[BOUQUINS] Jean-Marc Dhainaut – Psylence

AU MENU DU JOUR


Titre : Psylence
Série : Meghan Grayford – Livre 2
Auteur : Jean-Marc Dhainaut
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
256 pages

De quoi ça cause ?

Quelle est donc cette entité maléfique qui semble s’acharner sur la famille de Clara Perec ? Tandis que les morts violentes se succèdent, c’est ce que va essayer de découvrir Meghan Grayford.

La jeune journaliste aura bien besoin du soutien et du savoir de ses amis pour s’opposer à une force que rien ne semble pouvoir arrêter…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada, parce que l’auteur est Jean-Marc Dhainaut et parce que c’est l’occasion de retrouver Meghan Grayford, personnage principal du précédent roman de l’auteur, Brocélia.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

À la veille de ses 77 ans, Clara Perec est réveillée en pleine nuit, elle aperçoit une alors forme à genoux sur la poitrine de son mari en train de l’étouffer. En allumant la lumière elle interrompt la chose qui disparait.

Quand elle raconte cette histoire le lendemain, au cours de son repas d’anniversaire, sa famille a bien du mal à la prendre au sérieux. Pire, ils en viendraient à douter de sa santé mentale…

Et pourtant le lendemain matin, Clara va se réveiller à côté du cadavre de son mari, la mâchoire disloquée, étouffé avec ses propres oreilles sectionnées.

Le ton est donné dès les premières pages. Ames sensibles s’abstenir ! Jean-Marc Dhainaut ne va pas ménager ses lecteurs, et encore moins ses personnages. Vous avez entre les mains un thriller fantastique qui va mettre vos tripes et vos nerfs à rude épreuve.

C’est avec grand plaisir que j’ai retrouvé Meghan, mais aussi son collègue et ami de toujours, Janis, ainsi que le couple Alan et Mina (autres personnages récurrents de l’auteur). Il faut dire que pour affronter le danger auquel elle va se frotter, Meghan aura bien besoin de l’expérience d’Alan et de Mina.

Oubliez les tables qui tournent et les portes qui se ferment toutes seules, le « cardinal » qu’ils vont devoir combattre, joue clairement dans la catégorie supérieure. N’hésitant pas à s’en prendre physiquement à ses victimes et mû par une haine qui semble inextinguible.

Bien entendu s’ils veulent avoir une chance de renvoyer cette entité d’où elle vient, ils vont devoir qui elle était de son vivant ainsi que son parcours qui le conduit à cette traque impitoyable d’outre-tombe. Un mal qui trouvera dans le passé, en une bien sombre période de l’Histoire.

L’intrigue s’avère rapidement totalement addictive et captivante, les éléments fantastiques sont parfaitement dosés et se combinent naturellement avec la partie plus cartésienne du récit. Jean-Marc Dhainaut ne laisse rien au hasard, chaque élément de l’intrigue (même celui qui pouvait paraître anodin de prime abord) va trouver son explication.

Évidemment pour apprécier pleinement ce genre de roman, il faut savoir faire montre d’un minimum d’ouverture d’esprit ; je ne vous demande pas de croire aveuglément en l’ensemble des événements décrits, mais au moins de ne pas vous fermer comme une huitre face à l’inconnu.

On retrouve une narration très visuelle qui nous plonge immédiatement en totale immersion dans le récit, les nombreux dialogues contribuent quant à eux à fluidifier la lecture.

Encore un coup de maître réussi pour Jean-Marc Dhainaut et les éditions Taurnada, j’ai dévoré le bouquin entre vendredi et lundi (peu de temps pour lire le week-end, et même quand je parviens à libérer un créneau je le consacre plutôt aux BD et romans graphiques).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Magali Collet & Isabelle Villain – In Vino Veritas

AU MENU DU JOUR


Titre : In Vino Veritas
Auteur : Magali Collet & Isabelle Villain
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
252 pages

De quoi ça cause ?

Une galériste, spécialiste de l’art aborigène, est tuée lors d’un vernissage. Les soupçons se portent immédiatement sur Mathias, son époux qui est aussi gendarme.

Augustin, le frère ainé de Mathias, après des années en totale rupture avec sa famille, décide de tout mettre en œuvre pour prouver l’innocence de son frère…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada et l’occasion de découvrir un roman écrit par deux auteures que j’apprécie énormément.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Magali Collet et Isabelle Villain, deux auteures phare de la maison Taurnada, ont accepté de se livrer à l’exercice du roman à quatre mains, et le moins que l’on puisse c’est que le résultat est des plus concluant.

Une recette classique dans le registre du whodunit (un meurtre et la recherche du coupable) mais parfaitement exploitée par les auteures. Une jeune et brillante galériste est retrouvée morte au cours d’un vernissage, tous les soupçons convergent vers le mari, même si celui-ci est gendarme.

Une intrigue qui prend une tout autre dimension si vous la placez dans une famille de la haute bourgeoise qui jouit d’une certaine renommée dans le monde du vignoble bordelais. Une famille dans laquelle le patriarche est prêt à tout pour que son nom soit tenu à l’écart de toute forme de scandale. Une famille dans laquelle le « fils maudit » revient après plus de 20 ans d’exil volontaire. Comble de malchance, ce dernier pourrait bien être la meilleure chance de sauver les miches du fils prodige, soupçonné de meurtre.

Vous l’aurez compris, Magali Collet et Isabelle Villain mettent l’humain au centre de leur intrigue, une profonde dimension psychologique va se tisser au fil des relations entre les personnages, le tout sur fond de secrets de familles.

Le lecteur se retrouve prisonnier de l’écheveau que tisse les auteures, on voudrait bien croire que Mathias est innocent mais aucun autre coupable ne semble faire surface au fil des pages. Ce serait même plutôt le contraire… jusqu’à un final mais qui m’a littéralement laissé sur le cul. Machiavélique à souhait !!!

Parfois l’intrigue nous renvoie dans le passé à la découverte de quelques épisodes marquants dans la vie de la famille Clavery, mais aussi histoire de lever progressivement le voile sur le déroulé de la nuit du crime. Au fil des chapitres se révèle aussi la personnalité de la victime, Aurèlie n’avait de la blanche colombe que l’image qu’elle voulait bien faire passer aux yeux des autres.

Le bouquin s’avère rapidement addictif, plus moyen de le lâcher une fois que vous aurez été happé par l’implacable mécanique imaginée par les auteures.

Si l’art aborigène vous intéresse ou vous intrigue, je vous invite, comme le font les auteures à la fin du roman, à consulter le site de Stéphane Jacob : artsdaustralie.com. Vous y trouverez notamment la série de toiles Bush Leaves de Abie Loy Kemarre, dont il est question dans le roman. Il y a en effet quelque chose d’hypnotique dans ces fresques.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Christophe Royer – Néréides

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Titre : Néréides
Série : Nathalie Lesage – livre 3
Auteur : Christophe Royer
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
278 pages

De quoi ça cause ?

Quand Samir, un ami (et accessoirement ex-amant), appelle Nathalie Lesage à la rescousse, elle n’hésite pas à poser quelques jours de congés afin de le rejoindre à Albi.

Samir apprend à Nathalie que sa jeune sœur, étudiante à Albi, a disparu depuis quelques jours. Devant le manque de réactivité de la police locale, Nathalie décide de mener sa propre enquête en sous-marin…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada et Christophe Royer. L’occasion de suivre la troisième enquête de Nathalie Lesage dans un nouveau décor et autour d’une nouvelle thématique.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Après Paris et Lyon, c’est à Albi que Nathalie Lesage va poser ses bagages le temps d’une nouvelle enquête… mais cette fois ladite enquête n’a aucun caractère officiel, Nathalie répond à l’appel à l’aide d’un ami.

Ledit ami n’est pas un total inconnu pour ceux et celles qui suivent Nathalie Lesage depuis ses débuts. On le croise en effet dans Lésions Intimes, le premier roman de la série. Nathalie et lui seront amants avant qu’elle ne plaque tout pour se ressourcer en Irlande.

Il est vrai qu’en arrivant à Albi Nathalie Lesage comptait s’en remettre à ses collègues locaux… mais devant leur immobilisme et une mauvaise volonté évidente, elle va prendre les choses en main avec Samir.

Une fois de plus Christophe Royer confronte ses personnages aux perversions les plus sombres de l’âme humaine. J’avoue sans la moindre gêne que toute la thématique autour de la Magia Sexualis m’est complètement passé au-dessus de la tête (je pense pourtant être un esprit plutôt ouvert, mais il y a tout de même des limites à ne pas franchir). Heureusement cela ne m’a nullement empêché de profiter pleinement de l’intrigue.

Au chapitre des retrouvailles j’ai aussi apprécié de voir que Cyrille, le jeune collègue de Nathalie à Lyon allait lui aussi être de la partie. Une enquête au cours de laquelle il paiera de sa personne entre les griffes du sadique Monsieur Etienne.

Autre belle rencontre avec Lucie Dubrac, une sympathique grand-mère qui n’a jamais vraiment perdu espoir de retrouver sa petite-fille disparue après avoir été contactée par cette mystérieuse école de magie albigeoise.

L’intrigue est bien menée et bien documentée, même si elle ne nous réserve pas vraiment de grosses surprises (hormis la motivation de ceux qui se cachent derrière les enlèvements). On prend plaisir à suivre Nathalie et Samir, leurs réactions parfois impulsives et irraisonnées peuvent se justifier par l’absence de cadre légal à leur action et leur implication personnelle.

Les chapitres sont courts, le style ne s’embarrasse de fioritures, tout est fait – et bien fait – pour que le lecteur soit en totale immersion au cœur de l’action.

Un roman dévoré d’une traite (comme souvent quand j’ai un titre des éditions Taurnada entre les mains). Sans surprise je serai au rendez-vous pour la prochaine enquête (annoncée dans les remerciements) de Nathalie Lesage.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Gérard Saryan – Sur Un Arbre Perché

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Titre : Sur Un Arbre Perché
Auteur : Gérard Saryan
Éditeur : Taurnada
Parution : 2023
Origine : France
378 pages

De quoi ça cause ?

Une seule seconde d’inattention et la vie d’Alice bascule : Dimitri, 4 ans, le fils de son compagnon, échappe à sa vigilance.

En panique, la jeune femme part à sa recherche, mais elle est victime d’un grave accident. À son réveil, elle doit se rendre à l’évidence : l’enfant a été kidnappé.

Alice n’a désormais qu’une obsession : retrouver Dimitri, coûte que coûte…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est le nouveau bébé des éditions Taurnada et qu’il me donne l’occasion de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Seuls ceux et celles ayant plus d’un certain âge – avancé mais pas trop –, comprendront le clin d’œil qui va suivre. Le présent roman n’a strictement rien à voir avec le film de Serge Krober (Sur Un Arbre Perché, 1971) avec Louis de Funés et Geraldine Chaplin. Une homonymie purement fortuite donc.

Tout commence avec un jeune couple qui ressemble à tant d’autres. Alice est styliste installée à son compte, occasionnellement elle est aussi membre d’une petite troupe de théâtre. Au début du roman elle est enceinte. L’heureux papa est le compagnon de la jeune femme, Guillaume, brillant avocat issu d’une grande famille française. Il est divorcé et père de deux enfants (Dimitri, 4 ans et Barbara, 13 ans).

Un matin Alice récupère les enfants chez l’ex-femme de Guillaume pour un voyage en train Lyon-paris, où ils doivent rejoindre Guillaume. Gare de Lyon (à Paris, donc… cherchez pas une quelconque logique là-dedans), le week-end de rêve vire au cauchemar. Dimitri disparaît. Alors qu’elle se lance à sa recherche, Alice est victime d’un accident.

Après un court coma deux terribles nouvelles lui éclatent à la gueule : Dimitri, toujours porté disparu, a vraisemblablement été victime d’un enlèvement ; le bébé n’a pas survécu à l’accident.

Rassurez-vous je n’ai pas l’intention de poursuivre cette chronique en vous proposant un résumé intégral du bouquin. Il fallait poser à minima le décor pour comprendre à quel point retrouver Dimitri va devenir une obsession pour Alice.

La jeune femme est loin d’imaginer jusqu’où son enquête va la mener. De nombreuses surprises et autres retournements de situation l’attendent (et nous aussi par la même occasion). On serait parfois tenté de dire que c’est too much mais finalement on se laisse guider par Gérard Saryan qui mène sa barque avec beaucoup de conviction.

Je vous passe les détails mais au fil de ses pérégrinations, Alice va découvrir un ignoble trafic d’enfants, une vengeance personnelle mûrement réfléchie pour faire le plus de mal possible et bien plus encore. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle va payer de sa personne pour mettre à jour la vérité (ou plutôt les vérités).

Une intrigue complexe, machiavélique et tordue à souhait… tout ce qu’on aime !

Des flashbacks dont on ne saisit pas vraiment le sens viennent s’insérer çà et là dans le déroulé de l’intrigue. Il faut attendre les ultimes révélations pour comprendre comment les événements se sont enchaînés pour arriver à la situation présente du récit.

Heureusement Alice ne sera pas toujours seule face à l’adversité, certaines mains tendues seront des plus inattendues, d’autres cacheront peut-être des intentions moins louables… Au fil des chapitres vous en viendrez, comme Alice, à douter de tout et de tout le monde, son incroyable obstination lui fera repousser toutes les limites.

L’auteur fait sien le slogan publicitaire adopté par Paic Citron à la fin des années 80 (bin oui, c’est une chronique pour les « anciens ») : quand y’en a plus, y’en a encore ! En effet, alors que l’on pouvait supposer que tout allait enfin rentrer dans l’ordre, Alice balance un ultime pavé dans la mare, une révélation, et non des moindres, qui va remettre beaucoup de choses en question.

Même si parfois Gérard Saryan se laisse emporter par son enthousiasme, il réussit à nous scotcher de la première à la dernière page avec une intrigue qui fait voler en éclats nos certitudes.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Estelle Tharreau – Il Était Une Fois La Guerre

AU MENU DU JOUR


Titre : Il Était Une Fois La Guerre
Auteur : Estelle Tharreau
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
250 pages

De quoi ça cause ?

Sébastien Braqui est soldat. Sa mission : assurer les convois logistiques. Au volant de son camion, il assiste aux mutations d’un pays et de sa guerre. Homme brisé par les horreurs vécues, il devra subir le rejet de ses compatriotes lorsque sonnera l’heure de la défaite. C’est sa descente aux enfers et celle de sa famille que décide de raconter un reporter de guerre devenu son frère d’âme après les tragédies traversées « là-bas ».

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada, une maison d’édition dont le catalogue regorge de pépites.

Parce que c’est Estelle Tharreau, ses quatre précédents romans m’ont tous fait forte impression.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Avant d’entrer dans le vif du sujet je tiens à préciser que je place ceux – et celles – qui crachent à la gueule des soldats qui rentrent de campagne, au même niveau que les raclures qui aboient « Suicidez-vous ! » aux flics lors de manifestations. Libre à tout un chacun de condamner un conflit dans lequel notre armée est engagée, mais ce n’est pas une raison pour mépriser les militaires qui ont pris part à ce conflit ; ils n’ont fait que leur boulot et, ne serait-ce que pour ce qu’ils ont vu ou enduré, méritent le respect.

Autant vous le dire franco, avec ce bouquin Estelle Tharreau m’a pris aux tripes. Elle a su trouver les mots justes pour décrire l’inexorable dérive d’un soldat et d’une famille. Un soldat qui s’emmure dans le silence tout simplement parce qu’il ne trouve pas les mots pour expliquer à sa femme et à sa fille ce qu’il ressent, et encore moins ce qu’il a vécu. Une épouse et une fille qui ne comprennent pas ce silence qu’elles ne savent comment interpréter.

Au fil des campagnes auxquelles participe Sébastien, on voit le Shonga (un pays fictif situé quelque part en Afrique) s’enfoncer dans la déchéance et la misère ; les soldats français ont de plus en plus de mal à comprendre leurs missions… d’autant qu’elles vont parfois frôler l’absurdité (livraison d’armes et de vivres à ceux qui étaient les ennemis d’hier). Les soldats vont aussi devoir assister, avec interdiction formelle d’intervenir, aux massacres interethniques (toute ressemblance… n’est à priori pas le fruit du hasard).

Outre le stress post-traumatique engendré par ce que Sébastien a dû voir et parfois faire, il va aussi devoir composer avec la haine de la population civile à son retour en France, une armée qui ne veut plus de ces vétérans – perdants d’une guerre sale et impopulaire –, une administration fidèle à elle-même…

Au fil des chapitres on alterne entre une narration à la troisième personne (ou plus exactement une narration omnisciente puisqu’elle n’est pas centrée sur un unique personnage) et une narration à la première personne qui donne alors la parole à un reporter de guerre qui s’est lié d’amitié avec Sébastien.

Les différentes parties du roman se présentent sous forme d’un compte à rebours allant de 1095 jours avant explosion à Explosion. Un sinistre décompte qui laisse présager le pire. Un pire qui va commencer à prendre forme dans l’esprit de Sébastien jusqu’à planifier son ultime action dans les moindres détails.

La grande force du roman est de s’intéresser à l’épouse (Claire) et à la fille (Virginie) de Sébastien, on voit le fossé se creuser inexorablement à grand renfort de non-dits. Le traitement des personnages est un sans-faute qui participe grandement à la réussite du bouquin.

Un récit souvent dur, mais toujours empli d’humanité ; un thriller psychologique totalement maîtrisé qui est aussi un magnifique hommage à nos soldats.

PS : je suis très en retard dans la rédaction et la mise en ligne de ce post, comme beaucoup – j’aimerai dire tout le monde, mais malheureusement pour certains la fin de l’année n’a pas forcément un air de fête –, j’ai été quelque peu occupé avec les préparatifs de Noël.

MON VERDICT

Coup double

[BOUQUINS] Magali Collet – Comme Une Image

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Titre : Comme Une Image
Auteur : Magali Collet
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
256 pages

De quoi ça cause ?

Eulalie (que tout le monde appelle Lalie) va bientôt fêter ses 10 ans. Mignonne, intelligente et attentionnée, elle a tout de la petite fille modèle. Mais c’est un rôle qu’elle joue, ce que tout le monde ignore c’est qu’elle est plus qu’intelligente, c’est une enfant à haut potentiel qui cache son jeu. Mais surtout elle est hermétique à toute forme d’empathie, seule la colère semble trouver grâce à ses yeux…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada et que le précédent roman de Magali Collet, Les Yeux D’Iris, m’avait fait forte impression.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée et l’envoi de ce roman.

Commençons par le commencement et le visuel du bouquin. La couv’ illustre parfaitement le propos du roman avec ce gamine au regard intriguant, presque malaisant.

Suis allé courir à l’îlot / Cueillir un lilas, / Un lilas pour Eulalie, / Eulalie pour un lilas… merci Yves pour cet interlude musical mais vous n’aurez pas vraiment envie d’offrir des fleurs à la petite Eulalie imaginée par Magali Collet. Plutôt de la mort aux rats dans son chocolat chaud, voir un tir de .357 à bout portant au milieu du front.

En psychologie la notion de psychopathe ne peut s’appliquer qu’à un adulte… comme si le changement survenait pile poil à 18 ans. Avouez que c’est complétement con comme raisonnement ! C’est ce postulat qui a donné naissance à ce roman, Magali Collet prenant le contrepied de cette assertion psychologique.

Quel pari audacieux de transformer une gamine de 10 ans en une psychopathe égocentrique et alexithymique (incapable de ressentir ou d’exprimer ses sentiments) et d’imaginer une intrigue autour de cette enfant. Audacieux mais parfaitement géré tout au long de ce court roman.

En fait, le plus souvent, je ne ressens rien. Absolument rien. Je ne suis jamais heureuse, déçue ou triste. Je ne suis pas vraiment envieuse, parce que, lorsque je veux quelque chose, je me débrouille toujours pour l’avoir. Mais cela ne me rend pas heureuse, jamais. Au mieux, cela me satisfait. Je n’éprouve rien d’autre que de la satisfaction.

Dans ce bouquin Magali Collet se livre à un double exercice de style, alternant la narration à la troisième personne (l’intrigue et les personnages sont vus par une tierce personne) et un récit à la première personne qui donne la parole à Lalie. Ces passages sont de loin les plus glaçants, on prend alors toute la mesure de son état psychologique perturbé.

Je connaissais la colère, la vague qui m’engloutissait, mais pas la haine. C’est un sentiment nouveau. (…) Ressentir la haine est quelque chose de vraiment puissant.

Vous allez adorer détester Lalie, à moins que vous ne tombiez sous son charme venimeux. Il faut bien reconnaître qu’elle sait y faire pour duper et manipuler son monde, qu’il s’agisse de ses parents, de son institutrice ou de ses camarades de classe. Nul ne se doute des sombres pensées qui secouent le bocal de la gamine… des pensées qui vont rapidement se transformer en actes.

Nul doute que les apprentis psychologues chercheront à rejeter la faute du comportement de Lalie sur son entourage. Des parents divorcés, une rupture que la mère de Lalie n’arrive pas à intégrer alors que son ex a refait sa vie avec une nouvelle compagne avec qui il a eu un enfant. Pour ma part je ne lui trouve aucune circonstance atténuante, tout la condamne purement et simplement.

Magali Collet fait monter la pression au fil des chapitres… heureusement que le bouquin ne faisait pas 100 pages de plus, mon palpitant n’aurait pas tenu le choc ! Une intrigue délicieusement sombre, malsaine et amorale. Tout ce que j’aime !

Je ne m’étalerai pas davantage pour ne rien spoiler malencontreusement. L’auteure réussit le tour de force de me faire aimer un roman dont j’ai détesté le personnage principal. Une fois le livre ouvert je n’ai plus pu le lâcher avant le clap de fin (un final à l’image du reste du roman). Un excellent thriller psychologique maîtrisé de bout en bout.

 MON VERDICT

Coup de poing

[BOUQUINS] Sacha Erbel – La Mort Est Parfois Préférable

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Titre : La Mort Est Parfois Préférable
Auteur : Sacha Erbel
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
248 pages

De quoi ça cause ?

Yan est flic à la PJ de Lille. Depuis des années elle souffre d’endométriose, les crises sont de plus en plus fréquente et douloureuse. Elle combat la douleur à grand renfort d’antalgiques, mais combien de temps pourra-t-elle tenir à ce rythme ?

Elle se voit confier l’enquête sur la mort d’un grand reporter, noyé dans sa baignoire après avoir été sévèrement tabassé. Une autre équipe part sur une scène de crime particulièrement morbide, un homme a été retrouvé décapité au volant de sa voiture.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada et l’occasion de découvrir une auteure que je ne connaissais pas.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Sacha Erbel est fonctionnaire de police depuis plus de 25 ans et actuellement en poste au Service de la Protection. Passionnée par l’étude des tueurs en série, elle est diplômée en criminologie appliquée à l’expertise mentale. Tout ça pour dire que madame sait de quoi elle cause… faut pas la prendre pour un lapin de six semaines.

Son roman est aussi l’occasion de mettre en avant cette maladie encore mal connue (quand certains trouducs ne nient pas purement et simplement cette pathologie) qu’est l’endométriose. Là encore l’auteure sait de quoi elle parle puisqu’elle doit apprendre à vivre avec son « Araignée » depuis plus de 10 ans.

Si l’endométriose n’est pas le thème principal du roman, Sacha Erbel réussit toutefois à faire de cette foutue Araignée quasiment un personnage à part entière. Au fil des chapitres il sera aussi question de l’éthique journalistique (riez pas, il paraît que ça existe), de vengeance, de dérives sectaires, de manipulation et même d’hypnose.

Difficile de rester insensible face au personnage de Yan, sans aller jusqu’à approuver l’ensemble de ses choix. Je n’ose même pas imaginer ce que ça doit être de vivre avec ces crises de douleurs aussi fulgurantes qu’imprévisibles. Je veux bien croire que face aux assauts répétés de la douleur on en vienne parfois à penser que la mort pourrait être préférable.

L’intrigue va se diviser en deux enquêtes. Le meurtre particulièrement brutal d’un célèbre journaliste pour Yan et son équipier, Granulé. Un cadavre décapité retrouvé au volant de sa voiture pour Brath et Michel. Quatre flics liés par une grande complicité et une solide amitié malgré des personnalités et un vécu très différents.

Sacha Erbel apporte beaucoup de soin à ses personnages, même les plus secondaires sont dotés d’une réelle personnalité. Un travail payant qui facilite l’empathie (ou l’antipathie) pour tel ou tel personnage.

Concernant la mort du journaliste on connaît rapidement l’identité du coupable et ses motivations (autant dire que je n’ai pas versé de larmes sur le funeste destin du scribouillard). Reste à Yan et son équipier à remonter les bonnes pistes pour identifier leur suspect.

L’affaire du décapité est nettement plus captivante, surtout quand les policiers vont se retrouver avec une deuxième victime décapsulée. Tous les indices semblent converger vers la thèse du suicide avec une mise en scène particulièrement sophistiquée et macabre. Nul besoin d’être le fils caché d’Hercule Poirot et de Miss Marple pour avoir rapidement de sérieux soupçons sur le fond de l’histoire (même si je reste sceptique – comme la fosse –sur la faisabilité de la chose).

L’auteure nous offre un thriller psychologique totalement maîtrisé et aussi addictif qu’une dose de morphine. Sans surprise au vu du profil de la dame, l’intrigue sonne juste à tous points de vue. Un bouquin dévoré d’une traite, comme souvent avec les titres des éditions Taurnada.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Jean-Marc Dhainaut – Brocélia

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Titre : Brocélia
Auteur : Jean-Marc Dhainaut
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
250 pages

De quoi ça cause ?

Meghan Grayford est journaliste pour un magazine spécialisé dans le paranormal. Quand son patron la presse de trouver un sujet pour un article elle décide de se pencher sur la sombre histoire du manoir de Brocélia. Une vieille bâtisse isolée au cœur de la forêt de Brocéliande, réputée pour être maudite.

En se faufilant dans cette bâtisse, Meghan ignore encore que son histoire n’est pas peuplée de magie et de fées, mais de morts brutales et sanglantes…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada, une raison qui se suffirait à elle-même. Mais aussi parce que c’est Jean-Marc Dhainaut et que j’avais beaucoup aimé son précédent roman, L’Œil Du Chaos.

Cerise sur le gâteau, j’ai trouvé la couv’ sublime.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée et l’envoi de ce roman.

Les lecteurs les plus assidus de Jean-Marc Dhainaut reconnaîtront sans doute le personnage de Meghan Grayford puisqu’elle apparaît dans la dernière enquête d’Alan Lambin (enquêteur du paranormal et personnage récurrent de l’auteur), Les Couloirs Démoniaques. Cela ne les surprendra donc pas outre mesure de voir leur chasseur de fantômes préféré et sa compagne, Mina, prendre part au déroulé de la présente intrigue.

Intrigue qui pourrait sembler relativement classique tant le thème de la maison hantée a servi de cadre à bien des récits de la littérature fantastique (et accessoirement horrifique), certains écrits par des maîtres incontestés du genre (Richard Matheson, James Herbert, Graham Masterton, sans oublier l’incontournable H.P. Lovecraft pour ne citer qu’eux). Un thème un peu tombé en désuétude ces dernières années, mais qui peut encore réserver bien des surprises – et des sueurs froides –, comme le démontre fort habilement Jean-Marc Dhainaut dans ce septième roman.

Le cadre choisi par l’auteur se prête bien à ce genre d’exercice, non seulement la Bretagne dans son ensemble est une terre riche en légendes, mais la forêt de Brocéliande est réputée être le berceau de la légende arthurienne.

S’il n’est point question de la geste arthurienne dans le roman de Jean-Marc Dhainaut, certaines légendes bretonnes ont toutefois été source d’inspiration pour servir de toile de fond à son intrigue.

Retour à nos moutons et à Meghan. Passionnée d’urbex (exploration urbaine) et tout particulièrement dans les lieux chargés d’histoire ou de mystères, elle a déjà eu l’occasion de se frotter au manoir de Brocélia quelques mois plus tôt… avant de rapidement battre en retraite tant la demeure lui avait fait comprendre qu’elle n’était pas la bienvenue.

Pressée par son patron de pondre un article explosif pour le prochain numéro du magazine pour lequel elle travaille, elle va surmonter sa peur et retourner se confronter au manoir et à ce qui le hante. À peine arrivée au village voisin, le ton est donné ; l’accueil est glacial, pour ne pas dire franchement hostile (y sont fous ces bretons dirait ce brave Obélix). Mais il faut plus que ça pour faire reculer notre téméraire journaliste de l’étrange.

Entre plongée dans le passé – tumultueux et sanglant – des occupants successifs du manoir et exploration – sous haute tension – du domaine, Meghan aura intérêt à avoir le cœur bien accroché pour ne pas prendre ses jambes à son cou. Mais la petiote est obstinée et bien déterminée à comprendre ce qui se cache derrière cette colère omniprésente autour de Brocélia.

Heureusement elle ne sera pas seule dans ses investigations, Alan et Mina l’aideront à mieux cerner certaines des manifestations dont elle sera spectatrice – et accessoirement victime. Elle pourra aussi compter sur le soutien inconditionnel et l’aide de Janis, son ami d’enfance qui travaille avec elle à la rédaction d’Insolite Magazine.

Il lui faudra bien ça pour faire face à l’hostilité paranormale de Brocélia, mais aussi aux gueulantes incessantes de son patron (à croire que le gars ne sait parler qu’en aboyant) et aux coups bas d’un collègue aussi fielleux que lèche-cul.

Jean-Marc Dhainaut sait y faire pour installer rapidement une ambiance oppressante – voire franchement flippante parfois – et maintenir la pression de la première à la dernière (ou presque) page. Des chapitres courts et une écriture très visuelle plongent le lecteur au cœur de l’intrigue.

Chapeau bas pour cet étonnant revirement de situation dans les ultimes chapitres du roman, nul doute que même les lecteurs les plus aguerris n’auront rien vu venir. Une belle trouvaille qui vient couronner un récit d’une redoutable – effrayante – efficacité.

N’ayant pas encore eu l’occasion de me plonger dans les enquêtes d’Alan Lambin, ce roman, en forme de spin-off de la tétralogie, m’a vraiment donné envie de découvrir cette série qui hante mon Stock à Lire Numérique depuis des temps immémoriaux.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Estelle Tharreau – Digital Way Of Life

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Titre : Digital Way Of Life
Auteur : Estelle Tharreau
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
176 pages

De quoi ça cause ?

À travers ce recueil de nouvelles, Estelle Tharreau décline des futurs possibles dans un monde entièrement connecté où l’humain est totalement dépendant de la technologie.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

J’étais curieux de découvrir Estelle Tharreau dans un tout autre registre, sa plume est d’une redoutable efficacité quand elle se frotte au polar ou au roman noir, voyons ce que ça donne quand elle s’essaye à la science-fiction.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Le fil rouge qui relie les dix nouvelles composant ce recueil est la dépendance de l’humain vis-à-vis des nouvelles technologies. Chaque nouvelle est précédée par un ou plusieurs articles de presse en lien avec le thème abordé.

Pour servir son propos, l’auteure pousse à l’extrême le lien entre l’humain et la technologie, c’est la vision la plus sombre de l’avenir possible qu’elle nous propose de découvrir.

Quelques mots sur chacune des nouvelles composant ce recueil et ma note sur 5 :

  • Pathologique : quand la communication est considérée comme néfaste à l’épanouissement de l’enfant. Excellente mise en bouche. 5
  • Virtualité Réelle : quand la réalité virtuelle est l’unique garante du bien vivre ensemble. Glauque à souhait. 3.5
  •  Aveuglement Amoureux : quand la justice se met à l’heure du verdict numérique. Un sujet grave traité avec une légèreté rafraichissante. 4.5
  • Inhumains : quand les nanotechnologies se mettent au service de la médecine. Au-delà des apparences, humanité augmentée ou inhumanité, la question est posée en une revisite du mythe de Frankenstein fondue au noir. Mention spéciale pour le clin d’œil final. 5
  • Automatique : quand les assistants numériques se font un peu trop envahissants. J’avais deviné la fin mais ça ne m’a pas empêché de savourer cette nouvelle. 4.5
  • Éternité : quand l’homme pense que la machine peut l’aider à défier l’ordre naturel des choses. Je n’ai pas vraiment accroché à ce récit. 2.5
  • Profil : quand vos traces numériques se retournent contre vous… en dépit du bon sens. Malheureusement peut-être pas si dystopique que ça devrait l’être. 5
  • Bouton Rouge : quand les moteurs de recherche encouragent l’ignorance et occultent le passé. Court mais d’une redoutable efficacité. 4.5
  • Harceleuse : quand le tout numérique n’attend pas le poids des années pour affirmer son emprise sur l’individu. Là encore on oscille entre triste réalité et dystopie. La dernière phrase de la gamine est une tuerie. 5
  • La Trappe : quand l’obscurantisme religieux pousse l’homme à se substituer à Dieu. Un clap de fin apocalyptique. 4.5

Soit une moyenne de 4.4 / 5 que j’arrondis sans la moindre hésitation à 4.5.

Je ne vois pas ces nouvelles comme une attaque en règle contre les nouvelles technologies (il faudrait être très con pour tout rejeter en bloc) mais plutôt comme un cri d’alarme, un appel à la vigilance afin de ne pas se laisser submerger et ne pas placer notre confiance absolue dans le numérique. Pour que le message passe, il faut taper fort, là où ça fait mal et c’est exactement ce que fait Estelle Tharreau.

Une chose est sûre, avec ce recueil l’auteure ajoute une nouvelle corde à son arc. Ses premiers pas dans le monde de l’anticipation sont totalement convaincants.

Pour ma part je ne m’estime pas encore totalement techno accro, je ne suis pas pendu à mon téléphone H24, il ne me sert qu’à téléphoner (surtout répondre au téléphone) ou envoyer des SMS. En revanche je n’envisage pas de me passer de ma tablette et encore moins de ma liseuse.

MON VERDICT

[BOUQUINS] David Ruiz Martin – Requiem Des Ombres

AU MENU DU JOUR


Titre : Requiem Des Ombres
Auteur : David Ruiz Martin
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
384 pages

De quoi ça cause ?

Donovan Lorrence, écrivain à succès, revient à Neuchâtel après des années d’absence. Il est déterminé à faire toute la lumière sur cette nuit de novembre 1973 où son frère a disparu et lui-même a été agressé.

Il est temps d’exorciser ses démons du passé, mais certaines personnes pourraient ne pas voir d’un bon œil cette envie de faire remonter à la surface des souvenirs oubliés…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que le duo Taurnada et David Ruiz Martin m’avait scotché et bluffé avec Seule La Haine, le précédent roman de l’auteur.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

J’aime les auteurs qui osent se remettre en question d’un titre à l’autre, si David Ruiz Martin reste dans le thriller noir avec ce nouveau roman, il est totalement différent de Seule La Haine. On pourrait penser qu’il est difficile d’imaginer une intrigue originale autour du thème (éculé diront certains) de la vengeance, et pourtant l’auteur réussit à nous proposer une approche plutôt novatrice. Même s’il est d’usage de dire que « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes », rien n’interdit d’apporter une pointe d’originalité et de modernité à ladite soupe.

Ici cette note inédite vient du personnage d’Iris et de son don (qu’elle considère plutôt comme une malédiction). Son apparition va donner un sérieux coup de boost à l’intrigue, constituant même un second arc narratif qui entraînera Donovan dans son sillage.

Il faut bien reconnaître que Donovan Lorrence ne fait rien pour s’attirer la sympathie des lecteurs malgré la totale légitimité de sa quête de vérité. Heureusement Iris aura un effet apaisant sur lui, même si trop se rapprocher de la mystérieuse jeune femme peut réserver bien des surprises.

Une fois encore c’est la Suisse, et plus particulièrement Neuchâtel et ses environs, qui servira de décor à l’intrigue imaginée par David Ruiz Martin. Une Suisse bien loin de l’image d’Épinal qui vante le flegme helvète, c’est le côté obscur de la Suisse que nous dévoile l’auteur.

Une intrigue certes moins machiavélique que celle de Seule La Haine et son incroyable face à face psychologique, mais pas moins intéressante. Vous aurez rapidement envie de comprendre ce qui a bien pu passer au cœur de la brume neuchâteloise, un soir de novembre 1973. Il faut croire que la soif de vérité de Donovan est contagieuse.

Les personnages sont soignés, l’intrigue est parfaitement maîtrisée de bout en bout. Franchement difficile de lâcher le bouquin une fois que vous serez pris dans les mailles du filet. Résultat des courses on dévore les presque 400 pages quasiment d’une traite (deux traites pour être exact).

Avec ce roman David Ruiz Martin confirme qu’il faudra désormais compter avec lui dans le petit monde du polar suisse, mais aussi, plus largement, du polar francophone.

MON VERDICT