My name is Bonded… Jack Bonded

Au menu de l’apéro d’hier un petit nouveau sorti des distilleries Jack Daniel’s. Retour aux basiques après plusieurs recettes liquoreuses (Honey, Tennessee Fire et Apple) avec ce Jack Daniel’s Bonded.

Kezako Bonded ? Pour justifier de cette appellation le whiskey doit respecter le cahier des charges du Bottle-in-Bond et ainsi répondre à quatre critères :
– Provenir d’une seule distillerie
– Être le fruit d’une seule et même saison de distillation
– Être vieilli en fûts de chêne pendant au moins 4 ans
– Être embouteillé à 50° (100 proof)

Pour donner à son whiskey une griffe unique, les distilleurs partent de leur mashbill (mélange de céréales) initial (commun à toute la gamme Jack Daniel’s en dehors des Rye), composé à 80% de maïs, 12% d’orge maltée et 8% de seigle. Marque de fabrique du Jack, l’alcool est filtré au goutte à goutte sur du charbon d’érable (c’est le fameux Lincoln County Process) avant d’être mis en fûts. Les fûts pour le vieillissement sont sélectionnés manuellement avant d’être entaillés à l’intérieur afin que l’alcool s’imprègne davantage du goût du bois. Enfin,

Fin de la théorie, il est grand temps de passer à la dégustation. On ne va pas se mentir la première gorgée chauffe le gosier plus qu’autre chose (sans toutefois vous donner l’impression d’avaler des braises ardentes comme ça peut être le cas avec d’autres whiskeys). Ce n’est qu’à la suivante que les arômes vont se libérer en bouche, d’abord le bois de chêne puis le goût fumé du charbon pour s’achever sur une note plus douce, savant mélange de caramel et d’épices.

Vous le savez sans doute, je ne suis pas particulièrement copain avec modération quand il s’agit de taquiner l’apéro, toutefois pour l’occasion je recommande d’y aller avec parcimonie pour apprécier pleinement ce breuvage. Dans le cas contraire vous vous retrouverez rapidement avec la bouche et le palais complétement anesthésiés.

[BOUQUINS] David Joy – Les Deux Visages Du Monde

Après quelques années passées à Atlanta, Toya Gardner, une jeune artiste afro-américaine, revient dans la petite ville des montagnes de Caroline du Nord d’où sa famille est originaire. Déterminée à dénoncer l’histoire esclavagiste de la région, elle ne tarde pas à s’y livrer à quelques actions d’éclat, provoquant de violentes tensions dans la communauté.

Au même moment, Ernie, un policier du comté, arrête un mystérieux voyageur qui se révèle être un suprémaciste blanc. Celui-ci a en sa possession un carnet dans lequel figurent les noms de notables de la région. Bien décidé à creuser l’affaire, Ernie se heurte à sa hiérarchie.

Quelques semaines plus tard, deux crimes viennent endeuiller la région. Chacun va alors devoir faire face à des secrets enfouis depuis trop longtemps, à des mensonges entretenus parfois depuis plusieurs générations.

Parce que le duo Sonatine / David Joy a déjà fait ses preuves, avant même d’ouvrir le roman on sait que c’est une lecture qui nous prendra aux tripes et nous remuera les méninges.

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Dans ce roman David Joy aborde de front les thèmes du racisme et des traditions, deux thématiques qui s’opposeront dans cette bourgade de Caroline du Nord en apparence si paisible. En effet pour certains la statue d’un soldat confédéré est une insulte et une ode au suprémacisme Blanc, pour d’autres ce n’est qu’un rappel historique sans aucune arrière-pensée.

Le meurtre brutal d’une jeune étudiante noire et l’agression d’un adjoint du sheriff va exacerber les tensions entre les communautés. S’il y a un racisme affiché et revendiqué dans les mots et dans les faits par certains, il en est un plus insidieux fait de mots anodins pour celui qui les prononce mais qui peuvent blesser celui qui les entend. Il est parfois plus facile d’adopter la politique de l’autruche plutôt que d’affronter la vérité en face, mais quoi qu’il en soit, ce n’est pas parce qu’on ne parle pas de quelque chose que cette chose n’existe pas.

Une fois de plus David Joy trouve les mots justes afin que les lecteurs puissent avoir les deux sons de cloche sans aucun parti pris de sa part (inutile, les faits parlent d’eux-mêmes). Il parvient avec intelligence à nous pousser à nous questionner sur ces réflexions qui ressemblent davantage à des clichés de péquenots incultes qu’à de véritables jugements de valeur ; je doute fort que nous soyons nombreux à ne pas être, au moins une fois, tombé dans le piège de ces raccourcis réducteurs.

Si l’auteur ne néglige pas son intrigue, il faut bien reconnaître que ce sont les échanges entre les différents personnages qui nous interpellent plus que les faits eux-mêmes. Des échanges souvent vifs au cours desquels certains semblent découvrir un fossé qu’ils préféraient ignorer.

L’intrigue à proprement parler va se tisser à travers les deux enquêtes, l’une pour meurtre, menée par l’inspectrice Leah Green, l’autre pour agression dirigée par le sheriff Coggins. Pour la seconde nul besoin d’être le fils illégitime d’Hercule Poirot et de Miss Marple pour deviner qui est à l’origine de l’attaque… mais encore faut-il parvenir à le faire tomber et à identifier ses nombreux complices. Le meurtre en revanche donnera plus de fil à retordre, c’est presque par manque de suspects que l’on viendra à s’interroger sur le véritable rôle d’un personnage.

Pour servir son intrigue David Joy va s’appuyer sur des personnages forts, certains seront d’emblée attachants (je pense aux trois générations de la famille Jones/Gardner, Vess, Dayna et Toya), d’autres méprisables au plus haut point (tels William Dean Cawthorn ou Ash Slade, qui représentent les deux faces d’une même pièce). N’allez surtout pas croire que l’auteur va jouer la carte de la facilité manichéenne, dans leur grande majorité les personnages ne sont ni tout noirs, ni tout blancs, mais plutôt en nuances (plus ou moins foncées) de gris.

Un roman noir qui vous prendra aux tripes et vous fera passer par un large panel d’émotions. Un sujet grave et plus que jamais d’actualité avec la réélection de Donald Trump, traité avec intelligence et beaucoup d’humanité.

Conséquences des exactions de mai 2024 sur l’économie calédonienne

Pour ceux et celles que ça intéresse, je vous invite à consulter le point de conjoncture publié par l’ISEE (téléchargez le PDF pour un point complet).

Une partie de mon activité est consacrée au suivi au quotidien des différents dispositifs de chômage, en montants indemnisés, en nombre de chômeurs indemnisés et en nombre d’entreprises impactées par les dispositifs spécifiques. Je confirme simplement que le point de conjoncture de l’ISEE ne fait qu’un bilan provisoire des exactions.

D’autres conséquences sont difficilement chiffrables mais impacteront encore longtemps l’économie du territoire (certains parlent de 5 ans avant un retour à une situation économique viable… ça me paraît vachement optimiste comme projection, mais je ne suis pas un expert). Qu’il s’agisse des entreprises ou établissements détruits et / ou pillés, des structures de santé ou éducatives qui ont subi le même sort, sans oublier les particulier qui ont payé (et continuent de payer) le prix fort de ces exactions.

C’est tout ce que je dirai sur le sujet, j’ai fait le choix depuis le départ de ne pas m’épancher simplement parce que ce serait inutile… je n’en pense pas toutefois pas moins (et même sans aucun doute beaucoup plus que tout ce que vous pouvez imaginer).

Concession Renault à Magenta

Magasin Décathlon à Koutio

Magasin Conforoma à Koutio

Société Le Froid à la Vallée du Tir

[BOUQUINS] Jean Reno – Emma

Rien ne prédestinait Emma à vivre une telle aventure. Masseuse dans un centre de thalassothérapie en Bretagne, et encore bouleversée par la disparition de sa mère, elle est envoyée, à 28 ans, au sultanat d’Oman pour former les équipes d’un centre de bien-être. À la tête de cet établissement luxueux, le très séduisant fils d’un ministre influent.

Mais celle dont les mains font des merveilles se retrouve au cœur d’une incroyable affaire d’état. Pourchassée par des hommes du palais de Mascate, elle devient la femme à abattre. Face aux pièges qui lui sont tendus, une autre Emma se révèle alors. Redoutable. Intrépide. Et qui pourrait bien faire le bonheur des services secrets français…

Je reconnais sans complexe que c’est la curiosité qui m’a poussé vers ce bouquin. Plus que le pitch à proprement parler, c’est surtout l’envie de découvrir une nouvelle facette de Jean Reno qui a motivé mon choix de lecture.

Comme la plupart d’entre nous je connais Jean Reno en tant qu’acteur dont la carrière a d’abord été boostée par Luc Besson qui lui confiera des rôles secondaires dans Le Dernier Combat et Subway avant de le mettre en avant dans Le Grand Bleu, Nikita et Léon. Mais c’est surtout son interprétation de Godefroy de Montmirail dans Les Visiteurs de Jean-Marie Poiré qui marquera les esprits (et les zygomatiques) du public.

Au vu de la grande diversité des rôles qu’il a pu interpréter au fil de sa carrière d’acteur, il était difficile d’imaginer quel ton il donnerait à Emma, son premier roman. S’agissant d’un thriller d’espionnage, j’espérais retrouver une certaine noirceur dans le traitement de son intrigue.

Nous allons donc faire connaissance avec Emma, une masseuse dans un centre de thalassothérapie du Morbihan. D’emblée on découvre un personnage fortement marqué par un drame personnel et qui traîne depuis un lourd sentiment de culpabilité. Un personnage que l’auteur parvient facilement à rendre attachant avec son côté électron libre. Et puis elle a un chat, c’est donc forcément quelqu’un de bien !

De fil en aiguille (et surtout après une séance de massage) notre sympathique Emma va se retrouver à Oman où va elle va devoir former l’équipe en charge des massages dans un impressionnant complexe de thalassothérapie. Les choses sérieuses peuvent alors commencer…

C’est presque à l’insu de son plein gré que la formatrice va se retrouver à jouer les espionnes au service de la France. Je reconnais volontiers que l’ensemble est plutôt agréable à lire, mais n’espérez pas de brusques montées d’adrénaline, ça reste globalement très gentillet.

Si je ne crache sur de la guimauve en friandise (aaah les Chamallows de Haribo), j’en suis nettement moins friand quand elle s’invite dans une intrigue où elle ne s’imposait pas. Une touche de romance à la James Bond ça passe, mais quand ça dégouline de toute part on frôle l’indigestion. J’ai parfois eu la désagréable impression d’avoir un bouquin Harlequin entre les mains.

À sa décharge Jean Reno avoue avoir eu dans l’idée d’écrire avant tout une histoire romantique, pas de bol pour moi j’ai lu cette interview après avoir lu le roman.

Ce serait malhonnête de ma part de dire que ce bouquin est condamné au naufrage ou aux oubliettes, franchement je ne me suis pas ennuyé un seul instant en le lisant. Je le referme juste avec une pointe de déception face à des attentes non satisfaites.

Même si l’auteur reste dans le vague quant à une éventuelle suite, la fin laisse une porte grande ouverte à un prochain retour d’Emma 007. Malgré un ressenti mi-figue, mi-raisin je répondrai présent en espérant que les faiblesses de ce premier roman seront rectifiées.

[BOUQUINS] Julien Guerville – Mordre

Dans un monde dévasté, Zaïn et son père Yaoru roulent vers Asram. Là-bas, un groupe de survivants aurait trouvé un remède contre la maladie qui ronge Yaoru et lui fait perdre peu à peu son humanité. Père et fils affrontent le froid, le manque de tout. Et les Z qui peuvent surgir à tout moment.

Au long de cette odyssée en terre hostile, Yaoru voit sa vie défiler devant ses yeux : son enfance au cœur des marais, son père tueur de reptiles, la lutte des chamans contre la nature, qu’ils disaient coupable de tous les maux. Dans son délire fiévreux, il prend conscience des décisions qui ont modelé son destin, celui de son fils et peut-être celui de l’humanité tout entière.

S’il est vrai que la littérature post-apocalyptique sauce zombiesque foisonne de titres divers et variés, c’est un domaine auquel peu d’auteurs francophones viennent se frotter. C’est donc essentiellement poussé par la curiosité que je me suis plongé dans ce roman.

Je remercie les éditions Julliard et la plateforme Net Galley pour leur confiance.

J’avoue très honnêtement qu’en sollicitant ce roman je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, le pitch est suffisamment explicite pour situer l’intrigue dans un monde post-apocalyptique en proie à des méchants zombies affamés de chair fraîche. Force est de constater que ce n’est pas vraiment le genre de prédilection des écrivains français, même si certains ont su brillamment tirer leur épingle du jeu (l’exemple le plus récent qui me vient à l’esprit étant le diptyque Les Décharnés de Paul Clément).

En revanche c’est un thème qui ne cesse d’inspirer les auteurs outre-Atlantique, tant et si bien que l’on en arrive à se demander si tout a déjà été fait et raconté en matière de zombies (ils ont même osé le zombie à la sauce guimauve). Mordre, le roman de Julien Guerville vient à point nommé nous prouver qu’il est encore possible de surprendre et d’innover en matière d’apocalypse zombie.

Difficile, pour ne pas dire impossible, de situer le récit aussi bien dans le temps que dans l’espace même si la notion de bayou fait inévitablement penser à la Louisiane. Mais sommes-nous vraiment dans le même monde que celui du roman ? Rien n’est moins sûr – ce qui tendrait plutôt à être rassurant, vu la tournure que prennent les événements.

L’auteur ose jouer la carte du post-apocalyptique écologique, la mutation zombie étant la conséquence plus au moins directe du fait que les hommes se soient détournés de la nature au profit de dieux qu’ils ont inventés. Dit comme ça j’ai bien conscience que ça peut paraître un peu bancal, mais je vous garantis que la sauce prend bien à la lecture du roman.

Au fil des chapitres on alterne entre l’intrigue présente (Zaïn et son père, infecté, sont à la recherche d’une cité sanctuaire) et l’histoire de la famille de Zaïn, son père, Yaoru et le grand-père. Une histoire indissociable du marais et ses crocodiles. D’abord en tant que proies puisque le grand-père est le dernier des Kaijus (les plus grands chasseurs de crocodiles, le bras armé des chamans dans leur guerre contre la nature qu’ils jugent hostile). Une tradition transmise de père en fils jusqu’à ce que Yaoru lance un pavé dans la mare et marque la fin d’un cycle en privilégiant l’élevage au sein d’une ferme qui ne cesse de prospérer. Une histoire de famille au sein de laquelle la communication père-fils est des plus ténues…

Si le relationnel entre les vivants est l’un des thèmes principaux de l’intrigue, le côté post-apo zombiesque ne sert pas uniquement de faire valoir. La survie est bel et bien la préoccupation majeure de Zaïn et Yaoru au cours de leur quête d’Asram, un sanctuaire qui ferait presque office d’Eden au vu de la prolifération Z. Une survie qui passera bien souvent par la confrontation directe avec d’autres survivants.

Si l’origine du fléau Z offre une approche inédite (à ma connaissance en tout cas), on retrouve tous les codes du genre au fil des pages. Julien Guerville parvient à les adapter à son propos en nous livrant un ensemble plutôt convaincant… même s’il demande un peu de temps d’adaptation de la part des lecteurs.

Pas non plus de quoi révolutionner le genre mais le roman vaut le détour ne serait-ce que pour découvrir sa vision du « monde d’avant » et les funestes conséquences de l’idolâtrie des hommes. J’avoue volontiers que c’est un propos qui trouve facilement écho dans ma façon de percevoir les choses en général, et plus particulièrement les religions.

[BOUQUINS] Franck Thilliez – Norferville

Détective et criminologue à Lyon, Teddy Schaffran apprend que le corps de sa fille a été découvert dans une ville minière très isolée du Grand Nord québécois, Norferville. Morgane a été sauvagement mutilée, abandonnée dans la neige non loin d’une réserve autochtone. Sans réfléchir, Teddy plaque tout pour se rendre sur place, bien décidé à comprendre ce qui s’est passé.

Là-bas, Léonie Rock, une flic métisse, est mise sur l’affaire. Elle est alors contrainte de renouer avec cet endroit coupé de tout où elle est née et où, adolescente, trois inconnus l’ont violée. Un retour vers son enfer, alors que les températures frôlent les -20°C.

Ensemble, ces deux êtres éprouvés par la vie vont se démener pour trouver des réponses malgré l’inhospitalité de la nature et des hommes.

Parce que c’est Franck Thillez, une plume incontournable du thriller francophone et l’assurance de découvrir une intrigue qui nous scotchera au bouquin et ne manquera pas de nous surprendre.

Afin de changer d’air j’ai décidé de m’offrir une escapade dans le grand nord québécois en compagnie de Franck Thilliez. Vous vous doutez bien qu’avec un pareil maître de cérémonie cette escapade ne sera pas vraiment une promenade de santé.

Le cadre déjà est on ne peut plus éloigné des clichés façon carte postale du Grand Nord. Un bled paumé au fin fond de nulle part, accessible seulement par train… quand les conditions météo le permettent. Une petite ville qui ne doit sa survie qu’à l’exploitation minière voisine. Une exploitation qui divise un peu plus une population scindée en deux blocs avec les occidentaux d’un côté et les autochtones amérindiens de l’autre.

Cerise sur le gâteau, Franck Thilliez décide de poser son intrigue au cœur de l’hiver… Un hiver qui peut s’avérer mortel à plus d’un titre en cas d’imprudence. Voilà le décor est planté.

Léonie Rock, lieutenant à la Sûreté du Québec, espérait bien ne jamais remettre les pieds à Norferville. Adolescente elle a été, avec une amie, victime d’une agression restée impunie. C‘est une affaire de meurtre avec une victime européenne qui va la contraindre à retourner là-bas et à se confronter à ses démons passés.

Le père de la victime, Teddy Schaffran, un détective et « profiler » français, lui sera un précieux renfort pour cette enquête qui s’annonce particulièrement complexe… et pourrait bien n’être que la partie visible d’un iceberg encore plus sordide.

Dans ce roman Franck Thilliez fait quasiment de l’environnement un personnage à part entière, à tel point que c’est parfois lui seul qui déterminera ce que les personnages pourront faire, ou, au contraire, se verront condamner à ne pouvoir faire. Un contexte qui va influer directement sur certaines phases de l’intrigue.

L’auteur sait y faire pour rendre son intrigue totalement addictive et l’émailler de quelques rebondissements parfois inattendus. A l’instar de Léonie et Teddy, plus d’une fois nous ne saurons plus vraiment qui est digne de confiance ou non parmi les personnes interrogées. Il faut dire que les enjeux ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

Avec ce roman l’auteur nous propose une sorte de huis clos à ciel ouvert, certes les personnages ne sont pas enfermés dans une même pièce, mais c’est la ville et ses environs sont coupées du monde par des centaines de kilomètres de terres enneigées et une météo aussi chaotique qu’imprévisible.

L’intrigue est rondement menée, pas forcément à un train d’enfer mais ça colle plutôt bien au climat, comme si le froid ambiant tétanisait tout ce qu’il frappe. Si je devais émettre un bémol je dirais que le fin mot de l’histoire est un peu trop prévisible. J’aurai aimé quelque chose de plus surprenant, une révélation qui nous laisse vraiment sur le cul plutôt que ce timide « ah bin ouais » un tantinet désabusé…

Si Norferville est issue de l’imagination de Franck Thilliez, il reconnaît volontiers s’être largement inspiré de villes minières bien réelles bâties sur le même modèle. Simplement il ne voulait pas que son intrigue puisse être rattachée à un endroit existant afin de ne pas entacher son image. Tout ce qui a trait aux disparitions, viols et meurtres de femmes autochtones est malheureusement une triste réalité qui commence lentement mais sûrement à sortir de l’oubli.

[BOUQUINS] Estelle Tharreau – Contre L’Espèce

Le miracle écologique a eu lieu. Partout sur la planète, des recycleurs démontent l’ancien monde et la nature reprend ses droits. Seuls subsistent les hypercentres où chaque acte de la vie est piloté par huit plateformes numériques.

Mais que se passe-t-il lorsqu’il ne reste plus rien à démonter et que les dirigeants de ces plateformes fomentent des projets génocidaires ?

Quel destin attend John, le recycleur désabusé, Futhi, la jeune aveugle presciente, Olsen, le policier subversif, Ousmane, l’homme qui en sait trop, et Rosa, la ravisseuse du petit Willy ?

Parce que c’est Taurnada et l’occasion de retrouver Estelle Tharreau dans un registre différent.

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, désormais partenaire de la plateforme Net Galley, pour sa confiance renouvelée.

Si Estelle Tharreau s’est surtout illustrée dans le domaine du polar, souvent sur fond très noir, elle n’est pas pour autant totalement novice dans le registre de la science-fiction. On lui doit en effet le recueil Digital Way Of Life dans lequel elle s’interrogeait sur l’influence grandissante des nouvelles technologies dans notre quotidien.

Avec Contre L’Espèce l’auteure pousse son approche à l’extrême, elle nous offre en effet une dystopie d’une noirceur absolue. Un univers glauque et oppressant à souhait qui laisse bien peu d’espoir aux survivants.

Tout commence pourtant pas si mal – quoique l’on devine qu’il y a un fort prix à payer derrière ce bonheur 100% numérique –, on en viendrait presque à penser que le monde de demain est enfin débarrassé des nombreux travers de celui que l’on connaît aujourd’hui… Bon OK, ce n’est pas forcément vrai pour tout le monde, des privilégiés quasiment sous assistance numérique vivent dans hypercentres où ils ne manquent de rien, quant aux moins bien lotis, ils doivent trimer tant bien que mal pour assurer leur survie.

Comme Oncle Ben l’enseignera à Peter Parker peu avant qu’il ne devienne Spider-Man : « de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités » – rendons à César ce qui appartient à César, Tonton Ben n’a rien inventé, on retrouve la même idée exprimée dans divers contextes historiques de la Bible à la seconde Guerre mondiale en passant par la Révolution Française et la guerre de Sécession – ; présentement un pouvoir quasi absolu entre les mains d’une poignée d’individus à l’égo surdimensionné ne pouvait que déboucher sur un merdier monstre. Et c’est exactement ce qui arrivera…

Estelle Tharreau débute son intrigue un peu avant le Big Bug qui fera basculer le destin de l’humanité. On suit les parcours d’une poignée de personnages évoluant dans des contextes radicalement différents. A priori aucune chance pour qu’ils ne se croisent un jour. Oui mais non, dans la fiction rien n’est impossible, leurs destins vont se retrouver liés, même si cela se fera bien souvent à l’insu de leur plein gré.

Difficile de poser des jalons sur l’intrigue du roman, celle-ci se déroule en effet sur plusieurs années durant lesquelles la situation évoluera (le plus souvent pour se dégrader de façon radicale), qui plus est les divers personnages ne seront pas confrontés aux mêmes conditions selon leur situation. Disons que l’auteure semble prendre un plaisir sadique à réserver le pire à ses personnages, ne laissant rien au hasard afin que le lecteur soit totalement embarqué par son intrigue.

Résultat des courses, plus la situation devient glauque et oppressante, plus l’intrigue devient addictive. Amis lecteurs attendez vous à quelques poussées d’adrénaline et à de nombreuses sueurs froides.

A l’heure où l’intelligence artificielle devient un réel sujet de discussion, voire de préoccupation, le roman d’Estelle Tharreau pourrait bien se poser comme un ultime avertissement contre la dépendance numérique… Nous ne sommes pas encore rendus au point décrit dans le bouquin, mais le fossé se réduit inexorablement. Une réflexion parfaitement résumée par un simple phrase qui revient régulièrement dans le roman : « La question n’est pas de savoir si j’ai le droit de le faire, mais qui pourrait m’en empêcher. »

Avec Terminator James Cameron imaginait les conséquences d’un retournement de la technologie contre l’homme, dans Contre L’Espèce c’est la fin de la technologie qui pourrait bien sonner le glas de l’humanité. A nous, humains, de trouver un entre-deux qui nous permette de profiter des bienfaits de la technologie tout en préservant notre libre arbitre.

Chapeau bas à Estelle Tharreau qui nous livre une dystopie aussi noire que convaincante ; une intrigue totalement maîtrisée, portée par des personnages forts. Une auteure à surveiller pour les amateurs d’anticipation, elle pourrait bien être tentée d’imposer sa griffe dans le monde de la science-fiction.

Petit bémol sur la forme, de trop nombreuses fautes et coquilles résiduelles encore présentes dans la version proposée par Net Galley. Rien de franchement rédhibitoire mais parfois ça pique les yeux… J’espère que le tir aura été rectifié avant diffusion de la version commerciale du roman. Un bémol que je ne pénalise pas dans ma note tant l’intrigue m’a emballé, mais qui prive le roman d’un coup de cœur, voire d’un doublé (coup de cœur / coup de poing).

[BOUQUINS] Patrick Senécal – Civilisés

« Recherchons douze individus pour expérience scientifique passionnante. Celle-ci, supervisée par des psychologues, cherche à étudier et analyser les compor­­tements des humains lorsqu’ils se retrouvent dans un groupe précis dans un contexte particulier. […] »
 
Ils seront donc douze individus, provenant de tout horizon, à vivre quelques jours ensemble, isolés du reste du monde. Ils formeront malgré eux une communauté de laquelle surgira parfois le meilleur, parfois le pire, et souvent le plus ridicule de l’humain.

Force est de reconnaître que la couv’ attire inévitablement le regard ; je ne dis pas forcément que vous serez sous le charme – l’effet contraire étant tout aussi probable –, mais elle ne devrait laisser personne indifférent.

Parce que c’est Patrick Senécal. Ce n’est que le troisième roman que je lis de cet auteur, mais la quatrième de couv’ laisse présager quelque chose de différent de ce qu’il propose d’habitude.

Commençons par une remarque de pure forme. Si la couv’, signée Jeik Dion, capte tout de suite le regard, force est toutefois de reconnaître qu’elle n’a pas grand-chose à voir avec l’intrigue du présent roman.

Afin de demeurer sur la forme, je tiens à préciser que, dans la mesure du possible, je cherche à privilégier les éditions québécoises quand je lis des textes d’auteurs originaires du Québec. Je trouve que cela rend les échanges entre les personnages plus réalistes, plus bruts de décoffrage. C’est aussi l’occasion de relever – gentiment – les contradictions de ces fervents défenseurs de la langue française qui n’hésitent pourtant pas à ponctuer leurs propos de termes 100% anglais.

Fin des digressions de pure forme… entrons dans le vif du sujet !

Tout commence (ou presque) par une petite annonce publiée en novembre 2022 dans différents médias québécois. Ladite annonce s’ouvre sur ces termes :

Et s’achève par une promesse :

Sans vouloir aller trop vite en besogne je peux d’ores et déjà vous assurer que la promesse finale sera tenue… au-delà de tout ce que pouvaient imaginer les candidats !

Dès les premières lignes du roman on découvre que Patrick Senécal va s’amuser avec ses lecteurs au fil des pages. Il s’adresse directement à nous afin de partager quelques remarques sur le processus de création littéraire, d’autres fois simplement pour souligner tel ou tel point du récit. Du coup, bien que la situation de nos « heureux élus » vire au drame sanglant et mortel, on ne peut s’empêcher un certain détachement, comme si tout cela n’était qu’un jeu macabre imaginé par l’auteur. Une sensation renforcée par le recours fréquent à l’humour (noir, forcément).

Au terme du processus de sélection, douze candidats seront retenus pour participer à cette expérience, des profils très différents les uns des autres. Ladite expérience commencera dès leur embarquement sur un yacht de luxe, ils ne savent rien de leur destination, ni du déroulé de leur « aventure ». Tout ce qu’ils savent c’est qu’ils partent pour 10 jours au terme desquels ils seront indemnisés de 3000 dollars.

Quant à toi ami lecteur, tu devineras sans peine quel sera le grain de sable qui va faire dérailler une mécanique moins bien huilée qu’elle n’y paraît. Force est de constater que tu avais raison, dès la seconde phase de l’expérience les choses dérapent et échappent à tout contrôle… et que ce foutu grain de sable est bien celui que tu soupçonnais.

Avec son lot pour le moins hétéroclite de candidats (de moins en moins heureux d’avoir été sélectionnés) l’auteur peut, au gré de ses envies, les faire se rapprocher ou s’opposer sur fond de thèmes sociétaux d’actualité (la « culture » woke, les rapports au sexe ou à l’intégration, le racisme, la drogue…). Mais ne comptez pas sur Patrick Senècal pour vous assommer avec des leçons de morale à deux balles, ses personnages sont ce qu’ils sont, point barre.

Vous l’aurez compris, l’auteur abandonne le sérieux de ses précédents romans. S’il reste dans le registre noir c’est pour mieux jouer avec les codes du genre, les remanier et les tordre, quitte à parfois provoquer des situations totalement invraisemblables. Mais on s’en fout ! On a juste envie de suivre Patrick Senécal pour découvrir où nous mènera son grain de folie.

Nul doute que derrière ce détachement apparent, la dernière journée des survivants (si vous n’aviez pas encore compris qu’il y aurait des morts, je suis navré pour vous) vous réservera bien des surprises.

Je ne m’attarderai pas sur le profil des différents candidats, disons simplement qu’il y en a une qui a eu le don de m’horripiler tout au long de sa présence. L’archétype presque caricatural de la woke attitude qui a honte de sa couleur de peau, honte de sa sexualité, honte d’exister et qui ne peut s’empêcher de se sentir complice /coupable de toutes les tares de l’humanité… Le profil type du très-bien-vivre-ensemble sur fond de politiquement correct dopé à l’hypocrisie et à la bien-pensance.

Un roman original que vous aurez bien du mal à lâcher. Si le choix narratif de l’auteur peut, de prime abord, paraitre déconcertant, force est de reconnaitre que l’ensemble fonctionne à la perfection, en grande partie du fait de ce choix justement.

[BOUQUINS] Muriel Houri – Memories

À l’aube, une jeune femme vêtue d’une simple chemise de nuit est découverte gravement blessée au fond d’un fossé, le long d’une route de campagne.

Elle ne se souvient de rien, sauf d’un prénom : ÉMILIE.

Aucun signalement de disparition, aucun témoin. Son identité est un mystère. Cependant, la découverte d’un objet tranchant à ses côtés et de traces d’ADN relevées sur ses vêtements la plonge au cœur d’une affaire criminelle.

En attendant son procès, Émilie est détenue à l’hôpital psychiatrique et confiée au renommé Professeur Berthier. Malgré les éléments incriminants, le psychiatre refuse de croire en la culpabilité de sa patiente. Il implore alors l’aide d’Adam, un ami thérapeute, prêt à braver l’interdit pour contribuer à prouver son innocence.

Parce que ce roman signe le grand retour sur ma scène éditoriale des éditions Flamant Noir, une maison chère à mon cœur que je suis depuis ses débuts. Au terme d’une mise en repos pour des raisons personnelles et professionnelles, tel un Phénix le Flamant renaît de ses cendres.

Je remercie les éditions Flamant Noir et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Les éditions Flamant Noir font partie de ces maisons qui occupent une place à part dans mon cœur de lecteur, un éditeur certes modeste par la taille – au vu notamment des géants du monde de l’édition –, mais dont le catalogue regorge de pépites. Fidèle de la première heure, je ne peux que me réjouir du retour du Flamant sur la scène éditoriale.

C’est avec Muriel Houri et son roman Menace que j’ai découvert Flamant Noir, le coup de cœur fut immédiat et ne s’est jamais démenti au fil du temps. Un heureux hasard a justement voulu que ce soit à Muriel Houri que revienne le privilège de remettre le Flamant sur les rails.

Je vais commencer par évacuer un petit bémol de pure forme (comme ça ce sera fait, on pourra ensuite se consacrer pleinement à l’intrigue du roman), la version obtenue dans le cadre du partenariat avec Net Galley contient pas mal de coquilles résiduelles (sauts de lignes manquants, dialogues non identifiés par un tiret semi-cadratin et quelques fautes non corrigées). Rien de franchement rédhibitoire mais suffisant toutefois pour faire tiquer quand on tombe dessus (je n’ai malheureusement pas pris le temps de les lister pour les renvoyer à l’éditeur). J’espère qu’un ultime travail de relecture aura été fait avant la diffusion de la version commerciale du roman.

Pour ce troisième roman publié chez le même éditeur, l’auteure reste dans un registre qu’elle maîtrise sur le bout des doigts : le thriller psychologique.

Force est de reconnaître que dans un registre pareil l’amnésie offre un terrain de jeu aux possibilités quasiment infinies, nombre d’auteurs ont même brillamment exploités ce filon (à commencer par Robert Ludlum avec sa trilogie Jason Bourne, mais on peut aussi citer Franck Thilliez, Jean-Christophe Grangé, S.J. Watson, Dean Koontz, Sebastian Fitzek…).

Du coup j’en vois déjà certains se la jouer blasés, voire se la péter en clamant haut et fort que plus rien ne peut les étonner. Ne perdez pas de vue la sagesse populaire qui affirme que c’est dans les vieux pot que l’on fait les meilleures soupes (ou confitures), Muriel Houri le confirme avec ce roman.

Si elle ne ménage pas ses personnages – à commencer par cette pauvre Émilie –, les lecteurs peuvent aussi s’attendre à être malmenés, attendez-vous à quelques poussées d’adrénaline et à une surchauffe des neurones.

Il faut dire que le calvaire subit par Émilie ne peut laisser personne indifférent. Son témoignage à de quoi bouleverser même les plus endurcis, mais il entretient aussi quelques zones d’ombres… Des souvenirs qui ne veulent pas remonter à la surface ? peut-être… ou pas !

De son côté Adam, le thérapeute chargé de l’aider à renouer avec sa mémoire perdue, est lui-même un personnage en proie au doute, rongé par les souvenirs et ses démons intérieurs. Et si cette rencontre avec Émilie lui ouvrait les portes d’une paix intérieure qui lui fait tant défaut ?

Le parcours d’Adam et Émilie est entrecoupé de passages mettant en scène un troisième personnage, un être profondément malfaisant, cruel et sadique. Certes les parents ne valent guère mieux mais ça n’excuse pas tout… je serai même encore plus vindicatif en affirmant que ça ne saurait être une excuse : une déviance reste une déviance. Et en matière de déviance, l’auteure repousse les limites de l’imaginable.

Une intrigue oppressante à souhait, parfois même déroutante. Peut-être que certains détails dans le récit d’Émilie vous interpelleront par leur incohérence, contrairement à ce que vous pourriez croire de prime abord, ce n’est pas l’auteure qui est à blâmer. Le voile se lèvera complètement dans la dernière partie du récit. Et quel final en apothéose !!!

Pour inaugurer son grand retour Flamant Noir ne pouvait rêver meilleur ambassadeur que ce roman. Reste à espérer que ce soit le premier d’une longue lignée petits flamants tout aussi prometteurs… Sur ce point j’ai une confiance absolue en Nathalie, nul doute qu’elle saura nous régaler et nous surprendre.

[BOUQUINS] Mo Malo – L’Ombre Des Remparts

À Saint-Malo, sur les remparts, on s’entraîne pour l’Intrail-Muros, une course nocturne dangereuse sur le sol humide en plein hiver breton. Une nuit, des coureurs tombent. Énora aussi, qui perd connaissance. D’où sort donc ce câble en acier tendu en plein parcours ? Un guet-apens, un piège, un attentat ? Qui voudrait saboter un événement aussi important pour la ville ?

Le même soir, Guillaume, héritier de l’historique famille Magon, disparaît…

La Breizh Brigade ne chôme pas et les esprits affûtés de Maggie, Louise et Énora ne reculent devant aucun obstacle pour démasquer le coupable.

Tout simplement pour le plaisir de retrouver la Breizh Brigade et ses enquête malouines.

La Breizh Brigade est de retour, cette fois Maggie, Louise et Enora vont devoir découvrir l’identité de celui qui cherche à empêcher la tenue de L’Intrail-Muros, le célèbre trail urbain nocturne de Saint Malo, d’autant que le saboteur n’hésite pas à mettre la vie des coureurs en danger. Et si, au même moment, la disparition d’un notable haut en couleurs de la cité malouine n’était pas une simple coïncidence ?

Bien entendu la police aussi est sur les dents, le commissaire Christophe Guilloux et son adjointe, Emma Lobo, vont avoir la charge de cette double enquête. Une enquête qui s’annonce plus complexe que prévu vu le peu d’indices à leur disposition.

Les habitués retrouveront bien d’autres personnages qui accompagnent les Corrigan depuis qu’elles ont reformé leur Breizh Brigade. À commencer par Jojo Prigent, le flic à tête de troll, pilier de bar du troquet clandestin du Manoir Corrigan et intarissable source d’informations – à ne pas toujours prendre au pied de la lettre – pour nos trois apprenties détectives.

Comme à l’accoutumée Mo Malo profite de son intrigue pour mettre à l’honneur la cité de Saint Malo. Çà et là il dispense quelques anecdotes historiques ou culturelles sur sa ville de naissance et ses nombreux souvenirs liés à la cité corsaire. A ce titre cette série, sous une apparente légèreté, est certainement la plus « personnelle » pour l’auteur.

On l’avait compris au vu du précédent opus, la disparition mystérieuse de Constant Corrigan, 20 ans plus tôt, s’impose plus que jamais comme le fil rouge cette saga Corrigan.

Une fois de plus le trio Corrigan se complète à merveille, la gouaille et l’impétuosité de Maggie sont modérées par la sagesse et l’esprit affûté de Louise, Enora quant à elle apporte son grain de folie et sa fougue. C’est en conjuguant leurs talents que les Corrigan font des étincelles.

Pour la Breizh Brigade aussi cette intrigue va, plus que jamais, se jouer sur fond de choix personnels décisifs quant à leur avenir. Maggie va ainsi se retrouver face à une demande pour le moins inattendue de la part de Jacques – son amant « officiel ». Demande pour le moment éludée d’un vague « B’fhéidir » (peut-être en gaélique) mais qui ne saurait en rester là.

Enora aussi sera en prise avec sa conscience et ses sentiments, si tout se passe comme prévu – et pour le moment ça se goupille plutôt pas mal – elle devrait partir s’installer en Irlande à la fin de ses études. Pas évident d’annoncer une pareille nouvelle à sa mère et à sa grand-mère, plus délicat encore à gérer vis-à-vis de Fanny, sa compagne.

Force est de constater que cet apport d‘humanité aux personnages est une riche idée de l’auteur, en effet même si l’on suivait avec plaisir les péripéties du trio Corrigan, il manquait ce souffle de vie pour que l’on ressente une réelle empathie pour nos trois héroïnes.

Côté cœur Emma Lobo n’est pas non plus au bout de ses peines quand il s’agit de faire comprendre à son commissaire qu’il ne la laisse pas de marbre. Christophe Guilloux, qui semble pourtant éprouver la même chose pour son adjointe, ne capte aucun des signaux qu’elle s’évertue à lui envoyer !

Dans ma chronique du tome précédent je m’interrogeais quant à la fin prochaine de la série (dans l’optique où Mo Malo aurait opté pour une trilogie), en refermant le présent bouquin je ne peux que me réjouir à l’idée de retrouver bientôt la Breizh Brigade (le quatrième opus est d’ores et déjà annoncé pour le mois de septembre).