Ca faisait quelque temps déjà que je ne m’étais pas penché sur la collection La Bête Noire de Robert Laffont, direction la Norvège pour ma chronique de leur dernier opus en date, Les Adeptes signé Ingar Johnsrud.
L’inspecteur Fredrik Beier est chargé d’enquêter sur la disparition d’Anette Wetre et son fils. Selon sa mère, Kari Lise Wetre, une femme politique d’influence en pleine campagne électorale, ils auraient été embrigadés par une secte de fondamentalistes chrétiens : la Lumière de Dieu. L’affaire prend une toute autre tournure quand l’un des sites de la Lumière de Dieu fait l’objet d’une attaque à l’arme lourde. Sur place tout semble privilégier la piste islamiste…
Premier opus d’une trilogie annoncée, Les Adeptes peut d’ores et déjà revendiquer le statut de thriller haut de gamme. Ne serait-ce que par la richesse et la complexité de son intrigue qui n’en finira pas de nous surprendre. Une lecture qui demandera un gros investissement neuronal, les personnages et les lieux sont nombreux et portent souvent des noms à coucher dehors. Gare à ne pas perdre le fil sinon vous devrez revenir quelques pages en arrière pour recadrer le contexte. Une intrigue construite et menée avec beaucoup d’intelligence et de talent.
Pour ma part j’ai plutôt bien accroché au personnage de Fredrik Beier, un flic comme seul les auteurs nordiques savent les faire. Bon enquêteur mais pas pour autant infaillible. Une personnalité d’apparence bourrue qui doit composer avec un passé tragique. Je peux comprendre que sa misogynie puisse déranger le lectorat féminin, surtout quant à la façon dont il traite sa compagne, Bettina.
Son collègue, Andreas Figueras, est encore plus asocial que lui. Pas franchement adepte de la finesse, son humour est plutôt gras et basique. Mais le duo fonctionne plutôt bien, c’est l’essentiel.
Sauf que les besoins de l’enquête le duo va se voir imposer une troisième personne. Kafa Iqbal, une enquêtrice du renseignement intérieur. Et oui, une femme… et une musulmane qui plus est ! Mais la nana ne manquera pas de surprendre nos deux machos de service, elle ne manque en effet ni de ressources, ni de répartie.
Pour les besoins de son intrigue Ingar Johnsrud n’hésite pas à appuyer là où ça fait mal, notamment dans le passé peu glorieux de la Norvège au cours de la seconde guerre mondiale, en l’occurrence concernant la question de la politique de l’hygiène raciale chère à l’Allemagne nazie.
Difficile de parler des différents aspects de l’intrigue sans prendre le risque d’en dire trop, et franchement ce serait dommage de gâcher les effets d’un bouquin qui mettra vos neurones à rude épreuve. Pour les nerfs ça va, le rythme est relativement posé, sauf quand la situation exige une brusque montée en puissance. Là encore l’auteur fait montre d’une totale maîtrise dans les changements de régime.
A la fermeture du roman des questions restent en suspens, c’est toujours un peu frustrant ce genre de situation mais je me console en me disant qu’il y a encore deux volumes de prévu… peut être que les réponses viendront en temps et en heure. En tout cas avec ce premier roman l’auteur place la barre haut.
Au final un titre qui fait honneur à la collection La Bête Noire. A ce jour avec six titres lus la bestiole peut se targuer d’une jolie moyenne de 4/5. Avec Les Adeptes la moyenne ne devrait pas changer, il me reste Baad de Cédric Bannel à lire mais avant il faut que je passe par L’Homme De Kaboul (la première affaire mettant en scène le Commandant Kandar). Bref je confirme mon attachement à cette collection, j’ai hâte de découvrir les prochains titres.
Étiquette : La Bête Noire
[BOUQUINS] LS Hilton – Maestra
C’est plutôt enthousiaste que je me suis rué sur le roman Maestra de LS Hilton, d’une part parce qu’il se présente comme un thriller érotique, et d’autre part parce qu’il figure au catalogue de la Bête Noire, une toute jeune collection de Robert Laffont qui ne m’a réservé quelques belles surprises littéraires.
Le jour Judith Rashleigh travaille dans une prestigieuse salle des ventes londonienne. Le soir elle devient Lauren et officie comme hôtesse dans un bar miteux. Son destin va changer quand un riche client va s’enticher d’elle…
Ah que voilà un bouquin qui me laisse sur un sentiment mitigé. Dire que je n’ai pas aimé serait un mensonge, il serait plus juste de dire que je m’attendais à autre chose, à quelque chose de plus rythmé surtout… de mieux, tout simplement. Il faut attendre la seconde moitié du roman pour que les choses se décantent enfin vraiment. Heureusement une fois que ça démarre le rythme reste constant.
Là où le bât blesse c’est justement qu’avant ça il faut se coltiner la première partie. Suivre la pauvre petite fille partie de rien et devenue pas grand chose… qui étale sa fortune (ou plutôt celle des autres) en se pavanant dans de la Haute Couture. Et vas-y que je te cite telle marque ici, puis telle autre là… Si ça fait rêver certain(e)s, moi ça m’a plutôt filé la nausée cet étalage façon m’as-tu-vu. Désolé mais le luxe n’est vraiment pas mon trip.
Donc pour apprécier les côtés thriller et roman noir il faudra se montrer patient ; quid de l’érotisme alors ? Il est bien présent et assumé, plutôt bien dosé, l’auteure évite les écueils de la surenchère. Le mélange des genres se fait sans heurts.
Ecrit à la première personne, le roman veut nous faire vivre l’intrigue via le personnage de Judith. Un regard qui ne manque ni de cynisme, ni d’humour mais insuffisant toutefois pour que je puisse éprouver la moindre empathie pour elle. Du coup forcément je suis peut être passé à côté de l’aspect immersion… Le style n’est pas désagréable, loin s’en faut, la lecture s’avère même plutôt fluide.
Maestra est le premier opus d’une trilogie. Malgré mon accueil mitigé je lirai la suite ; la seconde partie du roman, nettement plus rythmée et intense, a su resserrer les liens d’une confiance qui se délitait au fil des pages.
MON VERDICT

[BOUQUINS] Claire Favan – Serre-Moi Fort
Je poursuis mon petit bonhomme de chemin en compagnie de la Bête Noire, l’occasion pour moi de découvrir l’univers littéraire de Claire Favan, son dernier roman, Serre-Moi Fort est en effet le cinquième titre de la collection.
Août 1994. Nick Hoffman, un adolescent discret, est livré à lui même, complètement délaissé par ses parents depuis que sa soeur a mystérieusement disparu. Mai 2014. Un charnier a été découvert dans une grotte en Alabama, le lieutenant Adam Gibson est chargé de l’enquête…
Quel lien entre ces deux intrigues me direz-vous ? Et bien ne comptez pas sur moi pour répondre à cette question. Ce que je peux vous dire par contre c’est que le bouquin se divise en trois parties. La première partie se déroule donc en 1994, du point de vue de Nick Hoffman. La seconde partie nous plonge en 2014, du point de vue d’Adam Gibson. Et la troisième partie alors ? Elle se déroule en 2015 et fait le lien entre les deux précédentes.
Claire Favan nous offre un thriller qui vous prend aux tripes dès les premières pages, elle ne ménagera ni vos nerfs, ni votre palpitant au fil des chapitres. Une écriture sans concession mise au service d’une intrigue implacable, insoutenable parfois, mais c’est pour la bonne cause. Noir c’est noir… Il n’y a plus d’espoir !
Si le roman ne vous laisse guère le temps de souffler tant il est hautement addictif, l’auteure laisse aussi la part belle à la psychologie de ses personnages. La dernière partie est à ce titre un duel psychologique d’une rare intensité. Là encore cet aspect du récit est totalement maîtrisé.
Avec ce titre La Bête Noire renoue avec le thriller très haut de gamme, j’ai retrouvé les mêmes sensations malsaines que lorsque je lisais Tu Tueras Le Père de Sandrone Dazieri. Même punition : un doublé coup de coeur, coup de poing !
Vous l’aurez sans doute deviné au vu de mon enthousiasme, ce bouquin m’a aussi donné envie de prolonger ma découverte de l’univers littéraire de Claire Favan, si tous ces bouquins sont bons ça promet de longues heures de lecture… et de stress !
MON VERDICT


[BOUQUINS] Annette Wieners – Coeur De Lapin
Fermement décidé à ne passer à côté d’aucun titre de la collection La Bête Noire de Robert Laffont, je me suis tout naturellement rué sur ce Coeur De Lapin signé Annette Wieners.
Un matin comme les autres, Gesine réalise qu’elle est en train de préparer les couronnes mortuaires pour les obsèques de Mareike, sa soeur, celle qu’elle considère aujourd’hui encore comme responsable de la mort de son fils, dix ans plus tôt. Ses parents la juge responsable de la mort de Mareike, la police la suspecte ; Gesine va devoir prendre sur elle pour découvrir la vérité sur la mort de sa soeur…
Pour son premier roman l’auteure opte davantage pour le drame psychologique que pour le thriller pur et dur. Le rythme est lent, très lent même, l’intrigue policière sert plus de toile de fond qu’autre chose ; Annette Wieners explore les tréfonds de l’esprit de ses personnages, notamment celui de Gesine.
Gesine est une femme brisée par le décès brutal de son jeune fils dans des circonstances qui n’ont jamais été clairement définies. Etouffée par les secrets de famille, les mensonges et les non dits, elle a radicalement coupé les ponts avec sa vie d’avant. Depuis elle vit repliée sur elle même, elle refuse toute émotion sinon la colère et la rancoeur. Un personnage d’une extrême froideur dont il est difficile de se sentir proche compte tenu de son manque total d’empathie. Il faut attendre les derniers chapitres du roman pour qu’elle fasse preuve d’un semblant d’humanité.
J’avoue quitter ce bouquin avec un sentiment mitigé. D’un côté j’ai vraiment été pris par l’intrigue, pas tant par la résolution de l’enquête en elle même (on devine assez rapidement qui est le coupable) mais sur le pourquoi du comment et ce qu’il s’est passé dix ans plus tôt (l’idée étant surtout de savoir si Gesine est complètement parano ou pas). D’un autre côté j’ai eu du mal à entrer pleinement dans le récit, il a fallu attendre le dernier tiers du roman pour que je sois enfin en immersion.
Avec le recul le ressenti positif l’emporte, j’espère que la suite de la série me confortera et même renforcera ce sentiment. Quoi qu’il en soit je resterai fidèle aux titres de La Bête Noire, j’en ai d’ailleurs un nouveau qui vient de grossir les rangs de mon Stock à Lire Numérique.
MON VERDICT

[BOUQUINS] Alexis Aubenque – Tout Le Monde Te Haïra
Je poursuis mon incursion dans la collection La Bête Noire de Robert Laffont, avec le troisième et dernier titre du catalogue 2015, Tout Le Monde Te Haïra d’Alexis Aubenque. Ca tombe plutôt bien vu qu’il fait partie des auteurs que j’avais envie de découvrir…
White Forest, une bourgade sans histoire paumée au fin fond de l’Alaska. Le lieutenant Tracy Bradshaw est appelée sur une scène de crime particulièrement barbare. De son côté, Nimrod Russell, un ex flic devenu détective, enquête sur la disparition présumée d’une jeune femme. Rapidement les deux enquêteurs vont s’apercevoir que leurs enquêtes pourraient bien être liées…
Dépaysement assuré (surtout pour moi qui vit à Nouméa et que nous entrons donc dans la saison chaude) avec ce thriller qui prend pour cadre l’Alaska en plein hiver. Des paysages magnifiques à perte de vue… STOOOP ! Je ne suis pas en train de rédiger une chronique pour le Guide du Routard, n’empêche que le cadre a son importance.
Revenons à nos moutons… ou plutôt à nos ours polaires. D’entrée de jeu j’ai été séduit par les personnages principaux, Tracy et Nimrod. Elle, lieutenant de police qui essaye de combiner au mieux sa vie de famille et sa carrière. Lui, ex flic contraint à démissionner suite à une affaire pas très claire, reconverti en tant que détective. Avant ils étaient partenaires, aujourd’hui ils ont su préserver une solide relation de confiance et d’amitié. Un duo d’enquêteur appelé à devenir récurrent, le temps d’une trilogie (et plus si affinités ?), j’aurai plaisir à les retrouver.
Les autres personnages ne sont pas laissés en plan. Tous sont traités avec profondeur, peu à peu l’on découvre leurs motivations… et parfois même leurs sombres secrets.
L’intrigue est menée d’une main de maître, le rythme monte crescendo et bien des rebondissements ne manqueront pas de vous surprendre. Elle est servie par des chapitres courts et percutants doublés d’une écriture sans fioriture histoire d’être plongé directement au coeur de l’action. Une intrigue à trois voies, les enquêtes de Tracy et de Nimrod, le naufrage et le destin des orphelins russes… Comme vous pouvez vous en douter ces trois voies finiront par ne former qu’une piste unique.
Un petit bémol sur la fin, amenée de façon un peu trop abrupte à mon goût et surtout qui manque de conviction (et donc de crédibilité). Ca me fait penser à un roman de JC Grangé, que je ne citerai pas histoire de ne pas spoiler inutilement, dans lequel on retrouve le même genre de structure improbable (surtout que JCG nous place la chose sur le sol français).
Un thriller prenant et addictif, peut être un tantinet en deçà des deux autres titres de la collection (il faut dire que Sandrone Dazieri et Ingrid Desjours avaient placé la barre haut), mais qui reste dans le haut du panier.
Quelques questions restent en suspens concernant certains aspects des personnages (surtout concernant Nimrod), là est tout l’intérêt des personnages récurrents, le voile se lève au fil des romans. Je répondrai présent sans la moindre hésitation l’année prochaine pour le second opus.
MON VERDICT

[BOUQUINS] Ingrid Desjours – Les Fauves
Ca faisait un moment que j’avais envie de découvrir l’univers littéraire d’Ingrid Desjours, du coup je me suis offert son dernier roman, Les Fauves. Un choix essentiellement motivé par le fait que c’est ce titre qui a inauguré la collection La Bête Noire de Robert Laffont ; collection dont est issu Tu Tueras Le Père qui aura été un formidable coup de coeur.
Haiko dirige une ONG dont le but est d’empêcher l’engagement des jeunes français(es) dans le djihad de l’Etat Islamiste. Quand une fatwa sans équivoque possible est publié à son encontre via Internet, Lars, un ancien militaire, est recruté pour assurer sa protection…
Un thème on ne peut plus d’actualité comme vous pouvez le constater, à tel point que j’ai suspendu ma lecture pendant 48 heures histoire de prendre du recul par rapport aux attentats aussi barbares que sanglants qui ont visé Paris dans la nuit du 13 novembre.
Comme j’en étais à plus des deux tiers du bouquin et que l’intrigue est addictive à souhait il n’était pas question d’y renoncer complètement. J’ai donc terminé tranquillement, à tête reposée et loin de toute source d’informations, ce roman.
Un sujet brûlant traité avec une grande intelligence et sans le moindre obscurantisme, étayé çà et là par des coupures de presse authentiques. La connerie n’est pas une question de couleur de peau ou de religion, l’amalgame serait trop facile (aujourd’hui plus que jamais).
La phrase de Dimitri (le frère insouciant de Haiko) résume assez bien la situation et s’applique aux radicaux des deux côtés de la barrière religieuse : « J‘ai été stupide de ne pas prendre les choses au sérieux mais, voyez-vous, je ne suis pas croyant. Alors j’ai le plus grand mal à me représenter qu’on puisse être en guerre pour des questions de religion, à notre époque. Pour moi ça relève de la barbarie, du Moyen Âge ! »
Les Fauves ce sont deux personnages au caractère bien trempé mais plus fragiles que les apparences ne le laisseraient supposer. Lars, vétéran d’Afghanistan, a été psychologiquement détruit suite à sa détention par les talibans. On devine assez vite la nature du traumatisme mais les faits seront encore plus abjects que tout ce l’on pouvait supposer. Pour ne pas craquer il carbure aux amphéts et à l’adrénaline.
Haiko, journaliste engagée dans ce qui semble être un combat des plus honorables, mais qui semble aussi cacher certaines vérités dérangeantes. Dépassée par les événements et les menaces qui affluent elle accepte à contrecoeur une protection rapprochée. Deux personnages que l’auteure parvient à rendre presque vivants alternant entre leurs forces et leurs faiblesses.
Les Fauves affiche d’emblée la couleur, l’auteure joue à fond la carte du thriller psychologique et sait à merveille jouer avec nos certitudes (et accessoirement nos nerfs). Il faut dire que quand elle n’écrit pas, elle exerce comme psycho-criminologue, autant dire qu’elle connaît son sujet. Et ça se sent, pour notre plus grand plaisir. Au fil des chapitres on n’en finit pas de se poser des questions pour démêler le vrai du faux et essayer de comprendre qui manipule qui. On se triture les neurones avec délectation !
Les Fauves confirme que la collection La Bête Noire mise sur des thrillers haut de gamme ; pour le moment je ne peux que m’incliner devant un bilan zéro défaut ! Je verrai très prochainement si le dernier roman d’Alexis Aubenque (encore un auteur que je souhaite découvrir), troisième titre de la collection, transformera leur catalogue 2015 en un tiercé gagnant.
Pour une découverte de l’univers d’Ingrid Desjours j’ai été totalement bluffé ; il est plus que certains que je prolongerai l’expérience en remontant sa bibliographie à contre courant chronologique (du plus récent au plus ancien).
MON VERDICT


[BOUQUINS] Sandrone Dazieri – Tu Tueras Le Père
Une lecture inspirée par la blogosphère, à force de lire des éloges sur Tu Tueras Le Père de Sandrone Dazieri, il fallait bien que je me forge ma propre opinion.
Une femme décapitée, un petit garçon porté disparu ; pour la police il ne fait aucun doute que le coupable est le père, d’autant que des preuves l’accablent. Le commissaire Rovere demande toutefois à son bras droit, Colomba Caselli, de mener sa propre enquête parallèle bien qu’elle soit encore, officiellement, en disponibilité. Pour la seconder, Rovere l’oriente vers Dante Torre, un enquêteur privé qui fut séquestré pendant des années durant son enfance. Rapidement Dante est convaincu que l’enfant est victime du Père, l’homme qui l’a privé de son enfance. Reste à convaincre Colomba et à trouver des preuves…
Adepte de thrillers depuis de nombreuses années j’ai tendance à me la jouer blasé en matière de tueurs en série. Je ne prétendrais certes pas avoir tout lu sur le sujet, ce serait horriblement prétentieux et complètement faux ; disons plutôt que la plupart des intrigues obéissent plus au moins aux mêmes règles fondatrices et suivent un même fil rouge. La plupart oui, mais pas toutes ! Certains romans créent la surprise en revisitant totalement le genre, Tu Tueras Le Père est de ceux là ! Il fait table rase de toutes les ficelles connues pour imposer sa propre structure et son propre rythme.
Déjà l’auteur nous propose un duo d’enquêteurs pour le moins atypique. Dans le coin droit, Colomba Caselli. Commissaire à la brigade mobile (l’équivalent italien de la brigade criminelle en France), en disponibilité suite à ce qu’elle appelle le « Grand Désastre », un drame personnel qui ne l’a pas laissée indemne. Une enquêtrice brillante en proie au doute quant à son avenir professionnel… et personnel.
Dans le coin gauche, Dante Torre. Il a passé onze ans séquestré par Le Père. Aujourd’hui totalement inadapté socialement parlant et bourré de phobies. Doté d’une logique implacable, doublée d’un redoutable sens de l’observation et d’un incroyable don de déduction. Il reste persuadé que Le Père est encore en vie contrairement aux conclusions de l’enquête de police.
Au centre, face aux enquêteurs livrés à eux mêmes, Le Père. Au fil de l’intrigue on se demande s’il s’agit d’un individu unique, d’une organisation criminelle ou tout simplement le fruit de l’imagination de Dante. Par bien des aspects il me fait penser au personnage de Keyser Söze dans le film Usual Suspects.
L’intrigue est d’une efficacité sans faille, elle se densifie et se complexifie au fil des chapitres sans jamais être embrouillée. Les pistes, fausses et bonnes, se multiplient et jouent avec les nerfs du lecteur. Sandrone Dazieri, non content de jouer avec nos nerfs, nous vrille en plus les tripes.
Un roman coup de coeur, c’est certain. Coup de poing, incontestablement. Une véritable révélation littéraire de cette année 2015.