[BOUQUINS] David Ruiz Martin – Requiem Des Ombres

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Titre : Requiem Des Ombres
Auteur : David Ruiz Martin
Éditeur : Taurnada
Parution : 2022
Origine : France
384 pages

De quoi ça cause ?

Donovan Lorrence, écrivain à succès, revient à Neuchâtel après des années d’absence. Il est déterminé à faire toute la lumière sur cette nuit de novembre 1973 où son frère a disparu et lui-même a été agressé.

Il est temps d’exorciser ses démons du passé, mais certaines personnes pourraient ne pas voir d’un bon œil cette envie de faire remonter à la surface des souvenirs oubliés…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que le duo Taurnada et David Ruiz Martin m’avait scotché et bluffé avec Seule La Haine, le précédent roman de l’auteur.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

J’aime les auteurs qui osent se remettre en question d’un titre à l’autre, si David Ruiz Martin reste dans le thriller noir avec ce nouveau roman, il est totalement différent de Seule La Haine. On pourrait penser qu’il est difficile d’imaginer une intrigue originale autour du thème (éculé diront certains) de la vengeance, et pourtant l’auteur réussit à nous proposer une approche plutôt novatrice. Même s’il est d’usage de dire que « c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes », rien n’interdit d’apporter une pointe d’originalité et de modernité à ladite soupe.

Ici cette note inédite vient du personnage d’Iris et de son don (qu’elle considère plutôt comme une malédiction). Son apparition va donner un sérieux coup de boost à l’intrigue, constituant même un second arc narratif qui entraînera Donovan dans son sillage.

Il faut bien reconnaître que Donovan Lorrence ne fait rien pour s’attirer la sympathie des lecteurs malgré la totale légitimité de sa quête de vérité. Heureusement Iris aura un effet apaisant sur lui, même si trop se rapprocher de la mystérieuse jeune femme peut réserver bien des surprises.

Une fois encore c’est la Suisse, et plus particulièrement Neuchâtel et ses environs, qui servira de décor à l’intrigue imaginée par David Ruiz Martin. Une Suisse bien loin de l’image d’Épinal qui vante le flegme helvète, c’est le côté obscur de la Suisse que nous dévoile l’auteur.

Une intrigue certes moins machiavélique que celle de Seule La Haine et son incroyable face à face psychologique, mais pas moins intéressante. Vous aurez rapidement envie de comprendre ce qui a bien pu passer au cœur de la brume neuchâteloise, un soir de novembre 1973. Il faut croire que la soif de vérité de Donovan est contagieuse.

Les personnages sont soignés, l’intrigue est parfaitement maîtrisée de bout en bout. Franchement difficile de lâcher le bouquin une fois que vous serez pris dans les mailles du filet. Résultat des courses on dévore les presque 400 pages quasiment d’une traite (deux traites pour être exact).

Avec ce roman David Ruiz Martin confirme qu’il faudra désormais compter avec lui dans le petit monde du polar suisse, mais aussi, plus largement, du polar francophone.

MON VERDICT

[BOUQUINS] David Ruiz Martin – Seule La Haine

AU MENU DU JOUR


Titre : Seule La Haine
Auteur : David Ruiz Martin
Éditeur : Taurnada
Parution : 2021
Origine : France
252 pages

De quoi ça cause ?

Le jour de son quinzième anniversaire, Elliot se présente au cabinet de psychanalyse de Larry Barnay armé d’un pistolet. L’adolescent veut comprendre pourquoi son frère s’est suicidé six mois plus tôt, et pourquoi Larry, qui le suivait comme patient, n’a pas été capable de l’empêcher de passer à l’acte…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Taurnada et parce que c’est l’occasion de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.

Ma Chronique

Je remercie les éditions Taurnada, et tout particulièrement Joël, pour leur confiance renouvelée.

Ce roman est paru initialement en 2020 aux éditions Nouvelle Bibliothèque, la version proposée par Taurnada a été entièrement remaniée par David Ruiz Martin. Je ne sais pas ce que valait le premier jet du bouquin, mais je peux d’ores et déjà vous assurer qu’avec ce titre, Taurnada inscrit une nouvelle pépite à son catalogue.

Le bouquin s’ouvre sur une préface de Nicolas Feuz qui pose la question de l’identité du polar suisse (je ne me prononcerai pas sur le sujet, il me semble que c’est le premier polar helvète que je lis). En effet si David Ruiz Martin est né en Espagne c’est en Suisse qu’il a grandi et qu’il vit encore aujourd’hui.

C’est donc tout naturellement que l’auteur a situé l’intrigue de son roman en Suisse (à Neuchâtel pour être exact). Une intrigue qui va se jouer presque exclusivement en huis clos entre l’adolescent et le psychanalyste. Un huis clos au cours duquel la tension va aller crescendo, au fil des pages un sentiment grandissant d’oppression vous prendra aux tripes, le récit d’Elliot soumettra vos nerfs à rude épreuve avec, en bonus, quelques poussées d’adrénaline.

Pour des raisons évidentes je ne m’étalerai pas davantage sur l’intrigue mais si vous cherchez un truc vraiment machiavélique et noir de noir, alors ce roman est fait pour vous. David Ruiz Martin signe un thriller psychologique intense et totalement maîtrisé.

Condition sine qua non pour qu’un thriller psychologique, plus encore dans le cadre d’un huis clos confrontant deux individus, il est impératif que les personnages portent l’intrigue et la fassent vivre (cerise sur le gâteau s’ils parviennent en plus à nous faire vibrer).

Je commencerai par Larry Barnay parce qu’il est le narrateur du présent roman. On découvre un homme plutôt sûr de lui et de ses convictions même si confronté à une situation pour le moins inhabituelle. Au fil du récit d’Elliot nous verrons ses certitudes se fissurer, puis s’effondrer pour être remplacées par des doutes et des questionnements qui le boufferont de l’intérieur.

Malgré son jeune âge Elliot reste maître du jeu tout le temps de son récit, même ses coups de mou et coups de colère semblent minutieusement calculés pour s’inscrire dans son récit (d’un autre côté il est difficile, voire impossible, de rester de marbre face à son témoignage qui s’enfonce toujours plus loin dans l’abject). Je peux comprendre que certains lecteurs aient pu penser qu’une telle personnalité ne collait pas un gamin de 15 ans, personnellement cela ne m’a pas dérangé outre mesure, Larry nous prévient d’entrée de jeu :

« Non. Elliot n’est pas fou. Je l’ai vaguement côtoyé par le passé. Il a toujours été un ado brillant, intelligent et futé. Parfois même un peu trop. »

C’est sans la moindre hésitation que j’attribue 5 Jack et un coup double (coup de cœur / coup de poing) à ce roman.

MON VERDICT

Coup double

[BOUQUINS] Negg – Le Souffle De La Liberté

Negg - Le Souffle De La LibertéUne chronique un peu spéciale puisque faite à la demande de l’auteur, ce n’est pas une première pour moi mais par contre c’est la première fois que l’auteur m’envoie son roman au format papier. Donc d’avance merci à Negg pour sa confiance, comme d’hab en de pareilles circonstances je tiens à préciser que je rédige cette chronique en totale impartialité. La chose s’appelle Le Souffle De La Liberté et est diffusé par ILV Edition au prix de 9,20€.
J’ai confié la partie la plus pénible à Abra : aller récupérer le bouquin à la poste. Place à la découverte, physiquement la chose est petite (101 x 151 mm) et pas très épaisse ; mais gaffe aux apparences la densité est au rendez-vous : 400 pages écrit en petit. Visuellement la couv’ est sobre (et sombre), l’accroche sympa mais c’est surtout la mention -18 qui attire mon regard. Qu’est ce donc ? Un bouquin à l’érotisme torride ou un thriller horrifique à faire blêmir Stephen King ? L’un comme l’autre ça ne me pose pas de problème particulier, il faut plus que ça pour me choquer…
Deux jeunes, Hilen et Elwynn, en cavale suite à un braquage de banque, envoient bien malgré eux leur voiture dans le décor. Les flics au cul ils prennent la fuite à pied. Ils se réfugient dans une grotte étrange, qui se révélera être une bijouterie victime d’un braquage fatal pour le patron. Ne pensant qu’à leur fuite ils s’engagent dans un couloir qui les propulse dans un autre monde…
La première chose qui frappe, hormis la petite taille de la police de caractère, est le style de l’auteur. A vrai dire j’ai un peu de mal à le définir, il n’est pas désagréable à lire mais malgré tout la lecture n’est pas aussi fluide que l’on le souhaiterait ; cela s’explique sans doute par quelques effets de style pas toujours maîtrisés.
Venons en au genre, en admettant que la chose puisse se cataloguer aisément, ça commence comme un polar classique jusqu’à ce qu’on tombe sur cette fameuse grotte bijouterie avec son macchabée. Là on peut sérieusement commencer à se demander dans quoi on s’engage, puis les protagonistes se retrouvent, un peu par hasard, dans un monde parallèle. Commence pour eux une aventure aussi peu commune que périlleuse…
Revenons un moment sur notre couple. Lui, Hilen, la trentaine, beau mec mais plus de matière première dans les poings que dans la tête. Elle, Elwynn, à peine quatorze ans, BCBG (beau cul, belle gueule) amoureuse de son bad boy. Pas la peine de revenir en arrière vous avez bien lu, 30 et 14 ans. Le gars (l’auteur) s’engage sur un terrain glissant (au vu de la loi Hilen est catalogué comme pédophile) ; essayons de faire fi de ce « détail » (pas simple, on nous le rappelle sans cesse). Voilà sans doute qui justifie l’interdiction aux moins de 18 ans, perso je pense que l’avertissement aurait dû être plus explicite. Et encore vous n’avez rien vu, attendez de croiser l’Intendante…
Quid de ce monde parallèle et de ses habitants ? A vrai dire il serait plus juste de parler de mondes parallèles, au pluriel, en effet chaque porte que le couple franchit ouvre sur un nouveau monde, avec son propre contexte et ses habitants. Certains décors et personnages doivent avoir été imaginés sous l’emprise de quelques substances pas très licites mais ça ne dérange pas plus que ; tant qu’à errer dans l’imaginaire autant jouer le jeu à fond les manettes.
Les cent premières pages sont plutôt déconcertantes mais on finit par se prendre au jeu et ne plus se poser de questions, d’autant qu’au fil des chapitres le bouquin devient plus prenant et l’on a envie de connaître le fin mot de l’histoire. Et sur ce point (la fin) l’auteur réussit à nous surprendre avec un final grandiose.
A ne pas mettre entre toutes les mains (érotisme et violence sont de la partie) mais une découverte pas déplaisante en fin de compte. Par contre il y aurait un gros travail de relecture à faire, il reste de nombreuses fautes d’orthographes justes énormes, dommage parfois ça pique les yeux…