[BOUQUINS] Bernard Minier – Les Chats & 14 Histoires Mystérieuses Diaboliques Cruelles

Un recueil de 14 nouvelles inédites : envoûtantes, effrayantes, captivantes.

Deux jeunes couples accros au tourisme macabre, des enfants face à la cruauté de leur famille d’accueil, un présentateur télé prêt à tout pour faire exploser l’audience, des animaux subitement délivrés des hommes, un prêtre trop beau pour être honnête, des chats animés d’étranges intentions, un aviateur de la Première Guerre mondiale confronté à une entité primitive et perverse…

Quinze nouvelles inoubliables, aussi glaçantes qu’envoûtantes, qui nous parlent d’amour et de folie, de mort et de vengeance, de cupidité et de jalousie, de mensonges et de ténèbres. Le maître du thriller déploie ici toutes les facettes de son talent entre polar, récit historique, anticipation et fantastique.

Parce que j’adore les chats… j’avoue sans aucune honte que je m’attendais à trouver 15 nouvelles mettant justement cet animal en vedette.

Parce que j’aime les auteurs qui osent sortir de leur zone de confort, un exercice pas si facile que ça, avec en prime la difficulté inhérente à la nouvelle.

Allez savoir pourquoi au vu du titre je m’attendais à des nouvelles mettant le chat à l’honneur, dans tous les genres littéraires et dans toutes les situations imaginées par Bernard Minier.

La première nouvelle du présent recueil me fait clairement comprendre que j’ai pédalé dans les croquettes sur ce coup… à moins que je n’aie abusé d’herbe à chats. Mais cette mise en bouche me fait vite oublier Félix et compagnie ; ça commence fort !

En revanche je dois reconnaître que j’ai moyennement accroché au second récit, et encore moins au suivant… Devrai-je commencer à craindre que le soufflé se casse la gueule ?

Que nenni ! Bernard Minier rattrape vite le coup (malgré une petite baisse de régime dans les deux derniers récits) et se montre à la hauteur de sa promesse de toucher à tous les genres, on retrouve bien sûr des ambiances polars / thrillers qui lui sont chères, mais aussi du fantastique, de la science-fiction et bien d’autres ! La surprise est encore meilleure quand on sent le plaisir de l’auteur dans les textes qu’il nous propose.

Comme l’annonce la quatrième de couverture, l’auteur nous offre en effet 14 nouvelles inédites. 14 ? Mais, il y a 15 nouvelles dans ce recueil ; c’est quoi ce binz ? La douzième, Les Dents Du Désert, était en effet présente dans le recueil Déguster Le Noir proposé à l’initiative de l’ami Yvan ; elle ouvre en effet le recueil sous le titre Le Goût Des Autres.

Ci-dessous mes notes sur 5 pour chacune des nouvelles du présent recueil, une fois encore cela n’engage que moi et reflète mon ressenti en fin de lecture :

  • Tourisme Macabre : 4
  • Les Silences De Don Jaime : 3
  • À Un Détail Près : 2
  • Famille D’Accueil : 5
  • Talk Show : 5
  • Rationalité : 4
  • Et Après… Les Hommes : 5
  • Le Secret De L’Abbé Darcy : 4
  • Mauvais Génie : 5
  • Les Chats : 5
  • Organique Et Globale Menace : 5
  • Les Dents Du Désert : 4
  • L’Échange Ou Les Horreurs De La Guerre : 5
  • Dernier Week-End À Neverville : 3
  • Le Grand Voyage : 2

Ce qui donne une très honorable moyenne de 4 / 5.

Le titre du recueil nous promet du mystère, de la cruauté et même des démons, en refermant ce bouquin je peux affirmer haut et fort que Bernard Minier est un homme de parole. Toutes les promesses (titre, comme préface) sont tenues et brillamment honorées.

[BOUQUINS] Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth – Déguster Le Noir

AU MENU DU JOUR


Titre : Déguster Le Noir
Auteur : Collectif, sous la direction d’Yvan Fauth
Éditeur : Belfond
Parution : 2023
Origine : France
304 pages

De quoi ça cause ?

Treize auteurs et autant de nouvelles pour mettre le goût à l’honneur, on passe à table… avec une nappe noire bien entendu.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

La question ne se pose pas. Déguster Le Noir est le cinquième et dernier voyage sensoriel orchestré par Yvan et les auteurs qui ont accepté de se prêter au jeu.

Du coup le recueil grille la priorité à ses pairs obtenus via Net Galley et toujours en attente de lecture.

Ma Chronique

Je remercie chaleureusement les éditions Belfond et la plateforme Net Galley pour leur confiance renouvelée. Sans oublier Yvan, pour son amitié malgré la distance et pour nous avoir fait vibrer au fil de la découverte des cinq sens du noir.

Pour cet ultime voyage c’est le goût qui est mis à l’honneur. Treize auteurs ont répondu présents afin de sublimer le noir et faire frétiller nos papilles. Parmi eux, dix intègrent pour la première fois la redoutable black team d’Yvan Fauth.

Si la grande majorité des auteurs ne m’est pas inconnue, j’avoue que deux auteures du présent recueil sont des découvertes : Anouk Langaney et Patricia Delahaie.

Treize textes à dévorer ou à savourer, chauds ou froids, avec les doigts ou avec les couverts en argent de Mamie Germaine… Qu’importe du moment que vous vous régalez !

Le noir se décline à toutes les sauces sous les plumes acérées des auteurs, du policier au fantastique, en passant par la science-fiction.

C’est à Bernard Minier que revient l’honneur d’ouvrir les agapes avec une mise en bouche qui se déguste saignante. Le titre annonce la couleur.

Suivra une première « auteure découverte » avec Anouk Langaney et son texte qui se déroule comme un menu de l’apéritif au pousse café. Un menu fort appétissant soit dit en passant.

Cédric Sire pointe du doigt les diktats du mannequinat avec une riposte pour le moins radicale.

Pierre Bordage opte pour l’anticipation, un domaine dans lequel il n’a plus rien à prouver, pour nous faire goûter à l’amertume de son intrigue.

Christian Blanchard revisite Des Souris Et Des Hommes de Steinbeck, avec un personnage tout en muscles mais pas très futé et son acolyte toujours à la recherche d’un bon plan pour aller de l’avant.

Avec Nicolas Jaillet le burn-out prend tout son sens.

Jérémy Fel nous offre une vision d’avenir bien sombre, sur fond de réchauffement climatique, de secrets de famille et de télé-réalité.

Sous la plume de Sonja Delzongle, un grand classique de la littérature policière, la jalousie, est sublimé pour notre plus grand plaisir pervers.

Nicolas Beuglet nous une ode très particulière au « fait maison » qui ne devrait pas vous laisser indifférent. À savourer le ventre vide de préférence…

Concernant la nouvelle de Patricia Delahaie, seconde « auteur découverte » du recueil, je dois être passé à côté de quelque chose. Elle m’a totalement laissé de marbre.

Ian Manook nous initie à la préparation d’une feijoada sur fond de retrouvailles entre deux vieux amis. Un régal pour le palais mais aussi pour les amoureux de la langue Molière et son argot. Le titre du recueil prend tout son sens avec ce texte.

Jacques Expert donne la parole à un goûteur confronté à un chantage mortel, quelle que soit sa décision, le prix à payer sera énorme.

C’est R.J. Ellory, fidèle parmi les fidèles, puisque présent dans quatre de ces cinq recueils sensoriels, qui clôt ce festin. Et quelle fin de dégustation en apothéose !

Comme à l’accoutumée je vous livre mes notes sur 5 pour chacune des nouvelles du présent recueil, je rappelle que ces notations n’engagent que moi et sont le reflet de mon ressenti en fin de lecture :

  • B. Minier – Le Goût Des Autres : 4
  • A. Langaney – Ripaille : 3
  • C. Sire – Tous Les Régimes Du Monde : 5
  • P. Bordage – Amertumes : 5
  • C. Blanchard – Joé : 5
  • N. Jaillet – Alfajores : 4
  • J. Fel – Dans L’Arène : 5
  • S. Delzongle – Jalousies : 4
  • N. Beuglet – La Visite : 5
  • P. Delahaie – Un Père A La Truffe : 2
  • I. Manook – Feijoada : 5
  • J. Expert – Le Goûteur : 4
  • R.J. Ellory – Scène De Crime : 5

Soit une très honorable moyenne de 4,3 sur 5, que j’arrondis volontiers à 4,5.

En matière de lecture je ne suis pas un grand fan de la nouvelle – à moins qu’elles ne soient signées Stephen King –, force est de reconnaître qu’à travers ces cinq recueils, ce difficile exercice plumesque a retrouvé grâce à mes yeux.

Mes sincères félicitations à Yvan pour avoir mené à bien un projet qui lui tenait à cœur, un projet qui a réuni 47 auteurs (sauf erreur de ma part) et 58 textes qui ont fait la part belle au noir, le déclinant à toutes les sauces. Merci à tous ces auteurs qui ont rejoint le projet et nous ont régalé tout au long de ce voyage en cinq étapes.

Je ne sais pas quels sont les éventuels projets éditoriaux futurs d’Yvan, mais s’il souhaite renouveler l’expérience avec une nouvelle approche (les 7 péchés capitaux par exemple, j’dis ça, j’dis rien), et pourquoi pas dans un autre registre, c’est avec le même enthousiasme que je répondrai présent.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Bernard Minier – Lucia

AU MENU DU JOUR


Titre : Lucia
Auteur : Bernard Minier
Éditeur : XO Éditions
Parution : 2022
Origine : France
474 pages

De quoi ça cause ?

Lucia Guerrero, lieutenant à l’UCO (une unité d’élite de la Guardia Civil), est appelée sur une scène de crime qui la touche directement. Son collègue et amant a été tué, la victime, nue, est collée à une croix comme si elle avait été crucifiée.

Dans le même temps, un programme informatique développé par un groupe d’étudiants en criminologie de l’université de Salamanque et leur professeur, Salomon Borges, exhume trois affaires non résolues au mode opératoire similaire.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est Bernard Minier, un auteur qui ne m’a jamais déçu, même si j’ai accumulé un énooorme retard dans la lecture de ses romans.

Ma Chronique

Pour découvrir son nouveau roman et sa nouvelle héroïne, Bernard Minier nous invite à traverser les Pyrénées, direction l’Espagne.

La scène d’ouverture donne le ton avec un meurtre à la mise en scène macabre. C’est l’occasion de faire connaissance avec Lucia Guerrero, frappée de plein fouet par cette scène de crime puisque la victime est non seulement un collègue de l’UCO, mais aussi son amant.

Lucia est une femme flic au caractère bien trempé et pas franchement regardante des procédures et règles. Mais au-delà des apparences se cachent quelques faiblesses : la culpabilité suite à la mort de son jeune frère, et un fils à qui elle ne consacre pas assez de temps.

Et ce n’est pas cette nouvelle enquête qui va laisser à Lucia le temps de souffler, il faut dire qu’elle en fait quasiment une affaire personnelle. Et si telle était justement la volonté du (ou des) tueur(s).

Pour avancer dans son enquête elle pourra compter sur le renfort de Salomon Borges, un professeur d’université aussi modéré qu’elle est impétueuse, et d’un petit groupe d’étudiants en criminologie qui ne compte pas ses heures.

Une enquête qui va les lancer sur la piste d’un tueur en série qui sévit depuis plus de trente ans sans qu’aucun rapprochement ne soit fait entre les différents crimes (éloignés aussi bien chronologiquement que géographiquement), jusqu’à ce que le logiciel DIMAS, mis au point par le Pr Borges et ses étudiants, ne relève un mode opératoire similaire sur les différentes scènes de crimes.

Pour l’anecdote ce fameux logiciel n’existe pas, dommage pour la Guardia Civil espagnole. En revanche des outils similaires équipent déjà certaines forces de police (ViCAP pour le FBI, SALVAC au Canada et en France).

Avec ce roman Bernard Minier nous livre un thriller hautement addictif que l’on aura bien du mal à lâcher. Une intrigue rythmée et haletante pour une enquête qui poussera Lucia vers ce que l’humanité a de plus glauque.

Comme dans tout bon thriller, l’intrigue vous réserve quelques revirements de situation, certains pour le moins inattendus (perso je n’ai pas vu venir le twist final). Une intrigue servie par une écriture très visuelle qui ne s’encombre pas de fioritures.

Un page-turner efficace même s’il ne révolutionne pas les règles du genre, usant même parfois de certains poncifs qui n’apportent rien à l’intrigue (on s’en fout un peu que le haut-fonctionnaire soit un homo refoulé).

A priori nous devrions retrouver Lucia dans d’autres romans de l’auteur, c’est avec plaisir que je répondrai présent.

MON VERDICT

[BOUQUINS] Bernard Minier – Une Putain D’Histoire

B. Minier - Une putain d'histoireEt oui comme vous pouvez le constater j’ai choisi de rester en compagnie de Bernard Minier pour ma prochaine chronique, mais exit Servaz et la France, direction les USA pour un rendez-vous avec un ado qui va vous raconter Une Putain D’Histoire. Difficile de résister à un titre pareil !
Une fois n’est pas coutume je vous balance la quatrième de couv’ en guise de pitch… parce qu’elle est juste excellente. « Au commencement est la peur. La peur de se noyer. La peur des autres, ceux qui me détestent, ceux qui veulent ma peau. Autant vous le dire tout de suite : ce n’est pas une histoire banale. Ça non. C’est une putain d’histoire. Ouais, une putain d’histoire… »
Vous l’aurez compris exit (temporairement je suppose) la France et Servaz, direction les Etats-Unis et une île fictive en compagnie d’une bande d’ados sur qui le sort s’acharne… Faut dire aussi qu’ils font ce qu’il faut pour aller au devant des emmerdes.
Pour une putain d’histoire, c’est une putain d’histoire et une histoire sans l’ombre d’un putain de défaut ! La quatrième de couv’ est un parfait appât pour attirer les curieux, dès les premières pages Bernard Minier vous ferre, distillant les informations au compte gouttes histoire d’assurer son emprise sur le lecteur. Ce roman c’est aussi un putain de diesel, il démarre lentement mais quand il se met en branle plus rien ne l’arrête. On se laisse entraîner avec Henry dans un tourbillon d’événements, incapable de lâcher prise avant d’avoir le fin mot de l’histoire. Mais avant d’en arriver là vous emprunterez bien des chemins détournés et des fausses pistes. Une seule certitude toutefois : la fin vous laissera sur le cul !
Au niveau des personnages je n’ai eu que peu d’empathie pour Henri, mais ça ne m’a pas empêché de vivre à fond son aventure. Certes son contexte familial (il est élevé par deux lesbiennes) sort de l’ordinaire mais à part ça j’aurai tendance à dire que c’est un ado ordinaire du XXIème siècle.
Le plus difficile à cerner reste Grant Augustine, longtemps je me suis demandé quelles étaient ses véritables intentions… Il faut dire que l’auteur fait ce qu’il faut pour entretenir l’incertitude à son sujet, mais bon déjà la base, un politicien ambitieux, ne joue pas en sa faveur.
Le bouquin alterne entre le récit à la première personne, l’intrigue racontée par Henri et les autres points de vue, rédigés à la troisième personne. Comme à son habitude Bernard Minier ne s’encombre pas de fioritures de style, ce qui ne l’empêche pas de recourir à un vocabulaire riche mais sans lourdeur.
En toile de fond l’auteur s’interroge sur les conséquence du tout numérique et les portes ouvertes qu’offre internet et les réseaux sociaux à une surveillance électronique renforcée. De plus en plus la notion de vie privée n’est qu’illusion… Je ne sais pas si les possibilités de surveillance sont aussi étendues que celles déployées par WatchCorp dans le bouquin mais ça fait froid dans le dos (même si je ne suis pas du genre à étaler mon quotidien sur la fesse du bouc).
« La révolution numérique était en train de bâtir brique par brique le rêve millénaire de toutes les dictatures – des citoyens sans vie privée, qui renonçaient d’eux-mêmes à leur liberté… »
Un putain de coup de coeur !

MON VERDICT
jd5Coup de Coeur

[BOUQUINS] Bernard Minier – Le Cercle

B. Minier - Le CercleRetour en France pour la prochaine étape de mon Challenge retrouvailles, j’ai en effet décidé de me plonger dans Le Cercle de Bernard Minier, seconde enquête du commandant Martin Servaz.
Martin Servaz est appelée par une amie qu’il n’a pas revu depuis plus de vingt ans, elle l’implore de l’aider à prouver que son fils, Hugo, n’est pas l’assassin de sa professeur et probable amante, même si tout semble l’accuser…
C’est avec un réel plaisir que j ‘ai retrouvé Martin Servaz et son équipe, Vincent Espérandieu et Samira Cheung ; un trio pour le moins atypique. Servaz c’est un peu la rencontre entre Sherlock Holmes et l’Inspecteur La Bavure. Un flic brillant et intelligent mais aussi redoutablement maladroit, très mauvais tireur et en proie à un vertige maladif. C’est ce côté profondément humain qui fait que l’on ne peut que s’attacher au personnage et vivre pleinement son enquête.
A la traditionnelle question de savoir s’il est impératif d’avoir lu Glacé avant de se lancer dans ce second roman, je répondrai par le tout aussi traditionnel « ça n’ s’impose pas mais c’est préférable ».
Si vous connaissez déjà Servaz et son univers sans doute vous demandez-vous si Irène Ziegler interviendra dans cette intrigue ; je ne répondrai pas à cette interrogation afin de laisser intact le plaisir de la découverte. De même l’on peut légitimement se demander si Martin Servaz va de nouveau croiser le chemin de Julian Hirtmann, là encore je serai muet comme une tombe de carpe.
Dans cette affaire la fille de Martin, Margot, tient une place nettement plus importante et joue même un rôle actif dans le déroulement de l’intrigue. De l’autre côté de la barrière on ne retrouve pas de personnalité aussi forte que Julian Hirtmann, même Paul Lacaze fait figure de poids plume.
L’intrigue est toujours aussi bien soignée, l’accent est mis sur la psychologie autant que sur l’action, des rebondissements mais moins de véritables surprises que dans le premier opus ; ce qui n’empêche nullement ce roman de mettre la barre très haut. D’autant que cette fois l’enquête prendra rapidement une tournure très personnelle pour Martin Servaz.
Pour la petite histoire l’intrigue se déroule en juin 2010, alors que tous les regards sont tournés vers l’Afrique du Sud et la Coupe du Monde de foot ; compétition au cours de laquelle s’est ridiculisée à tous points de vue. En fait ce n’est pas seulement anecdotique, le contexte a son importance, je vous laisse découvrir le pourquoi du comment de la chose.
De nouveau Bernard Minier utilise son intrigue pour tirer à boulets rouges sur certains dysfonctionnements de la société française…
J’aurai plaisir à me plonger dans N’éteins pas la lumière, la troisième intrigue mettant en scène Martin Servaz… mais pas tout de suite, mon programme à venir est déjà bien chargé.

MON VERDICT
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[BOUQUINS] Bernard Minier – Glacé

B. Minier - GlacéIl aura fallu un Book Club pour que je me lance enfin dans un roman de Bernard Minier, ses trois titres tournant autour du personnage de Martin Servaz autant commencer par le début. Place donc à ma chronique de Glacé.
Le commandant Martin Servaz de la SRPJ de Toulouse est appelé sur une scène de crime peu ordinaire. En effet la « victime » est un jeune pur-sang appartenant à un influent homme d’affaire de la région. Le cheval a été décapité, sa carcasse dépecée exhibée, à 2000 mètres d’altitude, sur le portique du téléphérique d’une centrale hydroélectrique appartenant au propriétaire…
Avant d’aller plus loin je tiens à préciser que ma présentation n’aborde qu’un aspect de l’intrigue. En parallèle à l’enquête de Servaz, on suit l’arrivée de Diane Berg, nouvellement embauchée comme psychologue au centre psychiatrique pénitentiaire du Dr Wargnier, un établissement proche de la scène de crime. Du coup forcément on peut supposer que tôt ou tard ces deux intrigues vont se télescoper.
Je vous rassure l’intrigue ne va pas tourner uniquement autour d’un canasson mort, l’auteur s’en sert comme d’une mise en bouche annonciatrice d’une affaire bien plus complexe que l’on pourrait le supposer. Bernard Minier sait y faire pour nous tenir en haleine, son arme n’est pas l’action mais plutôt l’ambiance et la tension psychologique. Il mène sa barque à son rythme, brouille parfois les pistes et ménage les imprévus.
L’autre force de l’auteur réside dans ses personnages, à commencer par Martin Servaz. La quarantaine, un brin hypocondriaque, empâté, maladroit et très mauvais tireur ; ce n’est pas vraiment un clone de l’inspecteur Harry, du coup on s’identifie plus facilement à lui et ses faiblesses nous le rendent encore plus sympathique. Le personnage le plus intrigant et le plus difficile à cerner est incontestablement Julian Hirtmann.
Le cadre, les Pyrénées au coeur de l’hiver, neige et brume, blanc et glacé, joue aussi beaucoup dans l’ambiance que l’auteur nous impose.
Ce qui m’a le plus frappé dans ce bouquin est le portrait sans concession, et visiblement bien documenté, de la prise en charge psychiatrique en France. Ca fait froid dans le dos.
Pour un premier roman l’auteur réussi un coup de maître, j’aurai beaucoup de plaisir à retrouver ses personnages dans les romans suivants, surtout s’ils sont du même gabarit que celui ci.
Petit bémol qui n’est peut être pas du fait de l’auteur, l’usage abusif des tirets demi-cadratins, notamment dans les dialogues, alors que de simples virgules auraient été plus adaptées d’un point de vue typographique. Idem avec une multiplication pas forcément souhaitable des mots en majuscules, là encore c’est surtout dans les dialogues que le bât blesse.