AU MENU DU JOUR
Titre : Avant De Sombrer
Auteur : Cyril Carrère
Éditeur : Denoël
Parution : 2023
Origine : France
352 pages
De quoi ça cause ?
Lorsque Jérôme Cazenave se réveille dans une chambre d’hôpital, tout lui revient à l’esprit. L’échange téléphonique houleux avec sa femme. L’urgence de la situation. Sa terrible sortie de route en rentrant de Nîmes. C’est en tout cas ce qu’il soutient au médecin qui le regarde avec circonspection.
Mais quand un avocat qui prétend le connaître s’invite à son chevet pour lui présenter une autre version de l’histoire, la confusion s’installe. Non, il n’a pas eu d’accident de voiture. Il a été violemment agressé à Lannemezan, dans la prison où il purge une longue peine… pour le meurtre de son épouse.
Afin de recouvrer sa liberté, Jérôme doit résoudre les mystères d’un passé qui lui est étranger. Au risque de faire ressurgir le monstre qui l’a englouti…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Parce que ça fait déjà quelque temps que j’ai envie de découvrir l’univers littéraire de Cyril Carrère. Comme souvent dans ces cas-là je commence par la fin et le dernier roman en date.
Ma Chronique
Mourir ne me fait pas peur, même si je ne suis pas particulièrement pressé de finir dans un cendrier municipal. À quoi bon avoir peur de quelque chose qui est de toute façon inéluctable ? Par contre ne plus être maître de mon corps et de mon esprit est quelque chose qui m’effraie, d’autant plus que la France est encore à la ramasse en matière de législation autour de l’euthanasie.
C’est le cauchemar que Cyril Carrère inflige à son personnage, Jérôme Cazenave. Le gars se réveille dans un hôpital, convaincu d’avoir été victime d’un accident de la route. Et v’là t’y pas qu’on lui annonce qu’il a été agressé en prison, où il purge une peine pour le meurtre de sa femme. On appelle ça le syndrome des faux souvenirs, tout ce que vous teniez pour vrai n’est qu’une mise en scène imaginée par votre esprit, un mensonge qui s’impose en lieu et place de la vérité.
Si d’autres thématiques médicales sont abordées dans le roman (traitement de la douleur, essais cliniques avec la maladie de Crohn en guise de fil rouge), ce n’est que la toile de fond d’un thriller qui vous tiendra en haleine de la première à la dernière page.
La première partie pose donc le cadre de l’intrigue et une partie de ses acteurs (Jérôme bien entendu, Sylvie la psychologue et Serge, l’avocat). Puis la seconde partie nous renvoie deux ans plus tôt (2019) alors que le lieutenant Cazenave est dépêché sur une scène de crime, rapidement son enquête va trouver écho dans sa vie personnelle et l’AVC dont a été victime sa conjointe en réaction à un essai clinique. Retour en 2021 pour la suite du roman, avec un Jérôme un peu perdu qui va devoir, avec l’aide de Sylvia, se retrouver.
Ce mauvais tour que lui joue sa mémoire va aussi être l’occasion pour Jérôme de se redécouvrir… et de se remettre en question. Malheureusement, il va aussi réaliser qu’il est loin d’être hors de danger, son enquête de 2019 a attiré l’attention d’ennemis puissants et déterminés.
Personnellement, c’est surtout le personnage de Sylvia qui a soulevé le plus d’interrogations au fil de ma lecture. On comprend rapidement qu’elle cache un secret, au départ on en vient même à franchement douter de sa loyauté. Puis peu à peu Cyril Carrère lève le voile, on réalise que si elle poursuit le même combat que Jérôme, son jeu n’est pas pour autant limpide.
Cyril Carrère nous offre un roman parfaitement maîtrisé avec une intrigue bien ficelée, des personnages forts (certains attachants, d’autres méprisables), et une construction qui contribue à donner un rythme soutenu à l’ensemble.
L’auteur ne ménage pas ses personnages, attendez-vous à quelques brusques poussées d’adrénaline. Petit conseil pour les vieux de la vieille, gardez à l’esprit le slogan publicitaire du liquide Vaisselle Paic : « Quand y en a plus, y en a encore ! ». J’dis ça, j’dis rien…
Une belle découverte, je garderai un œil attentif sur les prochains romans de Cyril Carrère (je ne vais pas m’engager à lire les précédents, je sais que je ne trouverai jamais le temps pour ça). Je vous assure que ce n’est pas ce roman qui vous fera sombrer dans les bras de Morphée… par contre je ne promets rien quant à d’éventuelles nuits blanches.
MON VERDICT












