Et hop encore un invité surprise au menu de mon Challenge retrouvailles, ou plutôt devrai-je dire deux invités puisqu’il s’agit de renouer avec Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, sous la plume de David Lagercranz, qui signe ce Millénium 4 : Ce Qui Ne Me Tue Pas.
Plus le temps passe et plus Mikael Blomkvist se remet en question et notamment sa participation à la revue Millénium. D’autant qu’un grand groupe media a investi dans le journal et compte lui appliquer une politique qui dénaturerait l’esprit même de Millénium…
Avant de démarrer cette chronique il me semble capital de préciser que cette intrigue n’est pas celle du manuscrit du tome 4 prévu par Stieg Larsson, ledit manuscrit est la propriété de sa veuve et le contenu est connu d’elle seule. David Lagercranz reprend donc les personnages créés par Stieg Larsson et les confronte à une intrigue imaginée par lui… Un pari foutrement osé !
Je ne m’étalerai pas sur la stupide question polémique « Faut-il lire ou ne pas lire Millénium 4 ?« , chacun fait en son âme et conscience mais ne pas le lire uniquement pour répondre à une consigne de boycott n’est, à mon avis, pas une preuve d’intelligence supérieure (ça c’est la version politiquement correcte, je vous laisse deviner le fond de ma pensée).
Visuellement la couv’ reste bien dans l’esprit de la trilogie de Stieg Larsson, le titre par contre est nettement plus quelconque que les précédents ; mais bon ce sont là des points de détail. Il est maintenant temps d’entrer dans le vif du sujet.
La première surprise vient du style de David Lagercrantz, au plutôt devrai-je dire de l’absence de style, il s’intéresse au fond de son intrigue plus qu’à la forme. Du coup son écrit a quelque chose d’impersonnel alors que chez Stieg Larsson on sentait une écriture qui venait du coeur et des tripes (ce qui n’empêchait pas certaines lourdeurs stylistiques). On s’y fait mais la transition est surprenante !
Un récit moins engagé aussi, il faut dire que parfois la pensée hautement socialisante de Stieg Larsson avait parfois tendance à la stigmatisation abusive. David Lagercrantz concentre son récit sur ses personnages, son intrigue et les thèmes abordés, sans chercher à faire le procès des supposés travers la société suédoise (il y en a certainement qui sont bien réels).
Là encore dans le traitement des différents thèmes abordés (intelligence artificielle, autisme, respect de la vie privée sur internet, espionnage industriel…) on sent que l’auteur a fait un gros travail de recherche, par contre il aurait pu se montrer plus concis dans la restitution et l’intégration des éléments techniques dans son intrigue. En clair le déballage technique est parfois assommant (trop de didactique tue l’intérêt) !
Au niveau des bonnes surprises on trouve le duo constitué par Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, l’auteur est resté plus ou moins fidèle à l’esprit que leur avait insufflé Stieg Larsson. A ce titre on s’inscrit, fort heureusement, clairement dans la continuité avec cependant quelques évolutions (sans doute peuvent elles se justifier par les années qui ont passées). Nul doute que ça a dû demander à David Lagercrantz un sacré boulot pour s’approprier les personnages sans les dénaturer.
On trouve aussi d’autres personnages déjà croisés dans la trilogie de Stieg Larsson, je citerai notamment Erika Berger, la rédactrice en chef de Millénium et amante de coeur de Mikael, Jan Bublanski et sa collègue Sonja Modig, mais aussi Zalachenko, absent mais pourtant omniprésent.
Bien entendu vous croiserez aussi bon nombre de nouveaux personnages dont le plus marquant restera certainement August, un petit garçon autiste savant qui développera une relation particulière avec Lisbeth. Sans oublier le méchant de service, le mystérieux (?) Thanos dont je ne dirai rien afin de laisser la surprise (relative) faire son effet.
L’intrigue est intéressante et bien menée mais n’apporte rien de franchement nouveau au genre, à croire que l’auteur a voulu jouer la sécurité en restant dans les jalons posés par son prédécesseur. Classique certes, mais ça n’empêche pas quelques belles trouvailles çà et là. Dommage quand on sait que l’une des grandes forces de la trilogie de Stieg Larsson est son côté novateur.
L’intrigue est abordée sous plusieurs points de vue (pas uniquement Mikael et Lisbeth) ce qui en soi est plutôt une bonne chose. Par contre le rythme imposé peut surprendre, ici tout se joue en quelques jours (dans les précédents opus les enquêtes s’étalaient sur plusieurs mois). Le point positif évident est que la lecture n’en est que plus prenante. En contrepartie, si on ne maîtrise pas parfaitement les règles de l’art (et c’est le cas de David Lagercrantz qui signe là son premier roman), certains raccourcis ne sont guère crédibles et certains aspects de l’intrigue sont rapidement prévisibles (surtout quand on a lu la trilogie de Stieg Larsson).
Pour ma part j’ai trouvé que l’ensemble tenait bien la route malgré les bémols exprimés plus haut, si le bouquin n’avait pas été estampillé Millénium je lui aurai sans hésitation un point plus. Aussi agréable soit il à lire on ne retrouve pas la griffe (ou peut être devrai-je dire l’âme) de la trilogie de Stieg Larsson.
Un nouveau départ pour Millénium ? La fin laisse peu de place au doute quant à l’éventualité d’une (?) suite : « Rien n’était fini. Lisbeth avait juste blessé le gibier. Ce n’était pas suffisant, loin de là« . De même qu’il ne fait aucun doute que ce quatrième tome bénéficiera largement des attentes et de la curiosité du public (sans parler du tapage médiatique autour de sa sortie) mais les éventuelles suites n’auront pas cette même opportunité marketing. Pas sûr que le public suive si l’auteur (en espérant que les suites ne passent pas de mains en mains) n’insuffle pas une étincelle de vie à son écriture.
Je terminerai en invitant les sceptiques (allez Nath, un p’tit pas vers ce tome 4…) à se forger leur propre opinion en lisant le bouquin. C’est bien plus constructif que de se borner à lire les avis des uns et des autres, positifs ou négatifs, critiques professionnels ou simples lecteurs. Comme dirait l’autre (Dirty Harry en l’occurrence) : « les avis c’est comme les trous du cul, tout le monde en a un« . Tant qu’à me fier à un trou de balle j’aime autant que ce soit le mien.
Merci cher Lord pour cet avis avisé.
Moi aussi je vais me fier à ton trou du cul car je ne pense pas lire cet opus.
Alors oui, tu vas me dire, heu mais c’est un premier roman et tu aimes découvrir les nouveaux auteurs… ? Certes monsieur Arsenik, mais là vu le tapage médiatique, David Lagercrantz n’a point besoin de moi pour ce faire connaitre.
Voilà, d’où l’envie de lire ta chronique. 😉
Mon trou du cul s’en trouve fort aise…
Attention le monsieur s’est déjà illustré dans le monde littéraire, il est l’auteur d’un chef d’oeuvre méconnu : Moi, Zlatan. 😀
Oui ça je le savais qu’il avait Zlatané. Normal pour un suédois, non ?
Son prochain essai : Moi Ikea… On reste en Suède non ?
mdr 😉
Ben il est où mon premier commentaire ?
Il est bien là 🙂
Ouf !!!
Va me traiter de borné, mais je me refuse de le lire, après avoir lu toutes les saloperies en coulisse (et je ne lirai pas les avis des autres pour autant, juste le tiens parce que tu es mon pote).
Et puis, 3,5 ce n’est pas une notre suffisamment bonne pour me faire douter de mon avis
Vaut mieux être borné que mort né… ça dure plus longtemps !
J’ai un peu de mal avec les polémiques autour des droits des uns et des autres.
Je suis contente de retrouver les personnages , ça va être différent mais quand on aime Lisbeth Salander aucun avis négatif ne me fera fléchir . belle chronique merci
Les personnages sont fidèles à la trilogie de Stieg Larsson. Lisbeth boosté à l’adrénaline 🙂
Vu tout ce que j’ai pu lire, je ne regrette pas de m’être fait ma propre opinion.
Bon, je ne sais pas… malgré ton avis, je ne me sens pas à 100% convaincue et je rejoins un peu Gruz sur les coulisses… j’hésite j’hésite
Globalement le public lui réserve un accueil plutôt positif. Les journaleux c’est une autre histoire (quoique j’ai lu aussi quelques réactions professionnelles enthousiaste).
Je ne suis pas assez plongé dans l’affaire de la succession pour pouvoir prendre parti pour les uns ou les autres… vu de loin j’ai un peu l’impression que c’est celui (ou celle) qui parlera le dernier qui aura raison 😀
Personnellement je me fous de la polémique. Je suis assez curieuse de voir ce qu’un autre auteur a pu faire de Millénium. Ceci dit j’ai tellement adoré la trilogie que j’ai un peu peur d’être déçue
Je crains que tu te montres plus sévère que moi, surtout au niveau du style 😉
Mais j’ai quand même hâte de lire ton avis.
Tu crois? Bah peut être. ..
Pour l’instant il n’est pas prioritaire et vu mon rythme de lecture en ce moment va falloir patienter 😦
J’ai vu ça via ton blog. Un coup de mou ?
le boulot est chronophage et la vie privée n’en parlons pas! Et encore j’ai pas de rejetons et je me demande comment font celles qui gèrent tout… lol! j’ai 2 chroniques de retard et je déteste ne pas les rédiger sitôt un livre terminé.
M’en parle pas, on devrait être payé juste pour lire !
Lecteur à temps plein payé 10 fois les SMIC 😀
J’en demande même pas tant 🙂
merci pour cette chronique dont les dernières lignes sont exceptionnelles ;))
Merci pour le compliment 🙂
Perso, je ne l’ai pas lu parce que de façon basique, j’ai envie qu’un auteur donne son accord pour céder ses droits : Stieg Larsson a inventé un intrigue et elle n’est que sienne : je trouve ça vachement cavalier de lui piquer. Les avis, c’est comme les trous du cul, hein, y’a aucune polémique la dedans, tout le monde ferme sa gueule : c’est l’invention de S. Laarson, point barre et j’ai raison ! ;-). Je connaissais un auteur édité par Hachette – fabuleux éditeur qui avait décrété que ledit auteur n’était plus dans le moove de la vib’, et qui n’avait pas trouvé mieux que de refiler tout son univers à un djeun – qui n’avait plus aucun droit sur ses propres mots. J’ai trouvé ça très injuste et depuis, j’ai pour principe de ne pas lire les voleurs de Best-sellers. J’en profite pour saluer ta revue plus-que-parfaite comme d’habitude, tu crains grave degun, j’adore ! 🙂
Je ne sais pas pourquoi mais sur Millenium ça ne m’a pas choqué… paradoxalement je suis convaincu que le Trône de Fer écrit par un autre que GRR Martin (l’est plus tout jeune le gars) me plomberait grave !
Sur un auteur mourru why not mais sur un auteur vivant c’est franchement sadique comme procédé !
Vouai, je vais attendre que tu mourrasses pour te piquer les articles de ton blog !
Suis pas pressé j’espère que tu es patiente 🙂