Tête à tête avec Sosthène Desanges

Enfin presque… par mail interposé même si je lui avais déjà posé certaines questions de vive voix.
Pour ceux qui auraient la mémoire qui flanche, il s’agit de l’auteur des Guerriers du Lézard un roman de fantasy made in NC et très original. Mais c’est surtout un gars super sympa avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir à discuter de choses et d’autres, pas forcément en rapport avec son roman.

Bonjour Sosthène, avant d’aborder ton premier roman, Les Guerriers du Lézard, peux-tu nous parler un peu de toi et de ton parcours jusqu’à l’écriture ?
C’est une vieille histoire d’amour qui est ressortie d’un placard. Quand on affectionne beaucoup quelque chose, on finit par avoir envie de mettre la main à la pâte. J’ai toujours aimé lire évidemment, mais depuis quelques années, j’avais envie d’écrire un roman. Seulement voilà, je n’y arrivais pas parce l’exercice est très difficile, je trouve. Il ne s’agit pas seulement d’aligner des mots. Il faut aussi que la « créature » soit crédible, prenne vie et, finalement, avec un peu de chance, « échappe » à son créateur… Bref, il faut beaucoup travailler et se questionner sur le récit. J’ai donc dû lire beaucoup plus… étudier le travail des autres. Et puis ces dernières années, j’ai eu la chance d’être confronté aux problèmes que posent d’autres formes narratives telles que la bande dessinée ou les courts métrages publicitaires et ça m’a beaucoup aidé. Il existe de nombreuses ressemblances dans tout ça. Raconter une histoire, quelque soit sa forme, ça te met en face des mêmes questionnements.

Comment se déroule une journée type quand tu passes en mode écrivain ?
Café, scaphandrier… Je suis quelqu’un de distrait et tout est fait pour me détourner du travail. Je m’arrange donc pour être en immersion totale et le plus longtemps possible. Pas d’internet chez moi, pas de télé non plus… Je ne sors la tête de l’eau que pour manger quelque chose. Sur le premier tome, j’ai dû travailler quinze heures par jour pendant trois mois. Mais être dans cet état, c’est génial !

Lors de notre première rencontre tu m’as avoué être un novice dans la fantasy, alors pourquoi avoir choisi ce genre et comment t’est venue l’idée de cet univers océanien ?
C’est vrai qu’au départ, c’est surtout la veine romanesque du XIXème siècle qui me plait en littérature, avec ses géants immortels : Dumas, Hugo… Mais quand on y pense, ce qu’on appelle la « fantasy » moderne c’est au fond le mélange de deux formes très classiques : le roman et le conte (qui est une forme littéraire encore plus ancienne). D’ailleurs, le premier roman du monde « L’Illiade » d’Homère, était en vérité un roman de « fantasy ». Des dieux furieux, des guerriers invincibles, des créatures surnaturelles… Qui dit mieux ?
Je voulais surtout écrire un roman d’aventure. JAR, le dessinateur, possédait un carnet de croquis sur lequel il avait imaginé quelques bribes d’un univers fantasy océanien. Il voulait que je lui écrive un scénario pour une bande dessinée, ce que j’ai commencé à faire. Mais l’univers s’élargissant de plus en plus, j’ai compris qu’il faudrait que je passe par un roman…

Avec les personnages de Ash et de Vanille on reconnaît des éléments des cultures mélanésiennes et polynésiennes ; est-ce que cet aspect du roman t’as demandé un gros travail de documentation ?
Oui et non. J’ai fait pas mal de recherches sur la façon dont on pouvait vivre autrefois, mais le but du jeu n’était pas de refaire le travail des ethnologues. Surtout pas. Une grande partie a donc été imaginée pour les besoins de l’histoire. Tout ce qui concerne l’ethnologie des groupes qui peuplent ASH & VANILLE est plus ou moins une fiction. En revanche, je me suis intéressé à la « puissance évocatrice » du monde océanien, à l’émotion qu’on peut éprouver au contact de ses peuples et à ce qu’on peut imaginer de leur passé… A ce niveau là, j’ai beaucoup travaillé, oui.

Comment t’est venue l’idée des personnages de Boulba, Khaal et de La Méduse ?
Ha ha… Boulba est un oiseau marcheur du type de ceux qu’on pouvait trouver il y a un millier d’années dans les montagnes de l’actuelle Mélanésie. Il en existait un, endémique au Caillou, que les archéologues ont nommé « Sylviornis Caledoniae ». Mais il était un peu plus petit qu’un poypoy.
Khaal, lui, est lié aux décapitations pratiquées autrefois par de nombreuses tribus océaniennes. Il a aussi certainement beaucoup à voir avec les histoires de fantômes chinois de mon enfance.
La Méduse, quant à elle, évoque bien sûr la créature mythologique et l’océan. Mais elle ressemble comme deux goutes d’eau à ma nièce quand elle avait le même âge.

D’une manière générale les personnages sont un peu composites en ce qui concerne leurs caractères. Inconsciemment, je suis certainement allé piocher dans mon entourage plus ou moins proche. Certains se sont déjà reconnus, les autres sont aveugles 😉

Les Guerriers du Lézard est le premier tome d’une saga en cinq volume, connais tu les grandes lignes de ton scénario ou laisses tu une grande place à l’improvisation ?
Oui. La trame est écrite de bout en bout. Je connais déjà la fin du dernier tome et le destin de chacun des personnages principaux… ainsi que celui de quelques personnages secondaires. En revanche, il y en a auxquels je n’ai pas encore été présenté.

Peux-tu nous annoncer une date de sortie et un titre pour le second opus de la série ? Où en es tu dans son écriture ?
J’espère vraiment pouvoir livrer le deuxième tome en novembre cette année. Je suis encore dans les plans. Sa rédaction commence dans deux mois…

Sans trop en dire, peux-tu nous donner un scoop concernant cette suite ?
Heu… La beauté fatale des océaniennes. Des révélations sur certains personnages du groupe. Des figures de pierre venues de loin. Et des pirogues, beaucoup de pirogues…

En dehors de Ash & Vanille tu as d’autres projets ou idées de romans ?
Un projet de série TV, oui… Mais il faut que je finisse ce que j’ai commencé. Je me rends compte avec le temps que je n’ai plus huit bras. Je ne sais pas où ils sont passés…

Avec Ash & Vanille tu nous plonges dans un univers très « visuel », pendant la lecture on visualise littéralement l’aventure ; des projets ou des souhaits d’adaptation en image (BD ou animation) ?
C’est vrai. Le fait de travailler dans l’image n’y est certainement pas étranger. On finit par avoir des déformations.
En ce qui concerne le projet de BD, il est toujours d’actualité. Mais je vais d’abord finir d’écrire jusqu’au dernier tome.
Sinon Peter Jackson m’a appelé mais, manque de bol, j’étais au WE GEEK…

Merci de m’avoir consacré un peu de ton temps, je te laisse le mot de la fin ?
D’abord, merci à toi pour cette tribune sympa dans ton blog et pour le temps que tu as consacré à cet article.
Ensuite comme je n’ai jamais eu vraiment l’occasion de le faire, je vais en profiter pour dire aussi merci à toutes les personnes qui ont fait confiance à ce premier roman. De plus en plus de gens me demandent la suite. Tout ça m’encourage beaucoup. Alors merci, vraiment et j’espère qu’on se verra en novembre :).

PS : Essaye de rappeler Peter Jackson, il paraît qu’il fait du bon boulot…
PPS : Je serai fidèle au poste en novembre !

9 réflexions au sujet de « Tête à tête avec Sosthène Desanges »

  1. eheh bienvenue dans le monde des intervieweurs ;-). J’ai lu cet entretien avec curiosité (vu que je ne connais de ce livre que ta chronique)

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