[BOUQUINS] Patrice Guirao – Rivage Obscur

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Titre : Rivage Obscur
Série : Lilith Tereia – Livre 3
Auteur : Patrice Guirao
Éditeur : Robert Laffont
Parution : 2022
Origine : France
368 pages

De quoi ça cause ?

Chez elles, les journalistes Lilith et Maema tombent nez à nez avec un enfant tétanisé. Son poignet saigne. Apeuré et mutique, le jeune garçon finit par les conduire jusqu’à un squat isolé au fin fond d’une vallée. Elles y découvrent sous une bâche les cadavres mutilés d’un couple. Et un univers insoupçonnable…

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que c’est la troisième (et dernière ?) enquête de Lilith Tereia et de sa fidèle complice Maema. J’ai tout de suite été happé par l’univers « noir azur » de Patrice Guirao, il me tardait donc de découvrir ce qui attendait nos deux journalistes pleines de ressources.

Ma Chronique

Avec sa trilogie noire azure, Patrice Guirao vous invite à découvrir la Polynésie Française en allant au-delà des décors de cartes postales ; et il le fait fichtrement bien, même si le voyage n’est pas toujours de tout repos (et même souvent éprouvant). Prêt pour l’embarquement ? Suivez le guide.

C’est une réalité encore plus noire que nous découvrons avec ce troisième opus puisque l’épidémie de Covid est passé par là et n’a pas épargné la Polynésie. Sur une population totale de 281 000 habitants, 72 678 cas positifs ont été signalés et 648 décès.

C’est d’ailleurs cette même pandémie qui fait que le présent roman, initialement annoncé pour 2021, a été publié avec un an de retard. Entre temps le titre aussi a changé, Tiaré Noir est devenu Rivage Obscur.

Après une escale mouvementée aux Tuamotu (Les Disparus De Pukatapu), Lilith et Maema sont de retour à Tahiti. Alors qu’elles profitent du bord de mer chez Maema, un bruit venant de l’intérieur du faré les tire de leur causerie. À l’intérieur, elles se retrouvent nez à nez avec un jeune garçon, blessé à une main. Une rencontre qui les plongera au cœur de la face la plus sombre de la Polynésie.

Même si ce roman peut se lire indépendamment des précédents, je ne saurai que vous conseiller de les lire dans l’ordre. D’une part c’est la meilleure façon d’aborder les personnages, mais c’est aussi et surtout l’unique façon de comprendre pleinement l’impact du Covid sur la vie de l’archipel.

Chères lectrices du Bûcher De Moorea (le premier opus de la trilogie), j’ai une bonne nouvelle pour vous. Le beau Kae est de retour sur le devant de la scène… dans la limite de l’espace que veulent bien lui laisser Lilith et Maema.

Chaque roman de cette série est l’occasion de découvrir de nouvelles problématiques polynésiennes, des problématiques souvent ignorées des non-résidents pourtant bien réelles. Comme partout la crise sanitaire a eu de lourdes conséquences économiques, avec des fermetures d’entreprises, des pertes d’emploi et donc une précarité galopante. Crise économique étant elle-même facteur d’insécurité et offrant un terrain propice à l’expansion de trafics en tout genre (argent facile pour les uns, palliatif – illusoire – à la misère pour les autres), dont celui de l’ice.

Fidèle à son habitude Patrice Guirao pointe aussi du doigt les méfaits de la décolonisation. Je ne dis pas que tout est faux (loin de là), mais il est un peu facile de faire l’impasse sur les nombreux points positifs apportés par la France dans ses colonies du Pacifique. Désolé, mais le coup du « c’était mieux avant » ne prend pas avec moi, sans doute le fait que je vive en Nouvelle-Calédonie n’est pas totalement étranger à cette prise de position.

Au niveau des nouvelles rencontres que vous réserve ce roman, nul doute que vous ne résisterez pas longtemps à l’effronterie et à l’assurance du jeune Toi ; un mélange de force et de fragilité qui vous va droit au cœur.

Une fois de plus j’ai été totalement embarqué par ce voyage au cœur de la dure réalité polynésienne ; même si j’ai trouvé l’intrigue un tantinet en deçà des précédentes, on reste dans très bon niveau.

Je suis bien conscient que le principe fondateur d’une trilogie est de se décliner en trois volets, mais j’aimerai sincèrement qu’un quatrième tome vienne consolider le final. Ce serait dommage de quitter Lilith et Maema dans la situation laissée à la fin du présent roman.

MON VERDICT