Comme vous le savez sans doute le chroniquage de nouvelles ce n’est pas ma tasse de thé, mais quand la chose est signée Stephen King ça change la donne. Si en plus je tombe sur deux titres disponibles exclusivement en numérique, c’est l’occasion rêvée de vous offrir un tir groupé.
Albin Michel (Mars 2014) – 3.99 €
Une nouvelle livrée en primeur aux fans français et allemands en remerciement de leur fidélité.
Qu’est-ce qui a bien pu pousser George Hallas, comptable jusqu’alors sans histoires, à flinguer devant témoins un gamin ? Condamné à mort, il ne s’est jamais expliqué sur les raisons de son acte. A quelques jours de son exécution il fait appel à son avocat, Leonard Bradley, afin de lui confier sa confession. Une confession qui va au-delà de tout ce que pouvait imaginer l’avocat…
Avec cette courte nouvelle (112 pages) Stephen King confirme qu’il est un exceptionnel conteur. Le sort de George Hallas est prévisible (ce qui ne l’empêche pas d’être l’une des scènes les plus intenses du roman), la « surprise » finale aussi, mais cela ne nuit en rien à notre envie d’en savoir plus sur le cheminement de George Hallas. Un récit relativement classique mais rondement mené.
Si l’univers carcéral n’est pas totalement étranger à Stephen King, je pense notamment à la nouvelle Rita Hayworth Et La Rédemption De Shawshank (extraite du recueil Différentes Saisons) ou encore au roman-feuilleton La Ligne Verte, dans cette nouvelle il ne sert que de toile de fond au récit, l’essentiel se déroule à l’extérieur. Qu’importe, l’auteur décrit ce milieu avec une précision glaciale.
Alors folie ou possession (ou un truc du genre) ? A la lecture de cette nouvelle on est bien entendu tenté de croire en la version de George Hallas, mais mettez-vous à la place de Leonard Bradley, si un tueur d’enfant vous livrait une telle confession, le croiriez-vous sur parole ?
En bonus on le droit à un extrait du prochain roman de Stephen King, Joyland (sortie en mai 2014), un roman publié directement au format poche aux Etats-Unis, mais comme d’hab, les éditeurs français ne ratent pas une occasion de traire les vaches à lait que nous sommes… En attendant l’extrait lu me laisse perplexe, pas assez long pour se faire une idée de la chose, en encore moins pour me faire bavé d’impatience ; mais c’est Stephen King, donc je craquerai. C’est gravé dans le marbre !
Un Visage Dans La Foule (co-écrit avec Stewart O’Nan)
Bragelonne (Mars 2014) – 2.99€
Au tour d’une nouvelle écrite à quatre mains, en collaboration avec Stewart O’Nan, de passer au grill.
Depuis la mort de son épouse Dean Evers n’a plus que la TV et ses matchs de baseball pour compagnie nocturne. Rien à redire jusqu’à ce qu’il se mette à apercevoir, chaque soir, un visage connu dans la foule des spectateurs. Jamais le même, mais tous ont deux points communs : ils sont morts et surtout ils lui renvoient son passé en pleine gueule…
Une histoire courte (44 pages) sur fond de baseball (un peu indigeste pour le profane que je suis) qui gagne en profondeur au fil des pages. A travers un récit plein d’humanité (bien que fortement teinté de fantastique) les auteurs mettent leur personnage face à ses responsabilités et surtout face à ses erreurs passées. Facile de lui jeter la pierre mais qui peut prétendre être blanc comme neige ?
Petit bémol au niveau de la mise en page plutôt minimaliste (quelques sauts de ligne histoire d’aérer le texte auraient été un plus appréciable), dommage, d’autant plus que Bragelonne n’est pas novice en matière de numérique.
Quelques mots purement anecdotiques pour conclure. Stewart O’Nan est un inconditionnel de Stephen King, c’est lui qui lui aurai envie de se lancer dans l’écriture. Non seulement il lui a dédié son roman The Speed Queen (1997) mais en plus le King est un des personnages principaux du récit. En 2004, tous deux fans de baseball, ils co-écrivent un essai (Faithfull) consacré aux Red Sox de Boston. Cette nouvelle est leur première collaboration sur une oeuvre de fiction.
A la base j’avais prévu un triplé du King mais malheureusement la nouvelle inédite A La Dure (incluse dans la version poche du recueil Nuit Noire, Etoiles Mortes), pourtant annoncée en numérique à la même date que le bouquin (le 12 mars) a été repoussée à une date ultérieure. A défaut d’info plus précise quant à l’ultérioté de la chose je me suis contenté d’un duo royal.