[BOUQUINS] Noël Boudou – Benzos

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N. Boudou - Benzos

Titre : Benzos
Auteur : Noël Boudou
Éditeur : Taurnada
Parution : 2019
Origine : France
222 pages

De quoi ça cause ?

Nick souffre d’insomnies chroniques, pour y remédier il se gave de somnifères. Il va pourtant falloir qu’il assure pour accueillir un couple d’amis venus passer quelques jours de vacances chez lui. D’autant que Chloé, sa femme, ne pourra lui prêter main forte, elle est en effet en déplacement professionnel.

Les vacances vont rapidement tourner au cauchemar pour Nick, moins il comprend ce qui lui arrive, plus il gobe ses précieux cachetons…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Noël Boudou. Son premier roman, Elijah, m’avait emballé par sa noirceur et sa violence… mais pas que !

Parce que Joël, des éditions Taurnada, m’a gentiment proposé de découvrir ce roman en avant-première (sortie le 14 novembre). Une offre pareille, ça ne se refuse pas.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement Joël et les éditions Taurnada pour leur confiance renouvelée. Et leur impressionnant catalogue, qui n’en finit pas de me surprendre par ses nombreuses pépites.

Noël Boudou fait partie de ces auteurs qui frappent fort d’entrée de jeu, en 2017 son premier roman, Elijah, m’avait littéralement laissé sur le cul. Une véritable perle de noir et de violence mais aussi de lumière et d’espoir.

Un premier roman qui place la barre très haut c’est un sacré challenge pour le second (et les suivants). Forcément le lecteur attend le même niveau, voire même un cran au-dessus ; d’autant plus qu’il ne sera pas aussi indulgent que pour un premier roman. Il n’empêche que c’est plutôt confiant que je me suis lancé dans Benzos (oui, oui, je parlais de moi à la troisième personne dans la phrase précédente… syndrome de Jules César ?).

Vous aurez peut-être deviné que le titre fait référence aux benzodiazépines (BZD pour les intimes) qui sont les principes actifs de bon nombre de somnifères et autres anxiolytiques. En l’occurrence ce sont les cachetons que Nick consomme comme des friandises :

Je pourrais chercher des solutions concrètes, affronter mes problèmes comme un homme, seulement voilà, je suis totalement accro à cette merde. Le premier réflexe de mon corps à la moindre petite contrariété : avaler un comprimé ou deux ou trois. Je suis tellement habitué à cette réaction que mes besoins sont automatiquement calculés par mon organisme. Il me réclame la dose nécessaire à m’apaiser en fonction du dilemme auquel je suis confronté.

Avec Benzos l’auteur change son fusil d’épaule, si l’intrigue reste bien noire on est davantage dans le thriller psychologique que dans l’hyper-violence. Pour nous faire vivre son intrigue, Noël nous invite dans la tête de Nick (autant vous prévenir de suite, un voyage dans la tête d’un accro aux BZD n’est pas de tout repos) avec un récit à la première personne.

J’ai été happé par l’histoire (machiavélique à souhait) dès les premières pages, pris par une soudaine frénésie de lecture qui flirtait allègrement avec la boulimie ! D’ailleurs je n’exagérerai pas en disant que j’ai littéralement dévoré le roman de Noël Boudou, dégusté et digéré d’une traite ! Apprécié surtout, adoré même.

Bon d’accord il n’y a qu’un peu plus de 200 pages à lire mais je vous assure que l’intensité est présente de la première à la dernière page. La tension va crescendo et ce rythme endiablé ne connaît aucun répit. Comme dans Elijah l’auteur opte pour un style direct, sans fioritures ni chichis ; il nous assène les faits comme autant de coups de fouet, ou de coups de poing dans la tronche (à vous de choisir votre sévices favori).

Si Nick se pose beaucoup de questions (et ce ne sont pas les raisons de s’en poser qui manquent, surtout avec son esprit en permanence embrumé par les médocs, l’alcool et la beuh), je me suis pour ma part rapidement fait une idée assez précise de ce qui se tramait (et même du pourquoi de la chose). Idée qui s’avérera juste, ce qui ne m’a nullement empêché d’apprécier la dérive de Nick et surtout d’être totalement abasourdi par le dénouement.

De mon côté j’ai bien quelques questions en suspens concernant La Mort et Jean-Yves, mais ça ne m’empêchera pas de dormir et surtout ça n’influera en rien sur ma note finale.

Pour les cachetons et les pétards, je passe mon tour ; par contre pour le Jack Daniel’s je suis toujours partant (scout toujours prêt), plus encore avec en fond sonore un bon gros son Métal qui tabasse.

Noël si jamais tu passes par Nouméa mon invitation à partager un (et plus si affinités) Jack est toujours de rigueur. En la matière je suis comme Nick :

Moi, j’ai l’alcool généreux, la cuite abondante, quand je picole, seul ou accompagné, j’ai la main lourde.

MON VERDICT
Coup double

[BOUQUINS] Noël Boudou – Elijah

N. Boudou - ElijahUne lecture à la demande d’un éditeur que j’apprécie grandement (Flamant Noir en l’occurrence) est toujours un plaisir. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à bousculer mon programme afin de permettre à Elijah, le premier roman de Noël Boudou, de griller la priorité à ses nombreux concurrents présents dans mon Stock à Lire Numérique.
A 18 ans, le narrateur tue son père afin de les libérer, lui et sa mère, de ses accès de violence incontrôlables et répétés. Peu de temps après il apprend que sa mère n’a pas survécu à la dernière raclée que lui a infligé son mari. Par contre ils ont pu sauver l’enfant qu’elle portait, mais il est lourdement handicapé. Désormais le narrateur va tout faire pour assurer le bonheur d’Elijah, son petit frère. Ne vous moquez jamais d’Elijah… surtout pas si son frère peut vous entendre.
Je n’ai jamais été déçu par les titres de Flamant Noir, aussi ai-je pris l’habitude de placer la barre de mes attentes quelques crans au-dessus de mon niveau moyen d’exigence. Le moins que l’on puisse c’est qu’avec ce bouquin on a le droit à du lourd, du très lourd ! Dans le bon sens du terme, cela va de soi.
Autant vous prévenir de suite ce livre est ultra-violent, Noël Boudou ne manque pas d’imagination et ne nous épargne pas les détails quand il s’agit de laisser parler le Mal qui habite ses personnages (âmes sensibles s’abstenir). Bin oui, « le frère d’Elijah » (on n’apprend son prénom que dans les derniers chapitres du roman) n’est pas un enfant de choeur… mais ses victimes non plus, loin s’en faut.
Un personnage tout en contraste, avec d’un côté cette violence inouïe qu’il déchaîne pour punir ses victimes, et de l’autre l’amour incommensurable qu’il éprouve pour son petit frère. Et qui sait, peut-être que dans son coeur il reste une place pour l’Amour, un Amour rédempteur. Là est la clé de ce héros et de roman, la violence n’est jamais gratuite, elle finit même par devenir l’unique solution pour sauver l’amour et l’innocence. Au milieu de ce tourbillon de haine et de sang, brille une lueur d’espoir, comme phare qui indiquerait la direction à suivre pour un nouveau départ.
Sans forcément approuver les actions du narrateur, je n’ai à aucun moment ressenti l’envie de le blâmer. Sans doute parce que j’exècre au plus haut point les ordures qui tabassent leurs femmes et leurs gosses. Ce ne sont pas de soins dont ces pourritures ont besoin, mais plutôt d’une balle dans la nuque, ça coûterait moins cher à la société et le risque de récidive est nul avec cette option. Mais ceci est une autre histoire (même si j’assume pleinement mes propos).
Outre le récit du narrateur (à la première personne, cela va de soi), certains chapitres vous permettront de suivre les pensées d’Elijah grâce à un journal qu’il tient dans sa tête faute de pouvoir faire autrement, de même nous aurons le droit à quelques extraits de journal d’Aline, une jeune femme que les deux frères rencontrent lors d’une de leur sortie au parc. Deux personnages au charisme lumineux, deux points de lumière au milieu des ténèbres (je sais j’insiste).
Je ne m’attarderai pas davantage sur l’intrigue et les personnages, je préfère laisser aux futurs lecteurs le plaisir et les frissons de la découverte. Tout ce que je peux vous dire c’est que le voyage ne sera pas de tout repos (mais ça je pense que vous l’aurez déjà compris).
Par contre il serait injuste de terminer cette chronique sans vous parler de l’écriture de l’auteur. Un style direct et percutant qui vous prend aux tripes dès les premières lignes du récit… et ne vous lâchera plus jusqu’au clap de fin. Les phrases et les chapitres sont courts, percutants, privilégiant ainsi le rythme, sans la moindre lourdeur qui permettrait au lecteur de reprendre son souffle (ce qui explique sans doute pourquoi j’ai lu le roman d’une traite).
Pour un premier roman Noël Boudou place la barre très haut, inutile de préciser (sans vouloir lui mettre la pression) que son prochain titre est d’ores et déjà attendu de pieds fermes… et que l’on espère avoir le droit à la même qualité, voire même encore mieux !
Encore un excellent choix éditorial pour Flamant Noir, définitivement un petit éditeur (sans rien de péjoratif dans ces termes, bien au contraire) qui mérite une place de premier choix dans le coeur des amateurs de thrillers exigeants.
Enfin je tiens à remercier Nathalie (c’est elle qui se cache sous le masque du Flamant Noir) pour sa confiance. Je vous ai promis une chronique sans concession et je peux vous assurer que c’est le cas ici, quand un roman me prend aux tripes et au coeur alors je me plais à le crier haut et fort !

MON VERDICT
jd5Coup double

PS : Noël, si votre chemin vous mène par Nouméa c’est avec plaisir que je partagerai avec vous quelques verres de Jack Daniel’s (sans glace).
Un auteur adepte du Jack sec ne peut être qu’un mec bien 🙂