Il aura fallu un Book Club pour que je me lance enfin dans un roman de Bernard Minier, ses trois titres tournant autour du personnage de Martin Servaz autant commencer par le début. Place donc à ma chronique de Glacé.
Le commandant Martin Servaz de la SRPJ de Toulouse est appelé sur une scène de crime peu ordinaire. En effet la « victime » est un jeune pur-sang appartenant à un influent homme d’affaire de la région. Le cheval a été décapité, sa carcasse dépecée exhibée, à 2000 mètres d’altitude, sur le portique du téléphérique d’une centrale hydroélectrique appartenant au propriétaire…
Avant d’aller plus loin je tiens à préciser que ma présentation n’aborde qu’un aspect de l’intrigue. En parallèle à l’enquête de Servaz, on suit l’arrivée de Diane Berg, nouvellement embauchée comme psychologue au centre psychiatrique pénitentiaire du Dr Wargnier, un établissement proche de la scène de crime. Du coup forcément on peut supposer que tôt ou tard ces deux intrigues vont se télescoper.
Je vous rassure l’intrigue ne va pas tourner uniquement autour d’un canasson mort, l’auteur s’en sert comme d’une mise en bouche annonciatrice d’une affaire bien plus complexe que l’on pourrait le supposer. Bernard Minier sait y faire pour nous tenir en haleine, son arme n’est pas l’action mais plutôt l’ambiance et la tension psychologique. Il mène sa barque à son rythme, brouille parfois les pistes et ménage les imprévus.
L’autre force de l’auteur réside dans ses personnages, à commencer par Martin Servaz. La quarantaine, un brin hypocondriaque, empâté, maladroit et très mauvais tireur ; ce n’est pas vraiment un clone de l’inspecteur Harry, du coup on s’identifie plus facilement à lui et ses faiblesses nous le rendent encore plus sympathique. Le personnage le plus intrigant et le plus difficile à cerner est incontestablement Julian Hirtmann.
Le cadre, les Pyrénées au coeur de l’hiver, neige et brume, blanc et glacé, joue aussi beaucoup dans l’ambiance que l’auteur nous impose.
Ce qui m’a le plus frappé dans ce bouquin est le portrait sans concession, et visiblement bien documenté, de la prise en charge psychiatrique en France. Ca fait froid dans le dos.
Pour un premier roman l’auteur réussi un coup de maître, j’aurai beaucoup de plaisir à retrouver ses personnages dans les romans suivants, surtout s’ils sont du même gabarit que celui ci.
Petit bémol qui n’est peut être pas du fait de l’auteur, l’usage abusif des tirets demi-cadratins, notamment dans les dialogues, alors que de simples virgules auraient été plus adaptées d’un point de vue typographique. Idem avec une multiplication pas forcément souhaitable des mots en majuscules, là encore c’est surtout dans les dialogues que le bât blesse.