[BOUQUINS] Maxime Chattam – Lux

Les scientifiques comme les religieux ne peuvent expliquer ce qu’elle est ni d’où elle vient. Elle va transformer pour toujours le quotidien du monde entier, en particulier l’existence d’une mère et de sa fille.

Tout en posant la question qui nous obsède tous… Nos vies ont-elles un sens ?

Parce que c’est Maxime Chattam et qu’avec ce roman il confirme que sortir de sa zone de confort ne l’effraye pas outre mesure. Rien que pour ça j’ai envie d’approuver sans réserve…

Ajoutez à cela une quatrième de couv’ des plus énigmatique et le tour est joué.

Depuis déjà quelques années Maxime Chattam n’hésite pas à sortir de sa zone de confort, quitte à surprendre ses lecteurs. Le Coma Des Mortels, Le Signal ou encore L’Illusion sont les exemples les plus récents de ces sorties de route, des fois ça passe… d’autres fois ça casse. C’est aussi ça le prix de l’audace.

Lux s’inscrit clairement dans cette veine même s’il est difficile de caser le roman dans une case prédéfinie. L’idée de base en fait bel et bien un roman d’anticipation, mais ce serait trop réducteur de se limiter à ça… et pour tout vous dire, même si le futur en question n’est pas daté, on devine qu’il n’est pas très éloigné de notre époque au vu des technologies déployées.

Ajoutez à cela un fond de dérèglement climatique qui s’intègre parfaitement à l’intrigue sans une once de militantisme politico-écolo. Maxime Chattam reste dans le domaine de l’écologie au sens noble du terme, avant que cette notion ne soit pervertie par l’idéologie politique.

On pourrait aussi qualifier le roman de plaidoyer pour le droit à la différence à travers le personnage de Romy. Sans oublier la relation quasi fusionnelle qui la lie à sa mère, Zoé, une auteure en mal d’inspiration depuis déjà quelque temps.

Il est évident que depuis la guerre en Ukraine la russophilie n’a plus vraiment le vent en poupe – merci Vlad, le tyran du Kremlin. Ce n’est pas ce roman qui va vous pousser à davantage d’empathie pour nos lointains voisins. L’unique personnage russe jouant un rôle actif dans le déroulé de l’intrigue étant de très loin le plus antipathique (et encore je suis poli, ce serait plutôt un gros enculé hors compétition). Toutefois je ne ferai point d’amalgame de bas étage entre le peuple et la culture russe et la créature Poutine.

On s’attache facilement aux personnages principaux (Zoé, Romy et Simon) et à leur quête de la vérité sur l’origine de cette mystérieuse sphère, l’intrigue et globalement bien ficelée et addictive. Pour faire court, c’est une lecture agréable, mais il manque un petit je ne sais quoi pour que l’emballement soit total.

Le bouquin se termine sur une fin que je qualifierai d’ouverte qui me convient parfaitement. Un choix susceptible de ne pas plaire à tout le monde, afin d’y remédier Maxime Chattam propose un chapitre bonus permettant de découvrir « sa vérité » sur Sphère. Je l’ai lu par curiosité et j’avoue préférer « ma vérité »… même si, avec le recul et l’un des derniers éléments de l’épilogue, ça ne pouvait pas vraiment coller.

Le roman se veut un hommage à René Barjavel et tout particulièrement à La Nuit Des Temps, je ne saurai me prononcer sur ce point, n’ayant toujours pas eu l’occasion de lire ce roman alors qu’il me fait de l’œil, du fond de mon Stock à Lire Numérique, depuis plusieurs années.

[BOUQUINS] Cullen, Talajic & Loughridge – Deadpool Massacre Marvel

Et si Deadpool devenait un tueur en série de super-héros et de super-vilains ? S’il décidait un jour de tous les supprimer de l’univers Marvel, comment pourrait-on stopper cette croisade meurtrière ?

Le mercenaire disert est plus dérangé que jamais dans ce récit où l’horreur remplace l’humour.

Dans l’univers Marvel, le personnage de Deadpool est certainement celui qui permet de repousser au plus loin les limites de l’imaginable et ainsi d’ouvrir la porte au plus vaste champ des possibles… Et c’est précisément le choix qu’ont fait les auteurs de cette BD en transformant le plus bavard des mercenaires en un tueur en série prenant pour bible les personnages (héros et vilains) de Marvel.

Un pitch pareil ne pouvait que titiller ma curiosité, reste à savoir si le contenu serait à la hauteur de mes attentes. La première douche froide vient de la forme, le comics n’est vraiment pas épais (à peine une centaine de pages dont des bonus) ; du coup difficile d’imaginer un scénario hyper sophistiqué (même si je n’en demandais pas tant… faut pas pousser).

Force est de constater que mon appréhension s’est rapidement confirmée dans les faits… ça manque cruellement de profondeur, c’est même un peu brouillon parfois (il m’a fallu deux lectures pour comprendre ce qui a été le déclencheur de la folie meurtrière de Deadpool… et encore ce n’est qu’une interprétation personnelle).

Pour le reste ce n’est qu’un enchaînement de mises à mort vite expédiées. Je me faisais une joie de découvrir quelques affrontements épiques entre Deadpool et ses victimes, au lieu de ça nous n’aurons le droit qu’à quelques planches (voire quelques cases) avant la conclusion fatidique. Paradoxalement ces exécutions, parfois sommaires, viennent renforcer le côté second degré de l’intrigue.

Tout n’est pas pour autant négatif, le divertissement est assuré grâce à un Deadpool plus déconnecté de la réalité que jamais, toujours aussi causant et avec un humour bien particulier. La plus grande réussite du comics demeure son final totalement inattendu.

Un comics à ne pas mettre entre toutes les mains… l’hémoglobine coule à flots et c’est un déchainement continu de violence. Comme le précise l’éditeur : « Pour lecteurs avertis ». Même si ledit avertissement est des plus discret.

Les dessins et la colorisation sont impeccables, le trait est précis. On reconnait aisément les divers personnages de l’univers Marvel ; un sacré défi pour Dalibor Talajic, car à l’origine tous ne sont pas dessinés par le même graphiste, on lui pardonnera donc aisément des visages pas toujours totalement conformes à ceux que nous connaissons.

Je vous parlais de bonus au début de cette chronique, après le clap de fin nous aurons le droit à divers projets de couvertures, une rapide présentation des auteurs, une invitation à découvrir les coulisses du comics et des annexes.

Ce comics est le premier volume de la série Massacrologie, suivront les titres Deadpool Massacre Les Classiques et Deadpool Massacre Deadpool ainsi qu’un hors-série Deadpool Re-Massacre Marvel. Les titres sont suffisamment éloquents pour ne pas avoir à préciser leur contenu. Je n’exclus pas de m’y intéresser prochainement, mais je n’en fais pas une priorité.

[BOUQUINS] Hanna, Boivin & Georges – Douze

Fin de la saison, le grand hôtel de luxe perdu dans les Alpes ferme ses portes… Mais pas pour tout le monde. Douze étranges invités font leur entrée. Agents gouvernementaux, anciens policiers, assassins professionnels, ils sont tous les invités de l’Hydre, un insaisissable tueur caché derrière son masque. Les hostilités peuvent commencer.

Je remercie les éditions Delcourt et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Douze convives (onze hommes et une femme) invités à un diner dans un hôtel privatisé pour l’occasion, un moment sympa entre amis en perspective ? C’est pas vraiment le menu que nous réservent les auteurs de cette BD. Les invités sont en effet tous des tueurs confirmés (assassins, agents du gouvernement, mercenaires…) et leur hôte n’est autre que l’Hydre, le chef masqué d’une organisation criminelle majeure. Au douzième coup de minuit les douze invités auront carte blanche pour s’entretuer, il devra n’en rester qu’un…

Comme vous pouvez le constater l’idée de base, bien que classique, est plutôt prometteuse. Un huis clos meurtrier où tous les coups sont permis, une histoire que n’aurait pas reniée Agatha Christie mais qui tourne vite à la John Woo.

La BD se divise en deux parties. La première permet de faire connaissance avec les invités, de leur arrivée à l’hôtel jusqu’au retour dans leurs chambres après le diner. La seconde nous invite à assister à un jeu de massacre impitoyable.

Là encore la construction semble plutôt judicieuse, oui mais non… Les deux parties sont en effet très mal équilibrées. La première est beaucoup trop longue (plus de trente pages) et parfois même répétitive, alors que la seconde (de loin la plus prometteuse) semble trop vite expédiée et aurait méritée d’être plus étoffée. Dommage on reste un peu sur notre faim en refermant le bouquin. D’autant que, paradoxalement, nous en apprendrons assez peu sur nos douze convives.

Heureusement la fin, totalement inattendue, nous permet de finir sur une note plutôt positive. Je n’en dirai pas plus, même sous la torture (sauf si vous m’offrez des Ferroro Rocher).

Inévitablement le décor (un hôtel dans les Alpes) fait penser à l’Overlook de Shining (Stephen King). Pour un peu on aurait même le droit à la version asiatique des jumelles Grady avec les fidèles assistantes de l’Hydre.

Pour rester dans les références, le personnage de l’Hydre n’est pas sans rappeler le fameux Keyser Soze du film Usual Suspects (Bryan Singer). Comme dans le film, tout deviendra limpide pour le lecteur à la fin du bouquin.

Le dessin est fin, précis et détaillé, les personnages sont soignés et Hervé Boivin parvient à restituer leurs émotions à la perfection. Rien à redire non plus sur la mise en couleurs, c’est propre et net. Dans l’ensemble le visuel est irréprochable, après la lecture on se surprend même à revenir en arrière pour apprécier le détail de certaines scènes.

Dans les capture des planches de la BD en fin de chronique, je me suis volontairement limité à la première partie, ça aurait été dommage de vous donner des indices sur les futures victimes.

Le cadre

Le dîner

[BOUQUINS] Olivier Descosse – Le Cirque Du Diable

Massif de la Meije. Un corps congelé, entièrement nu, retrouvé par des surfeurs lors d’un ride dans le Cirque du Diable. Le lieu est inaccessible et connu pour les légendes funestes qui l’entourent. Au même moment dans le Haut-Var, trois cadavres calcinés sont découverts au fond d’une bergerie abandonnée, en pleine forêt.

La première affaire est confiée à Paul Cabrera, policier de la Crime qui a fait ses armes à la BAC Nord et se déplace uniquement en Harley ; la seconde à Chloé Latour, cheffe de groupe à la brigade criminelle de Marseille, dont la classe et la froideur suscitent défiance et jalousie.

La glace, le feu… Et si ces deux énigmes n’en faisaient qu’une ? Des sommets inviolés aux ZAD sauvages, des as de la glisse aux groupes survivalistes, Paul Cabrera et Chloé Latour réalisent d’étranges recoupements. Avec une certitude : le ou les assassins disposent de capacités physiques hors du commun.

Pour le plaisir de retrouver Chloé Latour que j’ai rencontré dans le précédent roman d’Olivier Descosse, Peurs En Eaux Profondes. Un personnage que j’ai appris à apprécier et qu’il me tardait de retrouver.

Je remercie les éditions XO et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Pour son nouveau roman, Olivier Descosse renoue avec deux de ses personnages récurrents. Deux pour le prix d’un… what else ? C’est Paul Cabrera – héros de trois romans publiés entre 2003 et 2005 –, qui va enquêter sur la scène de crime des Hautes-Alpes. Pour sa part, Chloé Latour – découverte l’an dernier dans Peurs En Eaux Profondes –, va devoir élucider le mystère autour d’un triple homicide dans le Haut-Var.

Deux flics qui bossent à la Crim’ de Marseille, mais ne se connaissent que de nom… et de réputation. Au fil des parties découpant le roman, le lecteur va alterner entre deux enquêtes distinctes. Il faudra quasiment attendre les deux tiers du bouquin pour que leurs enquêtes respectives ne fassent qu’une et que nos deux flics de choc (chacun à sa façon) se rencontrent et enquêtent de concert.

Paul et Chloé avaient chacun des a priori sur l’autre, leur coopération plus ou moins forcée, va leur permettre d’apprendre à se connaître et à se respecter. Deux personnalités affirmées qui vont s’avérer complémentaires sur une enquête particulièrement complexe et face à un tueur implacable.

J’ai bien aimé l’opposition des caractères de ces deux enquêtes qui, soit dit en passant, vont devoir mener sans l’aide directe de leurs équipes respectives. Ils pourront heureusement compter sur le renfort humain et matériel de la gendarmerie de Briançon.

Même si Chloé Latour est toujours minée par son passé douloureux, j’ai trouvé le personnage plus apaisé et moins directif que dans le précédent roman. Ou alors c’est que je me suis habitué aux petits travers de la nana.

Force est de constater qu’en matière de perversité meurtrière Olivier Descosse n’y va pas avec le dos de la cuillère. Deux de « ses » victimes feront en effet l’objet d’une mise à mort particulièrement atroce.

L’auteur nous concocte une intrigue qui tourne autour de thèmes qui sont dans l’air du temps, tel que l’écologie, la collapsologie et une pointe de survivalisme. Mais pas que… Une intrigue plutôt bien ficelée qui vous réservera quelques surprises au fur et à mesure que le voile se lèvera et que les implications des uns et des autres se préciseront.

Il est vrai que la nature en général, et la montagne en particulier, fait partie intégrante de l’intrigue. D’autant que le fameux Cirque du Diable est sujet à d’anciennes superstitions qui en font un endroit maudit.

Les chapitres sont courts, le style est direct, pas de fioritures pour égarer le lecteur, le fond avant la forme. Un choix généralement payant en matière de thriller, et la recette fonctionne parfaitement dans le présent roman.

J’ai lu une critique du roman dans laquelle le lecteur en question soulignait des erreurs de l’auteur concernant le fonctionnement et l’organisation de la Légion étrangère. N’étant pas expert en la matière je ne me prononcerai pas, une chose est sûre je n’ai rien trouvé de choquant susceptible de nuire au déroulé et à la crédibilité de l’intrigue.

Dans une interview publiée sur le site des éditions XO, Olivier Descosse promet que Chloé Latour et Paul Cabrera seront de retour dans de futurs romans, mais chacun de leur côté cette fois. Je ferai en sorte de répondre présent pour ces rendez-vous futurs, et qui sait, peut-être que d’ici là je prendrai le temps de découvrir les précédentes enquêtes de Paul Cabrera.

[BOUQUINS] Rémy D’Aversa – Chiaroscuro

Novembre, Lyon plongée dans un brouillard inquiétant.

Le capitaine de police Santonino Roccasecca est envoyé de toute urgence dans le VIIème arrondissement de la ville où trois têtes viennent d’être découvertes dans un congélateur. Le tueur en série, un certain Hector Bahiamantis, s’est défenestré, non sans avoir décapité, au préalable, sa propre mère qu’il a surprise en train d’appeler la police.

Coup de folie ? Coup de panique ? Sans doute… Tout le monde est soulagé, Bahiamantis ne pourra plus nuire. Mais bientôt, d’autres têtes sont découvertes dans des endroits stratégiques de Lyon. Les crimes sont signés d’une reproduction de Caravaggio, le peintre italien. Au dos, un message manuscrit à l’attention des policiers, et sur chacune des cartes, des empreintes. Celles de la future victime.

Commence alors une course contre la montre effrénée. L’inspecteur Roccasecca arrivera-t-il à temps ?

Parce que j’avais bien aimé la précédente enquête du capitaine Roccasecca, Géronimo. J’étais curieux de le retrouver avec son équipe, confronté un nouveau défi criminel.

J’ai fait connaissance avec le capitaine Roccasecca de la PJ de Lyon, à l’occasion de sa première apparition littéraire dans le roman Géronimo (ma chronique). Une rencontre plutôt convaincante qui m’a donné envie de le retrouver sur d’autres enquêtes.

J’ai beaucoup aimé le personnage de Santonino Roccasecca, un brin provocateur et anticonformiste, mais surtout bon vivant qui succombe sans modération aussi bien aux plaisirs de la bonne chère (entre lui et sa voisine, leurs petits plats vous mettront l’eau à la bouche) autant qu’aux délices de la chair (avec Chiara, sa voisine, escort de luxe et maîtresse attitrée, Clotilde, la procureure et maîtresse occasionnelle ou encore Marie, son ex-femme).

Sa nouvelle affaire réunissait tous les ingrédients pour être bouclée aussi vite qu’elle s’était ouverte. Un tueur en série qui se suicide après avoir décapité sa mère, trois têtes dans un congélateur et un journal intime. Bon débarras ! Sauf que les choses vont sérieusement se corser quand de nouvelles têtes décapitées vont faire leur apparition…

Dès lors les enquêteurs vont se retrouver confrontés à un tueur en série insaisissable qui semble prendre un malin plaisir à narguer la police. S’en suit un jeu de chat et de la souris parsemé de cadavres.

J’ai trouvé l’intrigue plus aboutie que la précédente, il faut dire aussi que l’affaire est nettement plus complexe et réservera aux policiers son lot de fausses pistes.

Au niveau des personnages Rémy D’Aversa développe presque exclusivement les personnalités de Santonino, Chiara et Marie. Les membres de l’équipe d’enquêteurs sont quelque peu laissés sur le bas-côté, nous n’apprendrons pas grand-chose de leurs caractères et vécus.

Il n’en reste pas moins que Blanchet en amoureux transi de la belle Chloé m’a fait sourire plus d’une fois. J’ai aussi apprécié les interventions du légiste, Andoni Urcelay (il faut dire qu’il est pas mal sollicité sur cette affaire).

J’avoue que le titre m’intriguait, ne voyant pas du tout à quoi il pouvait faire référence. En tout cas une chose est sûre, il ne s’agissait pas d’un chef indien cette fois… ni d’un chat. Une spécialité culinaire italienne ? Que nenni ! Si vous n’avez pas succombé à l’appel de Google, vous apprendrez en temps et en heure qu’il est parfaitement adapté à l’intrigue et au tueur en série du roman.

Je terminerai par un petit bémol qui porte davantage sur la forme que sur le fond, les correcteurs et correctrices des éditions Alter Real ont laissé passer quelques coquilles qui piquent les yeux. Dommage que Antigone n’ait pas eu l’occasion de jeter un œil au manuscrit avant publication du bouquin.

Quoi qu’il en soit, cela ne m’empêchera pas de répondre présent pour la prochaine enquête de ce cher Santo.

[BOUQUINS] Adam Cesare – Frendo Est Vivant

Sortie tout juste indemne de l’enfer de Kettle Springs, où elle a échappé aux velléités homicides d’un clown démoniaque, Quinn peut enfin reprendre une vie normale en allant poursuivre ses études à l’université. Mais le répit est de courte durée. Un soir, lors d’une fête étudiante, un clown fait irruption pour s’attaquer à la jeune fille. Au même moment, un autre clown s’en prend à son père, resté à Kettle Springs.

Quinn décide alors de retourner au milieu des champs de maïs, là où tout a commencé. Drôle de décision quand on sait l’horreur qui l’attend là-bas…

Sonatine + Adam Cesare + Frendo = BINGO !!!

Je remercie les éditions Sonatine et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée.

Dans l’un des films de la saga Scream, l’un des personnages, lors d’une énième discussion autour des films d’horreur (qui est quand même la thématique récurrente de la série), affirme qu’au cinéma les suites sont toujours moins réussies que le premier film. Globalement j’aurai tendance à partager son avis, du simple fait déjà que l’effet de surprise n’est plus au rendez-vous.

Adam Cesare évite partiellement l’écueil du déjà-vu en ancrant encore davantage son slasher dans l’univers 2.0. Au lieu de se contenter d’un retour de la vengeance d’Arthur Hill, l’auteur surfe sur les travers de ses contemporains et des réseaux sociaux. Course au sensationnalisme, business à tout prix, négationnisme et complotisme vont donc s’inviter dans les champs de maïs de Kettle Springs.

L’auteur (sur)exploite parfaitement la notion politique de l’« idiot utile » pour construire son intrigue. Un des personnages expliquera d’ailleurs ce concept à Quinn, sans réaliser qu’il en est un lui-même.

Comme dans le premier opus, l’auteur prend le temps de poser le retour à une vie presque normale des rescapés de Kettle Spring. Les blessures psychologiques et physiques ne sont pas encore totalement refermées un an après la tuerie. Pas évident aussi quand sur Internet les théories complotistes fleurissent, faisant de Quinn, Cole et Rust, les véritables instigateurs du massacre.

Au niveau des nouveaux personnages, Adam Cesare s’attarde surtout sur la jeune Jerri, et c’est plutôt une bonne chose, car on s’attache rapidement à cette gamine un peu paumée. Deux autres nouvelles têtes joueront un rôle important dans le déroulé du récit, la shérif Marta Lee, chef de la police de Kettle Springs et Izzy Reyes, propriétaire du cinéma et petite amie de Glenn Maybrook.

Mais que les fans d’horreur et d’hémoglobine se rassurent, les choses vont rapidement déraper et échapper à tout contrôle. Les morts violentes et sanguinolentes ne tarderont pas à faire partie intégrante du décor… Je n’irai pas jusqu’à dire que ce retour de Frendo est plus soft que son aîné, mais il est incontestablement moins gore.

Si les codes du slasher sont respectés et que l’intrigue est globalement bien ficelée, j’avoue toutefois avoir été moins emballé par cette suite. Sans doute à cause de l’inévitable sentiment de déjà-vu, mais aussi par le fait que j’ai trouvé le déroulé des événements beaucoup trop improbable. C’est juste too much pour être crédible.

 Le côté divertissement horrifique est certes assuré mais je n’ai pas retrouvé ce clin d’œil au cinéma d’horreur qui était pourtant la griffe du premier opus. Cela ajouté au côté un tantinet surjoué de l’intrigue fait que cette suite m’a moins emballé. Elle aura toutefois eu le mérite de clore définitivement un des volets de l’intrigue.

[BOUQUINS] Estelle Tharreau – Le Dernier Festin Des Vaincus

Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.

Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l’omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l’enfer de ce dernier jalon avant la toundra.

Parce que c’est Taurnada, une maison d’édition dont le catalogue est riche en pépites.

Parce que c’est Estelle Tharreau, après quatre romans et un recueil de nouvelles, je suis toujours aussi convaincu par la puissance et la justesse de son écriture.

Je remercie les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Dans son avant-propos, Estelle Tharreau partage un constat glaçant :

L’auteure n’a pas peur de se frotter à des thèmes qui envoient du lourd, qu’il s’agisse du système judiciaire américain (La Peine Du Bourreau) ou le syndrome de stress post-traumatique chez le soldat (Il Était Une Fois La Guerre), à chaque fois on devine un gros travail de documentation préalable à l’écriture du roman, mais surtout elle parvient à construire une intrigue solide autour de sa thématique, une intrigue centrée avant tout sur l’humain.

Cette fois c’est la condition des autochtones au Canada qui servira de toile de fond à ce nouveau roman. Un sujet ignoré par la plupart des Français qui a pourtant de quoi faire réfléchir. Estelle Thareau parvient, en quelques pages, à nous plonger en totale immersion dans son intrigue tandis que l’on découvre une bien sombre réalité.

L’un des points les plus glaçants abordés dans le roman concerne les pensionnats autochtones, qui ne sont malheureusement pas nés de l’imagination de l’auteure. Les jeunes innus devaient subir un enseignement religieux strict, mais sans aucun apport éducatif, auquel s’ajoutaient brimades, privations et sévices en tout genre. Déjà par nature j’ai envie de bouffer du curé, ce n’est pas ce roman qui va me réconcilier avec l’Église et ses sectaires.

Pour planter le décor direction le Grand Nord québécois, entre la réserve innue de de Meshkanau et la ville de Pointe-Cartier les relations sont sur le fil du rasoir. Au mieux chaque communauté ignore l’autre, au pire quelques heurts peuvent éclater. Les autorités de chacune de ces deux entités font au mieux pour entretenir un équilibre précaire.

L’annonce de l’ouverture prochaine d’une scierie industrielle à grande échelle va pourtant faire l’unanimité contre elle. Pas pour les mêmes raisons, les uns veulent préserver leur confort quand les autres se posent en défenseur de l’environnement et de leurs traditions. La moindre étincelle pourrait bien mettre le feu aux poudres…

Et si cette étincelle était la disparition, au cours de la nuit de la Saint Sylvestre, de la jeune Naomi Sheehan ?

Du côté de Pointe-Cartier, les autorités souhaitent faire le moins de vague possible autour de cette disparition. C’est pourquoi le chef de la police Roy charge de l’enquête un jeune flic sans envergure, Logan Robertson, en lui recommandant de se contenter du minimum vital… sauf que Robertson va s’avérer être moins docile et plus curieux que ce qu’il laissait présager.

Dans la réserve de Meshkanau, il n’y a guère que Marie Fontaine, animatrice d’une radio autochtone, qui semble s’émouvoir de la disparition de Naomi.

En fait le véritable électrochoc va venir de l’extérieur, porté par deux étudiants que tout semble opposer, Nathan Lebel, fils d’un notable de Pointe-Cartier et défenseur autoproclamé de la cause innue, et Alice Tremblay, une Innue pas franchement enthousiaste à l’idée de renouer avec son passé.

Le décor est planté, les personnages sont en place, l’intrigue peut alors déployer ses ailes et prendre son envol. Des ailes bien noires comme vous l’aurez compris, et encore ce n’est que la partie visible de l’iceberg… attendez-vous à une plongée dans ce que l’âme humaine a de plus sombre et abject. Il va falloir avoir le cœur et les tripes bien accrochés cette traversée au d’un océan agité par de sombres remous.

Entre Pointe-Cartier minée par la corruption, le racisme et les non-dits, et Meshkanau où la violence, l’alcool et la misère régissent le quotidien de tout à chacun ; on est bien loin d’une invitation au voyage… mais c’est pourtant une vérité que l’on se doit de regarder en face.

Une fois de plus la plume d’Estelle Tharreau est d’une redoutable efficacité, implacable et sans concession. Une fois elle sait trouver les mots juste pour faire mouche et taper là où ça fait mal. Une fois de plus elle nous laisse au bord du KO technique, mais qu’est-ce c’est bon… qu’est-ce que c’est bien fait. On en redemande !