[BOUQUINS] Collectif – 22 V’là Les Flics !

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Titre :  22 V’là Les Flics !
Auteur : Collectif
Éditeur : Lajouanie
Parution : 2022
Origine : France
444 pages

De quoi ça cause ?

21 auteurs qui ont été ou sont encore flics se livrent à l’exercice de la nouvelle pour mettre en avant leur métier. Mais pas que… le fil rouge de ces nouvelles est l’enfance.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Comment résister à un recueil de nouvelles policières écrites par ceux qui peuvent en parler le mieux ?

Pour la beauté du geste : pour chaque exemplaire acheté, 1.50 € seront reversés aux orphelins de la police.

Ma Chronique

Ils sont venus ils sont tous là… Non Charles, ils ne sont pas tous là mais ils sont quand même 21. Si l’on ajoute la brillante et touchante préface signée Oliver Marchal, ce sont 22 auteurs, flics ou ex-flics, qui ont répondu à l’invitation des éditions Lajouanie.

En faisant cohabiter enfance et police deux schémas se dessinent, soit l’enfant est victime, soit notre chère petite tête blonde n’est pas si innocente que ça. Un raccourci un peu rapide je le reconnais volontiers, ce serait sans compter sur le talent et l’imagination des auteurs pour nous surprendre. Après tout la collection polar des éditions Lajouanie s’appelle bien Romans policiers mais pas que

Parmi les auteurs qui ont participé à ce recueil il y en a que je connais pour avoir lu un ou plusieurs de leurs romans (Sacha Erbel, Didier Fossey et Christophe Guillaumot), d’autres que je connais uniquement de nom (Christophe Gavat, Jean-François Pasque, Pierre Pouchairet, Jean-Marc Souvira, Danielle Thiéry et Ivan Zinberg), et les derniers que j’aurai le plaisir de découvrir.

Des nouvelles qui flirtent allégrement avec le noir, survolant les multiples abjections dont l’être (in)humain peut être capable. Selon les auteurs l’aspect strictement policier sera plus ou moins (voire pas du tout) présent, mais le thème de l’enfance demeurera le fil rouge. De nombreuses thématiques d’actualité seront abordées de façon plus ou moins approfondies mais toujours parfaitement intégrées au récit.

Des nouvelles qui sont aussi l’occasion d’aborder les nombreuses problématiques avec lesquelles les policiers doivent composer tant bien que mal : lourdeurs des procédures administratives, budgets toujours revus à la baisse qui engendrent à la fois sous-effectif et surcharge de travail… avec les conséquences, parfois dramatiques, qui peuvent en découler.

Je ne m’étendrai pas sur chacune des nouvelles composant le présent recueil, en lieu et place je vais les lister en leur attribuant une note (basée sur un ressenti purement personnel) sur 5.

  • Jean-Marc Bloch – La Mouette : 3
  • Olivier Damien – Ruben : 5
  • Eric Dupuis – Une Si Belle Journée : 3.5
  • Sacha Erbel – La Petite : 4
  • Didier Fossey – Zippo : 5
  • Christophe Gavat – Entre Deux Tours : 5
  • Christophe Guillaumot – En Lettres Dorées : 3.5
  • Frank Klarczyk – V.I.F. : 5
  • François Lange – Sur Un Air De Guitare : 3
  • Rémy Lasource – L’Obscurité Dans Nos Cœurs : 3
  • Paul Merault – Nous Pensons, Donc Nous Sommes : 5
  • Patrick Nieto – Si J’Avais Su : 5
  • Eric Oliva – Briser Les Verrous De Ma Mémoire : 5
  • Lionel Olivier – La Nuit Porte Conseil : 5
  • Jean-François Pasques – Qu’Est-Ce Que Je Vais Bien Pouvoir Dire Aux Enfants ? : 4
  • Pierre Pouchairet – Devenir Une Tueuse : 3
  • Jean-Marc Souvira – Men-Tensel : 2.5
  • Danielle Thiéry – Le Poids Des Mots : 3.5
  • Emmanuel Varle – Engrenage : 3
  • Luc Watteau – Cosette Au Coin Du Feu : 4
  • Ivan Zinberg – Quand Je Serai Grand : 5

Comme vous pouvez le constater les nouvelles sont classées par tri alphabétique sur le nom de leur auteur. Un ressenti inégal – comme souvent dans ce genre de recueil – qui, je le répète, n’engage que moi. Il n’en reste pas moins que le recueil s’en tire avec la très honorable moyenne de 4. Que j’augmente avec plaisir d’un demi-point pour saluer l’initiative de ce recueil et le reversement de 1,5 € aux orphelins de la police.

Je terminerai cette chronique avec un extrait de la préface d’Olivier Marchal, tout simplement parce que j’aurai été bien incapable de trouver des mots plus justes pour dire merci à ces flics… ceux qui ont contribué à ce recueil bien sûr, mais aussi à tous les autres, qui ont servi ou servent encore au sein des forces de police :

« Pour rendre hommage à tous ces flics tombés dans la rue pour « servir et protéger ». Tous ces flics oubliés, morts dans l’indifférence générale.
Un discours vite envoyé.
Une cérémonie bidon.
Les larmes sincères des collègues.
Et des enfants qui restent sans papa ou maman.
Les héros ne meurent que sur les champs de bataille. Les héros, ce sont eux. Des flics anonymes morts en faisant leur devoir.
Avec des enfants qui restent en retenant leur colère et leurs larmes…
Merci à tous ces flics qui font ce métier difficile et incompris. »

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sacha Erbel – La Mort Est Parfois Préférable

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Titre : La Mort Est Parfois Préférable
Auteur : Sacha Erbel
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
248 pages

De quoi ça cause ?

Yan est flic à la PJ de Lille. Depuis des années elle souffre d’endométriose, les crises sont de plus en plus fréquente et douloureuse. Elle combat la douleur à grand renfort d’antalgiques, mais combien de temps pourra-t-elle tenir à ce rythme ?

Elle se voit confier l’enquête sur la mort d’un grand reporter, noyé dans sa baignoire après avoir été sévèrement tabassé. Une autre équipe part sur une scène de crime particulièrement morbide, un homme a été retrouvé décapité au volant de sa voiture.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada et l’occasion de découvrir une auteure que je ne connaissais pas.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Sacha Erbel est fonctionnaire de police depuis plus de 25 ans et actuellement en poste au Service de la Protection. Passionnée par l’étude des tueurs en série, elle est diplômée en criminologie appliquée à l’expertise mentale. Tout ça pour dire que madame sait de quoi elle cause… faut pas la prendre pour un lapin de six semaines.

Son roman est aussi l’occasion de mettre en avant cette maladie encore mal connue (quand certains trouducs ne nient pas purement et simplement cette pathologie) qu’est l’endométriose. Là encore l’auteure sait de quoi elle parle puisqu’elle doit apprendre à vivre avec son « Araignée » depuis plus de 10 ans.

Si l’endométriose n’est pas le thème principal du roman, Sacha Erbel réussit toutefois à faire de cette foutue Araignée quasiment un personnage à part entière. Au fil des chapitres il sera aussi question de l’éthique journalistique (riez pas, il paraît que ça existe), de vengeance, de dérives sectaires, de manipulation et même d’hypnose.

Difficile de rester insensible face au personnage de Yan, sans aller jusqu’à approuver l’ensemble de ses choix. Je n’ose même pas imaginer ce que ça doit être de vivre avec ces crises de douleurs aussi fulgurantes qu’imprévisibles. Je veux bien croire que face aux assauts répétés de la douleur on en vienne parfois à penser que la mort pourrait être préférable.

L’intrigue va se diviser en deux enquêtes. Le meurtre particulièrement brutal d’un célèbre journaliste pour Yan et son équipier, Granulé. Un cadavre décapité retrouvé au volant de sa voiture pour Brath et Michel. Quatre flics liés par une grande complicité et une solide amitié malgré des personnalités et un vécu très différents.

Sacha Erbel apporte beaucoup de soin à ses personnages, même les plus secondaires sont dotés d’une réelle personnalité. Un travail payant qui facilite l’empathie (ou l’antipathie) pour tel ou tel personnage.

Concernant la mort du journaliste on connaît rapidement l’identité du coupable et ses motivations (autant dire que je n’ai pas versé de larmes sur le funeste destin du scribouillard). Reste à Yan et son équipier à remonter les bonnes pistes pour identifier leur suspect.

L’affaire du décapité est nettement plus captivante, surtout quand les policiers vont se retrouver avec une deuxième victime décapsulée. Tous les indices semblent converger vers la thèse du suicide avec une mise en scène particulièrement sophistiquée et macabre. Nul besoin d’être le fils caché d’Hercule Poirot et de Miss Marple pour avoir rapidement de sérieux soupçons sur le fond de l’histoire (même si je reste sceptique – comme la fosse –sur la faisabilité de la chose).

L’auteure nous offre un thriller psychologique totalement maîtrisé et aussi addictif qu’une dose de morphine. Sans surprise au vu du profil de la dame, l’intrigue sonne juste à tous points de vue. Un bouquin dévoré d’une traite, comme souvent avec les titres des éditions Taurnada.

MON VERDICT