[BOUQUINS] Frédéric Lepage – Plus Fort Que La Nuit

En arrivant à New York, Lana Harpending, cavalière hors pair et nouvelle recrue de la police montée, ne s’attendait pas à tomber doublement amoureuse.

D’abord, de son camarade de patrouille, Paul, qui va se retrouver au centre d’une affaire criminelle effroyable. Mais aussi du cheval qui lui est attribué, un appaloosa nommé Éridan, caractériel selon la rumeur, et dont elle parvient peu à peu à gagner la confiance.

Bientôt, un secret terrifiant vient se glisser entre Lana et son cheval. Un secret qui, dévoilé, pourrait entraîner la mort d’Éridan.

Alors, elle va faire un pari fou, et tenter l’impensable.

Parce que c’est Taurnada, un de leurs nombreux titres en retard figurant dans mon Stock à Lire Numérique.

L’occasion aussi de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada ainsi que la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée. Une fois encore, je m’excuse pour le retard de ce retour de lecture, partiellement indépendant de ma volonté.

Le roman débute comme un polar classique : une scène de crime bien glauque, un binôme d’enquêteurs aux personnalités diamétralement opposées et une enquête qui s’annonce difficile.

Très vite, Frédéric Lepage nous entraîne sur un autre terrain, celui de la relation entre Lana, jeune cavalière talentueuse tout juste intégrée à la police montée de New York, et Éridan, son cheval appaloosa au caractère bien trempé.

Cette relation fusionnelle entre la cavalière et sa monture constitue le cœur du roman. Elle est décrite avec beaucoup de justesse et d’émotion. Ces passages comptent parmi les plus réussis du livre, tant ils sont empreints de sensibilité et de vérité. On assiste à l’évolution du lien entre la cavalière et le cheval, la méfiance initiale d’Éridan fait place à une forme de résignation, avant qu’une réelle complicité ne s’installe et que la relation devienne fusionnelle… pour ne pas dire vitale.

Le revers de la médaille, c’est que l’intrigue policière se retrouve reléguée au second plan pendant une bonne partie du récit.

Il faut attendre la seconde moitié du roman pour que le polar reprenne ses droits et que les deux affaires de meurtre trouvent enfin un point de convergence. Les enquêteurs s’enfoncent alors dans un enchevêtrement de pistes aussi multiples que déroutantes, jusqu’à une conclusion efficace, qui parvient heureusement à redonner de la vigueur à l’ensemble.

En revanche, les passages romantiques consacrés à Lana m’ont nettement moins convaincu. C’est insipide et dégoulinant de guimauve. Par moments, on se croirait plongé dans un roman Harlequin ! Ces scènes donnent des frissons… mais pas dans le bon sens du terme.

Sur le plan stylistique, Frédéric Lepage a parfois tendance à s’égarer dans de longues descriptions – voire digressions – alternant entre des envolées lyriques et un vocabulaire parfois abscons. Cela vient alourdir inutilement le texte et casser le rythme. L’intrigue avance alors au pas tranquille d’un vieux poney rhumatisant, plutôt qu’au galop d’un pur-sang. Une fois encore ce n’est pas vraiment ce qu’on attend d’un polar.

L’un des points forts du roman réside toutefois dans la construction des personnages. Tous bénéficient d’un soin particulier : les personnalités sont bien dessinées, les interactions crédibles. Certains suscitent immédiatement l’empathie – Rosa, la maréchale-ferrante, Garance, la colocataire bienveillante, Ken, l’ancien collègue de la Crim’, ou même Lana, malgré ses égarements sentimentaux dignes d’une adolescente en pleine crise hormonale. D’autres, en revanche, se révèlent immédiatement antipathique – Manfred Stohr, le superviseur de la brigade, décroche sans conteste la palme du personnage le plus détestable.

Enfin, impossible de ne pas mentionner la place des animaux, véritable fil rouge du roman. Qu’il s’agisse d’Éridan, ce cheval aussi fier que fragile, ou des autres montures de la brigade, chacun possède une identité propre. Et puis il y a Einstein, le chien — irrésistible, touchant, et immédiatement attachant. Un vrai coup de cœur !

En conclusion, Plus Fort Que La Nuit est une lecture plutôt agréable, servie par des personnages bien construits et une belle sensibilité autour du lien humain-animal. Mais j’en ressors avec un sentiment mitigé : si le versant policier avait été davantage développé et le style plus épuré, mon ressenti aurait été bien plus enthousiaste.

[BOUQUINS] Mo Malo – La Mariée D’Équinoxe

Plage du Sillon, Saint-Malo, 23 septembre. Une marée d’une force exceptionnelle déferle sur le littoral malouin. Si puissante qu’elle dépose, au sommet d’un des brise-lames qui protègent la chaussée, le corps sans vie d’une jeune femme au physique étrange… vêtue de sa robe de mariée.

Au même moment, au Manoir des Corrigan, Maggie s’apprête justement à convoler avec Jacques Gaillard, son amant régulier depuis plusieurs années, pile le jour anniversaire de la disparition de Constant, son premier mari. Tout semble enfin en ordre pour que la matriarche de la Breizh Brigade refasse sa vie.

Mais l’enquête sur la Mariée d’Équinoxe, comme la surnomment les médias, va en décider autrement…

Pour le plaisir de retrouver le trio déjanté de la Breizh Brigade, une raison suffisante s’il en est.

Cette quatrième enquête mettant en scène la Breizh Brigade s’ouvre sur la découverte d’un corps que la forte houle a rejeté sur les brise-lames de Saint-Malo. La victime est vêtue d’une robe de mariée.

Loin du tumulte de cette scène de crime, au Manoir des Corrigan, un heureux événement se prépare : la doyenne, Maggie, va enfin épouser Jacques Gaillard. Mais Maggie a une façon très personnelle de préparer son mariage, un coup de vent un peu plus fort que les autres va rebattre les cartes de la noce… et pas uniquement pour Maggie.

Pour résoudre le mystère de la mariée d’équinoxe, notre trio de choc ne va pas hésiter à piétiner franchement les plates-bandes des « vrais » enquêteurs. En l’occurrence il s’agit d’un autre duo indissociable – pour le meilleur et surtout pour le pire – de la Breizh Brigade, le commissaire Christophe Guilloux et son adjointe Emma Lobo.

Comme dans le tome précédent, Mo Malo combine la double enquête et l’évolution des histoires individuelles des personnages. Outre le mariage annulé de Maggie, la fougueuse Enora sera dans tous ses états à la suite de la disparition aussi soudaine que brutale de sa bien-aimée Fanny.

D’un point de vue personnel les choses sont plutôt figés entre Emma et son chef. Si les sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre sont visiblement réciproques, il reste sourd et aveugle à tous les signaux qu’elle s’évertue à lui envoyer.

Vous l’aurez compris l’auteur reste dans la même veine que les précédents opus, une double enquête laissons la part belle à l’humour malgré des situations parfois bien glauques (la mort de Margaux, notre Mariée d’Équinoxe, mais aussi toute son histoire récente). Vous pouvez heureusement compter sur la verve inimitable de la Breizh Brigade pour détendre l’atmosphère et faire travailler vos zygomatiques.

On retrouve aussi l’hommage à Saint Malo, la ville qui a vu grandir Mo Malo. N’hésitez pas solliciter Google pour parcourir quelques photos des sites que l’auteur nous invite à découvrir. Je vous garantis que les rochers sculptés de Rothéneuf méritent que l’on s’y attarde.

Le fil rouge autour de la disparition en mer de Constant demeure même s’il en est un peu moins question. Juste ce qu’il faut pour mieux nous attirer vers les prochains tomes de la série. Le sixième opus devrait marquer la fin de l’aventure littéraire de la Breizh Brigade.

Feckin’ hell ! Vivement la suite !!!

[BOUQUINS] Mo Malo – L’Ombre Des Remparts

À Saint-Malo, sur les remparts, on s’entraîne pour l’Intrail-Muros, une course nocturne dangereuse sur le sol humide en plein hiver breton. Une nuit, des coureurs tombent. Énora aussi, qui perd connaissance. D’où sort donc ce câble en acier tendu en plein parcours ? Un guet-apens, un piège, un attentat ? Qui voudrait saboter un événement aussi important pour la ville ?

Le même soir, Guillaume, héritier de l’historique famille Magon, disparaît…

La Breizh Brigade ne chôme pas et les esprits affûtés de Maggie, Louise et Énora ne reculent devant aucun obstacle pour démasquer le coupable.

Tout simplement pour le plaisir de retrouver la Breizh Brigade et ses enquête malouines.

La Breizh Brigade est de retour, cette fois Maggie, Louise et Enora vont devoir découvrir l’identité de celui qui cherche à empêcher la tenue de L’Intrail-Muros, le célèbre trail urbain nocturne de Saint Malo, d’autant que le saboteur n’hésite pas à mettre la vie des coureurs en danger. Et si, au même moment, la disparition d’un notable haut en couleurs de la cité malouine n’était pas une simple coïncidence ?

Bien entendu la police aussi est sur les dents, le commissaire Christophe Guilloux et son adjointe, Emma Lobo, vont avoir la charge de cette double enquête. Une enquête qui s’annonce plus complexe que prévu vu le peu d’indices à leur disposition.

Les habitués retrouveront bien d’autres personnages qui accompagnent les Corrigan depuis qu’elles ont reformé leur Breizh Brigade. À commencer par Jojo Prigent, le flic à tête de troll, pilier de bar du troquet clandestin du Manoir Corrigan et intarissable source d’informations – à ne pas toujours prendre au pied de la lettre – pour nos trois apprenties détectives.

Comme à l’accoutumée Mo Malo profite de son intrigue pour mettre à l’honneur la cité de Saint Malo. Çà et là il dispense quelques anecdotes historiques ou culturelles sur sa ville de naissance et ses nombreux souvenirs liés à la cité corsaire. A ce titre cette série, sous une apparente légèreté, est certainement la plus « personnelle » pour l’auteur.

On l’avait compris au vu du précédent opus, la disparition mystérieuse de Constant Corrigan, 20 ans plus tôt, s’impose plus que jamais comme le fil rouge cette saga Corrigan.

Une fois de plus le trio Corrigan se complète à merveille, la gouaille et l’impétuosité de Maggie sont modérées par la sagesse et l’esprit affûté de Louise, Enora quant à elle apporte son grain de folie et sa fougue. C’est en conjuguant leurs talents que les Corrigan font des étincelles.

Pour la Breizh Brigade aussi cette intrigue va, plus que jamais, se jouer sur fond de choix personnels décisifs quant à leur avenir. Maggie va ainsi se retrouver face à une demande pour le moins inattendue de la part de Jacques – son amant « officiel ». Demande pour le moment éludée d’un vague « B’fhéidir » (peut-être en gaélique) mais qui ne saurait en rester là.

Enora aussi sera en prise avec sa conscience et ses sentiments, si tout se passe comme prévu – et pour le moment ça se goupille plutôt pas mal – elle devrait partir s’installer en Irlande à la fin de ses études. Pas évident d’annoncer une pareille nouvelle à sa mère et à sa grand-mère, plus délicat encore à gérer vis-à-vis de Fanny, sa compagne.

Force est de constater que cet apport d‘humanité aux personnages est une riche idée de l’auteur, en effet même si l’on suivait avec plaisir les péripéties du trio Corrigan, il manquait ce souffle de vie pour que l’on ressente une réelle empathie pour nos trois héroïnes.

Côté cœur Emma Lobo n’est pas non plus au bout de ses peines quand il s’agit de faire comprendre à son commissaire qu’il ne la laisse pas de marbre. Christophe Guilloux, qui semble pourtant éprouver la même chose pour son adjointe, ne capte aucun des signaux qu’elle s’évertue à lui envoyer !

Dans ma chronique du tome précédent je m’interrogeais quant à la fin prochaine de la série (dans l’optique où Mo Malo aurait opté pour une trilogie), en refermant le présent bouquin je ne peux que me réjouir à l’idée de retrouver bientôt la Breizh Brigade (le quatrième opus est d’ores et déjà annoncé pour le mois de septembre).

[BOUQUINS] Harry Grey – Il Était Une Fois En Amérique

New York, années 1920. Noodles traîne dans le Lower East Side avec sa bande : Patsy, Cockeye, Max et Dominick. Simples gamins des rues, ils gravissent peu à peu les échelons d’une mafia qui s’organise en Syndicat du crime. Leur temps est celui de la Prohibition, de l’opium et des gangsters juifs et italiens qui s’apprêtent à refaçonner à tout jamais le visage de l’Amérique.

Parce que je souhaitais découvrir le roman qui a inspiré Sergio Leone pour son ultime et cultissime film, Il Était Une Fois En Amérique sorti en 1984.

Je remercie chaleureusement les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Si je vous dis Il Était Une Fois En Amérique vous penserez certainement à l’inoubliable film de Sergio Leone avec Robert De Niro (David « Noodles » Aaronson), James Wood (Max Bercovicz), James Hayden (Patrick « Patsy » Goldberg) et William Forsythe (Philip « Cockeye » Stein) dans le rôle des quatre truands de l’East Side. Un incontournable parmi les grands films de gangsters.

Le film est une (très) libre adaptation de l’autobiographie romancée de Harry Grey, The Hoods, parue en 1952. Le bouquin aurait été écrit alors que l’auteur purgeait une peine de prison à Sing-Sing. Difficile, voire impossible, de faire la part entre la réalité brute, la réalité plus ou moins volontairement embellie et la fiction dans le récit de Noodles. Harry Grey ne pourra jamais éclairer notre lanterne, ce dernier est en effet décédé en octobre 1980.

Le bouquin s’ouvre sur une préface de Sergio Leone dans laquelle il expose les raisons qui l’ont poussé à réaliser Il Était Une Fois En Amérique, et notamment son attachement au personnage de David « Noodles » Aaronson.

Le récit à proprement parler débute un peu avant la Première Guerre Mondiale, Noodles et ses amis, Max, Patsy et Cockeye, sont des gamins issus de familles pauvres établies dans le Lower East Side. Ils rêvent de faire fortune, et pour eux la voie la plus évidente est celle du crime.

Quelques années plus tard, la Prohibition leur offrira un terrain de jeu à la hauteur de leurs ambitions. Peu à peu ils graviront les échelons du crime organisé jusqu’à se faire une place parmi les plus grands du Milieu.

La plume de Harry Grey nous plonge en totale immersion dans les États-Unis soumis à la Prohibition, c’est d’un réalisme bluffant malgré un style plutôt minimaliste (chapeau bas à la traductrice, Caroline Nicolas).

Le roman est avant tout l’histoire d’une amitié indéfectible entre nos quatre héros qui se connaissent depuis l’enfance et se sont fait la promesse de gravir les échelons ensemble. Nous les suivrons au rythme de petits larcins qui deviendront rapidement des braquages de plus en plus audacieux. Au sein de la Coalition (une organisation criminelle qui entend fédérer les différents gangs de New York), ils seront parfois amenés à se salir les mains dans des opérations plus expéditives et plus sanglantes.

L’auteur décortique avec précision les liens entre le crime organisé et les milieux d’apparence plus honorable (police, justice ou encore politique), corruption, manipulation, usage de faux, intimidation… tout y passe pour asseoir son pouvoir et s’assurer d’être quasiment intouchable en cas de pépin. On y découvre aussi l’implication du crime organisé dans la montée en force et l’organisation des syndicats, véritable contre-pouvoir des employeurs.

Bien que le récit soit censé se dérouler pour l’essentiel entre les années 20 et 30 et ait été écrit en 1952, l’attitude et les propos de Noodles et ses amis sur les femmes sont d’un machisme parfois à peine supportable. Dans le même ordre d’idée, je vais passer sous silence leur approche de l’homosexualité.

Globalement j’ai trouvé ce roman totalement addictif et bien construit. Une lecture qui aura eu pour effet secondaire de me donner l’envie de revoir la trilogie du temps de Sergio Leone – Il Était Une Fois Dans L’Ouest (1968), Il Était Une Fois La Révolution (1971) et Il Était Une Fois En Amérique (1984). Trois excellents films sublimés par les bandes originales d’Ennio Morricone.

[BOUQUINS] Ludovic Mélon – La Brigade Des Buses

Tout frais élu à la mairie, Oliver Larnac nomme à la tête de la 10e division de police son vieil ami et complice Jack Lescrot, qui n’a pourtant vraiment rien d’un flic.

Sur place, Jack découvre une situation calamiteuse : l’équipe ne compte plus que trois enquêteurs un peu bras cassés et assez tire-au-flanc, heureusement secondés par Prosper, un formidable cochon renifleur de faux billets. On surnomme désormais cette division la brigade des buses.

La mission de Jack est double : rétablir la réputation de la brigade et accessoirement rester en vie. Car, il le découvre bien vite, ses prédécesseurs ont subi un sort peu réjouissant…

Entre un titre qui annonce la couleur et une couv’ qui donne la vedette à un irrésistible cochon policier, impossible de résister à l’envie de plonger dans ce bouquin.

Connaissez-vous la ville de Maird ? Et sa célèbre rue de la Trique ? Mais si voyons, c’est la rue où le commissariat de la dixième division est situé à l’étage, juste au-dessus de la maison close du Croque-Madame.

Vous l’aurez compris Ludovic Mélon situe son intrigue dans une ville imaginaire. L’auteur étant lui-même Belge on peut supposer que cette ville de Maird se trouve en Belgique… Simple supposition, aucune indication géographique permettant de situer cette bourgade.

Nous ferons connaissance avec monsieur le maire, Oliver Larnac, qui vient de nommer à la tête du commissariat de la dixième division son complice Jack Lescrot. Des patronymes prédestinés quand on sait que si en journée les deux hommes mènent leurs affaires plus ou moins normalement (difficile de définir une quelconque normalité sous la plume de Ludoivic Mélon), à la nuit tombée le binôme devient Le Rossignol, un voleur qui prend un malin plaisir à ridiculiser les autorités, multipliant les forfaits au nez des enquêteurs.

J’avoue très honnêtement qu’il m’a fallu quelques pages pour m’adapter à l’univers complètement barré imaginé par l’auteur. Finalement j’ai accepté de mettre mon bon sens de côté et de me laisser embarquer sans poser de question. Un choix des plus judicieux, car peu à peu une véritable enquête de police va se mettre en place pour découvrir la vérité sur le meurtre non élucidé du commissaire Beagle, l’ancien chef de la dixième division.

La dixième division ce sont trois flics sur le retour et un cochon policier (si, si ça existe… il y a bien des cochons truffiers). Motiver ses troupes s’annonce être un défi de taille pour Jack, mais, contre toute attente, ils vont s’avérer bien plus perspicaces que l’on pouvait le supposer.

Il serait injuste de ne pas mentionner Mary parmi les personnages clés du roman, elle est la secrétaire très polyvalente de monsieur le maire et accessoirement complice du Rossignol.

L’intrigue alterne entre le rocambolesque et le burlesque, mais on se prend vite au jeu, on se régale des noms des lieux et des personnages qui donnent à l’ensemble un agréable parfum de vaste farce qui ne cherche pas à se prendre au sérieux. Ça fait du bien au moral et aux zygomatiques de lâcher prise sans se poser de questions.

Et pourtant, au-delà de l’humour, l’auteur, lui-même policier à Liège, pointe du doigt la situation de la police, tout particulièrement le mal-être des agents face à une administration sourde à leurs problèmes et de plus en plus pesante, mais aussi face à une population qui les méprise et à un système judiciaire bien souvent bancal.

La fin du roman ouvre la voie à une possible suite, si tel est le cas je serai fidèle au poste pour rejoindre les buses et le cochon !

[BOUQUINS] Hanna, Boivin & Georges – Douze

Fin de la saison, le grand hôtel de luxe perdu dans les Alpes ferme ses portes… Mais pas pour tout le monde. Douze étranges invités font leur entrée. Agents gouvernementaux, anciens policiers, assassins professionnels, ils sont tous les invités de l’Hydre, un insaisissable tueur caché derrière son masque. Les hostilités peuvent commencer.

Je remercie les éditions Delcourt et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Douze convives (onze hommes et une femme) invités à un diner dans un hôtel privatisé pour l’occasion, un moment sympa entre amis en perspective ? C’est pas vraiment le menu que nous réservent les auteurs de cette BD. Les invités sont en effet tous des tueurs confirmés (assassins, agents du gouvernement, mercenaires…) et leur hôte n’est autre que l’Hydre, le chef masqué d’une organisation criminelle majeure. Au douzième coup de minuit les douze invités auront carte blanche pour s’entretuer, il devra n’en rester qu’un…

Comme vous pouvez le constater l’idée de base, bien que classique, est plutôt prometteuse. Un huis clos meurtrier où tous les coups sont permis, une histoire que n’aurait pas reniée Agatha Christie mais qui tourne vite à la John Woo.

La BD se divise en deux parties. La première permet de faire connaissance avec les invités, de leur arrivée à l’hôtel jusqu’au retour dans leurs chambres après le diner. La seconde nous invite à assister à un jeu de massacre impitoyable.

Là encore la construction semble plutôt judicieuse, oui mais non… Les deux parties sont en effet très mal équilibrées. La première est beaucoup trop longue (plus de trente pages) et parfois même répétitive, alors que la seconde (de loin la plus prometteuse) semble trop vite expédiée et aurait méritée d’être plus étoffée. Dommage on reste un peu sur notre faim en refermant le bouquin. D’autant que, paradoxalement, nous en apprendrons assez peu sur nos douze convives.

Heureusement la fin, totalement inattendue, nous permet de finir sur une note plutôt positive. Je n’en dirai pas plus, même sous la torture (sauf si vous m’offrez des Ferroro Rocher).

Inévitablement le décor (un hôtel dans les Alpes) fait penser à l’Overlook de Shining (Stephen King). Pour un peu on aurait même le droit à la version asiatique des jumelles Grady avec les fidèles assistantes de l’Hydre.

Pour rester dans les références, le personnage de l’Hydre n’est pas sans rappeler le fameux Keyser Soze du film Usual Suspects (Bryan Singer). Comme dans le film, tout deviendra limpide pour le lecteur à la fin du bouquin.

Le dessin est fin, précis et détaillé, les personnages sont soignés et Hervé Boivin parvient à restituer leurs émotions à la perfection. Rien à redire non plus sur la mise en couleurs, c’est propre et net. Dans l’ensemble le visuel est irréprochable, après la lecture on se surprend même à revenir en arrière pour apprécier le détail de certaines scènes.

Dans les capture des planches de la BD en fin de chronique, je me suis volontairement limité à la première partie, ça aurait été dommage de vous donner des indices sur les futures victimes.

Le cadre

Le dîner

[BOUQUINS] J0 Nesbo – Éclipse Totale

À Oslo, deux jeunes femmes sont retrouvées, l’une sans cerveau, l’autre décapitée.

Soupçonné, l’exécrable Markus Røed, magnat de l’immobilier, charge son avocat d’engager un détective, le meilleur, pour le disculper.

Hole, exclu de la police, serait l’homme de la situation s’il n’était en train de se soûler méthodiquement dans un bar de Los Angeles en compagnie de Lucille, actrice vieillissante qui doit 960 000 dollars à des recouvreurs de dette mexicains.

Pour sauver son amie, Harry accepte l’offre de Røed. À ce tarif. Il a dix jours devant lui pour rentrer affronter ses démons, trouver le coupable et envoyer l’argent.

Harry Hole, what else ? Un rendez-vous nordique incontournable, reste à savoir si cette treizième enquête sera placée sous le signe de la chance ou pas…

Dès l’ouverture du bouquin, on retrouve Harry Hole dans un bar de Los Angeles, en mode Leaving Las Vegas (le film de Mike Figgis, adapté du roman de John O’Brien). Même si Hole n’est pas vraiment l’archétype du bon samaritain, c’est pourtant en se mêlant   – activement – d’une affaire qui ne le regarde pas qu’il va devoir revoir ses plans et rentrer en Norvège… pour notre plus grand plaisir (on va pas se mentir) !

N’ayant aucun mandat officiel, Hole va s’entourer d’amis de confiance pour l’aider à avancer dans une affaire qui s’annonce bien plus complexe que prévu. Il va ainsi faire équipe avec Stale Aune, ancien psychologue et consultant pour la police, actuellement hospitalisé (c’est d’ailleurs sa chambre d’hôpital qui servira de QG à l’équipe), Oyesten Eikeland, ami d’enfance et chauffeur de taxi qui traîne dans des combines pas toujours très légales et Truls Bernsten, policier soupçonné de corruption et de détournement de preuves… une fine équipe, n’est-il pas ?

Même si Harry Hole n’œuvre pas en tant que policier sur cette affaire de double meurtre, pas question pour lui de piétiner les plates-bandes de ses anciens collègues. Il envisage plutôt une collaboration gagnant-gagnant. C’est ainsi qu’il pourra compter sur l’aide de Katrine Bratt, responsable du groupe d’enquête, et de la légiste Alexandra Sturdza.

C’est avec un réel plaisir que j’ai retrouvé tous ces personnages déjà croisés dans les précédentes enquêtes de Harry Hole. Même si ce brave Harry est loin d’être un aussi exemple de sobriété, au fil des chapitres il tente, avec plus ou moins de succès, de combattre ses démons intérieurs et résister à l’appel du Jim Beam. On va aussi découvrir Harry endossant le costume de « oncle Hallik » quand il s’occupera de Gert, le fils de Katrine.

Il faut dire que tout ce petit monde ne sera pas de trop pour contrecarrer les plans d’un tueur dont le mode opératoire dépasse l’entendement. À éviter pendant les repas… sinon je ne réponds de rien quant au risque de retour à l’envoyeur.

Les habitués le savent, Jo Nesbo est un pervers qui n’hésite pas à malmener ses personnages et à jouer avec les nerfs de ses lecteurs. Une fois de plus il prendra un malin plaisir à orienter le lecteur vers des suspects potentiels, sans jamais qu’il ne nous soit possible de trancher sur la culpabilité de l’un ou de l’autre…

Son psychopathe du moment prend aussi un certain plaisir à lancer les enquêteurs sur de fausses pistes. Il saura faire montre d’un redoutable sens de l’adaptation quand son plan ne prendra pas la direction souhaitée, en deux temps et trois mouvements (accessoirement une victime de plus) il retournera la situation en sa faveur.

Impossible de faire l’impasse sur le personnage de Markus Roed, l’employeur de Hole. Ce type apparaît dès le départ comme détestable au plus haut point, et plus on découvrira sa face cachée, plus il deviendra franchement exécrable.

Un retour gagnant sous le feu des projecteurs pour Harry Hole, mais gageons qu’il n’aura guère le temps de savourer cette victoire au goût amer. La fin du roman laisse en effet entendre qu’il va rapidement se retrouver face à un nouveau défi.

Au cas où certains en douteraient encore, Jo Nesbo confirme sa place au top du top dans le vaste monde du polar nordique, et même du polar tout simplement. Je pense pouvoir affirmer sans me tromper que de tous les personnages récurrents de romans policiers, Harry Hole est celui qui a ma préférence.

[BOUQUINS] Ragnar Jonasson & Katrin Jakobsdottir – Reykjavik

Reykjavík,1956. Une jeune fille disparaît sans laisser de trace.

Trente ans plus tard, le mystère est toujours la plus grande affaire non résolue d’Islande.

Adepte de la littérature nordique, ça faisait déjà quelque temps que j’avais envie de découvrir l’univers littéraire de Ragnar Jonasson.

Le pitch de ce roman écrit à quatre mains a titillé ma curiosité, et voilà.

Je remercie les éditions de La Martinière et la plateforme Net Galley pour leur confiance. Même si concrètement ce n’est pas le bouquin obtenu par leur biais que j’ai lu. Il serait temps que les éditeurs comprennent que le PDF c’était avant… aujourd’hui, j’ai autant envie de lire un roman au format PDF que de zieuter le dernier Marvel sur un vieux téléviseur noir et blanc avec un son crachotant. J’ai donc attendu la sortie commerciale du roman pour me le procurer au format epub.

Même si je n’ai jamais lu de romans de Ragnar Jonasson je le connais de nom et de réputation, il est en effet un incontournable de la littérature policière en Islande. Le nom de Katrin Jakobsdottir m’était quant à lui totalement inconnu. Et pour cause, elle est la chef du gouvernement islandais (Première ministre) depuis 2017. Les deux auteurs partagent la même passion pour la littérature policière.

Il faut un petit temps d’adaptation pour se familiariser avec les personnages et retenir leurs noms et rôles. D’autant qu’en Islande le nom patronymique n’est quasiment pas utilisé, celui-ci servant uniquement à établir le lien de parenté avec le père (parfois la mère). Ainsi la terminaison son signifie fils de (Jonasson, fils de Jonas) alors que dottir renvoie à fille de (Jakobsdottir, fille de Jakob). Les Islandais s’appellent usuellement par leur prénom et ne connaissent que le tutoiement.

J’ai été surpris d’apprendre que, comme les États-Unis, l’Islande avait, en 1908, voté une loi de Prohibition interdisant la vente d’alcool, loi entrée en vigueur en 1915 et abolie en 1935. Sauf en ce qui concerne la bière, il faudra attendre mars 1989 pour que sa vente soit de nouveau autorisée en Islande.

Pour contourner cette interdiction, dans les années 80 les pubs servaient une boisson appelée bjorliki, un mélange de bière sans alcool et de spiritueux (vodka, whisky…). À la vôtre !

Et si on parlait du bouquin après ces digressions culturelles ?

Tout commence en août 1956, quand Kristjan, un jeune policier, débarque sur l’île de Videy afin d’enquêter sur la disparition d’une adolescente, Lara. Une disparition qui restera inexpliquée et qui va émouvoir toute l’Islande (il faut dire que le pays est réputé pour une criminalité quasi inexistante).

Trente ans plus tard, Valur, un jeune et ambitieux journaliste, se lance dans une série d’articles sur la disparition de Lara. Il garde le secret espoir de clôturer sa série en apothéose avec des révélations inédites.

Dans la première partie du roman on suit donc l’enquête de Valur qui, interrogeant tous les protagonistes présents en 1956, va essayer de retracer les derniers jours de Lara… et, pourquoi pas, lever le voile sur cette mystérieuse disparition.

Le lecteur avisé aurait pu souffler au jeune homme : « Souviens-toi du Trône de Fer. », mais le roman de G.R.R. Martin ne paraîtra qu’en 1996, dix ans plus tard.

Je ne vous parlerai pas de la seconde partie du roman, car cela m’obligerait à dévoiler un élément clé de l’intrigue.

Le choix de l’année 1986 ne doit rien au hasard, non seulement c’est l’année du bicentenaire de Reykjavik, mais c’est aussi l’année où les deux hommes les plus puissants de la planète, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, vont se rencontrer en tête à tête dans la capitale islandaise. Tous les regards sont alors tournés vers cette petite île jusqu’alors méconnue.

Si le roman ne révolutionne sans doute pas le genre, il n’en reste pas moins bien ficelé avec une intrigue qui nous réservera quelques belles surprises et un duo d’enquêteurs des plus attachants.

Les autres personnages du roman ne servent pas juste de faire-valoir à l’intrigue, les auteurs ont pris soin de travailler leurs personnalités.

Pour l’anecdote, le roman a été écrit en grande partie pendant le confinement suite à la pandémie de COVID-19. Je ne sais pas comment Ragnar et Katrin (optons pour la mode islandaise en les appelant par leurs prénoms) se sont partagé le travail, mais l’écriture est d’une grande fluidité et parfaitement linéaire (dans le bon sens du terme, pas de décrochage entre les paragraphes ou les chapitres).

Au final j’ai trouvé ce polar fort sympathique et hautement addictif, c’est à contrecœur que je le lâchais pour satisfaire aux obligations du quotidien. J’attends maintenant avec impatience de lire un roman coécrit par Maxime Chattam et Élisabeth Borne (pour le titre j’ai pensé à 49.3… ne me remerciez pas) !

[BOUQUINS] Mo Malo – Ni Français, Ni Breton…

L’irrésistible trio Corrigan est de retour : Maggie, Louise et Énora continuent de s’occuper de leur manoir et de leurs hôtes avec soin tout en restant à l’affût d’une nouvelle enquête. Elles se retrouvent avec du pain sur la planche le jour où une puissante déflagration secoue la baie, pulvérisant un bateau.

Que s’est-il passé ? Les Malouins ne sont pas au bout de leurs surprises quand ils découvrent que nul autre que le maire de Saint-Malo est la victime de cette attaque. Heureusement, la Breizh Brigade est sur le pont, bien décidée à élucider cette affaire.

Parce que c’est le second opus mettant en scène la Breizh Brigade, un trio intergénérationnel d’enquêtrices amatrices qui ne ressemble à nul autre.

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé les remparts de Saint-Malo en compagnie ces dames Corrigan. Maggie, l’aïeule toujours aussi affûtée du haut de ses 70 ans, Louise, la mère, plus pragmatique et analytique et Enora, la fille, une boule d’énergie et de volonté. La Breizh Brigade va-t-elle devoir se frotter au terrorisme breton ? Même pas peur !

Du côté des enquêteurs plus traditionnels (comprendre la police), on retrouve le commissaire Guilloux et son adjointe Emma Lobo. Un duo qui se complète aussi bien sur le terrain que lors des séances de brainstorming qu’ils s’imposent au commissariat.

Les forces de police de Saint-Malo peuvent s’enorgueillir de l’arrivée d’un nouveau serviteur de l’ordre et de la paix en la personne de Jojo Prigent. Qui n’est autre que le neveu d’Arnaud Prigent, le pilier de bar du clandé du Manoir Corrigan… Les chiens ne faisant pas des chats, il est tout aussi adepte de la soûlographie que son aîné.

Mo Malo reste dans la même veine que dans son précédent opus, Bienvenue Chez Les Corrigan !, à savoir une intrigue qui relève davantage du cosy crime que du thriller pur et dur, sans oublier l’humour qui se taille la part du lion. L’auteur prouve une fois de plus que même en optant pour un registre plus léger, on peut construire une intrigue solide qui tiendra le lecteur en haleine.

Une intrigue qui plongera le lecteur dans les dessous de la politique malouine, avec son lot d’ententes de circonstances et de trahisons opportunes… Rien de nouveau sur la scène du grand cirque politique. Mais pas que… vous verrez que l’enquête de la Breizh Brigade et de la police leur réservera bien des surprises.

Ce roman est aussi pour Mo Malo l’occasion de rendre un vibrant hommage à la cité corsaire de Saint-Malo. Que ce soit pour son cadre déjà exceptionnel en soi, ou pour son histoire. J’ai ainsi découvert que Saint-Malo avait fait sécession avec la France entre 1590 et 1594, les Malouins refusant de servir Henri IV, qu’ils considèrent comme un hérétique (du fait de sa conversion au protestantisme… choix qu’il finira par abjurer en 1594 épousant de nouveau la foi catholique).

Le titre du roman reprend les premiers mots de ce qui fut la devise de la République de Saint Malo : « Ni Français, Ni Breton, Malouin suis ». Avouez quand même que ça a plus de gueule que la devise figurant sur les armoiries officielles de la ville : « Semper Fidelis ». Ça fait un peu trop G.I. Joe leur truc (la devise des Marines américains étant justement Semper Fi).

Un troisième (et dernier ?) opus, L’Ombre Des Remparts, est d’ores et déjà annoncé dans les jours à venir. Je serai bien entendu fidèle au poste même si je ne pense pas le lire dans un futur proche (quelques mois, le temps de varier mes lectures). Peut-être découvrirons enfin les tenants et les aboutissants de la disparition de Constant Corrigan.

[BOUQUINS] Christophe Guillaumot & Maïté Bernard – Petits Désordres

AU MENU DU JOUR


Titre : Petits Désordres
Auteur : Christophe Guillaumot & Maïté Bernard
Éditeur : Liana Lévi
Parution : 2023
Origine : France
208 pages

De quoi ça cause ?

Pour le commandant Grégoire Leroy, flic à la BRP, il aura suffi d’une phrase aussi malheureuse que maladroite pour qu’il devienne la cible d’un syndicat de police LGBTQIA+ qui réclame sa tête via la convocation d’un conseil de discipline.

Ajoutez à cela une enquête qui stagne au point mort, un chien qui traverse une crise identitaire, une fille pur produit de l’époque woke et toujours prêtes à épouser les « grandes » causes, et un mouton, cadeau potache de ses collègues de travail.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Christophe Guillaumot, même si je ne désespère pas de retrouver Renato Donatelli pour des nouvelles enquêtes, j’étais curieux de le voir s’essayer à la comédie policière… et à l’écriture à quatre mains.

Ma Chronique

Après le polar pur et dur, avec la trilogie du Kanak, et le polar version young adult, avec son Bureau des Affaires Non Résolues, Christophe Guillaumot s’essaye à la comédie policière. Pour cette nouvelle aventure littéraire il opte pour une co-écriture avec Maïté Bernard.

Je me suis souvent demandé comment se déroulait une écriture à quatre mains, un sacré challenge que le lecteur ne doit pas ressentir / subir en lisant le roman (rupture de rythme, gros écarts de style). En l’occurrence le pari est gagné haut la main, de leurs propres aveux les personnalité et univers des deux auteurs se sont parfaitement complétés pour donner vie à cette intrigue un peu barrée.

Exit la ville rose (Toulouse) et direction la capitale et son prestigieux Bastion de la police nationale. Une rupture partielle avec Toulouse, le commandant Leroy étant toulousain d’origine.

Grégoire Leroy rêve de se la couler douce en Nouvelle-Zélande mais ce ne sera pas pour tout de suite. Il va d’abord devoir se dépêtrer d’une enquête au cœur des réseaux de prostitution parisiens, une enquête qui va s’avérer bien plus complexe qu’il n’y paraît. Sans grande conviction il lui faudra aussi peaufiner sa défense face au conseil de discipline qui se profile inexorablement.

D’un point de vue personnel Grégoire va devoir marcher sur des œufs pour ne pas fâcher sa fille, pur produit du wokisme et contestataire de tous les combats. Et même les bestioles viennent compliquer son quotidien, entre un chien en pleine crise identitaire et un mouton qui mâchonne et bêle à longueur de journée.

Tout n’est pas noir – ou gris foncé – pour autant, il peut compter sur le soutien de son équipe. Une équipe hétéroclite plutôt soudée (ce qui n’empêche pas les tensions occasionnelles).

Un livre qui fait du bien aux zygomatiques mais pas que… il nous interroge aussi sur les changements de notre société (je n’emploierai sciemment pas le mot « évolution » pour les définir). Cerise sur le gâteau, même l’enquête de police tient la route.

Traitez-moi de vieux con rétro et réac si ça vous chante, je m’en bats les roubignoles. Qu’est-ce que c’est cette société aseptisée, insipide et hypocrite qu’on veut nous imposer ? Du wokisme à toutes les sauces où l’on ne peut plus rien dire sans risquer de passer pour un gros con de raciste, d’antisémite, d’homophobe, de grossophobe ou de nanophobe… Moi j’aime la France d’Audiard, de Desproges et de Coluche, la France de la gaudriole et des chansons paillardes, la France de Hara Kiri et de Charlie Hebdo.

MON VERDICT