[BOUQUINS] Deon Meyer – La Proie

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D. Meyer - La Proie
Titre : La Proie
Série : Benny Griessel – Livre 7
Auteur : Deon Meyer
Éditeur : Gallimard
Parution : 2020
Origine : Afrique du Sud (2018)
576 pages

De quoi ça cause ?

Au Cap, Benny Griessel et Vaughn Cupido, membres des Hawks (l’unité d’élite de la police criminelle sud-africaine), sont chargés de reprendre l’enquête concernant un corps retrouvé le long d’une voie ferrée. La victime était un passager Rovos, un train de luxe, et avait été embauché comme garde du corps d’une riche hollandaise.

À Bordeaux, Daniel Darret, ancien activiste du bras armé de l’ANC, est rattrapé par son passé quand un ancien camarade de lutte lui confie une mission de la plus haute importance pour l’avenir de l’Afrique du Sud.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que ça fait déjà un moment que j’ai envie de découvrir l’univers littéraire de Deon Meyer. J’aurai pu opter pour un roman one-shot, d’autant plus aisément que son précédent roman, L’Année Du Lion, dans lequel l’auteur s’essaye au roman post-apocalyptique, me fait de l’œil depuis qu’il a intégré mon Stock à Lire Numérique.

Finalement j’ai opté pour sa série mettant en scène Benny Griessel… en espérant ne pas être complètement largué en la commençant par le dernier opus.

Ma Chronique

Avant de commencer à vous parler du roman de Deon Meyer je souhaiterai le replacer dans son contexte. En effet, l’auteur dénonce sans détour la corruption du pouvoir en place, via notamment des relations troubles (pour rester poli) avec de riches et puissants industriels indiens (la famille Gupta). Relations qui iront jusqu’à l’ingérence des Gupta dans la vie politique et économique du pays, jusqu’à la forme la plus ultime de corruption : la captation d’état…

Quelques rapides recherches via Google vous permettront de situer la présente intrigue en 2017 (outre quelques détails qui ne trompent pas, les dates correspondent), et donc sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018). Lequel sera poussé à la démission par son propre parti (l’ANC) avant d’être remplacé par Cyril Ramaphosa en février 2018.

Un bonheur n’arrivant jamais seul, Jacob Zuma entraînera dans sa chute la famille Gupta qui perdra de fait son statut d’intouchable en Afrique du Sud. J’aimerai vous dire que depuis la justice a fait son office mais savez aussi bien que moi que nous ne vivons pas au pays des Bisounours…

Si La Proie est le sixième roman traduit en français de la série Benny Griessel, il existe un titre encore inédit dans la langue de Molière qui vient se glisser entre En Vrille et celui-ci ; La Proie est donc bel et bien le septième opus de la série.

Il est des romans qui vous font d’emblée regretter de ne pas vous être intéressé plus tôt à leur(s) personnage(s) – surtout quand il est question de héros récurrent(s) – ; incontestablement La Proie fait partie du lot ! Avant même de le refermer j’ai compris qu’en faisant l’impasse sur la série Benny Griessel de Deon Meyer, j’étais passé à côté d’un truc grandiose (même s’ils ne sont pas tous aussi aboutis que celui-ci, je reste convaincu que les précédents romans de la série se situent dans le haut du panier).

L’auteur construit son intrigue en suivant deux arcs narratifs distincts (pour ne pas dire totalement indépendants), le premier est axé sur l’enquête de Benny Griessel et son équipe en Afrique du Sud, alors que le second nous transporte en Europe pour y suivre le parcours de Daniel Darrett. Même si on peut légitimement supposer qu’il existe un fil rouge reliant les deux récits, Deon Meyer prend son temps pour le tisser et plus encore pour nous lever le voile sur nos questionnements.

Si ces deux arcs narratifs sont aussi captivants à suivre l’un que l’autre, j’avoue toutefois avoir eu un faible pour les chapitres se concentrant sur Daniel Darret. Le rythme imposé est en effet beaucoup plus soutenu et la tension est quasiment omniprésente.

Non seulement l’auteur apporte énormément de soin à ses personnages, mais son récit, même ai cœur de la tourmente, reste empreint d’humanité. Qu’il s’agisse de Benny Griessel, Vaughn Cupido ou Daniel Darret, chacun doit, en plus de ses obligations (et/ou missions), faire face à des choix personnels, des doutes et des questionnements.

Gros coup de cœur pour cette équipe des Hawks (une unité d’élite de la police sud-africaine) qui reste soudée et complice contre vents et marées. Une complicité et une confiance réciproque qui s’étendent bien au-delà du strict cadre professionnel. À l’image du duo Griessel / Cupido dont les échanges sont souvent ponctués de touches d’humour afin de faire tomber la pression.

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas encore les personnages de Deon Meyer, et hésitent à commencer la série Benny Griessel par le dernier tome paru à ce jour, je peux vous assurer qu’à aucun moment vous ne serez largué. D’une part il y a très peu de références à des enquêtes ultérieures. D’autre part l’auteur sait y faire, quand besoin, pour que les événements présents s’imbriquent avec ceux du passé. Enfin je suis convaincu que, à peine ce bouquin refermé, vous mourrez envie de dévorer les cinq tomes précédents.

MON VERDICT
Coup double

[BOUQUINS] Edmonde Permingeat – Ecrit Dans Le Sang

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E. PErmingeat - Ecrit dans le sang
Titre : Ecrit Dans Le Sang
Auteur : Edmonde Permingeat
Éditeur : L’Archipel
Parution : 2020
Origine : France
456 pages

De quoi ça cause ?

La jeune Maya tombe en panne un soir d’été à proximité du manoir de la famille Rascol, en pleine campagne tarnaise. Hugo, le fils d’un des propriétaires des lieux, lui propose de se joindre à eux le temps que sa voiture soit réparée.

Mais, à peine installée la belle rousse va tout mettre en œuvre pour exacerber les tensions latentes et dresser les membres de la famille Rascol les uns contre les autres…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’ai découvert Edmonde Permingeat avec son précédent roman, Sans Mon Ombre, et que j’avais envie d’aller plus avant dans l’exploration de son univers littéraire.

Ma Chronique

Comme dans son précédent roman, Sans Mon Ombre, Edmonde Permingeat nous propose de découvrir un thriller qui n’en est pas vraiment un tant il joue (et déjoue) avec les règles du genre. Une fois de plus c’est aussi pour elle l’occasion d’exposer les travers d’une famille qui, vue de l’extérieur, étale une respectabilité irréprochable.

Rien de tel pour faire exploser le voile des apparences qu’une pièce rapportée, qui, en l’occurrence, prendra l’apparence d’une jolie rousse à qui l’on donnerait (presque) le bon dieu sans confession. Maya, la jolie rousse en question, n’hésitera pourtant pas à user (et abuser) de ses appas pour faire imploser la respectable famille Rascol… il faut dire que le terrain était plutôt fertile, disons que Maya aura été l’étincelle qui met le feu aux poudres.

Il faut bien reconnaître que, pour nous brosser le portrait de la famille Rascol, Edmonde Permingeat ne trempe pas sa plume dans les pastels mais opte plutôt pour les nuances sombres et acides. Il n’y a guère que Clément, le frère cadet, et sa famille qui trouvent grâce à ses yeux (et aux nôtres du coup).

Les deux autres frangins, Stéphane et Frédéric, sont juste puants de suffisance. La femme de Frédéric n’est guère plus qu’une pimbêche au QI équivalent à celui d’une palourde morte, leurs jumeaux sont l’archétype des gosses pourris gâtés que l’on a envie de baffer (et plus si affinités). De son côté Stéphane a eu le bon goût d’opter pour le célibat et de ne pas se reproduire.

Si on devine rapidement et sans peine les motivations de Maya (un mobile vieux comme le monde), son plan n’en reste pas moins machiavélique. L’auteure réussit à rendre la famille Rascol tellement détestable que l’on en viendrait presque à approuver les actes de Maya (j’ai bien dit presque… dommage toutefois pour ce brave couillon de Mathieu, le fils de Clément).

Si le déroulé de l’intrigue reste globalement assez prévisible (avec toutefois quelques revirements de situation inattendus), j’ai trouvé que le final était particulièrement bien trouvé ; il permet en effet de remettre en perspective l’ensemble du récit.

Edmonde Permingeat brosse un profil psychologique impitoyable des personnages de son roman, à tel point que parfois ça peut paraître un peu surjoué, pour ne pas dire franchement cliché. Mais globalement ça fonctionne plutôt bien.

Via les personnages de Marion et Hugo, l’auteure aborde à nouveau le thème de la gémellité (qui était déjà au cœur de l’intrigue de Sans Mon Ombre) et le lien qui unit les jumeaux… même si, sang de Rascol oblige, le présent lien est perverti.

Malgré quelques défauts mineurs, le roman s’avère rapidement être un véritable page-turner, difficile en effet de résister à l’envie de « découvrir » le fin mot de l’histoire. Le style de l’auteure contribue grandement à une lecture fluide. Tous les ingrédients sont réunis pour vous assurer un bon moment sans avoir à surchauffer les neurones.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Stéphane Cazenelle – Les Chiens Ne Font Pas Des Chats

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S. Cazenelle - Les chiens ne font pas des chats
Titre : Les Chiens Ne Font Pas Des Chats
Auteur : Stéphane Cazenelle
Éditeur : City
Parution : 2020
Origine : France
272 pages

De quoi ça cause ?

Cela fait 10 ans que David et Rex (le berger allemand « habité » par l’esprit de Brenda, sa défunte belle-mère) vivent et travaillent en harmonie. Rex vieillissant, David s’inquiète quant à l’avenir de leur « collaboration » ; jusqu’à ce que la solution ne s’impose comme une évidence : Rex doit avoir une descendance afin de lui transmettre son « don » !

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est la suite de Ma Belle-Mère S’Appelle Rex, un peu de feel good n’a jamais tué personne… Un peu de répit entre deux thrillers non plus.

Ma Chronique

Après avoir connu quelques déboires éditoriaux, Stéphane Cazenelle, via les éditions City, nous permet enfin de découvrir la suite des aventures débridées de David, Alicia, Rex… et les autres !

Même si l’auteur ouvre son roman par un rapide rappel des événements survenus dans Ma Belle-Mère S’Appelle Rex, je vous recommande de le lire avant d’attaquer le présent bouquin. Vous n’apprécierez que davantage ces retrouvailles placées sous le signe de la bonne humeur (par les temps qui courent, ça ne se refuse pas).

Outre David, Alicia, leur fils, Ethan et Rex, on retrouve avec plaisir le reste de la famille, sans oublier l’inénarrable voisin et propriétaire, Monsieur Rudolski, égal à lui-même jusqu’à ce qu’il soit touché par la grâce de Cupidon (par l’entremise de l’incontournable Brenda dans une de ses nombreuses versions canines).

Vous l’aurez compris cette fois l’esprit de Brenda se démultiplie en prenant pour hôtes les chiots de Rex. Ce qui ouvre la porte à bien des surprises et à ce titre l’auteur s’en donne à cœur joie… au grand dam de David !

Même trépassée, bon an, mal an, Brenda mène toujours son petit monde à la baguette ; heureusement elle agit généralement pour le bien de sa famille… même si ce n’est pas toujours évident de prime abord.

Un roman plein de légèreté et de bonne humeur qui se lit d’une traite et vous boostera le moral en plus de vous dérider les zygomatiques.

À travers les nombreux cas cliniques présentés, Stéphane Cazenelle nous déclame une belle déclaration d’amour à son métier de vétérinaire. Qui sait, peut-être de quoi susciter des vocations chez les lecteurs les plus jeunes…

C’est avec plaisir que je suivrai les prochaines escapades littéraires de l’auteur même si je suppose qu’il délaissera Rex (un troisième tome impliquerait de faire mourir ce brave Rex, ce serait un sacré coup au moral – aussi bien pour l’auteur que pour les lecteurs… même si la relève est assurée).

MON VERDICT

(BOUQUINS] Mehdy Brunet – Goliat

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M. Brunet - Goliat
Titre : Goliat
Auteur : Mehdy Brunet
Éditeur : Taurnada
Parution : 2020
Origine : France
256 pages

De quoi ça cause ?

Septembre 2016. David Corvin, ancien agent du FBI reconverti dans la sécurité, et son épouse Abigael, scientifique, embarquent pour une mission commune sur la plateforme Goliat au cœur de la mer de Barents. Ils ignorent encore qu’un tueur en série est déterminé à poursuivre son œuvre destructrice sur Goliat…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada, et pis c’est tout !

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, qui me donnent l’opportunité de découvrir ce roman en avant-première (parution le 3 septembre).

Goliat est le troisième roman de Mehdy Brunet, bien que les deux précédents figurent depuis leur sortie dans mon Stock à Lire Numérique, je n’ai jamais pris le temps de les découvrir. Celui-ci étant indépendant des précédents je me suis dit que c’était l’occasion rêvée de découvrir, enfin, l’univers littéraire de l’auteur.

Pour l’essentiel Mehdy Brunet construit son intrigue autour de deux axes temporels. En 2014 on suit deux agents du FBI qui traquent un tueur en série qui en est à sa cinquième victime sans laisser le moindre indice à la police. En 2016 David et Abigael arrivent sur la plateforme Goliat alors qu’une violente tempête menace.

Au-delà de ces deux axes principaux, l’auteur nous renvoie d’abord 2013 alors qu’un appareil de la compagnie Asiana Airlines reliant Séoul à San Francisco s’écrase au cours de sa phase d’atterrissage. Dès lors, pas besoin d’être un enquêteur hors pair pour que les différentes pièces du puzzle s’emboîtent avant même que Mehdy Brunet ne lève le voile sur l’identité de son tueur en série et ses motivations.

Enfin quelques chapitres nous invitent à suivre David Corvin (et sa gueule de bois) en 2019. Là encore ça vient casser le suspense ; d’entrée de jeu on sait que les choses vont mal tourner ce qui n’est pas top pour ménager le suspense.

N’allez surtout pas croire que ce roman ne vous réservera aucune surprise, si les grandes lignes s’imposent comme une évidence, certains revirements ne manqueront toutefois pas de vous étonner.

Certes j’aurai apprécié une construction de l’intrigue qui ménage davantage le suspense, mais ce petit bémol n’a pas vraiment interféré dans mon plaisir de lecture. J’ai dévoré le bouquin le temps d’un week-end, n’interrompant ma lecture qu’à regrets.

Mehdy Brunet accorde beaucoup d’attention à ses personnages, sans aller jusqu’à brosser un profil psychologique complet, chacun a sa propre personnalité, son caractère et des réactions adaptées à ce qu’il (elle) est.

Ainsi quand on croise pour la première fois David et Abigael, leur couple est dans le creux de la vague avant de remonter la pente ; cette mission commune sur Goliat est l’occasion de sceller leur volonté de prendre un nouveau départ.

Le choix d’une plateforme au cœur de l’océan Arctique, alors que les éléments se déchaînent à l’extérieur, contribue à instaurer une ambiance oppressante qui ira crescendo au fil de l’avancée de l’intrigue.

Concernant les motivations du tueur en série, et tout en restant volontairement dans le vague, je dirai simplement que ses victimes ont fait un choix qui n’appartient qu’à elles seules, un choix que personne ne peut faire à leur place et que personne n’a le droit de juger (et encore moins de condamner).

Il y a encore quelques années j’aurai pu être une victime potentielle d’un tel tueur en série, aujourd’hui j’ai changé d’avis sur la question (sans avoir été directement confronté à la problématique) et j’ai en permanence dans mon portefeuille un document faisant état de ce choix. Ce revirement personnel ne m’empêche nullement de respecter la volonté de ceux et celles qui ont fait le choix contraire.

MON VERDICT

[BOUQUINS] S. M. Wilson & C. Kutsuwada – Le Livre Des Cinq Roues

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Wilson & Kutsuwada - Le Livre Des Cinq Roues
Titre : Le Livre Des Cinq Roues
Texte : Sean Michael Wilson
Dessin : Chie Kutsuwada
Éditeur : Budo
Parution : 2014
Origine : Royaume-Uni (2012)
160 pages

De quoi ça cause ?

Le Livre des Cinq Roues est un célèbre ouvrage sur le sens et la finalité́ du combat écrit par l’illustre duelliste du XVIIe siècle et samouraï invaincu, Miyamoto Musashi.

Sans aucun doute le plus grand classique de samouraïs, il révèle dans cette version illustrée, tout le savoir de ce grand guerrier qui a su inspirer depuis de nombreuses années tant les artistes martiaux que ceux qui cherchent à̀ développer un esprit stratégique.

Ma Chronique

Bien que le personnage de Musashi m’ait toujours fasciné (et plus encore depuis que j’ai découvert sa biographie romancée par David Kirk), je reconnais que je n’ai jamais été inspiré par la lecture de son fameux Traité Des Cinq Roues (Gorin-no-sho) dans lequel il expose les principes de son art du combat à deux sabres (niten ichi-ryu).

C’est pourquoi j’ai opté pour cette scénarisation de Sean Michael Wilson illustrée par Chie Kutsuwada, pensant que la chose passerait mieux sous un format allégé.

Sauf que voilà, même avec la meilleure volonté du monde il n’est pas évident de tisser un quelconque scénario autour d’un bouquin qui n’en propose aucun. Le Traité Des Cinq Roues est avant tout un guide pour aider le pratiquant à comprendre et à améliorer son art (art dont la finalité est la victoire, voire la mort de l’adversaire).

N’étant pas pratiquant de la voie du sabre (même si je reconnais volontiers que les katanas sont des armes aussi magnifiques que mortelles) et ne me voyant pas tailler en sashimi le scélérat qui viendrait me chercher des noises alors que je me balade peinard en ville, j’ai eu beaucoup de mal à accrocher. Du coup la lecture de cette BD s’est avérée beaucoup moins fluide qu’attendue et s’est étalée sur plusieurs semaines.

C’est donc sur cinq chapitres (Terre, Eau, Feu, Vent et Esprit) que Musashi va essayer de transmettre sa philosophie, sa pratique et ses stratégies de combat. Je ne sais pas ce que ça donne dans le texte complet, mais ici, si le texte est facilement assimilable, ça reste vachement succinct… ce n’est certainement pas après avoir lu ce roman graphique que vous pourrez aller défier Dark Vador !

Dans le même ordre d’idée, le dessin est plutôt agréable, mais il manque clairement un arc narratif auquel le rattacher.

Je ne jette pas la pierre à ce bouquin, c’est juste que je ne fais clairement pas partie du public qu’il cible. Je ne désespère pas de retrouver Musashi dans le troisième tome de sa biographie par David Kirk (toujours aucune date de publication annoncée, y compris en version originale). A défaut je peux toujours me lancer dans la biographie de référence signée William Scott Wilson (aucun lien de parenté avec le présent Sean Michel Wilson), Musashi – Le Samouraï Solitaire.

En ce moment je n’ai pas vraiment le nez creux s’agissant du choix de mes BD / romans graphiques. Et pourtant je sais que j’ai deux excellents titres à lire (Watchmen et Moi, Ce Que J’Aime C’Est Les Monstres) qui m’attendent dans ma bibliothèque, mais qui exigent un réel investissement personnel (plus de 400 pages chacun et un scénario bien tarabiscoté). J’espère avoir un peu plus de chance avec mon prochain candidat en lice…

MON VERDICT

Page

[BOUQUINS] Mo Malo – Nuuk

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M. Malo - Nuuk
Titre : Nuuk
Série : Qaanaaq Adriensen – Livre 3
Auteur : Mo Malo
Éditeur : La Martinière
Parution : 2020
Origine : France
416 pages

De quoi ça cause ?

Après une période de convalescence, Qaanaaq Adriensen est autorisé à reprendre ses fonctions de chef de la police sous deux conditions : un suivi psychologique régulier préalable à toute reprise et une tournée de l’ensemble des commissariats placés sous sa responsabilité.

Une tournée de routine qui va rapidement le replonger au cœur de l’action. Plusieurs adolescentes se sont données la mort peu après avoir croisé la route d’un mystérieux conteur inuit. D’autre part un inconnu lui expédie, à chaque étape de sa tournée, un macabre colis contenant des restes humains…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est la troisième enquête de Qaanaaq Adriensen. La fin de Diskø laissait bouquin de questions sans réponses, il me tardait de chausser mes kamiks et de retourner au Groenland.

Ma Chronique

Comme de nombreux lecteurs (je suppose en tout cas) certains personnages croisés au fil des lectures me touchent plus que d’autres, c’est encore plus vrai quand il s’agit d’un personnage appelé à devenir récurrent dans l’œuvre de son auteur.

Plusieurs noms me viennent à l’esprit pour illustrer mon propos : Jack Ryan (Tom Clancy), Le Bourbon Kid (Anonyme)ou encore Harry Hole (Jo Nesbo). Pour ne citer qu’eux, mais je sais d’ores et déjà que j’en oublie, et pas forcément des moindres.

Tout ça pour vous dire que Qaanaaq Adriensen fait partie de ces personnages, le coup de cœur fut instantané et, au terme de sa troisième enquête, il est plus fort que jamais. Comprenez que quand je dis Qaanaaq Adriensen j’englobe son entourage, qu’il soit familial ou professionnel (avec une attention toute particulière à Appu).

Pour cette « rencontre » (les guillemets c’est juste pour éviter qu’on me prenne pour un cinglé et qu’on appelle les gentils hommes en blancs avec leur chemise aux manches nouées), je tiens à remercier chaleureusement Mo Malo (aka Frédéric Mars).

Une fois de plus l’immersion au cœur du Groenland et de l’intrigue a été immédiate. Cette fois l’auteur construit son intrigue autour des traditions inuites, et plus particulièrement du chamanisme ; mais présentement le savoir et la sagesse ancestraux sont ici détournées pour servir de sombres desseins dont l’aboutissement est plus de nature criminelle que spirituelle.

Comme dans les précédents romans de la série, vous en apprendrez beaucoup sur le Groenland, ses habitants, leur culture… Mais bien plus qu’une invitation au voyage c’est aussi pour l’auteur l’occasion de souligner les maux qui rongent cette terre. Cette fois il sera beaucoup question des jeunes et de leurs problématiques (notamment la sensation d’isolement et le manque de perspectives d’avenir) qui peuvent conduire à certaines dérives (alcool et drogue) mais aussi et surtout au suicide.

À ce titre le Groenland affiche le taux de suicide (nombre de suicides pour 100 000 habitants) le plus élevé du monde avec un score affolant de 82,5 (alors qu’il est de 12,8 dans le reste du Danemark). Les deux autres leaders de ce macabre classement sont la Lituanie (31,9) et la Russie (31). La France quant à elle se classe en dix-huitième position avec un taux de suicide de 17,7.

Sans surprise c’est avec brio que Mo Malo teinte de noir (et de rouge sang) ces vastes étendues à la blancheur immaculée. Comme à son habitude il ne va pas y aller de main morte quand il s’agit de malmener ses personnages ; point de repos du guerrier pour Qaanaaq qui va se retrouver, encore une fois, personnellement pris pour cible par ce présumé / prétendu « chamane » qui sème la mort là où il passe.

Même si le fond reste incontestablement noir, l’auteur place l’humain au centre de son intrigue. Son héros se retrouve en effet face à un tournant décisif de sa vie personnelle mais aussi dans la tourmente au niveau professionnel. Il pourra heureusement compter sur le soutien sans faille de ses proches et de son équipe. Et il faudra bien ça pour faire face à l’esprit particulièrement retors et pervers de son adversaire, mais aussi pour composer avec une hiérarchie bien décidée à lui chier dans les bottes.

Difficile de faire pire que les meurtrières noces pourpres de George R.R. Martin (Le Trône de Fer) pour foirer une cérémonie de mariage ; il n’en reste pas moins que les noces de Qaanaaq réserveront une surprise particulièrement indigeste aux mariés et à leurs convives.

Si vous ne connaissez pas encore l’univers littéraire de Mo Malo mais souhaitez découvrir les enquêtes de Qaanaaq Adriensen, je vous recommande de les lire dans l’ordre de parution. Ce n’est certes pas indispensable mais c’est la meilleure façon d’apprécier pleinement les personnages que vous serez amenés à croiser.

A l’occasion de la chronique de Diskø j’avais râlé contre la couverture quelconque du roman alors que celle de Qaanaaq était superbe ; rien à redire ici, le renard polaire qui illustre la couverture de Nuuk est magnifique (et totalement raccord avec l’intrigue).

MON VERDICT

[BOUQUINS] Sally Hepworth – La Belle-Mère

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S. Hepworth - La Belle-Mère

Titre : La Belle-Mère
Auteur : Sally Hepworth
Éditeur : L’Archipel
Parution : 2020
Origine : Australie (2019)
360 pages

De quoi ça cause ?

Appréciée pour son dévouement, Diana se bat pour améliorer le sort des réfugiés, mais elle se montre froide et distante, sinon blessante, envers les siens. Ce dont souffre Lucy, sa belle-fille, qui rêvait de trouver en elle une mère de substitution.

Dix années ont passé, et Diana, qui avait annoncé à sa famille qu’elle souffrait d’un cancer du sein, vient de mourir. Elle se serait suicidée. Mais, à l’autopsie, nulle trace d’un cancer… Rapidement la thèse du suicide est remise en question par les policiers…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce qu’il m’a fait de l’œil alors que je parcourais, sans but précis, le catalogue Net Galley.

Ma Chronique

Je remercie les éditions de L’Archipel et Net Galley pour leur confiance renouvelée et l’opportunité de découvrir ce roman en avant-première (parution le 20 août).

C’est un peu par hasard que j’ai croisé le chemin de ce bouquin, c’est d’abord la couv’ qui a attiré mon regard et éveillé ma curiosité, un rapide coup d’œil au pitch a fait le reste.

J’avoue humblement que je ne connaissais pas du tout Sally Hepworth qui signe là son cinquième roman, et le second disponible en français. La Belle-Mère est le second thriller de l’auteure, pour l’anecdote le précédent et son prochain roman sont aussi placés sous le signe du thriller se déroulant dans un cadre familial.

Embarquement immédiat pour l’Australie, et plus précisément pour Melbourne et sa banlieue afin de suivre une intrigue portée par deux voix féminines. Les chapitres alterneront en effet entre les points de vue de Lucy (la belle-fille) et de Diana (la belle-mère) ; une alternance qui permet de mieux apprécier les personnalités de chacune des narratrices, mais aussi de relativiser certains avis (si Diana n’est pas forcément une pro de la diplomatie, elle n’est pas non plus une marâtre acariâtre).

Une intrigue qui se joue aussi sur deux axes temporels intitulés sobrement passé (depuis la rencontre entre Lucy et Diana et autres épisodes ayant tissé leurs relations compliquées ou simplement d’événements marquant de leurs vies) et présent (avec les questionnements et l’enquête autour de la mort de Diana).

À travers le récit des deux femmes on découvre aussi le reste de la famille. À commencer par Ollie, le mari de Lucy et fils aîné de Diana, et les trois enfants du couple (Archie, Harriet et Edie). Sans oublier la sœur d’Ollie, Nettie et son mari Patrick. Et Tom, le mari de Diana.

Si l’auteure donne essentiellement la parole à Lucy et Diana, il n’en reste pas moins que les autres personnages sont traités avec beaucoup de soins, chacun développant une personnalité qui lui est propre et parfois des problématiques individuelles.

Au-delà du strict cadre familial d’autres personnages vont s’inviter dans le déroulé de l’intrigue, notamment un duo de policiers qui se pose de nombreuses questions sur les circonstances de la mort de Diana.

Finalement ce bouquin fut un agréable thriller psychologique et familial, j’ai pris beaucoup de plaisir à le dévorer et à me poser bien des questions sur les motivations des uns et des autres.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Stephen Chbosky – L’Ami Imaginaire

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S. Chbosky - L'Ami Imaginaire

Titre : L’Ami Imaginaire
Auteur : Stephen Chbosky
Éditeur : Calmann-Lévy
Parution : 2020
Origine : USA (2019)
750 pages

De quoi ça cause ?

Une mère et son fils en cavale trouvent refuge dans la petite communauté de Mill Grove, en Pennsylvanie.

Mais dans ce havre de paix, le petit garçon disparaît.
Quand il émerge de la forêt six jours plus tard, il a l’air indemne.
Lui seul sait que quelque chose a changé.
La voix du bois est dans sa tête et lui dicte une mission.
S’il ne lui obéit pas, sa mère et tous les habitants de Mill Grove risquent son courroux…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce qu’au vu des nombreuses critiques quasiment unanimement dithyrambiques, ça semble être LE livre qu’il faut avoir lu en cette année 2020.

Ma Chronique

Avant de me lancer dans la rédaction de cette chronique je m’étais promis de ne pas faire d’allusion à Stephen King en parlant du roman de Stephen Chbosky. Tout simplement parce que les critiques publiées çà et là font toutes référence au King.

Force est de constater que le deal est quasiment impossible à tenir ! D’une part parce que l’auteur lui-même revendique haut et fort l’inspiration de Stephen King dans ses remerciements. Mais aussi et surtout parce qu’il est indéniable que ce bouquin aurait pu être écrit par Stephen King himself.

Le Stephen King qui revendique le titre de maître de l’horreur, celui qui vous file des sueurs froides au détour d’un chapitre. Le Stephen King qui n’a pas son pareil pour mettre en scène des enfants (presque) ordinaires confrontés à des situations extraordinaires. Le Stephen King qui sait raconter comme personne l’amitié… Le Stephen King qui fait qu’il est, encore et toujours, LE KING !

Tout ça pour dire que Stephen Chbosky a un putain de talent qui n’a rien à envier à son maître à penser. C’est un conteur hors pair qui saura vous prendre aux tripes, jouer avec vos nerfs et vos émotions. Un conteur qui fait passer le compteur d’adrénaline de 0 à 100% en quelques phrases bien senties. Un conteur qui vous plongera d’emblée dans son histoire et ne vous lâchera plus avant le clap de fin… lessivé, essoré… mais HEU-REUX ! Un roman que vous refermerez en affichant un air béat (qui au passage vous donne aussi l’air con, mais on s’en fout).

Stephen Chbosky ne laisse rien au hasard pour faire mouche. Ses personnages, son intrigue, le rythme du récit, ses ambiances… tout est parfaitement maîtrisé. Jusque dans les effets typographiques qui viennent réellement appuyer son propos plutôt que de se cantonner à de simples fantaisies visuelles.

Si le grand frisson n’a pas vraiment été de la partie (il faut plus que ça pour me faire passer des nuits blanches), l’auteur peut toutefois se vanter de m’avoir mis les nerfs en pelote ; la visite du monde imaginaire n’est pas de tout repos, d’autant que l’affrontement entre le gentil monsieur et la dame qui siffle monte crescendo en intensité.

Si l’intrigue fait de prime abord penser à un thriller, de nombreux éléments fantastiques vont s’inviter au fil des chapitres, jusqu’à devenir l’essence même du récit. Force est de reconnaître que sans cette dimension fantastique, le roman n’aurait pas eu le même impact émotionnel.

Tout est possible dans le monde imaginaire, et Stephen Chbosky ne se prive pas de repousser les limites de la folie mais sans non plus totalement se couper de la réalité (d’une certaine réalité en tout cas). Un exercice qui aurait pu s’avérer casse gueule si mal dosé mais une fois de plus l’auteur garde la main sur son sujet (malgré un final un peu surjoué à mon goût), sa plongée dans la folie la plus absolue en deviendrait même crédible.

Il n’en reste pas moins que je ne regarderai plus jamais les cerfs avec la même bienveillance. Du coup j’ai moins de remords à l’idée de me préparer un bon curry de cerf (non, j’déconne ; je n’ai jamais eu le moindre remord quant à mon côté carnivore assumé) !

Comme souvent l’encensement quasi unanime me laissait sceptique mais je dois bien avouer qu’il est largement mérité, nul doute que L’Ami Imaginaire sera pour moi aussi LE livre de l’année 2020.

MON VERDICT
Coup double