AU MENU DU JOUR
Titre : Le Piéton Du 36
Auteur : Anne-Marie Mitchell
Éditeur : Lucien Souny
Parution : 2022
Origine : France
144 pages
De quoi ça cause ?
Paris 2019. Le commissaire Noé Jaurèle et le lieutenant Léo Paulin sont appelés sur une scène de crime. Les rares indices retrouvés sur place semblent avoir été laissés à dessein par l’assassin.
Pas le temps de souffler qu’une deuxième victime est identifiée. Aucun doute possible, c’est bien le même assassin qui a frappé à quelques heures d’intervalle…
Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
À la base c’est la couv’ qui a titillé ma curiosité, la quatrième de couv’ n’a fait que confirmer mon envie de me pencher sur ce bouquin.
Ce seront quelques échanges avec l’auteure, Anne-Marie Mitchell, qui achèveront de me convaincre.
Ma Chronique
Le Piéton du 36 c’est le commissaire Noé Jaurèle, un surnom qu’il doit à son amaxophobie (la peur de conduire) bien connue de tous.
Pour revenir à mon amaxophobie – qui est, au cas où tu serais trop paresseux pour ouvrir un dictionnaire, la peur maladive de mettre les mains sur un volant –, sais-tu que deux cents millions d’animaux meurent chaque année sur les routes d’Europe, tués par d’abjects écrabouilleurs ?
Jaurèle est un flic à l’ancienne qui se méfie de tout ce qui touche aux nouvelles technologies. Un flic bourru à souhait qui n’a pas son pareil pour manier l’argot, totalement accro à Dolce, son chat chartreux. Fan de Brassens et fervent admirateur de Georges Simenon et de son héros fétiche, le commissaire Maigret.
N’ayant jamais lu Simenon et ne connaissant Maigret que par écran interposé (au cinéma sous les traits de Jean Gabin, à la télévision sous ceux de Jean Richard puis de Bruno Cremer), les nombreuses références à l’auteur et à son personnage m’ont laissé de marbre, mais cela ne m’a nullement empêché d’apprécier ce bouquin.
Sinon je suis piéton (pas amaxophobe, juste piéton sans aucun permis de conduire), ailurophile totalement assumé et non exclusif, grand fan de Brassens et, plus généralement, amoureux de la langue française. Ajoutons à cela un tantinet asocial et vous aurez un aperçu de ce qui me rapproche d’un personnage comme Noé Jaurèle.
En revanche s’il y a bien une différence sur laquelle je ne transigerai pas c’est que quand je vais à la boulangerie je commande un pain au chocolat, pas une chocolatine (vade retro !!!).
Si l’enquête de police ne révolutionnera sans doute pas le genre, elle n’en reste pas moins très bien construite, j’avoue d’ailleurs sans la moindre honte m’être totalement laissé berner sur la fin (mes soupçons se sont orientés sur le mauvais suspect… ce qui était certainement une volonté de l’auteure).
Le roman brille surtout par la qualité et la beauté de son écriture ; les dialogues sont purement et simplement jouissifs (je pense notamment aux échanges en Jaurèle et son lieutenant ou encore entre le commissaire et son ami médecin-légiste). C’est un plaisir qui ravira les amoureux de la langue française.
Il faut dire que Anne-Marie Mitchell apporte un soin tout particulier à ses personnages. À l’inverse de son boss, le lieutenant Léo Paulin est un as en informatique. Le légiste, Edwin Joubert, habitué à parler à ses cadavres en cours d’autopsie n’est pas san rappeler Ducky Mallard de la série NCIS. Vous croiserez aussi un libraire pour le moins atypique et très dissert.
Enfin vous découvrirez un autre aspect de Noé Jaurèle une fois dans l’intimité qu’il partage avec son chat. Un personnage plus fragile qui doit composer avec les blessures du passé que le temps n’efface jamais totalement.
Un roman que l’auteure ancre aussi fortement dans notre réalité pas toujours réjouissante, l’occasion de lancer quelques piques bien senties çà et là… sans toutefois s’attarder en de vaines polémiques.
Le roman est court et se dévorera (ou plutôt se dégustera) d’une traite et vous laissera un baume bienfaisant au cœur et à l’âme tant les mots continueront de chanter à vos oreilles. Et pourquoi pas écouter quelques chanson de Brassens en refermant ce roman ? Ne serait-ce que pour prolonger le plaisir de notre belle langue.
MON VERDICT