AU MENU DU JOUR
Titre : Mange Tes Morts
Auteur : Jack Heath
Éditeur : Super 8
Parution : 2018
Origine : Australie (2017)
400 pages
De quoi ça cause ?
Timothy Blake est consultant pour le FBI, son sens de l’observation et son esprit de déduction en font un allié précieux pour résoudre une enquête. Et pourtant le Bureau ne se résigne à faire appel à lui qu’en tout dernier recours. Il faut dire que Timothy a aussi un goût immodéré pour la viande humaine, en cas de succès, son paiement se fait en nature…
Quand un adolescent de 14 ans est kidnappé avec demande de rançon à payer dans un délai très court, Timothy Blake est appelé en renfort. Mais dans cette enquête rien ne va se dérouler comme prévu ; Timothy serait-il tombé sur plus malin que lui ?
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que c’est Super 8 et que cet éditeur a le don de me surprendre presque à tous les coups… à défaut de surprise, la déception n’a jamais été au rendez-vous.
Parce que le titre, la couv’ et le pitch m’ont paru particulièrement appétissants, si j’ose dire (ah bin oui, j’ai osé) !
Ma chronique
Vous pensez avoir tout lu et tout vu en matière de thriller ? Nul doute qu’avec Mange Tes Morts Jack Heath saura surprendre même les plus blasés (et les plus exigeants) d’entre vous. Il faut dire que son héros est un mix entre Sherlock Holmes et Hannibal Lecter, un enquêteur brillant, mais aussi un cannibale perpétuellement affamé…
Premier challenge de taille pour l’auteur, nous faire aimer un personnage que l’on ne voudrait surtout pas avoir comme voisin (le gars t’invite à bouffer, tu ne sais pas si tu es un hôte ou le plat principal). Un challenge réussi sans faillir, d’abord la vie de ce brave Timothy n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, puis il ne se nourrit quasiment que de viande morte (pas faisandée, fraîchement exécutée au pénitencier du coin), s’il déroge à cette règle c’est que sa victime (son repas donc) n’était pas franchement un enfant de choeur.
Non seulement on sent que l’auteur aime vraiment son personnage, mais il réussit à nous faire partager son engouement et son empathie pour Thimothy Blake ; du coup on lui passe ses « petits » travers…
Rien qu’avec ça vous serez certainement d’accord avec moi pour reconnaître que Mange Tes Morts ne détonne pas au sein du catalogue de Super 8. Un thriller pur jus (aucun élément fantastique dans l’intrigue), mais totalement atypique.
Pour rester dans l’originalité, les titres de chapitres sont de courtes énigmes façon Fort Boyard (sans la voix chevrotante du vieux décrépi du fort). Si vous ne trouvez pas la réponse, ou si vous n’avez pas envie de vous creuser les méninges, toutes les réponses figurent à la fin du roman (certaines sont assez simples, d’autres nettement plus coriaces).
Le récit est à la première personne, histoire de nous plonger en totale immersion dans les méandres de l’esprit de Timothy et de suivre son raisonnement au fil de l’enquête. Une enquête qui ne manquera pas de rebondissements et de surprises (bonnes, parfois ou mauvaises, souvent) pour Timothy (et par prolongement pour nous, lecteurs).
Si l’intrigue est portée par Timothy, il pourra compter sur l’aide de l’agent Reese Thistle, chargée initialement de le chaperonner afin qu’il reste dans les clous, mais finira par s’impliquer à fond dans l’enquête à ses côtés. D’autres rencontres, plus ou moins sympathiques, viendront pimenter l’enquête.
La plume de Jack Heath sera tour à tour incisive ou plus légère, les touches d’humour viennent, çà et là, faire retomber la tension sans pour autant nuire au rythme. L’auteur ne sombre pas dans la surenchère, comme un chef cuisinier, il sait maintenir l’équilibre des saveurs et des ingrédients qu’il déploie.
Si l’intrigue se déroule exclusivement au Texas, l’auteur est quant à lui Australien.
Difficile d’imaginer que Jack Heath s’était, avant d’écrire ce roman, cantonné dans la littérature jeunesse et young adult. Je ne vous conseille pas de laisser traîner ce bouquin à portée de lecteurs non avertis, sinon la prochaine fois que vous lui servirez un steak, il (ou elle) pourrait bien faire un malaise à table ou s’enfuir en hurlant…
La quatrième de couv’ précise, non sans humour, que « Ce thriller survolté et sans tabou ne vous laissera aucun répit. Accessoirement, il se pourrait qu’il vous incite à devenir végétarien« . Pour le premier point, je confirme ; quant au second c’était pour ma part un pari perdu d’avance, je suis un carnivore assumé et compte bien le rester !