[BOUQUINS] Tarn Richardson – Les Ressuscités

1917. Les temps n’ont jamais été plus sombres. La guerre déchire le continent européen. En Russie, les premiers brasiers de la révolution s’enflamment ; du côté de l’Ukraine, ce sont des flammes bien réelles qui dévorent les églises consacrées aux archanges. Et il semblerait que loups-garous et inquisiteurs déchus fassent concorde pour former une nouvelle armée. L’Apocalypse se profile. Le Vatican est dévoré à son tour par des luttes intestines. D’obscurs secrets dissimulés dans ses caves depuis la nuit des temps refont surface. Pire encore, les Prophétesses sont assaillies de visions annonçant l’ascension imminente de l’Antéchrist.

Une seule personne semble susceptible de s’opposer aux forces du mal qui triomphent de tous côtés : l’inquisiteur Poldek Tacit. Mais depuis sa disparition sur le plateau du Karst, deux ans auparavant, personne n’est parvenu à lui mettre la main dessus. Or les secondes deviennent précieuses, quand on approche la fin des temps.

C’te question, j’te jure ! Parce que c’est la conclusion de la trilogie La Main Noire, ultime Opportunité pour Poldek Tacit et ses amis de contrecarrer les plans maléfiques de leurs ennemis.

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

À la fin du précédent opus notre inquisiteur préféré était avalé par les eaux tumultueuses de l’Isonzo après une chute vertigineuse. Il n’y a pas dire, Poldek Tacit a un véritable don quand il s’agit de se retrouver dans des situations inconfortables.

Pas le temps de pleurer leur ami disparu pour Isabella, Henry et Sandrine. Le combat continue, plus âpre que jamais. Ne pouvant se battre que sur un front, c’est le cardinal et ses loups qu’ils traquent. Pendant ce temps la Main Noire étend inexorablement son emprise sur le Vatican.

Comme dans les précédents opus Tarn Richardson combine avec brio la grande Histoire (je salue au passage le formidable travail de documentation de l’auteur) et la fiction. Ainsi l’épidémie de grippe espagnole qui s’est abattue sur le monde en 1918 trouve ici une explication qui ne figure pas dans les livres d’Histoire. Soit dit en passant d’ailleurs que nos fameux manuels tendent à minimiser – voire à ignorer purement et simplement – le rôle pourtant décisif de cette épidémie dans la fin du conflit.

Ce troisième et dernier opus lève donc le voile sur l’identité de l’Antéchrist, au vu de la haute considération que j’ai pour les hommes d’église dans leur ensemble, je n’ai pas été surpris outre mesure par cette révélation. Compte tenu de la position de notre gugusse au sein du Vatican, il va sans dire que le Saint Siège va subir les affres d’un vent réformateur et corrupteur.

Pour livrer son ultime combat, Poldek Tacit apparaîtra plus torturé que jamais. Tiraillé entre son amour pour Isabella et sa « destinée » (ou plus exactement celle que d’autres ont choisi pour lui), il va devoir se battre contre ses démons intérieurs et ces voix qui le tourmentent. Par moments il en apparaîtrait presque fragile, mais ne vous fiez pas aux apparences : ça reste Poldek et le gars ne fait pas vraiment dans la dentelle quand il s’agit de régler un problème.

Une conclusion en apothéose pour une trilogie qui n’en méritait pas moins. De loin le tome le plus sombre de la série mais bon quand un Antéchrist est de la partie on ne peut pas vraiment s’attendre à autre chose. Ce n’est pas à grand renfort de Pater Noster ou d’Ave Maria qu’on va le renvoyer dans ses 22 mètres ! Un bon coup de latte dans les burnes est parfois plus persuasif qu’une giclée d’eau bénite dans la tronche.

Comme dans le précédent tome, au fil des pages les alliances se font et se défont, quitte à défier parfois l’ordre naturel (spirituel ?) des choses. Il faut toutefois bien reconnaître qu’il n’y a pas d’énormes révélations lors de cette ultime confrontation.

« Petite » nouveauté du présent opus, certains personnages vont être amenés à voyager hors des frontières européennes pour mener à bien leur plan.

Une trilogie plutôt audacieuse et originale qui tire bien son épingle du jeu malgré quelques longueurs et redondances. Pour ma part Tarn Richardson fait désormais partie des auteurs à suivre de près (son prochain titre devrait être une revisite de l’histoire de Jack L’Eventeur, titre temporaire : Ripped).

Pour info en version originale une nouvelle – préquelle de la trilogie –, The Hunted, est disponible à titre gratuit. Juste pour boucler la boucle ce serait sympa que Sonatine nous la mette aussi à disposition.

[BOUQUINS] Tarn Richardson – Les Déchus

1915. Sur le front austro-hongrois, un jeune soldat surveillé par de mystérieux prêtres rejoint les troupes italiennes sur les hauteurs inquiétantes du Karst. Au même moment, au Vatican, la rumeur prétend que certains hauts dignitaires se sont livrés à des rituels sataniques et de la magie noire. Et le nombre de possessions démoniaques ne cesse d’augmenter. Un seul homme semble en mesure de régler la situation : l’Inquisiteur Poldek Tacit. Mais celui-ci est incarcéré à Toulouse. Et il n’a que peu de temps pour agir : déjà, les loups-garous errent dans les rues de Rome, plus dangereux que jamais.

Parce que c’est Sonatine, ceux et celles qui me lisent depuis déjà quelque temps savent que je signe les yeux fermés pour tout roman provenant de cette maison d’édition.

Parce que le premier opus, Les Maudits, m’avait fait forte impression. Il me tardait de retrouver Poldek Tacit, Isabella et les autres et d’en apprendre davantage sur la menace qui pèse sur le monde.

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

A la fin du précédent opus, Les Maudits, notre nouvel inquisiteur préféré, Poldek Tacit, se retrouvait dans une situation laissant peu d’espoir quant à son avenir. Situation dans laquelle il s’est lui-même engagé afin de protéger Isabella.

Quand on le retrouve au début du présent roman, on comprend effectivement que son séjour entre les mains des tortionnaires de l’Inquisition pourrait bien lui être fatal. Et pourtant, alors qu’un danger bien plus grand que le retour des loups-garous menace le monde, il semblerait que ce brave Tacit soit le seul à pouvoir enrayer le chaos en marche… Oui, mais non ! Parce que personne ne s’est jamais évadé des cachots de l’Inquisition, les prisonniers quittent la prison de Toulouse les pieds devant et après avoir subi bien des tourments.

Avec ce second opus, Tarn Richardson rebat les cartes de son intrigue, les loups ne constituent plus la plus grosse menace pour l’humanité. Au contraire, Sandrine et Henry vont même s’allier à Isabella pour contrecarrer le plan de la Main Noire (rien à voir avec la Mano Negra, le groupe de rock alternatif français).

La fameuse Main Noire est un groupe de satanistes qui préparent activement le retour de l’Antéchrist (rien que ça ! ils n’y vont pas de main morte). Mais avant le grand avènement de Satan, il faut d’abord invoquer les sept princes des enfers… et justement, les tueries liées au conflit mondial qui fait rage pourraient bien offrir le cadre idéal pour accomplir ce rituel maléfique.

Et pendant ce temps-là, au Vatican, les cardinaux restent fidèles à eux-mêmes. Ça complote à tout-va, certains préféreront tirer dans les pattes de leurs pairs, d’autres se voileront la face et d’autres se pisseront dessus sans pour autant se sortir les doigts du cul. Un vrai panier de crabes vérolés !

Les loups seront bel et bien de la partie, si les intentions de ceux menés par Sandrine sont claires (ce qui ne les empêche pas d’être du genre plutôt expéditif lors de leurs raids), il n’en va pas de même de celles d’un second meneur dont je tairais le nom, longtemps son objectif restera trouble.

Pour le reste Tarn Richardson reprend les ingrédients qui ont fait le succès du premier opus. Un rythme d’enfer servi par des chapitres courts, de la castagne à tout-va, des cadavres à la pelle, conséquence directe de mises à mort aussi brutales que sanglantes. Pour autant l’auteur ne surjoue pas avec ses effets, les événements s’intègrent parfaitement à l’intrigue pour donner un tout cohérent.

Au niveau historique, il situe une grande partie de son récit sur un front oublié de la Première Guerre mondiale, direction la Slovénie, sur le front de l’Isonzo et la bataille du Karst. Les armées italiennes et austro-hongroises vont se livrer une guerre impitoyable sur un terrain des plus inhospitalier.

Que vous dire de plus ? Pas grand-chose, sinon qu’il me tarde d’être au mois d’avril afin de découvrir Les Ressuscités, troisième et dernier tome de la série. Force est de reconnaitre qu’en refermant ce second tome, de nombreuses questions restent sans réponses et l’incertitude plane sur le sort de certains personnages.

[BOUQUINS] Tarn Richardson – Les Maudits

Arras, 1914. Sur la ligne de front, le lieutenant Henry Frost donne l’assaut. À sa grande surprise, sa troupe ne rencontre aucune résistance. Dans la tranchée adverse, les soldats allemands ont été tués, leurs corps atrocement déchiquetés.

Au même moment, le père Andreas est retrouvé sauvagement assassiné dans la cathédrale. Le Vatican décide d’envoyer l’inquisiteur Poldek Tacit. Sa mission : protéger l’Église de ceux qui cherchent à lui nuire. À n’importe quel prix.

Parce que c’est Sonatine et que ce titre est le second avec lequel la maison d’édition ouvre ses portes à une collection horreur d’une apparence kitsch délicieusement trompeuse.

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Et si je vous disais que, alors que la Grande Guerre embrasait l’Europe, les soldats des fronts britanniques et allemands étaient décimés par des hordes de loups-garous ? Je suppose que vous me regarderiez légèrement de travers… mais ce n’est pas tout, pour éradiquer ces méchantes bestioles, le Vatican envoie sur place un inquisiteur impitoyable. Cette fois pas de doutes, j’ai une araignée au plafond ! Il faut appeler les hommes en blanc !!!

Et si je vous disais que derrière un scénario aux allures de grand portnawak digne d’un film de série Z des années 70, se cachait une intrigue bien plus profonde que ne le laissent présager les apparences. Et si en plus les personnages avaient une réelle profondeur. Ça semble fortement improbable, et pourtant, Tarn Richardson l’a fait !

L’auteur situe le cœur de son intrigue sur le front nord de la France, à Arras et ses environs pour être précis. Les troupes britanniques et allemandes se font face, embourbées dans leurs tranchées, subissant tour à tour bombardements et assauts. Un face à face qui va prendre une toute autre toute tournure quand une troisième force va s’inviter dans ce jeu de massacre… Et en la matière le les loups-garous sont experts, teutons ou britishs c’est du pareil au même, juste de la barbaque sur pattes.

D’emblée le personnage de Poldek Tacit, l’inquisiteur, vous apparaîtra comme détestable à tout point de vue. Au fil des chapitres des flashbacks permettent de revivre son parcours personnel et professionnel, un parcours pour le moins éprouvant. Je n’irai pas jusqu’à dire que l’on en arrive à l’apprécier et à le comprendre, mais ça temporise tout de même notre première impression.

Je reste intimement convaincu que Tacit s’est fait enfumer (pour être poli) par l’Église concernant le drame ultime qui a forgé son personnage froid, violent et implacable – à confirmer par la suite. C’est dans l’alcool qu’il trouvera son refuge, boire pour oublier et ne jamais oublier de boire.

Il faut dire que l’Église catholique et le Vatican n’ont pas vraiment le beau rôle dans le roman de Tarn Richardson. Un vrai nid de frelons asiatiques ! J’avoue sans complexe que j’ai pris un réel plaisir à découvrir leurs magouilles, conspirations, manipulations et autres coups bas. Une approche qui permet à Tarn Richardson de revisiter l’origine des loups-garous, et force est de reconnaître que cela colle parfaitement à son intrigue.

Dans son combat contre les loups-garous de Fampoux, Tacit pourra compter sur une alliée de poids en la personne de sœur Isabella, une religieuse pour le moins atypique initialement mandatée pour enquêter – à charge – sur l’inquisiteur.

Parmi les autres personnages phares de l’intrigue, on peut citer le lieutenant Henry Frost, un officier britannique engagé sur le front d’Arras, ainsi que la mystérieuse et irrésistible Sandrine Prideux.

Les amateurs d’hémoglobine y trouveront aussi leur compte, les loups-garous ne faisant pas vraiment dans la dentelle quand ils décident de se faire un gueuleton entre potes. Toutefois le gore est bien dosé, inutile d’en faire des tonnes pour appuyer son propos.

Les Maudits est le premier opus d’une trilogie (The Darkest Hand en VO), le second opus est d’ores et déjà annoncé par Sonatine pour le mois d’octobre ; c’est avec grand plaisir que je répondrai présent à l’appel des loups.

Je note que les démons semblent faire une fixette sur les MILF adeptes de fellations infernales. Si vous avez vu ou lu L’Exorciste, vous n’avez certainement pas oublié la scène dans laquelle l’entité démoniaque lance au père Karras, venu exorciser Regan, que sa « mère suce des bites en enfer ». Notre cher inquisiteur Tacit, au cours d’un exorcisme particulièrement éprouvant, apprendra que sa défunte mère est elle aussi une fervente pratiquante de cette activité peu commune.  Le monde des enfers est petit…

[BOUQUINS] Giles Blunt – Grand Calme

AU MENU DU JOUR


Titre : Grand Calme
Série : Cardinal – Livre 6
Auteur : Giles Blunt
Éditeur : Sonatine
Parution : 2021
Origine : Canada (2012)
336 pages

De quoi ça cause ?

Ontario, Canada. Alors que l’hiver s’annonce particulièrement rude à Algonquin Bay, le corps d’un homme est retrouvé dans un motel de la région. Sa maîtresse, dernière personne à l’avoir vu vivant, a disparu. Bientôt, c’est le corps d’une autre femme qui est retrouvé dans un hôtel désaffecté. Dépêchés sur les lieux, les inspecteurs John Cardinal et Lise Delorme sont loin d’imaginer l’ampleur des ramifications qui sous-tendent leur enquête.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Sonatine et l’occasion de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

J’avoue que le duo Arctique / Canada a aussi fait pencher la balance en faveur de ce titre.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Sonatine et Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Si je ne connaissais pas Giles Blunt j’ai été étonné de découvrir que le gars n’en était pas son coup d’essai niveau littérature. Grand Calme est en effet le sixième roman mettant en scène le personnage de John Cardinal (le cinquième n’est pas disponible en version française, mais les quatre premiers ont été publié par les éditions du Masque).

Il existe même une série télé, Cardinal, qui en est à sa quatrième saison (saison qui porte justement Grand Calme à l’écran). Jamais entendu parler, malgré une diffusion assurée par Canal+ en France.

Cela dit ça ne m’a nullement empêché d’apprécier pleinement cette lecture, aussi bien au niveau de son intrigue que de ses personnages. Mais avec le recul je me dis que l’enquête sur laquelle revient Lise Delorme, la collègue de John Cardinal, est peut-être (?) abordée dans un des précédents romans.

L’intrigue se divise en trois arcs narratifs. L’enquête principale porte sur la scène de crime sur laquelle Cardinal et Delorme ont été appelé, un homme a été tué et sa maîtresse est portée disparue. Parallèlement Delorme va s’intéresser à un cold-case, le meurtre d’une femme pour lequel le véritable coupable n’a pas été condamné, une injustice qu’elle compte bien réparer, quitte à payer de sa personne. Enfin on suit le récit d’un scientifique basé sur une base dérivante en Arctique… et longtemps on se demandera quel est le lien entre cette expédition scientifique et l’enquête de Cardinal, même si on devine sans peine que les choses vont tourner au drame en Arctique.

Sur la forme Giles Blunt opte pour deux narrations totalement distinctes entre les enquêtes de Cardinal et Delorme et le journal de bord de Kit Durie. Ce dernier est parfois un peu poussif et mise sur une mise en page minimaliste ; heureusement le développement des relations entre les personnages et les événements vont finir par rendre ce récit aussi captivant que le reste du roman.

Le duo Cardinal / Delorme fonctionne bien même si leur relation est un peu distante, chacun ne sachant pas vraiment s’il est judicieux que leur amitié se transforme en quelque chose de plus intime. Giles Blunt met l’accent sur le côté humain de ses personnages, on s’identifie ainsi plus facilement à eux et, selon les traits de personnalité qu’ils développent, on se sent proches d’eaux, ou on les prend en grippe.

Ainsi si le Commissaire Chouinard passe le plus clair de son temps à grogner ou à gueuler, il n’en reste pas moins sympathique. A l’inverse de l’ambitieux Loach, imbu de lui-même à en devenir puant, qui brille dans l’art de brasser de l’air plus qu’autre chose.

Le personnage le plus ambigu reste sans conteste Leonard Priest, aussi sûr de lui que de sa totale invulnérabilité / impunité. Une assurance qui pourrait bien se retourner contre lui face à la détermination de Delorme.

Finalement Grand Calme est un thriller à l’intrigue rondement menée et au suspense addictif à souhait. Je dirai bien que je retrouverai volontiers Cardinal et Delorme pour la suite de leurs aventures mais ça risque d’être compliqué. En effet bien que publié en 2012 au Canada, c’est le sixième et dernier opus de la série à ce jour. À défaut je peux toujours me consoler en découvrant leurs enquêtes précédentes.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Adam Sternbergh – Population : 48

AU MENU DU JOUR

A. Sternbergh - Population : 48

Titre : Population : 48
Auteur : Adam Sternbergh
Éditeur : Super 8
Parution : 2018
Origine : USA (2017)
432 pages

De quoi ça cause ?

Caesura (Blind Town pour ses habitants) est un trou perdu sans aucune existence officielle au fin fond du Texas. Les résidents doivent se plier à 3 règles simples: aucun contact avec l’extérieur, aucune visite et aucun retour en arrière possible en cas de départ.

Tous les résidents font partie d’un programme ultra confidentiel. Tous ont eu une partie de leur mémoire effacée, celle qui justifie leur présence à Caesura. Criminels ayant balancé leurs boss ou témoins à protéger, nul ne le sait et c’est très bien ainsi.

La ville est placée sous l’autorité du shérif Calvin Cooper et de ses deux adjoints. Leur mission consiste essentiellement à régler des querelles de voisinage ou des bagarres d’ivrognes. Jusqu’au jour où un habitant est abattu d’une balle en pleine tête.

Quelques mois plus tôt, un autre s’était tiré une balle dans la tête. Une situation complexe pour Cooper étant donné qu’aucune arme, hormis la sienne, n’est autorisée à entrer à Caesura…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Super 8 et que je n’ai jamais été déçu, et même souvent très agréablement surpris, par cette maison d’édition.

Au cas où j’aurais encore des doutes, la couv’ et le pitch ont enfoncé le clou de la curiosité jusqu’à un point de non-retour.

Super 8 et NetGalley ayant donné une suite favorable à ma demande, il ne me restait qu’à embarquer pour Caesura, un bled paumé dans le trou du cul du Texas, population : 48 habitants…

Ma chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Super 8 et Net Galley pour leur confiance renouvelée, me permettant ainsi de découvrir un roman que je guettais depuis l’annonce de sa sortie.

Je ne saurai dire combien de thrillers j’ai lu, mais ça doit se compter en centaines, je ne m’en lasse pas et à aucun moment je ne me suis senti blasé ; certes je peux avoir envie de passer à autre chose de temps en temps, mais mon genre de cœur reviendra toujours au premier plan de mes lectures. Si je ne m’en lasse pas, c’est parce que de temps en temps je croise la route d’un bouquin qui arrive encore à me surprendre en s’aventurant sur des terrains encore inexplorés. Population : 48 fait incontestablement partie de ces romans.

Le titre déjà pourrait faire penser au cultissime Pop. 1280 de Jim Thompson (1275 Âmes dans sa première traduction, Pottsville, 1280 Habitants pour la dernière version en date), l’exergue citant justement une phrase de ce roman tendrait à nous conforter dans notre impression. Et pourtant il n’en est rien, sinon un choix délibéré (et bienvenu en l’occurrence) de la traduction française du roman, dont le titre original est The Blinds, en référence au petit nom donné à Caesura.

Et c’est justement Caesura qui distingue ce roman de ses pairs. Imaginez un petit bled paumé au cœur du désert, protégé par une clôture de 4 mètres, n’ayant aucune existence officielle et n’apparaissant sur aucune carte. Un bled dont tous les résidents ont volontairement demandé à ce qu’une partie (la part la plus obscure) de leur passé soit définitivement effacée de leur mémoire. Une nouvelle identité pour un nouveau départ au sein d’une communauté restreinte.

En soi c’est déjà un terreau plutôt fertile pour un auteur un tantinet doué, ajoutez-y une enquête de police et quelques grains de sables imprévus qui viendront mettre en péril le fragile équilibre de la ville, vous obtiendrez un thriller en huis clos totalement addictif. Un véritable page-turner que vous ne pourrez plus lâcher une fois happé par son implacable mécanique.

Vous l’aurez compris, Adam Sternbergh et bien plus qu’un tantinet doué ; c’est en véritable virtuose qu’il mène son intrigue et ses personnages.

Concernant l’enquête de police susmentionnée, l’auteur nous livre rapidement le nom du tueur, il faudra être un peu plus patient pour découvrir le pourquoi du comment de son geste. En fait ladite enquête n’est que la partie émergée de l’iceberg, l’essentiel se déroule à l’insu du plein gré des habitants de Caesura (mes fameux grains de sable).

L’enquête en question est menée par des enquêteurs qui ne sont pas de véritables flics. À commencer par le shérif Cooper qui arbore fièrement une étoile fantoche, tire comme un pied amputé du gros orteil et tend à avoir deux mains gauches amputées des pouces quand il s’agit de jouer des poings !

Quant à mes grains de sable, ils seront de deux types. À commencer par de nouveaux arrivants dont certains ont un comportement pour le moins étrange. Et, cerise sur le gâteau, des enquêteurs externes viendront piétiner les plates-bandes du shérif Cooper.

On a beau savoir que les habitants de Caesura ne sont certainement pas des enfants de chœur,on ne peut s’empêcher de les trouver sympathiques et de s’attacher à leur quotidien. Du coup on aurait plutôt tendance à prendre en grippe ceux qui viennent menacer l’équilibre de cette petite communauté, d’autant qu’il semble falloir y réfléchir à deux fois avant d’être tenté de leur donner le Bon Dieu sans confession…

Bien que l’intrigue soit résolument moderne, la situation même de Caesura tend à lui donner une ambiance western (une sensation renforcée par la couv’), il ne manque que ces buissons en boule portés par le vent pour s’imaginer au XIXème siècle au cœur du Far West. Ne serait-ce pas le son d’un harmonica que j’entends ?

Si l’intrigue ne prête pas particulièrement à rire, tirant même parfois franchement sur le glauque, la plume de l’auteur ne se départ jamais d’une certaine légèreté, n’hésitant pas, çà et là, à apporter quelques touches d’humour histoire de faire baisser la pression.

Une fois de plus Super 8 réussit à me bluffer avec un bouquin qui ne ressemble à nul autre.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jack Heath – Mange Tes Morts

AU MENU DU JOUR

J. Heath - Mange tes morts

Titre : Mange Tes Morts
Auteur : Jack Heath
Éditeur : Super 8
Parution : 2018
Origine : Australie (2017)
400 pages

De quoi ça cause ?

Timothy Blake est consultant pour le FBI, son sens de l’observation et son esprit de déduction en font un allié précieux pour résoudre une enquête. Et pourtant le Bureau ne se résigne à faire appel à lui qu’en tout dernier recours. Il faut dire que Timothy a aussi un goût immodéré pour la viande humaine, en cas de succès, son paiement se fait en nature…

Quand un adolescent de 14 ans est kidnappé avec demande de rançon à payer dans un délai très court, Timothy Blake est appelé en renfort. Mais dans cette enquête rien ne va se dérouler comme prévu ; Timothy serait-il tombé sur plus malin que lui ?

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Super 8 et que cet éditeur a le don de me surprendre presque à tous les coups… à défaut de surprise, la déception n’a jamais été au rendez-vous.

Parce que le titre, la couv’ et le pitch m’ont paru particulièrement appétissants, si j’ose dire (ah bin oui, j’ai osé) !

Ma chronique

Vous pensez avoir tout lu et tout vu en matière de thriller ? Nul doute qu’avec Mange Tes Morts Jack Heath saura surprendre même les plus blasés (et les plus exigeants) d’entre vous. Il faut dire que son héros est un mix entre Sherlock Holmes et Hannibal Lecter, un enquêteur brillant, mais aussi un cannibale perpétuellement affamé…

Premier challenge de taille pour l’auteur, nous faire aimer un personnage que l’on ne voudrait surtout pas avoir comme voisin (le gars t’invite à bouffer, tu ne sais pas si tu es un hôte ou le plat principal). Un challenge réussi sans faillir, d’abord la vie de ce brave Timothy n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, puis il ne se nourrit quasiment que de viande morte (pas faisandée, fraîchement exécutée au pénitencier du coin), s’il déroge à cette règle c’est que sa victime (son repas donc) n’était pas franchement un enfant de choeur.

Non seulement on sent que l’auteur aime vraiment son personnage, mais il réussit à nous faire partager son engouement et son empathie pour Thimothy Blake ; du coup on lui passe ses « petits » travers…

Rien qu’avec ça vous serez certainement d’accord avec moi pour reconnaître que Mange Tes Morts ne détonne pas au sein du catalogue de Super 8. Un thriller pur jus (aucun élément fantastique dans l’intrigue), mais totalement atypique.

Pour rester dans l’originalité, les titres de chapitres sont de courtes énigmes façon Fort Boyard (sans la voix chevrotante du vieux décrépi du fort). Si vous ne trouvez pas la réponse, ou si vous n’avez pas envie de vous creuser les méninges, toutes les réponses figurent à la fin du roman (certaines sont assez simples, d’autres nettement plus coriaces).

Le récit est à la première personne, histoire de nous plonger en totale immersion dans les méandres de l’esprit de Timothy et de suivre son raisonnement au fil de l’enquête. Une enquête qui ne manquera pas de rebondissements et de surprises (bonnes, parfois ou mauvaises, souvent) pour Timothy (et par prolongement pour nous, lecteurs).

Si l’intrigue est portée par Timothy, il pourra compter sur l’aide de l’agent Reese Thistle, chargée initialement de le chaperonner afin qu’il reste dans les clous, mais finira par s’impliquer à fond dans l’enquête à ses côtés. D’autres rencontres, plus ou moins sympathiques, viendront pimenter l’enquête.

La plume de Jack Heath sera tour à tour incisive ou plus légère, les touches d’humour viennent, çà et là, faire retomber la tension sans pour autant nuire au rythme. L’auteur ne sombre pas dans la surenchère, comme un chef cuisinier, il sait maintenir l’équilibre des saveurs et des ingrédients qu’il déploie.

Si l’intrigue se déroule exclusivement au Texas, l’auteur est quant à lui Australien.

Difficile d’imaginer que Jack Heath s’était, avant d’écrire ce roman, cantonné dans la littérature jeunesse et young adult. Je ne vous conseille pas de laisser traîner ce bouquin à portée de lecteurs non avertis, sinon la prochaine fois que vous lui servirez un steak, il (ou elle) pourrait bien faire un malaise à table ou s’enfuir en hurlant…

La quatrième de couv’ précise, non sans humour, que « Ce thriller survolté et sans tabou ne vous laissera aucun répit. Accessoirement, il se pourrait qu’il vous incite à devenir végétarien« . Pour le premier point, je confirme ; quant au second c’était pour ma part un pari perdu d’avance, je suis un carnivore assumé et compte bien le rester !

MON VERDICT

[BOUQUINS] Daniel O’Malley – The Rook

D. O'Malley - The RookAprès le tsunami interne provoqué par Reflex j’avais besoin d’un peu de légéreté histoire de faire baisser la pression ; le hasard faisant bien les choses (à ce qu’il parait) les éditions Super 8 proposent un titre qui semble parfait pour ce genre de chose. La chose en question nous vient d’Australie, l’auteur, Dan O’Malley, signe avec The Rook, son premier roman.
Myfanwy Thomas se réveille dans un parc, totalement amnésique et entourée de cadavres. Prévoyante, son ancien moi lui a laissé des instructions écrites pour lui parler d’elle et de son rôle phare au sein de la Checquy, une organisation secrète qui regroupe des agents dotés de pouvoirs surnaturels chargés de protéger les iles Britanniques des forces occultes. Mifanwy va devoir réapprendre sa vie et vite, car le temps presse, un haut responsable de la Checquy est un traître…
Imaginez ce que pourrait donner un mix habile entre les Avengers, Fringe et… Johnny English, impossible me direz-vous. Et pourtant Daniel O’Malley l’a fait, et l’a bien fait qui plus est ! Comme vous pouvez vous en douter le résultat de ce cocktail explosif est totalement déjanté, mais traité avec intelligence, un OLNI qui se lit avec délice.
Si vous aimez ranger vos bouquins dans des cases bien définies, oubliez The Rook ! Il est la parfaite illustration de la littérature SFFF (Science Fiction, Fantasy et Fantastique) puisqu’il mélange ces trois genres avec un soupçon d’espionnage et un max d’humour. D’ailleurs je pourrais l’inscrire comme invité surprise à mon challenge SF (ah bin voilà c’est fait).
Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les super-héros, ceux de la Checquy ont des pouvoirs que Marvel n’aurait jamais pu imaginer. Certains sont plus orientés vers l’attaque, alors que d’autres privilégient la défense ; enfin il y en a quelques uns qui sont d’une inutilité absolue.
Avec Myfanwy (comme Tiffany mais avec un M à la place du T) vous aurez le droit à deux personnages pour le prix d’un. D’une part via les notes laissées par l’ancienne Myfanwy, d’autre part en suivant l’actuelle Myfanwy. Et vous pouvez me croire ce sont bel deux personnalités radicalement différentes qui ont habitées ce même corps.
Myfanwy peut, d’un simple contact, prendre le contrôle de sa cible, un contrôle absolu (le corps, les organes, le système nerveux…). Soyez assurés que ce n’est pas le personnage le plus surprenant de la Checquy, vous aurez le droit à une galerie de portraits et de personnalités aussi originaux que barrés.
L’auteur pourrait se contenter de jouer à fond la carte de l’absurde au détriment de son intrigue mais, comme je l’ai indiqué plus haut, il a placé la barre un cran plus haut en misant sur des situations et dialogues complètement loufoques, tout en entretenant une intrigue aussi solide que prenante. Un exercice d’équilibriste parfaitement maîtrisé qui détend les zygomatiques tout en jouant avec nos nerfs.
Daniel O’Malley est d’origine australienne, il a grandi et fait ses études aux Etats-Unis avant de retourner vivre en Australie. Pour son premier roman, il a choisi de situer son intrigue en Angleterre mais la Belgique y tient aussi une place de premier choix, place que je vous laisse découvrir.
Publié en 2012 en Australie, le bouquin a été bien accueilli par la critique et le public, il se verra d’ailleurs récompensé du Aurealis Award (un prix littéraire australien dédié à la SFFF) du meilleur roman de SF la même année.
Pour info le titre original, The Rook, conservé dans la version française, désigne la tour dans un jeu d’échec, ce qui correspond aussi au grade de Mifanwy au sein de la Checquy. L’auteur travaille déjà sur une suite, de son propre aveu le bébé est sur la bonne voie, même s’il se refuse à annoncer une date de publication. Quoi qu’il en soit je l’attends avec impatience, c’est avec un immense plaisir que je replongerai au coeur de la Checquy et de ses intrigues hors normes.

Peut être trouverez-vous étrange mon enthousiasme manifeste pour ce bouquin comparé au temps que j’ai mis pour le lire (10 jours) ; la faute n’est pas inhérente au roman (que j’ai adoré, je confirme, encore et encore) mais à un emploi du temps professionnel particulièrement chargé. Après une journée de 10 heures (et plus si affinités), je suis plus attiré par la bouteille de Jack Daniel’s que par ma liseuse.