et le reste n’apportera pas franchement un rayon de soleil dans les ténèbres de l’âme humaine (parfois une faible lueur d’espoir). Buveurs de lait-fraise passez votre chemin, ici ça carbure au bourbon et à la meth.
Ces 17 nouvelles dressent une galerie de portraits unique en son genre (certains personnages apparaissent dans plusieurs nouvelles). Parfois des types attachants, parfois des salopards de la pire engeance. Des textes malheureusement bel et bien ancrés dans la réalité, la plume de l’auteur, trempée dans le vitriol, est, à ce titre, d’une redoutable efficacité.
Le souci avec les recueils de nouvelles tient parfois à leur qualité souvent inégale, ici aucune fausse note (et pourtant je ne suis généralement pas fan des nouvelles… sauf quand elles sont signées Stephen King). La même noirceur et la justesse habite chacun de ces textes, chacune de ces tranches de vies démolies. Ouais parfois la vie est une chienne, en l’occurrence l’auteur nous sert 17 tranches de vies bien boucanées ; à chaque fois il fait mouche et réussit à nous surprendre.
Frank Bill nous dresse un portrait sans concession (mais heureusement non exhaustif… enfin je l’espère) d’une région qu’il connaît bien, puisque il y vit. Force est de reconnaître qu’il a bien la gueule de l’emploi avec sa barbe fournie et sa chemise de bûcheron (et la carrure qui va avec).
Je m’attendais à du lourd, je n’étais pas été déçu ; il ne me reste plus qu’à me plonger dans Donnybrook, le premier roman de l’auteur (les lecteurs du présent recueil devineront de quoi il retourne) ; mais avant ça on va prendre le temps de souffler un peu, après 17 claques dans la gueule faut un temps de récupération avant de remonter sur le ring. Nan la Belette décidément je ne te remercie pas, deux pour le prix de… deux ! (nan j’déconne, merci pour cette découverte).