[BOUQUINS] Christophe Guillaumot – La Chance Du Perdant

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C. Guillaumot - La chance du perdant

Titre : La Chance Du Perdant
Série : Le Kanak – Tome 2
Auteur : Christophe Guillaumot
Éditeur : Liana Levi
Parution : 2017
Origine : France
333 pages

De quoi ça cause ?

Nouvellement mutés à la section « courses et jeux », Jérôme ‘Six’ Cussac et Renato ‘Le Kanak’ Donatelli, prennent tant bien que mal leurs marques. Outre les réseaux légaux, Toulouse abrite aussi un réseau de jeu clandestin sur lequel un homme semble régner en maître absolu : Samuel Gotthi.

Dans le même temps, le capitaine Marc Trichet enquête en solo sur la mort d’un homme broyé dans compacteur à ordures. Tout semble désigner un suicide, mais le capitaine souhaite explorer toutes les pistes avant de clore son affaire.

Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Parce que j’avais adoré Abattez Les Grands Arbres, il me tardait de retrouver Le Kanak et Six dans une nouvelle enquête.

Mais aussi parce que je devais rencontrer Christophe Guillaumot à l’occasion de son passage en NC, tant qu’à faire autant avoir des munitions pour discuter avec lui de ses romans et de ses personnages.

Ma chronique

C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé Renato Donatelli et Jérôme Cussac, gentiment placardés à la section des courses et jeux après leur coup d’éclat, au mépris de toute procédure et de toute voie hiérarchique, dans l’affaire des homicides rwandais.

Cette nouvelle affectation permet à l’auteur d’étoffer ses personnages. D’un côté Renato doit gérer les cas de Mama Loma, tiraillé entre la nécessité de la faire soigner en maison de retraite et la promesse de garder le manoir, deux options non cumulables financièrement parlant.

Du côté de chez Jérôme Cussac, les choses vont de mal en pis. Il accepte mal cette mise au placard, lui qui se voyait déjà parmi les têtes d’affiche de la Crim’. Quand il apprend que Juliette, l’agent de la DGSE qui s’est joué de lui (sur ordre) lors de leur précédente rencontre, a été assassinée par des djihadistes alors qu’elle opérait sous couverture en Syrie, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, il craque totalement et glisse inexorablement sur une pente qui pourrait bien être sans retour…

Le Kanak et Six profitent de visites sur le terrain pour étoffer leur équipe de deux nouvelles recrues, recrues forcément atypiques, cela va de soi.

Ainsi le premier adjoint à rejoindre leurs rangs est Jules Letocart, un jeune en formation à l’école de police qui utilise ses talents de magicien (notamment en matière de manipulation de cartes) pour arrondir ses fins de mois en trichant au casino.

Il sera bientôt rejoint par Serge Nicolo, professeur de mathématiques à la retraite passionné de statistiques et de probabilités, son pêché mignon est de truquer les matchs de foot amateurs pour le compte d’un employeur dont il ignore tout.

Et voilà une section courses et jeux en ordre de marche, reste à trouver de quoi l’occuper…

Si l’auteur enrichit ses personnages en nous faisant partager leurs doutes et interrogations, cela ne se fait pas au détriment de l’enquête. Une enquête que mènera l’équipe dans le monde obscur du jeu clandestin, et tout particulièrement des paris clandestins, des paris dont les enjeux ne semblent pas connaître de limites…

Sous la plume de Christophe Guillaumot, la ville de Toulouse devient quasiment un personnage à part entière. Même sans jamais y avoir mis les pieds, j’ai eu l’impression de me balader en terrain connu tant l’auteur parvient à nous faire partager son amour pour « sa » ville.

On y retrouve des personnages déjà rencontrés lors de la lecture du précédent roman (notamment Marc Trichet et l’équipe des stups du Gros Georges) avec toutefois une grande absente, la légiste, Avril Amandier. Au grand dam de Renato ! Bien entendu ce roman nous fera aussi découvrir de nouveaux personnages, des rencontres plus ou moins agréables selon les circonstances.

En nous plongeant dans le monde du jeu, Christophe Guillaumot sait de quoi il parle, étant lui même à la section courses et jeux de la SRPJ de Toulouse. Et sans surprise cela se ressent dans l’écriture, les romans policiers écrits par des auteurs exerçant ou ayant exercé le métier de policier, ont un petit quelque chose en plus qui est inimitable.

Si en plus vous y ajoutez une intrigue totalement maîtrisée, des personnages profondément humains et attachants (ou méprisables, selon l’effet recherché), avec un subtil mélange de sérieux et d’humour, vous obtenez un polar haut de gamme et un auteur qui confirme, voire sublime, son talent narratif.

On retrouve quelques confusions entre les cultures wallisiennes et mélanésiennes, nul doute que le séjour de Christophe Guillaumot en Nouvelle-Calédonie lui fournira plus de matière visant à ancrer son personnage dans la culture canaque. Ceci dit ces erreurs d’aiguillage restent mineures et passeront même totalement inaperçues pour les lecteurs ne connaissant pas la Nouvelle-Calédonie.

J’ai notamment trouvé amusant un passage dans lequel l’auteur mentionne le kava, boisson bien présente dans les rituels coutumiers wallisiens et ailleurs en Océanie, mais aucunement chez les Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie. Si sa consommation sur le territoire s’est développée c’est en dehors de tout contexte coutumier ou traditionnel. Les nakamals (bars à kava) ont ouvert en masse, les curieux ont suivi et sont devenus habitués des lieux, que ce soit pour le kava ou pour l’ambiance feutrée et détendue des nakamals.

Que la mère de Renato prépare du kava est déjà en soi un anachronisme, mais que son gamin (Renato) piaille d’impatience pour en goûter me paraît hautement improbable ; ce n’est pas un breuvage totalement anodin, je doute fort que les enfants soient invités à en consommer, même dans un cadre coutumier (qui, je le rappelle, est inexistant en NC).

Tout comme je doute que le kava puisse avoir un quelconque effet réparateur en cas de gueule de bois… surtout pas le matin ! Le kava, hors cérémonie coutumière, se consomme de préférence à la tombée du jour.

J’ai eu l’occasion de rencontrer Christophe Guillaumot à l’occasion d’une séance de dédicace à la librairie l’As de Trèfle ; étant lecteur exclusivement numérique je n’avais rien à me faire dédicacer, mais j’ai pris beaucoup de plaisir à échanger quelques mots avec lui. J’espère bien avoir l’occasion de le croiser de nouveau avant son départ, le temps d’un apéro dinatoire (c’est prévu, reste à espérer que ce sera réalisable).

MON VERDICT

9 réflexions au sujet de « [BOUQUINS] Christophe Guillaumot – La Chance Du Perdant »

  1. Noté aussi, depuis que j’ai trouvé le premier chez l’épicier, il me tarde de les lire tous les deux, mais tu connais les emplois du temps des blogueurs hyper chargés… et les PAL dantesque !

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