Petite entorse à mon challenge retrouvailles (quoique quelque part ce sont mes retrouvailles avec un éditeur) mais les éditions Flamant Noir m’ont fait une proposition (même pas indécente) que je ne pouvais refuser. Je suis bien incapable de dire non quand on propose de m’offrir un livre, en l’occurrence il s’agit du dernier titre ajouté à leur cataloguer, Burn-Out de Didier Fossey. N’ayant jamais été déçu par cet éditeur vous comprendrez mon enthousiasme.
Paris. Avril 2014. Lors d’une planque un flic est tué, pas de témoin et quasiment pas d’indices. C’est Boris Le Guenn, chef de groupe à la BAC du 36 qui se voit chargé de l’enquête. Un emploi du temps surchargé, pas assez d’effectif, une enquête qui s’annonce pour le moins difficile et un de ses hommes aux abonnés absents. Boris Le Guenn et son équipe vont devoir se battre sur plusieurs fronts en même temps…
Avant de commencer je voudrais remercier du fond du coeur Nathalie et les Editions Flamant Noir pour leur confiance et ce cadeau surprise (d’autant que je cherchais à l’acheter mais ne le trouvais sur aucune plateforme de vente). Sachez toutefois que cela n’influencera en rien la totale impartialité de ma chronique.
2014. Année noire pour la Police Nationale en France. 51 policiers se sont donnés la mort, soit dix de plus qu’en 2013 et un chiffre inégalé depuis 2000 (la moyenne annuelle depuis les années 2000 se situe autour de 42 suicides). De plus en 2014 un grand nombre de policiers ont rendu leur arme pour ne pas céder à la tentation de mettre fin à leurs jours.
La grande originalité de ce roman est aussi sa principale force, on suit une intrigue à deux niveaux, d’un côté l’aspect polar pur et dur avec une enquête de police, et de l’autre un très important aspect psychologique et humain via les dérives de Guillaume, un flic à l’avenir prometteur qui part en vrille. Sans nouvelles de leur collègue on partage l’anxièté de ses coéquipiers et notamment celle de Boris qui va chercher à le couvrir autant que faire se peut. C’est de loin le polar le plus humain qu’il m’ait été donné de lire, cette approche lui donne un petit côté polar nordique (mais non pas ch’ti ! Plus haut, du côté de la Scandinavie).
Un polar profondément ancré dans une réalité parfois franchement glauque. Le flic est avant tout un être humain avec ses forces et ses faiblesses, sauf qu’on attend de lui qu’il fasse abstraction de ces dernières pour ne mettre en avant que la force et l’assurance de la fonction qu’il occupe. Outre la réalité du burn-out qui peut parfois conduire au suicide, l’auteur nous présente la dure réalité, conséquence des restrictions budgétaires à répétition, le boulot augmente mais les effectifs diminuent et les moyens ne répondent plus aux besoins. Enfin il nous fait vivre intensément la douleur de ceux qui perdent un collègue, tué dans l’exercice de ses fonctions, des drames qui sont malheureusement bien souvent eux aussi la conséquence des coupes financières. Un état des lieux déplorable qui ne devrait pas vous laisser indifférent, pas un réquisitoire contre X ou Y pour autant, un constat juste et froid.
Mais rassurez-vous, l’intrigue policière n’est pas pour autant laissée pour compte. Elle vous prendra aux tripes au fur et à mesure de son avancée et devrait vous réserver quelques surprises de taille.
Je ne le savais pas avant de lire la bio de l’auteur à la fin du bouquin mais Didier Fossey a été flic à la BAC de Paris. Ce qui explique le même réalisme que celui ressenti en lisant Olivier Norek. Ils savent de quoi ils parlent et en parlent avec le coeur et les tripes.
Vous trouverez d’autres similitudes entre le « Groupe Coste » et le « Groupe Le Guenn« , une complicité qui va bien au-delà de la simple relation professionnelle et des individualités qui se complètent. La fin laisse supposer que l’auteur compte faire revenir le « Groupe Le Guenn » sur les devants de la scène dans un prochain roman, je l’espère de tout coeur.
Pour le moment le catalogue Flamant Noir affiche un sans faute remarquable. Encore merci à Nathalie B. pour cette sublime découverte et sa confiance. Au risque de me répéter cette chronique des plus élogieuses a été rédigée en toute impartialité. Ce n’est pas de ma faute si ce polar est tout bonnement excellent !
Je profite aussi de l’occasion de féliciter à nouveau ChrisEbouquin pour son travail de numérisation ; comme dans Kind of Black vous aurez le droit à un petit bonus sonore avec la version epub du roman.
Je concluerai cette (longue) chronique en citant Franck Evrard, un des personnages du roman, flic à la BAC depuis vingt cinq ans et surtout supérieur et ami de la victime, qui dresse un portrait sans concession de sa vie de flic : « On a un métier à la con, on s’y donne à fond. Les gonzesses, elles comprennent pas. On se blinde, on devient comme tu dis « insensibles », car nos fantômes nous poursuivent. On n’a plus d’amis en dehors de la boîte, nos femmes nous quittent parce qu’on ne les fait plus rêver, et quand sonne l’heure de la retraite, on se retrouve tout seuls. (…) Regarde ma gueule… je suis gris. T’as vu mes yeux ? C’est pas des valises, c’est des malles qu’il y a en-dessous. Il paraît que dedans y’a toute la tristesse du monde, et pourtant je ne suis pas triste. Non… Ce sont simplement toutes les horreurs que j’ai vues en vingt-cinq ans, mon pote. Toutes les misères que j’ai côtoyées, tous les désespoirs que j’ai rencontrés qui se sont imprimés-là. »
Suivi quelques chapitres plus loin par ce constat : « “Tous les flics ont des cauchemars, ça fait partie du paquetage”, avait dit un jour Olivier Marchal, ancien policier devenu réalisateur de films à succès. Le problème, c’est qu’au départ le flic n’est pas prévenu que le paquetage s’alourdira au fil des ans, et rien n’est prévu pour les ranger, ces foutus cauchemars. Alors certains, comme Franck, mettent une carapace, s’endurcissent et le payent dans leur vie privée. D’autres se laissent déborder, et à défaut de sac pour y mettre leurs peurs, leurs angoisses et les problèmes personnels qui en découlent, se servent de leur arme pour en terminer, à raison d’une quarantaine par an, toutes forces de police confondues. »
Dis moi l’ami, tu me tente bien là.
Puis-je utiliser tes mots pour convaincre mes petits camarades bibliothécaires d’acheter ce titre ? 😉
Pas de soucis. Si c’est estampillé Flamant Noir il faut acheter de toute urgence.
4 titres lus et 4 gros coups de coeur !
MERCI CHER lORD? SUPER .°
Et bien!!!!!!Il m’a l’air top, je me le note vite dans un coin!!!!!;)
Après les 2 Norek c’est mon troisième coup de coeur 2015 en matière de polar français… voire même de polar tout court.
J’ai dévoré les 2 Norek suite à ta chronique de Teritoires et je vais donc de ce pas me procurer celui-ci .
Après t’avoir lu, il ne peut en être autrement…
Merci (ou pas…) de m’avoir donné envie de rallonger ma PAL… 😉
Si tu as aimé les Norek tu ne peut qu’aimer celui-ci.
Très envie de le lire… merci 🙂
Il faut écouter les voix de la tentation, en l’occurrence c’est du pur bonheur
Ohhhh ohhhh ohhhhh je suis tentée à mort moi!!!!
Alors là j’ai envie de dire fonce ! Je suis persuadé que tu vas adorer.
Puisque tu le dis je note et je fonce le plus vite possible….
Allez, je note les burnes out 😉 tu commences à m’énerver aussi toi, à force de me tenter !! 😆
C’est pas ma faute c’est le Flamant Noir qui me tente ! Moi je ne fais que partager mon enthousiasme 🙂
Tu m’aurais parlé d’un flamant rose, j’aurais pensé que tu avais exagéré sur la dive bouteille… mais s’il est déjà noir, c’est qu’il est bourré !!
J’ai intégré burnes out à ma liste à lire… tu sais laquelle, celle qui croît de manière exorbitante et indécente !! PTDR
Je connais ça ! J’ai la même chez moi !!!
PTDR !