[BOUQUINS] David Lagercrantz – La Fille Qui Rendait Coup Pour Coup

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D. Lagercrantz - Millénium 5

Titre : Millénium 5 – La Fille Qui Rendait Coup Pour Coup
Auteur : David Lagercrantz
Editeur : Actes Sud
Parution : 2017
Origine : Suéde
448 pages

De quoi ça cause ?

En prison Lisbeth Salander est une détenue modèle qui s’occupe en résolvant des équations de mécanique quantique. Une visite de son ancien tuteur et ami, Holger Palgrem, va relancer sa curiosité à propos de son enfance. Dans le même temps, elle décide de protéger Faria Kazi, une détenue devenue le souffre-douleur d’une chef de gang aussi sadique que perverse…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Millénium tout simplement, et que quoi qu’on en dise, même si David Lagercrantz n’est pas Stieg Larsson, il a brillamment repris le flambeau en s’appropriant des personnages pourtant complexes.

Ma chronique

Je vais commencer cette chronique en poussant une gueulante contre la politique marketing des éditions Actes Sud (maison dont j’apprécie la richesse et la variété de son catalogue) : qu’est-ce que c’est cette couv’ de merde ? Ce n’est plus du racolage à ce point, on frôle l’outrage ! En plus d’être ignominieusement racoleuse, elle n’a strictement rien à voir avec l’intrigue du roman. Carton rouge pour cette bassesse qui schlingue le choix marketing douteux !

Voilà ça c’est fait… Passons aux choses sérieuses et entrons dans le vif du sujet.

De nouveau c’est Lisbeth Salander qui est au centre de l’intrigue, il faut dire que c’est le personnage le plus complexe de la saga et qu’il reste encore bien des zones d’ombres autour de son passé. Ceci dit elle pourra toujours compter sur le soutien et l’aide de Mikael Blomkvist.

D’autres personnages déjà croisés auront un rôle plus ou moins important à jouer dans l’évolution de l’intrigue. Et bien entendu le roman vous réserve son lot de nouveaux venus, des individus plus ou moins sympathiques, voire franchement antipathiques (j’ai pour ma part pris beaucoup de plaisir à détester Rakel Greitz).

David Lagercrantz n’essaye pas de faire du Steig Larsson, son style reste direct et sans fioriture. Un style parfaitement adapté à la lecture d’un thriller, mais qui ôte à Millénium la griffe stylistique imposée par son créateur.

Le même grief pourrait s’appliquer au traitement de l’intrigue, globalement ça reste relativement classique, pas tant dans l’histoire en elle même, mais plutôt dans son déroulé. Faute de brouiller les pistes, on arrive souvent à deviner l’issue de telle ou telle composante de l’intrigue avant Lisbeth et Mikael.

Malgré ces bémols, qui touchent davantage la forme que le fond, j’ai passé un très agréable moment en lisant ce cinquième opus de la saga Millénium. Il va sans dire que je serai fidèle au poste pour la sortie du sixième et dernier (?) tome de la série.

A travers l’histoire de Faria Kazi l’auteur aborde la question de la radicalisation de certains musulmans et notamment de ses conséquences, non seulement sur nos sociétés occidentales, mais aussi et surtout au sein des familles qui subissent cette situation. Plus largement se pose aussi la question de la place de la femme de ces milieux intégristes.

L’enquête de Lisbeth et Mikael, de même que l’histoire de Léo et Dan, soulèvent quant à elles la problématique de l’éthique en matière de recherches scientifiques. Jusqu’où peut-on aller au nom du progrès scientifique ?

Si Stieg Larsson jouait sur ses ambiances, David Lagercrantz mise davantage sur le rythme. Outre une écriture plus directe, il sait aussi imposer une intrigue nerveuse et tendue. Si parfois l’ensemble paraît décélérer, ce n’est que pour mieux redémarrer et aller encore plus loin. A cette fin, il se fait moins didactique que dans le précédent opus, et ce n’est pas moi qui irai m’en plaindre !

MON VERDICT

[BOUQUINS] David Lagercrantz – Millénium 4 – Ce Qui Ne Me Tue Pas

D. LMagercrantz - Millénium 4Et hop encore un invité surprise au menu de mon Challenge retrouvailles, ou plutôt devrai-je dire deux invités puisqu’il s’agit de renouer avec Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, sous la plume de David Lagercranz, qui signe ce Millénium 4 : Ce Qui Ne Me Tue Pas.
Plus le temps passe et plus Mikael Blomkvist se remet en question et notamment sa participation à la revue Millénium. D’autant qu’un grand groupe media a investi dans le journal et compte lui appliquer une politique qui dénaturerait l’esprit même de Millénium…
Avant de démarrer cette chronique il me semble capital de préciser que cette intrigue n’est pas celle du manuscrit du tome 4 prévu par Stieg Larsson, ledit manuscrit est la propriété de sa veuve et le contenu est connu d’elle seule. David Lagercranz reprend donc les personnages créés par Stieg Larsson et les confronte à une intrigue imaginée par lui… Un pari foutrement osé !
Je ne m’étalerai pas sur la stupide question polémique « Faut-il lire ou ne pas lire Millénium 4 ?« , chacun fait en son âme et conscience mais ne pas le lire uniquement pour répondre à une consigne de boycott n’est, à mon avis, pas une preuve d’intelligence supérieure (ça c’est la version politiquement correcte, je vous laisse deviner le fond de ma pensée).
Visuellement la couv’ reste bien dans l’esprit de la trilogie de Stieg Larsson, le titre par contre est nettement plus quelconque que les précédents ; mais bon ce sont là des points de détail. Il est maintenant temps d’entrer dans le vif du sujet.
La première surprise vient du style de David Lagercrantz, au plutôt devrai-je dire de l’absence de style, il s’intéresse au fond de son intrigue plus qu’à la forme. Du coup son écrit a quelque chose d’impersonnel alors que chez Stieg Larsson on sentait une écriture qui venait du coeur et des tripes (ce qui n’empêchait pas certaines lourdeurs stylistiques). On s’y fait mais la transition est surprenante !
Un récit moins engagé aussi, il faut dire que parfois la pensée hautement socialisante de Stieg Larsson avait parfois tendance à la stigmatisation abusive. David Lagercrantz concentre son récit sur ses personnages, son intrigue et les thèmes abordés, sans chercher à faire le procès des supposés travers la société suédoise (il y en a certainement qui sont bien réels).
Là encore dans le traitement des différents thèmes abordés (intelligence artificielle, autisme, respect de la vie privée sur internet, espionnage industriel…) on sent que l’auteur a fait un gros travail de recherche, par contre il aurait pu se montrer plus concis dans la restitution et l’intégration des éléments techniques dans son intrigue. En clair le déballage technique est parfois assommant (trop de didactique tue l’intérêt) !
Au niveau des bonnes surprises on trouve le duo constitué par Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, l’auteur est resté plus ou moins fidèle à l’esprit que leur avait insufflé Stieg Larsson. A ce titre on s’inscrit, fort heureusement, clairement dans la continuité avec cependant quelques évolutions (sans doute peuvent elles se justifier par les années qui ont passées). Nul doute que ça a dû demander à David Lagercrantz un sacré boulot pour s’approprier les personnages sans les dénaturer.
On trouve aussi d’autres personnages déjà croisés dans la trilogie de Stieg Larsson, je citerai notamment Erika Berger, la rédactrice en chef de Millénium et amante de coeur de Mikael, Jan Bublanski et sa collègue Sonja Modig, mais aussi Zalachenko, absent mais pourtant omniprésent.
Bien entendu vous croiserez aussi bon nombre de nouveaux personnages dont le plus marquant restera certainement August, un petit garçon autiste savant qui développera une relation particulière avec Lisbeth. Sans oublier le méchant de service, le mystérieux (?) Thanos dont je ne dirai rien afin de laisser la surprise (relative) faire son effet.
L’intrigue est intéressante et bien menée mais n’apporte rien de franchement nouveau au genre, à croire que l’auteur a voulu jouer la sécurité en restant dans les jalons posés par son prédécesseur. Classique certes, mais ça n’empêche pas quelques belles trouvailles çà et là. Dommage quand on sait que l’une des grandes forces de la trilogie de Stieg Larsson est son côté novateur.
L’intrigue est abordée sous plusieurs points de vue (pas uniquement Mikael et Lisbeth) ce qui en soi est plutôt une bonne chose. Par contre le rythme imposé peut surprendre, ici tout se joue en quelques jours (dans les précédents opus les enquêtes s’étalaient sur plusieurs mois). Le point positif évident est que la lecture n’en est que plus prenante. En contrepartie, si on ne maîtrise pas parfaitement les règles de l’art (et c’est le cas de David Lagercrantz qui signe là son premier roman), certains raccourcis ne sont guère crédibles et certains aspects de l’intrigue sont rapidement prévisibles (surtout quand on a lu la trilogie de Stieg Larsson).
Pour ma part j’ai trouvé que l’ensemble tenait bien la route malgré les bémols exprimés plus haut, si le bouquin n’avait pas été estampillé Millénium je lui aurai sans hésitation un point plus. Aussi agréable soit il à lire on ne retrouve pas la griffe (ou peut être devrai-je dire l’âme) de la trilogie de Stieg Larsson.
Un nouveau départ pour Millénium ? La fin laisse peu de place au doute quant à l’éventualité d’une (?) suite : « Rien n’était fini. Lisbeth avait juste blessé le gibier. Ce n’était pas suffisant, loin de là« . De même qu’il ne fait aucun doute que ce quatrième tome bénéficiera largement des attentes et de la curiosité du public (sans parler du tapage médiatique autour de sa sortie) mais les éventuelles suites n’auront pas cette même opportunité marketing. Pas sûr que le public suive si l’auteur (en espérant que les suites ne passent pas de mains en mains) n’insuffle pas une étincelle de vie à son écriture.
Je terminerai en invitant les sceptiques (allez Nath, un p’tit pas vers ce tome 4…) à se forger leur propre opinion en lisant le bouquin. C’est bien plus constructif que de se borner à lire les avis des uns et des autres, positifs ou négatifs, critiques professionnels ou simples lecteurs. Comme dirait l’autre (Dirty Harry en l’occurrence) : « les avis c’est comme les trous du cul, tout le monde en a un« . Tant qu’à me fier à un trou de balle j’aime autant que ce soit le mien.

MON VERDICT
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